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#extraits de ma thèse
sieclesetcieux · 1 year
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My commentary on Jules Simon's anecdote and how it was (badly) repeated and misinterpreted
Nous avons mis à part l’anecdote de Jules Simon, qui appartient à différentes catégories : il s’agit d’un témoignage sur Élisabeth Duplay-Le Bas dans sa vieillesse mais qui est principalement centré sur Charlotte Robespierre et Philippe Le Bas fils, et sur les relations de Jules Simon avec ce dernier. Il décrit l’ambiance de la période et s’inscrit ainsi comme une transition idéale vers le chapitre 1. L’anecdote se déroule lorsque Jules Simon était « élève de première année à l’École normale », ce qui placerait l’événement en 1833. Charlotte Robespierre décède le 1er août 1834.
Cette anecdote a un sens tout particulier en tant que témoignage direct, mais aussi comme source de discorde dans la transmission de la mémoire, comme le démontre la mauvaise citation de G. Lenôtre, qui influence à son tour la critique de Paul Coutant. Les interprétations qu’ils font de l’anecdote la rende d’abord suspecte, mais elle ne l’est pas ; la critique de Paul Coutant ne tient que sur la version abrégée de G. Lenôtre, qui simplifie et déforme l’anecdote. Celle-ci présente une version des rapports entre Charlotte Robespierre et la famille Duplay-Le Bas qui ne correspond pas exactement avec ce que ces derniers – soit Élisabeth et son fils – présentent dans leurs propres écrits. Dans son Dictionnaire encyclopédique, écrit onze ans après le décès de Charlotte Robespierre, Philippe Le Bas fils est assez sévère à son sujet, la décrivant comme « légère et inconséquente », et qui « ne rougit pas de recevoir des assassins de ses frères une pension »[1]. Il ne semble également pas très convaincu de la véracité de ses Mémoires, « qui contiennent de curieux renseignements, mais où le faux se trouve trop souvent mêlé au vrai »[2]. Certes, sa perception a pu changer en une décennie.
Au sujet de l’anecdote de Jules Simon, G. Lenôtre rapporte que « la mère (autrefois Mlle Duplay) et M. Lebas l’entouraient de respects, la traitaient presque en souveraine ». Paul Coutant s’offusque de cette description : « Je ne pense pas que le savant consciencieux qui traça ces lignes [soit l’article ci-haut mentionné] ait jamais traité Mlle Robespierre en « souveraine » : c’est « solliciteuse » qu’a voulu écrire Jules Simon ». Or, ceci repose en partie sur une mésinterprétation du texte. Simon se trouve invité à un dîner (ou un déjeuner) « avec des formes solennelles et mystérieuses qui me donnèrent lieu de penser que j’allais assister à quelque événement d’importance ». Il se trouve dans un milieu qui n’est pas le sien : il est « introduit dans le monde républicain » (notre emphase) par un compagnon universitaire (il n’est pas nommé) et par son professeur, Philippe Le Bas fils. Originaire de Bretagne, la perception de Jules Simon de la Révolution n’est forcément pas la même ; il a « le souvenir de [s]es morts et, en même temps, de [s]a haine ». Il est évident qu’il n’est pas des plus confortable auprès de ces nostalgiques de 1793, « tous républicains avérés et rédacteurs des journaux du parti ». Pour lui, 1793 est synonyme de « tueries » qu’il entend excuser et glorifier. À la fin du dîner, il n’ose pas répondre à la question de son professeur au sujet de Charlotte Robespierre et s’enfuit, en se disant « tout en courant à travers les rues de Paris, que je n’étais pas à ma place dans ce monde-là ».
Or, si « tout, dans ce temple, était respectable, excepté le Dieu », les coutumes et pratiques lui semblent distinctes – plus familières ou du moins républicaines. Il mentionne comment son professeur « se faisait annoncer dans les salons sous ce titre : ‘M. Philippe Le Bas, fils du conventionnel’ » ; mais, lors de ce dîner, il mentionne : « on n’annonçait pas dans cette modeste maison ». Il ne sait pas qui est « la personne qui avait donné lieu à la réunion [et qui] se faisait attendre ». Lorsqu’elle arriva enfin, « un grand mouvement se produisit » et tous les convives se déplacèrent « dans l’antichambre pour rendre la réception plus solennelle ». Il aperçut « une femme âgée qui marchait péniblement et qui donnait le bras à la maîtresse de maison » – la maîtresse de la maison est-elle Élisabeth Duplay-Le Bas ? Son fils est séparé de son épouse, qui est retournée vivre dans sa famille depuis 1828[3], et on voit mal Jules Simon, si conforme aux politesses de la grande société, présenter une compagne « illégitime » de son professeur comme étant la maîtresse de maison[4].
C’est après ce passage qu’il dit : « on la salua très profondément ; elle répondit à ce salut en reine qui veut être aimable pour ses sujets ».
Il s’agit de son impression sur le comportements de Charlotte Robespierre elle-même, et non, comme le laisse entendre Lenôtre, comment Philippe Le Bas fils et sa mère la reçoivent. Voilà plutôt comment il décrit leurs interactions : « Elle me parut grave, triste, sans austérité cependant, un peu hautaine quoique polie, particulièrement bienveillante pour M. Le Bas, qui la comblait d’égards ou, pour mieux dire, de respect ». Jules Simon a manifestement beaucoup de respect pour son professeur et ne cherche pas à le peindre de manière négative, comme l’interprétation de G. Lenôtre pourrait le laisser penser.
Ce que l’on perçoit de cette anecdote, c’est la vraisemblance d’une tentative de rapprochement de la part de Charlotte Robespierre, alors « aux approches de la mort », comme le souligne Jules Simon lui-même. Les relations avec son ancienne amie et son fils semble s’être adoucies. Si elle dément toujours l’existence d’une relation entre Éléonore et son frère, Charlotte semble toutefois agir avec « attendrissement » pour la femme « qui avait failli être la sœur de son frère », et donc la sienne aussi. La relation qu’il décrit est touchante :
Les deux femmes qui étaient là, quel que fut leur nom, avaient vécu dans l’intimité de Robespierre, écouté sa parole comme celle d’un pontife, admiré sa vie comme celle d’un héros et d’un sage. […] Elle sentit enfin que ceux qui s’étaient rencontrés dans ces jours lugubres devaient être réunis dans le souvenir comme ils l’avaient été dans la vie.
Or, bien sûr, il s’agit de sa propre perception des choses – et sa perception n’est pas toujours très perspicace, puisqu’il rapporte que les mémoires de Charlotte Robespierre « ne piquèrent point la curiosité ». Il s’est bien trompé à ce sujet.
[1] Philippe Le Bas (fils), « Charlotte Robespierre », L’Univers. France : dictionnaire encyclopédique, vol. 12, Paris, Firmin Didot, 1845, p. 114.
[2] Ibid.
[3] Florent Hericher, Philippe Le Bas (1794-1860), Un républicain de naissance, Paris, Librinova, 2021, p. 412.
[4] Outre son épouse, Philippe Le Bas fils eut deux compagnes : Marie-Madeleine Adèle Grujon, avec qui il eut deux enfants, Léon et Clémence Charlotte Élisabeth, et Marie Victorine Pierrette Ghibels, avec qui il eut également deux enfants, Éléonore et Philippe. (Voir l’arbre généalogique dans l’annexe, infra, p. 540.) Dans son testament, il mentionne comment « Mme Marie Victorine Ghibels […] avait bien voulu se charger de la direction de [s]a maison » (Florent Hericher, op. cit., p. 413). Or, vu la date de l’événement, en 1833, c’est Marie-Madeleine Adèle Grujon qui serait officieusement la maîtresse de la maison. Or, l’anecdote de Jules Simon n’en fait pas mention – ou peut-être ne connait-il pas les détails de la vie intime de son professeur.
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laperditudedeschoses · 3 months
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Adam, le premier évitant
Dans la distance maintenue, ils se sentent en sécurité, même si cette fausse sécurité est chèrement payée : la solitude et, au bout du compte, l'échec amoureux. 
Cette semaine, on quitte l’ésotérisme, sans toutefois trop s’éloigner du développement personnel. Cette semaine, je vous emmène dans l’univers de la théorie de l’attachement, un monde peuplé de créatures définies par leur rapport aux autres et la manière dont elles créent du lien. Elfes, fées et farfadets laissent place ici à des insécures, anxieux, désorganisés et à la créature qui nous intéresse aujourd’hui : l’évitant.
Laissez-moi vous raconter comment j’ai fait la connaissance de ce « profil », de ses caractéristiques, de ses schémas familiaux et des techniques à adopter quand on en côtoie. En réalité je vais surtout vous raconter comment en m’intéressant aux évitants j’ai ouvert les yeux et pris conscience que, pour ma part, j’étais plutôt du côté des créatures « anxieuses/fusionnelles ».
Je m’intéresse depuis longtemps à tout ce qui touche à la psychologie, au développement personnel et encore plus à leur champ d’application concret : les relations amoureuses. Que ce soit pour m’instruire, occuper des dimanches après-midi un peu mornes ou pour comprendre des situations que j’ai vécues ou auxquelles j’ai assisté, j’adore fouiner des heures sur internet pour consulter des ressources plus ou moins scientifiques sur ces sujets. Toute information est bonne à prendre, qu’elle soit fournie par Psychologie Magazine ou la thèse d’un doctorant en psychiatrie. La citation qui introduit ce billet est d’ailleurs extraite d’un article du Huffington Post.
J’aime aussi beaucoup donner des conseils non sollicités aux personnes de mon entourage. J’ai souvenir d’un temps où je dévorais des pages d’un site qui s’appelait Redpsy, qui n’existe plus aujourd’hui mais qui contenait des analyses détaillées et très intéressantes sur les personnes souffrant de dépendance affective. Je me permettais d’en envoyer des liens par mail à des proches, avec pour objet « Ca m’a fait penser à toi, tu devrais le lire », ce qui, miraculeusement, n’a jamais mis en péril mes amitiés. J’avais le sentiment d’être une coach aidante et bienveillante, flottant un peu au-dessus de tout ça et ne me sentant pas du tout concernée par ces problèmes d’amour fusionnel ou autre manque de confiance en soi.
On s’entoure la plupart du temps de gens qui nous ressemblent ou nous comprennent. Forcément, je compte autour de moi d’autres personnes curieuses et, oserais-je dire, légèrement névrosées, comme Jade, avec qui les similarités vont si loin que j’ai fini par l’appeler « ma jumelle de cassos ». Pourquoi ce sobriquet ? Jade est une amie que j’ai connue au travail il y a une dizaine d’années. Nous étions toutes les deux consultantes en management de la transformation pour des grandes entreprises du CAC 40 et bien que volontaires pour répondre au mieux aux exigences de ce métier aux contours flous, ni elle ni moi n’étions réellement adaptées à ce monde. Nous avons travaillé ensemble pendant six mois sur une mission absurde et inutile pour un client lunaire, créant entre nous un lien indéfectible, comme celui qui unit deux anciens compagnons de cellule.
Mais il n’y a pas que ça. A la même époque et pendant la même durée, à une ou deux semaines près, nous avons toutes les deux été en relation avec un homme extrêmement toxique. Pas le même bien sûr, mais à comparer leurs comportements respectifs on eût pu croire qu’ils avaient été conçus dans la même usine : agressivité, manipulation, enfance difficile, mère toxique, dépendance affective, menaces de suicide et j’en passe. Jade s’était séparée de son compagnon avant moi et avait déjà effectué de nombreuses recherches sur ceux qu’on appelle de manière un peu résumée les pervers narcissiques. Aussi, quand je m’étais confiée à elle sur ce que j’avais vécu, elle m’avait transmis tout un tas de ressources, notamment une campagne de publicité belge qui recréait des scènes de couples avec un partenaire toxique et qui m’avait glacé le sang, tant elle était réaliste.
Heureusement, Jade a retrouvé l’amour quelques années plus tard dans les bras de François. Très différent du précédent, François est plutôt du genre doux, respectueux, mais pas dépendant affectif pour un sou, voire beaucoup trop indépendant, à rentrer dans sa grotte même quand tout va bien et ne plus donner de nouvelles pendant des semaines. L’histoire connaît rapidement quelques rebondissements et Jade s’en trouve fort contrite. Elle en touche un mot à sa psy qui lui parle de la théorie de l’attachement et des différents profils qu’elle décrit. Une fois de plus, au cours d’une après-midi que je passe chez elle pour boire un café, Jade partage avec moi ses connaissances nouvellement acquises, m’apprend que François est un « évitant » et, humblement, qu’elle est « anxieuse ».
