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#comment faire pour qu’un homme revienne vers nous
macadamiasoo · 4 years
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BRAD PITT : 20 ANS DE PASSION
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Poster une photo pour son anniversaire est devenu un rituel. Pour ses 56 ans, j’ai finalement décidé d’écrire quelque chose et j’ai tenté de vous expliquer pourquoi Brad Pitt était si important pour moi.
La passion "Brad Pitt" est arrivée très tôt dans ma vie. J’avais 8 ans. 1999. Il y a 20 ans.
C'est fou parce que je m'en souviens comme si c'était il y a 15 secondes. Je revois tout.
J'ai des bribes de souvenirs qui me reviennent en mémoire. Je me revois dans mon salon, allogène allumé. J'ai l’impression qu’il était 23h mais vu que je devais avoir 8 ans, il ne devait même pas être 21h30. Je regardais Sept Ans au Tibet. (J’ai lu ce post à ma sœur et elle m’a confirmé qu’il était bien 22h30/23h00).
Je le revois. Blond comme les champs de blé. Sa grosse écharpe blanche, son pull noir et son visage juvénile. Touchant. Vrai.
C'est à ce moment et avec ce film que la passion Brad Pitt m'a frappée en plein cœur, en pleine âme. Comme une encre indélébile qui ne s'effacera jamais, comme une autre partie de moi, comme une évidence qui ne s'éloignera jamais... Comme une passion qui ne me quittera jamais et ne m'a jamais quittée depuis. Jamais.
C'est assez drôle parce que Brad Pitt a été révélé l'année de ma naissance. 1991. Il avait 28 ans. L'âge que j'ai actuellement. Comme si on avait toujours été liés. Depuis le début. Je vais trop loin, je sais.
Brad Pitt est beaucoup plus qu'un simple beau gosse. Beaucoup plus. Tellement plus. Brad Pitt est l'un des meilleurs acteurs de sa génération.
Beaucoup d'acteurs rêveraient d'avoir le quart de sa filmographie. Ne ce serait que deux ou trois films de sa filmographie.
Je ne mentirais pas si je vous disais que j'ai vu tous ses films. Vraiment tous.
Cette passion, admiration, cet amour a fait naître un rituel que je partage avec mon père. Un rituel que j'adore, un rituel que j'aime répéter, un rituel qui est devenu comme une évidence, un rituel que je chéris autant que je chéris Brad Pitt. On en a tellement vus. Ensemble.
Cette habitude consiste à aller voir tous les films de Brad Pitt ensemble. Alors bien sûr, c'est devenu difficile puisque j'habite désormais dans un autre pays. Pourtant, seulement trois flms ont échappé à notre rituel. Uniquement trois. Fury qui m'a laissée complètement indifférente. The Tree of life que j'ai complètement détesté. Un film d'un pédantisme sans nom. Et enfin, le dernier en date Ad Astra, que j'ai adoré. Un très bon film, si vous voulez mon avis.
Cette habitude est l'une de mes préférées sur Terre.
Encore plus incroyable lorsque l'on pense au fait que mon père n’aime pas Brad Pitt (ou plutôt, n’aimait pas). Mais vraiment pas. Je crois d’ailleurs que c’est un peu à cause de moi... Mais voilà, il vient avec moi. Uniquement pour moi. Juste pour moi. Mais aussi parce que, en tout cas je l'espère, lui aussi aime beaucoup notre petit rituel.
Il y a deux façons de réagir à un lavage de cerveau : en rejetant complètement l'objet de l’endoctrinement ou en l’assimilant. Lui l'a complètement rejeté.
Vous faire la liste des films que nous avons vu serait fastidieux. Je vous parlerai uniquement des séances qui me reviennent à l'esprit, qui me font sourire, qui me font du bien, qui m’ont marquées.
Je me souviendrai à vie du jour où on est partis voir The Curious Case of Benjamin Button. Ce film m'émeut tout particulièrement. Sans raison particulière. Sans raison particulière, il me fout la chair de poule. Sans raison particulière, il me parle plus que les autres. The Curious Case of Benjamin Button est un film qui parle du temps qui passe, du temps qui était et qui ne reviendra plus. Un film qui parle des choix qui déterminent notre passé, notre présent et notre futur.
Un film tellement beau, simple. Le jeu de Brad Pitt est tellement vrai, tellement simple. Sa prestation aurait mérité un Oscar et pas seulement une nomination. Je ne sais pas comment vous expliquer à quel point Brad me rend fière dans ce rôle.
La vérité c’est que de nombreuses prestations de Brad Pitt auraient mérité un Oscar. Mais j'ai compris très vite que les Oscars ne voulaient plus rien dire.
Ce film est le tout premier qui m’a fait pleurer. Le tout premier. A 18 ans. Ça n'était jamais arrivé avant. Jamais. Pourtant, j'en ai vu des films. Je me souviens qu’un sentiment de fierté était né dans ma poitrine. Ce sentiment, je l’ai à chaque fois que je revois ce magnifique film. Un film tellement beau, authentique, puissant et simple. Un jeu tellement vrai, authentique, puissant, simple et parfaitement simple.
Alors, vous allez sûrement me dire que c'est ridicule. Que c'est ridicule de ressentir de la fierté envers quelqu'un que l'on ne connaît pas. Mais c'est comme ça, je n'y peux rien. J'ai tellement l'impression d'être rattachée à cet acteur, d'être rattachée à cet homme.
Je l'ai tellement sacralisé que parfois, j'ai l'impression que pour moi, il n'est même plus un Homme. Il a dépassé ce concept. En soi, je sais qu'il n'est qu'un Homme mais je le place au dessus des autres acteurs. Il a atteint une autre dimension. Pour moi, il est hors d'atteinte.
Cette fierté naît en moi à chaque fois que je ressens la tristesse, l'amour, la pitié, la joie, la condescendance, la puissance, la solitude qu'il transmet à travers ses personnages.
Notre petit rituel nous a aussi amené à voir des navets tels que Mr and Mrs Smith, la série des Ocean. A chaque fois que je pense à ce film, j’ai cette image qui me revient en mémoire. La première scène de Ocean 12. Rusty rentrant chez lui à Rome vêtu d’une veste en cuir. Il pose sa mallette sur la table. Il prend un verre de vin. Il regarde le livre posé sur cette même table. Il se dirige vers la chambre. Il embrasse sa femme et va dans sa salle de bain. Je ne sais même pas pourquoi je me souviens de cette scène. Ce film n'est pas terrible, c'est vrai, il est même nul. Un Brad Pitt canon qui mange dans la plupart des scènes.
Parce que oui, on ne va pas se mentir, canon, il l’est. Et pas qu’un peu. Brad Pitt, c’est un peu le top niveau sur l’échelle de la « beauté ». Brad Pitt, c’est un peu la référence. Combien de fois avez-vous entendu quelqu’un dire : ”Il se prend pour Brad Pitt, celui-là !” ?
La séance dont je me souviendrai peut-être à vie est celle de World War Z. Pas parce que j’ai adoré le film. Non pas du tout. Simplement parce que je suis allée au cinéma avec mon père et mes frères sans savoir ce que j’allais voir.
Surprise totale !
Je suis sortie de la voiture. L’affiche du film m’a sauté au visage. J’étais heureuse. Le pire c’est que je me souviens encore de l’énorme affiche que j’ai vue en sortant. Je me revois fermer la portière de la voiture et regarder cette affiche. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais contente. Parfois, il en faut peu.
Mon père qui n’aime pas Brad Pitt le supporte pour moi. Uniquement pour moi. Je pense qu’on appelle ça l’amour paternel et être saoulé.
Au final, comme une sacralisation, comme une idéalisation. Je n’irais pas jusqu’à dire que Brad Pitt est parfait, tout simplement parce que je ne le connais pas personnellement. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il est à part, important comme si réellement, je le connaissais alors que je sais très bien que je ne le connais pas. Vous voyez ? Si vous avez compris cette phrase, chapeau parce qu’en la relisant, je n’ai rien compris. 
Il est tellement sacré que j’ai l’impression que mon post n’est pas à la hauteur de ce que je ressens. Tout ce que je cherche à montrer c’est l’importance qu’a cet acteur pour moi. Une importance profonde mais superficielle parce que je sais très bien que je ne le connais pas et que je ne le connaîtrai jamais...
Comment vous parler de Brad Pitt sans mentionner le génialissime Seven, sans parler de l’Armée des 12 singes ? Il est Jeffrey Goines, le fils d'un Prix Nobel, interné dans un hôpital psychiatrique et comme la majorité des patients, il refuse de croire qu'il est fou. Une prestation qui lui a valu un Golden Globe.
Partager l’affiche avec Morgan Freeman. Partager l’affiche avec Bruce Willis. Ces deux films ont eu un impact significatif sur moi.
Il y a aussi Babel, Babel, Babel... Son rôle le plus sombre, le plus humain. Une mise à nu. Je me souviens que de l’éblouissement que j’ai ressenti lorsque j’ai vu ce film pour la première fois. Il est tellement vrai, tellement transparent, tellement naturel et tellement acteur que l’on ressent toutes les émotions.
La vérité c’est que Brad Pitt est un acteur incroyable.
Et tous ceux qui osent dire le contraire n’ont jamais dû regarder l’un de ses films ou alors les mauvais ou alors ils ne s’y connaissent vraiment pas en cinéma.
J’en ai juste marre d’entendre ces mêmes personnes me dire que je le trouve excellent uniquement parce que je suis fan depuis toujours et uniquement parce que je le trouve beau. Ce serait tellement mal me connaître. J’ai juste envie de leur dire : “Hello?? Vous êtes au courant que je n’ai pas 12 ans??” Comme si mon objectivité n’existait pas parce que je l’admire. Comme si l’aimer m’ôtait le droit de donner mon avis. Comme si j’étais une gosse de 12 ans. Je pense être suffisamment intelligente, suffisamment critique pour pouvoir émettre un jugement constructif. Et puis, je n’aime pas tous les films dans lesquels il a joués. Je n’ai pas à me justifier, on est d’accord mais j’en ai juste assez d’entendre ça. Inutile de spécifier que NON, je ne suis pas amoureuse de lui. Je ne le connais même pas.
Je ne vais pas vous retracer sa filmographie pendant des heures. Wikipedia le ferait mieux que moi (enfin... non, en fait !). Juste vous dire que mon admiration ne cesse de croître avec le temps.
Brad Pitt n’est pas qu’un sex symbol, Brad Pitt est beaucoup que ça. Il a été suffisamment intelligent pour savoir se détacher de cette image en acceptant des rôles où son beau visage est mis à rude épreuve.
Dans son dernière film, par exemple, Ad Astra (excellent soit disant en pensant), il y a énormément de gros plans sur son visage. Ses rides en premier plan. Décomplexé par ses 55 ans. Son jeu, ses émotions passent par son regard, par son silence, par sa voix. Dans Burn After Reading, il est même ridicule.
Et puis même, vous pensez sincèrement qu’on gagne un Golden Globe parce qu’on est juste canon ? Permettez-moi d’en douter. Le Beauty privilege existe Maia quand même.
Brad est un homme qui a plusieurs casquettes. Avec sa société de production, Plan B, il a produit des films comme Moonlight, Les infiltrés, Charlie et la chocolaterie. Trois des films qu’il a même produits ont gagné l’Oscar du meilleur film 
Pendant longtemps, il a été boudé par les Academy Awards. Il en a enfin gagné un en tant que producteur pour Twelve years of slave.
J’étais super fière et limite je n’y croyais pas. J’avais l’impression qu’un membre de ma famille venait de remporter un Oscar.
J’étais tellement heureuse pour lui.
Toutes les personnes qui me connaissent ont d’ailleurs pensé à moi.
En vrai, j’aime et admire tellement Brad Pitt que j’ai l’impression qu’il m’est impossible de vous expliquer pourquoi c’est le cas depuis toujours. Admiration indicible.
Parfois j’ai l’impression que je l’ai tellement sacralisé que si je le rencontre un jour, je tomberai dans les vapes. Cette rencontre n’arrivera, bien évidemment, jamais mais parfois, quand je l’imagine, je suis prise d’une excitation extrême. Je l’ai tellement mis sur un piédestal, c’est fou. Je le sacralise tellement que sa vie privée m’importe peu. Je le sacralise tellement qu’il est au dessus de n’importe qui.
J’aime tellement cet acteur, je l’idéalise tellement qu’à force de le voir comme un Homme pas comme les autres, j’ai fini par le voir tel qu’il est. J’ai fini par le voir comme étant William Bradley Pitt.
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yes-bernie-stuff · 4 years
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l’Évangile au Quotidien
« Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » Jn 6, 68 Dimanche 20 Septembre Livre d'Isaïe 55,6-9. Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche.Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur.Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. Psaume 145(144),2-3.8-9.17-18. Chaque jour je te bénirai,je louerai ton nom toujours et à jamais.Il est grand, le Seigneur, hautement loué ;à sa grandeur, il n'est pas de limite. Le Seigneur est tendresse et pitié,lent à la colère et plein d'amour ;la bonté du Seigneur est pour tous,sa tendresse, pour toutes ses œuvres. Le Seigneur est juste en toutes ses voies,fidèle en tout ce qu'il fait.Il est proche de ceux qui l'invoquent,de tous ceux qui l'invoquent en vérité. Lettre de Paul Apôtre aux Philippiens 1,20c-24.27a. Frères, soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps.En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage.Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir.Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ;mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire.Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ. Évangile de Jésus-Christ selon Matthieu 20,1-16a. En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « En effet, le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne.Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.”Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même.Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?”Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi.”Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : “Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.”Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier.Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine :“Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !”Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ?Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi :n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?”C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. » - © AELF, Paris « Allez, vous aussi, à ma vigne »      Il est bien évident que cette parabole vise la conversion des hommes à Dieu, les uns dès leur jeune âge, d'autres un peu plus tard, et enfin quelques-uns seulement dans leur vieillesse. Le Christ réprime l'orgueil des premiers appelés pour les empêcher de faire des reproches à ceux de la onzième heure, en leur montrant que la récompense est la même pour tous. En même temps il stimule le zèle de ces derniers en leur montrant qu'ils peuvent mériter le même salaire que les premiers. Le Sauveur venait de parler du renoncement aux richesses, du mépris de tous les biens, de vertus qui demandent un grand cœur et du courage. Il fallait pour cela stimuler l'ardeur d'une âme pleine de jeunesse ; le Seigneur rallume donc en eux la flamme de la charité et fortifie leur courage en leur montrant que même ceux qui sont arrivés les derniers reçoivent le salaire de toute la journée...      Pour parler plus clairement, certains pouvaient en abuser et tomber dans l'indifférence et le relâchement. Les disciples verront clairement que cette largesse est un effet de la miséricorde de Dieu, qui seule les soutiendra pour mériter une récompense si magnifique... Toutes les paraboles de Jésus, celles des vierges, du filet, des épines, de l'arbre stérile, nous invitent à montrer notre vertu dans nos actes... Il nous exhorte à une vie pure et sainte. Une vie sainte coûte plus à notre cœur que la simple pureté de la foi, car c'est une lutte continuelle, un labeur infatigable.    
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alexar60 · 5 years
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La dernière semaine
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Je n’étais pas passé dans cette rue depuis longtemps. En regardant la devanture de l’hôtel, je me suis souvenu de ce jour où nous y rentrâmes, la valise à la main. A ce moment, je voyais nos fantômes refaire ce trajet, la tête déboussolée en espérant trouver un chouette endroit. Avant cela, notre première nuit fut dans un hôtel sordide mais pas cher et dans les moyens de deux étudiants. Le gars nous accueillit avec un air suspect. Je me souviens qu’une heure après, un homme au visage marqué de cicatrices vérolées frappa à la porte. Il demanda qui était avec moi et regarda mon amie d’un air mauvais. Puis il repartit, laissant une sale odeur de sueur et d’aftershave bon marché dans le couloir. Nous dormîmes mal. De plus, le lendemain, après une journée à visiter Paris, nous eûmes la surprise de découvrir notre chambre occupée par une prostituée et son client. Nos affaires avaient même été fouillées.
Nous avions passé deux bonnes heures facilement à déambuler dans les rues espérant trouver un meilleur coin pour nous reposer. Elle avait proposé d’aller dans un palace et appeler sa famille friquée  mais je ne voulais pas. Nous marchâmes jusqu’à cet hôtel avec une étoile. Nous entrâmes, le vieux monsieur qui nous accueillit était souriant. Il fut peiné par notre mésaventure et trouva une petite chambre libre au dernier étage ; toilettes et douches sur le palier mais on s’en fichait.
Nous grimpâmes les marches puis une fois arrivés, nous nous écroulâmes fourbus, fatigués et heureux d’avoir enfin un vrai lit. Nous restâmes allongés le reste de la soirée à se parler de ce qu’on voulait voir ensemble, évitant d’évoquer notre séparation prévue. Je fermai les yeux et m’endormis ma tête sur son sein, bercé par sa respiration qui signalait qu’elle aussi partait vers un joli rêve. Le lendemain, le réceptionniste nous proposa une chambre plus spacieuse avec salle de bain et conseilla un bistrot sympa pour nos repas. Nous prîmes un petit-déjeuner copieux puis nous continuâmes à nous promener dans Paris. Elle voulait visiter tous les musées. Notre semaine fut magnifique à jouer les touristes entre quelques moments intenses. En repensant à cette semaine, des relents de senteurs du passé reviennent comme son parfum qui n’avait pourtant rien d’extraordinaire ; il y avait l’odeur du métro qui nous collait à la peau, nous obligeant à faire l’amour dans la douche après chaque retour. L’odeur vieillotte du bureau sur lequel était posé le téléphone ainsi que des fascicules pour les voyageurs. Il tremblait à chacun de nos mouvements la fois où je l’ai prise en levrette dessus. Elle tapait contre le mur pour provoquer le couple voisin qui faisait trop de bruits pendant leurs ébats. Je me souvenais encore de la disposition de la chambre.
En m’éloignant, je regardai une dernière fois la façade et au loin, je devinai quelle fenêtre était la nôtre. Mon amie était levée avant moi pour notre dernier jour. Il faisait chaud. En sous-vêtements, elle regardait par cette même fenêtre. Quand je me suis levé, elle rappela qu’on avait prévu de voir la tour Eiffel. Je m’approchai pour l’embrasser sur l’épaule comme j’aimai le faire, puis je remontai le cou et la bouche. Quand le baiser était langoureux, elle adorait caresser mes cheveux et les tirer. Mais ce matin-là, elle ne fit rien ! Je la serrai dans mes bras, son dos contre mon torse, je voulais la rassurer, la réconforter et surtout m’empêcher de pleurer. Même si nous savions comment notre histoire se finirait, il était difficile de l’accepter. Nous nous sommes encore aimés pour oublier cet avenir morose ou à notre façon, au moins pour le retarder. Nous partîmes ensuite voir la dame de fer. Elle fut impressionnée. Dans son regard, je pouvais voir les yeux d’une petite fille découvrant la plus belle de poupées. Nous achetâmes deux entrées et montèrent jusqu’au sommet. La vue de l’ensemble de la ville émerveilla son visage. Elle cherchait à retrouver par elle-même les bâtiments historiques, refusant mon aide. On ne souciait plus des autres visiteurs, nous étions uniquement ensemble et heureux. Sa gentille folie nous amena à descendre en utilisant les escaliers. J’ai arrêté de compter les marches après cent et quelques. Nous visitâmes les champs de mars, main dans la main. Elle sembla nostalgique et quand je lui demandai si elle allait bien, elle répondit juste avec le mot : « smile!» et des étoiles dans les yeux. Ensuite, nous visitâmes des lieux classiques, d’autres insolites. Comme pour marquer notre séjour, elle voulut baiser dans les chiottes du McDo des halles, j’ai gentiment refusé, préférant des toilettes payantes. Cette nuit, nous rentrâmes tard pour notre dernière nuit dans l’hôtel. Elle s’allongea et à notre habitude, elle me rejoignit dans la douche pourtant étroite. J’ai profité au maximum de son corps, à le humer, le caresser aussi bien des mains que du regard, cherchant à graver en mémoire chaque pigment de sa peau. Chaque détail ne m’était plus inconnu. Ce fut notre dernière nuit.
Le lendemain, son avion décolla pour la Grèce où son père travaillait comme ingénieur. Une de ses copines américaines l’attendait devant l’aéroport. Avant de nous quitter, elle m’embrassa une dernière fois. Par la suite, elle devait revenir récupérer ses affaires toujours à Nantes avant de rentrer définitivement aux Etats-Unis, mais nous ne nous sommes jamais revus, bien que nous ayons communiqué par courrier  quelques temps. En continuant ma ballade dans Paris, au bout de la rue, j’eus l’impression de revoir cet avion qui décollait de Roissy emportant dans ses bagages une part de moi. Seulement, c’était juste un rêve…Un très beau rêve.
Alex@r60 – octobre 2019
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  Boltanski Christian – Centre Pompidou
Faire son temps
Le centre Pompidou propose une nouvelle rétrospective de l’œuvre de Christian Boltanski (né entre 1944). La dernière a eu lieu en 1984. Quelques cinquante œuvres sont présentées sous sa supervision. Le visiteur découvre 50 années de création.
Boltanski est reconnu comme un des principaux artistes plasticiens contemporains à la fois photographe, sculpteur et cinéaste même s’il se définit comme peintre.
Il faut comprendre l’exposition comme une installation à part entière. Alors, je vous emmène découvrir une œuvre à partir de la présentation qu’en fait cet hiver à Beaubourg Christian Boltanski, âgé de 75 ans.
Je vous entraîne vers ses obsessions :  la mémoire, le temps, le particulier et l’universel, le hasard et le destin.
Toutes les œuvres que j’ai faites sont une tentative pour trouver une réponse à des questions que je me pose (…) La question principale concerne l’importance que je donne à un être humain mais aussi à sa fragilité.
C. Boltanski
Conçue comme un chemin que le visiteur fait, cette exposition a un départ et une arrivée. Actuellement, 90% des installations sont détruites et peuvent être refaites. Donc, c’est à la fois une même œuvre et une autre. Il y a une partition que Christian Boltanski rejoue à chaque installation.
A l’entrée, le visiteur se trouve confronté à une vidéo produite en 1969 “L’homme qui tousse”: un homme éructe de la peinture rouge, figurant évidemment du sang. Christian Boltanski ne sait pourquoi il a fait ce type de film  dans sa jeunesse. Est-ce un trait d’humour pour se moquer de cet art contemporain qui se cherche et quelque fois se prend trop au sérieux ? Ou est-ce les obsessions sur la mémoire qui reviennent ? …
Pour lui, il clôt une période très perturbée. Né dans une famille juive au lendemain de la guerre, Christian Boltanski vit une enfance imprégnée de traumatismes. Sa mère ne cesse de raconter comment elle a sauvé son père en prétendant qu’ils s’étaient séparés, alors que celui-ci vivait caché (pendant 2 ans) sous le plancher de leur appartement. Christian et ses deux frères ont passé leur enfance à dormir dans la chambre de leurs parents et ne sortaient jamais dans la rue tout seul jusqu’à l’âge de 18 ans. A 14 ans, Boltanski quitte l’école sans savoir lire et écrire et commence à dessiner et à produire des vidéos. Il se veut peintre. Ses parents le laissent faire. Cette vidéo témoigne de l’expressionniste minimaliste dont il se revendique.
