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#pas de féminisme sans les lesbiennes
meloshbielka · 1 year
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Citation inspirante du jour
Endoctriné dès leur enfance à croire que la beauté est le spectre de la femme, leur esprit prend la forme de leur corps et, enfermé dans cette cage dorée, ne cherche qu'à décorer leur prison.
Mary Wollstonecraft, Défense des droits de la femme (1792)
Je ne suis pas une femme. Je ne suis pas perçu en tant que femme dans la société, et je ne désire pas l'être la plupart du temps. Pourtant je me sens toujours très concerné par le féminisme, et pas uniquement dans une perspective plus actuelle de lutte contre le patriarcat qui opprime également les personnes autres que des femmes. Non, parfois j'ai l'impression de me sentir concerné autant que peut l'être une femme. C'est à un niveau émotionnel, c'est profond. Quand je suis en colère c'est avec mes tripes, ce n'est pas juste de l'empathie pour autrui ou une révolte intellectuelle.
Si je suis tant touché par le féminisme, ce n'est pas juste parce que j'ai vécu socialement en tant que femme pendant 30 ans (et que j'ai des traumas liés à une dynamique de couple cishétéro dans lequel j'ai vécu à une place de femme), ce n'est pas juste parce que je suis profondément révolté par les inégalités de manière générale, comme peuvent l'être certains hommes aussi, même si ces raisons sont importantes et pèsent leur poids dans la balance.
Si je suis autant touché que peuvent l'être beaucoup de femmes (mais pas toutes...), c'est aussi parce que j'ai conscience de m'inscrire dans une histoire, d'être lié à une mémoire collective du groupe social des femmes, en particulier occidentales, encore plus qu'une mémoire collective des personnes queer. Je ne peux m'empêcher d'imaginer les différentes vies que j'aurais pu mener à des époques plus lointaines, et l'un des scénarios les plus plausibles est celui où j'aurais été toute ma vie considéré comme une femme, où j'aurais vécu en tant que femme, étant donné le peu de liberté laissée en termes de déviation de genre. J'aurais pu être ce qu'on appelle une personne trans aujourd'hui, c'est-à-dire sentir en privé que la féminité qu'on attend de moi ne me correspond pas, et la performer en public à contre-cœur, pour avoir la paix, j'aurais pu être une femme lesbienne dans le placard, c'est-à-dire avoir une façade hétéro en société mais dans l'intimité aimer et désirer des femmes en cachette. Mais je n'aurais eu que très peu de chance de vivre en tant qu'homme (encore plus personne non-binaire étant donné la binarité stricte de la société occidentale), c'est-à-dire de manière publique, car la transition sociale aurait été beaucoup plus compliquée, voire quasiment impossible.
Il y a donc un double mouvement qui s'opère en moi : d'un côté je m'éloigne de mon assignation d'un point de vue personnel, identitaire, et d'un autre côté je suis ramené historiquement, collectivement, à elle car à une époque plus lointaine, j'aurais subi tout ce que les personnes assignées femmes subissent dans la société sans avoir vraiment le choix. Autrement dit, je me sens féministe pas uniquement parce que je désire l'égalité des genres, mais aussi car je me sens politiquement et historiquement une femme.
Et cela n'enlève rien à mon identité présente, cela ne remet pas en cause le fait de me désidentifier de la catégorie femme en tant que construction sociale, en tant qu'ensemble de normes qui ne me correspondent pas.
D'un point de vue intime, je suis un être humain.
D'un point de vue social, je suis un homme ou une personne non-binaire, suivant le contexte.
D'un point de vue historique, mémoriel, je suis une femme.
D'un point de vue global, je suis l'ensemble de ces identités.
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cola-psaul-ogy · 1 year
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*Manuel de survie en manif p.3*
Sur une note moins dramatique que d’habitude quelques slogans à crier et taguer partout dans la rue ou sur des pancartes, triés par thème :
Ecologie :
- Pas de nature pas de futur
- Réveillez-vous la planète est en danger
- Et un et deux et trois degrés c’est un crime contre l’humanité
- Planète bleue colère noire
- SOS la terre est en détresse
- - de riches + de ruches
- Pas de nature pas de futur
- Pas de planète B
- Ne brulez pas notre futur
- Sauvez un ours polaire mangez un actionnaire
- Ma planète ma chatte sauvons les zones humides
- Plus tard c’est trop tard
- Changeons le système pas le climat
- Look up
- Mouillez-vous pour l’océan
- La planète vous la voulez bleue ou bien cuite ?
Féminisme :
-  So-so-so-solidarité avec les femmes du monde entier
-  Féministes en colère, on va pas se laisser faire
-  Liberté, égalité, sororité
-  Un enfant, c’est un choix, l’IVG c’est un droit
- Je te crois
- Ma mouille est corrosive
- Ras le viol
- Nous sommes femmes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère
- Pour que nos vies ne soient plus classées sans suite
- Eduquez vos fils
- Mon corps mon choix
- Délivrons nous du mâle
- Non c’est non
Anti-racisme :
- Sans racisme pas besoin de mixité choisie
- Tous unis contre la haine
- Le racisme tue
- Le FN on vous emmerde
- Black lives matter
- Tolérer le racisme c’est du racisme
- Justice pour tous
LGBTQIA+ :
- Les machos et les fachos les lesbiennes auront votre peau
- Bravo les lesbiennes
- Le cis-tème doit disparaître
- Décolonisons le genre
- Terfs hors de nos luttes
- Intersexes stop aux mutilations
- Queers radicales contre le capital
- Rage et paillettes
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pauline-lewis · 3 years
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Calendrier de l’avent bilan - 2020
Parce que cette année j’en ai le temps et l’envie je lance un petit calendrier de l'avent qui fera aussi un peu office de bilan. L'idée c'est de parler, sans pression, d'une œuvre que j'ai aimée cette année. Film/série/livre/musique. Inspirée par le hashtag #choisirlesfemmes qui circulait suite à la polémique liée au "Génie Lesbien" d'Alice Coffin, je n'ai choisi que des œuvres réalisées par des femmes et personnes non-binaires. D'ailleurs je ne sais même pas si c'est vraiment un choix puisque cela fait partie de mon quotidien depuis quelques années de leur donner plus de place sur mes écrans et sur mes étagères. Parce que depuis le jour où j'ai intégré la fac de Paris 10 et que mes profs de littérature et ma lecture obsessionnelle de "The Bell Jar" de Sylvia Plath ont mis des mots sur toute cette rage sous-jacente, j'ai eu la chance, moi qui ne m'étais jamais reconnue dans la féminité, de me reconnaître dans le féminisme. Et quelle joie ! L’article sera mis à jour tous les jours par ici !
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Jour 1 - La captive, Chantal Akerman (2000)
Lorsque le premier confinement a été annoncé, nous avons commencé avec Aurore à regarder des films français (et francophones) réalisés par des femmes pour faire notre petit zine "Ce n'est pas joyeux mais c'est vivant". C'était chouette de voir ces films à distance, dans un moment où nous étions un peu perdues, et de les débriefer, de faire chacune quelque chose autour et de voir pourquoi ils nous touchaient. Nous avons choisi La captive de la réalisatrice belge Chantal Akerman parce que j'avais vu une autrice que j'aime beaucoup le conseiller sur Twitter (Jakuta Alikavazovic), que j'aimais l'affiche ET que je nourris une passion àlavieàlamort pour l'œuvre de Proust.
Je ne le dis même pas par pédantisme mais bien parce que la lecture de la Recherche s'est imprimée très profondément en moi : à la fois les mots en eux-mêmes et le souvenir de la lecture. Je peux repartir chercher dans ma mémoire ce que je ressentais à chaque tome. La Captive" s'inspire de La Prisonnière, un de mes préférés. Le film explore la jalousie de Simon (Stanislas Merhar) et son idéalisation de la vie d'Ariane (Sylvie Testud). Chantal Akerman disait que la seule manière d'adapter Proust c'était de partir de son souvenir de l'œuvre. C'est peut-être pour ça que, exactement comme La Recherche, La Captive m'a laissé des sensations et s'est mêlé aux angoisses du moment. La moiteur de la salle de bain, les couleurs de la nuit, les phares de la voiture, les regards complices devant l'horizon infini de la mer. Des émotions qui flottent encore en moi, huit mois plus tard.
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Jour 2 - Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux (éditions Libertalia)
Pendant le premier confinement j'ai lu ce petit essai (je dis petit parce qu'il est court, mais pas du tout parce qu'il n'est pas important) de Corinne Morel Darleux qui parle d'écologie et qui offre de nombreuses réflexions poétiques et politiques sur l'état de la planète. C'est un livre qui ne culpabilise pas, qui ne vous fait pas croire que vous allez sauver la planète en achetant vos lentilles en vrac à la biocoop, mais qui donne par contre vraiment envie d'agir et de s'organiser (ce que je n'ai pas encore fait, mind you). Ce qui m'a particulièrement touchée dans son essai c'est la manière dont elle fait appel à de nombreuses références littéraires et artistiques, de Romain Gary aux lucioles de Pier Paolo Pasolini. En plein confinement j'ai eu la chance de l'interviewer pour la newsletter interview de Women Who Do Stuff !
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Jour 3 - Yentl, Barbra Streisand (1983)
Fin 2019 j'ai regardé Funny Girl et j'ai développé une petite obsession pour Barbra Streisand. Avant de voir le film, je ne savais pas grand chose de Barbra, j'imagine que j'avais d'elle une image de diva capricieuse. Depuis, je l'adore et je pense qu'elle est bien plus que tous les clichés qui lui collent aux baskets. Je me suis lancée dans un petit marathon, avec de vraiment belles découvertes (The Way We Were de Sydney Pollack notamment, elle n'y chante pas mais elle y est merveilleuse) et notamment Yentl qu’elle a réalisé. Il s'agit d'une adaptation de la nouvelle du même nom d'Isaac Bashevis Singer (il n'a d'ailleurs pas du tout apprécié le film). Il raconte l'histoire d'une jeune femme juive qui refuse d'être une femme au foyer. Son père, en lui enseignant en secret le Talmud, lui a donné envie d'être, elle aussi, une intellectuelle, de s'éduquer et de réfléchir au sens de la vie. Elle décide donc de se déguiser en homme et d'intégrer une école religieuse normalement interdite aux femmes. Tout le film réfléchit aux opportunités que l'on ferme aux femmes, au désir d'émancipation et aussi, un peu, au sens de la vie. S'y mêle toutes sortes de quiproquos amoureux ET la musique du one and only Michel Legrand. Name a more iconic duo.
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Jour 4 - Atlantique (soundtrack), Fatima Al Qadiri (2019)
Ma découverte cette année du très beau film de Mati Diop Atlantique (oui j'étais un peu en retard) m'a permis de décrocher un peu de mon obsession pour la bande originale de Jackie composée par Mica Levi. Une obsession qui dure depuis quatre ans, ça fait long. Bref, je ne vous apprends pas que le milieu de la bande originale de film est très masculin. En juin 2020, un groupe de compositrices de musique de films a d'ailleurs poussé un coup de gueule après avoir appris qu'une seule femme figurait parmi les 28 nommés au prix UCMF (Union des compositeurs de musiques de films).
Il se trouve que la BO d’Atlantique, l'objet de l'obsession dont je voulais parler aujourd'hui, est particulièrement sublime et qu'elle a été composée par une femme. Fatima Al Qadiri, compositrice et productrice de musique éléctronique koweïtienne, qui a su capter quelque chose de l'ambiance étrange du film et du ressac de la mer. Une mer aussi belle qu'inquiétante, sur laquelle viennent se refléter les sentiments les plus complexes. Cette BO est une merveille qui a tourné en boucle dans mon casque toute l'année, tandis que j'étais moi-même hantée par le danger, l'incertitude et une forme insidieuse de résignation.
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Jour 5 - PEN15 saison 2 (2020)
L'année dernière la série PEN15, co-crée par Anna Klonke et Maya Erskine était très très haute dans mon bilan de l'année, toutes catégories confondues. Elle m'avait complètement éblouie par son humour décapant mais aussi par sa force émotionnelle. Chaque épisode était une petite bombe qui me faisait remonter des tonnes de souvenirs du collège, douloureux ou non. Jusqu'à cette scène euphorisante sur Dreams des Cranberries qui me rappelait les heures heureuses où j'étais amie avec la fille du gérant du Shopi de Concarneau qui était beaucoup plus cool que moi et qu'on courait dans la réserve comme s'il n'y avait pas de lendemains. J'ai retardé sans cesse le moment de regarder la saison 2 de PEN15 parce que j'avais super peur d'être déçue, comme si Anna et Maya étaient désormais mes amies à la vie à la mort.
Mais je n'aurais jamais dû douter d'elles : cette nouvelle saison est une merveille, notamment dans la manière qu'elle a de raconter les relations mères-filles (d'Anna et de Maya). Ça parle avec beaucoup de subtilité de jalousie, de slut-shaming, de harcèlement, de la douleur de se rendre compte de qui on est et de ne pas être sûre d'être okay. Elle est encore plus poignante que la saison 1 je crois.
En tous cas elle est superbement écrite et je ne peux que vous conseiller de vous lancer dans un marathon si vous l'avez ratée jusqu'ici (elle est visible sur Canal+ !), ce qui devrait rendre votre fin d'année 300% plus cool selon mes calculs scientifiques. J’avais écrit dessus pour Retard si ça vous dit !
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Jour 6 - Wanda, Barbara Loden (1970)
J'ai déjà parlé sur Instagram de Wanda de Barbara Loden, qui a été une belle découverte pour moi cette année. Je dis "belle" mais le visionnage de ce film a été aussi assez douloureux, parce que je trouve qu'il raconte vraiment quelque chose de la violence des hommes. Et j'ai eu depuis des conversations sur la passivité du personnage, sa manière de subir. C'est dur de voir l'image d'un personnage qui a un peu abandonné, qui semble complètement seule. Aussi cela semble contraire à ce que l'on veut aujourd'hui revendiquer dans un certain féminisme : les récits de l'empowerment individuel ou collectif, des "femmes puissantes". Oui mais il y a aussi des femmes qui restent, qui ne peuvent pas partir, qui sont coincées. Il faut aussi raconter leurs histoires. C'est ce que fait Wanda avec une force qui est restée me hanter des jours et des jours et des jours. Il m'a d'abord laissée dans une forme de torpeur avant d'infuser en moi sur le long cours. L'effet que me font les meilleurs films, imho.
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Jour 7 - The Watermelon Woman, Cheryl Dunye (1996)
J'ai aussi déjà parlé plusieurs fois de The Watermelon Woman de Cheryl Dunye mais c’est un film sur lequel je suis revenue plusieurs fois cette année, j’y ai beaucoup pensé. C'est une sorte de mockumentary dans lequel une jeune femme, interprétée par Dunye, part sur les traces d'une actrice noire. À force de la voir dans de nombreux films des années 30, sans jamais voir son nom au générique, l’héroïne se demande : mais qui est cette femme ? Pourquoi a-t-elle été sans cesse invisibilisée ? Cette recherche lui permet de réfléchir aux rôles stéréotypés que cette actrice a été obligée d'interpréter et à sa propre relation amoureuse avec une femme blanche. Elle y intègre aussi une histoire d'amitié complexe.
Le film explore vraiment son identité de femme lesbienne noire et la manière dont elle se reconnaît ou non dans l'histoire du cinéma, il mêle sans cesse les trajectoires individuelles et collectives. Alors Cheryl se demande : n'est-il pas temps qu'elle invente ses propres récits ? Comment le faire dans un milieu culturel très blanc ? Le film est tour à tour drôle et émouvant et il est vraiment porté par le charisme et l’énergie formidable de Dunye.
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Jour 8 - L’une chante, l’autre pas, Agnès Varda (1977)
Vous reprendrez bien un peu de ma théorie préférée : les-films-arrivent-au-moment-où-on-a-besoin-d'eux ? Ça faisait quelques temps que L'une chante, l'autre pas d'Agnès Varda était sur ma liste de films à voir absolument, parce que plusieurs personnes m'avaient indiqué qu'il se situait au carrefour de tout ce que j'aime : la comédie musicale, le féminisme et les amitiés fortes. Et pourtant j'ai attendu d'être au cœur du mal, dans le ventre mou du confinement, pour enfin voir ce film. Grand bien m'en a fait puisqu'il a vraiment insufflé quelque chose de joyeux en moi avec ses couleurs vives et ses chants de femmes. Il a aussi concrétisé une envie que j'avais depuis quelques temps et m'a donné le courage pour me dire que je pouvais y arriver (et avec moi ce n'est : jamais gagné, merci Agnès).
Il m'a rappelé le bonheur d'avoir des amies, d'écrire, la manière dont en racontant sa vie personnelle on raconte un peu du monde. J'ai toujours écrit des lettres dans ma tête, quand je marche dans la rue, et ça m'a vraiment bouleversée de voir ce même procédé dans le film comme si d'un coup j'étais un peu moins seule. Et ce film m'a surtout fait penser à toutes les personnes avec qui l'on a des relations en pointillés qui n'en sont pas moins précieuses, ces personnes dont on colle les carte-postales un peu partout dans l'appartement en attendant de futures retrouvailles. Bref ce film a rempli mon cœur comme peu de films ont su le faire à cette période et j'avais besoin de lui pour que quelque chose en moi se débloque et fasse un petit "clic !".
Ça parle du corps des femmes, d'avortement, de faire entendre ses droits, de se battre mais surtout de la douceur de l'amitié et des mots que l'on se dit les unes aux autres et qui guérissent et qui réparent et qui donnent envie, peut-être, de croire un peu en soi.
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Jour 9 - L’autre moitié de soi, Brit Bennett (éditions Autrement)
J'aime particulièrement Brit Bennett, déjà parce qu'elle est brillante, mais aussi parce que c'est l'une des personnes que j'ai préféré interviewer ces dernières années, à un des énièmes moments où je me questionnais sur mon envie d’être journaliste. Je l'ai rencontrée à la rentrée 2016 pour Le cœur battant de nos mères et je me souviens de ma panique au moment de la dernière question quand je me suis souvenue cinq minutes avant la fin qu'à force de décortiquer le livre avec elle j'avais complètement oublié de lui poser une question sur l'élection de Trump et que je me suis dit que j’étais la pire journaliste (tout simplement).