Je suis intriguée et mène mes propres recherches en rentrant chez moi.
Voici ce que l’on peut retenir de la théorie de l’attachement. Elle remonte aux travaux qu’un psychiatre du nom de John Bowlby a mené dans les années 50, en analysant les styles d’attachements que les parents ont avec leurs enfants dès la naissance et les conséquences que cela a sur ces derniers quand ils deviennent adultes. En fonction de la façon dont nos parents, ou « figures d’attachement », ont interagi avec nous quand nous étions nourrissons, nous développons un style d’attachement au choix sécure, désordonné/chaotique, anxieux/fusionnel et, last but not least, évitant/craintif.
Ce dernier profil, celui de François, m’intéresse particulièrement. A première vue je ne sais dire si c’est parce que je m’y reconnais ou parce qu’il m’offre un nouveau point de vue sur des gens, plus particulièrement des hommes, que je considérais sobrement comme des « cons égoïstes » et qui m’ont l’air tout à coup d’être des brebis égarées. Quoi qu’il en soit, je me mets à consommer tout ce qui peut m’apporter des éclairages sur les évitants. Grosso modo, une personne évitante est quelqu’un pour qui l’intimité représente une souffrance ou une menace et pour qui les relations aux autres sont très consommatrices d’énergie. Les évitants cherchent du lien, comme tout le monde, mais dans leur inconscient, le lien rime avec danger et risque de rejet, alors ils s’en distancient comme ils peuvent. Cela peut les conduire à se replier sur eux-mêmes sans crier gare et ne plus donner signe de vie. Cette distance ils la pratiquent avec les autres, mais aussi avec eux-mêmes, surtout avec leurs émotions.
Jésus, le coach en amour dont je vous ai déjà parlé et qui a consacré des dizaines de vidéos aux évitants, m’apprend qu’ils sont de plus en plus nombreux dans notre société individualiste et narcissique, mais surtout qu’un évitant est quelqu’un qui fait tout pour ne pas ressentir d’émotions négatives : fuite des conflits, mutisme, mise en retrait voire dissociation.
Quand on commence à s’attacher à quelqu’un, on voit son prénom écrit partout. Quand j’ai mis un pied dans l’univers des manipulateurs, j’ai ouvert les yeux sur toutes les situations d’emprise et de toxicité qui pouvaient se produire autour de moi. Et quand j’ai compris ce qu’était un évitant, j’ai eu l’impression qu’ils se démultipliaient. Une amie qui rencontre quelqu’un qui a envie « de passer du temps » avec elle mais ne veut pas utiliser le mot « couple », une autre qui essaie de communiquer avec quelqu’un qui s’immobilise et se met en retrait dès que le sujet est trop douloureux…
Une hypnothérapeute m’a appris un jour qu’en amour, on cherche toujours quelqu’un qui va réparer nos blessures, donc de préférence quelqu’un qui va aller appuyer là où ça nous fait mal pour nous aider à prendre conscience de la plaie, la panser puis la guérir. Tout ceci est totalement inconscient bien entendu. A ce titre, les évitants vont avoir tendance à se tourner vers leurs opposés exacts, les profils anxieux, comme me le suggérait Jade. Les profils anxieux ont eux peur de l’abandon et cherchent à créer une relation fusionnelle avec leur partenaire, pour s’assurer qu’elle ne se termine jamais. Et quand un.e évitant.e rencontre un.e anxieux.se, l’un.e cherche à créer une intimité forte avec l’autre, qui prend peur, fuit et donne l’impression au premier d’être abandonné. Que du bonheur !
Là aussi, internet fourmille de documentation sur ce duo anxieux/évitant et je m’y plonge jusqu’à ce que quelque chose me frappe. Les exemples donnés, les origines des maux de chacun, les comportements types, tout cela sonne très familier, une impression de déjà-vu…
Oh mon dieu. La révélation.
Tout ce que racontent ces articles décrit au mot près ce qui se passe dans ma relation avec Vincent à ce moment-là. Et une fois de plus, Jade et moi vivons la même chose exactement au même moment !
Je prends alors conscience que je suis une anxieuse. Tout mon prisme de lecture change. Je relis ce que dit la théorie de l’attachement sur les différents profils et ceux dits « sécures » me paraissent totalement étrangers. Ils seraient 60% mais quand je pense à tous les gens que je fréquente j’ai l’impression de n’en connaître aucun. Qui sont ces gens qui vivent des relations saines, équilibrées et sans angoisses ? Quels sont leurs réseaux ?
Partant de ce constat et souhaitant rester un peu au chaud dans le déni, je ne me suis pas trop appuyée sur les travaux de Bowlby et ses dérivés pour comprendre mon anxiété mais plutôt pour essayer de sauver ma relation avec Vincent. J’ai suivi à la lettre les recommandations de Jésus pour laisser de l’air, respecter l’espace de l’autre, compter sur ses propres ressources pour s’épanouir et ne pas tout attendre du couple. J’ai même fait de l’hypnose pour limiter le sentiment d’abandon que provoquaient certaines situations.
Cela n’a pas marché mais au final j’ai pu profiter de cette relation pour « panser ma blessure d’abandon » et développer plus de compréhension et d’empathie pour les évitants, ces zinzins qui nous envahissent.
J’ai gardé une petite frustration, celle d’avoir eu le sentiment d’être la seule à essayer de changer. Car sachez-le, les anxieux, souffrant de leur anxiété et cherchant à s’en débarrasser, sont ceux qui font le plus de travail sur eux-mêmes, tandis que les évitants, trop distancés de leurs émotions pour comprendre ce qui leur arrive, ont beaucoup plus de difficultés à le faire.
Ajoutez à cela que dans notre société, les femmes sont culturellement plus enclines, voire encouragées, à faire des thérapies que les hommes, j’étais doublement destinée à travailler pour deux.
Et un jour, une nouvelle épiphanie. Je suis dans un musée de Mexico avec Léa et Manon et je regarde une œuvre en terre cuite qui représente Adam, Eve et le serpent sur un arbre de vie. Soudain, ça me frappe et j’expose fièrement une nouvelle théorie. En croquant la pomme et en cherchant à déconstruire les connaissances qui lui avaient été données, Eve a essayé de sortir de sa condition et se lancer dans l’exploration du monde, tandis qu’Adam, un peu mou et suiviste, n’aurait jamais eu les couilles de le faire de son propre chef. Manon le synthétise en une formule : « Adam, le premier évitant ».
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rosesibutob · 2 years
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«Il n'y a pas de solution parce qu'il n'y a pas de problème.»
La formule de Marcel Duchamp ne nous indique-t-elle pas que la façon de poser un problème est toujours déjà le problème?
Dans le monde inversé, les enmasqués s’imaginent que ce sont eux les vertueux, qu’ils sont du côté du Bien, ils font la morale aux autres, les traitant d’égoïstes, indisciplinés, mettant la vie des autres en danger, narcissiques, psychotiques, bla-bla-bla... et puis quoi encore?
N’est-ce pas précisément l’inverse qui est vrai?
«Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux»: ayant fondé la Thèse n° 9 de son livre La société du spectacle sur une phrase extraite de la Phénoménologie de l’Esprit, de Hegel («Le faux est un moment du vrai»), Guy Debord a entrepris il y a une cinquantaine d’années la critique de ce qu’il a appelé "la société du spectacle" (qui aujourd’hui encore bat son plein).
Pour lui: «Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant» (Thèse 2).
Adoptant la méthode de l’inversion pour développer ses thèses sur l’aliénation, Debord s’est appliqué à déployer une "philosophie" qui repose sur la vie érigée en principe ou en croyance: la vie serait la "réalité réelle" dont «les images se sont détachées» (Thèse2).
Le "monde" s’en trouve lui-même coupé en deux, avec d’un côté la "vraie vie" et de l’autre le spectacle «qui est le cœur de l’irréalisme de la société réelle» (Thèse 6) où s’égare la conscience quotidienne dans son mode de survie halluciné.
Dans ce contexte du monde inversé, l’énoncé de 1967 «le vrai est un moment du faux» devient en 1988 (dans les Commentaires sur La société du spectacle, à l’époque du "spectaculaire intégré") : «il n’y a plus rien de vrai.»
La question qui se pose aujourd’hui est donc: comment dévoiler la vérité derrière le fétichisme et la fausse conscience qui règneraient en maîtres dans ce monde puisque la réalité capitaliste est un mensonge sur la "réalité réelle" (et que dès lors nous ne devrions pas nous étonner que l’appréhension du virus soit aujourd’hui loin de ce qu’on veut bien lui faire dire)?
Il s’agit non pas de la vérité du virus, mais de la vérité sur le virus (réel) à articuler avec sa contagion (idéologique).
Considérant ainsi que l’"événement" au sens fort du terme se situe au-delà de l’enchaînement des causes et des effets, nous nous heurtons aux plus grandes difficultés pour dire la «vérité», et on peut alors y voir manipulations secrètes ou conspirations, ce dont on ne se prive pas (sur les enmasqués qui traitent les autres de "complotistes" cf. infra*)...
Quant à Giorgio Agamben (Le Monde, 24 mars 2020), reprenant la flèche de Debord, il en conclut, lui, à une «...conspiration pour ainsi dire objective qui semble fonctionner en tant que telle», qui n’est pas sans se rapprocher de la position analytique pour laquelle le véritable complot est exempt de comploteur, puisque c’est du fait du langage lui-même, de la primauté du signifiant sur le sujet, que nous sommes amenés à alimenter (sans le savoir, ce qui ne nous exonère pas de notre responsabilité) une croyance dans le «pouvoir» de l’Autre qui nous rend victimes de forces irrationnelles-impénétrables...
NB: La perspective psychanalytique procède de ce genre de retournement (ou d’inversion) pour retrouver la modalité de la contingence à laquelle la logique convoque implacablement les corps parlants, c’est ainsi que ceux qui traitent les autres de complotistes (qu’ils stigmatisent de ne pas croire les billevesées véhiculées dans les médias...) sont à appréhender à la manière dont s’apostrophent les enfants: en disant: «c’est celui qui dit qui l’est», la sagacité enfantine rejoint la vérité en tant que contingente de la psychanalyse, la contingence, c’est que lorsque tu parles de quelqu’un d’autre, tu parles de toi parlant de quelqu’un d’autre, et non seulement tu en dis toujours plus sur toi que sur ce dont tu parles, mais ce que tu dis c’est toi, non seulement c’est toi qui le dis, mais c’est toi qui es parlé par ce que tu dis, car en vérité c’est de toi que tu parles, et tu ne le sais pas (en l’occurrence c’est toi qui y crois à cette fumeuse et doublement mal nommée "théorie du complot"...)
La croyance est toujours croyance dans la croyance de l’Autre, personne ne peut croire "directement" quelque chose, croire présuppose toujours la croyance en quelqu’un d’autre qui y croit.
Cela tient d’une part à la structure du langage, la nécessité de la présence d’un Autre (qui garantit le sens de la parole), et d’autre part au noyau sémantique même du verbe croire, sa consistance logique que nous devons obligatoirement supposer: je ne peux pas croire si je ne peux pas croire d’abord que je crois croire, pouvoir croire a quelque chose ou quelqu’un présuppose nécessairement que je crois que je crois.
Le phénomène de la rumeur permet d’illustrer que la croyance est toujours croyance dans la croyance de l'Autre...
Une rumeur court par exemple qu'il va y avoir une pénurie de papier-toilette...
Je sais bien que c’est une rumeur, et donc que c’est probablement faux, mais comme il y a des gens qui y pensent, je me dis qu'il vaut mieux quand même que j'aille acheter du papier-toilette, parce que s'il y en a d'autres assez stupides pour y croire vraiment, à cette ridicule histoire de pénurie de papier-toilette, il n'y aura plus de papier-cul en magasin pour moi quand j’en aurai vraiment besoin !
Ce faisant, j'aurai contribué à rendre vraie la rumeur de la pénurie tout en prétendant ne pas y croire.