                                      Album photo de la famille D – 1971 – En achetant une série de photos anciennes et en les plaçant ainsi sur un mur en rang serrés, Christian Boltanski fait appel à nos souvenirs. L’album photos est un repère social qui parle à tout le monde. D. représente un nom de famille comme celui de Durand, le plus répandu en France. Cette vie est un peu celle de tout le monde. Elles nous entraînent vers le temps qui passe, l’enfance et indéniablement, la mort.
Ces installations photographiques, composées de portraits anonymes, renvoient à la fragilité de l’être humain et à la question de la disparition personnelle, liée à mon histoire personnelle. 
Boltanski – Connaissance des arts.
  Les habits de François C. 1971 – En photographiant ainsi les vêtements de son neveu, l’artiste préfigure les inventaires de vêtements qu’il proposera comme trace d’un corps humain disparu.
À partir de la fin des années 1960, l’artiste s’empare de l’écriture, de photographies récupérées ou d’objets trouvés pour reconstruire des épisodes d’une vie jamais vécue. Cette autobiographie fictionnelle prend la forme de livres, d’assemblages, d’installations multimédias aux matériaux divers tels que le vêtement, la boite de métal, le luminaire ou la bougie. Chacune de ces œuvres plonge le spectateur dans une traversée du passé, à la fois personnel et collectif, à la fois fictif et réel. À travers son œuvre, Christian Boltanski interroge la mémoire affective individuelle et collective, la véracité du souvenir et de la trace, la frontière entre l’absence et la présence. Art
Entre – temps (2003)  Cette installation se composent de photographies de Boltanski à différents âges projetés sur un rideau de fil. On voit l’artiste vieillir puis retourner à l’enfance dans un cycle infernal infini.
En 1984, Boltanski élabore son Théâtre d’ombres (ci dessous) à partir de fil de fer et de cuivre, de dessins découpés et d’éclairages qui par projection agrandissent les éléments. On y retrouve encore l’enfance, mais les éléments découpés font penser à une danse macabre, avec des squelettes, une faucheuse, etc.
Être artiste, c’est une manière de guérir.
C. Boltanski
Une nouvelle période s’ouvre par le décès de ses parents et l’exposition à la Salpêtrière (1986). Dans ce lieu particulier, il découvre l’espace et la manière de l’occuper. A partir de  ce moment, Boltanski conçoit ses expositions comme des œuvres à part entière.
Deux ans après la disparition de ses parents, il aborde la question de la Shoah en suscitant plutôt qu’en montrant directement.
Réserve de suisses morts – 1990 – A partir de photos de défunts parues dans les pages de journaux suisses (d’un journal sérieux d’information au “Détective” local), Boltanski les agrandit à l’extrême en les poussant vers le flou et en les éclairant chacune par une lampe de bureau, rappelant des tortures.
En représentant des portraits d’inconnus que l’on ne peut reconnaître, Boltanski dépasse la représentation d’hommes particuliers pour aller vers l’universalité. En  mélangeant les photos, Boltanski pose aussi la question “Qui est bourreau ? Qui est victime ?” et oblige le visiteur à se poser la question : “Aurais-été victime ou bourreau? “
Des sortes autels ou oratoires appelés “Monuments” sont créés jusqu’aux années 2000 en fonction des espaces et des photographies récoltées. L’exposition à Pompidou en présente un certain nombre. Boltanski a utilisé des photos agrandies à l’extrême de jeunes d’un lycée de Vienne, de photos trouvées aux puces, des photographies d’enfants d’école maternelle, etc…
Tous uniques, sans mémoire, sans identité, pas remplaçables et remplacés.
C. Boltanski
https://vagabondageautourdesoi.com/wp-content/uploads/2020/02/vagabondageautourdesoi-Boltanski-20200214_145228.mp4
En 2005, Christian Boltanski décide d’enregistrer son cœur et de faire battre une ampoule à son rythme. L’artiste précise avec humour que le lendemain il s’est précipité chez un cardiologue pour faire un électrocardiogramme tant ce son l’avait angoissé.
En Occident, les reliques, considérées comme saintes, ont fondées l’émergence du Christianisme en développant les cathédrales et autour, des centres économiques. Boltanski rappelle, non sans provocation, que ce sont uniquement des bouts d’os. En Asie, et notamment au Japon, les immeubles, les temples, etc sont refaits tous les 20/25 ans. C’est ainsi qu’est né le projet suivant :
La bibliothèque des cœurs- 2005
En 2005, Christian Boltanski s’est lancé dans un projet de collecte d’enregistrements de battements de cœur à travers le monde – de Séoul à Berlin en passant par Stockholm- intitulé « Les Archives du cœur », afin de rassembler tous les cœurs de l’humanité. Véritable projet universel et utopique, « Les Archives du cœur » sont conservées, depuis 2010, à l’abri du temps sur l’île japonaise de Teshima, dans la mer intérieure de Seto, mise à sa disposition par un mécène. Chaque enregistrement est répertorié et nominatif. Arsper Magazine
A la même période, Christian Boltanski utilise les boîtes à biscuit. Considérée comme le coffre-fort du pauvre, la boîte à biscuits rassemble tous les objets qui comptent pour une personne vivante ou morte. Qui n’a pas trouvé plaisir à découvrir ces boîtes renfermant des lettres, des cartes portales, des photos jaunies, un billet, une coque de noix transformée en bateau, etc..? Évidement, assemblées comme le propose Boltanski, ces boites avec la photo collée devant évoquent les columbariums de nos cimetières.
Réserves – Les suisses morts – 1991– Christian Boltanski utilise des objets que chacun peut reconnaître. La boîte de biscuit est à relier à son âge. En général, ses objets sont bon marché et capable de garder des mystères.
Tous les humains savent tout et l’artiste pointe ce que partagent les humains.
C. Boltanski
L’artiste envoie un stimuli, un message qui du coup révèle un ressenti. C’est comme si lorsque le texte existe, l’artiste vient souligner un mot pour donner à l’autre à ressentir. L’art est fait pour montrer la vie mais ce n’est pas la vérité.
L’artiste a placé ces “boites à biscuits” dans cette superbe salle du Centre Beaubourg comme pour permettre au visiteur une respiration sur le présent et la beauté de la ville de Paris. Et, c’est très réussi ! Nous sous sommes échappés dans la contemplation de la beauté de la vue. Et, nous n’étions pas les seuls !
Les regards – 2011 Sorte de voiles où sont imprimés des regards, l’installation bouge au fil du passage des visiteurs. Cette installation fait penser aux “portraits du Fayoum”, peints de leur vivant, mais pour être enfermés dans leur tombe.
C’est celui qui regarde qui fait l’œuvre. C. Bolstanski
Dans le cadre d’un projet réalisé pour la biennale d’art contemporain d’Amérique du sud, en 2017, Boltanski souhaite approcher les baleines. Selon une tradition amérindienne, les baleines connaissent le secret de l’univers. Dans un endroit perdu de 100 000 hectares en Patagonie du nord, au milieu de 40 000 moutons, l’artiste déploie son installation qui avec le vent reproduit le chant des baleines. L’installation est filmée. Il suffit qu’en Patagonie quelqu’un rapporte qu’un homme a essayé d’approcher le secret de l’univers pour créer des légendes, comme des contes pour adultes qui deviennent les mythes modernes.
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Misterios – 2017– Les écrans synthétisent trois concepts : le questionnement (les baleines), le vide (le manque de réponses) et l’image de la mort (la carcasse).
Christian Boltanski ne produit plus d’œuvres qu’on peut acheter. Certains de ses assemblages sont estimées entre 15 000 et 100 000 euros. Ce qui l’intéresse maintenant, c’est de construire à travers le monde des installations dans des lieux improbables, loin et difficilement accessibles, afin de créer de nouveaux “mythes”. Qu’on puisse dire un jour, ici un homme a essayé de parler avec les baleines, est une préoccupation importante, comme une manière de transcender le temps d’une vie et de passer à la postérité.
En occident, Boltanski considère que la transmission ce fait par les reliques, alors qu’en orient, elle se fait par la connaissance. Il suffit uniquement d’avoir connu quelque chose pour y croire. Cette conception a poussé l’artiste à produire des œuvres dans des lieux improbables.
Crépuscule – 2015 – Chaque jour, une ampoule s’éteint. A la fin de l’exposition, la pièce sera obscur.
C’est une façon de souligner le temps qui passe et la précarité  de l’existence. Malgré tout, Boltanski se dit être un bon vivant, aimant la légèreté.
On ne peut vivre que parce qu’on oublie.
C. Boltanski
Le terril Grand-Hornu – 2015 Cette installation fut créé pour le Musée des arts contemporains du Grand-Hornu en Belgique pour célébrer les mineurs de cette région.
C’est en 1988 que l’artiste commence à utiliser des vêtements usagers en grande quantité comme pour laisser trace et marquer l’absence. Au Grand Palais en 2010, une pince métallique vient prendre de façon aléatoire un vêtement au somment pour le lâcher après. L’artiste la décrit comme le “maître du temps” et le “maître de la vie et la mort”. Boltanski penche plus vers le hasard qui guide une vie mais ne peut ôter de ses réflexions la présence de Dieu.
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Prendre la parole – 2013 – Au nombre de quatre dans la dernière salle, celle du terril, l’installation récite une question à chaque fois qu’un visiteur s’approche.
Comme un homme qui marche de Giacometti, ces installations déclinent des questions existentielles posées au visiteur.
Un artiste a forcément une famille, il est toujours dépendant. Aucun progrès en art. Mais, il y a un déroulement et des ruisseaux qui sont de la même famille.
C. Boltanski
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Animatas Chili -2014 et Animatas blanc en 2017 – “Il y a des clochettes japonaises qui sonnent dans le désert du Chili et qui représentent le ciel et les âmes perdues”. En référence aux autels édifiés aux bord des routes à l’endroit des accidents, l’installation s’appelle Animatas. Dans ce désert, on peut observer le plus près les étoiles mais c’est aussi dans ce lieu que le gouvernement de Pinochet se débarrassait de milliers de opposants en jetant leurs corps torturés des avions. Il y a 800 clochettes. Les Japonnais les utilisent pour faire des vœux. De plus, ces clochettes tracent la carte du ciel le jour de la naissance de l’artiste.
Placée ainsi à la fin de l’exposition, c’est un moment de méditation que nous offre l’artiste. D’autres installations ont été mises en place sur l’île d’Orléans à Québec, près de la Mer Morte et sur l’île de Teshima. 
Au cours de ses pérégrinations, Christian Boltanski a rencontré un homme étrange qui habite en Tasmanie, dans le sud de l’Australie. Ayant amassé sa fortune grâce aux jeux de hasard, il s’est constitué une collection aussi bizarre que lui et qui compte notamment huit momies égyptiennes. Alors que ce collectionneur voulait acquérir une de ses pièces, Boltanski lui a proposé d’acheter sa vie en viager… Ainsi, depuis janvier 2010, quatre caméras sont accrochées dans son atelier et filment sa vie en direct, 24 heures sur 24. Les images sont retransmises en temps réel dans une grotte située dans la propriété de ce collectionneur. Elles ne peuvent pas être diffusées ailleurs, mais le lieu est ouvert à tous. C’est en cela que l’œuvre consiste, mais plutôt que de l’acheter une fois pour toute, le collectionneur verse un viager à l’artiste. Homme de pari, le collectionneur a misé sur le fait que Christian Boltanski mourrait en 2018. Arsper Magazine
Voilà deux ans que le diable de Tasmanie, comme l’appelle le peintre, a perdu ! Et, comme ce diable là ne peut passer sa vie à regarder Boltanski, il, paye quelqu’un. Pourtant, Boltanki dit qu’il n’y a rien à regarder. Il arrive à 11 h  30 et repart à 19 h. Il ne fait rien dans son atelier que réfléchir et…se gratter le nez car “lorsqu’on est artiste, ce que l’on fait c’est attendre et espérer“.
Sources :
Céline, ma conférencière préférée
Masterclasse Christian Boltanski – France Culture
L’art et la matière Christian Boltanski – France culture
Connaissance des arts – HS – Bolstanski
Questions pratiques :
Faire son temps
13 novembre 2019 – 16 mars 2020
Galerie 1 – Centre Pompidou – Paris
Commissaire : Mnam/Cci, Bernard Blistène
        Courez voir la grande rétrospective sur Boltanski Christian à Beaubourg. En attendant, un petit tour ici   Boltanski Christian - Centre Pompidou Faire son temps Le centre Pompidou propose une nouvelle rétrospective de l’œuvre de…
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ametiscity · 4 years
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Jour 1: Edhen
Je soutiens son regard, en maintenant une expression aussi neutre que possible. Ses yeux glissent sur mes joues, mon cou, et le long de mes courbes. Se rend-t-elle compte que le bout de sa langue passe sur sa lèvre supérieure ? J’ai envie de l’attraper avec les dents, mais n’en fais rien. Ses pupilles reviennent à nouveau sur moi. Sur mon visage, je veux dire.
- Qu’est-ce que tu disais ? Navrée, j’ai été distraite.
Je soupire, malgré un sourire en coin. Elle se redresse dans son siège, faisant visiblement un effort pour se concentrer sur la conversation. Elle observe à présent les branches d’un arbre par la fenêtre, d’un air qui se veut très intéressée, mais je sais que j’ai toute son attention. Si elle pouvait rougir sous sa peau mate, je sais qu’elle serait écarlate.
- Je te rends la robe, je n’en veux pas. Et arrête de m’envoyer des cadeaux, c’est plus gênant qu’autre chose.
Elle hausse les sourcils lorsque je lui tend l’accoutrement de soi et de velours.
- C’est très vexant, répond-t-elle sans le prendre.
- Je ne porte pas de robes, et je n’accepte pas la charité.
Elle se lève gracieusement, l’air faussement triste. Son regard revient à nouveau sur moi et elle approche ses doigts fins de mon corsage.
- Tu as gardé mon pendentif.
- C’est différent, ça c’est un...
- Cadeau, me coupe-t-elle, que je t’ai offert il y a des années. Bien avant que je fasse fortune, bien avant que j’ai les moyens de t’offrir tout ce que tu désires. Je t’achète vêtements et bijoux venant des meilleurs artisans, et tu les refuses. En revanche ce pendentif bon marché portant mes initiales ne te quitte plus. J’ai besoin que tu m’expliques !
Je porte ma main au collier, effleurant la sienne au passage. Elle se retire, le visage plein de perplexité. Dans ma paume le métal de la petite breloque est tiède, réchauffé par ma peau. Dessus est incrustée une pierre sans grande valeur où l’on peut lire les initiales gravées ‘R.M.’ La chainette est endommagée par le temps et se décolore à certains endroits, mais je m’accroche à ce trésor plus qu’à n’importe lequel de mes biens.
- C’est justement parce qu’à l’époque tu n’avais rien, qu’il m’importe beaucoup.
Rowena baisse les épaules, comme si elle acceptait ma réponse. Mais je sais qu’elle ne comprend pas tout à fait ce que je pense. Elle n’arrêtera jamais de m’envoyer des choses qui, selon elle, me font plaisir. Elle comme chaque fois, je viendrai les lui rendre en personne. Peut-être le fait-elle exprès pour que je vienne la voir ? Un autre sujet me vient en tête.
- En parlant de cadeau, ton coursier est plutôt étrange, non ?
Après un temps de réflexion, elle vient s’assoir plus près de moi dans le canapé, délaissant le siège qui me faisait face. Elle joue avec ses cheveux, l’air pensive.
- Argile ? Personne ne s’en est jamais plains. Un gros travailleur, à ce qu’on m’a dit. Il t’a posé des problèmes ?
Sur cette dernière phrase, ses yeux s’élargissent de stupeur et de colère. Je sais que sur un simple ‘oui’ elle serait prête à commettre l’irréparable. Je choisis d’amener les choses en douceur.
- Pas du tout, pas du tout. Il est très gentil, très aimable. Non, c’est juste que j’ai trouvé qu’il...
Rowena ne bouge pas, la fureur est partie de son visage. Mais je sens qu’elle est prête à bondir sur ce pauvre coursier si je dis un mot de travers.
- ... qu’il était insistant du regard. Je me trompe ?
Je sens un léger soulagement du côté de mon amie. Elle se remet à triturer ses cheveux et les perles turquoises coincées dans ses tresses, l’air songeuse.
- On ne m’a jamais reporté quoi que ce soit de la sorte. Mais soit, je te crois. Je ferai en sorte d’envoyer quelqu’un d’autre la prochaine fois.
Je bondit sur place et pointe un doigt accusateur vers elle.
- Comment ça la prochaine fois ? Arrête de m’envoyer des cadeaux !
Devant mon air boudeur elle finit par lancer un rire joyeux, auquel je finis par me joindre. Nous n’évoquons plus cette histoire de tout l’après-midi et je la quitte peu après l’heure du thé. Nous nous enlaçons chaudement au pas de sa porte, et je quitte son domicile pour rejoindre la ville.
Rowena habite un peu en dehors car sa maison est plus grande que n’importe quelle autre du centre. Elle tient aussi à garder son intimité et à ne pas se mélanger avec le commun des mortels. Depuis qu’elle vit aussi aisément, son regard sur les gens a complètement changé et elle vit chez elle en recluse, ne sortant que pour rencontrer de grandes personnes, et vivant seule avec ses dizaines d’employés de maison. Je me demande comment elle fait pour rester si loin de la ville, là où tout se passe. Là où les meilleures rencontres se font, et l’agitation est à son comble.
En parlant d’agitation, je décide de me diriger vers mon lieu de travail, où mon service va bientôt commencer.
Avant même d’entrer, j’entends le chahut habituel des habitués, chantant au bar. J’emprunte la porte de derrière, saluant au passage le cuisinier, et enfile l’un des tabliers pendu près de la réserve de vin. Le seul qui reste est beaucoup trop grand pour moi, mais ça devra faire l’affaire. A peine ai-je le temps de changer mes chaussures et de nouer mes cheveux qu’une voix derrière moi souffle dans ma nuque.
- Bonsoir.
Je me retourne avec un sourire, qu’il me rend tendrement.
- Bonsoir Laure. Est-ce que je suis en retard ?
Il passe ses mains sur mes hanches et attrape mon tablier pour le plier correctement, afin qu’il soit plus court au niveau de mes genoux. D’une main experte, il noue la ceinture de corde dans le creux de mon dos, un demi-sourire sur ses lèvres.
- Absolument pas. Vieux Jack vient de commencer sa chanson de pirate, il doit être tout juste après six heure. Ce vieux matelot est réglé comme une horloge, peu importe combien de pintes il ingurgite.
Laure m’inspecte de tous les côtés, orbitant autour de moi comme un vautour. Puis son sourire s’élargit, et ses yeux tendres croisent les miens.
- Parfaite. Comme toujours.
Un jacassement du cuisinier nous active vers la cuisine, où ses plats fumants attendent d’être amenés en salle. Il braille des numéros de table, et je cours les servir.
Le service se passe comme d’habitude, les marins chantent, les vieilles filles dansent, et les gardes boivent. Je sens le regard de Laure qui ne me quitte pas, mais chaque fois que je tourne la tête, je le trouve occupé à une tâche, ou bien à parler avec un client. Est-ce que je l’ai imaginé ? Je retourne en salle avec quelques chopes de bières, essayant de me concentrer sur mon travail. Alors que Vieux Jack commence un nouvel hymne des mers, la porte s’ouvre en grand et il pousse un grand cri. Un jeune homme aux cheveux rouges entre en écartant les bras, comme désemparé. Vieux Jack fait mine de s’enfuir derrière le bar, mais l’alcool n’aidant pas, il se prend les pieds dans un tabouret et tombe au ralentit sur le bois collant de la taverne. Le jeune homme se précipite vers lui et l’aide à se relever.
- Où étiez-vous ? Je vous ai cherché toute la journée !
Le vieil homme marmonne dans sa barbe que de son côté il a tenté de l’éviter toute la journée, et son matelot prend visiblement sur lui pour ne pas s’énerver. Il passe le bras de son Capitaine par dessus ses épaules et tente de le faire marcher. Après à peine deux pas, l’homme tombe, et ne fait plus aucun effort pour se maintenir debout. Le matelot devient rouge de colère, mais n’hausse pas le ton. Autour d’eux, la taverne rit à s’en décocher la mâchoire. ‘Il ira pas plus loin ce soir, si tu veux mon avis !’ Lance un garde au nez bien rouge. Le jeune homme tente une nouvelle fois de le relever, en vain.
Je m’approche de lui, et retire le chapeau de Vieux Jack.
- Ça ne sert à rien de le transporter dans cet état. Suivez-moi, on va s’occuper de lui au calme.
Je passe l’autre bras du Capitaine sur mes propres épaules, et à nous deux nous parvenons à le traîner jusqu’à la cave à vin. Nous l’asseyons sur un coffre, adossé au mur, et je ramène une carafe d’eau froide et une bougie. Je lui sers un gobelet, qu’il parvient à peine à tenir.
- Laissez-moi faire. Eloignez-vous un peu.
Le jeune homme aux cheveux rouges me prend délicatement la carafe des mains et m’observe avec un grand sourire plein de malice. Soudain, il vide son contenu sur la tête du vieil homme, qui se met à bondir et hurler en gesticulant dans tous les sens.
- Bon dieu de sa mer, Edhen ! C’est comme ça qu’on traite son Capitaine ?
Le matelot éclate d’un rire franc et clair, aidant Vieux Jack à se remettre sur ses jambes. Je les regarde faire en souriant. Le Capitaine le repousse, titubant, puis s’en va tant bien que mal par la porte de derrière, le jeune homme sur les talons. Je m’amuse à le voir ainsi, car j’ai toujours vu Vieux Jack comme un vieux papy grincheux mais plein d’amour. Il a beau boire, il n’est jamais violent ou méchant comme d’autres peuvent l’être. Et il nous fait souvent rire en faisant le pitre. En y repensant, je m’étonne de ne jamais avoir vu un de ses matelots auparavant. Lorsque je vais pour ramasser le gobelet, je remarque qu’Edhen est revenu. Il se tient près de la porte de la cave et m’observe.
- Je peux encore vous aider ?
Ses yeux sombres me dévisagent, mais avec le noir de la cave je n’arrive pas à deviner son expression. Il s’avance vers moi, ne laissant la porte qu’entrebaillée derrière lui. Il me tend la carafe vide, mais ne la lâche pas lorsque je la saisi.
- C’est rare, de croiser quelqu’un d’une beauté aussi saisissante, dit-il très bas.
Je ne sais pas quoi répondre, je sens que mes oreilles chauffent. On ne m’a jamais complimenté aussi directement.
- C’est rare de voir un pirate parler aussi bien, je rétorque avec les yeux pétillants.
Je vois sa silhouette qui se rapproche de moi, il n’y a plus que la carafe entre nous deux. Il pose sa main sur la mienne, amène son visage vers le mien, et à la lueur de ma bougie je peux voir qu’il sourit. Il dit encore plus bas:
- Dans mon métier, on se sait jamais lorsque l’on reviendra. Ni si l’on reviendra, d’ailleurs. On apprend vite à -il pousse la carafe vers moi, je me retrouve entre lui et le mur- saisir l’instant.