J'attendais donc beaucoup de ce second roman, que je ne suis pas loin de trouver encore plus beau et plus fort que le premier. Brit Bennett y raconte l'histoire de deux jumelles et des trajectoires très différentes que leurs vies vont prendre. C'est une étude très fine et profonde de la société américaine, ça parle de colorisme et d'être une femme noire aux États-Unis au fil des décennies. Mais ce que je préfère chez Brit Bennett c'est vraiment l'empathie incroyable avec laquelle elle écrit, sa manière de creuser chaque personnage, de leur donner une chance d'être pleinement qui iels sont, dans toute leur complexité.
Quand on avait discuté en 2016 je lui avais dit en rigolant que j'étais en colère en lisant Le cœur battant de nos mères d'être aussi émue par le personnage masculin, qui avait pourtant typiquement le genre de discours qui m'irrite irl. Mais voilà le genre de romancières qu'elle est et j'ai vraiment hâte de lire ce qu'elle écrira par la suite. J'ai mis la couverture en anglais (parce que je l'ai lu en anglais) mais le roman est paru en français aux éditions Autrement, dans une traduction de Karine Lalechère. En en petit bonus voilà l'interview que j'ai menée avec Brit Bennett (par mail cette fois) en août dernier et qui est parue dans la newsletter de Women who do stuff !
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Jour 10 - Betty, Tiffany McDaniel (éditions Gallmeister)
Quand je travaille sur la rentrée littéraire, je lis beaucoup de livres à la suite. C'est un exercice que j'aime bien, une sorte de sprint de lecture. Je choisis ce sur quoi je vais écrire, et parmi cette sélection quelques romans surnagent vraiment. Je ne sais pas si ce sont forcément les *meilleurs romans*, je n'ai pas l'égo de penser que j'ai des goûts supérieurs à quiconque, mais ce sont ceux qui m'ont bousculée profondément. C'est ceux dont je vais parler ailleurs et plus tard, avec mes phrases à la première personne et pas mes mots de journaliste.
J'ai vécu avec l'héroïne de Betty une expérience très forte. Je me vois encore assise sur mon fauteuil rouge ne pas réussir à lâcher ce livre très dur dans lequel la poésie est brutale. Elle déchire le roman, elle force le passage. Betty est rempli des particularités de son héroïne (née d'un père cherokee, victime du racisme, confrontée aux violences sexuelles et à la précarité) mais quand son histoire a atterri en moi j'ai trouvé qu'elle racontait tout simplement ce que cela fait d'être une adolescence puis une femme. C'est aussi un roman très puissant sur la façon dont la beauté essaie de se frayer un chemin à travers la laideur - parfois c'est formidable et parfois ça fait un mélange indigeste que Betty a simplement envie de vomir.
Je ne saurais pas dire pourquoi Betty, plutôt qu'une autre, a su me tirer le bras si puissamment, pourquoi mes yeux sont devenus les siens et ses souffrances sont devenus les miennes et pourquoi j'ai oublié qui j'étais pour vivre ce qu'elle vivait et m'initier une nouvelle fois à cet univers étrange dans lequel nous vivons. Mais en tous cas quand la littérature me fait ça, j'ai tendance à me dire que je suis face à un roman que je ne suis pas prête d'oublier.
Paru aux éditions Gallmeister, traduit par François Happe
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Jour 10 - Travolta et moi, Patricia Mazuy (1993)
Travolta et moi n'est pas vraiment un film, c'est un téléfilm qui a été réalisé par Patricia Mazuy pour Arte. J'ai toujours eu une passion pour les films et livres qui traitent de l'adolescence parce que c'est une période de ma vie où je n'ai pratiquement rien vécu et qui pourtant m'a laissé des souvenirs infinis. L’adolescence a scellé plein de choses en moi : ma capacité à tourner en boucle, mon obsession pour la fiction et une certaine fragilité que, selon les jours, je chéris ou je hais. Sur ma veste, d'ailleurs, j'ai un pin's qui dit : "Relentless adolescence".
Travolta et moi c'est justement le récit de tout cela. L'histoire d'une adolescente que ses parents laissent gérer leur boulangerie un jour comme un autre et qui va se mettre à tourner en boucle. En boucle sur le garçon qu'elle a croisé dans le bus, en boucle sur John Travolta, en boucle sur les Bee Gees, en boucle sur cette rage adolescente tellement difficile à sortir de soi. Je crois que c'est l'un des films vus cette année qui m'a laissé le plus d'images, imprimées en moi à tout jamais : le regard de braise de Leslie Azzoulai, le froid de la patinoire, les corps qui tournoient qui se trouvent et se séparent. Jusqu'à cette scène finale qui m'a frappée le visage comme le premier matin froid de l'hiver.
J'ai souvent pensé qu'on ne représentait pas assez les adolescentes comme elles sont dans la fiction. Travolta et moi le fait, c'est le portrait tellement juste d'un âge absurde où l'on vit tellement profondément à l'intérieur de soi que presque tout fait mal. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de tendresse et même d'admiration pour mes obsessions adolescentes. Je vous mets en visuel la superbe affiche d’Aurore qui, je crois, était ma préférée du zine. 
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Jour 12 - Les abysses, Rivers Solomon (éditions Aux Forges de Vulcain)
River Solomon est clairement l'un·e de mes auteurice contemporain·e préféré·e. L'année dernière au moment de la rentrée littéraire j'ai vraiment pris une claque avec L'incivilité des fantômes, un roman de science fiction extrêmement brillant, très politique, qui parlait du désastre économique et écologique et de lutte des classes.
Je me souviens avoir été très impressionnée de rencontrer Rivers Solomon dans une salle de la maison de la poésie. Nous avions parlé longtemps et j'avais trouvé que c'était l'une des personnes les plus passionnantes que j'avais pu rencontrer jusque là. Sa prose est un mélange vraiment savant d'un regard politique très affuté, de réflexions sur le genre et d'une vraie capacité à faire émerger la poésie au moment où on l’attend le moins. Iel construit des mondes d'une complexité infinie et s’approprie vraiment la littérature pour parler de sujets encore trop peu explorés.
Les Abysses est un roman plus court que L'incivilité des fantômes mais tout aussi réussi. Solomon y parle d'identité et surtout de mémoire, individuelle et collective, en explorant l’héritage de l'esclavage. Avance-t-on mieux en lui faisant une place ou en l'oubliant sans cesse ? Comment composer avec les injustices et les crimes dont ses ancêtres ont été les victimes ? Il y a beaucoup de beauté, aussi, dans ce questionnement douloureux. Et en bonus je vous linke un article que j'ai écrit pour Cheek sur la traduction dans lequel j'interroge notamment le traducteur des Abysses, Francis Guèvremont.
Paru aux éditions Aux Forges de Vulcain, traduit par Francis Guèvremont
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Jour 13 - Olivia, Jacqueline Audry (1951)
Quand on a travaillé sur notre zine avec Aurore (désolée d'en parler autant mais je crois bien que, avec le numéro 2 du magazine Women Who Do Stuff c'est bien la chose qui m'a apporté le plus de joie cette année), je me suis rendue compte du nombre de cinéastes dont j'ignorais tout. Du nombre de femmes dont l'existence et les films m'avaient complètement échappée. Parfois par ma faute (parce que je n'avais pas su aller à la rencontre de leur œuvre) et souvent parce qu'elles sont oubliées, invisibilisées. Absentes des rétrospectives, des diffusions à la télévision, des livres. Peut-être que c'est pour cela qu'on a autant parlé (dans mes cercles Twitteriens) de ce très beau film de Jacqueline Audry, Olivia et de sa diffusion sur Arte. Un huis clos lesbien qui se passe dans une école pour jeunes filles.
Tout comme Travolta et moi, Olivia parle de cristallisation émotionnelle, d'obsession et de tous les liens qui se nouent entre professeures et élèves. Olivia tait beaucoup de choses à l'écran mais la majorité des messages du film passent par les sensations, la sensualité qui déborde du cadre. Dans son très beau discours aux assises pour l'égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel, Agnès Jaoui a expliqué avoir regardé ce film avec un homme très cinéphile qui s'est endormi au bout de cinq minutes.
Jacqueline Audry a réalisé seize films et deux séries. Pourquoi ne connaît-on toujours pas son nom ?
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Jour 14 - Glass Town, Isabel Greenberg (éditions Jonathan Cape)
Je suis très triste que Glass Town ne soit toujours pas traduite en français parce que je crois bien qu'Isabel Greenberg est l'une de mes autrices de BD préférées et je trouve qu'elle mérite qu'on lise ses livres partout dans le monde. Elle a cette capacité à inventer des contes féministes et enchanteurs. Son imagination me semble sans limite et son dessin me bouleverse. Évidemment quand j'ai appris qu'elle allait travailler sur les mondes imaginaires des sœurs (et frère) Brontë, Glass Town, Gondal et Angria, j'étais plus qu'enthousiaste. Et le résultat est une pure merveille. Il ne s'agit pas d'un travail biographique, même si Greenberg dresse des ponts entre l'imaginaire et la réalité.
Ce livre raconte toutes les façons dont la fiction peut sauver nos vies, en aidant à surmonter un deuil ou en nous apprenant à comprendre le monde qui nous entoure et à l’accepter (utile, en 2020). La fratrie Brontë se réfugie dans ce monde inventé où ils peuvent exercer une forme de contrôle qu’ils n’ont absolument pas dans cette réalité cruelle qui leur file entre les doigts. Le style inventif et vif de Greenberg fait vivre sur les pages la démesure de Glass Town et son immense talent de conteuse lui permet de passer du monde réel au monde inventé avec beaucoup de dextérité, en explorant l'imaginaire dans tout ce qu'il a de merveilleux et de triste. Elle nous embarque de la première à la dernière page. Si vous aimez la littérature et que vous lisez l'anglais offrez vous Glass Town !
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Jour 15 - Le jour où le désert est entré dans la ville, Guka Han (éditions Verdier)
Je crois qu'il s'agit de l'un des premiers livres que j'ai lus cette année. Peut-être que je pressentais que cette année allait être particulièrement merdique, en tous cas en janvier j'ai enchaîné une ou deux semaines d'insomnie à lire la rentrée littéraire sur le canapé-lit. Tous les romans de cette période me semblent donc comme autant de souvenirs de longues balades étranges aux confins de mes angoisses.
Le jour où le désert est entré dans la ville est le premier livre de l'autrice coréenne Guka Han, qui écrit en français. Ce sont des nouvelles (toutes liées) très étranges et écrites avec un style remarquable qui explorent un monde dont les personnages essaient sans cesse de s'échapper. Quand j'y repense aujourd'hui je trouve que ce livre épousait parfaitement ce qui deviendrait notre quotidien dans toute sa singularité et son irréalité. Je vous conseille vraiment de le rattraper si vous ne l'aviez pas lu et je vous conseille aussi ce très bel entretien mené par Johan Faerber pour Diacritik que j'avais trouvé particulièrement passionnant où l'autrice explique notamment ce que cela fait d'écrire dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle.
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Jour 16 - I May Destroy You saison 1 (2020)
J'aime beaucoup l'idée d'avoir découvert et aimé Michaela Coel en 2016 avec la mise en ligne sur Netflix de la géniale Chewing Gum et de la retrouver en 2020 avec une proposition radicalement différente et tout aussi brillante. I May Destroy You raconte l'histoire d'Arabella, une jeune autrice qui vit à Londres. Un matin, après être sortie avec des ami·e·s alors qu'elle devait avancer sur son manuscrit, elle se réveille avec le souvenir qu'un homme inconnu l’a violée dans les toilettes du bar où elle buvait des verres. Elle porte plainte. Commence alors l'après. La suite de cet événement, qui semble aux yeux de tous·tes très ordinaire mais qui ne l’est pas du tout pour Arabella. I May Destroy You parle de syndrome post-traumatique et des marques que cette nuit va laisser sur l'héroïne.
Le ton est fort, percutant, par moment on a presque du mal à regarder parce que cette histoire est singulière mais qu’elle ressemble à tant d’autres que nous avons déjà entendues. Aussi parce que Michaela Coel a ce talent pour imaginer des personnages profonds, complexes, et qu'elle creuse toutes les storylines avec la même rigueur. I May Destroy You parle du viol et de la culture du viol mais de beaucoup d'autres choses : d'être une autrice noire en 2020, d'amitié à la vie à la mort, d'éducation, de consentement, de zone grise, des réseaux sociaux et en règle générale de la confusion. Confusion des corps, des sentiments, du monde qui nous entoure. Les costumes sont sublimes, la musique aussi, le rythme est incroyable, et le casting est parfait. Du premier au dernier épisode on est avec Arabella, pour le meilleur et pour le pire, pour une introspection à couper le souffle. À rattraper sur OCS !
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Jour 17 - Between the Lines, Joan Micklin Silver (1977)
J'ai découvert Between the Lines un peu au hasard en regardant les ajouts de Criterion. J'ai vraiment beaucoup apprécié ce film et j'ai été assez surprise (bon, pas tellement) de voir que Joan Micklin Silver n'avait pas eu une grande carrière au cinéma par la suite. Il ne nous reste donc qu'à découvrir son second long métrage dans lequel elle suit le quotidien de la rédaction d'un petit journal indépendant qui attend de savoir si le titre va être vendu et perdre son indépendance. Rassurant de voir que ce sujet n'a jamais cessé d'être d'actualité ! L'équipe est peuplée de personnalités fortes : le journaliste égocentrique qui pense que sa petite amie n'est là que pour l'aider à se dégager plus de temps pour lui, le critique rock qui est ravi de toucher sa paie sans rien faire du mois; la photographe pleine de talent sous-utilisée à la rédac...
Tous ces personnages réfléchissent au prix de l'indépendance, à leurs engagements et à leur rapport à l'écriture et les nombreux questionnements qui animent le film ont toujours beaucoup de sens en 2020. Comment la mission d'information du journaliste peut-elle s'inscrire dans une société capitaliste obsédée par le profit ? J'ai particulièrement aimé, évidemment, les personnages féminins qui essaient de tirer leur épingle du jeu dans cette rédac' peuplée d'hommes. Elles refusent d'être condamnées à être les cheerleaders des hommes alors qu'elles aussi elles écrivent, elles réfléchissent, elles photographient. Et souvent mieux que leurs homologues masculins.
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Jour 18 - C’est comme ça que je disparais, Mirion Malle (éditions La Ville Brûle)
J'ai tellement aimé C'est comme ça que je disparais que j'ai double-interviewé Mirion cette année, pour Cheek et pour la newsletter de Women Who Do Stuff. Ça a été sans conteste mon premier coup de cœur de l'année, je l'ai lu dans cette période molle et sensible de janvier, au moment où personnellement je me trouve la plus fragile, accablée par les bonnes résolutions qu'il faudrait prendre et que je n'ai toujours pas envie de tenir. Donc la BD de Mirion Malle et les larmes de son héroïne qui coulent dans la neige froide sont arrivées à un moment idéal.
C'est comme ça que je disparais parle de ces moments où l'on perd le goût de vivre. Elle raconte l'isolement, les amitiés qui se fissurent, les mots qui ne veulent pas sortir, les phrases tapées sur le clavier qui n'ont plus autant de sens qu'avant, les joies qui n'arrivent plus à sédimenter. Je pense souvent à cette phrase de François Truffaut que mon père me cite régulièrement qui dit que pleurer c'est une joie et une souffrance. Il y a de ces deux sentiments dans la bande dessinée, dans les mots mais aussi dans le trait mélancolique de Mirion Malle, dans les grandes mains qu'elle dessine et qui recouvrent les yeux de son héroïne. Dans les yeux immenses de Clara où l'on se plonge volontiers. La douceur et la douleur se rencontrent.
Bref, j'en ai beaucoup parlé cette année mais c'est un récit d'une grande force et d'une grande douceur (parce que les deux ne sont pas incompatibles) que je ne peux que vous conseiller de rattraper asap.
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Jour 19 - Ce que je ne veux pas savoir et Le coût de la vie, Deborah Levy (éditions du sous sol)
J'ai tout de suite eu envie de lire les deux premiers tomes de l'autobiographie de l'autrice britannique après avoir vu sa traductrice Céline Leroy en parler sur Twitter et aussi grâce aux couvertures et aux titres que je trouve magnifiques. Grand bien m'en a fait. C'est un livre qui parle d'être une écrivaine, de soucis matériels et existentiels, de maternité et de filiation, de relations qui s'achèvent, du quotidien dans tout ce qu'il peut avoir de tristement banal et de parfois incroyable. Deborah Levy y explique qu'il lui a fallu du temps pour trouver sa chambre à elle. Et bizarrement, et je crois que c'est la première fois qu'un livre m'aidait à combattre ma peur de vieillir. En la lisant je me suis dit que le temps n'était peut-être pas l'ennemi de l'écriture. Et que, malgré tout ce qu'on nous disait, il n'était peut-être pas non plus forcément l'ennemi des femmes.
J'ai mis plein de post-it dans le livre pour marquer les phrases qui parlent de l'écriture ("j'avais dit à l'épicier chinois que pour devenir écrivaine j'avais dû apprendre à interrompre, à parler haut, à parler fort, et à revenir simplement à ma propre voix qui ne porte que très peu"),  les petites références qui me touchaient : "Judy voulait ressembler à Liza Minnelli dans Cabaret." Et ces phrases qui restent comme si elles m'étaient destinées, écrites puis pliées sur des petits papiers que j'aurais trouvé sur mon chemin. "Cette façons que nous avons de rire. De nos propres désirs. Cette façon que nous avons de nous moquer de nous-mêmes. Pour devancer les autres. Cette façon dont nous sommes programmées pour tuer. Nous tuer. Mieux vaut ne pas y penser." Je vous conseille l'entretien qu'elle a mené avec Marie Richeux dans son émission (toujours parfaite), un moment magique et vraiment suspendu dans le temps.