Voilà pourquoi la croyance — et c'est encore plus vrai lorsqu'elle se manifeste dans sa détermination oppositionnelle : l'incroyance — opère toujours par procuration, c’est toujours d’abord croire qu'il y a quelqu'un d'autre qui y croit... à ma place!
Car le langage, avant de signifier quelque chose, signifie toujours d’abord pour quelqu’un.
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wolfieartsandwrites · 4 years
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[PROJET] Conte de fées - La Princesse fantôme
Ceux qui me connaissent savent que j'ai deux passions dans la vie, les contes de fées, et les femmes. La preuve en est, j'ai écrit deux mémoires sur le sujet. L'un sur l'écriture de contes de fées par les femmes et l'autre sur les amours entre femmes dans les contes de fées du XVIIe siècle.
Avant de me lancer dans ce projet d'étude, j'ai réfléchit à cette question qu'on s'est sans doute tous posé : qu'est-ce qui a façonné la personne que je suis aujourd'hui ? Les livres, sans hésitation. Mais plus encore, quels ouvrages ont défini ma personnalité et m'ont donné, à mon tour, envie d'écrire, en particulier des récits imaginaires et merveilleux ? Les contes de fées. Comme beaucoup d'enfants avant moi, j'ai grandi avec les contes de fées, majoritairement Perrault et Grimm. Ils ont modélisé mes peurs, mes angoisses, mon courage, ma soif d'aventure et mes idéaux.
Mais les femmes dans tout ça ?
Très vite, je me suis rendue compte qu'à part Mlle Le Prince de Beaumont (qui a écrit La Belle et la Bête, mais on ne se souvient que du Disney et pas du tout de son livre) elles n'apparaissaient nulle part. Néant. Silence radio, comme si elles n'avaient jamais été là. Et pourtant ! Ce n'est pas Charles Perrault qui a écrit le premier conte de fées, ce ne sont pas les frères Grimm qui ont inventé des histoires à n'en plus dormir le soir. Ce sont les femmes, aux veillées, dans les villages, mais aussi dans les salons et les cercles littéraires de la haute société. Mais on les a oubliées, effacées,  bien qu'elles aient publié les plus grands best-sellers de leur temps (je pense à Mme d'Aulnoy ou Mlle de La Force).
Et ça m'a mise en colère.
Parce qu'encore une fois, j'ai eu l'impression qu'on nous arrachait ce que nous, les femmes, avions créé, porté, loin du snobisme masculin, pour un public restreint et de plus en plus populaire. Parce que les hommes, ils le considéraient comme bas ce genre, pas du tout à la hauteur de l'Académie française, du théâtre ou de la poésie lyrique. Mais puisqu'il était écrit par des femmes, et pire que ça, apprécié, il était nécessaire qu'ils se créent une place d'importance dans l'écriture, jusqu'à en évincer les créatrices elles-mêmes.
Donc j'ai travaillé sur Mme d'Aulnoy. J'ai découvert certains des plus beaux écrits de la langue française. J'ai retrouvé la magie, la délicatesse, la galanterie et l'amour pur que seuls peuvent dégager les contes de fées.
La deuxième année, je me suis demandé pourquoi on ne parlait jamais des amours féminines. Pas des amours de femmes pour des hommes, non, mais des amours entre femmes. Pas d'amitié non-plus, mais vraiment de l'amour, homosexuel. Parce qu'hétérosexuel, il était accepté, établi. Homosexuel, entre hommes, il était le sujet de nombreuses thèses et le sous-texte de nombreux écrits. Mais les femmes ? Oubliées. Pourtant, des femmes qui s'aiment, il y en a toujours eu, elles ne sont pas arrivées au moment de Stonewall. Alors où était-elle ? Etait-il possible de les trouver dans ces contes, écrits par des femmes, pour des femmes, à une époque où tout était contre elles, où s'aimer différemment était tabou, et encore plus lorsqu'on était du « deuxième sexe » ?
Oui, mais encore une fois, tout n'est que détournement, figure de style, il faut deviner, lire entre les lignes, imaginer une société de femmes où l'amour n'est pur qu'entre elles.
J'ai réalisé qu'en grandissant, je n'avais lu que des contes écrits par des hommes, et que des contes toujours hétérosexuels, où la princesse finit avec le prince, parce que « c'est comme ça que les histoires sont sensées se finir », parce que l'homosexualité ne peut être qu'en sous-texte, effaçable si elle pose problème, parce que deux hommes qui s'aiment ou deux femmes qui s'aiment, et bien cela dérange. J'aurais sans doute été une personne bien différente si j'avais pu lire des contes qui m'étaient destinés écrits par des femmes et avec d'autres possibilités d'aimer. Peut-être que j'aurais eu moins peur, peut-être que j'aurais été plus sûre de moi.
Alors j'ai décidé d'écrire un conte de fées.
Je sais ce que vous allez me dire. “Mais Lucie, il y en a déjà plein, et puis plus personne ne s'intéresse aux contes de fées”. Mais moi je pense que si je peux aider une petite fille ou un petit garçon, une femme ou un homme, à se sentir mieux et à voir que le monde n'est pas que fille ou que garçon, n'est pas que filles et garçons, et bien peut-être qu'ils auront un peu moins peur, et qu'ils seront un peu plus sûrs d'eux.
Alors j'ai décidé d'écrire un conte de fées. Un conte de fées sur un amour qui transcende le temps, qui transcende la vie et la mort, un conte de fées sur deux femmes qui s'aiment.
C'est ainsi qu'est née Shana, princesse héritière d'un royaume, destinée à épouser un homme qu'elle n'aime pas. D'ailleurs, elle n'aimera aucun homme. La nuit de ses noces, elle est assassinée par son époux, qui massacre les convives. Confuse, enragée, son fantôme hante le château en quête de vengeance. Quiconque cherchera à l'atteindre périra.
Trois cents ans plus tard, le roi du royaume voisin décide d'offrir la main de sa fille aînée à celui qui réussira à ramener la preuve de l'existence de la princesse fantôme. Astrée, jeune paysanne restée au chevet de son père souffrant, décide de tenter sa chance, pour payer les médicaments. Elle devra faire face à plusieurs épreuves, dont la plus ardue, sauver la princesse.
Mon objectif est donc d'écrire le conte, maintenant que tout l'outline est prêt, puis ensuite de l'illustrer moi-même. Ce projet étant dans mes priorités de l'année, je vais dorénavant poster majoritairement sur celui-ci, que ce soit des sketchs, des illustrations complètes, des chara-designs, des petits sketchs sur les personnages, des incorrect quotes, des informations sur les différents personnages, des extraits peut-être, des posts qui m'inspirent, etc.
N'hésitez pas à me poser des questions ou à interagir, ça me ferait très plaisir ! J'espère que vous serez présent pour soutenir ce projet, que j'ai commencé il y a un peu plus de deux ans et qui me tient très à cœur.
Love wins ♥
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alain-keler · 3 years
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Cinquième voyage dans le cadre de la bourse 3P. Du 10 au 29 juin 2005.
Vendredi 10 juin.
Petit pincement au cœur quand j’aperçois la terre d’Israël.
En allant réceptionner ma voiture à l’aéroport, je vois beaucoup de familles venues passer des vacances (Shavot est lundi et je ne le savais pas). Je voyage tout le temps seul, à l’exception des vacances avec Nisa.
L’endroit où je vais être basé à Jérusalem près de trois semaines ressemble plutôt à une pension de famille qu’à un hôtel. C’est dans le monastère de Ratisbonne, une véritable oasis dans le centre de Jérusalem. Dehors il y a une dizaine de chats de toutes les couleurs. On entend les chants d’une synagogue voisine. Shabbat commence vers 19 heures.
Je vais dîner sur la terrasse du « Link », situé à cent cinquante mètres de mon logement. Bon vin israélien. Je le mentionne toujours à propos de ce restaurant, mais c’est important. Je pense à mon copain Alain N. Il a un cancer et cela me marque beaucoup. Il y a aussi Frédérique H. dont la descente aux enfers semble se précipiter. Elle a un cancer de l’aésophage.
Samedi 11 juin.
Je suis réveillé par le chant des oiseaux. Après avoir été faire des courses, je rencontre plusieurs des hôtes de la pension : brésiliens, italiens, français, espagnols. Il y a une femme professeure de sciences politiques à Madrid, une étudiante italienne en économie qui travaille avec une ONG pour préparer sa thèse, une française chrétienne qui apprend l’hébreu depuis huit mois. Nous partageons tous la cuisine et la salle de télévision. L’endroit est beau et propre.
Je téléphone à mes copains. Ce soir je dois voir John, Alex, peut-être Menahem et Béatrice.
C’est Shabbat et tout est très calme dans les rues. Les voitures sont rares.
Dimanche 12 juin.
Florence Aubenas et son guide ont été libérés. J’en suis très ému.
Dîner chez Geneviève et Jean-Gaël, avec des gens de MDM et de l’UNRWA.
Tel-Aviv. Déjeuner chez Hana. Il y a des photos de André tel que je me le souviens. Que ce soit en français, en allemand ou en hébreu, il semblait heureux de vivre.
Mardi 14 juin.
Accréditation à Beith Agron. La prochaine fois, comme je suis indépendant, il me faudra une lettre de l’ambassade d’Israël à Paris. Pour le désengagement, même si les autorités ne savent pas encore comment cela se passera, ce sera très difficile, sinon impossible pour nous. Je le savais. Après cela, immense impression de solitude.
Direction Gaza. Loupé la sortie vers la route n°3. Distraction, pris dans mes songes.
Angoisse. Je suis en sueur. Puis cela disparaît.
Angoisse ? Laquelle ? Mauvaise nuit avant d’aller à Gaza, manque de visibilité de mon travail. En ce sens, ma visite au Monde 2 l’autre jour aura été intéressante. Ils ont regardé la présentation de ce que j’ai extrait de mon projet sur Gush Katif (les colonies du sud de la bande de Gaza) sans piper. Les jeux étaient faits et personne de la rédaction photo n’a cherché à me joindre. Michel P., le rédacteur en chef photo, ne comprend pas ce que j’essaye de faire. En d’autres temps, dans les années 90, c’est un peu comme cela que réagissaient les gens à qui je parlais de mon projet sur les minorités dans l’Est de l’Europe (qui donna le livre Vents d’est, les minorités dans l’ex-monde communiste en 2000 et qui remporta le Prix Eugene Smith en 1997).
Erez*, côté israélien. La première partie du passage a été rénovée et consolidée. Étrange couloir qui semble mener vers un autre monde. Cela fait  un peu science fiction, sauf que les personnes que l’on y croise sont  bien réels : palestiniens ayant obtenus un permis de passage allant ou revenant du travail, ou  personnel des ONG, ou journalistes accrédités.
Atmosphère très détendue du côté palestinien.
* Poste frontière entre Israël et Gaza. Un tunnel de plusieurs centaines de mètres qui permet le passage des personnes entre Israël et Gaza.
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mahamassa88 · 4 years
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Ilaf HAIDAR / L'influence de la technologie sur les pratiques picturales
1.1. Introduction :
Depuis la seconde moitié du 20e siècle, la création artistique a été marquée par le développement des nouvelles technologies (de la vidéo au numérique). L’art et la technologie sont inséparables. Cependant, ces techniques ne sont pas des instruments faciles à manipuler, l’artiste est appelé à chercher une corrélation entre ces instruments et ses préoccupations : « Chacun des artistes (…) se trouve un représentant des principales technologies nouvelles, c’est-à-dire du laser, (…) de l’ordinateur, des télécommunications, (…) et de l’art virtuel… » 1.
2.1. L'influence de l'ordinateur sur les arts :
« Paradoxalement... les chercheurs recourent aux machines dans un effort pour redéfinir la créativité humaine.2 » Jonathan Benthall
L'appareil photo et la caméra vidéo fonts des influences sur le développement des Beaux-Arts. Bien que ces avancements technologiques ont leur signification, leur influence dans le passé ne peut pas se comparer avec la présence de l'ordinateur dans notre société aujourd’hui.