Je sens le métal froid du récipient contre mon corsage, j’ai des fourmis dans la tête et dans le ventre. Je pince les lèvres malgré moi. Je crois qu’il a remarqué car son sourire s’élargit. L’ambiance sombre de la cave me donne des ailes, et alors que ma main s’apprête à aller plonger dans ses cheveux, la lumière s’intensifie soudainement. La porte est grande ouverte, et Laure referme le couvercle de la lanterne qu’il vient d’allumer. Il lance un regard venimeux au matelot, et articule d’une voix glacée:
- Cet endroit est réservé au personnel.
Il n’a pas besoin d’en dire plus, sa voix tremble d’une fureur à peine contrôlée. Après quelques secondes insolentes, Edhen s’éloigne de moi et me laisse la carafe vide dans les mains. Sans un mot, mais non sans un regard, il s’éloigne et sort de la taverne. Il frôle l’épaule de Laure au passage, qui reste immobile. Lorsque le matelot est bien parti, il accourt vers moi à grandes enjambées et me prend par les bras.
- Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Je m’en veux tellement, comment ai-je pu te laisser seule avec lui ?
Laure m’ausculte de tous les côtés, sa voix est calme, mais je sens de la panique dans son regard. Je tente de l’arrêter et de le calmer.
- Laure. Laure ! Il ne s’est rien passé. Il ne me voulait aucun mal. Et même s’il m’avait voulu du mal, j’aurais pu me défendre toute seule. Tu n’as pas à te sentir responsable de moi.
Plutôt que de me répondre, Laure me prend dans ses bras et me sert de toutes ses forces. La chaleur de son corps me fait frémir, et je lui rend son étreinte. Il dépose un baiser sur mon front et tient mon visage près du sien.
- Je sais que tu n’es pas sans défense. Mais je m’en voudrais à en mourir s’il t’avait fait quoi que ce soit. Tu comptes plus que tu ne le crois, pour moi.
Il me serre à nouveau contre lui, et je caresse sa nuque en réponse. Laure a toujours pris soin de moi. Bien que l’on soit de familles différentes, il a toujours agit comme un grand frère à mon égard. C’est lui qui m’a sauvée de la rue, qui m’a trouvé un travail et m’a appris à lire et à compter. Il a toujours veillé sur moi comme un ange protecteur. Mais dernièrement j’ai l’impression que les choses ont changé. Est-il plus distant ? Ou bien n’est-ce que mon imagination ? Je sens que son regard a changé, sa manière de me parler. De me prendre dans ses bras.
Il recule de quelques pas et m’observe, puis se détourne.
- Je vais fermer tout seul, ce soir. Tu peux y aller.
Je le remercie chaudement, rend mon tablier et passe la porte. Il est encore tôt, je n’ai pas envie de rentrer pour le moment. J’irais bien à la poursuite de mon matelot, mais les docks la nuit sont des endroits peu recommandables. Je décide de rejoindre la place centrale, à quelques rues, où il se passe toujours quelque chose d’intéressant. Aujourd’hui, une bande de saltimbanques se produit près de la fontaine. Je m’approche et me joins à leur publique, qui pousse de grands cris de joie. Sur les pavés, deux garçons d’à peu près mon âge se tournent autour, comme pris dans un tango étrange. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, à ceci près que l’un à les cheveux bleus tandis que l’autre est blond vénitien, pourtant on croirait que quelqu’un fait pivoter un miroir tant leurs gestes s’effectuent d’un même souffle. Leur coordination est exceptionnelle, et la danse continue. Soudain, à la même seconde, une vague de plume et de couleurs décolle de chaque côté du duo. Leurs bras s’étendent et se transforment en ailes, juste une fraction de seconde, puis redeviennent humains. Puis les jumeaux se baissent, et lorsqu’ils se relèvent, deux éventails somptueux de paon collent à leur dos. Ils jouent à les ouvrir et les fermer quelques fois, puis à leur tour ils disparaissent, redonnant aux danseurs leur forme complètement humaine.
Je commence enfin à comprendre ce qu’il se passe. Le Don d’Altis n’est pas quelque chose de très répandu, la capacité à se transformer partiellement ou entièrement en animal n’est accordée qu’à de très rares êtres. Tout comme les autres Bénédictions, celle-ci est impressionnante et hypnotisante à observer. J’aurais aimé être Bénie par Altis, moi aussi, mais je n’ai que-...
Les jumeaux fendent la foule et se dirige droit vers moi. Ils saisissent mes mains, et m’entrainent au milieu de la place, sous les applaudissements de leur audience. Que va t-il m’arriver ? Les deux garçons me présentent avec de grands gestes et réclament plus d’ovations pour le prochain tour. Le public s’exécute, trop curieux de connaitre la suite. Tous deux me prennent par les hanches et me soulèvent, mes pieds ne touchent plus le sol. Malgré leur stature fluette, ils possèdent une force étonnante. La seconde d’après, ils disparaissent, me laissant retomber. Je n’ai pas le temps de m’écraser par terre, car un corps chaud se glisse entre mes jambes et me porte, comme si je ne pesais rien. Je baisse les yeux et m’aperçois que je suis juchée sur un énorme Obliatre. Une créature fantastique à la tête d’oiseau et au corps de cheval. Deux énormes ailes se déploient sur son dos, et sa queue de plumes fouette l’air d’un air décidé. Malgré sa transformation complète, les tâches de rousseur du garçon colorent toujours son bec et les plumes de sa tête. Ses plumes violettes et bleues sont incroyablement douces, et il me jette un regard avant de pousser un cri qui ressemble beaucoup à un rire moqueur. Je dois avoir l’air complètement paniquée, mais au fond de moi je m’amuse comme une folle. L’Obliatre fait quelques pas au ras de la foule, comme s’il paradait, et son jumeau au plumage terre et sable vient trottiner à ses côté. Ils reviennent au centre, plient les jambes. Je comprends soudainement que l’on va s’envoler. Je me jette sur les cornes qui sortent de derrière ses oreilles, et m’accroche aussi fermement que possible. Le décollage est brutal, je me retrouve complètement affalée sur son dos, et serre les jambes autour de ses flancs pour ne pas tomber.
Il semble pourtant bien décidé à se débarrasser de moi car il se cambre et se courbe dans tous les sens, s’ébroue en plein vol et tente même plusieurs fois de voler sur le dos. Je tiens bon pendant un moment, mais finis enfin par glisser. Nous sommes à plusieurs mètres sur sol, et je le vois se rapprocher à grande allure. Alors que je pense m’écraser de tout mon long, un éclair de plumes passe sous moi et me rattrape au vol. Je m’accroche aux plumes sable du deuxième jumeau. Celui-ci ne tente pas de me faire tomber, il décrit quelques cercles dans les airs puis vient se poser dans un bruit de sabots fracassant. La foule éclate en un tonnerre d’ovations, et on me fait descendre de l’Obliatre.
Les deux jumeaux reprennent alors leur forme humaine et tendent leurs chapeaux pour récolter les pièces. Encore sous le choc, je m’assois sur un tabouret près de la scène, et reprends mon souffle. Lorsqu’il ont finis, ils s’approchent de moi et lèvent mes bras à l’intention de la foule, qui applaudit de plus belle.
- Tu t’accroches drôlement bien ! Me lance le garçon aux cheveux bleus.
Il me tend la main pour m’aider à me relever tandis que la foule commence à s’éparpiller. Je lui adresse un sourire provocateur.
- J’ai mâté bourriques plus coriaces que toi !
Son frère explose de rire et lui donne une grande tape dans le dos. Il passe sa main dans ses cheveux sables et me serre la main solennellement. Puis s’adresse à son jumeau:
- C’était pas sympa d’essayer de la faire tomber, Lander. Elle aurait pu s’écraser sur la place ! Une si belle demoiselle, quel gâchis ça aurait été.
- Je savais que tu n’étais pas loin, pour la rattraper. Et puis regarde l’argent que cette petite frayeur nous a rapporté !
Il présente l’intérieur de son chapeau, rempli de pièces de toutes formes et de toutes tailles. Il a l’air très fier de lui. Il se tourne vers moi avec un sourire en coin.
- Mais je dois avouer que personne ne m’a encore jamais chevauché comme tu l’as fait.
Je lui rend son sourire narquois avec un clin d’oeil. Les jumeaux Olive et Lander me propose de me faire visiter les tentes de leur troupe, ce que j’accepte avec plaisir.
Du matériel de cirque traine ça et là, et quelques uns de leur collègues me sourient largement à notre passage. Ils sont tous habillés de manière extravagante et colorée, certains répètent leurs numéro dans un coin, tandis que d’autre mangent ou se prélassent. On arrive enfin à une petite tente mauve, montée contre un mur en pierre. En entrant, une odeur d’épices et de thé me prend les narines. Au fond, une petite demoiselle frêle fait bouillir de l’eau sur un feu.
- Myrthe, on a amené un peu de compagnie.
La jeune demoiselle nous accueille chaleureusement et nous invite à nous assoir sur les coussins au sol. Nous passons une partie de la nuit à boire du thé et mangé des gâteaux aux épices, comme des enfants, et Myrthe se montre une hôtesse des plus agréables. Elle finit par nous faire une démonstration de ses talents de contorsionniste, à notre plus grande joie. Elle fait preuve d’une souplesse extraordinaire, et je me surprends plusieurs fois à crier d’émerveillement alors qu’elle se plie dans des postures que je pensais impossibles à faire.
Il se fait tard et à regret j’annonce à mes hôtes que je dois rentrer. Ils proposent aimablement de me raccompagner, mais je refuse poliment, je n’habite qu’à quelques minutes de la place.
Aucune lune dans le ciel, les rues sont très sombres et la plupart des chandelles se sont éteintes aux portes des maisons. La joyeuse troupe a tout de même tenu à me donner une lanterne pour rejoindre ma maison. C’est la seule source de lumière dans cette nuit d’encre, mais elle ne me permet pas de voir bien loin.
Alors que j’arrive au niveau de ma rue, je remarque une ombre devant la fenêtre de chez moi. Je m’approche pour mieux voir, mais la silhouette s’en va en courant. Je reste là pendant un moment, me demandant ce que je viens de voir. En ouvrant ma porte, je décide que cela ne devait être qu’un chat.
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unmug · 5 years
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Un rire, un rocher blanc et quelques oiseaux, aux ailes déployées
« Pourquoi tu ris comme ça ? » demande l’un des élèves du cours de français en imitant le rire aigu de Moubarak. 
« C’est mon rire », répond Moubarak, sans autre commentaire.
À la fin du cours, l’autre élève vient me voir. Il insiste sur ce rire qui n’est pas vrai, dit-il. 
« Laisse, je lui dis. Le rire de Moubarak, il doit avoir une histoire. Tout a une histoire, laisse. »
***
Darfour
À l’école, Moubarak a toujours été premier de la classe et pourtant ses maîtres ne l’aiment pas. Il ne tient pas en place, il ne les regarde pas et use beaucoup trop vite ses crayons car il passe son temps à dessiner partout. Mais impossible pour eux de le prendre en faute : Moubarak a toujours la réponse à leurs questions, c’est à croire qu’il écoute quand même tout en faisant autre chose, impensable.
Quand il rentre de l’école, il y a un endroit bien précis, près du rocher blanc, où il change de langue. Il passe de l’arabe au zaghawa. L’arabe, c’est pour la ville ; le zaghawa c’est pour son village. En passant le rocher blanc, Moubarak se sent toujours un peu plus en sécurité.
Mars 2008
L’armée soudanaise attaque massivement la ville pour déloger les rebelles qui s’y trouvent. Chaque maison est fouillée, retournée. Chaque personne interrogée. Aux maisons des Darfouris, les soldats cassent la porte pour que les officiers interrogateurs sachent qu’il s’agit là d’une demeure de la mauvaise ethnie.
Le père de Moubarak est traîné hors de chez lui. On l’interroge, on le frappe à coups de crosse de fusil. Que sait-il des rebelles zaghawas ? Est-il parent avec le docteur Khalil Ibrahim ? Qui a-t-il abrité chez lui ? Pourquoi a-t-il participé à une rébellion contre le gouvernement soudanais ?
Entre chaque question, un coup. Pour chaque mauvaise réponse, un coup. Il n’y a pas de bonne réponse.
Moubarak regarde les soldats emmener son père, couvert de sang.
Chaque jour, près du rocher blanc, Moubarak va attendre que son père revienne. Tantôt il chante, tantôt il prie, tantôt il pleure. Toujours il rentre seul avec la nuit.
Après cinq mois, le père revient, squelette entouré de haillons et titubant. La mère lui donne à manger, le fils à boire, on attend qu’il parle mais il ne fait que dormir. Lorsqu’il parlera enfin, il racontera seulement qu’ils l’ont menacé de tout lui prendre, sa maison, ses champs, de tuer sa famille entière, s’il montrait encore le moindre signe de rébellion. Il n’expliquera rien d’autre et personne ne posera d’autre question aux cicatrices de son visage.
2011
L’oreille collée contre un poste radio, Moubarak raidit ses jambes pour résister à la pression de son ami qui voudrait prendre sa place et mieux entendre les informations du jour. “Le Mouvement pour la Justice et l’Egalité annonce qu’il rejette totalement le projet d’accord de paix proposé par l’ONU. Les solutions proposées sur le problème des réfugiés, la compensation aux habitants du Darfour affectés par 8 ans de conflit, le partage du pouvoir et des richesses sont insuffisantes.”
La radio enchaîne avec l’annonce d’un référendum décidé par le Président sur le statut administratif du Darfour. Un référendum sans que les Darfouris ne l’aient demandé ; un référendum où ils iront voter sous la surveillance des soldats soudanais. Quelle farce !
Moubarak abandonne la radio à son ami et prend un bus pour rentrer au village. Il embrasse sa mère, boit de l’abreh et attend que son père rentre des champs. Lorsque ce dernier arrive, Moubarak se lève, prend une grande inspiration et lui parle d’une voix un peu plus rauque que d’ordinaire : « Père, j’ai désormais 17 ans. Je veux prendre les armes et me battre contre le gouvernement soudanais qui nous opprime ! »
Le père le regarde sans dire un mot. Il tape la terre qui recouvre son pantalon. Longuement. Puis il s’assied et ferme les yeux, le visage tourné vers le sol. Moubarak hésite à rajouter quelque chose. Plusieurs fois, des débuts de phrases se forment dans sa tête mais la suite ne vient pas ; il attend et finit par s’asseoir lui aussi.
Alors enfin le père le regarde. Ses yeux semblent soudain terriblement vieux. « Mon fils. Je te l’interdis. »
Dans le cœur de Moubarak, c’est la tempête. Les mêmes débuts de phrases reviennent, il y a les mots courage et fierté et notre peuple qui tournent et retournent sans qu’il sache comment il devrait les faire sortir de sa bouche ; il y a la colère et l’injustice aussi ; pourquoi lui interdire, pourquoi !
Le père dit : « Pars du Soudan maintenant. Va trouver une vie en paix ailleurs. Je veux une vie en paix pour toi. »
En passant devant le rocher blanc, Moubarak se demande s’il va longtemps garder en mémoire le visage de sa mère en larmes.
Septembre 2011 - Égypte
Allongé dans la pénombre, Moubarak tente d’attraper la bouteille d’eau dans son sac sans faire le moindre bruit. Malgré toutes ses précautions, l’un des passeurs lui fait tout de même un signe et un regard noir. Moubarak attendra pour laver sa gorge de la poussière du Sinaï.
Il regarde les autres hommes allongés dans les cailloux de cette montagne désertique. Lui, il est soudanais, c’est sûr, pense-t-il. Lui, érythréen. Lui aussi. Lui, somalien. Lui... tiens, je ne sais pas. Lui, c’est un Darfouri. 
Avec son doigt, il dessine dans la terre un oiseau aux ailes déployées. Il n’a pas le temps de le finir, les passeurs font signe que c’est le moment d’y aller. Le groupe rampe dans la nuit. Le premier passeur se relève et court jusqu’à un grillage affaissé. Il jette son sac par-dessus et l’escalade sans difficulté. Les hommes en font autant. Mais alors qu’ils sont encore trois suspendus au grillage, une déflagration éclate dans l’air. Un projecteur les illumine. Un second bruit sourd retentit et vient frapper le Somalien dans le dos. Moubarak reçoit une gerbe de sang dans les yeux, il hurle et, sans savoir par quel réflexe, il retient le Somalien qui allait tomber du grillage. Un autre homme vient l’aider à le faire passer par-dessus. Les tirs des policiers égyptiens sont désormais de plus en plus rapprochés. Si proches qu’on ne sent pas les coupures des barbelés qui surmontent le grillage en les empoignant.
Moubarak tombe de l’autre côté et court avec les autres jusqu’à un fossé dans lequel ils restent tous allongés sans bouger, laissant le bruit des balles s’éteindre peu à peu.
Lorsqu’un premier rayon de soleil vient frapper le fossé, l’un des passeurs lève la tête délicatement et finit par s’aventurer tout entier sur la terre. Il dit aux hommes qu’ils peuvent sortir, leur explique qu’ils doivent se signaler à une voiture de police, et il disparaît dans un nuage d’encouragements tout aussi chaleureux qu’hypocrites. 
Au bord de la route, Moubarak et les autres hommes arrêtent une voiture de police. Les policiers emmènent le Somalien à l’hôpital et les autres dans un centre pour demandeurs d’asile. Après une batterie de tests médicaux et de papiers administratifs, une forme de quarantaine d’une vingtaine de jours, Moubarak obtient un « visa » de 4 mois l’autorisant à se rendre en ville et à circuler sur le territoire israélien – moyennant l’obligation de revenir au centre tous les 4 mois pour l’établissement d’un nouveau visa, bien entendu.
Mais en ville, il ne trouve ni aide, ni logement. Personne pour le soutenir. Dormant dans la rue, fouillant dans les poubelles pour manger, il trouve un petit livre arabe-hébreu et chaque jour, sous sa couverture de fortune, il apprend l’hébreu. Lorsqu’il estime suffisamment bien le parler, Moubarak arpente les rues de la ville et demande du travail partout. Il parvient à se faire embaucher dans une usine, comme manutentionnaire. 
Pendant plus de 2 ans, il travaille dans la même usine, parle hébreu avec ses collègues qui deviennent ses amis, il cesse d’avoir faim, a un petit logement et regarde le football à la télévision. Tous les 4 mois, il doit se rappeler que ce pays n’est pas le sien et aller faire renouveler son visa.
Janvier 2014 - un peu de politique
Les rues de Tel Aviv sont bondées de manifestants. Des dizaines de milliers de demandeurs d’asile sont rassemblés pour demander l’annulation des nouvelles mesures prises par le gouvernement israélien. En décembre, le Premier Ministre Benyamin Netanyahou s’est en effet dit déterminé à expulser les dizaines de milliers de migrants clandestins. Pour ce faire, le gouvernement a mis en place toute une série de mesures, allant des contrôles systématiques à l’incarcération, en passant par le non-renouvellement du fameux visa, sans la moindre raison. L’édification d’un mur-frontière entre l’Égypte et Israël, pour enrayer le passage des Africains, est renforcée, le budget s’élève à 270 millions d’euros. Le grillage faiblard sera remplacé par un bouclier infranchissable de barbelés multicouches. De 10 000 exilés passés par le Sinaï en 2010, ils ne seront plus que... 20 en 2016. Les statistiques sont heureuses et ne précisent pas que les 10 000 suivants passeront donc par la Libye.
Le visa de Moubarak n’est pas renouvelé. Il sait parfaitement ce qu’il encourt s’il est contrôlé sans visa valable : la détention et le renvoi au Soudan. Il prend la décision de rentrer au Soudan de son propre chef. Il achète un billet d’avion pour Khartoum et quitte Israël.
En descendant de l’avion, Moubarak dit une petite prière : il est heureux de retrouver son pays. Devant lui, dans la file d’attente, il voit les gens se tendre sans qu’il comprenne pourquoi. Il passe la tête mais n’aperçoit rien de particulier, sinon des agents de l’aéroport qui vérifient les passeports. Beaucoup de passagers de son avion partent avec des hommes que Moubarak ne parvient à identifier qu’une fois qu’il se trouve devant eux. Il s’agit du NISS (National Intelligence and Security Service ; Jihaaz Al Amn Al Watani Wal Mukhaabaraat), le service de renseignement du Président, sa police politique. 
« Ton passeport », demandent-ils à Moubarak, qui le tend sans commentaire. Sitôt ont-ils lu son nom, les deux agents lui demandent de les suivre. Ils l’emmènent en voiture jusqu’à leur quartier général et le font patienter dans un bureau. 
Un officier vient l’interroger. Quelle était sa vie avant de partir en Israël, qui lui a dit de partir en Israël, quelles sont ses connexions avec les Juifs en Israël, est-ce qu’il a été entraîné par les Juifs en Israël ?
Moubarak répond que non.
Quels sont les noms de toutes les organisations qui l’ont contacté en Israël ? Moubarak répond qu’il n’en connaît pas, qu’il n’a rien fait de mal, qu’il a juste travaillé dans une usine à porter des cartons. 
Quels sont les noms des participants aux manifestations de Tel Aviv ? Est-ce que Abdul Wahid Al Nur [leader du groupe rebelle Mouvement de libération du Soudan] était à Tel Aviv ? 
Moubarak n’en sait rien du tout, il n’est jamais allé aux manifestations, il ne connaît pas de leader rebelle, il ne sait rien et ne comprend pas pourquoi on lui pose toutes ces questions. 
L’officier pousse Moubarak sèchement et repose ses questions. Toujours les mêmes réponses. L’officier frappe avec ses poings. Toujours les mêmes réponses. Avec sa matraque, sur la tête, sur les mains. Mêmes réponses. Moubarak est jeté dans une cellule de prison infâme. Il a un seul repas par jour, qu’il vomit systématiquement lors de l’interrogatoire quotidien et répétitif, toujours constitué des mêmes questions et des mêmes tortures. 
Comme Moubarak n’a toujours aucune réponse à apporter, l’officier le traite de kâfir [infidèle à la religion musulmane]. « Je vais te tuer si tu ne dis rien et on tuera toute ta famille ensuite. Je sais où habitent tes parents. Je tuerai ton père d’abord et je resterai seul avec ta mère ensuite. »
La nuit, dans sa cellule, Moubarak essaie d’inventer des réponses. Des noms d’organisations plausibles. Des rencontres cohérentes. Le caractère de telle ou telle personne. Mais le lendemain, face à l’officier, les mensonges ne veulent pas sortir de lui. Et les coups pleuvent, encore. Et chaque nuit, il s’échappe en construisant un imaginaire de réponses qu’il ne donnera jamais, où des personnages inconnus prennent peu à peu vie, ayant avec le temps des visages et des personnalités plus affirmés que la veille, au point que Moubarak se demande s’il les connaît ou non et s’il ne devient pas fou à force de vouloir échapper à la folie.