Paru aux éditions du sous-sol, traduit par Céline Leroy
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Jour 20 - Losing Ground, Kathleen Collins (1982)
Kathleen Collins m'a beaucoup accompagnée cette année et j'en ai parlé à plusieurs endroits. J'ai notamment chroniqué son livre posthume Journal d'une femme noire paru aux éditions du Portrait cette année pour Cheek, un recueil de textes réunis par sa fille. Kathleen Collins est morte en 1988 mais j'ai aimé me dire que son œuvre, même si je la découvrais tardivement, m'atteignait à travers les années. Après avoir été très touchée par ses textes (et notamment par ses lettres à sa fille), j'ai regardé Losing Ground, un film sorti en 1982 mais redécouvert par le public américain en 2015. Elle l'a écrit, réalisé et il est souvent considéré comme l'un (le ?) des premiers films américains réalisé par une femme noire.
Il raconte l'histoire d'un couple de new-yorkais, une universitaire et un artiste, qui décident de quitter la ville pour l'été. Elle se retrouve à tourner dans un film (et qu'elles sont belles ces séquences musicales) tandis qu'il se rapproche d'une jeune femme qui l'inspire. Ce que j'ai aimé dans Losing Ground c'est la manière dont Kathleen Collins fait voler en éclats le mythe de "l'intelligence universitaire" vs la "créativité". Son personnage montre qu'elle contient des multitudes, qu'elle est bien plus qu'un rat de bibliothèque. Et puis ce film est bourré de scènes très inventives, notamment celle de l'image présentée ici où le regard masculin est symbolisé par ce monocle. Deux conseils en un donc, voyez "Losing Ground" et lisez les textes de Kathleen Collins, peut-être qu'elle vous fascinera autant qu'elle m'a fascinée cette année.
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Jour 21 - High Fidelity saison 1 (2020)
Je sais que ce reboot de High Fidelity, imaginé par Veronica West et Sarah Kucserka, n'a pas fait l'unanimité. D'ailleurs la série a été annulée par Hulu, ce qui m'a fait beaucoup de peine (on a connu pire cette année me direz-vous). La première adaptation du roman de Nick Hornby par Stephen Frears en 2000 a été très importante à un moment de ma vie, comme elle l'a d'ailleurs été pour beaucoup de personnes fans d'indie rock (whatever that means). Pour autant elle confirmait à mes yeux que je n'avais pas vraiment ma place dans ce monde dominé par des hommes à la recherche de meufs cool. Et puis la série est arrivée, avec une Zoë Kravitz magnifique de flegme dans le rôle de Rob, et elle a agi comme une sorte de catharsis pour moi. Qu'est-ce que j'ai trouvé ça cool de voir une meuf parler à un mec de musique pendant 10 minutes sans être interrompue. Que ce soit elle qui merde, qui soit parfois difficile à aimer, arrogante, pédante. Qu'elle mette, elle, les disques sur la platine.
J'ai adoré les deux personnages qui l'entourent, Simon (David H. Holmes) et surtout Cherise (Da'Vine Joy Randolph) qui reprend avec une fougue incroyable le rôle de Jack Black (et j'adorais ce personnage dans la version originale, même s'il critiquait Belle and Sebastian et que ça me brisait un peu le cœur). RIP la saison 2 qui devait se concentrer sur elle. Bref, il y avait quelque chose de très libre dans cette série, notamment au niveau de la bande originale, qui me laissait entrevoir que les choses seraient moins cloisonnées et pénibles pour la nouvelle génération. Et je vous hook up sur un texte que j'ai écrit sur mon blog au moment de la sortie de la série, qui parle basiquement d'être une meuf pas cool et pas jolie sur la scène indie de la fin des années 2000. Daughters of Albion, tmtc.
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Fiona Apple, Fetch the Bolt Cutters (2020)
J'ai pas mal réfléchi aux raisons pour lesquelles je n'ai pas écouté beaucoup de disques en 2020. Je crois que c'est parce que j'étais angoissée à peu près tout le temps et que je cherche vraiment refuge dans la musique. J'ai un disque pour chaque occasion, il sert un but précis. Je peux vraiment vivre deux mois dans la même chanson. Donc très certainement que 2020 sera l'année la plus vide de nouveautés. (le seul chanteur qui est entré dans mon cœur c'est Lee Hazlewood)
Mais évidemment, j'ai trouvé une place entre mes oreilles pour le nouveau disque de Fiona Apple cause true love lasts a lifetime et que je l'attendais depuis bien longtemps. Je pense régulièrement à cette chanson de l'album qui dit "I grew up in the shoes they told me I could fill / shoes that were not made for running up that hill / and i need to run up that hill". Fetch the bolt cutters est un disque de rythme et de sensations, qui me parle vraiment à un niveau très intime et personnel. J'ai l'impression que Fiona Apple l'a écrit pour tous·tes les anxieux·ses de cette planète et qu'elle leur chante à l'oreille que l'on finit par s'en sortir en s'entourant bien et en réussissant à s'en foutre un petit peu.
2020 était une année vraiment décevante sur à peu près tous les tableaux et ça m'a vraiment fait ressentir beaucoup de joie que Fiona ne nous déçoive pas et de sentir (et peut-être que je me trompe totalement) qu'elle est un petit peu plus libre qu'avant. Vivement la suite.
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Jour 23 - Qui sème le vent, Marieke Lucas Rijneveld (éditions Buchet/Chastel)
Je me souviens d'avoir lu Qui sème le vent cet été à Brest et d'avoir été un peu sonnée. Je ne pouvais pas me permettre, il me restait plein de romans à lire, il fallait immédiatement que je me remette en selle. Marieke Lucas Rijneveld est un·e auteur·trice de 29 ans qui écrit de la poésie et travaille dans une exploitation agricole aux Pays-Bas. Pour écrire son premier roman, iel s'est inspiré de son enfance dans une famille protestante orthodoxe réformiste.
Qui sème le vent raconte l'histoire d'une famille qui vit dans une ferme des Pays-Bas et dont le fonctionnement quotidien va être complètement bouleversé par la mort de l'un de ses enfants à l'âge de 12 ans. Le roman est narré du point de vue de Jas, 10 ans, persuadée d'être responsable du décès de son frère. Le récit, écrit avec un style très cru et imagé qui m'a vraiment retournée à chaque page, est une longue balade dans les méandres du cerveau de Jas tandis qu'elle essaie de comprendre les mensonges de ses parents, les non-dits et qu'elle explore ses désirs. J'avais rarement lu un roman qui explorait avec autant d'acuité la bizarrerie de l'enfance. Le rapport de l'héroïne au sexe est l'un des points les plus étranges et réussis du roman. Tout m'a fascinée dans ce récit d'un "coming of age" très singulier. L'auteur·trice a remporté l'International Booker Prize, je m'en fiche un peu des prix à vrai dire mais ça ne m'empêche pas de trouver que celui-là est plus que mérité.
Paru aux éditions Buchet/Chastel traduit par Daniel Cunin
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Jour 24 - Moi aussi je voulais l’emporter, Julie Delporte (éditions Pow Pow)
J'ai choisi l'ordre de ce calendrier en mélangeant toutes les œuvres pour avoir un résultat très aléatoire. Toutes, sauf celle d'aujourd'hui. J'étais sûre que je voulais que la BD de Julie Delporte ferme la marche, parce qu'elle a eu une importance toute particulière pour moi. Elle a vraiment redéfini le cours de mon année. L'année dernière j'ai interviewé Catherine Ocelot et j'avais été très émue par la manière dont elle parlait d'œuvres de ses contemporaines en disant qu'elles lui donnaient des "permissions". Je me disais mais comment Catherine Ocelot, qui est si douée, peut avoir besoin de permissions ? Tout cela pour dire que les livres de Julie Delporte m'ont donné des permissions. Parce qu'elle parle d'écrire sur soi, de partir de soi pour faire une œuvre, de tendre à exprimer beaucoup en disant peu.
Après avoir lu Moi aussi je voulais l'emporter je me suis sentie autorisée à écrire et ressentir. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en lisant ce livre et pourtant il m'a fait faire un reset complet. J'ai repris des projets d'écriture mis sur pause. J'en ai imaginé de nouveaux et je me suis dit que ce n’était pas grave si j'abandonnais tout, d'ailleurs. Si vous vous faites un cadeau de Noël je vous conseille vraiment de vous acheter Moi aussi je voulais l'emporter, de vous mettre sous la couette, de la lire du début à la fin et puis de la relire une deuxième fois. Vous allez voyager avec Tove Jansson. Vous allez ressentir de la peine, entrevoir des colères sourdes. Vous allez voir des objets du quotidien qui vous sembleront superbes. Vous allez réfléchir à votre passé. Vous allez comprendre pourquoi ce que vous avez à dire peut avoir une importance. Pourquoi les règles de grammaire, les Moomin, les souvenirs d'enfance sont politiques. Vous allez lire des phrases de parfois cinq mots et découvrir qu'elles ont des échos infinis. À la fin, vous aurez appris un secret précieux. Peut-être que vous ferez comme moi et que vous prêterez ce livre à votre meilleure amie pour qu'elle ressente cela aussi. Et combien de livres font cet effet-là ? Combien ?
Merci de m'avoir lue et passez une bonne soirée, peu importe ce que vous avez prévu de faire ! See you on the other side of 2020.
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poesiecritique · 3 years
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arpenter le trouble dans le genre, comprendre
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la semaine dernière, avec un groupe de 10 personnes, des étudiant*es en école d’art, nous avons arpenté Trouble dans le genre, que je n’avais pas lu avant - que désormais je crois, grâce à elleseux, nous, avoir pu saisir, comme outil pratique, c’est-à-dire que de nouvelles lectures du réel sont devenues possibles, adviennent, et que ces idées sont pratiques comme un couteau, un paradigme qu’on a en poche, comme, finalement, le souhaite Butler, mais dont je ne m’étais jamais saisie, la lame-philosophie trop tranchante pour ne pas me couper en deux si seule, trop ardue, et à laquelle se sont confronté”es les étudiant*es, les mains dans le cambouis, moi avec la préface de Fassin, et les intros de Butler - j’espère pour elleux que ce moment a été aussi fructueux qu’à moi, et les remercie de ce que nous nous avons pu nous offrir
l’idée principale, l’outil principal, c’est, je crois l’absence d’origine avec en avant fait la nécessité d’un déplacement de l’intérêt, du regard, depuis les conflits/rapports de genre, qu’ils soient analysés par le prisme du féminisme, de la linguistique, de la psychanalyse pour penser la structure, et non pourquoi, mais comment la structure sociale prend en charge ces conflits/ces rapports : comment la structure de pouvoir gère ces rapports/ces conflits - il est nécessaire d’analyser d’un point de vue systémique, en se retirant pour un temps de l’analyse du trop proche systématique, douloureux de cette analyse systémique, de la structure de pouvoir, de la structure sociale qui produit des rapports de pouvoirs, Butler en retrempe l’acier de la relation à l’origine (en passant par Michel Foucault, depuis Nietzsche, leur idée de généalogie) : pas d’origine, pas d’origine à chercher, ni grande déesse ni dieu le père, car ces idées, produites par le système oppressif, produisent les rapports de forces, les rapports de pouvoir : il n’y a pas à en chercher l’origine car le système oppressif nomme sa propre production origine et cause de sa propre existence, la tautologie s’installe, indéfendable ? c’est l’autre point, l’autre articulation de Butler, qui ne cesse de se demander comment ça tient, alors même que tant sont oppressé*es, qui ? Butler repousse l’identité, pas l’identité femme comme nécessaire au féminisme mais seulement y participant, et cela pour éviter l’écueil duel, l’écueil du pouvoir renversé, ou d’un nouvel asservissement (celui dans lequel ressac Kristeva, j’ai depuis cette image d’une langue paternelle dans laquelle s’installe un corps enceint maternel pour enfanter, baiser avec celui-ci et enfanté par delà son propre enfant, croissant exogène au corps maternel, dans la langue, prémisse transhumaine, cybernético-linguistique, le double de celui qui déjà a grandi au dedans mort-né par les mains de la langue paternelle, étouffé)  - alors même que tant sont oppressé*es, comment ça tient ? ça tient, nous dit Butler, parce que le système oppressif s’il nous oppresse, il nous donne, même nous plaçant au dehors de sa norme, même faisant de nous des lesbiennes sans sexualités, et bien même faisant cela, il nous donne une place, les insultes qui forment ce que nous sommes par la distinction, et la répétition inlassables, de ce que nous sommes, extérieures à la norme, c’est encore faire partie du système, de ce système oppressif mais social, sans système social, impossible de vivre, mais plus encore, sans place dans cette société, et même celle-ci, nous confère une existence - et c’est peut-être là, la seule identité sur laquelle il conviendrait de statuer pour parler de féminisme (là, je le rajoute, je ne suis pas sûre d’avoir entendu ça) --- alors comment accepter ne plus avoir de place dans cette société oppressive ? à cela Butler ne réponds pas, et c’est là où commence, je crois, tout ce qu’on a à imaginer, en le vivant le dernier point, peut-être, la dernière lame qu’affute Butler, c’est celle de la performativité, justement ce que nous, ces individus au genre, à la sexualité troubles, qui remettons en question ce que nous sentons nous écraser, nous vivons, nous répétons nos gestes, nos pensées, nos actes, et nous vivons, pas le carnaval, pas le déguisement, pas ce qui fait tenir le système comme système par une opposition libérale et gentiment muselée, mais ce que nous vivons, jour après jour, joies comme insultes, comme déni, comme lutter chaque jour, vivre dans le trouble, sa certitude, à son advenue, n’est pas confortable, au contraire, mais, ajoute Butler, ce qui est vécu ici, ce trouble grand, large, autant qu’excitant, autant qu’épuisant, ne nous est pas réservé : ce que nous vivons, ce n’est en fait que ce que tout le monde, toutes les personnes normées, vivent aussi en permanence, en se le cachant, leur propre genre leur est trouble, regardez les s’inquiéter de savoir comment leur performance prendra devant leur patron, leur femme, leur mari, leurs enfants, leurs parents, leurs banquiers, comment leur performance d’un genre binaire les épuise elleux aussi, regardons-les et gardons la tête haute, et peut-être arriverons-nous à subvertir ce système oppressif parce qu’il craque de partout, et que nous l’y aidons, à craquer complètement,
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radcaen · 3 years
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Texte complet de JK Rowling
Ce texte a été traduit par criticalqueenlesbian sur Tumblr. Prenez le temps de lire le post sur son blog et de la remercier de son travail.
J.K. Rowling écrit à propos de ses raisons pour s’être exprimée sur les questions de sexe et de genre
Avertissement : ce texte contient un langage inapproprié pour les enfants.
Ce n’est pas un texte facile à écrire, pour des raisons qui vont rapidement devenir claire, mais je sais que le moment est venu pour moi de m’expliquer sur un sujet particulièrement toxique. J’écris cela sans aucune volonté d’ajouter à cette toxicité.
Pour les gens qui l’ignorent : en décembre dernier, j’ai tweeté mon soutien à Maya Forstarter, une spécialiste des taxes qui a perdu son travail pour ce qui a été jugé comme des tweets « transphobes ». Elle a amené son problème devant le tribunal du travail, demandant au juge de juger si la croyance philosophique que le sexe était déterminé biologiquement était protégée par la loi. Le juge Tayler a jugé que non.
Mon intérêt pour les questions trans remontent à presque deux ans avant le cas de Maya, deux ans pendant lesquels j’ai suivi de près les débats autour du concept d’identité de genre. J’ai rencontré des personnes trans, lu des livres, des blogs et des articles écrits par des personnes trans, des spécialistes du genre, des personnes intersexes, des psychologues, des safeguarding experts (ndt : un mot métier spécifiquement britannique, dédié à surveiller que les mesures prises ne sont pas néfastes à la population), travailleurs sociaux et médecins, et j’ai suivi le débat en ligne et au travers des médias traditionnels. A un certain niveau, mon intérêt pour la question était professionnel, car j’écris des polars contemporains, et mon héroïne, détective, a l’âge d’être intéressée et affectée par ces questions, mais à un autre niveau, c’est particulièrement personnel, comme je suis sur le point de l’expliquer.
Tout au long de mes recherches, des accusations et menaces de la part d’activistes trans fleurissaient sur mon mur Twitter. Ça a été initialement déclenché par un like. Pendant que je commençais à développer un intérêt pour l’identité de genre et les questions transgenres, j’ai pris l’habitude de faire des captures d’écran des commentaires qui m’intéressaient, comme moyen de me souvenir de ce que je pourrais vouloir creuser plus tard. A une occasion, j’ai accidentellement cliqué sur « aimer » au lieu de prendre une capture d’écran. Cet unique like a été jugé comme une preuve de crime de pensée, et un niveau bas mais persistant de harcèlement a commencé.
Des mois plus tard, j’ai aggravé mon criminel like en m’abonnant à Magdalen Berns sur Twitter. Magdalen était une jeune féministe et lesbienne immensément brave, qui mourrait d’une tumeur agressive au cerveau. Je me suis abonnée parce que je voulais la contacter directement, ce que j’ai réussi à faire. Cependant, comme Magdalen croyait fermement en l’importance du sexe biologique, et ne pensait pas que les lesbiennes devraient être qualifiées de bigotes pour refuser de sortir avec des femmes trans avec un pénis, des liens ont été fait dans la tête des activistes trans de twitter, et le niveau de harcèlement sur les réseaux sociaux a augmenté.
Je mentionne tout cela seulement pour expliquer que je savais parfaitement ce qu’il allait se passer quand j’ai soutenu Maya. A ce stade, je devais en être à ma quatrième ou cinquième « cancellation » (ndt : annulation ; quand des gens décident qu’une célébrité ne vaut plus rien parce qu’elle a dit quelque chose jugé offensant). Je m’attendais aux menaces de violence, à m’entendre dire que j’étais littéralement en train de tuer des personnes trans avec ma haine, à être appelée une chienne ou une pute et, bien sûr, à voir mes livres brûlés, même si un homme particulièrement violent m’a indiqué qu’il les composterait.
Ce à quoi je ne m’attendais pas suite à ma cancellation était l’avalanche d’emails et de lettres qui me sont tombées dessus, l’écrasante majorité d’entre eux étant des messages positifs, reconnaissants, et exprimaient leur soutien. Ils venaient d’un mélange de personnes gentilles, empathiques et intelligentes, certaines travaillant dans des milieux s’occupant de dysphorie de genre et de personnes trans et qui étaient profondément inquiètes de la manière dont un concept socio-politique est en train d’influencer les lois, les pratiques médicales et la sécurité. Elles s’inquiètent des dangers pour les jeunes, les personnes homosexuelles, et de l’érosion des droits des femmes et des filles. Et par-dessus tout, elles s’inquiètent du climat de peur qui n’aide personne, et surtout pas les jeunes trans.