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Photomontage Pierre Chamberland
« L'infographie comme un art doit pouvoir dire quelque chose de pertinent concernant le monde où nous vivons ; nous ne pouvons pas produire stupidement les natures mortes et les motifs de papier peint3 » Richard Wright
 L'ordinateur, l'invention la plus influente du vingtième siècle, pénètre dans chaque aspect de la société. Les ordinateurs ont non seulement changé la communication et l'industrie de transformation, par exemple, mais aussi les ordinateurs commencent à remplacer beaucoup d'instruments technologiques du passé. La photographie numérique remplace de plus en plus la photographie traditionnelle, et encore par exemple les programmes numériques utilisés par les architectes remplacent, dans beaucoup de cas, les dessins faits à la main.
Des exemples :
a)     L'Atelier des Lumières (à Paris), ouvre avec Klimt
L’Atelier des lumières, nouveau lieu d’expositions consacré aux arts numériques, à Paris avec la présentation en projections, en format géant, d’œuvres du peintre viennois Gustave Klimt (1862-1918).
https://www.france.tv/france-2/telematin/483941-expo-l-atelier-des-lumieres-klimt.html
A l'aide de 140 vidéoprojecteurs et au son des valses et autres musiques de la Vienne de la fin XIXe siècle, les œuvres du peintre autrichien s'animent et habillent les 3.300 m² de surface de projection de ce nouveau lieu baptisé Atelier des Lumières, situé dans le XIe arrondissement. C’est "la plus grande installation numérique de ce type dans le monde", assure Bruno Monnier, le président de Culture espaces, la société privée en charge du lieu qui ouvre au public ce vendredi avec cette première exposition.
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b)    DAVID HOCKNEY addict aux technologies            
David Hockney, peintre et photographe de talent, est né en 1937 au Royaume-Uni. Il est aussi graveur et réalisateur de décors.
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PEARBLOSSOM HIGHWAY (1986)    
 Le tableau de Hockney est un photocollage de 119.2 x163.8 cm exposé au Jean Paul Getty Muséum de Los Angeles. Durant 8 jours, Hockney prend 650 photos de cette route à différents moments de la journée d’où le sous-titre de l’œuvre : 11-18th APRIL 1986. De ces 650 photos, il va extraire environ 3000 morceaux qui serviront à la création du tableau.   
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(Les deux photos de gauche) Extrait de l’interview de Hockney par Huell Howser à l’occasion d’une rétrospective au musée d’art moderne de Los Angeles 1988. (La photo de droite) Extrait de l’interview de Hockney par le Getty Museum 2 Février 2012.
Pour les objets, il adoptera une technique précise de prise de vue où sa volonté est de faire un focus sur l’objet qui l’intéresse. Pour cela, il utilise un escabeau qui lui permet de prendre des photos des panneaux de signalisation de près et de face. Il se positionne alors de telle manière que l’on voit le ciel le moins possible. Ces prises de vue sont la base même de son travail et permettent de comprendre ce qu’il a cherché à nous faire ressentir lorsqu’on regarde le tableau : c’est tout le travail de composition et de perspective. Nous sommes en effet face à chaque détail hors perspective globale. Voici par exemple, un cadrage correspondant à la photo du panneau : on voit le « focus » sur l’essentiel c’est-à-dire la signalisation. Hockney se place tout à fait dans la définition de l’artiste que nous livrait Balzac : « la mission de l’art n’est pas de copier la nature mais de l’exprimer ». L’avantage de sa technique est que chaque objet a une mise au point parfaite ce qui ne serait pas le cas s’il avait travaillé à partir d’une seule photo.
Ilaf HAIDAR
        I.            Son parcours 
Ilaf Haidar née en 1984 à Pontoise (France). Diplômée des Beaux-Arts de Damas en Syrie et d’un Master 2 en Arts en France. Maintenant, elle prépare sa thèse de doctorat “Peinture et Nouvelles technologies: Un rapport croisé” à Amiens. Par les matériaux et différents médiums utilisés, elle interroge notre environnement et son évolution, au niveau pictural.
Au début elle faisait de la peinture très académique, c’est à dire : copier le réel. Elle a commencé avec des natures mortes, des modèles vivants. Avec l’Ecole, elle allait en ville, surtout dans l’ancien Damas, pour dessiner et peindre l’architecture.
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        II.            L’évaluation de sa pratique artistique au fil du temps 
Après quelques années, elle commençait à s’ennuyer dans sa pratique artistique : tous les jours faire les mêmes dessins. À force elle a besoin de faire quelque chose de nouveau. Par exemple si elle dessinait une bouteille d’eau, elle faisait d’abord toutes les nuances de couleurs et de noir et blanc qu’elle voyait. De 25 nuances, elle passait à dix puis finalement plus que quelques-unes. Et même, au lieu de dessiner une ligne de séparation, Ilaf laissait un espace vide et elle laissait l’œil dessiner cette ligne. Elle n’utilisait jamais de couleur noir, elle trouvait que ça rendait le tableau « sale », pas propre. Alors elle évitait toujours. Pour son projet de fin d’étude elle avait une sorte de liberté et de révolution. Dessiner ce qu’il reste de ses rêves, c’était ça son début vers l’abstrait.
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III.     L’approche au technologie
Elle ait commencé l’accès à internet vers 2005. Elle S’y est intéressée et presque à la fin de Ses études aux Beaux-Arts. Elle voyait beaucoup de photographies sur internet, et ce qui s’attirait le plus c’était les photos de l’espace. En même temps, elle a commencé à travailler un peu sur des logiciels comme Photoshop, Illustrator, In Design. Elle avait participé à une exposition en tant que jeune artiste, en 2008, une collaboration entre artistes syriens et artistes autrichiens, avec pour thème commun La vie sociale et chacun était libre de faire ce qu’il voulait. A cette époque elle avait pris des photographies de feu. Dedans, Ilaf imaginait des personnages alors elle a travaillé à faire du photomontage sur Photoshop. C’était le début pour elle du Digital Art. Utiliser autre chose pour continuer à faire de la peinture.
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Dans sa thèse elle s’interroge sur l’influence de la technologie sur les pratiques picturales. Au cours de son Master, elle a découvert que c’est la vision qui change. Bien sûr, si la vision change, cela change aussi la perception et la façon dont on fait les choses. Sa thèse c’est pour aller en profondeur de ces choses-là. Sans parler d’éducation, un bébé aujourd’hui naît presque avec un portable dans les mains, quelle est sa vision des choses ? Est-ce qu’elle est capable de communiquer avec lui alors qu’elle est d’une génération où il y avait un peu des deux : l’avant et l’après apparition des nouvelles technologies ? Les enfants, toute leur vie ils auront un écran devant eux, donc quelle est leur perception de la réalité qui les entoure, leur rapport à la matière ? C’est tout ça que Ilaf a besoin de comprendre.
IV.     La peinture ou l’ordinateur ?
Quand elle est sur l’ordinateur, la peinture lui manque, et la matière brute. Quand elle peint, la luminosité de l’écran lui manque. Elle n’arrive pas à abandonner, ni l’un ni l’autre. Avec l’utilisation de nouvelles technologies, elle ne voyait plus la peinture de la même façon. Car, sa vision et son perception au monde, et son utilisation de la couleur, ont tous changés. Car avec les nouveaux médias elle s’est mise à utiliser du noir dans ces peinture. Donc ça à tout changer en vérité.
Un exemple de l’utilisation de la technologie:
"Dans ma tête" : 
https://www.youtube.com/watch?v=4k06kR98jXI&feature=youtu.be
À partir de la photographie de la rue ( Photographie d'une rue en Syrie, HAIDAR Ilaf, 2010), j’ai fait une peinture sur papier (150cm * 108cm) (Photographie de la peinture de la rue). J’ai photographié cette peinture et je l’ai utilisée dans ma vidéo. J’ai utilisé aussi une photographie d’un fragment du Mur pour la paix lequel j’ai pris à Paris Photographie de Le Mur pour la paix).
https://www.ilafhaidar.com/video
V.     Inspirations et influences
C’est tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle ressent. En général, pour commencer à peindre un tableau, elle ferme les yeux et elle pense à une sorte de souvenir, comme un zapping d’images dans sa tête, jusqu’à voir une image qui me donne des sensations.
Elle dit : parfois les gens ont du mal à comprendre l’art abstrait, pour eux c’est un peu n’importe quoi. Mais si tu fais un très gros plan sur un œil ou un visage, ce qui ressort ce sont des formes abstraites. Les germes ou les bactéries, quand on les regarde au microscope, il y a des choses fascinantes. Pareil avec des morceaux de pierres. C’est abstrait car c’est différent de ce qu’on a l’habitude de voir, mais ce sont des choses qui existent, c’est dans la nature. Pour moi, il n’y a rien de ce qu’on appelle « abstrait », car tu ne peux pas dessiner une ligne qui n’existe pas dans ta mémoire. Mais c’est difficile de définir l’abstrait. Alors j’accepte que quelqu’un aime ou pas mes tableaux, car j’ai l’impression que l’important c’est de ressentir les choses. Soit tu le ressens soit tu ne le ressens pas.
Une fois elle était influencée par deux films : (A star is born) et (Bohémian rhapsody) et elle a décidée de faire quatre tabules en série (noire et bleu).
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Un autre exemple, elle était inspirée par un verre cassé :
Cycle du verre 2015 :
https://www.youtube.com/watch?v=XvvGc_VhvFM&feature=youtu.be
Le verre est fragile, il peut se casser facilement, mais le feu reforme le verre et redessine sa forme. Nous sommes justes comme lui, on est fragile, mais les obstacles dans la vie recréent notre personnalité :
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https://www.youtube.com/watch?v=AB9rxYLtVe0&feature=share&fbclid=IwAR0ON791RdzoFASzK0uEuKzOsih37uNzhGNDQafGYIZUfkyM0GZ3Gc9-nAg
Musique par Ilaf haidar 
Son couleur préféré est le jaune (l’effet soleil de l’orient)  
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L’entretien avec l'artiste plasticienne ILAF HAIDAR :
https://www.youtube.com/watch?v=XYqN72EMM8I&feature=youtu.be
Notes:
1. Dominique Berthet, L’audace en art, Ed. L’Harmattan, Paris, 2005, p.122.
2.  "Paradoxically, such researchers are resorting to machines in the effort to redefine human creativity." p. 52.
3. "Computer graphics as art must be able to say something relevant about the world we live in; we cannot mindlessly churn out still-life sand wallpaper patterns."
Sources:
https://www.ilafhaidar.com/digital
http://homes.chass.utoronto.ca/~wulfric/lexperimenta/puzniak/
https://www.espacestemps.net/articles/arts-scenes-et-nouvelles-technologies/
https://ricasso3.weebly.com/linfluence-de-differentes-technologies-dans-lart.html
https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/l-atelier-des-lumieres-nouveau-lieu-d-exposition-a-paris-ouvre-avec-klimt_3282551.html
https://artzerotrois.wordpress.com/2015/06/05/david-hockney-peintre-precurseur-de-la-technologie/
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Nous pouvons parler.