Au bout d’un mois, Moubarak perd connaissance dans sa cellule. Il se réveille à l’hôpital, une perfusion au bras, les chevilles menottées au lit, un garde à la porte le surveillant lui et les autres prisonniers-malades de la chambre. Seul moment d’intimité : les toilettes. Après 3 jours de repos, Moubarak profite d’un passage aux WC pour s’échapper par la fenêtre. Il sait qu’il n’a que quelques minutes avant que le garde ne vienne frapper à la porte et parte à sa recherche, aussi il court le plus vite possible dans les rues inconnues et rentre dans une maison. Il se jette au sol et supplie l’homme effaré qui le regarde : « Aidez-moi, quelqu’un veut me tuer. » L’homme le laisse téléphoner et lui donne un pantalon. 
Juin 2014 - Libye
Sur le mur, des dizaines d’oiseaux aux ailes déployées se chevauchent. Les plus anciens ont été faits à la craie. Les plus récents avec un caillou, grattant la paroi, lorsqu’il n’y avait plus de craie.
Dans le couloir, des hurlements. Comme toujours. Tous les jours, toutes les nuits. Ces cris et cette odeur. Au début, il vomissait. Au début, tout le monde vomit.
Un Nigérian ne bouge plus depuis longtemps. Mort, sans doute. Qui a la force d'aller voir. 
Coup de feu. 
Au début, on sursaute. Le cœur accélère, on a peur. Au début.
Porte qui s’ouvre, fermer les yeux pour la lumière qui brûle. Bruit des seaux de nourriture, bruit des louches. Nourriture jetée sur le sol, comme une pâtée pour chiens. Ceux qui ont la force rampent pour manger.
Août 2014 - Méditerranée 
Il se souvient de sa mère qui lui disait que le bateau était une chose dangereuse. Il n’a même pas revu sa mère.
Septembre 2014 - Italie/Danemark
Moubarak prend un train pour la Norvège. Un de ses cousins est réfugié en Norvège, il veut le rejoindre. Il traverse les pays les uns après les autres. Italie, Allemagne, Danemark, le train s’arrête. Contrôle de la police aux frontières. Moubarak et quinze autres exilés sont descendus du train.
Il explique qu’il ne veut pas demander l’asile au Danemark, qu’il veut aller en Norvège, il supplie « laissez-moi aller en Norvège ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmené dans un énorme centre pour demandeurs d’asile (600 personnes). On lui fait remplir une demande d’asile. On lui dit qu’il faut attendre. Il ne trouve aucune aide, aucun soutien.
Il apprend le danois. Et le parle rapidement.
Juin 2015 - un peu de politique
En juin 2015, le Parti populaire danois, parti d’extrême droite, fait une percée lors des élections législatives au Danemark. L’ambiance est délétère dans le pays, tout le monde hait les exilés. 
Moubarak doit attendre 1 an avant de pouvoir passer son entretien de demande d’asile. Comme de nombreuses autres personnes, il comprend mal l’interprète fourni, qui parle l’arabe irakien tandis que lui parle l’arabe soudanais. Il explique ce problème et dit qu’il pense être important d’être bien compris pour un entretien aussi crucial. On lui répond qu’il est bien trop difficile ; que s’il souhaite changer d’interprète, il devra attendre a minima 6 mois ou 1 an supplémentaire avant d’avoir un autre rendez-vous pour un entretien de demande d’asile. Est-il sûr de vouloir un autre interprète ?
Moubarak renonce et garde son interprète. 
Un mois plus tard, la réponse arrive : négative. « Vous ne pouvez prétendre à un statut de réfugié au Danemark car vous avez d’ores et déjà un statut de réfugié en Hongrie. »
Moubarak relit la phrase trois fois. Il n’a jamais mis les pieds en Hongrie. Il fait appel de la décision. Son conseil juridique obtient du service de l’immigration qu’il reconnaisse son erreur.
Six mois s’écoulent avant qu’il ait un nouvel entretien de demande d’asile, dont la réponse arrive après seulement deux semaines. Négative. Le Danemark accuse Moubarak d’avoir menti et de ne jamais être allé en Israël. « Considérant que le demandeur a menti sur son séjour en Israël, nous ne pouvons tenir le reste de son récit pour avéré. » Le service de l’immigration lui donne 15 jours pour quitter le pays.
Dans sa chambre, fixant le papier, Moubarak sort les photos de lui et ses amis dans l’usine israélienne. Il est pris d’un fou rire nerveux. L’un de ses colocataires lui demande ce qui lui arrive. « Rien », lui répond-il, car comment pourrait-il expliquer ce qu’il ressent à cet instant précis. Comment pourrait-il lui dire qu’aller en Israël n’était pas son choix, mais l’idée de son père, qu’il a été torturé pour y être allé, comment raconter la cellule, les coups de matraque, l’électricité sur le corps, comment dire qu’il n’a jamais revu le sourire de sa mère et qu’il n’a en mémoire que ses larmes ; Israël qui n’a pas voulu de lui et qu’on l’accuse de n’avoir jamais vu alors que cela lui a coûté si cher, sans même qu’il comprenne pourquoi, son pays qu’il a dû encore quitter pour ça, il revoit tout : le pantalon prêté par l’inconnu, le taxi pris sans argent, le souk Chaabi caché sous un étal, le taudis d’El Gedida, les geôles libyennes et ses camarades qu’on emmenait pour les vendre dans des marchés aux noirs, pourquoi eux pourquoi pas moi, la même question tous les soirs, la même prière tous les soirs Dieu qui es si grand, protège-nous tous et pardonne-moi de te demander de me protéger un peu plus encore, la culpabilité, la peur, le désespoir, l’odeur de la poudre sur la plage devant le bateau, les femmes avec leur regard vide, hurlant dès qu’un homme les frôle, le dégoût et la honte, toutes ces images à chasser de sa tête chaque jour, comment pourrait-il lui dire avec des pauvres mots alors que c’est toute une vie qui s’écorche ici.
« Rien », il dit, et il fait son sac.
Mars 2016 - Allemagne
C’est décidé, Moubarak va venir en France. Il prend le train direction Paris. Mais en Allemagne, il est contrôlé et on le fait descendre du train. Il explique qu’il ne veut pas demander l’asile en Allemagne, « laissez-moi aller en France, s’il vous plaît ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmené dans un centre pour demandeurs d’asile où on lui explique qu’avant toute chose, il doit apprendre à parler allemand.
Il apprend l’allemand.
Août 2016 - France
Sa demande d’asile en Allemagne est refusée puisqu’il est désormais dubliné au Danemark, premier pays européen où il a été enregistré, qui est responsable ad vitam eternam de sa demande d’asile, bien qu’ils ne veulent pas lui accorder, c’est dire toute la cohérence du système Dublin.
En août 2016, Moubarak arrive à Paris et dépose sa demande d’asile en France. Il est envoyé dans un centre pour demandeurs d’asile dans l’Essonne. Après 3 mois, la préfecture de l’Essonne prend la décision de le renvoyer au Danemark et le met dans un avion pour Copenhague.
Décembre 2016 - Danemark
À la descente de l’avion, personne ne l’attend à l’aéroport. Le pilote, vaguement agacé, s’étonne que personne ne soit là pour prendre en charge Moubarak. Il finit par lui tendre son dossier, qu’il était censé remettre à un responsable du service de l’immigration, et lui dit de se débrouiller avec car il n’a pas que ça à faire.
Moubarak se rend donc tout seul à Sandholm, institution pour demandeurs d’asile à quelques dizaines de kilomètres de Copenhague. Il explique sa situation, mais on ne sait pas quoi faire de lui. On le renvoie au poste de police adjacent. Il explique de nouveau sa situation, donne son nom et son numéro d’identité danois. Le policier laisse s’afficher le dossier de Moubarak à l’écran, en prend connaissance et lui dit : « Mais pourquoi vous revenez ? Vous savez bien qu’on veut pas de vous ! »
Moubarak lui répond : « Je reviens parce que la France m’a renvoyé et parce que vous, le Danemark, avez accepté de me reprendre en charge, sinon je ne reviendrais pas, je n’ai pas du tout envie d’être ici non plus ! »
Sur ces belles paroles, le policier le place en centre de rétention.
Un avocat le fait sortir du centre de rétention après 2 jours. Moubarak est envoyé dans un centre pour demandeurs d’asile. Il ne trouve aucune aide, aucun soutien. Chaque jour, on lui propose de retourner au Soudan. Le Danemark pourra même l’aider, lui apporter un soutien financier, prendre en charge le billet d’avion, il faut vraiment qu’il réfléchisse à cette opportunité ! 
En arabe, Moubarak répond : « Chacun ses formes de matraque. » La travailleuse sociale sourit et lui dit « ça veut dire oui ? »
Après 6 mois, il passe un nouvel entretien de demande d’asile et reçoit aussitôt une réponse négative, n’incluant aucune motivation mais récapitulant son historique précédent – y compris son fameux « statut de réfugié en Hongrie ».
Il a 15 jours pour quitter le pays.
Septembre 2017 - Allemagne
C’est décidé, Moubarak va revenir en France. Il reprend le train direction Paris. Mais en Allemagne, il est recontrôlé et on le refait descendre du train. Il réexplique qu’il ne veut pas demander l’asile en Allemagne, qu’il est dubliné au Danemark, qu’il a déjà eu une réponse négative en Allemagne la dernière fois, il dit « laissez-moi aller en France, s’il vous plaît ! » mais il n’a pas le choix. Il est emmené dans un centre pour demandeurs d’asile où on lui explique qu’avant toute chose, il doit apprendre à parler allemand.
Il dit « oui oui je sais ».
Sa demande d’asile est rejetée puisqu’il est dubliné au Danemark.
Octobre 2018 - un peu de politique 
Dans sa circulaire du 20 novembre 2017, Gérard Collomb, alors nouveau Premier ministre, mettait la pression aux préfets français pour accélérer les expulsions et les exhorter à fournir des résultats – chiffrés. Comme chaque année, octobre est le mois redouté pour les organisations qui accompagnent les exilé.e.s, car d’un seul coup certaines préfectures se réveillent et réalisent qu’elles ne vont pas avoir rempli les quotas d’expulsion – bien entendu, il n’y a pas de quota à remplir, officiellement ; seulement voilà, chaque année, à partir d’octobre et jusqu’à décembre c’est la grande artillerie qui tire dans tous les sens pour expulser tout ce qui est expulsable : adultes, enfants, personnes malades, Dubliné.e.s, personnes victimes de violences, allez hop. 
Certainement le hasard.
Novembre 2018 - Valence
« Considérant que vous avez demandé l’asile en France en avril 2018 ; considérant que nous avons sollicité les autorités danoises pour une reprise en charge car le Danemark est responsable de votre demande d’asile ; considérant que les autorités danoises ont répondu positivement, nous vous informons de la décision du préfet de la Drôme de vous renvoyer au Danemark. Est-ce que vous comprenez ? »
Moubarak me regarde. Je lui fais un clin d’œil. Avant même que l’interprète au téléphone ait commencé à traduire, il dit : « Oui, j’ai compris. »
L’agente de la préfecture a un petit sursaut d’étonnement. « Oh, mais vous parlez français ! »
Il ne répond pas.
Dans le local, j’ai étalé les papiers de la préfecture dans tous les sens et je me lance dans des calculs de délais de recours et de délais de ci et de ça, je parle toute seule, je compte toute seule, en faisant le tour du bureau frénétiquement et en composant 8 numéros de téléphone à la fois. 
Allongé sur le canapé, Moubarak ne bouge pas d’un millimètre. Il regarde un poster de la BD Le loup en slip sur le mur. 
Après une heure et demie de gesticulations et de coups de fil, je m’approche de lui en souriant : « Bon, j’ai une solution. Tu me fais confiance ?
— Comme à mon rocher blanc.
— Comme à quoi ? Heing ?
— Tu me dis ta solution et après je te dis mon rocher blanc. Et aussi, écris-le, mon rocher blanc, s’il te plaît.
— J’ai rien compris, mais d’accord. »
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gothsaliva-blog · 5 years
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Produit Pour Barbe De Soin
En plus d’être nourrissante et adoucissante comme de nombreuses huiles végétales, l’huile de ricin est reconnue pour favoriser la croissance des poils. Il est un peu difficile de reconnaitre le bon et les mauvais. Je me suis arrêté sur Le comptoir de la barbe car ce dernier propose une large gamme de produits naturels - et quand c’est bio, c’est bon -. Il est donc fortement conseillé de la mélanger avec une autre huile de votre choix, comme nous l’avons dans un précédemment article, l’huile de jojoba ou l’huile d’argan peuvent s’avérer être un très bon choix. Il est difficile de personnaliser la coupe d’une barbe si elle fourchue, sèche et dévitalisée. Bonne nouvelle, il existe plusieurs ressources et recettes pour faire pousser et améliorer l’aspect de sa barbe. Ce mouvement qui existe depuis maintenant 2003, vise à encourager les hommes à vivre plus vieux et à être en bonne santé. Ces derniers temps, l’huile de ricin est redevenue populaire, et la vraie huile de ricin coûte de plus en plus cher et est de plus en plus difficile à trouver dans les pharmacies et les magasins spécialisés. En aromathérapie, l’utilisation de supports et de l’huile essentielle est essentielle. L’utilisation de peigne en bois avant la brosse est très utile pour débarrasser des nœuds.
Les visages ronds dont l’objectif est d’allonger le visage et de redessiner les joues et le menton. Sous forme de pilules le finastéride est également un médicament destiné à lutter contre la calvitie. Pour que la forme et la longueur soient homogènes, la taille est une étape indispensable. Réaliser une comparaison brosse à cheveux poil de sanglier pas cher en employant un comparateur brosse à cheveux poil de sanglier pas cher est en général intéressant, car cela donne la chance de bien choisir. On a commandé un « Woodland », et on s’attendrait à une huile qui sente à la fois l’écorce, la terre, le pin, la lave et le le bois… Et c’est pile poil ce qu’on a reçu ! C’est effectivement un accessoire incontournable, très prisé par les barbus. Car en effet, c’est lors du sommeil que notre corps régénère ses cellules mortes. Ce sera plus facile pour l’huile d’absorber dans la peau et nourrir à un niveau profond.
Retrouvez tout le nécessaire pour prendre soin de votre barbe (huile, shampoing, brosse, cire à moustache), pour se raser à l’ancienne (coupe-chou, savon à barbe, blaireau…), prendre soin de sa peau (après-rasage, crème hydratantes…) mais également de nombreuses idées cadeaux. Votre peau respirera donc mieux, ce qui se reflètera invariablement sur l’apparence de votre barbe. Vous souhaitez voir devant la glace un homme avec une belle barbe qui pousse rapidement ? Pour une application efficace, faites des petits mouvements circulaires pour que le produit pénètre en profondeur. L’avis de Jean : Trop d’effets secondaires et de risques dûs à la toxicité du produit, le tout pour un produit conçu pour ralentir la chute des cheveux. Dès le départ, la marque Hairgum s’est toujours fortement investie dans la coiffure pour homme avec des lignes de produits professionnelles typées, surtout axées autour des coiffants et plus particulièrement de la cire coiffante, produit iconique de la marque.
Dans ce cas n’hésitez pas à opter pour une barbe décrochée de la moustache, en marquant franchement la démarcation par une tonte courte ou un rasage à cet endroit. Pour remédier à ce soucis rien de mieux que la teinture barbe. La barbe sen trouve fraiche et nettoyée en douceur. Apprenez comment renforcer vos racines, accélérer la pousse de vos poils et obtenir une barbe entretenue, belle et soyeuse. Dans l'idéal, nettoyez ensuite votre barbe avec une serviette sèche. Dans tous les cas, acheter un kit vous fait bénéficier de produits qui reviennent souvent moins cher que si vous les achetiez séparément. Des produits sains et responsables ! Dans le même temps, il vous faut brosser votre tour à tour vers le haut et vers le bas afin de lui donner du volume. Ce dernier va provoquer de l’électricité statique, qui va stimuler les poils et les envoyer dans toutes les directions.
Les poils de cette brosse sont d'origine animale (sangliers élevés en plein air). Utilisez cette formule de croissance de recette d’huile de barbe parfumée tous les jours. La poussée de la barbe commence après la puberté, mais ce processus peut être rapide ou lent en fonction de la génétique de la personne. Il ne faut pas oublier qu’une barbe bien nourrie et entretenue se différencie très facilement d’une barbe sauvage, parmi les conseils pouvant être appliqués pour entretenir sa barbe, et permettant d’avoir une barbe entretenue. Shampoing pour cheveux, Savon de Marseille, shampoing pour barbe… Tous les barbus se sont déjà posé la question de savoir avec quoi laver sa barbe de façon saine et efficace. Ce qui implique bien évidemment de la patience puisque la barbe a besoin d’être peignée de façon régulière. Et pour toi qui cherches la panoplie complète pour débuter, il existe des kits d’entretien pour la barbe.
Pour plus de détails sur brosse poil de sanglier visitez notre site Web.
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zarayushas · 6 years
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Ivre, seul, nu, il rentre chez lui et lance un disque de Skullflower, la suite va vous étonner : les pigeons mort d’une nuit d’été, ne crois tu pas que je les ai sentis, parmi l’odeur sournoise des roses ? L’échappée, la belle dame. La Donna Gentille ils l’appellent de son beau nom, mais ce n’est qu’une enveloppe vide, un leurre posé là par les mauvais pour les esprits en proie au doute : le sang des porcs n’a que très peu d’importance dans les préoccupations ordinaire des sociétés, on voudrait qu’il ne soit jamais si important que lorsqu’il se déverse dans la mer, parmi les ordures qu’elle contient sans peine et les serpents qu’elle dissimule, ou pour faire du boudin : l’oeil du magicien voit tout, seule la juste configuration du cerveau auquel il est branché, et le monde qui se perd dans ce regard, l’empêchent de rendre l’extrême violence dont il est témoin à l’égard de ce en quoi il se confond : le meurtre n’est jamais loin. La mer, ici, ce serait la mauvaise conscience du temps; ou bien le mal. Le doute de notre espace-temps, si finement renfermé sur lui-même dans son ambiguïté, ce doute c’est celui de la notion même de temps ,car l’histoire tend à perde ce qui fait d’elle une réalité, la conscience : la volonté de l’espèce achève de se décomposer et de ses substrats surgissent son contraire. La mort s’est donnée le visage de l’Homme, par là elle se contredit en s’actualisant dans des formes à la consistance virtuelle : le réel est évacué du processus qui mène à sa production. Il s’agit d’un crime contre l’essence de l’homme dont le génocide - qui en présente les premières lueurs à la conscience sous la forme des déterminations impossibles mais non moins imaginables et imaginées dans les possibilités sexuelles - n’est que l’annonce funeste. Je m’explique : nous vivons l’âge noir d’éros, l’âge de la désillusion métaphysique sans rien ni personne pour la contester, dont l’avènement fut si souvent clamé par les pires hommes qui soient, ceux qui dotés du privilège de la lettre proclament la mort de la philosophie, ce qui n’est pas un mal en soi tant qu’on le fait, or plus personne n’ose le faire car il s’agit comprendre ce que c’est que d’être et de vivre comme l’expression de l’activité que la philosophie reproduit d’une manière privilégiée. Pourquoi est ce impossible? Parceque plus personne n’est en mesure de rendre compte de la désillusion métaphysique, par conséquent de sortir d’un monde purement intelligible, eu outre soumis invariablement au principe de la raison sous sa forme hétéronomique : la domination économique… Ne nous méprenons pas, le mode d’existence philosophique est menacé car les systèmes d’information sont devenus, non pas trop complexes, mais inintelligibles. Ce n’est l’effet que d’une seule cause : le rapprochement toujours plus précis des possibilités techniques, offertes par la science, de celles de l’esprit, qui tend au fond à l’irrationnel : la vérité de la science ne fait qu’ajouter, concrètement, la conscience des limites de ce qu’est une activité de conscience à la mauvaise conscience générale, elle accentue la ruine à laquelle s’identifie la conscience des mauvais, et le renoncement de la conscience des justes, on pourrait y déceler une autre forme de domination sociale, sournoise, calculatrice et froide comme la mort, sous des traits de chaleur et de grâce évidemment ! C’est que l’effet de la science sur la psychè humaine ne change pas seulement ce qu’il est capable de produire et de mettre sous ses yeux, ce sont les yeux même qui finissent pas se transformer et seul le magicien connait les secrets de cette sombre alchimie optique. L’astuce pour contribuer à l’entretien de ce rapport dialectique qui n’a pas lieu d’être à partir d’un rapport social (sans violence, et en dehors de circonscriptions religieuses) c’est le mensonge, la subversion de la science, et le fait de dire que “la philosophie ne fut, n’est ni ne sera jamais vivante”, car c’est bien aisé de la poser pour ce qu’elle ne saurais être et c’est bien cruel envers ceux qui en vivent les aspirations par innocence que d’affirmer sa réalité en renversant le sens de la contradiction qu’elle atteste - en somme c’est rendre coupable ceux qui ne le sont pas encore -. Une seule réponse dans le monde physique, la voie du sang et du glaive : le philosophe véritable ne vie pas de son intelligence, mais par son esprit, du moins il ne s’en contente pas dans la mesure ou il se doit d’en faire vivre les autres, au moins l’autre qu’il aime et pour lequel la vie est aussi chère que la sienne, ou aussi insignifiante en face de l’imminence de la mort (ce sentiment est universellement recouvert d’un mensonge que seuls les amants prennent le courage de se dévoiler l’un à l’autre, à la condition d’une subordination à l’intemporalité de leur communication) . Plus aucun secret ne se laisse deviner autrement que par son aveu, car l’intimité est la mort, pourquoi est-ce si simple de le dire ? Parce que la misère c’est le réel dans sa nudité : peut on vivre humainement quand on n’a plus le choix d'attester le manque, la marque du désir ? Comment faire quand tout le monde suppose que nos désirs sont satisfaits, alors que, socialement, l’on vit moins bien que le premier animal venu ? Les humains s’adaptent, ceux qui n’ont pas les moyens de mener le jeu se contentent d’imiter ceux qui semblent le faire, en proposant l’image tragique et contradictoire d’hommes qui prétendent posséder ce qui ne leur revient pas, jusqu’à ce que ceux à qui ne reviennent pas ce qu’ils prennent la liberté de posséder se trouvent dans le collimateur de la folie marchande et de celle de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Seuls quelques chevaliers errants et quelques gargouilles transies d’horreurs osent encore mettre de l’honneur dans ce qu’ils désignent par leur salut. Combien de cadavres, de patients impatientés et de chairs lacérées faudra il pour que l’on considère correctement ce à quoi tient le privilège de l’intelligence sur la matière ? Ne nous méprenons pas, le privilège de l’intellect appartient à ceux dont le cerveau est suffisamment résistant, épais et noble dans le labeur; la bête de somme de l’esprit, le calculateur, celui qui choisit ses mots comme des formules répugnantes ainsi que l’ouvrier de la philosophie n’ont pas le droit à l’intelligence : l’esprit délétère trouvera rapidement ses limites sur le fil de la lame que la nature aura soigneusement placée entre ses mains, mais prêtez attention aux fines brisures de ses bras, la vérité peut n’être qu’un rayon de soleil sur sa peau. C’est une comédie à n’en plus finir, alimentée par le désir malsain de voyeurisme des uns, et la perversion désespérante des autres, l’œil du magicien voit tout, seule une partie de ce qu’il juge est traité avec la sévérité qui lui revient, la flèche est sur le fil, la coupe à la main et la fiole sur le feu. Combien de ruine, combien de gorges éclatées et de chairs ravagées par la putréfaction, combien de secrets désirs en attendant la blancheur des os du roi ? Que faudra il pour que l’on saisisse encore ce qui fait de l’homme quelque-chose d’aimable, quand la vérité se dépareillera de ce qui la dissimule  ? Combien de mensonges ? Combien de vérités occultées ? Combien de jugements imprononcés ? Combien d’enfances ruinées ? C’est une chose que de tenir le glaive de la justice entre ses mains et le crane de ses ennemis sous le pied, c’en est une autre que de bander l’arc vers le cœur des damnés qui s’échappent de la nuit dont ils sont issus et qu’ils n’auraient jamais dû quitter : regardez ces yeux et dites-moi qu’ils ne donnent pas vie à la mort, osez donc avoir pitié de l’Homme que l’érotisme fascine ! “quel amour”, “quelle folie” me dites-vous, je vous répond que c’est celui auquel renonce le poète et l’homme de science dont le statut ne dissimule que la perversité et la volonté de domination, tout le reste de ce qu’elle semble dissimuler n’est que l’effet d’une ignorance distillée dans la société par un savant procédé d’acculturation qui ne peut s’empêcher, au fond, (par une forme sublime de culpabilité) de s’accuser : un jour vous ne serez plus les seuls auteurs des punitions que vous vous infligez, et vous ne serez plus les seuls à jouir des consolations secrètes que vous vous octroyez, car les esclaves finiront par rencontrer leurs maîtres sans les reconnaitre. L’esclavage est d’autant plus réel - qu’il ne le fut jamais - que la séparation entre le maître et l’esclave se dissolve dans la continuité culturelle donnée à certaines formes dominantes de l’irrationalités, elles-mêmes commandées par la négation des formes dominantes de la rationalité telles qu’elles se prolongent sur le plan de la structuration sociale : le jeu de la société donne une apparence de détermination à ce qui ne saurait être saisi sous une forme définitive sans que ne soit posées ultérieurement des règles nécessaires au bon fonctionnement de la partie que représente le réel. Le domaine de la métaphysique commence aujourd’hui là où le doute se pose quant aux parties que suppose le réel dont la partition est en soi impossible : à chaque instant la totalité se reconstitue sous un jour qui n’est l’objet de nos esprits que par l’examen que la conscience en fait incessamment selon l’état des mécanismes qui rendent possible l’activité dont elle est le compte-rendu, celle de la “pensée” dans son acceptation générale. Quelle force obscure donne encore à l’obsolète, à la science que domine la pensée de mort, sinon le pouvoir désiré par certains démons de se représenter sous un voile de mensonges ? Ou la lâcheté peu être. Quelle complicité malsaine, quelle économie ? Nous ne sommes pas des amas de chair, nous le sommes dans le sens d’une circulation de l’énergie à l’intérieur de l’univers vers l’extérieur de l’univers, c’est une honte que de se servir du rapprochement de la lettre et de la matière, c’est une honte que de jouir de ce rapprochement, c’est une joie que de l’ignorer au moment extatique, mais à qui revient le privilège de cette joie ? D’abord, chaque chose n’est pas en mesure de restituer cette joie à sa source, car au contraire c’est une propriété très rare de la matière que de se renouveler autour d’une forme dont chaque variété renvoie invariablement à l’éternité, ensuite, il s’agit de savoir si le bénéfice de cette configuration physique de l’énergie revient à ce qui se propose d’être la continuation ou bien l’initiation d’un mouvement de grâce : Eve ou Marie ? Cette question ne se pose que dans la perspective ou l’on puisse admettre l’existence d’une qualité latente de l’énergie à laquelle la joie réponde comme une onde à l’autre, l’intrication des forces les unes vis-à-vis des autres produit un phénomène de nature physique certes, mais seul la violence correspond à la réalité du fait dans la considération exclusive de ses implications matérielles, c’est à dire non selon le donné matériel qui suppose l’appréhension du fait (une connaissance de l’objet en soi), mais selon le rapport qu’il entretient avec d’autres objets. On ne parle pas des Hommes, de la “matière vivante humaine” dans cette acceptation sans les réduire à cette entité relative pour laquelle l’autre est un objet, alors même que seul un sujet est capable de tendre ce piège à l’esprit des innocents et des vulnérables qui ignorent leur propre liberté et le sens général de l’existence sur la surface de la terre. A la source de ceux qui, par misère, manquent du sens spirituel viennent s’abreuver les monstres et les blasphémateurs du sens de la terre. Un serpent ne peut pas vivre dans le nid des oiseaux sans représenter pour eux une menace, sans se subvertir et se faire passer pour une volaille : la mesure avec laquelle il se dénature ne renvoie qu’a celle de sa perversité, il en va de même pour la corruption intellectuelle. Il y a quelque-chose de criminel dans ce procédé, et se proposer d’en faire l’emphase ce serait prendre plaisir à être un bourreau, c’est nier tout ce qui est humain comme tout ce qui n’est pas actuel, au fond, c’est faire de soi une partie, sinon la totalité de ce qui obstrue le champ métaphysique d’un temps donné. Mesurez la haine et le renoncement du bourreau et vous aurez peu être pitié pour le bourreau, honte de la victime : une chemin tout tracé pour la lame qu’inquiète un homme discret et soucieux de métaphysique. Dans une ordonnance sociale qui prétend n’être pas structurée par une religion (alors même que la religiosité à  commandé et commande l’édification du monde qui nous entoure et dans lequel ces mots sont prononcés) c’est la classe scientifique qui remplace le clergé, avec le privilège de profiter de la confusion et d’éviter d’évoquer la différence fictive (l’écriture comme activité naturelle y participe) qui règne entre la réalité physique et métaphysique : il suffit de mentir pendant longtemps à des enfants pour leur faire comprendre à l’envers ce que c’est que d’être corps et esprit, pour qu’en vendant l’un, celui à qui l’on s’adresse puisse croire qu’il achète l’autre.  