J’ai pris de la distance par rapport à Twitter pendant plusieurs mois à la fois avant et après avoir tweeté pour soutenir Maya, parce que je savais que ça ne faisait rien de bien pour ma santé mentale. Je suis uniquement revenue parce que je voulais partager un livre pour enfants gratuitement pendant la pandémie. Immédiatement, les activistes qui se considèrent clairement comme bons, gentils et progressistes sont revenus en masse sur mon mur, se pensant en droit de surveiller mon langage, m’accusant de haine, m’appelant par des insultes misogynes et surtout, comme toute femme impliquée dans ce débat le sait, en m’appelant TERF.
Si vous ne le saviez pas déjà, et pourquoi le sauriez-vous ?, TERF est un acronyme créé par les activistes trans qui veut dire Féministe Radicale Excluant les Trans. Dans la pratique, une très large démographie de femmes sont appelées TERFs, et la grande majorité d’entre elles n’ont jamais été féministes radicales.  Des exemples de soi-disant TERFs vont de la mère d’un enfant gay s’inquiétant que son fils veuille transitionner pour échapper au harcèlement homophobe qu’il subit, jusqu’à une vieille dame jusque là absolument pas féministe qui a déclaré ne plus jamais se rendre chez Mark & Spencer parce qu’ils permettent à n’importe quel homme déclarant être une femme d’entrer dans les cabines d’essayage des femmes. Ironiquement, les féministes radicales n’excluent pas les trans, puisqu’elles incluent les hommes trans dans leur féminisme, comme les hommes trans sont nés femmes.
Mais les accusations d’être TERF ont été suffisantes pour intimider beaucoup de personnes, institutions et organisations que j’ai autrefois admirées, qui tremblent maintenant devant ces menaces de cours de récré. « Ils vont nous appeler transphobes ! », « Ils vont dire que je déteste les personnes trans ! », et puis quoi encore, ils vont dire que tu as des puces ? Je parle en tant que femme biologique, beaucoup de personnes en position de pouvoir devraient avoir plus de couilles (ce qui est sans doute possible, si on en croit le genre de personnes qui soutient que le fait que les poissons-clowns peuvent changer de sexe veut dire que les humains ne sont pas une espèce dimorphique).
Du coup, pourquoi je fais ça ? Pourquoi je m’exprime ? Pourquoi ne pas sagement faire mes recherches en gardant la tête baissée ?
J’ai cinq raisons pour lesquelles le nouvel activisme trans m’inquiète, et qui m’ont convaincue que je devais m’exprimer.
Premièrement, j’ai un fonds caritatif dédié à réduire la misère sociale en Écosse, notamment pour les femmes et les enfants. Entre autres choses, mon fonds soutient des projets pour les femmes en prison et pour les survivantes de violences domestiques et violences sexuelles. Je finance aussi la recherche médicale pour la sclérose en plaques, une maladie qui affecte très différemment les hommes et les femmes. Ça fait un moment qu’il est devenu clair pour moi que le nouvel activisme trans est en train d’avoir (ou risque fortement d’avoir, si toutes ses exigences sont acceptées) un impacte significatif sur beaucoup des causes que je soutien, parce qu’il souhaite éroder la notion juridique de sexe pour la remplacer par celle du genre.
La deuxième raison est que je suis une ancienne maîtresse d’école, et la fondatrice d’une organisation caritative pour les enfants, ce qui me donne à la fois un intérêt pour l’éducation, et pour la protection des enfants. Comme beaucoup, j’ai de grandes inquiétudes concernant les effets que le mouvement des droits des trans est en train d’avoir sur ces deux choses.
La troisième raison est que, en tant qu’autrice interdite (ndt : ses livres sont interdits à plusieurs endroits parce que considérés comme contraires aux bonnes mœurs), je m’intéresse particulièrement à la liberté d’expression, et je l’ai publiquement défendue, même pour Donald Trump.
La quatrième raison est que les choses sont en train de devenir particulièrement personnelles. Je suis inquiète du nombre énorme de jeunes femmes qui souhaitent transitionner, et du nombre croissant qui souhaitent détransitionner (revenir à leur sexe initial), parce qu’elles regrettent d’avoir pris cette mesure qui, dans certains cas, a altéré leur corps définitivement et les a privées de leur fertilité. Certaines disent qu’elles ont décidé de transitionner après avoir réalisé qu’elles étaient attirées par les personnes de même sexe, et que cette transition était en partie motivée par l’homophobie présente dans la société ou dans leur famille.
La majorité des personnes ne savent probablement pas, et je l’ignorais moi-même avant de faire mes recherches sur le sujet, qu’il y a dix ans, la majorité des personnes qui voulaient changer de sexe était des hommes. Cette tendance s’est maintenant renversée. La Grande Bretagne a vu une augmentation de 4400% des filles présentées pour un traitement visant à transitionner. Les filles autistes sont largement surreprésentées parmi elles.
Le même phénomène a été observé aux États-Unis. En 2018, La chercheuse et physicienne américaine Lisa Littman a exploré la question. Dans une interview, elle dit :
« En ligne, les parents décrivent un motif très inhabituel de personnes s’identifiant comme trans, où plusieurs amis, et parfois même un groupe entier d’amis s’identifient comme trans en même temps. J’aurais été négligente si je n’avais pas considéré la contagion sociale et l’influence des pairs comme facteur potentiel. »
Littman mentionne Tumblr, Reddit, Instagram et Youtube comme facteurs contribuant à l’Apparition Rapide de la Dysphorie de Genre (Rapid Onset Gender Dysphoria), où elle pense que dans le milieu de l’indentification transgenre, « les jeunes ont crée salles de résonances particulièrement isolées ».
Son article a déclenché un scandale. Elle a été accusée d’être biaisée et de répandre des fausses informations sur les personnes transgenres, exposée à une vague d’abus et une campagne organisée pour discréditer à la fois elle et son travail. Le journal a retiré ses recherches de leur site, l’a réétudié, et l’a republié. Cependant, sa carrière a souffert du même arrêt que celle de Maya Forstater. Lisa Littman a osé remettre en question l’un des points centraux du discours des activistes trans, qui est que l’identité de genre d’une personne est innée, comme son orientation sexuelle. Personne, les activistes insistent, ne peut être convaincu de devenir trans.
L’argument de beaucoup d’activistes trans à l’heure actuelle est que si vous ne laissez pas un adolescent dysphorique transitionner, il va se suicider. Dans un article expliquant pourquoi il a démissionné de Tavistock (une clinique du NHS dédiée au genre en Angleterre), le psychiatre Marcus Evans explique que l’affirmation que les enfants se tueraient s’ils n’étaient pas autorisés à transitionner « ne correspond à aucune étude ou donnée dans ce domaine. Ni avec les cas que j’ai rencontrés pendant des années de pratiques de la psychothérapie ».
Les écrits de jeunes hommes trans révèlent un groupe de personnes sensibles et intelligentes. Plus je lisais leurs récits sur leur dysphorie de genre, avec leurs descriptions d’anxiété, de dissociation, de troubles de l’alimentation, de mutilation et de haine contre soi-même, plus je me demandais, si j’étais née 30 ans plus tard, si moi aussi j’aurais envisagé la transition. L’attrait d’échapper au fait d’être une femme aurait été énorme. J’ai eu beaucoup de troubles obsessionnels du comportement quand j’étais jeune. Si j’avais trouvé, en ligne, une communauté et du soutien que je ne pouvais pas trouver dans mon environnement immédiat, je pense que j’aurais pu être persuadée de devenir le fils que mon père aurait ouvertement préféré avoir.
Quand je lis à propos de l’idéologie du genre, je me souviens à quel point je me considérais comme distancée du sexe quand j’étais jeune. Je me souviens de Colette qui se décrivait comme « une hermaphrodite mentale » et les mots de Simone de Beauvoir « c’est tout à fait normal pour une future femme de s’indigner des limitations qu’on lui impose de par son sexe. La vrai quelques n’est pas de savoir pourquoi elle devrait les rejeter, le problème est plutôt de comprendre pourquoi elle les accepte. »
Comme je n’avais pas la possibilité de devenir un homme dans les années 80, c’est par les livres et la musique que j’ai vaincu mes problèmes mentaux et le jugement sexué qui mettent tant de filles en guerre contre leur corps dans leur adolescence. Heureusement pour moi, j’ai trouvé mon propre sens d’être autre, et mes propres hésitations à propose d’être une femme reflétés dans le travail d’écrivaines et de musiciennes qui m’ont rassurée sur le fait que, malgré tout le sexisme que le monde nous jette à la figure, c’est ok de se sentir perdu, sombre, sexuel et non sexuel, incertain de quoi ou qui nous sommes.
Je veux être très claire : je sais que la transition sera une solution pour certaines personnes dysphorique, même si je suis consciente grâce à mes recherches que les études ont de manière constante montrées qu’entre 60 et 90% des adolescentes dysphoriques guérissent en grandissant. Encore et encore, on m’a dit « rencontre des trans ». Je l’ai fait. En plus de jeunes gens, qui étaient tous adorables, il se trouve que je connais une personne qui se considère comme une femme transsexuelle, plus vieille que moi et merveilleuse. Bien qu’elle soit ouverte sur son passé en tant qu’homme gay, j’ai toujours trouvé difficile de la considérer comme autre chose qu’une femme, et je pense (et espère) qu’elle est parfaitement heureuse d’avoir transitionné. Étant plus vieille, cependant, elle est passée par une plus longue et rigoureuse période d’évaluation, de psychothérapie, et par différentes étapes de transformation. L’explosion actuelle de l’activisme trans presse pour une suppression de ce système solide à travers lequel les candidats qui souhaitent un changement de sexe devaient autrefois passer. Un homme qui ne souhaite pas être opéré et qui ne prend pas d’hormone peut maintenant obtenir un Certificat de Reconnaissance de Genre et être considéré comme une femme aux yeux de la loi. Beaucoup de personnes ne sont pas conscients de ça.
Nous vivons la période la plus misogyne dont j’ai fait l’expérience. Dans les années 80, j’imaginais que mes futures petites filles, si j’en avais, auraient la vie beaucoup plus facile que la mienne, mais entre les attaques contre le féminisme et la culture internet saturée de porno, je pense que les choses sont en fait devenues pires pour les filles. Je n’ai jamais autant vu les femmes être dénigrées et déshumanisées à ce point. En partant de la longue histoire d’harcèlement sexuelles du leader du monde libre et de sa fière affirmation « attrapons-les par la chatte », en passant par le mouvement incel (célibataires involontaires) qui détestent les femmes qui ne veulent pas leur offrir du sexe, jusqu’aux activistes trans qui déclarent que les TERFs doivent recevoir des coups de poings et être rééduquées, les hommes de tous les bords politiques semblent d’accord : les femmes cherchent les ennuis. Partout, on dit aux femmes de se taire et de s’asseoir, sinon… 
J’ai lu tous les arguments soutenant que le fait d’être une femme ne résidait pas dans le corps sexué, et les affirmations que les femmes biologiques n’ont pas d’expériences communes, et je les trouve, aussi, profondément misogynes et régressifs. Il est très clair que l’un des objectifs de nier l’importance du sexe est de détruire ce que certains ont l’air de considérer comme l’idée cruelle et ségrégationniste que les femmes on leur propre réalité biologique ou, tout aussi terrifiant pour eux, qu’elles partagent une réalité unifiante qui fait d’elles une classe politique cohésive. Les centaines de mails que j’ai reçus ces derniers jours prouvent que cette destruction inquiète tout autant. Ce n’est pas assez pour les femmes d’être des alliées des trans. Les femmes doivent accepter et admettre qu’il n’y a aucune différence matérielle entre les femmes trans et elles-mêmes.
Mais comme beaucoup de femmes l’ont dit avant moi, « femme » n’est pas un costume. « Femme » n’est pas une idée dans la tête d’un homme. « Femme » n’est pas un cerveau rose, une affection pour Jimmy Choos ou une autre de ces idées sexistes qui sont maintenant présentées comme progressives. De plus, le langage « inclusif » qui appellent les femmes « personnes menstruées » ou « personnes avec vulve » est considéré par beaucoup de femmes comme déshumanisant et retirant aux femmes leur dignité. Je comprends pourquoi les activistes trans considèrent que ce langage est approprié et gentil, mais pour celles d’entre nous qui avons reçu des insultes crachées par des hommes violents, ce n’est pas neutre, c’est hostile, et aliénant.
Ce qui m’amène à la cinquième raison pour laquelle je suis profondément inquiète des conséquences de l’activisme trans contemporain.
J’ai été une personne publique depuis plus de 20 ans, et je n’ai jamais parlé publiquement du fait que j’ai été victime de violences domestiques et d’abus sexuels. Ce n’est pas parce que j’ai honte que cela me soit arrivé, mais parce que c’est traumatisant d’y repenser et de s’en souvenir. Je me sens également responsable de ma fille, que j’ai eu de mon premier mariage. Je ne voulais pas m’attribuer une histoire qui la concerne également. Cependant, il y a peu, je lui ai demandé comment elle se sentirait si je parlais publiquement de cette partie de ma vie, et elle m’a encouragée à le faire.
J’ai mentionné ces choses non pas pour gagner de la sympathie, mais comme geste de solidarité envers le nombre énorme de femmes qui ont une histoire similaire à la mienne, qui ont été accusées de bigoterie pour s’inquiéter du devenir des espaces dédiés aux femmes.
J’ai réussi à échapper à mon premier mariage avec difficulté, mais je suis maintenant mariée à un homme bon et respectueux, à l’abri et à l’aise d’une manière que je n’aurais jamais crue possible. Cependant, les cicatrices laissées par la violence et les abus sexuels ne disparaîtront pas, peu importe à quel point on vous aime, peu importe l’argent qu’on gagne. Mon éternelle nervosité est une blague dans la famille, même moi je sais que c’est drôle, mais je prie pour que mes filles n’aient jamais les mêmes raisons que moi de détester les bruits soudains, ou de découvrir une personne derrière moi quand je ne l’ai pas entendue s’approcher.
Si vous pouviez entrer dans ma tête et comprendre ce que je ressens quand je lis l’histoire d’une femme trans tuée par un homme violent, vous trouveriez de la solidarité. Je ressens un sentiment de terreur viscérale concernant la manière dont cette femme trans aura passé ses derniers instants sur Terre, parce que j’ai également connu ces moments de terreur infinie quand je réalisais que la seule chose qui me gardait en vie était le self-contrôle bancal de mon attaquant.
Je pense que la majorité des personnes qui s’identifient comme trans ne présentent aucun danger pour les autres, mais sont vulnérables pour les raisons mentionnées précédemment. Les personnes trans ont besoin et méritent une protection. Comme les femmes, ils ont plus de chances d’être tués par un partenaire sexuel. Les femmes trans prostituées, notamment celles racisées, sont particulièrement exposées aux risques. Comme toutes les autres victimes de violences domestiques et d’abus sexuels que je connais, je ne ressens que de l’empathie et de la solidarité pour les femmes trans qui ont été violentées par des hommes.
Donc je veux que les femmes trans soient en sécurité. En même temps, je ne veux pas que les femmes et les filles soient moins en sécurité. Quand vous ouvrez la porte des toilettes et des cabines d’essayage à tous les hommes qui pensent se considérer comme des femmes, et comme je l’ai dit, les certificats de changement de genre sont maintenant délivrés sans aucune opération ou aucune hormone, alors vous ouvrez la porte à tous les hommes qui veulent entrer. C’est la simple vérité.
Samedi matin, j’ai lu que le gouvernement écossais avançait sur des plans controversés concernant la reconnaissance du genre, qui vont, dans les faits, faire en sorte que tout ce qu’un homme a besoin pour « devenir une femme » est de dire qu’il en est une. Pour utiliser un mot très contemporain, j’ai été « triggered » (tdr : déclenchée ; se dit quand une personne fait face à un élément qui cause chez elle de la panique). Fatiguée par les attaques incessantes des activistes trans sur les réseaux sociaux, alors que j’étais seulement là pour donner à des enfants des retours sur des images qu’ils avaient dessinés pour mon livre pendant le confinement, j’ai passé beaucoup de ce samedi dans un endroit très sombre dans ma tête, alors que les souvenirs d’un grave abus sexuel que j’avais vécu dans ma vingtaine tournaient en boucle dans ma tête. Cet abus s’est déroulé à une époque où j’étais particulièrement vulnérable, et un homme a profité de cette détresse. Je ne pouvais pas bloquer ces souvenirs et je trouvais difficile de contenir ma colère et ma déception face au fait que le gouvernement sacrifiait la sécurité des femmes et des filles.
Tard ce samedi, alors que je regardais les dessins des enfants avant d’aller au lit, j’ai oublié la première règle de Twitter, ne jamais s’attendre à une conversation nuancée, et j’ai réagis à ce que je pense être un langage dégradant envers les femmes. J’ai parlé de l’importance du sexe et j’en paie le prix depuis. J’ai été transphobe, une pute, une chienne, une TERF. Je méritais d’être cancelled, frappée, morte. Tu es Voldemort, a dit une personne, pensant clairement que c’était le seul langage que je comprendrais.
Ce serait tellement plus simple de tweeter le hashtag approuvé, parce que bien évidement les droits des trans sont des droits de l’homme, et bien entendu la vie des trans a de l’importance, pour récupéré des woke cookies (ndt : des bons points des bien-pensants) et de profiter de la vague agréable qui suit l’affirmation de signes de vertu. Il y a de la joie, du soulagement et de la sécurité dans la conformité. Comme Simone de Beauvoir l’a également écrit « Et sans doute il est plus confortable de subir un aveugle esclavage que de travailler à s’affranchir : les morts aussi sont mieux adaptés à la terre que les vivants. »
Un grand nombre de femmes sont avec raison terrifiées des activistes trans : je le sais parce que beaucoup m’ont contactée pour me raconter leur histoire. Elles ont peur d’être doxxée (ndt : qu’on révèle leur identité à leur travail et à leurs proches), de perdre leur travail ou leur moyen de subsistance, et peur de la violence.