<La diffusion de ce message sera forcément interrompue, je le sais. Je vais tenter tout de même, Internet étant un média difficile à arrêter. J’ai décidé de dévoiler au grand jour ce que le monde doit savoir, peut être depuis longtemps. Je suis sûre que la science peut avancer avec ça, que ça changera la vision qu’ont les hommes de leur environnement. J’en suis persuadée. Mon identité importe peu dans ce témoignage. Ce sont les faits qui sont primordiaux. Ma vie et mon histoire ne comptent pas. Dommage qu’il faille quelqu’un pour raconter, pour en parler, et démontrer. Dommage que ce soit moi. Mais pour les autorités, les vies, le temps, et les passés ne comptent pas. Peu importe le nombre de vies qu’il faudra gâcher. Peu importe le nombre de familles à briser. Peu importe le temps qu’il faudra. Peu importe l’argent à dépenser. Leurs recherches aboutiront et elles préserveront leurs secrets. Elles le savent, c’est une loi, une règle universelle. Pour ces gens haut placés, c’est d’une logique indéniable. Les autorités n’ont pas de limites. Mais moi, maintenant, je vais briser ces règles. Moi, je vais ouvrir ces secrets au monde, pour que les autres sachent. Mais je ne suis qu’un pion. Elles l’ont compris. Et elles iront jusqu’au bout pour me faire taire. Pour empêcher ce message de franchir les barrières du silence. C’est ce message qu’elles doivent à tout prix arrêter. Moi, je ne compte pas. Il faut que je m’exprime, car j’ai peu de temps. Avant qu’elles ne remarquent.>   <La seule affaire du genre dévoilée au grand public est la toute première de ce type et s’est déroulée en 1977. Ce fut juste un signal de quelques secondes, mais cela avait suffisamment paniqué les foules. 72 secondes précisément mais des rumeurs, des hypothèses qui naissent encore 37 ans après. Le 15 aout 1977, l’Observatoire de radioastronomie de l’université de l’état de l’Ohio au Etats-Unis détecte le signal « Wow! ». Signal dont le code principal était « 6EQUJ5 ». Signal venu de l’espace. L’homme qui observe le phénomène est Jerry R. Ehman, travaillant alors avec The Big Ear, le radiotélescope qui capta le signal, sur le projet SETI. Serch for Extra-Terrestrial Intelligence.> Je me suis dit, quand j’ai entendu parler de ce signal « Wow! » et du SETI, que quand on cherche, on trouve. J’étais jeune alors, mais je n’étais pas née en 1977. Et encore aujourd’hui les rumeurs courent, il a raison. Depuis longtemps, bien avant ma naissance, des bruits passent, d’apparence plus ou moins réaliste et véridique. Les gens y croient, ou non, cela dépend de la qualité des thèses. J’ai 35 ans, et depuis que je suis journaliste, je vois mes collègues traiter des théories sur la zone 51 et le signal Wow!, parfois vieilles de plusieurs années déjà. Je suis journaliste, comme je l’ai dit précédemment. J’ai eu quelques grands travaux,  et j’ai dévoilé plusieurs affaires croustillantes au monde, m’attirant maintes fois les foudres des hautes sphères de notre société. Je m’intéressais plus à des scandales politiques, là où on trouve les choses les plus choquantes, histoire de faire du chiffre. Je reniais les autres affaires, que je ne jugeais pas assez utiles. Pas assez « tape à l’œil ». Mais là, j’ai trouvé un truc plus gros que tous les scandales que j’avais traités auparavant. Mais c’est différent…Ce n’est pas dans le contexte de mon travail que j’ai trouvé ça. C’était dans une situation plus personnelle, disons. Je suis « tombée » sur les rapports d’un chercheur du SETI. Enfin, les rapports…Des notes, des enregistrements, une lettre, et un message dont la diffusion n’a pas pu être effectuée… Et je sais pourquoi. On ne peut pas dire non plus que je sois tombée dessus. Non, on me les a confiés, ces documents. J’explique. Je connaissais le chercheur en question. C’était un ami proche. Je n’ai plus de nouvelles depuis que je l’ai vu pour la dernière fois. Veuf, sans enfants, c’était le genre de personne qui se tuait à son travail. Il ne vivait que pour ses recherches, et pour le SETI, persuadé que ça aboutirait. Il est sorti bouleversé de ses découvertes, bloqué dans un silence profond. Quelques semaines après, il m’a donné les documents et une lettre. Ainsi que le message qu’il avait voulu diffuser. Je me rappelle de la dernière fois que je l’ai vu. Il avait vieilli de dix ans au moins. Ses cheveux étaient gris et pâles, deux longs cernes ornaient ses yeux… vides. Il avait le teint d’un mort, des rides profondes, presque des cicatrices. Il portait sur son visage l’empreinte de la mort elle-même. Il m’avait donné rendez-vous dans un bar, à cinq heures du matin. Le bar en question était désert. Il est arrivé, portant un chapeau et un manteau immense, trempés par la pluie. Il a retiré son chapeau, et j’ai vu que ce n’était plus le même. Il ne m’a pas saluée. Il n’a rien dit, a jeté une chemise noire sur la table et est reparti dans la nuit. Je suis restée assise, bouche bée, dans le bar. Je me suis finalement levée, j’ai ramassé la chemise, épaisse de plusieurs documents, puis j’ai quitté le bar, la tête vide de toute pensée. Je ne comprenais pas. Quand je suis repartie en voiture, j’ai compris l’importance de ce qu’il m’avait donné. J’ai compris que ça avait un lien avec son travail, que c’était pour ça qu’il avait tant changé. J’avais peur, je me rappelle bien. Arrivée chez moi, j’ai ouvert la chemise. Ce que j’y ai découvert était tellement… inconcevable. J’ai cru à un canular, à une blague. Je n’avais jamais rien vu de la sorte. Une lettre tout d’abord. Rédigée à la main. Puis un message imprimé. Et pour finir une clé USB. <Depuis ce phénomène, rien de semblable ne s’est produit. Enfin, c’est ce qu’ils nous ont dit de dire. Ils ont dissimulé la vérité aux yeux des gens. Par plusieurs moyens, certes, mais je parlerai d’une de ces mises en scène tout particulièrement. Ce canular est tellement énorme qu’on ne peut se permettre de l’oublier. Le logiciel. SETI@home est un logiciel, qui permet à n’importe qui disposant d’une connexion Internet et d’un ordinateur de télécharger et d'analyser les données d’un radiotélescope. Officiellement, ce programme avait deux buts ; je passerai le premier, car c’est le deuxième qui est intéressant : Détecter un signal d’une intelligence extraterrestre, prouver que nous ne sommes pas seuls dans l’univers. Ce but a, évidemment, échoué. Aucun signal détecté, sur des millions d’ordinateurs connectés, pour des millions d’amateurs et de professionnels surveillant plusieurs radiotélescopes. On a eu un signal, et depuis, plus rien. Et ça ne parait étrange aux yeux de personne. En vérité, des signaux, il y en a eu. Beaucoup. SETI@home n’est qu’une couverture, un mensonge. Les données sont fausses, toutes. Inventées de toutes pièces pour faire croire qu’on cherche encore, mais que personne ne trouve rien. Tout est déjà programmé. Mais ils ont trouvé. Des signaux, des tas de signaux. Depuis « Wow! », tous les radiotélescopes de la planète recevaient des signaux.   Avec les avancées technologiques depuis 1977, tout s’est bousculé. Les signaux devenaient de plus en plus précis, de plus en plus longs. Ce n’était plus un simple « 6EQUJ5 » mais des pages entières de code. On ne comprenait pas… Toute la NASA, et les autres agences spatiales étaient en ébullition alors. Il y a eu juste un élément qui a fait soudainement avancer les choses. Un élément qui n’aurait certainement pas, pardonnez-moi, inquiété, affolé les gens ainsi, dans des conditions normales. Mais dans ce cas-ci… Une technicienne de surface s’est suicidée. On l’a retrouvée pendue dans les locaux. Dans sa poche, une lettre. Pour mes « recherches » j’en ai fait une copie.> J’avais cette fameuse copie. L’écriture est pataude, l’encre a bavé, comme si le papier avait été mouillé. Les larmes de la technicienne, sans aucun doute. C’était très dur à lire. En fait, après une lecture attentive, je ne pouvais pas qualifier cela de lettre. Plutôt des phrases, sans queue ni tête…  Comme des passages, des extraits. « Ils disent de mourir. Ils veulent que l’on remarque. Ils hurlent qu’ils peuvent maintenant. Ils pouvaient voir, mais c’était tout. Ils étaient là, ils nous voyaient, mais nous non. Mais c’est fini, fini, fini, fini. Là, ils communiquent. Pas avec nous, mais bientôt les autres comprendront, ils disent ça sans cesse. Leurs voix résonnent, sans cesse, sans cesse. Je sais qu’ils sont là, là, partout, là où nous ne voyons pas. Moi je les reconnais, je les connais, eux. […] Ils se disent perdus, faits prisonniers dans l’immensité noire. Ils regrettent, ils regrettent, ils veulent quitter l’enfer. Ils ont peur. Leurs voix grondent, tremblent, gémissent, dans l’enfer. Là où ce n’est pas vivant. L’enfer, l’enfer, l’enfer. Ils appellent à l’aide. À l’aide. Dans ma tête, dans ma tête, dans ma tête. À l’aide.» Les mots « à l’aide » sont la fin de la lettre. Les autres passages sont pour la plupart illisibles, ou pour le moins incompréhensibles. La lettre est longue, pourtant. Mais ces phrases se répètent en boucle, la femme dit toujours la même chose. Elle semble avoir voulu transmettre un message mais sans savoir comment le faire passer. Je n’ai pas mis longtemps à réaliser que la personne ayant écrit ces lignes avait un problème psychologique. Une sorte de schizophrénie, quelque chose du genre. Je ne m’y connais pas en maladie mentale, mais je pensais à ça sur le coup. La suite du message m’a démontré le contraire. <J’étais sûr qu’une chose du genre allait se produire. Avec tous ces phénomènes étranges, les chercheurs étaient sous pression, ne comprenant pas forcément bien ce qui se passait, et devaient fournir des explications aux autorités, et autres hautes sphères de la société. Mais comme je viens de le dire, ç’aurait dû être un chercheur, un scientifique, qui aurait pu… passer à l’acte, craquer sous la pression… Quand j’ai lu la lettre, je n’ai pas compris ce qui s’est passé dans la tête de cette femme. Je pensais qu’elle était folle, je pensais que c’était une dépressive… Sauf que ça a continué. Une vague de folie a saisi les centres de recherche, les agences, les observatoires… Partout dans le pays. Les chercheurs semblaient déprimés, ils perdaient leurs cheveux, beaucoup disaient ne plus arriver à dormir. Ils disaient que c’était dû au stress. Que ça les perturbait, mais dès qu’on aurait trouvé la solution, tout se calmerait. Les chercheurs avaient tort. Tout a empiré. Les suicides ont suivi, c’était affreux. Les centres de recherche sont devenus des usines de la mort, les pertes s’enchaînaient, sans cesse. Tous ces scientifiques, avant de se donner la mort, écrivaient, s’enregistraient. On les voyait se dégrader, mais on ne réagissait pas, tellement concentrés dans nos recherches. Ils avaient des cernes, les yeux rouges, le teint pâle et plus de cheveux, mais nous, on ne voyait pas. Ils se donnaient la mort, de manières toutes plus affreuses les unes que les autres, mais on ne pleurait pas. Chaque jour, on retrouvait un corps, voire deux. La corde au cou, une balle dans la tête, les membres brisés sur un parking… Les blouses blanches devenues rouges. Avec à chaque fois, des lettres. Des témoignages, tous semblables, tous sans aucun sens. Les centres de recherche étaient énormes. Je connaissais les victimes, sans vraiment les connaitre. Bien sûr, il ne fallait pas avertir les familles des scientifiques, on en avait interdiction. On continuait à leur dire, aux familles, que leur proche était en plein travail, qu’il allait bien mais qu’il n’avait pas le temps. Elles ne s’inquiétaient pas, elles avaient l’habitude d’être sans nouvelles. Jusqu’au jour où un de mes amis a commencé lui aussi à… déprimer. Là, par contre, je l’ai vu se dégrader, je l’ai vu changer. Je connaissais la suite, mais je ne voulais pas y penser. C’était un bon ami. Il était distant, il ne me parlait presque plus. Comme les autres, il était pâle, il avait commencé à boire. Je ne sais pas comment il se procurait de quoi boire, mais il passait la nuit dans son bureau, et je le retrouvais complètement minable au matin. Un soir, il a voulu me parler. Il était ivre, je m’en souviens. Mais ses propos étaient étrangement clairs, et il parlait d’une manière fluide, sans hésitation. Il m’expliquait qu’il n’en pouvait plus, qu’il n’avait pas le temps. Il m’expliquait que sa fille lui parlait, lui parlait souvent. Sa fille est morte il y a plus de 6 ans, à l’âge de 2 ans. Je lui ai dit qu’il délirait, qu’il était fatigué, et ivre. Il m’a hurlé que j’avais tort, que je ne comprenais pas, qu’il devait la rejoindre, qu’elle était là-bas. Il fallait qu’il la rejoigne. Là-bas. Car c’est l’enfer, qu’elle est seule. Elle l’appelait, il l’entendait mal, mais elle était là. C’est la dernière chose qu’il m’a dite. Puis il est parti. Je suis resté dans son bureau, seul. Je l’ai entendu pleurer, un instant, puis il s’est éloigné. Ses pas ont raisonné une dernière fois. J’ai repris mes esprits, je suis sorti du bureau, et j’ai couru dans le couloir. Je l’ai appelé, il faisait noir, je ne voyais rien. Non loin de moi, j’ai entendu une porte claquer puis se verrouiller. J’ai foncé dans la porte, je l’ai appelé. Derrière la porte, il a murmuré quelque chose, le nom de sa fille, je crois. Puis, j’ai entendu un clic. Le clic d’une arme qu’on charge. La détonation a résonné dans le couloir.