21/06/18
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gay-impressionist · 6 years
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« Suicide-toi », « maladie »... Les élèves LGBT+ toujours confronté.e.s au harcèlement scolaire
(Publié en premium sur Komitid le 18 juin 2018)  
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Depuis le fiasco des ABCD de l'égalité en 2013, les moyens mis en œuvre pour lutter contre les LGBTphobies en milieu scolaire se font rares. Pendant ce temps, les élèves LGBT+ restent nombreux et nombreuses à souffrir au quotidien de discriminations et de harcèlement.
« Pédé », « tarlouze », « tapette ». Clément, un Angevin de 18 ans, s’en est pris plein la tête quand il était au collège : « On me traitait de « pédé ». On a refusé de boire après moi par « peur de devenir pédé ». On a menacé de me frapper à plusieurs reprises. Il m’arrivait de trouver dans mon casier des papiers avec écrit des trucs du genre « tu suces pour combien ? »  ». Du harcèlement scolaire homophobe que le jeune homme dit avoir signalé à plusieurs reprises, mais sans résultat : «  Disons que les insultes et les humiliations se faisaient de façon plus fourbe », explique Clément. « À un moment, j’ai compris par moi-même qu’il ne fallait pas que je me laisse abattre.  »
Pour Christophe, 26 ans, le collège a aussi été un véritable enfer. « Tu devrais te suicider, de toute façon tu finiras comme ça » ; « Tu ne pourras jamais changer, c’est une maladie », « tu n’es pas normal » : lorsqu’il était collégien dans les Hauts-de-Seine, Christophe s’est vu reprocher pendant toute sa scolarité son comportement jugé « trop efféminé ». Empêché sans cesse de rentrer dans les vestiaires des mecs, insulté, humilié, il a été jusqu’à tenter de mettre fin à ses jours en prenant des anxiolytiques. « Ma mère m’a aidé à les recracher, nous a-t-il confié. J’ai réussi à être dispensé parce que c’était trop dur à supporter ». À coups de séances chez le psychiatre et d’antidépresseurs, Christophe a encaissé. Fin du collège, il a décidé de s’orienter vers une école de coiffure. « Non pas par passion, précise-t-il. C’était une sortie de secours. Moi, je voulais faire un bac littéraire ».
Absence de données
Selon les données ministérielles, 700 000 élèves sont ou ont été victimes de harcèlement scolaire, dont la moitié de façon très « sévère », pour reprendre la formule employée par le ministère de l’Éducation nationale. Mais aucune statistique n’est disponible quant aux élèves LGBT+. « Concernant les violences à l’école en général, il y a toujours un hiatus entre ce que l’institution scolaire déclare et la réalité des faits, en raison notamment de la réputation des établissements scolaires », explique à Komitid Johanna Dagorn, sociologue et chercheuse à l’Observatoire international des violences à l’école. « Mais il y a aussi évidemment une méconnaissance et un embarras autour de toutes les questions LGBT+. La lutte contre l’homophobie et la question du sexisme ont émergé il y a à peine dix ans ».
Clip réalisé par des élèves dans le cadre du concours « Non au harcèlement » organisé par le ministère de l’Education nationale
Un, deux, trois, Roi du silence
Outre les données officielles, le harcèlement scolaire en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre est un phénomène étayé par de nombreuses associations et syndicats d’enseignants. C’est le cas par exemple de SOS homophobie qui, dans son rapport 2017, a relevé une augmentation de 7 % des LGBTphobies en milieu scolaire. Des chiffres à nuancer, avertit Joël Deumier, président de l’association, interrogé par Komitid : « On a que très peu de témoignages. Cela montre bien qu’il y a une loi du silence qui persiste sur les LGBTphobies à l’école. Le harcèlement en général est tabou, d’autant plus lorsqu’il est lié à l’orientation sexuelle ».
Cette « loi du silence » transpire dans le témoignage de Marion*, harcelée pendant deux ans au collège. Insultes et moqueries lesbophobes, menaces, violences physiques… À partir du moment où la jeune fille s’est montrée une fois main dans la main avec sa copine en 4ème, les conséquences ont été immédiates et graves.
« Les filles ne voulaient plus me faire la bise le matin, je me faisais traiter de sale lesbienne, de sale gouine » raconte-t-elle. « Je me faisais bousculer si je frôlais quelqu’un ou frapper dans les vestiaires quand les autres filles pensaient que je les regardais se changer. » Marion n’a signalé qu’une seule fois, à son prof de SVT, ce qu’il se passait. « Il a engueulé tout le monde au début d’un cours, mais du coup c’était encore pire après. Il m’avait dit de revenir le voir si ça ne s’arrangeait pas, mais je ne l’ai pas fait donc il a dû penser que c’était réglé ». Pourquoi ne pas l’avoir fait ? « J’avais l’impression que je méritais tout ça », confie la jeune fille aujourd’hui âgé de 23 ans. Plutôt que de dénoncer, Marion a voulu fuir en demandant d’intégrer un lycée en dehors de son secteur.
Une violence qui vient des autres et qui s’intériorise
Ces témoignages frappent par la violence avec laquelle s’exprime les LGBTphobies en milieux scolaires. Si les motifs de harcèlement sont multiples, il apparaît que les élèves LGBT+ y seraient nettement plus exposé.e.s. Une analyse développée par la sociologue Johanna Dagorn : « Ce n’est pas une ou deux fois dans l’année, c’est régulier et récurrent ». Comment expliquer ce phénomène ? Pour l’universitaire, de l’école primaire au collège, derrière l’homophobie, « c’est quasiment à 100 % le sexisme qui est à l’œuvre. C’est ensuite au niveau du lycée que l’on a la question de l’orientation sexuelle qui entre en compte. Là, on va être à la fois sur la péjoration du féminin et la question de l’identité ».
Des élèves garçons jugés « trop efféminés », des filles « trop masculines » : la cour de récré ou la salle de classe s’inscrivent encore comme le théâtre privilégié d’une véritable police du genre. « Pour que la prévention de l’homophobie soit efficace, il faut une véritable politique publique qui permet de déconstruire les stéréotypes de genre qui sont à la source du sexisme et de l’homophobie », estime le président de SOS homophobie.
Cette pression normative liée au genre, Lazare, jeune garçon trans âgé de 28 ans aujourd’hui, en a fait les frais du CM1 jusqu’à la 3ème, et ce malgré un changement d’établissement quasi annuel : « J’avais la gueule de l’emploi, je suppose », lâche-t-il. « C’était sûrement à cause de mon apparence très masculine : j’ai toujours eu les cheveux très courts et une mâchoire très carré… », tente-t-il d’analyser. Résultat : des humiliations en série, des brimades au quotidien et tellement d’insultes que les élèves le connaissaient mieux par ses surnoms que par son prénom :
« On m’appelait « bonhomme », « Quasimodo », « camionneur »… Les élèves cherchaient par tous les moyens à savoir si j’avais quelque chose entre les jambes. À l’internat, j’étais obligé de me doucher le matin pour que les filles ne m’espionnent pas. J’ai demandé plusieurs fois à changer de chambre, mais les surveillants refusaient systématiquement. Ils disaient que c’était en raison de mes habits, de ma façon d’être. »
Pour Lazare, le harcèlement semble avoir été des plus sévères en raison du fait qu’il ne correspondait pas au genre que lui avaient assigné ses camarades. Dans son cas, ce côté « très masculin » a provoqué des réactions épidermiques. « Les personnes trans et intersexes sont beaucoup plus victimes de harcèlement dans la fréquence que toutes les autres populations. », confirme Johanna Dagorn.
Dans chacun des témoignages recueillis par Komitid, des aspects reviennent inlassablement. D’une part, le silence, parfois total, de la part des victimes. D’autre part, les raisons qui contraignent à rester silencieux : « J’avais l’impression de mériter tout ça », nous dit Marion. « Je me disais que j’avais un problème », observe Clément. Et ainsi de suite. « C’est de l’homophobie intériorisée et c’est à nos yeux le plus grave car la haine de soi peut conduire au suicide, même en l’absence de harcèlement. », témoigne auprès de Komitid Cécile Ropiteaux, coordinatrice du Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire, réseau qui regroupe un peu plus d’une dizaine de syndicats enseignants.
ABCD de l’égalité : terreur autour du genre à l’école
Cette forte imprégnation du sexisme dans les mentalités, dont les stéréotypes de genre font le lit, est un problème que le gouvernement précédent a tenté de prendre à bras le corps. Dans le cadre de la loi de refondation de l’École de la République en 2013, il y a eu une vraie volonté d’aller vers une école inclusive, de lutter contre les discriminations. « Mais devant une masse qui n’a pas respecté les valeurs de la République, on a reculé, et on recule encore », tempête Johanna Dagorn.
Difficile en effet d’oublier le fiasco autour des éphémères ABCD de l’égalité, ces modules pensés pour déconstruire les idées reçues sur le genre en primaire. C’est à l’initiative de Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, que ce programme expérimental a été lancé dans dix académies durant l’année scolaire 2013-2014. Un dispositif pédagogique associé aux critiques sur les études de genre – la fameuse et inexistante « théorie du genre » – par une frange réactionnaire. Sauf que face à cette forte opposition, les ABCD de l’égalité ont été rapidement enterrés.
« On regrette que les ABCD de l’égalité aient été supprimés », peste Joël Deumier, de SOS homophobie. Johanna Dagorn, qui a fait partie de la délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, était au ministère lors de la polémique autour du sujet : « Ce sont les instructeurs et les instructrices d’académie qui ont d’abord été formé.e.s. Sauf que celles et ceux qui se sont retrouvé.e.s avec les questions légitimes des parents, c’est bien le corps enseignant. Et ils et elles étaient terrorisé.e.s car sans formation sur la question du genre, ça ne s’improvise pas. »
Najat Vallaud-Belkacem, invitée d’On n’est pas couché le 25 octobre 2014, s’exprime sur les ABCD de l’égalité
Face à cet échec cuisant, amplifié par les réactionnaires de La Manif pour tous, l’Éducation nationale est sortie totalement figée, paralysée. « L’institution refuse la question du genre depuis les ABCD de l’égalité. Nous n’avons plus le droit de prononcer ce terme alors que c’est la voie royale pour parler des LGBTphobies. », s’agace Johanna Dagorn. « Il y a toute une polémique autour du mot genre qui a disparu de l’Éducation nationale », confirme Cécile Ropiteaux.
Une campagne et puis s’en va
Pendant ce temps, les élèves LGBT+ continuent d’être en première ligne face aux stéréotypes de genre. Outre la campagne « L’homophobie n’a pas sa place à l’école » initiée en 2015 – et encore, on ne parle pas de LGBTphobies – pas grand chose à signaler. Pour Joël Deumier, l’Éducation nationale semble bien au fait de ces problématiques mais les outils pour lutter contre ne sont pas à la hauteur : « Il faut aller beaucoup plus loin », insiste-t-il. « Il faut sensibiliser et former beaucoup plus le personnel de l’Éducation nationale ». L’association qu’il préside s’occupe d’intervenir directement dans les collèges et les lycées.
En 2016, 22 000 élèves ont été sensibilisé.e.s à la lutte contre LGBTphobies grâce aux bénévoles de la structure. Une action de sensibilisation rendue possible par l’agrément du ministère et qui se traduit par une aide financière notamment pour couvrir les déplacements des bénévoles. « Sur un an, SOS homophobie fait au moins une intervention en milieu scolaire par jour. En deux heures, on s’emploie à déconstruire les stéréotypes de genre et les idées reçues sur les orientations sexuelles », explique Joël Deumier.
Mais pour Cécile Ropiteaux, du Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire, c’est dès la primaire qu’il faut intervenir : « On a facilement des débats sur les questions de société avec les enfants. Ils sont beaucoup plus ouverts d’esprit qu’à l’adolescence. » Le 12 mars dernier, après avoir été reçu par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le Collectif a indiqué que la campagne « L’homophobie n’a pas sa place à l’école » sera renouvelée pour la prochaine année scolaire et que le groupe de travail sur les LGBTphobies à la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) sera réactivé. Seulement, le Collectif a indiqué ne pas avoir obtenu le moindre engagement concernant la lutte contre les discriminations dès l’école primaire. « Les attaques réactionnaires contre les ABCD de l’égalité continuent de produire leurs effets négatifs sur le ministère. », a déploré le Collectif dans un communiqué. Et d’ajouter : « Une campagne et quelques actions autour du 17 mai, si elles sont nécessaires, sont loin d’être suffisantes. (…) C’est bien en s’attaquant en profondeur au système de genre et aux stéréotypes qui lui sont associés qu’on pourra faire reculer les violences et discriminations sexistes et LGBTphobes. ».
De toute évidence, si le travail des associations s’avère primordial, il ne peut se suffire à lui-même. « Notre travail est indispensable mais il ne peut pas remplacer une bonne formation des enseignants. Les pouvoirs publics ne peuvent pas se décharger sur nous. », alerte Joël Deumier. Formations, campagnes pour inciter les élèves à témoigner, le président de SOS homophobie attend des actes concrets. « Un.e jeune LGBT+ a 4 à 6 fois plus de risques de tenter de se suicider que le reste de la population. C’est donc une question de santé publique qui doit inciter les pouvoirs publics à prendre le sujet à bras le corps. Il faut montrer que l’État assure une présence physique et symbolique auprès des victimes. Il n’y a que comme ça qu’on pourra prévenir le harcèlement scolaire LGBTphobe », espère-t-il.
On serait malhonnête de ne pas mentionner le kit contre l’homophobie à l’école mis à disposition des équipes pédagogiques récemment. « On l’avait fait en 2013 mais il a été gelé au cabinet pendant deux ans et demi, souligne Johanna Dagorn. Et il s’agit d’homophobie, je ne vous parle même pas de transphobie. » Pour la chercheuse à l’Observatoire international de la violence à l’école, il faut absolument sensibiliser et prévenir autour des LGBTphobies : « Il faut une véritable prise en charge, aussi bien des victimes que des auteur.e.s mais aussi et surtout des témoins. ». Pour elle, le constat est sans appel, la France est en retard « mais ce n’est même plus le mot ». Avec les conséquences que l’on connaît : moins l’école est inclusive et plus les minorités trinquent.
*Le prénom a été changé
- Philippe Peyre
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manieresdedire · 4 years
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Désamour et bonne fortune
(Nouvelle publiée par la revue “Le Nouveau Décaméron”)
Elle nous a laissés en plan. Brutalement, sournoisement. Sans un mot d’explication ou d’excuse. Elle avait réussi sa fuite, provoqué un effet de souffle ravageur. Bien joué !
J’en fus, à dire vrai, soufflé.
Elle avait des motifs à déclarer notre famille en cessation d’activités normales pour cause de faillite amoureuse... J’en partageais sans doute, de nombreux. Mais nous abandonner de cette manière, c’était violent, indigne, minable.
La passion et la tendresse avait déserté la grande maison que nous habitions tous les quatre depuis neuf ans, s’y étaient substituées une sorte de mélancolie, d’attachement faute de mieux et des habitudes. Je savais qu’il fallait en sortir. Mais j’étais velléitaire.
Il y eut des signes avant-coureurs qu’un mauvais coup se préparait. Elle faisait preuve de retenue dans ses propos à mon égard, me parlait moins, plus précautionneusement, s’efforçait de faire bonne figure, c’était nouveau. Parfois, venait me visiter, l’illusion fugace qu’elle réalisait que sans changement d’attitudes de notre part, nous nous saborderions avec certitude, mais avec probablement des regrets et de la peine à la clef.
Adepte du gradualisme, avec une tendance à l’indifférence clémente, je n’aimais pas les ruptures, n’agissais jamais à l’emporte-pièce. Et puis je croyais aux rebonds, les vrais.
J’allais changer. Je devais être plus "fort", plus... décidé, tranchant, sincère.
Elle avait fait ses emplettes sans vergogne, enlevé notre jeune fils, emporté trois ou quatre jolis meubles, des objets rares. Des tableaux m’appartenant en propre et même mes manuscrits inachevés rangés dans quatre cartons à bouteilles de vin (crut-elle, en dépit de la différence de poids, qu’ils en contenaient encore ? Mes projets de romans faisaient, heureusement tous, l’objet de sauvegardes électroniques). Elle avait raflé tous les tapis persans, les jolies vaisselles, l’équipement TV-Hi-Fi. tous mes disques qui n’étaient pas de Jazz. Et m’avait laissé ses nombreux livres à la con sur le "développement personnel" - elle croyait que c’était de la philosophie - au sujet desquels je me suis longtemps demandé s’ils lui avaient été profitables. Ce n’était ni un geste visant à m’aider dans ma nouvelle vie, ni de l’humour - elle n’en avait jamais manifesté aucun, ni ne l’avait bien compris sous ses différentes variantes -. Elle avait dû les oublier dans la précipitation mise à décamper. Elle m’avait dérobé sept ou huit mètres linéaires de livres de la NRF - Gallimard, tous imprimés entre 1920 et 1962, dont certains conservaient des pages non encore coupées. Des livres des auteurs chéris de mes années de lycée et de fac, découverts et achetés après vifs marchandages, sur les quais de Seine et au cœur du Quartier Latin, sous le règne aujourd’hui révolu des libraires et des bouquinistes, d’avant celui des clans de la fripe, de la godasse, des restaurants du monde, des bijouteries de pacotille et des coiffeurs sous franchise ; les vrais épiciers et les droguistes d’antan avaient plié bagages depuis des lustres.