Mais tout aussi désagréable que ce soit d’être constamment prise pour cible, je refuse de m’incliner devant un mouvement qui, je pense, est en train de causer du mal en détruisant le mot « femme » comme classe politique et biologique, et en offrant une protection aux prédateurs comme peu avant eux. Je me tiens aux côtés des braves femmes, hommes, gays, hétéro, et trans qui défendent la liberté d’expression et de penser, et les droits et la sécurité des personnes les plus vulnérables dans la société : les jeunes gays, les adolescents fragiles, les femmes qui dépendent des espaces dédiés aux femmes et souhaitent les conserver. Les sondages montrent que ces femmes sont une vaste majorité et excluent seulement celles qui sont suffisamment privilégiées ou chanceuses de ne pas avoir été confrontées à la violence masculine ou aux abus sexuels., et qui ne se sont pas fatiguées à se renseigner sur le sujet.
La seule chose qui me donne de l’espoir est que ces femmes manifestent et s’organisent, et qu’elles ont quelques hommes et personnes trans décents avec elles. Les partis politiques qui cherchent à apaiser les voix les plus fortes dans ce débat ignorent les inquiétudes des femmes à leurs risques et périls. En Grande Bretagne, les femmes se rejoignent à travers les partis, inquiètent de l’érosion de leurs droits si difficilement obtenus et de l’intimidation dont elles sont victimes. Aucune des femmes critiques du genre auxquelles j’ai parlé ne déteste les trans, au contraire. Beaucoup d’entre elles se sont intéressées au sujet justement parce qu’elles s’inquiétaient pour eux, et elles sont très sympathique envers les adultes trans qui veulent simplement vivre leur vie, et qui font face à des attaques d’un activisme qu’ils ne soutiennent pas. La plus grande ironie est que la tentative de faire taire les femmes avec le mot TERF a peut-être poussé plus de jeunes femmes à rejoindre le féminisme radical que le mouvement a vu en des années.
La dernière chose que je veux dire est la suivante. Je n’ai pas écrit ce texte dans l’espoir que quiconque sorte un violon pour moi, même pas un tout petit. Je suis extraordinairement chanceuse : je suis une survivante, certes, mais pas une victime. J’ai seulement mentionné mon passé parce que, comme chaque personne sur Terre, j’ai un passé complexe qui impacte mes peurs, mes intérêts et mes opinions. Je n’oublie jamais cette complexité innée quand je crée un personnage, et je ne l’oublie certainement pas quand on parle des trans.
Tout ce que je demande, tout ce que je veux, est qu’une empathie similaire, une compréhension similaire soit étendue à ces millions de femmes dont le seul crime est de vouloir que les inquiétudes soient entendues sans recevoir des menaces et de la violence.
Sources externes : Traduction de critiqualqueenlesbian Texte original de Jk Rowling
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rainbowtheque · 4 years
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Le Clan du Corbeau Blanc
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Titre : Le Clan du Corbeau Blanc Tome 1 : La Malédiction du Wendigo
Autrice : Elfydil
Roman, Saga (1 tome pour le moment)
Genre : Fantasy, Dark fantasy
Maison d’édition : Auto édition
Disponible en version papier et numérique - Nombre de pages : 724 pages
Age conseillé : YA, Adulte
Résumé : 
Nokomis a enfin atteint l’âge requis pour partir en quête de son totem et ainsi devenir véritablement un membre du clan du corbeau blanc. Malheureusement, sa vie bascule le jour où elle se retrouve possédée par un wendigo manipulateur et extrêmement violent.Réussira-t-elle à s’en débarrasser sans s’en prendre à ceux qu’elle aime ?
Identités représentées : Héroïne lesbienne, protagoniste secondaire féminin bisexuel, protagoniste secondaire féminin non binaire
Thématiques LGBT+ présentes : Romance lesbienne (sous intrigue)
Autres thématiques : Aventure, féminisme, voyage, voyage initiatique, la différence
TW : Viol, Violences physiques, violences verbales, Massacre, Mutilations, Sang, violences psychologiques
Avis de Encre de Calame :
« Un roman original qui ne manque pas d'actions. Nous suivons l'aventure de Nokomis, une jeune amérindienne qui au cours de la quête de son premier totem va se retrouver possédée par un Wendigo. Ce dernier est manipulateur et violent, et mettra en danger la vie de Nokomis et de ses amis.
Heureusement, il y a Ayana, son amie guérisseuse, mais aussi Hanska, son frère adoptif. Une histoire captivante avec des personnages attachants.
Un roman à ne pas rater pour les fans de fantasy et de dark fantasy, sur fond de folklore amérindien. »
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le lesbianisme politique. histoire, théorie, pratique
“My God, who wouldn’t want a wife?” – Judy Syfers, I Want a Wife, 1971
Le lesbianisme politique, qu’est-ce que c’est, au juste ? Car ces deux termes ont beau enflammer les réseaux sociaux et créer moult débats dans les milieux féministes et LGBTI+, personne ne semble prendre réellement le temps de les définir – or, s’il y a bien quelque chose qui me frappe par son improductivité évidente, c’est précisément le fait de débattre d’une chose que l’on ne comprend pas, voire que l’on ne prend même pas la peine d’essayer de comprendre. 
C’est pour cette raison exacte et, plus généralement, parce que le sujet me passionne, que je viens aujourd'hui dresser un tableau – synthétique, certes, mais qui se veut clair et nécessaire à une compréhension basique du sujet – du lesbianisme politique, de son histoire, de la théorie qu’il défend et des moyens de sa mise en pratique. Et si le format écrit vous intimide ou vous ennuie, n’hésitez pas à aller voir ma vidéo sur le sujet. 
0. définitions
Commençons donc par définir les concepts nécessaires à la bonne compréhension du sujet et des développements qui suivront : 
Tout d’abord, le lesbianisme, qui s’oppose à l’hétérosexualité (attirance romantique ou sexuelle pour le genre opposé du sien) et diffère de la bisexualité (attirance peu importe le genre de la personne en face), désigne l’attirance sentimentale ou sexuelle éprouvée par une femme pour une autre femme, et ce exclusivement : la lesbienne, contrairement à la femme bi(sexuelle), ne peut être attirée par un homme. On parle aussi d’homosexualité féminine ou de saphisme, en référence à Sappho, poétesse grecque du VIIe siècle av. J.-C. connue pour ses amours lesbiennes.
> Sappho, « À une femme aimée » (trad. E. Falconnet) :
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Le matérialisme (historique ou dialectique) est une théorie marxiste formulée par Marx et Engels (auteurs du Manifeste du parti communiste de 1848) au XIXe siècle. C’est une philosophie de l’histoire « selon laquelle les événements historiques sont déterminés non pas par des idées mais par des rapports sociaux » (Wikipédia). Elle place la lutte des classes au centre de l’histoire et en fait un rapport de force sous-jacent aux relations humaines.
Le féminisme matérialiste est un mouvement féministe radical, issu de la deuxième vague féministe (années 1960). Cette deuxième vague se concentre sur la place de la femme dans la sexualité et la famille, s’intéressant ainsi notamment aux violences conjugales et, plus généralement, misogynes. Le courant matérialiste met les outils du marxisme au service du féminisme : ainsi le patriarcat est théorisé comme un système social et politique et les rapports hommes-femmes sont abordés comme une opposition sociale, et non biologique. À l’instar du marxisme qui vise à l’abolition des classes sociales, le féminisme matérialiste cherche l’abolition des classes « genrées » et, par extension, du genre lui-même.
Enfin, le lesbianisme politique (ou « lesbianisme radical ») est un courant rattaché au féminisme matérialiste en ce qu’il prône la lutte contre le patriarcat en tant que système politique. L’idée majeure du lesbianisme politique, idée que l’on développera ici, est que cette lutte peut se mener au niveau individuel, via le refus de soutenir l’hétérosexualité et de relationner (= entretenir des relations) avec les hommes. 
Pour développer correctement cette idée et vous apporter un contexte nécessaire à sa compréhension, cette étude non-exhaustive du lesbianisme politique via ses textes phares se fera en trois temps : d’abord, l’histoire de sa naissance et de son développement ; ensuite, l’exposition de sa théorie et de ses principes politiques ; et, enfin, les moyens de sa mise en place ainsi qu’une brève démonstration de son utilité pratique et individuelle.  
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photo : https://commiepinkofag.org/post/84429787341/radicalesbians-1970s 
1. histoire
“Feminism is the theory, lesbianism is the practice.” – attributed to Ti-Grace Atkinson (Chicago Women's Liberation Union pamphlet, Lesbianism and Feminism, 1971).
Le féminisme étasunien puis occidental s’est construit en plusieurs « vagues » ou mouvements : 
première vague (milieu du XIXe siècle) : ce féminisme, qui surgit avec la révolution industrielle, est centré sur l’obtention du droit de vote et du droit de travail et est majoritairement bourgeois, libéral et essentialiste (l’essentialisme correspond à la pensée selon laquelle le genre est une réalité biologique : il n’y a donc pas de distinction faite entre sexe et genre, et pas de remise en question des rôles de genre dits gender roles).
deuxième vague (années 1960-70) : elle prend place après la Seconde guerre mondiale et cherche, non plus le compromis de la première vague, mais le renversement du système patriarcal en tant que tel. Le féminisme se divise rapidement en plusieurs courants qui se complètent ou s’opposent (certaines féministes critiquent l’institution du mariage, d’autres souhaitent une continuation des objectifs de la première vague, etc.) et il se diversifie au contact des combats des militant·e·s antiracistes et/ou LGBTI+. Ce courant se concentre notamment sur la question de la sexualité des femmes via des débats sur la contraception ou (entre autres) la notion de maternité.
troisième vague (années 1980) : c’est la généralisation de l’intersectionnalité ou convergence des luttes, qui observe un croisement entre les différentes discriminations et prône un féminisme à même de prendre en compte ces croisements (féminisme noir ou afro-féminisme, féminisme queer, ouvrier, etc.). 
quatrième vague (années 2010) : elle désigne l’engouement renouvelé pour le féminisme grâce aux réseaux sociaux. Cette vague se concentre notamment sur la lutte contre le harcèlement et les agressions sexuelles et est incarnée, entre autres, par le mouvement #MeToo. 
> Pour en savoir un peu plus sur les vagues du féminisme, c’est par ici.
La période qui nous intéresse ici, c’est donc celle des années 1960-80 (deuxième et troisième vagues), pendant lesquelles naît le lesbianisme politique. S’il commence à se développer pendant la deuxième vague, la plupart de ses textes phares sont publiés durant la troisième vague féministe : on pense à Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence d’Adrienne Rich (1980) ou encore à Love Your Enemy? The Debate Between Heterosexual Feminism and Political Lesbianism de Sheila Jeffreys (1981). 
Les années 1960 et 1970 ont constitué un moment particulièrement fructueux pour la pensée marxiste où se sont ouvertes de nouvelles voies à la suite de l’effondrement du stalinisme dans les années 1950. [...] Un tel contexte a favorisé l’éveil de nouvelles théories autour de plusieurs phénomènes ou auteurs qui avaient été passés sous silence par l’orthodoxie marxiste-léniniste. [...] De nouveaux thèmes élargissent le champ de la réflexion: la réalité des sociétés dites « primitives », la culture, les femmes, la question raciale, autant de perspectives nouvelles qui vont remettre en cause un certain type de marxisme. 
Dans ce contexte, de nombreuses femmes ont commencé, à partir des années 1960, à interroger la façon dont la gauche avait thématisé jusqu’alors la « question des femmes ». De larges secteurs du mouvement féministe de la deuxième vague ont recours au marxisme, de façon plus ou moins orthodoxe, pour développer de nouvelles théorisations. [...] Il fallait élaborer de nouvelles approches théoriques capables de rendre compte de l’oppression des femmes sur de nouvelles bases.
– Maira Abreu, « De quelle histoire le ‘féminisme matérialiste’ (français) est-il le nom? » (2017)
2. théorie
En 1971 est publié le pamphlet Lesbianism and Feminism, distribué par l’union de libération des femmes de Chicago (CWLU). Bien que quelque peu daté, il propose une réflexion nécessaire sur les rapports entre féminisme et lesbianisme dans les années 1960-70, et tente de définir la place de ce dernier dans le mouvement féministe en répondant à des questions telles que : peut-on être féministe sans être lesbienne ? être lesbienne suffit-il à lutter contre le patriarcat ou à s’extraire du schéma hétéronormatif de notre société ? etc. 
“I am suggesting that heterosexuality, like motherhood needs to be recognized and studied as a political institution” – Adrienne Rich
« Ce que je suggère, c’est que l’hétérosexualité, de même que la maternité, doit être reconnue et étudiée en tant qu’institution politique »
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> photo : http://le-beau-vice.blogspot.com/2012/03/adrienne-rich-1929-2011.html 
C’est en 1980 qu’Adrienne Rich, théoricienne féministe matérialiste, publie Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence, un article majeur et central dans le développement du lesbianisme politique, traduit en français sous le titre « La contrainte à l’hétérosexualité et l’existence lesbienne » (in La Contrainte à l’hétérosexualité et autres essais, 2010). Dans cet article, elle s’intéresse aux discours féministes de l’époque, plus ou moins ignorants de la notion de lesbianisme, et ramène cette ignorance constatée et ce rejet du lesbianisme par les féministes elles-mêmes à ce qu’elle nomme compulsory heterosexuality (« l’hétérosexualité obligatoire ») ou prescriptive heterosexuality (« hétérosexualité prescrite »). Elle définit ce concept, central dans la pensée matérialiste, comme le résultat de “the enforcement of heterosexuality for women as a means of assuring male right of physical, economical, and emotional access” (« la contrainte à l’hétérosexualité pour les femmes comme un moyen d’assurer le droit des hommes à un accès [aux femmes] physique, économique et émotionnel ») ; contrainte qui se met en place via le culte de la maternité, l’invisibilisation du lesbianisme qui fait de l’hétérosexualité la seule option possible ou encore l’affirmation de la supériorité de l’homme (intelligence, rationalité, objectivité...). 
“for women heterosexuality may not be a "preference" at all but something that has had to be imposed, managed, organized, propagandized, and maintained by force” – Adrienne Rich
« pour les femmes l’hétérosexualité n’est peut-être même pas du tout une “préférence” mais quelque chose qui doit être imposé, dirigé, organisé, loué par la propagande et maintenu par la force »
L’hétérosexualité obligatoire, pour résumer, désigne la contrainte à l’hétérosexualité imposée par le patriarcat et ses effets au niveau individuel : pour une femme, quelle que soit son orientation romantique ou sexuelle, c’est une recherche constante de validation masculine, une tendance à chercher la compagnie (amoureuse ou amicale) des hommes plutôt que des femmes, une volonté apparente et généralisée de relationner avec les hommes, même lorsque l’envie n’y est pas. C’est aussi, plus spécifiquement, ce qui limite les choix des femmes : l’hétérosexualité prescrite refuse le lesbianisme et enferme les femmes dans une obligation à considérer les hommes et leur regard sur elles, à voir les relations avec les femmes comme « moindres » ou dénuées de valeur – on pense ici aux paroles de Katy Perry dans I Kissed a Girl : “Don't mean I'm in love tonight / I kissed a girl and I liked it / ... / No, I don't even know your name / It doesn't matter / You're my experimental game”. L’hétérosexualité obligatoire, donc, renforce, voire mène à la misogynie et la lesbophobie intériorisées*. 
* Petit retour sur les définitions : la misogynie intériorisée désigne la capacité, pour une femme, d’être misogyne envers elle-même ou les autres femmes à cause de biais sexistes intégrés par le fait même de grandir dans une société patriarcale. Elle peut se traduire, entre autres, par une tendance au slut-shaming et au dénigrement généralisé des autres femmes. La lesbophobie intériorisée, de même, correspond à une intériorisation chez la femme lesbienne (souvent en questionnement) des biais lesbophobes causés par une société misogyne et homophobe – la lesbophobie étant la conjonction de ces deux discriminations. 
En 1981, Sheila Jeffreys publie Love Your Enemy? The Debate Between Heterosexual Feminism and Political Lesbianism, un pamphlet publié par le Leeds Revolutionary Feminist Group “because we think the discussion among feminists about political lesbianism is important.” L’idée globale qui y est développée est que l’hétérosexualité devrait être abandonnée par les féministes car elle est une composante essentielle de la domination patriarcale : “it is specifically through sexuality that the fundamental oppression, that of men over women, is maintained.” (« c’est précisément via la sexualité que l’oppression fondamentale, qui est celle des hommes sur les femmes, est maintenue. »). Le couple hétérosexuel y est décrit comme « l’unité de base de la structure politique de la domination masculine » (“the basic unit of the political structure of male supremacy”), car il renforce l’oppression patriarcale au niveau individuel, voire intime en rendant plus difficile l’identification d’un ennemi commun (les hommes) et l’organisation d’une révolte féminine. La pénétration y est vue comme une performance, qui ne prend pas en compte le plaisir de la femme, mais aussi comme un moyen de renforcer la domination patriarcale à une époque où le mouvement féministe progresse énormément – en ce sens, derrière la “libération sexuelle” se cache un encouragement des femmes à relationner avec les hommes. 
“Penetration is an act of great symbolic significance by which the oppressor enters the body of the oppressed. But it is more than a symbol, its function and effect is the punishment and control of women. […] Every man knows that a fucked woman is a woman under the control of men, whose body is open to men, a woman who is tamed and broken in. Before the sexual revolution there was no mistake about penetration being for the benefit of men. The sexual revolution is a con trick. It serves to disguise the oppressive nature of male sexuality and we are told that penetration is for our benefit as well. […] For a man it is an act of power and mastery which makes him stronger, not just over one woman but over all women.” – Sheila Jeffreys
« La pénétration est un acte véritablement symbolique par lequel l’oppresseur pénètre le corps de l’opprimée. Mais c’est plus qu’un symbole, car sa fonction et sa conséquence est la punition et le contrôle des femmes. […] Tout homme sait qu’une femme ba*sée est une femme placée sous le contrôle des hommes, dont le corps est ouvert aux hommes, une femme apprivoisée et usée / déformée. Avant la révolution sexuelle l’on ne se trompait pas sur l’enjeu de la pénétration en tant que bénéficiant aux hommes. La révolution sexuelle est une escroquerie. Elle sert à déguiser la nature oppressive de la sexualité masculine et l’on nous répète que la pénétration est un bénéfice pour nous aussi. […] Pour un homme c’est un acte de pouvoir et de maîtrise qui le rend plus fort, pas seulement plus fort qu’une femme mais plus fort que toutes les femmes. »
* L’on reste bien entendu ici dans le cadre des relations hétérosexuelles entre personnes cisgenres, les dynamiques de pouvoir étant résolument différentes dès que la question de la transidentité entre en jeu.