> Je suis restée là, bouche bée devant le message papier. Devant ce que mon ami avait dû endurer. J’ai mis plusieurs minutes à me replonger dans la lecture du message. <Il s’était tué. Comme les autres. Mais là, ça m’avait atteint. Je comprenais la gravité de la situation. Avant ce n’était que de vagues connaissances. Comme si c’était irréel, une histoire, une rumeur qu’on raconte. Mais pas là. Je venais d’assister à un suicide. Je réfléchissais longuement, après ça, délaissant mon travail et mes recherches. Plus tard, quelques jours après cet acte, j’ai repris. Mais différemment. J’étais ailleurs, disons. Les signaux continuaient à arriver, par centaines, chaque jour. Les suicides continuaient sans cesse. C’était la routine. Des pages entières de codes, tous différents. Je me rendais alors compte que tous les chercheurs autour de moi paniquaient, mais j’étais là, complètement calme, blasé, presque mort. Je les voyais s’agiter, crier, partout. Moi j’étais là, je marchais, je regardais. Un jour j’ai regardé les codes en détail. Une page imprimée que j’avais trouvée sur un bureau. Je n’avais rien à faire, je n’étais pas concentré. C’était comme d’habitude. Des séries de codes incompréhensibles, sans aucun sens. Mais quelque chose avait changé… Les codes n’étaient plus des chiffres, des lettres avec pour seules significations les fréquences… Non, c’était des mots, des phrases, qui m’apparaissaient soudain. Je lisais. Je ne comprenais pas. Je me suis dit que j’étais très fatigué, tout simplement. J’ai voulu aller me reposer, me détendre. J’ai lâché la lettre, enfin, les codes, puis je suis parti. Dans un bureau. Il y avait une radio. Une simple radio. Je l’ai allumée, je voulais penser à autre chose. Je n'ai trouvé aucune fréquence. Un bruit blanc continu s’échappait de la radio. Pourtant, je persistais. Jusqu’à trouver une fréquence. Une voix féminine parlait en boucle, d’une façon fluide, régulière, presque musicale. Ça m’a paralysé. Je suis resté bloqué sur la voix. J’ai d’abord pensé à une émission radio, toute bête. Mais les propos étaient autres. La femme m’a dit qu’il y avait un MP3 à ma droite, sur le bureau. Elle m’a dit de le prendre, et d’enregistrer. Car les scientifiques ont besoin de preuves, aussi futiles soient-elles.> J’ai cet enregistrement. Sur la clé USB. Il y a un fichier dessus. Je l’ouvre. Un enregistrement. Une voix de femme résonne dans mon appartement, ainsi que la respiration saccadée de mon ami. «- Bonsoir. Tu me reconnais ? Non, probablement, tu as tout oublié, tu vis pour ton travail. C’est vrai, c’était une question inutile. Enfin passons. Je ne suis pas là pour t’en vouloir, après tout. J’ai plutôt besoin de toi. -Qui…Qui êtes-vous ? -Cela n’a pas d’importance. J’aimerais bien voir si tu me reconnais. (Rires légers) Je dois te parler d’une chose. Les fréquences. À présent, nous pouvons communiquer. -Écoutez. On va arrêter là. Je sais que personne ne m’entend, que c’est un canular sur une radio quelconque. Je ne sais pas comment vous avez eu accès à ces informations, confidentielles, mais vous ne savez pas de quoi vous riez. -Que personne ne t’entend ? Que personne ne te répond ? C’est toi qui ne sais pas. Tu ne sais rien, RIEN ! (grésillements) -Arrêtez ça. Si c’est pour faire peur, ça ne sert à rien. -Peur ? C’est moi qui ais peur. Tu ne comprends rien, absolument  rien. C’est l’enfer là bas, L’ENFER ! -Effectivement je ne comprends pas. Qui êtes-vous ? De quoi parlez-vous ? -De l’enfer. Là où on ne respire pas, là où on ne voit rien.  Il y fait noir, il y fait froid. Nous ne sommes plus. Plus rien. Il n’y a rien, nous sommes nombreux, mais nous ne voyons rien.  Nous ne nous croisons pas, jamais. Nous nous entendons, chacun. J’entends ces cris de détresse, ces gémissements, ces pleurs d’enfants, et ces appels d’adultes. J’entends tout, je hurle moi aussi, ils entendent, mais personne ne peut rien. Nous sommes nombreux, mais nous sommes seuls.  (Sanglots) Tu n’imagines pas à quel point te parler me fait du bien. -MAIS QUI ÊTES-VOUS BON DIEU ?! -Dieu, j’y croyais, au début. Le paradis au ciel, l’enfer sous terre. Mais rien. Il n’y a pas de paradis. Rien. Vous croyiez connaître le ciel. Mais vous aviez tort. Tu te rappelles d’eux ? -Qui, eux ? -Eux. Ton ami qui t’a quitté l’autre soir. Tous tes collègues. Elle. -Mes collègues sont morts. Mon ami aussi. Terminé. Il n’y a rien après. Ils sont morts. -Non, non. Tu ne comprends rien. -Si. J’ai compris. Va-t-en. Pars. (Pleurs) -Non, il faut que j’explique. Les fréquences. C’est les fréquences. Les codes, les radios, les signaux. Depuis l’enfer, nous communiquons. Peu, mais sûrement. D’abord sur les radiotélescopes, et maintenant sur des radios bien moins puissantes. 15 aout 1977, c’est la date de notre réussite.  La date de notre premier signal. Bien avant que j’arrive, certes mais j’ai vite trouvé comment faire. La puissance de l’esprit est impressionnante. (Silence) (Inspiration du chercheur) -Tu ne peux pas parler ! C’est impossible ! -Si, ça l’est. -Non. Tu es morte. -Oui. As-tu compris ? As-tu compris qui je suis ? -Je…Oui. Je comprends maintenant. Je comprends tout. L’Enfer…C’est l’Espace. -Oui. Il aura fallu du temps aux hommes pour le comprendre. Mais c’est en train de se produire. Maintenant, rejoins-moi. Je t’en prie. S’il te plaît. C’est simple.» Fin de l’enregistrement. Il me reste un paragraphe à lire sur le message texte. C’est la toute fin. <Je ne pense pas à ce qu’elle m’a dit. Cela ne me choque pas plus que ça en fin de compte. Je regrette juste une chose. Que je ne puisse pas en parler. Ils m’ont vu. Ils entendent tout. Ils ne veulent pas que les gens sachent. Mais j’ai trouvé la solution. Quelqu’un le transmettra à ma place, ce message. Une source sûre, une amie journaliste. Quelqu’un que le monde croira, écoutera. Dans le pire des cas ce message deviendra une simple légende urbaine, mais les gens sauront. Ou du moins, auront lu. Et en garderont un vague souvenir. Mais écoutez-moi. Cette conversation a changé ma façon de voir les choses, ces phénomènes. Vos proches sont là-bas, des personnes que vous aimez. Ils souffrent, vous n’imaginez pas à quel point. Mais vous pouvez les rejoindre. Comme mon ami a rejoint sa fille. Comme j’ai rejoint ma femme. Rejoignez-moi.> J’ai compris alors que, ce soir là, c’était la dernière fois que je le verrais. Qu’il ne reviendrait pas, jamais. Ce message est un véritable appel au suicide. Je le réalise maintenant, je ne distingue plus le vrai du faux. Peut être que mon ami délirait simplement. Je ne sais pas. Mais je diffuserai ce message tout de même. Par respect. C’était sa dernière volonté. Je suis contre la diffusion, mais mon amitié me dit de le faire. Diffuser. Juste une chose. Réfléchissez sur ce que vous venez de lire. Réfléchissez avant de passer à l’acte. Ne faites pas comme moi.   ____________________________________________________________     Les suicides de Sacha R***** et Lloyd W****** resteront confidentiels. Ce message est classé top secret. Toute tentative de diffusion pourrait aboutir à des poursuites en justice. ____________________________________________________________ Traduit de l’anglais par Mary T********
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reseau-actu · 5 years
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Composées à l’époque des Plaisirs et les Jours , les nouvelles publiées aujourd’hui montrent un écrivain en herbe, en quête de perfection, déjà préoccupé par l’idée de tout transformer en littérature. Le Figaro mène l’enquête et vous propose un extrait inédit.
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Le contexte
Quoi de mieux pour fêter le centenaire du prix Goncourt reçu pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs que ce recueil de neuf nouvelles de jeunesse inédites du grand Marcel? Ses innombrables lecteurs vont se régaler en découvrant les premiers pas d’un auteur majeur du XXe siècle. Quelques formes qu’ils prennent - récit fantastique, nouvelle à énigme, dialogue des morts -, ces textes tournent tous autour du sujet qui obsède alors l’auteur: son homosexualité et la manière d’en parler en littérature.
» LIRE AUSSI - L’incroyable récit de la découverte des inédits de Marcel Proust, trésor enfoui dans la poussière
Dans sa thèse (inachevée), récemment publiée sous le titre Proust avant Proust, Bernard de Fallois étudiant la genèse de la Recherche du temps perdu fait référence à plusieurs reprises à des textes inédits de l’écrivain et en cite des extraits. Pauline de S. Souvenir d’un capitaine , ou Le Mystérieux correspondant, autant de nouvelles que Proust n’avait pas gardées dans l’édition des Plaisirs et les jours. La plupart traitent d’homosexualité. «La femme aura Gomorrhe et l’homme aura Sodome», écrit le jeune écrivain, paraphrasant Vigny. Déjà son secret le hante. Mais, surtout, et principalement, il pressent qu’il ne l’a pas assez parfaitement incorporé à son univers littéraire encore en construction. «Or, écrit Fallois, la création littéraire a déjà pour but chez lui d’exprimer l’essence de sa vie, dans sa vérité.» La littérature est déjà chez Proust préférée à la confession.
- Crédits photo : Editions de Fallois
Qui est ce mystérieux correspondant, dont il est question dans la principale nouvelle, qui donne son titre au recueil (lire l’extrait ci-dessous)? Françoise de Lucques reçoit par courrier des déclarations enflammées dont elle ignore la provenance. Elle découvrira que l’auteur de ces messages brûlants n’est autre que son amie Christiane, gravement malade, qui vient d’arriver en séjour chez elle. Les tourments de l’auteur sont déjà délicatement dissimulés dans l’âme féminine.
Ces sujets, écrit encore Fallois, «provisoirement écartés, reparaîtront un jour avec plus de force». Il parlait de l’homosexualité dans la Recherche. Le propos s’applique aux textes eux-mêmes: portées disparues, en réalité enfouies dans la documentation de Fallois (après ses travaux décisifs qui permirent l’édition de Jean Santeuil, et de Contre Sainte-Beuve, il devint un des grands éditeurs de sa génération), ces nouvelles viennent de réapparaître à la faveur de l’ouverture des archives du défunt (Fallois est mort en janvier 2018).
«Laboratoires»
On y découvre, saisi d’une grande émotion, un jeune écrivain tâtonnant et déjà virtuose ; on y cueille des allusions à ses études, à ses lectures, on observe des personnages en germe. «Des laboratoires», dit Luc Fraisse, qui assure l’édition du volume. La fusion n’est pas encore portée à température. Proust est en cours de formation, son phrasé se cherche, cet appel puissant à la mémoire pour recréer une réalité: «Or ces moments dont l’attente avait fasciné une de ses années, qui ne semblaient jamais qu’approchés et qu’il aurait voulu posséder jusqu’au-delà de la mort, il n’en retrouvait pas plus la trace l’année d’après dans son souvenir que les enfants ne retrouvent les traces de leurs châteaux défendus avec tant de passion à la marée suivante. Le temps comme la mer emporte tout, abolit tout…» Ces images, ce style: pour le lecteur, c’est le temps retrouvé.