La Mercedes bleu électrique était en révision chez son concessionnaire, elle n’avait pas pu fuir avec. La Vespa crème et son banc sophistiqué de musculation également. Elle n’avait pas si parfaitement choisi son moment ni embarqué Léa. Ma fille, pas la sienne. Quelle chance j’eus de la trouver à la maison, le soir en rentrant ! Elle ne m’évita pas la sensation extrêmement désagréable des effets du parfait enchaînement "uppercut à la mâchoire, direct à la tempe et crochet au foie", qui ne me laissa, étrangement, que faiblement groggy et larmoyant, mais Léa m’offrit ses bras, des mots et des silences réconfortants et un verre de vin blanc généreusement servi.
Tout n’était pas perdu.
Le lendemain, après avoir fait l’inventaire complet des soustractions matérielles infligées à mon confort et à mon patrimoine, je trouvai , dans le dressing camouflé par des valises vides m’appartenant, un gros carton, à vins aussi, bourré de billets de banque judicieusement rangés, qui, me doutais-je, devais provenir de ses trafics coutumiers en brocantes et que je conserverai avec la ferme intention de les dépenser sans jamais m’en vanter. Comment avait-elle pu l’oublier ? Sans doute la précipitation, puis sitôt la mémoire revenue, la difficulté de revenir et de reconnaître des turpitudes tombant sous le coup de la loi... délicat après une Blitzkrieg qui vit l’ennemie victorieuse prendre la fuite avec succès (!?). Avait-elle confondu avec mes manuscrits ? Et sous cette hypothèse, pourquoi les quatre colis ? Restait-il encore trois cartons de moyennes coupures ? S’ils existent, je les trouverais.
Je ne pus même pas puiser dans cette manne inattendue pour régler les honoraires de mon avocate. J’eus le tort de m’en offusquer quand celle-ci me déclara préférer un règlement par chèque, croyant qu’elle instruisait contre moi, un procès en argent sale quand il ne s’agissait que de respecter la réglementation en vigueur (qu’elle éprouvât des soupçons se comprenait, et encore, elle ne savait rien du filon sur lequel j’étais tombé).
Elle avait profité de ce que je travaillais dur à mon nouveau roman, attablé des heures durant, buvant lentement des express délicieux, dans une brasserie à la mode d’un quartier couru de la capitale, pour envahir avec des complices impudents et imbéciles, notre espace familial - qui n’avait connu, je m’empresse de le dire, que douceur, puis tiédeur et enfin froideur, et qu’aucune colère ni séances pugilistiques ne troublèrent - et faire sa razzia.
Elle emportait aussi ce qui ne voyait pas : des lambeaux de ma vie, de cœur, d’âme, de peau, de chair. Et me laissait, généreuse, toute l’administration du bordel ambiant (factures, relances, expertises, mises en vente, abonnements, crédits immobiliers, dettes courtes,...) et toutes ces heures dont je n’avais plus besoin pour dormir puisque dorénavant je ne dormirai plus (ou presque).
Le désamour n’est pas le contraire de l’amour qui serait indifférence, irritation, détestation, rejet, ne plus aimer... Je me le représente comme l’espace de temps qui commencerait à l’instant incertain où l’on s’aime moins et s’achèverait juste avant de ne plus s’aimer. Graphiquement : la descente sans charme d’une courbe après pic euphorisant. Topographiquement : le retour lent et pénible d’un "septième ciel". C’est l’amour en train de se fissurer en étoile, sûrement, ou dont les fils se défont progressivement, en route vers sa fin. Il est puissamment ancré dans l’amour dont il procède et auquel, encore, il ressemble. Je me le figure toujours amour, celui qui souffre de ne plus être à la hauteur de ce qu’il a été, de ce qu’il s’était imaginé qu’il serait et qui, par dépit, inconsciemment, subrepticement, tournerait vinaigre. Le désamour ne se ressent pas comme la fin d’une histoire - ce pour quoi, il y croit encore et en quoi il se méprend ou se fourvoie -, il est l’expérience d’un "chemin de croix" habitée par le dangereux désir que rien ne change (à défaut que tout revienne), la mort au bout. En attendant, il se vit comme un inassouvissement, un désordre douloureux, une colère rampante contre l’autre rendu responsable de ce qui dysfonctionne.
Puis elle se dissimula. Je n’eus enfin de ses nouvelles que par l’entremise de l’avocat bedonnant, barrésien plutôt que rabelaisien, obtus, brutal, bavard de la barbare Barbara (le prénom de celle qui me quitta donc, sèchement) qu’elle avait mandaté pour me demander le versement d’une pension alimentaire d’un montant exagérément faramineux, pour "l’entretien" de mon fils Raphaël que je n’avais pas l’intention d’abandonner (les deux...) à sa mère, le pauvre et que je n’avais pas pas revu pendant les six semaines qui suivirent son enlèvement et précédèrent ce maudit courrier si peu digne d’être recommandé. Quelle outrecuidance quand on sait, tandis qu’elle était mieux payée que moi et travaillait beaucoup moins, dans un bureau confortable (elle me l’avait dit) de cet étrange et secret ministère des affaires étrangères au sein duquel j’ignorais à quoi elle œuvrait. À propos, l’argent, j’espère qu’il ne vient pas de fonds secrets d’État, je ne veux pas de nouveaux ennuis et là, possiblement, de plus gros encore.
Elle pouvait partir. Ce n’était pas illégitime. Il fallait bien que quelqu’un prît un jour une initiative forte. Elle le fit la première. Mais fuir de la sorte, aussi malproprement, quel essaim de mouches l’avait-il donc piquée ?
Je ne me saoulais pas, j’ai l’alcool en horreur et ne le supporte pas - sauf à raison de deux verres de vin blanc en soirée, les samedis, dimanches et jours fériés - il fallait ajouter les jours de rupture amoureuse - (je possède une plutôt bonne cave, mes amis me le disent, Barbara ne connaît pas d’amateurs et il ne semble pas qu’elle en ait servi à ses hommes de main). Je n’ai jamais compris pourquoi au cinéma et en littérature, le dépit amoureux s’accompagne parfois de cuites carabinées qui ajoutent au désespoir, beaucoup d’inconfort. Je ne me pendis pas non plus (information superfétatoire sous cette formulation) comme j’en avais eu, sinon l’intention, au moins l’idée, et puis, Barbara pouvait revenir... Pour me dire, je ne sais pas, "excuse -moi !", par exemple. Et repartir fissa avant que je la flanque dehors avec véhémence.
Au cours de la procédure de séparation, elle connut de gros ennuis au sein son administration - une crise d’angoisse ayant eu pour effet la destruction partielle mais spectaculaire, du mobilier de son bureau et un début d’incendie dans ses dossiers urgents dont certains depuis fort longtemps -, qui lui valurent d’écoper de la part de son administration bonne fille, une obligation de se soumettre à des examens médicaux au cours desquels furent diagnostiqués des troubles de sa personnalité "ne mettant ni sa vie, ni celle des autres en danger (malgré un départ de feu !?)", "à surveiller (quand même !)" et à des soins. Elle fut interdite d’entrée dans tous les locaux d’archivages de l’Hôtel si particulier du Second Empire et du bord de Seine ainsi qu’ailleurs, dans ses moins fastes dépendances, et ne put, dorénavant, recevoir "d’autres personnalités étrangères qu’arctiques " (sic -!?). Autant dire que cette affaire jeta un froid dans les bureaux voisins et suscita de l’émoi au sein du milieu si spécial et feutré du syndicalisme discret, sinon secret et politico-mondain du quai d’Orsay. Barbara n’ayant pas que des amis dans ce cloaque chic, pseudo-aristocratique, ajouté au fait que rien n’y est plus grisant que le partage des secrets, l’information fuita.
Mon avocate m’avait dit avoir flairé que "quelque chose (qui) n’allait pas", et "qu’on n’inflige pas à un homme comme (moi), pareille et inutile punition". Disposant d’un vaste réseau de connaissances et d’accointances, elle entreprit d’enquêter sur Barbara. Il lui fallut peu de temps pour glaner les informations sensibles et très moches qui précèdent et cependant très utiles à notre demande reconventionnelle aux fins de gagner la deuxième manche.
D’abord, je fus heureux de ne pas être à l’origine de ses déboires de santé, on me rassura à ce sujet. Je compris, a posteriori, certains de ses comportements que je m’étais mal ou pas expliqués : dissimulation, mensonges, obstination, rigidité, volubilité soudaine, refus de la contradiction, hauts et bas, accès de "je sais tout"... j’en passe et en oublie.
Ensuite je jubilais d’avoir obtenu la garde de mon fils, le versement d’une pension alimentaire symbolique, le retour de mes livres qu’elle avait en partie abîmés. Nous revendîmes la maison et nous nous réinstallâmes - ma fille, mon fils et moi, sans elle - dans une jolie banlieue qui avait su rester verte, ce pour quoi elle était un peu chère. Mais l’affaire de ma nouvelle compagne marchait fort. C’est dingue le fric qu’elle brassait rien qu’avec les divorces et d’autres conflits familiaux. Elle cofinançait l’achat de la nouvelle demeure.
Elle s’appelle Zahra, est avocate, et m’a beaucoup aidé à me sortir du guêpier dans lequel Barbara m’avait flanqué.
Je n’étais pas au bout de mes surprises.
Une lettre anonyme suivie de la visite à notre domicile de deux hommes, jeunes, élancés, à la force légèrement dissimulée sous un très élégant et très cher costume gris (chacun le sien), nous apprirent, la première, que Zahra ne m’avait pas tout dit, la seconde, par les bouches des deux fonctionnaires gris, que les innombrables billets de banque avaient peu à voir avec les seules brocantes.
J’appris que les deux femmes s’étaient connues à la fac de droit à Nanterre. Qu’elles avaient été amies, s’étaient déchirées à propos d’un homme, avaient renoué, et que Zahra l’avait dressée contre moi pour lui faire du mal. Elle avait inventé des histoires d’infidélités, d’enfants cachés, de plagiats littéraires, d’addiction au poker, de participations à des nuits "Drag-queen" dont je me serais rendu coupable. C’était la première étape de la démolition entreprise. Heureusement que j’avais gardé pour moi l’information concernant le trésor en numéraire.
Barbara l’avait crue, elle avait fui en voulant me faire payer ma soi-disant dépravation. Et Zahra était tombée amoureuse de moi, bêtement. Et réciproquement tout semblablement stupidement.
Je compris alors pourquoi, bien que préparant l’entier dossier seule, elle se faisait représenter par une consœur devant le juge aux affaires matrimoniales et ne signait aucun document de procédure. Pas question de confrontations entre les deux seules véritables adversaires.
Quelle déveine ! J’aimais vraiment Zahra, ma vie avait changé. J’avais même l’impression qu’elle recommençait... Nous avions le projet d’un bébé que Léa nous proposait de prénommer Hana (c’était ainsi, Zahra ne voulait pas d’un fils).
Les "costumes gris" auto-présentés comme "fonctionnaires-enquêteurs d’État", carte bleue-blanc-rouge à l’appui, au look "agent secret" ou "agent spécial", voulaient savoir si lors des déménagements récents, de grandes quantités d’argent en espèces avait été trouvées et dans la négative si je connaissais par le menu tout ce qui était entreposé chez nous. Ils n’abordèrent étrangement pas, l’hypothèse positive. Ils n’étaient pas officiers de police judiciaire et ne pouvaient procéder à la moindre perquisition (une menace bidon en filigrane de leur courtoisie appuyée), mais je fus soulagé de savoir les cartons stockés, loin de là, chez mes vieux parents à Zonza où il m’étonnerait fort que quiconque, à ses risques et périls, vienne les chercher et encore moins, mettre la moindre main dessus.
Si je déteste qu’on me fasse violence, me démantibule, je n’aime pas non plus, qu’on se serve de moi, qu’on me mente, me manipule, me dissimule des projets me concernant, me bouscule, m’accule. Alors il me fallait envoyer Zahra au diable, commencer à être énergique et résolu.
Prudent, je n’étais pas, dans cette relation, sans protection. Elle non plus. Pour l’achat de la maison nous étions engagés à parts égales en capital comme en crédit. Nous revendîmes. Mes autres avoirs étaient à l’abri. Les siens également. j’espérais être devenu le plus roué des deux mais ce n’était pas gagné.
Il nous aurait été pénible de quitter la maison de Sceaux. Il me fallut, avec mon nouveau conseiller juridique, élaborer un stratagème pour la conserver. J’avais toujours un trésor en espèces, de quoi monter une combine gagnante entre vendeurs, acheteurs et intermédiaire. Il me paraissait, à raison, improbable que Zahra détînt un tel tas de... liquidités pour financer une opération louche.
Léa souvent, s’étrangle de rire en évoquant mon parcours amoureux. Son frère, lui, n’est vraiment pas disposé à plaisanter au sujet de mes mésaventures quand elles concernent simultanément sa mère de laquelle il reçoit, cinq ou six fois l’an, une carte postale (une vraie) des îles "paradisiaques" où elle s’adonne à la plongée et la pêche sous-marine. Elle a toujours aimé cela. Elle lui manque un peu. J’ignore si la réciproque est vraie. Peut-être à l’occasion d’une visite d’un galion coulé au XVIIIe siècle y trouvera-t-elle un coffre empli d’or qui la consolera de l’abandon des billets abandonnés ? Mais en a-t-elle vraiment besoin ? Son train de vie ne semble pas souffrir du manque d’argent. Cette femme au "développement personnel" inattendu, à bord de sa goélette ou au bord des piscines des villas qu’elle fréquente, me restera longtemps une énigme. Si les nouvelle qu’elle donne à Raphaël sont exactes.
C’est étrange, je ne croyais pas pouvoir, au sortir de semblables tribulations, redevenir serein et optimiste, et virer calculateur et cynique. La vie se charge de battre les cartes et nous nous adaptons ou nous mourons. Pas seulement symboliquement.
Mais bon, les enfants sont de bonne humeur, les beaux jours sont revenus. L’auto et le scooter pareillement. Si je revois Barbara, je lui rendrais son banc de musculation.
Nous n’avons pas quitté notre maison en bordure du parc de Sceaux.
Finalement, indifféremment au coup monté, c’est un grand bienfait que Barbara soit partie. Nous serions peut-être, à cette heure, en train de nous faire du mal. Au lieu de cela, dans notre immense jardin, avec des amis et des collaborateurs de ma maison d’édition, nous célébrons la vente du 50 000ème exemplaire de mon dernier roman et un nouveau tirage.
Une certaine routine peut maintenant, commencer à s’installer...
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Vendredi 27 mars 2020
Énormément d’émotions aujourd’hui.
Tellement d’émotions que ma pensée est saccadée.
Fractionnée.
Des paquets d’information sans grammaire ni style.
On me pardonnera.
Ou l’on me crucifiera.
À ce stade, plus rien ne m’importe.
J’ai été officiellement diagnostiquée du Covid-19.
Nous avons appelé l’ami de Victor, le chef de service au CHU de Caen. Il n’a pas semblé se rappeler vraiment de lui, et nous a envoyés vers un de ses collègues infectiologues.
Agacement de l’infectiologue.
Il aurait pu avoir la décence de le cacher. J’ai failli lui citer le serment d’Hippocrate, “Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera”, mais je me suis ravisée. Nécessité faisant loi, j’ai mis ma fierté de côté, j’ai de nouveau pensé à la citation de Michelle Obama (en province, apparemment, c’est indispensable), et j’ai laissé Victor lui décrire très professionnellement mes symptômes.
Le verdict a été sans appel.
Covid-19.
Victor a paru hésitant, lui a demandé s’il ne valait pas mieux que je sois examinée, et le médecin au bout du fil s’est emporté, tout en confirmant son diagnostic avec force décibels. J’ai à mon tour pris la parole pour lui demander où je pourrais trouver un labo pour me faire passer le test.
Il m’a répondu que ce ne serait pas nécessaire, et que de toute façon, ce n’est pas envisageable pour les labos de tester les cas bénins.
Cas bénin ?
Mais qu’en savait-il ? Qu’est-ce qui lui prouve que mon cas ne peut pas s’aggraver d’un seul coup ?
C’est là que mon instinct de survie le plus primaire a repris le dessus.
Cerveau reptilien.
Surchauffe.
Animal en moi.
Je lui ai demandé comment et où me procurer de la chloroquine.
Il m’a répété que cela ne serait pas nécessaire, que du paracétémol suffirait en cas de fièvre ou de douleurs trop intenses.
J’ai.
Cru.
Rêver.
Qu’on me réveille de ce cauchemar. Je suis atteinte du fléau du millénaire, je porte en mon sein ce monstre qui déferle tout autour de la Terre et assassine une marée d’êtres humains, et je n’ai pour seul interlocuteur que ce petit médecinet de province qui me prescrit une petite gélule jaune et bleue qui fait à peine effet en cas de rhume. Pourquoi pas une tisane au thym ?
Impression d’être un vulgaire personnage secondaire joué par une actrice cheap dans un téléfilm France 2.
Après avoir raccroché, j’ai tout de suite appelé mon homéopathe.
Répondeur.
Victor a immédiatement pris les choses en main comme un vrai chef de guerre. Il a ordonné à Dolores de me préparer une chambre propre au second pour qu’une forme de confinement soit respectée. Elle seule pourrait aller et venir entre ma chambre et le reste de la maison, tout en respectant les gestes-barrière de la plus stricte des façons.
Nouvelles normes.
Adaptation.
Survie.
Puis une fois qu'on m’a installée dans ma nouvelle chambre avec ma bouteille d’eau, mon routeur wifi, mon iPhone, mon iPad, mon ordinateur, mes Moleskine, mes stylos, et ma bien-aimée bibliothèque, il lui a demandé d’entreprendre un ménage méticuleux de toute la maison, à commencer par notre chambre.
Lui emmènerait pendant ce temps-là les enfants se promener. Il en profiterait pour me faire délivrer du paracétamol.
Je ferme les yeux.
Douleur brûlante.
Courage.
Résilience.
Il va falloir tenir.
Soudain, une illumination. Je rassemble le peu de forces qu’il me reste pour crier le nom de Victor afin qu’il vienne. Je me rappelle qu’il est sorti.
Avec les enfants, lui qui en a si peu l’habitude.
Cet homme est merveilleux, et chaque jour, je mesure la chance que j’ai d’être avec lui.
Je l’appelle sur son téléphone. Il décroche. Quel homme bon. Je lui demande en toute humilité s’il lui serait possible de me prendre également de la cholorquine à la pharmacie en donnant son numéro de médecin.
Il me répond qu’il va essayer et raccroche.
Je me plais à l’imaginer un peu maladroit, seul dans la rue avec Édouard et Henri.
Mais rassurant.
Cherchant à bien faire.
Sans perdre son autorité naturelle et son flegme.
Je suis touchée de l’imaginer seul avec ses fils. Mes trois mousquetaires, partis quérir le remède dont leur reine a besoin pour survivre. Mes deux enfants. Si jeune, et sauvant déjà une vie, la vie-même de celle qui la leur a donné.
Ma vie.
La vie.
Seule dans mon lit à attendre mes hommes, une épiphanie me transporte : j’ai sauvé deux vies.
En décidant ce confinement strict de mes parents dans la dépendance, je les ai sauvés de ce mal immonde qui aurait à coup sûr eu raison de leur santé fragile. Un rire de joie et de bonté m’envahit. Comme je suis heureuse et fière ! Quelles que soient les conséquences néfastes auxquelles je dois me préparer pour moi-même, je pourrai toujours jouir de la sérénité d’avoir fait ce qu’il fallait pour mes bien-aimés parents.
J’attends que Dolores ait fini de passer l’aspirateur au premier.
C’est long.
Long...
Un pâle sourire encore perceptible sur mes lèvres, malgré l’interminable attente, je reprends mon iPhone pour appeler mes parents, afin de les tenir au courant de cette situation.
C’est ma mère qui décroche. Je lui annonce que je suis atteinte du Covid-19, en phase avancée – une formule qui me paraît tout à fait adaptée pour décrire mon état. Elle me fait immédiatement part de son inquiétude à mon endroit. J’entends mon père derrière elle qui cherche à savoir ce qu’il se passe, et j’entends ma mère qui le lui explique.
– Qu’est-ce qu’on peut faire ? me demande ma mère.
Attendrie, je réponds d’une voix très faible :
– Pour m’aider, ce qu’il faut absolument que vous restiez chez vous, bien confinés, surtout lorsque les enfants jouent dehors – ce qui sera le cas aujourd’hui, car Dolores fait un grand ménage de la maison pour désinfecter. J’ai besoin de savoir que mes chers parents que j’aime sont à l’abri de ce fléau, et protégés le mieux possible, comme c’est le cas depuis que nous sommes arrivés. C’est crucial. Et pour vous, et pour ma tranquillité d’esprit – ce luxe indispensable à ma guérison.
Ma mère était émue et attendrie au bout du fil.
Lorsque nous avons raccroché, j’ai eu la satisfaction d’avoir été, encore une fois, une personne exemplaire, au sens strict.
Bien au-dessus de la mêlée.
Grand Seigneur.
Au retour de Victor, Dolores n’avait pas fini de nettoyer le manoir. À sa décharge, ce n’est pas seulement dû à sa lenteur : cette bâtisse est immense. Mais je repense à Marisol. Comme elle me manque. Quand tout cela sera fini, quand nous rentrerons à Paris, je la rappellerai. Peut-être que nous pourrions trouver un arrangement pour qu’elle revienne vivre avec nous.
Nous verrons.
Cependant, l’heure du déjeuner approchait à grand pas, et Dolores, incapable de faire plusieurs choses en même temps, n’a rien préparé. Victor m’appelle au téléphone. Le pharmacien n’a pas pu lui délivrer de choloroquine, parce qu’il n’en avait plus.
Colère.
L’égoïsme des gens m’atterre.
Et puis cet esprit d’apprenti sorcier... On ne prend de la chloroquine que lorsque le diagnostic ne fait pas l’ombre d’un doute, comme c’est le cas pour moi !
Dolores me monte mon Doliprane (j’ai horreur des génériques), et j’en engloutis une gélule avec quelques gorgées d’eau.
Je respire.
Coup de fil de Victor, qui me demande comment faire pour ce midi. Il est affamé, et les enfants aussi. Il ne peut décemment pas entrer dans la maison tant que Dolores n’a pas fini de tout nettoyer...
Je ne vois qu’une solution.
Je raccroche et je rappelle ma mère.
Lorsque je lui expose la situation, elle a l’air surpris – presque outré. Il me paraît pourtant indispensable que tout le monde y mette du sien. Elle finit donc par accepter de nourrir mes chevaliers servants en premier, avant elle et mon père.
Un peu plus tard, je l’observe par la fenêtre dresser le couvert sur la table de la petite terrasse accolée à la dépendance, et y poser au milieu une grande salade de toutes les couleurs. Ce n’est pas très élaboré, comme menu, mais enfin... à la guerre comme à la guerre !