La suite du pamphlet est une série de questions-réponses permettant d’éclairer les interrogations fréquentes des féministes hétérosexuelles ou en relation hétérosexuelle, et de réactions critiques, négatives ou positives, concernant la réception dudit pamphlet et ses éventuels défauts.
Enfin, c’est en 1992 que Monique Wittig publie The Straight Mind and Other Essays, une collection d’essais traduite et publiée en français en 2001 sous le titre La Pensée Straight – un résumé du livre est disponible juste ici. 
« Dans une situation désespérée comparable à celle des serfs et des esclaves, les femmes ont le “choix” entre être des fugitives et essayer d’échapper à leur classe (comme font les lesbiennes), et/ou de renégocier quotidiennement, terme à terme, le contrat social. […] La seule chose à faire est donc de se considérer ici même comme une fugitive, une esclave en fuite, une lesbienne. » – Monique Wittig
* Le parallèle esquissé avec l’esclavage n’est selon moi pas très judicieux et nécessiterait, dans un essai plus développé, d’être remis en question.
Alors, la théorie du lesbianisme politique, qu’est-ce que c’est ? En résumé, c’est l’idée que l’hétérosexualité, dans le cadre d’une société patriarcale, est un outil permettant à la domination masculine de pénétrer (littéralement et symboliquement) les femmes à un niveau intime et individuel. Refuser l’hétérosexualité, c’est refuser le patriarcat dans sa forme la plus insidieuse ; c’est, surtout, préférer la compagnie amicale ou romantique, et souvent très politique, des femmes. 
D’une certaine manière, le lesbianisme politique découle de cette observation bien connue : « tout est politique », même les relations amicales, amoureuses et sexuelles. C’est à la fois un outil d’émancipation individuelle et une volonté de politiser l’intime afin de combattre un système de domination patriarcale qui s’exerce dans toutes les sphères de la vie d’une femme.
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> photo : http://www.dissidentmama.net/the-mystique-of-feminisms-red-roots/ 
3. pratique
En pratique, le lesbianisme politique se présente comme une solution et une échappatoire possible pour les femmes, qu’elles soient hétérosexuelles, bisexuelles ou lesbiennes (notamment lorsqu’elles en sont encore au stade du questionnement). Il prend forme dans un refus et un questionnement de l’hétérosexualité obligatoire : il s’agit de différencier attirance réelle et attirance prescrite par une société hétéronormée. Surtout, il s’agit de refuser consciemment les relations avec les hommes et d’encourager celles avec les femmes, en faisant un travail d’apprentissage sur soi-même : l’on doit ainsi apprendre à aimer les femmes (ce qui diffère grandement des formes de l’amour hétérosexuel), à rechercher leur compagnie et à s’extraire, petit à petit, d’une vision patriarcale et hétérocentrée (ou hétéronormative) des relations amoureuses et/ou sexuelles. Le lesbianisme politique est une forme de protection des femmes : s’extraire des relations hétérosexuelles, c’est avant tout s’extraire de relations amoureuses où la dynamique de pouvoir est fondamentalement déséquilibrée, et ce quel que soit le niveau de conscience politique de l’homme impliqué ; c’est aussi s’extraire du danger omniprésent des violences conjugales sous toutes leurs formes, majoritairement présentes dans les relations cis-hétérosexuelles – il n’y a qu’à voir les statistiques relatives aux viols et féminicides. 
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> source : http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/violences-de-genre/reperes-statistiques/ 
Un premier pas possible vers le questionnement des effets de l’hétérosexualité prescrite sur nos relations avec les hommes – que l’on soit hétéro, lesbienne ou bi –, c’est ce document, que j’enjoins toutes les femmes à consulter : https://www.docdroid.net/N46Ea3o/copy-of-am-i-a-lesbian-masterdoc.pdf.
Enfin, et avant de vous laisser avec une petite liste de liens vers des ressources complémentaires, je vous informe qu’en plus de cet article et de la vidéo correspondante, j’ai fait un live sur ma chaîne youtube où je réponds aux questions qui m’ont été posées suite à cet article/vidéo et où je précise certains éléments ; n’hésitez donc pas à l'écouter si certains éléments restent peu clairs. 
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pour aller plus loin : quelques ressources complémentaires
vidéo “Qu’est-ce que le lesbianisme politique ?” de Club Misandre (Louise) : https://www.youtube.com/watch?v=jiex3m1CNGw
vidéo “gal pals and compulsory heterosexuality” de Sophie Jerrome : https://www.youtube.com/watch?v=GqB9Q0zgJIo
vidéo “let’s talk comp-het: labels, identity crisis, and my internal lesbophobia” de Elle Buss : https://www.youtube.com/watch?v=SLJPlrX3LoQ
podcast Binge Audio “Contraint·e·s à l’hétérosexualité” : https://www.youtube.com/watch?v=Q9E3ycMiJ_I 
vidéo “Féminisme : Monique Wittig, La Pensée Straight” de Game of Hearth : https://www.youtube.com/watch?v=WBcUaDKy7dU 
podcast France Culture “Face à un féminisme hétéro” : https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/sortir-les-lesbiennes-du-placard-24-face-a-un-feminisme-hetero 
vidéo “What is compulsory heterosexuality?” de Tallulah Guard : https://www.youtube.com/watch?v=MqR6Lsbh98U 
sur Sappho :
Sapho / traduction nouvelle avec le texte grec par Renée Vivien, en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k825234.r=renee+vivien.langFR
Claude Calame, Choruses of Young Women in Ancient Greece, Rowman & Littlefield, 1996 : https://chs.harvard.edu/CHS/article/display/4309.claude-calame-choruses-of-young-women-in-ancient-greece-cover
Ellen Greene, Reading Sappho: Contemporary Approaches, Berkeley:  University of California Press, 1996 : http://ark.cdlib.org/ark:/13030/ft3199n81q/
vidéo Les Littératrices #2 Sapphô de Lesbos : https://www.youtube.com/watch?v=9q0eVZ1yU98
podcast France Culture – Sapphô de Mythilène : https://www.youtube.com/watch?v=cURASl2Uk1w
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a-room-of-my-own · 4 years
Note
1 - Je me suis fait un réflexion sur le traitement du mouvement trans dans les médias, comparés aux mouvements LGB et au féminisme. Être LGB et être une femme n'apporte rien à l'économie. Je n'ai pas réussi à trouver d'études fiables sur le sujet, mais je n'ai pas l'impression que les femmes consomment plus que les hommes, bien qu'elles y soient encouragées (je me souviens même de séries d'animations annulées parce qu'elles attiraient les filles et qu'elles ne consommaient pas assez de jouets)
2 - Être gay, bi ou lesbienne n'inclut pas non plus une consommation excessive de choses et d'autres, donc l'apport à l'économie est très faible pour ces personnes. En revanche, le mouvement trans actuel qui oscille entre des vêtements et des colorations de cheveux criardes et des opérations esthétiques et chirurgicales couteuses se défini globalement par son apparence et un besoin de consommation excessif. Ce n'est pas un mouvement politique ou social.
3 - Ce mouvement ne s'inquiète pas des conditions de vie des trans qui sont dans la précarité ou qui doivent se prostituer (d'ailleurs, ils soutiennent la prostitution…) Il ne critique pas des injustices sociales mais ne se préoccupe que de problèmes individuels. C'est un mouvement pour jeunes riches qui ont des moyens à mettre dans les vêtements, du cosmétique, des médicaments ou des opérations et ça rapporte beaucoup à ceux qui doivent investir dans ces domaines là.
4 - Tout ça pour dire que je ne serais pas surprise si l'engouement pour le mouvement trans s'inscrivait dans la continuité de la société de consommation et que beaucoup y trouvaient un intérêt à faire prospérer cette tendance. Je regrette que beaucoup de vrais trans soient réduits au silence ou se rassurent de voir le mouvement trans bénéficier de plus de visibilité à cause des pervers et de jeunes hétéros qui dévoient des revendications sensées et s'écharpent pour obtenir des privilèges.
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C'est très vrai dans le sens où tout ce que tu peux utiliser pour segmenter une population peut ensuite servir à créer des clientèles. Quand tu crée un produit la première étape c'est de définir ta cible, et ensuite de construire ta promo en fonction de ta cible. Il y a vieux débat sur la publicité / les médias sur le fait de savoir si ils reflètent la r��alité ou s'ils sont prescripteurs. Dans le sens est-ce que la publicité et les médias remplissent un besoin existant ou est-ce qu'ils créent le besoin pour ensuite le remplir ?
A mon sens c'est les deux, et dans notre société de consommation, de plus en plus de la prescription. Et pour créer un besoin une bonne technique c'est de créer de nouveaux segments. Typiquement l'adolescence en tant qu'âge de la vie avec sa propre culture est une invention quasi entièrement commerciale. Avant on passait de l'enfance à l'âge adulte quasi sans transition, l'invention de l'adolescence a permis de développer toute une gamme de produits à destination de ce nouveau segment. Et récemment on a inventé les "tweens", les pré-ados. Et ce qui est fascinant c'est de voir à quel point ça marche, et comment en quelques années les gens sont convaincus que ça existe et que ça n'a pas été fabriqué de toute pièce.
Le féminisme et surtout les mouvements LGBT ont eux subi une forme de prédation, comme d'autres mouvements avant eux. Le féminisme "parce que je le vaux bien" sert à vendre des produits dérivés, les mouvements LGBT aussi, mais également à créer des segments. Pourquoi tu crois que les marques sont à fond dans le rainbow ? Pour se donner une bonne image, certes, mais aussi pour vendre.
Au delà de ça, la théorie des identités de genre s'inscrit parfaitement dans l'ultra individualisme de nos sociétés où les gens se conçoivent tous comme uniques et spéciaux, ce qui est aussi le discours des marques. Vous êtes uniques, vous êtes vous, vous méritez *produit*.
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rad-translations · 4 years
Text
Le mouvement des femmes sud-coréennes: “Nous ne sommes pas des fleurs, nous sommes un feu”
ENGLISH > FRENCH
Note de la traductrice: Il y a de très nombreux liens vers des infos annexes ou des sources dans cet article, que j’ai laissé. Cependant ces liens sont en anglais. Je ne peux malheureusement pas traduire des dizaines d’articles d’un coup!
https://www.feministcurrent.com/2020/06/15/the-south-korean-womens-movement-we-are-not-flowers-we-are-a-fire/
Un reportage de Jen Izaakson et Tae Kyung Kim sur le mouvement féministe radicale qui inspire les femmes en Corée.
L’automne dernier, Jen Izaakson a voyagé en Corée du Sud pour documenter la montée du mouvement féministe radical, dans le cadre d’un groupe de travail de l'université de Cambridge, après avoir gagné une bourse de recherches. Elle a interviewé plus d’une quarantaine de femmes activistes. Elle est la co-autrice de cet article avec Tae Kyung Kim, une féministe radicale coréenne originaire de Séoul, qui vit et étudie actuellement à Berlin. Les nouvelles concernant ce mouvement féministe grandissant en Corée du Sud ont atteintes les médias occidentaux, mais les racines de ce soulèvement sont encore méconnues. Les médias mainstream occidentaux s’attardent souvent sur les aspects du féminisme sud-coréenne qui nous reflètent nos propres  accomplissement, laissant les réussites uniques des femmes coréennes et les aspects les plus radicaux du mouvements moins visibles.
En septembre, plus de quarante femmes de Corée du Sud furent interviewées dans le cadre de recherches académiques. Les résultats sont résumés dans cet article. En raison de la brièveté de ce dernier, beaucoup d’informations n’ont pas pu être présentées, mais nous avons essayé d’inclure les éléments qui démontrent au mieux l’émergence de ce moment; son contexte historique; et quelles tactiques, stratégies et formations politiques constituent le féminisme radical de Corée du Sud.
La violence masculine politise et radicalise
En 2016, le fameux “Gangnam murder” a provoqué un tollé parmi les femmes. Un homme de 34 ans nommé Kim Sung-min poignarda une femme de 23 ans (dont le nom reste interdit à la publication) jusqu’à la mort dans des toilettes mixtes (“gender neutral”) à un bar karaoké. Kim Sung-min avais attendu dans ces toilettes, autorisant plusieurs hommes à entrer et sortir avant qu’une femme n’arrive. Au tribunal, il expliqua: “Je l’ai fait car les femmes m’ont toujours ignorées”. Cette excuse est similaire à celles avancées par d’autres “incels” (involuntary celibates, célibataires involontaires) qui avaient perpétrés des meurtres violents, mais en Corée du Sud, les autorités gouvernementales ont nié explicitement les raisons misogynes de cet acte, malgré le témoignage de Kim Sung-min.
En réponse à ce meurtre, les femmes envahirent les rues hors de la station Gangnam et la zone environnante de Seoch o-dong en protestation. Beaucoup de ces femmes ne se considéraient alors pas féministes, mais la nature du meurtre et sa source misogyne les avaient politisées. En 2018, le “molka” (le fait de filmer secrètement des femmes dans des toilettes et vestiaires, ou sous leurs jupes en publique) était devenu un problème très étendu en Corée. Les interviewées m’ont raconté que c’est entre autres parce que les hommes coréens n’ont pas l’assurance d’harcèler sexuellement les femmes directement dans la rue, que par conséquent leurs tentatives d'accéder au corps des femmes sont plus “sournoises”. Même si des lois contre cette forme de voyeurisme existent en Corée du Sud, la police les appliquent rarement. Cette situation atteignit un point de basculement quand une jeune étudiante fut réprimandée pour avoir photographié un modèle homme nu à son école d’art. Selon les femmes que j’ai interviewé, l’homme quittait fréquemment la classe nu, les étudiants étant alors forcé de voir son sexe. Au bout d’un moment, une étudiante pris une photo de l’homme  durant la classe, la postant en ligne pour critiquer son comportement. Elle fut arrêtée, amenée au tribunal, emprisonnée, et forcée de présenter ses excuses à cet homme, qui disait que ces images de lui exposant publiquement ses parties génitales lui avaient causé des “dommages psychologiques”. Cette femme reçu initialement une amende de l’équivalent de 18? 000 euros, mais l’exhibitionniste insista face à la court pour que cette femme fut envoyée en prison, et elle fut détenue pendant dix mois.
Considérant l’usage par des hommes de caméras espion en toute impunité, cet incident déclencha une vague de manifestations anti-molka. Des centaines de milliers de personnes, majoritairement des jeunes femmes, se rassemblèrent, furieuses que les lois entourant le voyeurisme soient utilisées contre des femmes, et non pas les hommes. A ce jour, 360 000 femmes ont participé à des manifestations contre les caméras espion. Ces démonstrations consistent de processions très structurées, de prospectus remplis de slogans et chants politiques distribués dans la foule, et de discours sur scène animés, commençant souvent par ces chants, que les manifestantes rejoignent, qui évoluent crescendo en ce qui ressemble à des cris de guerre.
Durant certains rassemblements, des femmes vont sur scène et se font publiquement couper les cheveux; parfois aussi des collections de maquillages sont jetées cérémonieusement dans des sacs poubelle.
Un besoin de s’organiser entre femmes
Les événements réels des manifestations autour du meurtre de la station Gangnam et de l’épidémie de molka ont pris forme contre un contexte clé, le numérique. Emergeant en 2015, une guerre des mots s’est développé en ligne entre hommes et femmes. Un dispute majeure fut provoqué dans le MERS (“Middle East respiratory Syndrome”, le coronavirus du syndrome respiratoire du Myen-Orient) atteignit la Corée du Sud. Sur le “DC Inside Gallery”, un forum internet avec des millions d'utilisateurs dans le pays, des utilisateurs hommes lançèrent des discussions en désignant une femme coréenne comme le Patient Zero, affirmant qu’elle avait visité le Moyen-Orient en tant que prostituée, puis était revenue au pays, infectée. D’autres hommes rejoignirent ces discussions, écrivant des commentaires comme “Les femmes coréennes devraient mourir” et “Les femmes coréennes sont stupides et ont répandu ce virus”. En réponse, des femmes lancèrent leurs propres discussions sur le forum, exposant cette misogynie éhontée. Il fut finalement découvert que le MERS avait été apporté dans le pays par un homme, et les femmes envahirent les fils de discussions des hommes, la vérité à leurs côtés. Mais cette misogynie ne fut pas oubliée.
En réponse, les femmes créèrent Megalia, similaire à reddit, mais exempt de misogynie. Megalia devint un espace numérique dédié à la création d’une solidarité entre femmes, avec l’amitié et le second-degré comme fondation. Il fut commun pour ces femmes de s'appeler mutuellement “vulves” sur le site, en disant des choses du genre “Bravo —  tu est la vulve la plus forte!” ou “Brillante idée! Tu es un chouette vulve.”Cependant, Megalia avait des utilisateurs masculins, et de nombreux administrateurs du site étaient des hommes gays. Ces hommes soutenaient apparemment l’expression de l’expérience des femmes en matière de misogynie au début, mais quand les conversations commencèrent à discuter la misogynie des hommes gays et de la culture gay (comme le drag), des commentaires de femmes commencèrent à être supprimés.
Cette modération étouffante de la parole des femmes n’est pas surprenante pour beaucoup de féministe sur Facebook, Mumsnet et Twitter. Les femmes ont réalisées  que pour que des discussions libres et justes concernant leurs expériences de vie et la misogynie qu’elles remarquent puissent exister, elles auraient besoin d’un espace modérées par elles-mêmes, sans administrations hommes. Cet incident révéla la nécessité de s’organiser entre femmes. Les femmes désertèrent Megalia en masse, et en janvier 2016, des milliers avaient rejoint un forum en ligne appelé Womad, décrit par mes interviewées comme un espace “lesbien féministe radical”.
La prévalence stupéfiante du lesbianisme dans le mouvement sud-coréen est un de ses aspects les plus marquant et significatif. Toutes les activistes féministes auxquelles j’ai parlée pour ces 40 et plus entretiens s'identifiaient comme lesbiennes.