» LIRE AUSSI - Inédits de Proust: «Ce n’est pas encore l’écrivain que nous connaissons»
Un extrait du Mystérieux Correspondant, l’une des neuf nouvelles inédites
(…) Françoise venait de finir cette lettre quand le domestique entra avec les lampes, donnant pour ainsi dire la sanction de la réalité à la lettre qu’elle avait lue comme dans un rêve, à la lueur mobile et incertaine des flammes.
Maintenant la lumière douce mais sûre et franche des lampes faisait sortir de la pénombre intermédiaire entre les faits de ce monde et les rêves de l’autre, notre monde intérieur, lui donnait comme la griffe de l’authenticité selon la matière et selon la vie. Françoise voulut d’abord montrer cette lettre à son mari. Mais elle pensa qu’il était plus généreux de lui épargner cette inquiétude et qu’elle devait au moins à l’inconnu à qui elle ne pouvait rien donner d’autre le silence, en attendant l’oubli. Mais le lendemain matin elle reçut une lettre de la même écriture contournée avec ces mots: «Ce soir à 9 heures je serai chez vous. Je veux au moins vous voir.» Alors Françoise eut peur. Christiane devait partir le lendemain pour aller passer quinze jours dans une campagne où l’air plus vif pouvait lui faire du bien. Elle écrivit à Christiane en la priant de venir dîner avec elle son mari sortant justement ce soir-là. Elle recommanda aux domestiques de ne laisser entrer personne d’autre et fit fermer solidement tous les volets.
Elle ne raconte rien à Christiane mais à 9 heures lui dit qu’elle avait la migraine la priant d’aller dans le salon à la porte qui commandait l’entrée de sa chambre et de ne laisser personne entrer. Elle se mit à genoux dans sa chambre et pria. À 9 heures un quart se sentant défaillir elle alla dans la salle à manger pour chercher un peu de rhum. Sur la table il y avait un grand papier blanc avec en lettres d’imprimerie ces mots: «Pourquoi ne voulez-vous pas me voir. Je vous aimerais si bien. Vous regretterez un jour les heures que je vous aurais fait passer. Je vous en supplie. Permettez que je vous voie mais si vous l’ordonnez je m’en irai immédiatement.» Françoise (fut) épouvantée. Elle pensa dire aux domestiques de venir avec des armes. Elle eut honte de cette idée et pensant qu’il n’y avait pas, pour voir prise sur l’inconnu, plus efficace autorité que la sienne elle écrivit en bas du papier: «Partez immédiatement je vous l’ordonne.» Et elle se précipita dans sa chambre, se jeta sur son prie-Dieu et ne pensant à rien d’autre elle pria la Sainte Vierge, avec ferveur. Au bout d’une demi-heure elle alla chercher Christiane qui lisait sur sa demande au salon. Elle voulait boire un peu et lui demanda de l’accompagner dans la salle à manger. Elle entra en tremblant soutenue par Christiane (et) défaillit presque en ouvrant la porte puis s’avança à pas lents, presque mourante. À chaque pas il ne semblait pas qu’elle eût la force d’en faire un de plus et qu’elle allait défaillir là. Tout à coup elle dut étouffer un cri. Sur la table un nouveau papier où elle lisait: «J’ai obéi. Je ne reviendrai plus. Vous ne me reverrez jamais.» Heureusement Christiane, tout occupée du malaise de son amie, n’avait pu le voir et Françoise eut le temps de le prendre vite mais d’un air indifférent et de le mettre dans sa poche. «Il faut que tu rentres de bonne heure, dit-elle bientôt à Christiane, puisque tu pars demain matin. Adieu ma chérie. Je ne pourrai peut-être pas aller te voir demain matin si tu ne me vois pas c’est que j’aurai dormi tard pour guérir ma migraine.» (Le médecin avait défendu les adieux pour éviter une trop vive émotion à Christiane). Mais Christiane consciente de son état comprenait bien pourquoi Françoise n’osait pas venir (et pourquoi) on avait défendu ces adieux et elle pleurait en disant adieu à Françoise qui surmonta son chagrin jusqu’au bout et resta calme pour rassurer Christiane. Françoise ne dormit pas. Dans le dernier mot de l’inconnu les mots: Vous ne me reverrez plus l’inquiétaient plus que tout. Puisqu’il disait revoir, elle l’avait donc vu. Elle fit examiner les fenêtres: pas un volet n’avait bougé. Il n’avait pu entrer par là. Il avait donc corrompu le concierge de l’hôtel. Elle voulut le renvoyer, puis incertaine attendit. (…)
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Recherche Théorique 1-   Artiste (Sa démarche)
L’artiste, Katherine-José Gervais, parle, dans sa thèse universitaire, « des limites de l’autoreprésentation »; elle questionne son identité artistique par la confession et la fabulation dans une pratique performative et d’installation.    Ce qui m’intéresse davantage n’est pas sa pratique mais sa réflexion et sa son analyse dans sa démarche artistique. Ce qu’elle exprime se rapproche beaucoup de mon intention de création et de ma propre réflexion. Sans résumer en tant que telle son texte de maitrise… J’ai ciblé les points et les extraits qui exprime, ou alimente plus clairement mon intention de création à travers son analyse à elle. J’ai l’intention de créer une série de dessins en m’y représentant dans des scénarios quel qu’onques et donc de jongler avec l’authenticité et la fiction. Son analyse et ses réflexions personnelles me permettent de mieux me situer dans mon cheminement d’auto-analyse pour éventuellement cibler ce que je veux exprimer. o Le but visé par cette recherche-création est de définir les modèles d'autoreprésentation se situant entre l'authenticité et l'invention d'un personnage tout en posant des hypothèses quant aux motivations inhérentes à ces deux positions contradictoires. « Dans un monde idéal, je serais une autre. Enfin, peut-être que je serais vraiment moi-même idéalement dans un monde imaginaire. » « Je suis en mutation perpétuelle » « Une extrapolation de la réalité qui s'élabore dans la rêverie. » « Soit que je vous noie dans l'abondance des informations, soit je vous prends par la main pour que vous suiviez en toute logique et confiance pour ensuite faire volte-face et vous laisser dans l’incompréhension. » o (L’utilisation de son corps, son image) Ce mode de fonctionnement laisse entrevoir une grande implication personnelle. Pour résoudre ce glissement vers l'étalage de [son] intimité, [elle] adopte différentes stratégies allant du brouillage de l'image, à la dépersonnalisation. o Michaël La chance (2000), essayiste, philosophe (esthétique) et professeur québécois explique que le transfert narratif provient du besoin de construire une histoire en guise de toile de fond lorsque nous regardons un objet. L'objet d’art dicte doublement cette réaction puisqu' il est fabriqué et exposé au regard par un créateur; il est, en quelque sorte créé pour raconter une histoire, transmettre un message, présenter un point de vue. Ainsi, la question du qui apparaît de façon inévitable et expose l'artiste à des suppositions sur sa vie privée, sur un traumatisme ou un moment de joie qui aurait initié sa démarche, sur un fait découlant de sa vie privée qui l'aurait inspiré. « Parce que l'histoire personnelle, intime et secrète de l ' artiste nous paraît garante de son authenticité. » (Lachance, 2000, p .57). o L’autofiction pour brouiller les frontières entre réalité et fiction, laissant le spectateur décider de l'authenticité des faits exposés.  Évidemment, lorsque l'artiste est objet ou sujet de ses œuvres, il met automatiquement son identité et son intimité en observation. « Je me suis souvent questionnée sur la vocation artistique. Les gens me demandent constamment: « Pourquoi fais-tu de l'art? » C'est fascinant: aucune réponse claire ne surgit. » o D’un point de vue psychanalytique : En effet, l’autoreprésentation induit un certain dévoilement de soi.  Cependant, ce dévoilement s'effectue dans une théâtralité qui vise à amplifier quelques caractéristiques de l’individu-artiste alors que d'autres peuvent être obscurcies; le dévoilement de soi ne se fait que partiellement selon des choix esthétiques ou moraux.  L’individu, dans l'art comme dans la vie, tend à mettre en lumière certains traits de personnalité qui définiraient son identité, ou, du moins, l'image qu’il désire projeter. o Henri Laborit soutient, dans Éloge de la Fuite (1976), que l'être humain déploie des stratégies plus ou moins conscientes pour fuir : fuir son être profond, ses blessures d'enfance, sa peur de disparaître, ses responsabilités, etc. « Je crois réellement à la fuite. Je ne sais pas pour les autres. Je parle de moi. Je sais que je ne veux pas m'inscrire dans le réel, mais bien dans l'idée que je me fais de cette soi-disant réalité. » o Michel Magnant (2001), auteur français dont les recherches portent sur la philosophie de l'art et l’esthétique : constate que notre existence est construite de toute pièce par la morale et la culture. Ainsi, nous aurions bien peu de prise sur le réel et sur notre être authentique. o Il est possible de vivre selon une certaine idée de l’authenticité, celle-ci étant teintée par les incidences morales, historiques et sociales de notre existence. « Je tente de faire sens avec mon incompréhension du monde. » « L'art devrait être l'expression directe de notre intériorité sans passer par le filtre de la culture, par cet effet de la civilisation. » o « Mon travail contient une grande part d'intuition, je la laisse me guider en premier lieu. J'essaie de laisser mon esprit errer. Je dis souvent que je pars dans des dérives imaginaires, je construis des scénarios dont je suis l'héroïne : je peux changer les gens en animaux, je peux fabriquer des nouveaux décors ... J'y suis presque toujours seule. » o Selon Paul Ricœur (1981), « la fiction révèle les potentialités enfouies de la réalité », celles-ci n'apparaîtraient que lorsque nous cherchons plus loin que ce que notre quotidien nous présente.
Mots clés : Autoreprésentation/authenticité/psychanalyse/processus Source : GERVAIS, Katherine-José. Les limites de l’autoreprésentation : Questionner son identité artistique à travers une pratique du performatif et de l’installation. Mémoire de Maîtrise, Montréal : UQAM, 2016.
https://archipel.uqam.ca/9863/1/M14768.pdf 
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sauvesparlekong · 2 years
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🚃- - - ⏮ « Il y croit. Il patauge même. Hélant la serveuse d’un « one more » tout sourire, plein de dents brandies. « Moi c’est bien simple, je rentre à Paname dans 10 jours, je profite de ma petite femme et je me fais la totale Orsay, le Louvre, Carnavalet, les expos, la totale quoi, j’adore, c’est ça Paris ! Bon tu me diras le Louvre j’y suis jamais allé… » Et merde, t’aurais dû rentrer chez toi ce soir Rocky Raccoon. George a failli lui dire : “Je ne veux plus jamais qu’un son qui émane de ta bouche soit dirigé vers moi.» Pendant qu’il maugrée cette vilaine pensée, le type en chemise bleu azur ne transpire toujours pas alors que la température ambiante avoisine les 35° et que l’air con défaillant accrédite une certaine thèse du complot imaginée par George, contre George, paranoïaque en nage. Il se contente lors de prendre un programme du French May, à proxi. Qui traîne là. On lui avait dit à l’instar d’un Patrice Lafont dans Pyramides ; au sujet du grand frenchy raout, en 3 briques : « sponsors », « nombrilisme », « fais-toi-plaize… ». Mais vous connaissez George, il aime se faire un avis par lui-même, dégoulinant de bonne volonté. Délaissant son comparse de fortune, il feuillette, checke et gribouille un improbable fourre-tout en guise de mémorandum. » Extrait édito 1 / Sauves par le Kong mai 2015 #sauvespourlebac #sauvesparlekong #sauvepourlebac #sauvesparlapoesie #alchimieduverbe #carnetmagique #sauvesparlequiz #bac2022 #bacfrancais #baccalauréat #sauvespourlaphilo #longlivethebook #tutoring #privatetutoring #tutor #hongkong #philo #baccalaureat2022 #baccalaureat (à Hong Kong) https://www.instagram.com/p/CYbRBVDvTZd/?utm_medium=tumblr
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sieclesetcieux · 1 year
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@anotherhumaninthisworld
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It's a very small part of my thesis actually! (Which is 578 pages long.) I must submit the final version on April 3rd so I'm working on small revisions concerning typos, grammar, syntax, repetitions, one or two factual mistakes, weird phrasings, etc. amd re-reading the whole thing of course.
Shortly after it's been officially accepted, it will be available as a pdf file via my university.