Il est presque treize heures lorsque mes hommes se mettent à table. Au loin, j’entends l’aspirateur de Dolores qui poursuit son chemin au rez-de-chaussée et qui avale toute la poussière qu’il peut. Merveille de technologie, quand on y réfléchit. Bijou de technique. Courageuse machine, dont le bruit couvre à peine le chant des oiseaux.
Mésanges.
Bergeronnettes.
Merles.
Et mes petits étourneaux qui picorent la manne très simple concoctée au pied levé par ma mère.
Celle-ci pose ensuite une boîte de camembert ainsi que trois parts de gâteau maison dans des petits assiettes sur le rebord de la fenêtre, dont elle referme ensuite les deux battants.
Le repas se termine avec ce gâteau de grand-mère, mets trivial et roboratif.
Brut.
Je suis heureuse que mes enfants aient l’opportunité d’observer un peu ce que l’on mange dans les campagnes françaises.
Ma mère me rappelle pour savoir si c’est Dolores qui débarrassera, mais je n’aime mieux pas mélanger les services à vaisselle : si l’on se laisse aller au désordre, c’est la foire d’empoigne dans les placards des habitations.
Je lui conseille plutôt d’attendre quelques heures, de sorte que l’éventuelle charge virale s’estompe et qu’elle puisse débarrasser tout cela en toute sécurité – et puis après tout, ni Victor, ni Édouard, ni Henri ne présentent le moindre symptôme. Elle soupire et raccroche sans autre forme de procès.
J'effectue quelques exercices de respiration pour évacuer son agressivité.
Au milieu de l’après-midi, je suis réveillée par un bruit de vaisselle. Je me redresse dans mon lit pour voir au dehors : ce sont les garçons qui, en jouant au ballon, ont renversé le broc d’eau et l’ont cassé en mille morceaux.
Les aléas de la vie.
Vie de parent.
Étourdie par le mal qui m’étreint, je me rendors immédiatement.
Je suis réveillée par un coup de fil de ma mère. Je ne sais pas pourquoi je décroche.
Elle surjoue la panique pour m’annoncer que ma cousine, celle qui n’a de cesse de s’apitoyer sur son sort, a elle aussi attrapé le Covid-19. Je lève les yeux au ciel.
Évidemment.
Un rhume qui traîne, elle s’imagine l’avoir.
Ma mère insiste : les pompiers sont en train de l’emmener à l’hôpital local.
Je ris intérieurement en pensant à la tête que feront les urgentistes, et aux plaisanteries de carabin qu’ils s’échangeront lorsqu’ils verront débarquer cette hypocrondriaque en pleine santé.
Pour couper court à cette discussion inutile, je lui demande si elle a été testée positive à ce virus, à quoi ma mère répond : “Enfin Ludivine, tu sais bien, on ne teste plus les gens, sauf les cas graves, donc elle sera probablement testée bientôt”.
Ça, je demande à voir.
Pour l’instant, elle n’a pas été testée.
Comme c’est commode.
Nous raccrochons, et je me rendors paisiblement jusqu’à ce que Dolores m’apporte une soupe. Une soupe à quoi ? Je n’en sais rien. C’était du jamais vu : cette soupe n’avait aucun, mais vraiment aucun goût.
Quiconque chercherait à concocter un plat volontairement insipide n’y parviendrait pas avec autant de réussite que Dolores.
De nouveau, tristesse des papilles.
Mais je n’ai plus la force de me battre aujourd’hui.
—Ludivine de Saint Léger
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christophe76460 · 5 years
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A 670 m d’altitude, du haut d’une montagne que je venais d’escalader, j’admirais un magnifique paysage vosgien. Puis, exténué par l’effort de la grimpée, je me reposai au soleil sur la partie plate d’un rocher. Sans le savoir, j’étais à proximité d’une fourmilière et je pus observer, pendant un long moment, le travail incessant des fourmis. La première pensée qui me vint à l’esprit fut celle-ci : que l’on observe la création dans sa grandeur – je venais d’admirer un magnifique paysage – ou dans les minuscules insectes, nous ne pouvons pas nier l’intelligence infinie d’un Créateur tout-puissant.
Ces fourmis m’ont laissé une telle impression que, plus de 50 ans après, – j’étais jeune à cette époque – je me souviens très bien, même des détails. Je n’ai pas vu une seule fourmi immobile. Pas une ne connaît le repos. Toutes travaillent, les unes cherchant, les autres transportant, d’autres encore aidant quand la charge est trop lourde ou trop encombrante pour une seule.
Le courage de ce petit peuple laborieux est tel que la Bible le cite en exemple : « Va vers la fourmi, paresseux ; considère ses voies et devient sage. Elle qui n'a ni chef, ni surveillant, ni gouverneur, elle prépare sa nourriture en été, elle amasse de quoi manger pendant la moisson. » (Proverbes 6 v.6 à 8)
Le souvenir de cette observation enrichissante m’amène à un petit récit allégorique :
Une fourmi essaie de transporter une graine plus volumineuse qu’elle et surtout trop lourde. La pauvre bestiole tente par tous les moyens de déplacer la graine, essayant de la tirer, de la pousser... Voyant ses vains efforts, une autre fourmi accourt pour l’aider. La graine bouge légèrement mais ne se déplace pas. C’est alors
qu’une autre fourmi arrive à la rescousse, puis une autre, et encore une autre, mais elles ne peuvent déplacer cet objet trop pesant pour elles. J’ai de la peine pour ces pauvres petites bêtes et je voudrais les aider, mais comment faire ?
Il me serait facile de prendre la graine entre le pouce et l’index et de la déplacer jusqu’à la fourmilière. Mais il suffirait que j’approche la main pour que toutes les fourmis, prises de panique, fuient dans toutes les directions et ne reviennent plus ! La seule solution serait de me transformer en fourmi tout en gardant ma force humaine. Ainsi, je pourrais leur porter secours sans les effrayer.
Qui voudrait venir en aide aux fourmis au point de s’abaisser en devenant comme elles, une petite bestiole insignifiante pouvant être écrasée par le pied de n’importe quel passant ?
Nous sommes comme ces fourmis, ne pouvant nous approcher du Dieu saint à cause du pesant fardeau de nos péchés qui nous séparent de lui. Il nous est impossible de nous en débarrasser nous-mêmes, ni par nos propres efforts, ni avec l’aide de nos semblables.
Quelqu’un s’est abaissé par amour pour nous : Le tout puissant Créateur, celui par qui et pour qui tout a été créé, qui est avant toutes choses et par qui subsistent toutes choses (Colossiens 1 v.16-17) s’est fait homme pour venir parmi nous. Ne pensons pas que l’humanité de Jésus ne lui a rien coûté, car il était Dieu de toute éternité. Devenir homme l’a contraint à quitter sa position suprême pour une condition infiniment inférieure. Cet abaissement du Seigneur Jésus est-il comparable à celui que connaîtrait un homme à qui on imposerait de devenir une fourmi ? La distance infranchissable qui nous sépare d’une fourmi n'est rien, comparée à celle qui sépare l'homme, une créature, de Dieu son Créateur !
Dans le récit allégorique, je disais que je ne pourrais venir en aide aux fourmis que si, étant fourmi moi-même, je gardais ma force humaine pour pouvoir porter leur fardeau. Étant homme, Jésus n’a jamais cessé d’être Dieu. Il fut le seul être parfait que la terre ait porté et, n’ayant jamais connu le péché, « il a lui-même porté nos péchés en son corps sur le bois afin que, étant morts aux péchés, nous vivions pour la justice » (1 Pierre 2 v.24)
« Incontestablement, le mystère de la piété est grand : Dieu a été manifesté en chair... »
(1 Timothée 3 v.16)
« Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu. [...] Tout fut fait par elle ; et sans elle, pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait. [...] Et la Parole devint chair et habita au milieu de nous (et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme d'un Fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité. » (Jean 1 v.1, 3 & 14)
« Le Christ Jésus, existant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, mais s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave, étant devenu à la ressemblance des hommes ; et, trouvé quant à son aspect comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé... » (Philippiens 2 v.6 à 9)
**************************
Le ciel a visité la terre :
Emmanuel vient jusqu’à nous.
Dieu se fait homme : ô saint mystère !
Que son peuple adore à genoux !
Amour impossible à comprendre,
Le Fils de Dieu, le Créateur,
Vers nous, pécheurs, voulut descendre
Sous les traits du vrai Serviteur.
Ce grand amour qui s’humilie,
Plus bas encore est descendu :
Le Fils de l’homme offre sa vie
Et meurt pour un monde perdu !
Quel encens rare et sans mélange
T’offriraient les tiens en retour ?
Le parfum de notre louange
N’est-il pas, Jésus, ton amour ?
Le ciel a visité la terre :
Emmanuel vient jusqu’à nous.
Dieu se fait homme : ô saint mystère !
Que son peuple adore à genoux !
http://www.la-verite-sure.fr/page2.html
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Nos conseils pour prévenir et soigner l'acné
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80% des femmes et des hommes du monde entier souffrent d’acné au moins une fois dans leur vie. Dont 20% de formes modérées à sévères. Souvent présente à l’adolescence, elle subsiste parfois à l’âge adulte et est la maladie de la peau la plus courante. Source de mal-être chez les personnes atteintes, elle peut dans certains cas causer une éviction sociale. Mais comment prévenir l’acné ? Et quels sont les gestes à adopter pour soigner l’acné quand celui-ci se déclare ?  
  Prévenir l’acné en ayant une bonne hygiène de vie
  L’acné apparaît quand les glandes sébacées du visage produisent un excédent de sébum, rendant la peau grasse. Cela survient notamment durant la puberté, par conséquence de l’action des hormones sexuelles, mais pas seulement. L’acné peut ainsi apparaître lors de la grossesse ou avec certains traitements médicamenteux, par exemple.Mais tout le monde n’est pas égal face à l’acné. Quand certains n’auront jamais d’acné de leur vie, d’autres pourront voir leur visage être ravagé par les boutons. L’acné se décompose en outre en divers sous-types. Il n’y a pas de certitudes quant aux causes premières qui favorisent l’acné mais un facteur génétique a toutefois été avancé. De même, le stress et une mauvaise hygiène de vie, ainsi que l’emploi de certains produits peuvent favoriser l’apparition de l’acné.  Pour prévenir l’acné il convient donc de respecter certaines règles d’hygiène comme : -Éviter les savons dégraissant qui favorisent la sécrétion de sébum. -Manger sainement en évitant les aliments trop gras ou trop transformés. -Faire attention aux maquillages. Certains d’entre eux favorisent les boutons et points noir.
  Soigner l’acné : des gestes à éviter
  Si vous êtes d’ores et déjà atteint d’acné, il est important d’éviter certains gestes ou certaines habitudes afin d’éviter une aggravation. En plus des conseils que nous avons cités ci-dessus, il est très important de ne pas toucher ses boutons pour éviter une surinfection qui pourrait laisser des cicatrices. Il est également déconseillé d’utiliser trop souvent des antiseptiques qui peuvent développer des bactéries pathogènes, voire, dans certains cas, un eczéma.   Une idée reçue est que l’exposition au soleil aide à faire disparaître les boutons. Cela est certes vrai à court terme mais les boutons reviennent dès l’arrêt de l’exposition. Cette exposition peut en outre provoquer des complications si vous prenez des traitements anti-acnéique. Et d’une manière générale, il n’est jamais bon de s’exposer trop intensivement au soleil. À éviter donc.    Un certain nombre d’anti-acnéiques peuvent aider à soigner l’acné. Chez la femme, il est notamment démontré que certaines pilules contraceptives aident à soigner l’acné. Le Roaccutane est souvent utilisé pour les formes sévères, mais attention aux effets secondaires. D’une manière générale, cela dépend de tout un chacun et du type de l’acné. L’erreur à ne pas commettre est de prendre le même traitement qu’un(e) ami(e) sans consultation préalable.   
La luminothérapie et le peeling pour soigner l’acné et ses cicatrices 
La luminothérapie est indiquée pour le traitement de l’acné. Elle est efficace notamment en cas d’acné active et très inflammatoire de type rétentionnelle. Elle diminue les rougeurs et limite l’expansion de l’acné. La lumière rouge permet en outre de stimuler les cellules et ainsi d'aider à traiter les cicatrices, pour peu qu’elles ne soient pas trop marquées.Le peeling permet de diminuer la production de sébum, et donc, de limiter l’apparition de nouveaux boutons. Le peeling traite également les cicatrices laissées par les boutons d’acné, et peut être nécessaire pour réparer les cicatrices les plus profondes, au même titre que le micro-needling et le Pixel-Peel.    Le traitement adéquat différera selon la personne, sa peau, le type de son acné et sa gravité. Pour plus d’informations sur les services que nous pouvons vous proposer pour soigner l’acné à Bordeaux, nous vous invitons à consulter notre page dédiée. Et si vous désirez prendre contact afin que nous puissions vous guider vers un traitement adapté, n’hésitez pas à nous joindre.   Read the full article
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cquadavre-debil · 5 years
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CHAPITRE VI
II
           Ce printemps-là, Eugène Girard, pressé de voir s’activer la pelle mécanique dans l’auberge qu’il n’avait achetée que pour le terrain, avait engagé des hommes afin qu’ils arrachassent les portes des locataires qui refusaient de payer leurs trois derniers mois de loyer – gratuits selon la Régie. L’immeuble se transformait en squat à mesure qu’il se vidait de ses occupants. Malgré de fréquentes coupures d’eau et d’électricité, la fermeture de la chaudière à eau chaude et les murs abattus à coups de masse dès le lever du jour, une poignée de résistants s’accrochaient au bâtiment d’où l’on essayait de les déloger. Le Doc et Nicolas avaient alerté Le Quotidien et Radio-Canada. Ils nous souhaitèrent la bienvenue dans ce qui ne serait bientôt plus qu’une ruine en nous montrant cet article :
 DES CHAMBREURS GAGNE [sic]
LEUR GUERRE
Publié le 31 mars 2012
Douze locataires d’une maison de chambres du centre-ville de Chicoutimi ont réussi à s’entendre avec leur propriétaire pour retarder leur expulsion, qui devait avoir lieu mardi matin.
Les 12 locataires de la maison de chambres de la rue Jacques-Cartier, du centre-ville de Chicoutimi, à Saguenay, qui tentaient d’empêcher leur expulsion mardi matin se sont entendus verbalement lundi après-midi avec leur propriétaire.
Ils ont maintenant jusqu’au 17 avril pour quitter leur chambre. Dès le lendemain, le propriétaire a l’intention de faire dynamiter l’édifice.
Le groupe communautaire Logem’entraide a soutenu les chambreurs tout au long de leur démarche pour éviter l’expulsion. L’aide juridique avait entre autres été mise à contribution pour obtenir une injonction.
Les locataires voulaient d’abord demeurer sur place jusqu’au 30 avril, puisque le premier avis qu’on leur avait envoyé indiquait cette date. Une deuxième lettre leur avait ensuite annoncé qu’ils devaient quitter les lieux le 1er avril.
Le propriétaire a déjà démoli la maison Lévesque, une résidence historique érigée au début des années 1920 sur la rue Racine, qui était située à côté de la maison de chambres que l’on veut maintenant démolir. Il prévoit construire à la place un complexe d’habitation de 20 millions de dollars. L’édifice de 21 étages devrait abriter 300 logements luxueux destinés à des personnes retraitées autonomes.
             Les couteaux rougissaient sur le poêle de la cuisine où discutaient le moustachu à coupe Longueuil et le rappeur à casquette des Expos.
           « Le criss de rapace ! Il nous traite comme des rats !
           – J’ai signé un bail, mais mon appart est réservé pour le 1er mai… Où est-ce que je vais dormir, en attendant ? Je vais quand même pas aller au 21… C’est une piquerie ! La police est toujours rendue là-bas… Il y a une fille qui se prostitue avec sa mère… Il y a déjà eu un meurtre… Ça a brûlé trois fois…
           – Même le feu en veut pas ! ajouta le cyclope.
           – Il reste la Maison d’accueil des sans-abri… »
           Pierre apparut en pantoufles de laine et pyjama de flanelle à six heures du soir.
           « Vous êtes là ! Il me semblait bien que j’avais entendu ton rire, Simon, mais j’étais pas sûr… Qu’est-ce que vous faites ici ?
           – On s’est occupé de tes amis en attendant que tu reviennes ! lança le Doc.
           – On t’a appelé avant de venir, précisai-je, mais la ligne était morte…
           – Bell nous a débranchés !                      
           – On pourrait aller au dépanneur pendant que tu manges.
           – Pourquoi pas ! »
           Il soupa tandis que nous allions chercher deux caisses de Bolduc chez Madame Gagnon. À notre retour, il nous ouvrit la porte de la maison en avalant les dernières bouchées de son spaghetti, toujours en chemise de nuit bleu marine à pois blancs. Je sondai l’abîme du couloir au fond duquel luisait la rouge enseigne de la sortie en me disant que je voyais probablement tout cela pour la dernière fois. À gauche, deux portes disparues. À leur place, deux trous rectangulaires : celui de la chambre qui donnait sur la rue, recouvert d’un drap cloué sur son encadrure en guise de rideau ; l’autre ouvert sur une pièce aussi sombre que vacante. À droite, une porte close. Le bas de l’escalier se perdait dans les murs avec ses rampes de bois fioriturées de bas-reliefs. Nous montâmes au palier central, où la pénombre s’approfondissait en hauteur dans un entre-deux au plafond cathédrale dépourvu de lustre, et tournâmes à gauche afin de rejoindre l’étage où se trouvait la chambre de Pierre. Je remarquai au passage, sans bien les discerner, des graffitis sur les surfaces auparavant intactes et beiges.
           Dans la mansarde où vivait notre ami, le lavabo débordait de vaisselle encrassée ; les assiettes et les ustensiles s’éparpillaient dans la pièce au milieu des feuilles lignées où s’étalaient des mots allemands écrits au stylo d’une main hiéroglyphique. Les murs étaient noircis de phrases au crayon-feutre noir que je n’arrivais pas à déchiffrer puisqu’elles relevaient d’une langue étrangère. Un nom, cependant, revenait de façon récurrente : NATACHA. Sur le sol, près du matelas servant de lit au fébrile admirateur de Nietzsche, s’érigeait une pile de livres accompagnée d’un cartable et d’un dictionnaire bilingue. Notre hôte aménagea un espace où s’asseoir sur le plancher en balayant du pied quelques pages témoignant de son activité, puis s’assit en tailleur là où, depuis plus de soixante-douze heures, il s’étendait non pour dormir, mais pour achever son œuvre.
           Ramassant une feuille parmi ses paperasses, je tombai sur un texte en énormes cursives qui parlait de Marie-Stella et des carrés rouges de 2005.
           « Comment ça va, au boulot ? l’interrogea Simon.
           – Pierre qui roule n’amasse pas mousse… En n’arrêtant jamais, tu es Pierre et, sur cette pierre, Sisyphe ne bâtira pas son église… Je meuble le temps avec de l’argent…. Les boîtes ont des étiquettes, mais ils ont pas encore réussi à me cataloguer… Ils me suspectent d’avoir compris leur manège : les montagnes russes, la grande roue… La roulette russe ! Je me laisserai pas avoir ; je suis ! Leur but est clair comme un filet de hockey… Je file entre les mailles… Le gardien est K.O., le pêcheur est O.K., je me libère de l’hameçon avec un hoquet… »
           On me saura gré de ne transcrire que ce léger aperçu des apophtegmes dont nous fûmes affligés. La perception que Pierre avait de la réalité se fractionnait comme un miroir en d’étranges distorsions réfractives. Il décortiquait chaque expression en jeux de mots, imaginait des liens de causalité où il n’y en avait aucun, accordait une valeur symbolique à tout, élevait n’importe quelle banalité au rang de message, croyait en la toute-puissance de son délire (ses patrons savaient qu’il était un agent double, Natacha lisait dans ses pensées…), avait perdu ses repères au point de confondre le jour et la nuit, voyait dans le démantèlement de son milieu de vie sa propre destruction, une métaphore de son écroulement psychique… Il lui fallut vider quelques bouteilles pour que sa propension aux calembours se dissolve dans un sain abrutissement qui modéra l’enthousiasme de son esprit malade… Le tarissement de ses divagations finit par lui permettre de tenir des propos moins décousus grâce auxquels nous pûmes reconstituer la chronologie des événements qui jalonnèrent les derniers mois de la relation qui l’avait laissé dans un si piteux état.
           C’est ainsi que je pus compléter l’autopsie de son couple.
           Nous venions d’ouvrir la seconde caisse de bières quand un épouvantable vacarme nous précipita dehors pour nous enquérir de ce qui se passait à l’étage d’en face, séparé du nôtre par le vaste espace du palier en contrebas. À cette heure, ce ne pouvait être les ouvriers d’Eugène… De l’autre côté de la maison, un toxicomane frappait la balustrade de la mezzanine à grands coups de hache. Des copeaux de bois revolaient en dessous. Accoutré d’une invraisemblable perruque arc-en-ciel, le punk avait le tour des yeux, le bout du nez et les lèvres maquillés de noir. L’été précédent, la police l’avait intercepté après qu’il se fut juché sur une poutre en haut du pont vert. On le croisait parfois au centre-ville, déguisé en clown pour quêter en jouant de la guitare.
           Nicolas survint pour s’occuper du problème. Montant les marches quatre à quatre, nullement impressionné par le tomahawk du fauteur de troubles, il l’attrapa par le collet, le poussa contre le mur et le houspilla en ces termes :
           « Toi, mon hostie de deux de pique, tu vas te calmer ! J’aurais dû te laisser crever de faim au lieu de te prêter de l’argent… T’es bien chanceux qu’on t’ait accepté ici. Même si le loyer est gratuit, je peux te mettre dehors n’importe quand. Donne-moi ça et prends ton trou. Je le dirai pas deux fois. »
           Le balafré confisqua la hache du bouffon qui alla se terrer dans son coin. Nicolas nous sourit d’un air amusé et descendit vers sa chambre. Avant de retourner dans le fouillis de Pierre, je découvris, partout sur les murs de la pièce adjacente dont la porte avait été arrachée, d’autres inscriptions. J’allumai l’ampoule du plafond de la chambre vide, où avait habité le schizophrène : parmi les signes kabbalistiques et les mots griffonnés au crayon-feutre rouge, dont plusieurs attaquaient Eugène Girard Junior sous forme de blasphèmes et de malédictions, je reconnus le prénom de celle qui obsédait tant notre ami qu’il en était devenu fou.