En Corée du Sud, les féminisme radical et le féminisme lesbien sont étroitement liés, engendrant le mouvement “4비” (4비 est prononcé similairement au “bi” français, et au “B” anglophone). 4비 est basé sur quatre règles qui orientent le mouvement féministe radical et agit comme un guide qui l’adoptent, pour perturber le patriarcat et vivre des vies plus sûres loins des hommes. Ces principes sont, globalement, ne mariez pas d’hommes, ne sortez pas avec des hommes, ne couchez pas avec des hommes, ne tombez pas enceintes. Aujourd’hui, le mouvement 4비 a un nombre estimé de 50,000 suiveuses.
Une étude de 2016 révéla que 50% de la population femme en Corée du Sud ne voit pas le mariage comme nécessaire. Les femmes ont remarqué en particulier que le mariage est une mauvaise opération, ce qui a amené le gouvernement à réagir. En réponse à des inquiétudes par rapport à l'augmentation de l'âge moyen de la population et une natalité en déclin, le gouvernement sud-coréen a commandé de nombreux feuilletons télé promouvant une vision idyllique des romances hétérosexuelles. Des télé-réalités — Heart Signal; We Got Married; Same Bed, Different Dreams; et The Return of Superman — furent également commandé pour encourager le mariage et la reproduction. Ces séries mettant généralement en scène un couple hétéro exprimant d’abord leur désir d’avoir un enfant, puis la conception, la grossesse, la naissance, chaque étape montrée positivement.
Enlever le corset
Entre 2015/2016 et 2017/2018, les femmes sud-coréennes ont dépensé 53.5 milliards de won (monnaie sud-coréenne) en moins sur les produits de beauté et la chirurgie esthétique, pour à la place investir dans les voitures, un choix pour l’indépendance plutôt que l’objectification.
Une partie de ce rejet culturel des standards de beauté fut incité par le mouvement 4비, mais aussi par “Take Off the Corset.” (Enlever le corset). Inspiré par Beauty and Misogyny (Beauté et misogynie) de Sheila Jeffreys, ce mouvement décrit l’extirpation du “corset”moderne: des pratiques de beauté comme l'épilation, le maquillage, les talons hauts, les chirurgies esthétiques, les cheveux longs, les régimes alimentaires restrictifs, etc. La Corée du Sud a une industrie de la chirurgie esthétique massive, l’intervention la plus répandue chez les femmes étant celle de la “double paupière”, une opération qui modifie les paupières afin de les faire apparaître plus “occidentales”. Comme le blanchissement de peau, cette pratique axée sur le profit naît du racisme, et peut amener des infections post-opératoires, la perte des paupières, des dommages à la vue, parfois même de la cécité.
Beaucoup d’interviewées font référence au mouvement comme un point de départ dans leur parcours vers le féminisme radical, en disant “J’ai enlevé mon corset en janvier dernier” ou “Je vis sans corset depuis maintenant deux ans”. Pour les femmes du-coréennes, le terme “backlash” est lié à Take Off the corset — cela ne signifie pas une oppression venue de l'extérieur, contre le féminisme en général (comme en Occident), mais un contrecoup personnel, où une femme finit par retourner vers la féminité. Une femme m’a dit “Ma meilleure amie et moi avons enlevés nos corset en 2017, mais depuis elle a eu un backlash, et a recommencé à porter du maquillage sous la pression de sa famille.”
Les autres slogans qui prédominent dans le mouvement tendent à tourner autour du pouvoir des femmes, de leur détermination. Un group d’interviewées a signé une carte pour moi avec certains d’entre eux, comme “Nous nous retrouverons au sommet”, “Soit ambitieuse” et “nous sommes le courage de l’une l’autre”. J’ai reconnue immédiatement ces slogans, car ils apparaissent souvent sur les profits réseaux sociaux des activistes. Un appel à l’action connu et récurrent est “Si ce n'est pas moi, qui? Et si ce n’est pas maintenant, quand?” C’est une paraphrase, empruntée à Hillel l’Ancien (Pirkei Avot 1:14), une figure babylonienne importante dans l’histoire juive.
Une fondation historique pour cette culture centrée sur la femme
Le développement du féminisme tel qu’il est en Corée du Sud est partiellement culturel et historique. Les femmes auxquelles j’ai parlé m’ont expliqué que, historiquement, il n’existait pas la culture masculine de la “chevalerie” (politesse masculine et protection sociale des femmes) comme en Occident, ce qui signifie une domination masculine avec beaucoup moins d’excuses et te prétentions. Durant le début des années 1950, les soldiers se battant dans la Guerre de Corée faisait marcher des femmes sur les zones minées avant eux pour sécuriser des chemins, et pour qu’elles couvrent les bombes qui allaient exploser de leurs corps. Il n’y a pas de honte historique autour de cette pratique. J’ai demandé, si le Titanic avait été coréen, y’aurait-il eu une règle “les femmes et les enfants d’abord?” pour les canaux de sauvetage? 
Cette question provoqua des rires et des réfutations claires. Une interviewée remarqua que l’absence de chevalerie se traduit par moins de bienveillance de la part des hommes dans la façon dont le patriarcat se déroule. A la fois, les femmes sont aussi moins tentées par le mariage car les hommes sont très clairs, avait même la cérémonie, sur l’inégalité de la situation à venir. Ce n’est pas que les Coréens oppressent davantage les femmes que les populations occidentales, c’est simplement plus manifeste et sans vergogne.
La domination des hommes étant moins dissimulée, certains interviewées avancent que cela a permis aux femmes de détecter les pièges du mariage et le la domesticité plus facilement. Ce que le mariage implique est bien plus clair.
Une autre interviewée explique que, historiquement, on attendait des femmes qu’elles travaillent dans les champs, souvent plus que les hommes. Ils étaient donc moins vu comme les pourvoyeurs de ressources matérielles que dans d’autres contextes, d’autres pays. Les femmes faisait également le travail domestique. Le bénéfice économique d’avoir un mari, même un avec un travail, était bien moindre que dans d’autres sociétés où les femmes n’avaient traditionnellement pas été autorisées à travailler, ou un accès limité au monde du travail. Historiquement, en Corée, il existait un système de classes sociales très strict, et les femmes n’avaient pas la possibilité de se marier hors de la leur, donc à accéder à une plus grande richesse matérielle, contrairement à des femmes d’autres pays. Cet avantage manquant est une raison de moins de voir le mariage comme pouvant participer à une ambition. Ces conditions historiques combinées produisent un contexte de politiques sexuelles en Corée du Sud qui expliquent qu’il soit monnaie courante pour les femmes de rejeter le mariage, le calcul bénéfices versus coûts étant plus clair. Une autre raison ayant aidé l’expansion du mouvement féministe radical est qu’il existe de l’espace -littéralement- pour lui. Les universités ouvertes uniquement aux femmes avaient émergé à travers le pays lors du siècle dernier, et la plupart des villes accueillent plusieures institutions non-mixtes femmes (certaines ont des intervenants hommes, parfois des étudiants garçons d’autres universités sont autorisés à suivre un cours sur le campus, mais il existe un couvre-feu du soir après lequel tous les hommes doivent partir). Dans les bâtiments de syndicats étudiants, les professeurs et membres de la famille hommes ne sont pas autorisés à rentrer. Ce sont des zones réservées aux femmes 24h/24h.
Certaines universités de femmes ont reçues des protestations par des masculinistes (MRAs, men’s rights activists) brandissant des pancartes avec des slogans comme “Femmes, abandonnez vos sacs à main de luxe!”. Il semblerait que le féminisme s’est développé si loin des hommes en Corée qu’ils ne sont pas tout à fait sûre de ce que ces féministes demandent...Ironiquement, les MRA appellent les femmes à arrêter de gâcher leurs argent sur des accessoires féminins onéreux. Pendant ce temps, le mouvement féministe radical encourage à boycotter tout business qui utilise du marketing sexiste, appelant les femmes à ne consommer que dans des restaurants, bars, et boutiques tenues par des femmes, pour le l’argent des femmes aillent dans les poches d’autres femmes.
Même si ces universités féminines ont émergées à partir d’un sentiment chrétien qu’il était inapproprié pour des dames non-mariées de fréquenter des hommes, elles ont procuré un terrain fertile pour l’émergence du féminisme. Nombre de ces campus sont entourés par des rues fréquentées majoritairement par des femmes, ces femmes occupant également les boutiques et cafés environnants. En raison de cette norme culturelle, la plupart des villes ont au moins un, parfois plus, bars non-mixte femme? (La Corée du Sud n’a pas encore été capturée par les politiques de l'identité de genre, ce signifie donc que ces lieux sont véritablement pour les femmes, les “femelles”).
La marginalisation inspire l’organisation politique
Le mouvement 4비 et le idées du féminisme radical se sont répandues dans la Corée du Sud en long et en travers durant la dernières cinq années, s’implantant dans différentes villes et cités, malgré les différence de culture et de politiques. Daegu, la la quatrième plus grande ville, existe en contraste saisissant de la capitale, Séoul. Daegu est sans doute la ville la plus conservatrice en Corée du Sud, et seulement trois sur sept personnes y sont des femmes, en raison le l’avortement sélectif. A Daegu, les fils sont si désirés que si une famille à deux filles de suite, la seconde recevra sans doute un nom signifiant globalement “Espérant un fils” ou “Un fils ensuite, s’il vous plaît”. Les hommes surpassant en nombre les femmes, dans un ratio quatre hommes pour trois femme, les politiques sexuelles suivent. Les femmes vivant à Daegu m’ont expliqué que, pendant que les femmes à Séoul peuvent considérer appeler la police pour signaler des violences domestiques, les femmes à Daegu craignent que cette même police soutienne le camp de leur agresseur, peut-être même en continuant la violence contre elles. Malgré cela, les femmes de Daegu sont résolues. Elles annoncent leur refus de porter du maquillage, ce choix se traduisant quasiment certainement en absence d’emploi. La ville est plus pauvre que ses voisins Busan, et Séoul au Nord, pourtant la façon dont les féministes de Daegu approchent le problème du chômage lié au refus de la féminité en s’organisant. Elles forment des “cartels” féminins, joignant leurs ressources, vivant ensemble dans des logements moins abordables, et en faisant campagne collectivement pour atteindre de nouvelles femmes. Ces “cartels” m’ont été décrits comme des groupes organisées, mais avec des structures ouvertes, flexibles, focalisés sur la diffusion. Cela contraste avec ce que nous pouvons voir en Occident, où le féminisme radical tends à prospérer à travers des petits groupes d’amies/d’amantes opérant ensemble en tant que réseau privé, plutôt que de s’organiser autour d’alliances politiques, en recrutant et faisant campagne publiquement.
La Corée du Sud à le plus large écart de rémunération entre les sexes de tous les pays de l’OCDE (les 37 pays les plus riches) dans le monde (en fonction du PIB), les femmes gagnant en moyen un tiers de moins que les hommes.
Pendant que les féministes occidentales qui ont des emplois, de la propriété, et des famille qui les soutiennent, disent qu’elle ne peuvent pas être ouvertement féministes radicales par peur de précarité financière ou de représailles, les femmes de Daegu — dont le revenu est précaire, qui vivent dans une société bien plus dominée par des hommes, persistent. L’expérience de la rencontre de ces féministes de Daegu a mis l’emphase sur le fait que l’insécurité sociale et économique ne devrait pas retenir notre volonté de se prononcer sur des questions féministes. Peut-être même que le statut économique de ces féministes radicales occidentales -qui ont plus à perdre (carrière professionnelles, réputation statuts, argent)- encourage leur anonymat en ligne et dans la vie publique.
En Corée du Sud, les lois actuelles autorisent une femme à avorter seulement si elle à le consentement d’un parent homme ou de son compagnon/mari/Partenaire. Si une femme réussit à obtenir un avortement sans la permission d’un homme (en avortant à l’étranger ou en ayant un ami se présenter comme son compagnon, par exemple), elle risque un procès, l’emprisonnement ou une amende tournant autour des 2000 dollars. Les féministes ont combattu ardemment cet loi et, en avril, La Cour Constitutionnelle de la Corée du Sud a statué sur cette loi présentant l’avortement comme un crime, en la déclarant inconstitutionnelle. La Cour a donné au Parlement jusqu’à fin 2020 pour implémenter la nouvelle loi, ce qui est une victoire évidente pour le mouvement.
En février se formait le Parti politique des femmes, gagnant 8000 membres en Mars - un nombre qui a à présent grimpé à 10,000. Le parti souhaite représenter les intérêts de toutes les générations, et a donc cinq dirigeantes. Chacune d’entre elles est d’une décennie différente: une adolescente, puis une femme ayant la vingtaine, trentaine, quarantaine, et cinquantaine. 
Malgré l’accumulation de plus de 200,000 votes, le parti n’a pas pu gagner de sièges. Cependant le Parti des Femmes jouit d’un grand soutien, particulièrement de la part des jeunes femmes, qui, contrairement à l’Occident, sont les plus grosses adeptes du féminisme radical. On estime que 60, 000 jeunes filles auraient pu/voulu voter pour le Parti des Femmes, si elles avaient plus de 18 ans.
Changer la langue pour changer la culture
En réponse à ces avancées féministes récentes, les masculinistes Sud-coréens qui opposent le mouvement ont changé de stratégie, et ont commencé à proclamer qu’ils désirent simplement “l’égalité” contrairement aux féministes radicales, qu’ils dépeignent comme souhaitant une exclusion “violente” et des privilèges. Cette adoption de la rhétorique “libérales” (au sens américain du terme, libéral désigne généralement une personne de gauche soutenant les mouvements sociaux du féminisme, de l’anti-racisme, etc…) est remarquablement similaire à celle qu’utilisent les trans activistes en Occident, qui opposent la priorisation des femmes dans le féminisme. Les hommes de la Corée du Sud sont relativement organisés et mènent parfois des actions. Jae-gi, un homme ayant créé un site masculiniste, a sauté d’un pont pour démontrer la situation critique des hommes à cause du féminisme. Il s’empala involontairement l’anus sur une pointe sous l’eau et en mourut. Jae-gi est depuis devenu un verbe exprimant le suicide masculin, les féministes répliquant parfois au masculinistes “va te faire Jae-gi”, ce qui voudrait dire “va te faire foutre et mourir.” Cela peut sembler sévère, mais c’est un exemple de “réflection” (“mirroring” dans l’article original), une tactique d'inversion linguistiques et de jeux de mots uniquement possibles dans la langue coréenne utilisée par les femmes. La création de verbes comme “Jae-gi” est une réponse directe à la violence physique et verbale que les femmes subissent dans la vraie vie et en ligne par les mains et les bouches des hommes. Avec plus d’un million de mots, le vocabulaire coréen est deux fois plus large que celui de l’anglais. Les règles grammaticales coréennes permettent facilement la création de néologismes et l’exposition de la façon dont la langue est utilisée pour réprimer les femmes. Le mot “parents’ en Coréen est “부모님”(bu-mo-nim), “bu” signifiant père et “mo” mère. Le père est en premier car considéré plus important. Les féministes coréennes ont remplacé le terme par “모부님”(mo-bu-nim) inversant l’ordre afin que “mère” passe en premier. Le mot pour “poussette” est “유모차”(yu-mo-cha), “yu” pour enfant, “mo” pour mère, et “cha” pour fauteuil roulant, ce qui communique l’idée que s’occuper des enfants est réservée aux mères. Les féministes ont transformé le mot en “유아차” (yu-ah-cha), yu-ah se traduisant par petit enfant, ce qui, le mot mère enlevé, veut maintenant dire “le fauteuil foulant d’un petit enfant” (similaire au terme anglais “pram”). Des ajustements comme ceux-ci sont possibles pour de très nombreux mots, autorisant le bouleversement des définitions.
Le terme “6.9” (littéralement les chiffres 6 et 9) sont un autre exemple de femmes reflétant, repoussant le message d’une culture qui attribue de la valeur aux femmes selon leur physique. “6.9” réfère à la taille moyenne en centimètre du pénis d’un homme coréen. User de terme sur les réseaux sociaux, ou en répondant à des débats avec des hommes est un moyen pour les femmes de faire honte aux hommes comme eux le font lorsqu’ils discutent de la taille des seins ou d’autres parties du corps des femmes. Cela sert aussi à rabaisser le “pouvoir” que des hommes pensent avoir en raison de leur pénis. Malheureusement, il y a aussi de nouvelles additions misogynes à la langue, grâce à des communautés en ligne comme ILBE, où des hommes partagent des photos nues de femme de leur famille pour amasser des likes et de l’importance sociale. Les utilisateurs ont fait naître des expressions comme “Les femmes devraient être tapées tous les trois jours, comme le poisson séché, pour les rendre plus délicieuses” ou “Mettez une ampoule dans un vagin et cassez-le” qui sont depuis rentrée dans la langue courante.
Ce genre d’expressions sont considérées banales en Corée du Sud, ce qui pousse les jeunes féministes coréennes à développer un nouveau langage en réponse, en redéfinissant des termes anciennement sexistes. Les féministes radicales réemploient stratégiquement le terme “féminin” pour désigner des femmes fortes, puissantes, ambitieuses. Elles redéfinissent également “masculin” pour laisser entendre la jalousie, la minceur, la jeunesse, et l’envie de se parer d’accessoires. Ce “mirroring” rappelle aux gens la quantité de termes sexistes qu’ils utilisent quotidiennement sans même y prêter attention, mais permets aussi d'engendrer un rejet des expressions sadistes utilisées habituellement contre les femmes, en les renversant à travers l’humour. La “féminité” redéfinit, les femmes coréennes aspirent à incarner des caractéristiques comme la force, l’excellence, la concentration sur le développement de soi pour atteindre ses propres ambitions. Le mirroring” est une reprise de la langue par les femmes, et donc du contrôle tenu par les hommes.