There will definitely be a published version eventually, though it's still unclear what it could cover. They could choose the whole thing, or just my commented edition of Élisabeth's memoirs + other relevant documents such as Jules Simon's anecdote. It depends on the publishers.
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I've been thinking about this. We need to compare and consider the dates: when this meeting happens (sometime in 1833), when Laponneraye publishes Charlotte's memoirs (1834, after her death on August 1st), when Le Bas fils writes a critique of them (1845). There's also the fact Élisabeth starts writing her memoirs circa 1843-1844 which is still a few years for resentment towards Charlotte to grow again, plus the political context is changing fast, and Philippe fils himself gets involved in politics. (I think I might have forgotten to reflect on this specific detail in my thesis. There's a lot to cover lol.)
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« C'est vrai, c'que j'dis ! » insista-t-il d'une petite voix mignonne, voyant le sourire narquois qui tendait mes lèvres. Sûrement que c'était vrai. Moi, fillette de huit ans, je n'étais pas en position de contrer une thèse d'homme politiquement construite, surtout quand elle semblait aller dans le sens de nos intérêts enfantins. Néanmoins, je grandissais au sein d'une famille dans laquelle on se méfiait naturellement des alléchantes allégations des communistes. D'ailleurs, je voyais très bien ce que ma mère aurait répondu, si elle avait été là ; réplique que j'avais bien envie de lancer à la face d'Éric, pour le taquiner gentiment. D'autant que - je ne me leurrais pas - Éric et moi avions pour point commun de préférer que ce soit l'autre qui se coltine la couture. Après tout, faire intervenir ma mère comme il avait fait intervenir son père, c'était de bonne guerre. Ainsi, prenant l'accent parigot, je rétorquai : « Hé ! Et l'portique, c'est tes parents qui l'ont payé ? » extrait de Les vacances à Champlitte
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mrochetclaude · 3 years
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Comment l'économie a-t-elle supplanté la philosophie morale?
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Extraits de "L'innovation, une affaire d'Etat: Gagnants et perdants de la III° révolution industrielle" Voir le livre J'ai publié ce livre en 2007, qui est l'édition de ma thèse de doctorat, allégée des parties purement académiques et complétée de recherches postérieures. L'axe de cette recherche est le lien entre évolution de l'Etat et innovation. Cette évolution est étudiée sous deux angles: l'évolution de l'Etat comme acteur institutionnel de l'évolution des sociétés et des nations, qui est étudiée à partir de l'histoire du développement économique, et l'évolution de l'Etat comme organisation et sa capacité à innover. Les thèses défendues sont: 1) Il n'y a jamais eu d'innovation et d'évolution des nations sans une intervention active de l'Etat. Cette intervention n'est possible que si l'Etat sert le bien commun. 2) Cette intervention n'est possible que si l'Etat lui-même est capable de comprendre le rôle de la technologie en l'intégrant dans sa propre administration.   Extrait B. UN DIVORCE ENTRE L'ECONOMIE ET LE BIEN COMMUN « La grandeur de la Cité, c'est le bien commun » Machiavel D'où vient ce relatif divorce entre évolution technologique et Etat qui va marquer les deux révolutions industrielles du XVIII° au XX° siècle avec alternance de foi absolue dans les vertus du marché, puis les retrouvailles avec l'interventionnisme étatique en temps de crise dont le keynésianisme fut la dernière illustration en date? B. 1. Read the full article
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Idéologie, complotisme et psychanalyse
L'idéologie libérale-libertaire aura tiré son efficacité narcotique d’un demi-siècle de propagande intensive appelée "culture" (plus précisément: "l'industrie du divertissement culturel"...) qui loin de permettre au sujet de s'extraire des déterminations de sa réalité sociale, lui aura fait croire que son adhésion à l’enfumage "sociétal" offre une échappatoire au réel traumatique...
«Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme.»
(Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes – 1976)
Dans le monde inversé, les enmasqués d’aujourd’hui s’imaginent que ce sont eux les vertueux, qu’ils sont du côté du Bien, ils font la morale aux autres, les traitant d’égoïstes, indisciplinés, mettant la vie des autres en danger, narcissiques, psychotiques, bla-bla-bla... et puis quoi encore?
N’est-ce pas précisément l’inverse qui est vrai?
«Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux»: ayant fondé la Thèse n°9 de son livre La société du spectacle sur une phrase extraite de la Phénoménologie de l’Esprit, de Hegel («Le faux est un moment du vrai»), Guy Debord a entrepris il y a une cinquantaine d’années la critique de ce qu’il a appelé "la société du spectacle" (qui aujourd’hui encore bat son plein).
Pour lui: «Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant» (Thèse 2).
Adoptant la méthode de l’inversion pour développer ses thèses sur l’aliénation, Debord s’est appliqué à déployer une "philosophie" qui repose sur la vie érigée en principe ou en croyance: la vie serait la "réalité réelle" dont «les images se sont détachées» (Thèse2).
Le "monde" s’en trouve lui-même coupé en deux, avec d’un côté la "vraie vie" et de l’autre le spectacle «qui est le cœur de l’irréalisme de la société réelle» (Thèse 6) où s’égare la conscience quotidienne dans son mode de survie halluciné.
Dans ce contexte du monde inversé, l’énoncé de 1967 «le vrai est un moment du faux» devient en 1988 (dans les Commentaires sur La société du spectacle, à l’époque du "spectaculaire intégré") : «il n’y a plus rien de vrai.»
La question qui se pose aujourd’hui est donc: comment dévoiler la vérité derrière le fétichisme et la fausse conscience qui règneraient en maîtres dans ce monde puisque la réalité capitaliste est un mensonge sur la "réalité réelle" (et que dès lors nous ne devrions pas nous étonner que l’appréhension du virus soit aujourd’hui loin de ce qu’on veut bien lui faire dire)?
Il s’agit non pas de la vérité du virus, mais de la vérité sur le virus (réel) à articuler avec sa contagion (idéologique).
Considérant ainsi que l’"événement" au sens fort du terme se situe au-delà de l’enchaînement des causes et des effets, nous nous heurtons aux plus grandes difficultés pour dire la «vérité», et on peut alors y voir manipulations secrètes ou conspirations, ce dont on ne se prive pas (sur les enmasqués qui traitent les autres de "complotistes" cf. infra)...
Quant à Giorgio Agamben (Le Monde, 24 mars 2020), reprenant la flèche de Debord, il en conclut, lui, à une «...conspiration pour ainsi dire objective qui semble fonctionner en tant que telle», qui n’est pas sans se rapprocher de la position analytique pour laquelle le véritable complot est exempt de comploteur, puisque c’est du fait du langage lui-même, de la primauté du signifiant sur le sujet, que nous sommes amenés à alimenter (sans le savoir, ce qui ne nous exonère pas de notre responsabilité) une croyance dans le «pouvoir» de l’Autre qui nous rend victimes de forces irrationnelles-impénétrables...
NB: La perspective psychanalytique procède de ce genre de retournement (ou d’inversion) pour retrouver la modalité de la contingence à laquelle la logique convoque implacablement les corps parlants, c’est ainsi que ceux qui traitent les autres de complotistes (qu’ils stigmatisent de ne pas croire les billevesées véhiculées dans les médias...) sont à appréhender à la manière dont s’apostrophent les enfants: en disant: «c’est celui qui dit qui l’est», la sagacité enfantine rejoint la vérité en tant que contingente de la psychanalyse, la contingence, c’est que lorsque tu parles de quelqu’un d’autre, tu parles de toi parlant de quelqu’un d’autre, et non seulement tu en dis toujours plus sur toi que sur ce dont tu parles, mais ce que tu dis c’est toi, non seulement c’est toi qui le dis, mais c’est toi qui es parlé par ce que tu dis, car en vérité c’est de toi que tu parles, et tu ne le sais pas (en l’occurrence c’est toi qui y crois à cette fumeuse et doublement mal nommée "théorie du complot"...)
La croyance est toujours croyance dans la croyance de l’Autre, personne ne peut croire "directement" quelque chose, croire présuppose toujours la croyance en quelqu’un d’autre qui y croit.
Cela tient d’une part à la structure du langage, la nécessité de la présence d’un Autre (qui garantit le sens de la parole), et d’autre part au noyau sémantique même du verbe croire, sa consistance logique que nous devons obligatoirement supposer: je ne peux pas croire si je ne peux pas croire d’abord que je crois croire, pouvoir croire a quelque chose ou quelqu’un présuppose nécessairement que je crois que je crois.
Le phénomène de la rumeur permet d’illustrer que la croyance est toujours croyance dans la croyance de l'Autre...
Une rumeur court par exemple qu'il va y avoir une pénurie de papier-toilette...
Je sais bien que c’est une rumeur, et donc que c’est probablement faux, mais comme il y a des gens qui y pensent, je me dis qu'il vaut mieux quand même que j'aille acheter du papier-toilette, parce que s'il y en a d'autres assez stupides pour y croire vraiment, à cette ridicule histoire de pénurie de papier-toilette, il n'y aura plus de papier-cul en magasin pour moi quand j’en aurai vraiment besoin !
Ce faisant, j'aurai contribué à rendre vraie la rumeur de la pénurie tout en prétendant ne pas y croire.
Voilà pourquoi la croyance — et c'est encore plus vrai lorsqu'elle se manifeste dans sa détermination oppositionnelle : l'incroyance — opère toujours par procuration, c’est toujours d’abord croire qu'il y a quelqu'un d'autre qui y croit... à ma place!
Car le langage, avant de signifier quelque chose, signifie d’abord pour quelqu’un.
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labioaulabo · 4 years
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Chloé Le Fournis, Post-Doctorante à la faculté d'Aix-Marseille Université en recherche en odontologie
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Bonjour à tous et à toutes! Je suis Chloé Le Fournis, post-doctorante à la faculté d’odontologie d’Aix-Marseille Université. J’ai la chance de travailler encore quelques mois au laboratoire où j’ai réalisé ma thèse pour terminer mon travail et publier mes derniers résultats.
Après mon Baccalauréat STL (Sciences et Techniques de Laboratoire), j’ai fait un DUT Génie Biologique. Même si c’était un diplôme professionnalisant, j’ai voulu regagner le cursus « plus classique » de la Fac avec une Licence. Je crois que c’est l’enthousiasme pour la recherche de mes professeurs qui m’a poussé à continuer en Master. Après mon Master spécialisé en Microbiologie et Immunologie, j’ai voulu travailler un peu comme ingénieure d’étude avant de me lancer dans la thèse, pour acquérir un peu d’expérience professionnelle et probablement de confiance en moi. C’est ce que j’ai fait pendant 1 an à l’Inserm de Paris où j’ai travaillé sur la résistance aux antibiotiques de Staphylococcus aureus. Mais je sentais que le poste d’ingénieure avait ses limites pour moi, j’avais besoin d’entreprendre les choses par moi-même. Je suis donc partie pour Marseille, réaliser ma thèse au sein de la Faculté dentaire de la Timone. Je me suis totalement épanouie dans cette expérience, que ce soit la mise au point des manip’, la recherche bibliographique, le contact avec les étudiants, la rédaction d’articles et de mon manuscrit de thèse, les congrès ou bien la vie du labo.  Au laboratoire, on travaille principalement sur les caries dentaires. Les caries sont formées par des bactéries orales qui, en présence d’un excès de sucre par exemple, vont dissoudre par la formation d’acides la couche extérieure (l’émail) de la dent. Cette cavité crée va permettre aux bactéries de pénétrer dans la dent (la dentine) et atteindre son cœur (la pulpe). A ce moment-là, la pulpe dentaire va essayer de lutter contre l’arrivée des bactéries par la mise en place d’une réaction inflammatoire. Si cette réaction inflammatoire est trop excessive, la pulpe qui est piégée entre les parois inextensibles de la dentine, peut entrer en nécrose. La dent doit être dévitalisée ou extraite. Mais dans certain cas, la pulpe dentaire arrive à stopper par elle-même l’invasion bactérienne dans la dentine et à mettre en place des processus de régénération réparant ainsi les tissus dentaires abimés lors de la carie. Au laboratoire, on essaye donc de comprendre comment on peut calmer cette inflammation pulpaire, éliminer les bactéries dans la dentine et favoriser la régénération lors d’une carie.
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