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26-9-2017 AMIS INTERNAUTES
LA VILE, POUR TOUS LES JEUNES, A TOUJOURS ETAIT UN POLE D'ATTRACTION, ET ENCORE PLUS, DEPUIS LA REVOLUTION DIGITALE, mais par ce fait, elle commence toutes a plus ou moins se ressembler, avec certaines architectures qui reviennent
Les Photos Sont Notre Mémoire Des Événements, Et Des Faits Oubliés,   Ce Sont Un Lien à notre Passé, Et à Nos Traditions, Autrefois La Peinture Était Le Révélateur, Des  Personnes, Et De La Nature. Aujourd'hui La Photo, Nouvel Art Dans L'apologie Des Musées, Est Le Témoin Vivant De Notre Siècle. Qui Ne Se Rappelle pas  de La Couverture Photographique de la Jeune Vietnamienne Brulée Au Napalm? Le 21 Eme Siècle,  sera le siècle De L'instant, Photographique, Ou Télévisuel. Nous Sommes, Dans Le Monde De La Vitesse, Et Du Perpétuel Changement, De La Communication Virtuel. C’est dans ce contexte que j’ai créé un monde différent, imaginatif, abstrait, et féérique, ou l’imagination reprends la place si importante qu’elle occupe chez l’humain. Cet Art se nomme la photo-peinture une extension numérique de l’art photographique classique Ce Monde-là, l'homme se l'est Créé, Et Il Ne Le Maîtrise Pas. Chaque création de l’homme, le fait aller plus vite, et plus loin, Sans réfléchir, croyant aller vers une source de bien être, Qui souvent s’avère négatif pour lui . Le digital est un piège à 2 vitesses, le premier est le fait de croire que l’on peut tout maîtriser, Le deuxième, c’est l’addiction en sacrifiant même sa santé, Alors? Dans ce contexte sans barrière et semblant illimité, l’internet, et le smartphone, vont bientôt être le premier cadeau, qu’on offrira au bébé, méfions nous, de ne pas saborder l’humanité. You Tube, Est Devenu La 1ere Source D'informations, En Matière De Vidéo. La Force, Et La Puissance, De L'image, Conditionne Nos Esprits, A L'homme, Dans Faire Bon Usage? THOMAS André & Martine ANCIAUX
©CINEMA PALME D'OR & Oscar POEME THOMAS ANDRE©
La diversité de rôles dans les acteurs de cinéma, Leurs  multiplicités d’adaptations suivant le film, Devraient nous faire réfléchir en l’être, ailleurs que dans une salle de cinéma, Car comment peut–il être possible qu’un acteur, puisse être différent dans chaque film?
Comme le caméléon s’adapte à chaque situation, Pourquoi les hommes et femmes ne sont-ils pas capables de se prémunir contre l’autodestruction, Cette année, nous avons eus des films nous obligeant à nous poser des questions,
Tel Lincoln, Intouchables, où la volonté et le regard de l’autre peuvent changer l’opinion. Ce n’est pas que dans les films, que cela se peut, il faut trouver cette capacité. Nous, français sommes les rois de la dérision, de l’humour, et de la critique.
Et il a fallu un horrible drame, pour que la France soit unie, et civique, Reconnaissant d’un coup, l’utilité des forces de l’ordre, et de notre devise Liberté Egalite Fraternité, Prenant à nos yeux une évidence, que nous connaissions au fond de nous, Mais que souvent nous n’y prenions pas garde, cela est typiquement nous.
Alors nous qui parfois raillons les acteurs ne serions nous pas inspirés De leurs demander conseil, et de voir si il existe un moyen de s’en inspirer. Je ne peux dans cet hommage aux actrices et aux acteurs, Leur dire qu’un grand merci, et un coup de chapeau, à leurs prises de paroles, cela nous a touchés, Pour leurs soutiens, leurs compassions contre nos attentats en France, et nos morts tombés, Pour la liberté de la presse, de penser, d’écrire, de dessiner, comme dans les films de ces fabuleux acteurs. Non, et nous le savons, vous n’êtes pas que des peoples, Mais des humains, au ressenti profond, et dont la vie, n’est pas faite que de pellicule, Mais d’événements de la vie de tous les jours, et qui souvent s’articulent, Avec la mise en avant pour de la promotion de vos spectacles, et là, nous ne voyons que les peoples. L'adaptation c'est le phénomène que l'on ressent, lorsque l'on visite les pays étrangers, il est à nous, de faire l'effort, d'observer leurs lois, leurs coutumes, et la façon, dont il faut vivre pour éviter de les froisser. THOMAS André
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apresleneant-blog · 7 years
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C'était une journée comme les autres. Je ne connaissais pas le doute, et mes rêves avaient des démarches assurées, des certitudes malsaines qui transforment le monde en une simplicité jouissive et pleine. J'aimais saisir et ressentir les joies artificielles sans me poser de question. S'il faut vivre, soyons heureux : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »
J'avais donc esquissé, d'un trait facile et candide, une destinée. Le tableau factice mais constamment renforcé par mes expériences d'une revanche à prendre sur une enfance chaotique.
Tout cela serait d'une simplicité confondante. Je prendrais, chaque jour, les batailles une par une. « Les sceptiques seront confondus ».
Chaque nouveau territoire avait une saveur formidable, une couleur transcendante, les mots un sens de toute éternité, une résonance qui vient des plus profonds terrain de ma courte existence. Je trouvais en eux le reflet de mes pensées de toujours. Moi, l'enfant de rien, je découvrais que j'avais depuis longtemps des réflexions dont j'ignorais l'éternité et parfois, la pertinence. C'était chaque jour la consécration de ce que je ne croyais être que dans mes espoirs les plus anciens mais dont je pensais que ne serais jamais qu’un ersatz. Je me prenais à croire que je pouvais réaliser bien plus que de simples chansons de seize mesures que l’on rappe à quinze ans. J’avais peut-être du talent, peut-être un don pour quelque chose. Et l’écologie d’une famille et d’un microcosme m’apporterait des apparences de confirmation que j’embrasserais à pleine dent, même s’il fallait alors voir quelques unes se briser dans cette entreprise aux allures fanatiques. Chaque jour, le transformation des songes d'une enfance devenant le réel d'un jeune homme, chaque jour des constructions nouvelles et des récompenses réitérant les raisons de croire. Avec toute l’ingénuité que cela implique. Baigné dans la ferveur de ce vieux monde sublimé dans le nouveau, je n'avais qu'à mettre un pied devant l'autre dans le plus simple chemin qu’il est possible d’imaginer. Je ne connaissais pas la musique, et en la découvrant je me rêvais déjà mélomane. Je ne connaissais pas le cinéma, pourtant, parlant de lui je me voulais déjà l'amant de ces plans séquences époustouflants dont j'apprenais à parler sans même les connaître. Ils étaient bluffés, j'étais heureux de penser que je pouvais être celui que je voulais, en projetant, tel un kaléidoscope, des images fluctuantes néanmoins enchanteresses.
La photographie de mes ressentiments étaient ancrée en moi, enfouie sous des décombres, c'était un moteur terrible, formidable. Sa puissance n'avait d'égal que ma rancœur. Je l'avais sublimé. Il suffisait que je commence à écrire, que je commence à lire, pour que l'on me félicite. J'ai rejeté dès lors tout ce qui avait auparavant fait de ma vie une absence de conscience de cette existence grandiloquente que je séduisais et qui me séduisait. J’avais pour moi un amour formidable. À l'époque, je n'avais même pas conscience que cet ego était une force. Je viendrais plus tard à penser qu'il fallait se débarrasser de lui pour accéder à des paliers supérieurs. Dans les escaliers, glissant, ayant rejeté ce qui faisait ma force, je me suis retrouvé nu et empêché de marcher. Nous en reparlerons.
J'ai parcouru deux ans d'une vie sans la moindre question. Sans troubles, sans nuisances. Tout n'était que le défilé bien ordonné d'un schéma qui devait se réaliser et qui avait effectivement lieu. J'étais un élève moyen. Je devenais un étudiant apte à réussir, quelquefois avec succès, quand il s'en donne les moyens, le tout dans une classe préparatoire aux grandes écoles. J’ignorais tout de ces classes. Seulement, en les découvrant, on m’en vantait les mérites et la valeur, je devenais une nouvelle transcription de moi-même, et ma confiance gonflait. Quand j’y repense aujourd’hui, c’était une force que je n’aurai pas du refouler si violemment. Des domaines me passionnaient : à force de travail je finissais pas les dompter, ils finissaient par me céder. Je ne me posais pas la question du temps, j'avais pour moi cette confiance qui n'a rien d'absurde et que j'écris pour la chercher à nouveau. « Pour le génie, il suffit d'y croire ».
Je n'avais pas vraiment connu l'échec. Jusqu'ici, j'avais pour moi la force d'être un arriviste qui fait bonne chute. La douleur, je l'avais vaincu. Les quolibets, les moqueries, je les avais tordus, car aussi solide que soit le moins ductile des métaux, on peut toujours le faire plier par la force de la volonté. J’avais oublié cette réalité des faits. C'était pourtant alors ce que m'avait prouvé mon expérience. Depuis ma vie s'est disloqué, et c'est ici que vient l’ouvrage de mettre sur le papier la nécessaire tâche de reconstruire mes souvenirs, mon parcours et de comprendre comment ce jeune adolescent est devenu ce jeune homme dont l'espoir est brisé et qui n'a plus de convictions, de croyances de capacité à redémarrer dans l’échec. Même l'absurde me semble d'une platitude extrême. Je repense à Camus. Je n'ai pas d'espoir, je ne crois pas non plus être désespéré. J'ai conscience du peu de sens de l'enchaînement des événements, de leur injustice profonde, de l’iniquité de ce monde. Pourtant, j'ai cessé de combattre, quand, petit à petit, j'ai commencé à prendre conscience de certaines de mes failles. Elle m’apparurent terrifiantes, et je me trouvais digne de peu d’intérêt à force de chuter. J'ai perdu des batailles. De mes errances, j'ai fais des fixations. Elles sont devenus des raisons d'avoir honte de la totalité de mes réussites. Dans la nuit, vers cette vie que je construisais et que j'essaye de rebâtir aujourd'hui sur ces fondements nouveaux, j’ai perdu toute confiance et j’ai bien du mal à être fier de mes gloires passées. Pourtant, ce n’est pas de trop que de dire : j’ai réussis de belles conquêtes. Et le dire aujourd’hui, dans un temps où je suis tant dévalorisé, à une valeur primale. L'odeur des corps me manquent, la tendresse d'une âme attentive plus que tout le reste. Mais quand on ne s'aime plus soi-même, on ne peut rien obtenir de l'amour d'autrui. Je dois retenir cette petite sentence : “Chacun de nous est plus important que ce que nous sommes ensemble.”
Il n'existe pas de problème pour celui qui croit en toutes les solutions, au chant de la victoire qui se dresse et se débat dans une danse espiègle. Cette transcendance a disparu et je suis de retour dans des tourbillons de poussières vagues et anciens.
Toutes ces découvertes étaient le sel de ma vie. J'avais trouvé une place où combler par des projections chacun des espaces du surmoi. Le puzzle était complet. Je pouvais sentir, comme le vent qui souffle en déplaçant les feuilles et se manifeste à vous comme une présence étrangère et indistincte, un sens. Pas de montagnes qui ne résistent à mes désirs. Ce n'était pas pour autant que je n'avais pas souffert, mais j'avais construit une image fallacieuse, facétieuse, mais parfaite où m'étendre et fermer les yeux sans penser. Je ne souffrais pas, rien ne m'atteignait vraiment que ne puisse prendre de haut et me dire : ils avaient tord auparavant, ils auront tord demain.
Parlons des époques qui ont suivis. Elles sont peuplées de plusieurs appartements.
Une chambre d'internat, une collocation étrange, le petit studio d'un ami qui m'a aimé et que j'ai aimé, mais dans le feu d'une bizarre réciprocité. Il m'a nourri et je l'ai nourri, puis nous nous sommes jetés. Je n'en ai pas trop souffert, j'avais d'autres déluges dans ma besace et celui-ci n'était pas bien grand.
Un changement soudain m'a frappé. Le destin. Mon poumon est tombé. Mon cœur s'est serré. J'ai reçu beaucoup de compassion. Des cadeaux un peu fou. J'ai eu peur de mourir. Et puis finalement, quelques jours après avoir connu une chambre d’hôpital ou je me sentais le centre des attentions, je me suis fourvoyé. Mon image et le rêve lisse de mon existence devaient en prendre un coup. C'était le début, pour moi, d'une chute longue et sans retour jusqu'à aujourd'hui. J’allais devenir rachitique. Malingre, je serais pour les autres l'ombre de moi-même. J'étais pâle et blessé, j'avais auparavant pour moi une liberté que j'aimais assumer sans peur et sans contrainte. On me l'a reproché, de manière lâche, certains s'en sont servis pour l’investir de leur ressentiment propre (après tout, le temps prend la forme d'un jeu où les événements sont un éternel recommencement).
J'ai donc connu mon premier échec. Pour des raisons que je trouvais profondément injuste (qu’importe le recul, l’important n’est pas de juger de la véracité ou non de cette “injustice”, c’est à l’état de fait que cela m’intéresse), on m'a refusé le droit de recommencer une troisième année dans cette petite prépa de province. C'était une blessure profonde. Vous le savez tous : il y à des avantages à se remettre en question : on ne peut avancer que lorsqu'on remet ses certitudes sur le plan de travail. Il faut se disséquer sans relâche. C'est une première certitude qui apporte un peu de réconfort. Mais quand on perd tout amour de soi-même, on n'a plus rien à remettre en question, car tout est démis. Les cartes sont au sol, foulées, embouées.
J'habitais un petit studio, une cuisine dont j'oublie jour après jour la douceur et les contours, deux pièces qui me reviennent comme des instantanés inaltérables, une salle de bain tout ce qu'il y à de plus simple et de plus fonctionnelle.
Avec elle, j'avais la sensation d'une complétude. Les années passent, et je sais bien que je trouvais plus de flatterie dans les hâbleries de son paternel et ses fausses apparences de littérateur, dans son rôle malsain de père de substitution, que dans ma relation avec elle. Je tairais son nom, par respect pour l'amour terrifiant et profond que j'ai eu pour elle, des mois encore après qu'elle m'est rendu au monde brisé, trompé, trahis.
Les paradis artificiels qui peuplaient mes jours de manière relativement simple sont devenus omniprésents. J'ai plongé dans une drogue bien plus brutale, faites d’effluves flottantes et d’une distorsion cognitive, d’euphorie mensongère et de confiance restaurée, là aussi, dans le mensonge. Tout cela sans avoir la moindre conscience ce que je faisais, des risques que je prenais. Ces petits cachets, en seulement deux maigres semaines, ont changé ma vie à tout jamais. Ils m'ont ensuite habité pendant un peu plus de trois années, j’étais déjà à leur merci en ce laps de temps si court. Aujourd’hui, cela n’aurait pas pu arriver, les pharmacies n’en délivre plus. 
Maintenant qu'ils sont derrière moi, je peux contempler le mal qu'ils ont causé. Le petit rêve que j'avais nourri était brisé. Deux années de perdu, pour un homme qui veut se croire capable de renverser tous les déterminismes et prouver son intelligence, c'était un mal terrible dont je n'arriverai à me remettre que des années plus tard. Des démons que j’affronte encore, mais cette fois avec des mots. Il s’agit de les mettre derrière moi.
J'ai reçu beaucoup d'amour dans mon enfance. Et beaucoup de violence. Je crois que la plupart ne se rendent pas compte quand j’essaye de le raconter. J'avais souvent cette habitude, enfant, de demander aux autres de quelle manière ils étaient punis. C'était rapidement devenu une obsession, tous n'avaient pas reçu le quart de mes châtiments et pourtant tous ne recevraient pas le quart du soutien que j'aurai par la suite. La violence que l’on m’a infligé, qu’ils m’ont infligé, ils me l'ont rendu par un amour et un soutien inconditionnel. C'est à regret que je dois dire que ces deux cercles sont vicieux et se croisent, comme des ceintures qui se bouclent et se resserrent constamment sur ma vie. Parce qu’ils m’avaient battus, ils se montreraient trop permissifs. 
Malheureusement, ma sexualité en a été marqué, et je souffre aujourd'hui d'une culpabilité terrible que je n'arrive pas a guérir. Il faut souligner, cependant, que je ne cherche pas vraiment à le faire, puisque je n'en parle pas. A peine suis-je en train de l'écrire, pourrions-nous dire de le « conscientiser », de l'accepter vraiment pour la première fois. Cette nuit je ne trouve pas le sommeil, et il devient capital, saisit par une fureur, d'écrire pour recomposer.
« Tu ne devrais pas faire ça. Pourquoi tu te fais du mal comme ça ? Toujours ces dépenses excessives. Crois-tu que nous pourrons toujours te subvenir ? Nous ne sommes que des ouvriers, ta mère touche une pension ! »
C’est d’une affreuse banalité. Mais, cette culpabilité, eux aussi ils la traîne. De ne m'avoir pas compris. De ne m'avoir pas tout dit. J'ai découvert à l'âge de 23 ans que la question de mes origines étaient beaucoup plus complexe que je n'en avais conscience. “Tu es un miracle de la science”. Ils disent tous que je le savais inconsciemment, mais pour ce que j'accorde de place à l'inconscient ! Je ne sais pas son étendu moi, ni son influence, sa nature réelle. Il est vague, incertain, flou. Rien de plus mal défini, c'est une notion bien jeune. Mais elle est révolutionnaire. Je me refuse à la cantonner aux interprétations freudiennes, tout cela me semble malgré tout bien étriqué. Je me refuse tout autant à jeter en bloc les examens du brillant analyste de Vienne, tout aussi torturé, inscrit dans son habitus, méprisable qu'il puisse être. Le jugement est facile, l'acte est difficile.
Il faut assumer, comme nous devons tous le faire, nos erreurs. Je disais plus haut que les leurs les ont poussé à en commettre de nouvelles en étant trop permissifs et en fermant les yeux sur mes errements. L'un pour protéger l'autre, et l'autre par un aveuglement qui n'a rien de coupable. Ce n'est pas vraiment la question.
Si j'avais pu deviner une seule seconde qu'il suffisait de se mettre à écrire pour donner un sens à tout cela, je l'aurai fait bien plus tôt.
Revenons pour l'instant à ce studio, celui dont la cuisine et la chambre me semblent encore si familier. J'y ai vécu certaines de mes heures les plus heureuses. J'ai alternativement aimé et méprisé ceux qui m'aimaient et qui en retour me mépriseraient. Tout cela n'a pas duré et il semble aujourd'hui qui rien n'échappe à la logique implacable qui m'a conduit à avoir auprès de moi ces personnes qui me causaient déjà le plus grand trouble et me torturaient des plus intimes questionnements. Je ne peux pas me résoudre à dire leur nom, je pense qu’ils ne pourraient que se reconnaître s’ils lisaient ces lignes. 
Et quand j'y repense, je me dis qu'il est facile de jeter tout le poids de ce fardeau sur mes propres épaules. À y bien regarder, je subissais l'influence d'une jeune adolescente qui avait elle aussi un grand talent pour le mépris. Elle savait mieux le cacher que moi. Mais nous ne nous étions pas trouvé pour rien. Aujourd'hui, je regrette, mais avec le cœur léger, d'avoir pu entretenir de telles pensées envers des gens qui méritent tant d'amour. Elle a perdu nombre d'entre-eux. Si je peux m’enorgueillir d'une chose, c'est que ce n'est pas mon cas. Cette pensée n’est pas bien noble, mais elle vaut ce qu’elle vaut, et je prends ce que j’ai à prendre dans ce contexte un peu trop sombre.
Donc, ce studio. De la chambre à la salle de bain, j'ai pleuré de nombreuses fois. J'avais à l'époque les larmes faciles, les émotions elles aussi étaient bien rangées, bien à leur place. Aujourd'hui, j'aimerai pleurer pour vider mon esprit de ces pensées trop lourdes. Finalement, j'ai pris la voie de la plume. Il est fou de penser qu'il s'exerçait simplement des résistances. On se trouve toujours des excuses.
« Vous savez, je n'ai pas le temps ».
Tiens, tu te parles à toi-même. C'est signe de quelqu'un dont le pensée est vivante. Aujourd'hui, quand tu te parles, tu n'as plus grand chose de réjouissant à te dire. J'ai laissé pousser des contraintes diverses dans ma vie, qui ont rabougri petit à petit la liberté qui était la mienne auparavant. Je n'ai jamais su faire les choses a moitié. Et c'est à la recherche de cet équilibre que je suis en quête, comme c'est le lot de chacun dans cette vie absconse.
Dans le lit, je lui ai fait l'amour avec une férocité toujours renouvelée. Je me demande bien quel genre d'amour nous partagions. Indéniablement, c'était un amour fort et puissant, autant que malsain et ravageur. Il a finit par nous nous atteindre profondément, puis nous anéantir et finalement par nous séparer.
Elle m'a rendu ces souffrances, mais ce n'était pas une réponse. Il faut reprendre le rythme d'une vie normale, retrouver des odeurs familières, le calme qui était le mien autrefois.
Elle aimait les microcosmes, ou bien c'était moi. Le problème de la mémoire, c'est qu'elle n'est qu'une reconstruction. Je crois avoir une bonne mémoire de certains événements, cela je n'en doute pas. Mais je sais aussi que la sincérité n'existe pas dans l'écriture, et je ne peux faire qu'un acte d'apostasie envers les vieilles croyances. Il n'existe pas d'autobiographie. L'autofiction est un mot fourre-tout qui ne délivre pas grand chose de la complexité de l'écriture de soi, mais il convient toujours mieux puisqu'il admet au moins qu'écrire sur ses souvenirs, c'est écrire une tentative de reconstruction d'un passé qui nous échappe dans des contextes entremêlés de désirs de revoir sa vie selon des angles soigneusement sélectionnés. 
La honte devrait gagner un homme tel que moi. Tout ce que j'ai à écrire n'a rien de glorieux, et les regards que l'on jettera, ou que l'on ne jettera pas sur ces lignes sont à l'image des humains. Ils jugent. Quand on n'a un passé de toxicomane, que l'on a eu des comportements de domination patriarcaux qui aujourd'hui me font vomir, on ne peut pas être fier. Pour autant, il n'y a pas de bon ou de mauvais sujet. Il n'y a que des sujets.
Des événements ont eu pour moi des effets papillons qui ont ruiné mon plan d'existence. Je ne voulais tout simplement pas en faire le deuil. Mon pneumothorax, ma rupture, l'échec de mes années universitaires, ma tombée dans la drogue, le retour de flamme d'un engagement militant ont coup sur coup détruit toutes mes transcendances. Je ne crois - je ne croyais ? - plus en rien.
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. C'était longtemps une devise que j'appliquais à chaque instant de ma vie, car c'était la somme de mon expérience en tant qu’enfant et adolescent. Pour les antiques, je ne suis pas encore réellement hors de l’adolescence, mais qu’importe. Pour l'instant, je ne sais pas encore si l'épreuve que je traverse va me tuer ou me rendre plus fort.
La réponse viendra quand je serais sortie du tunnel ou je suis aujourd'hui ergotant et fragile. Je voudrais dire aujourd'hui : c'est terminé. Cela fait partie de mon passé. Je l'ai écrit. Dès lors, cela n'a plus rien à faire dans mes pensées. C'est un passé qui me constitue. L'important doit se dérouler, il n'est pas encore advenu. Je ne dois pas me poser de question.
« Profite de la vie, trouve des solutions, puisqu'il n'y à pas de problème. Fais les choses petit à petit comme tu as su le faire autrefois. Repart de zéro. N'y pense plus ».
Tiens, je recommence à me parler de manière positive. Finalement, l'écriture à au moins cette force intarissable de pouvoir vous guérir en moins d'une heure, là où des mois d'actes et de paroles n'ont eu aucun effet sur vous.
Advienne que pourra, je recommence à vivre.
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