Un modèle pour l’Occident
Le mouvement féministe sud-coréen s’est développé à partir d’un climat particulièrement misogyne, comparé à l’Occident, mais qu combiné à de meilleures opportunités d’organisation politique, a créé une situation dans laquelle l’action radicale était à la fois nécessaire et viable. Cette contradiction unique de circonstances a produit les conditions sociales dans laquelle l’action radicale des femmes était à la fois possible et urgent. Il n’y a pas d’harmonie parfaite dans le mouvement féministe sud-coréen, mais ce qui le distingue de l’Occident est que les divergences sont discutées — pas juste en ligne, mais aussi en vrai. Le débat direct n’est pas considéré comme une force destructive qu’il faut éviter à tout pris, mais comme une part nécessaire de la politique. Les femmes occidentales peuvent apprendre énormément de leurs soeurs coréennes: leur capacité à s’organiser collectivement, leur focalisation cruciale sur la politique, leur inventivité, leur ingénuité, et, peut-être l’aspect le plus fondamental, leur habitude d’amener la politique dans la rue.
Tae Kyung Kim est une étudiante à l’Université des femmes de Sungshin. Suivez la sur Instagram ou contactez-là par mail sur [email protected].
Jen Izaakson est une candidate au doctorat CRMEP. Suivez-là sur Instagram où envoyez-lui un email à [email protected]. - - -
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Traduction du texte de J.K. Rowling
J.K. Rowling écrit à propos de ses raisons pour s’être exprimée sur les questions de sexe et de genre
Avertissement : ce texte contient un langage inapproprié pour les enfants.
C’est n’est pas un texte facile à écrire, pour des raisons qui vont rapidement devenir claire, mais je sais que le moment est venu pour moi de m’expliquer sur un sujet particulièrement toxique. J’écris cela sans aucune volonté d’ajouter à cette toxicité.
Pour les gens qui l’ignorent : en décembre dernier, j’ai tweeté mon soutien à Maya Forstarter, une spécialiste des taxes qui a perdu son travail pour ce qui a été jugé comme des tweets « transphobes ». Elle a amené son problème devant le tribunal du travail, demandant au juge de juger si la croyance philosophique que le sexe était déterminé biologiquement était protégée par la loi. Le juge Tayler a jugé que non.
Mon intérêt pour les questions trans remontent à presque deux ans avant le cas de Maya, deux ans pendant lesquels j’ai suivi de près les débats autour du concept d’identité de genre. J’ai rencontré des personnes trans, lu des livres, des blogs et des articles écrits par des personnes trans, des spécialistes du genre, des personnes intersexes, des psychologues, des safeguarding experts (ndt : un mot métier spécifiquement britannique, dédié à surveiller que les mesures prises ne sont pas néfastes à la population), travailleurs sociaux et médecins, et j’ai suivi le débat en ligne et au travers des médias traditionnels. A un certain niveau, mon intérêt pour la question était professionnel, car j’écris des polars contemporains, et mon héroïne, détective, a l’âge d’être intéressée et affectée par ces questions, mais à un autre niveau, c’est particulièrement personnel, comme je suis sur le point de l’expliquer.
Tout au long de mes recherches, des accusations et menaces de la part d’activistes trans fleurissaient sur mon mur Twitter. Ça a été initialement déclenché par un like. Pendant que je commençais à développer un intérêt pour l’identité de genre et les questions transgenres, j’ai pris l’habitude de faire des captures d’écran des commentaires qui m’intéressaient, comme moyen de me souvenir de ce que je pourrais vouloir creuser plus tard. A une occasion, j’ai accidentellement cliqué sur « aimer » au lieu de prendre une capture d’écran. Cet unique like a été jugé comme une preuve de crime de pensée, et un niveau bas mais persistant de harcèlement a commencé.
Des mois plus tard, j’ai aggravé mon criminel like en m’abonnant à Magdalen Burns sur Twitter. Magdalen était une jeune féministe et lesbienne immensément brave, qui mourrait d’une tumeur agressive au cerveau. Je me suis abonnée parce que je voulais la contacter directement, ce que j’ai réussi à faire. Cependant, comme Magdalen croyait fermement en l’importance du sexe biologique, et ne pensait pas que les lesbiennes devraient être qualifiées de bigotes pour refuser de sortir avec des femmes trans avec un pénis, des liens ont été fait dans la tête des activistes trans de twitter, et le niveau de harcèlement sur les réseaux sociaux a augmenté.
Je mentionne tout cela seulement pour expliquer que je savais parfaitement ce qu’il allait se passer quand j’ai soutenu Maya. A ce stade, je devais en être à ma quatrième ou cinquième « cancellation » (ndt : annulation ; quand des gens décident qu’une célébrité ne vaut plus rien parce qu’elle a dit quelque chose jugé offensant). Je m’attendais aux menaces de violence, à m’entendre dire que j’étais littéralement en train de tuer des personnes trans avec ma haine, à être appelée une chienne ou une pute et, bien sûr, à voir mes livres brûlés, même si un homme particulièrement violent m’a indiqué qu’il les composterait.
Ce à quoi je ne m’attendais pas suite à ma cancellation était l’avalanche d’emails et de lettres qui me sont tombées dessus, l’écrasante majorité d’entre eux étant des messages positifs, reconnaissants, et exprimaient leur soutien. Ils venaient d’un mélange de personnes gentilles, empathiques et intelligentes, certaines travaillant dans des milieux d’occupant de dysphorie de genre et de personnes trans et qui étaient profondément inquiètes de la manière dont un concept socio-politique est en train d’influencer les lois, les pratiques médicales et la sécurité. Elles s’inquiètent des dangers pour les jeunes, les personnes homosexuelles, et de l’érosion des droits des femmes et des filles. Et par-dessus tout, elles s’inquiètent du climat de peur qui n’aide personne, et surtout pas les jeunes trans.
J’ai pris de la distance par rapport à Twitter pendant plusieurs mois à la fois avant et après avoir tweeté pour soutenir Maya, parce que je savais que ça ne faisait rien de bien pour ma santé mentale. Je suis uniquement revenue parce que je voulais partager un livre pour enfants gratuitement pendant la pandémie. Immédiatement, les activistes qui se considèrent clairement comme bons, gentils et progressistes sont revenus en masse sur mon mur, se pensant en droit de surveiller mon langage, m’accusant de haine, m’appelant par des insultes misogynes et surtout, comme toute femme impliquée dans ce débat le sait, en m’appelant TERF.
Si vous ne le saviez pas déjà, et pourquoi le sauriez-vous ?, TERF est un acronyme créé par les activistes trans qui veut dire Feministe Radicale Excluant les Trans. Dans la pratique, une très large démographie de femmes sont appelées TERFs, et la grande majorité d’entre elles n’ont jamais été féministes radicales.  Des exemples de soi-disant TERFs vont de la mère d’un enfant gay s’inquiétant que son fils veule transitionner pour échapper au harcèlement homophobe qu’il subit, jusqu’à une vieille dame jusque là absolument pas féministe qui a déclaré ne plus jamais se rendre chez Mark & Spencer parce qu’ils permettent à n’importe quel homme déclarant être une femme d’entrer dans les cabines d’essayage des femmes. Ironiquement, les féministes radicales n’excluent pas les trans, puisqu’elles incluent les hommes trans dans leur féminisme, comme les hommes trans sont nés femmes.
Mais les accusations d’être TERF ont été suffisantes pour intimider beaucoup de personnes, institutions et organisations que j’ai autrefois admirées, qui tremblent maintenant devant ces menaces de cours de récré. « Ils vont nous appeler transphobes ! », « Ils vont dire que je déteste les personnes trans ! », et puis quoi encore, ils vont dire que tu as des puces ? Je parle en tant que femme biologique, beaucoup de personnes en position de pouvoir devraient avoir plus de couilles (ce qui est sans doute possible, si on en croit le genre de personnes qui soutient que le fait que les poissons-clowns peuvent changer de sexe veut dire que les humains ne sont pas une espèce dimorphique).
Du coup, pourquoi je fais ça ? Pourquoi je m’exprime ? Pourquoi ne pas sagement faire mes recherches en gardant la tête baissée ?
J’ai cinq raisons pour lesquelles le nouvel activisme trans m’inquiète, et qui m’ont convaincue que je devais m’exprimer.
Premièrement, j’ai un fonds caritatif dédié à réduire la misère sociale en Écosse, notamment pour les femmes et les enfants. Entre autres choses, mon fonds soutient des projets pour les femmes en prison et pour les survivantes de violences domestiques et violences sexuelles. Je finance aussi la recherche médicale pour la sclérose en plaques, une maladie qui affecte très différemment les hommes et les femmes. Ça fait un moment qu’il est devenu clair pour moi que le nouvel activisme trans est en train d’avoir (ou risque fortement d’avoir, si toutes ses exigences sont acceptées) un impacte significatif sur beaucoup des causes que je soutien, parce qu’il souhaite éroder la notion juridique de sexe pour la remplacer par celle du genre.
La deuxième raison est que je suis une ancienne maitresse d’école, et la fondatrice d’une organisation caritative pour les enfants, ce qui me donne à la fois un intérêt pour l’éducation, et pour la protection des enfants. Comme beaucoup, j’ai de grandes inquiétudes concernant les effets que le mouvement des droits des trans est en train d’avoir sur ces deux choses.
La troisième raison est que, en tant qu’autrice interdite (ndt : ses livres sont interdits à plusieurs endroits parce que considérés comme contraires aux bonnes mœurs), je m’intéresse particulièrement à la liberté d’expression, et je l’ai publiquement défendue, même pour Donald Trump.
La quatrième raison est que les choses sont en train de devenir particulièrement personnelles. Je suis inquiète du nombre énorme de jeunes femmes qui souhaitent transitionner, et du nombre croissant qui souhaitent détransitionner (revenir à leur sexe initial), parce qu’elles regrettent d’avoir pris cette mesure qui, dans certains cas, a altéré leur corps définitivement et les a privées de leur fertilité. Certaines disent qu’elles ont décidé de transitionner après avoir réalisé qu’elles étaient attirées par les personnes de même sexe, et que cette transition était en partie motivée par l’homophobie présente dans la société ou dans leur famille.
La majorité des personnes ne savent probablement pas, et je l’ignorais moi-même avant de faire mes recherches sur le sujet, qu’il y a dix ans, la majorité des personnes qui voulaient changer de sexe était des hommes. Cette tendance s’est maintenant renversée. La Grande Bretagne a vu une augmentation de 4400% des filles présentées pour un traitement visant à transitionner. Les filles autistes sont largement surreprésentées parmi elles.
Le même phénomène a été observé aux Etats-Unis. En 2018, La chercheuse et physicienne américaine Lisa Littman a exploré la question. Dans une interview, elle dit :
« En ligne, les parents décrivent un motif très inhabituel de personnes s’identifiant comme trans, où plusieurs amis, et parfois même un groupe entier d’amis s’identifient comme trans en même temps. J’aurais été négligente si je n’avais pas considéré la contagion sociale et l’influence des pairs comme facteur potentiel. »
Littman mentionne Tumblr, Reddit, Instagram et Youtube comme facteurs contribuant à l’Apparition Rapide de la Dysphorie de Genre (Rapid Onset Gender Dysphoria), où elle pense que dans le milieu de l’indentification transgenre, « les jeunes ont créer salles de résonnances particulièrement isolées ».
Son article a déclenché un scandale. Elle a été accusée d’être biaisée et de répandre des fausses informations sur les personnes transgenres, exposée à une vague d’abus et une campagne organisée pour discréditer à la fois elle et son travail. Le journal a retiré ses recherches de leur site, l’a réétudié, et l’a republié. Cependant, sa carrière a souffert du même arrêt que celle de Maya Forstater. Lisa Littman a osé remettre en question l’un des points centraux du discours des activistes trans, qui est que l’identité de genre d’une personne est innée, comme son orientation sexuelle. Personne, les activistes insistent, ne peut être convaincu de devenir trans.
L’argument de beaucoup d’activistes trans à l’heure actuelle est que si vous ne laissez pas un adolescent dysphorique transitionner, il va se suicider. Dans un article expliquant pourquoi il a démissionné de Tavistock (une clinique du NHS dédiée au genre en Angleterre), le psychiatre Marcus Evans explique que l’affirmation que les enfants se tueraient s’ils n’étaient pas autorisés à transitionner « ne correspond à aucune étude ou donnée dans ce domaine. Ni avec les cas que j’ai rencontrés pendant des années de pratiques de la psychothérapie ».
Les écrits de jeunes hommes trans révèlent un groupe de personnes sensibles et intelligentes. Plus je lisais leurs récits sur leur dysphorie de genre, avec leurs descriptions d’anxiété, de dissociation, de troubles de l’alimentation, de mutilation et de haine contre soi-même, plus je me demandais, si j’étais née 30 ans plus tard, si moi aussi j’aurais envisagé la transition. L’attrait d’échapper au fait d’être une femme aurait été énorme. J’ai eu beaucoup de troubles obsessionnels du comportement quand j’étais jeune. Si j’avais trouvé, en ligne, une communauté et du soutien que je ne pouvais pas trouver dans mon environnement immédiat, je pense que j’aurais pu être persuadée de devenir le fils que mon père aurait ouvertement préféré avoir.
Quand je lis à propos de l’idéologie du genre, je me souviens à quel point je me considérais comme distancée du sexe quand j’étais jeune. Je me souviens de Colette qui se décrivait comme « une hermaphrodite mentale » et les mots de Simone de Beauvoir « c’est tout à fait normal pour une future femme de s’indigner des limitations qu’on lui impose de par son sexe. La vrai quelques n’est pas de savoir pourquoi elle devrait les rejeter, le problème est plutôt de comprendre pourquoi elle les accepte. »
Comme je n’avais pas la possibilité de devenir un homme dans les années 80, c’est par les livres et la musique que j’ai vaincu mes problèmes mentaux et le jugement sexué qui mettent tant de filles en guerre contre leur corps dans leur adolescence. Heureusement pour moi, j’ai trouvé mon propre sens d’être autre, et mes propres hésitations à propose d’être une femme reflétés dans le travail d’écrivaines et de musiciennes qui m’ont rassurée sur le fait que, malgré tout le sexisme que le monde nous jette à la figure, c’est ok de se sentir perdu, sombre, sexuel et non sexuel, incertain de quoi ou qui nous sommes.
Je veux être très claire : je sais que la transition sera une solution pour certaines personnes dysphorique, même si je suis consciente grâce à mes recherches que les études ont de manière constante montrées qu’entre 60 et 90% des adolescentes dysphoriques guérissent en grandissant. Encore et encore, on m’a dit « rencontre des trans ». Je l’ai fait. En plus de jeunes gens, qui étaient tous adorables, il se trouve que je connais une personne qui se considère comme une femme transsexuelle, plus vieille que moi et merveilleuse. Bien qu’elle soit ouverte sur son passé en tant qu’homme gay, j’ai toujours trouvé difficile de la considérer comme autre chose qu’une femme, et je pense (et espère) qu’elle parfaitement heureuse d’avoir transitionné. Etant plus vieille, cependant, elle est passé par une plus longue et rigoureuse période d’évaluation, de psychothérapie, et par différentes étapes de transformation. L’explosion actuelle de l’activisme trans presse pour une suppression de ce système solide à travers lequel les candidats qui souhaitent un changement de sexe devaient autrefois passer. Un homme qui ne souhaite pas être opéré et qui ne prend pas d’hormone peut maintenant obtenir un Certificat de Reconnaissance de Genre et être considéré comme une femme aux yeux de la loi. Beaucoup de personnes ne sont pas conscients de ça.
Nous vivons la période la plus misogyne dont j’ai fait l’expérience. Dans les années 80, j’imaginais que mes futures petites filles, si j’en avais, auraient la vie beaucoup plus facile que la mienne, mais entre les attaques contre le féminisme et la culture internet saturée de porno, je pense que les choses sont en fait devenues pires pour les filles. Je n’ai jamais autant vu les femmes être dénigrées et déshumanisées à ce point. En partant de la longue histoire d’harcèlement sexuelles du leader du monde libre et de sa fière affirmation « attrapons-les par la chatte », en passant par le mouvement incel (célibataires involontaires) qui détestent les femmes qui ne veulent pas leur offrir du sexe, jusqu’aux activistes trans qui déclarent que les TERFs doivent recevoir des coups de poings et être rééduquées, les hommes de tous les bords politiques semblent d’accord : les femmes cherchent les ennuis. Partout, on dit aux femmes de se taire et de s’assoir, ou alors… 
J’ai lu tous les arguments soutenant que le fait d’être une femme ne résidait pas dans le corps sexué, et les affirmations que les femmes biologiques n’ont pas d’expériences communes, et je les trouve, aussi, profondément misogynes et régressifs. Il est très clair que l’un des objectifs de nier l’importance du sexe est de détruire ce que certains ont l’air de considérer comme l’idée cruelle et ségrégationniste que les femmes on leur propre réalité biologique ou, tout aussi terrifiant pour eux, qu’elles partagent une réalité unifiante qui fait d’elles une classe politique cohésive. Les centaines de mails que j’ai reçues ces derniers jours prouvent que cette destruction inquiète tout autant. Ce n’est pas assez pour les femmes d’être des alliées des trans. Les femmes doivent accepter et admettre q’il n’y a aucune différence matérielle entre les femmes trans et elles-mêmes.
Mais comme beaucoup de femmes l’ont dit avant moi, « femme » n’est pas un costume. « Femme » n’est pas une idée dans la tête d’un homme. « Femme » n’est pas un cerveau rose, une affection pour Jimmy Choos ou une autre de ces idées sexistes qui sont maintenant présentées comme progressives. De plus, le langage « inclusif » qui appellent les femmes « mentruantes » ou « personnes avec vulve » est considéré par beaucoup de femmes comme déshumanisant et retirant aux femmes leur dignité. Je comprends pourquoi les activistes trans considèrent que ce langage est approprié et gentil, mais pour celles d’entre nous qui avons reçu des insultes crachées par des hommes violents, ce n’est pas neutre, c’est hostile, et aliénant.
Ce qui m’amène à la cinquième raison pour laquelle je suis profondément inquiète des conséquences de l’activisme trans contemporain.
J’ai été une personne publique depuis plus de 20 ans, et je n’ai jamais parlé publiquement du fait que j’ai été victime de violences domestiques et d’abus sexuels. Ce n’est pas parce que j’ai honte que cela me soit arrivé, mais parce que c’est traumatisant d’y repenser et de s’en souvenir. Je me sens également responsable de ma fille, que j’ai eu de mon premier mariage. Je ne voulais pas m’attribuer une histoire qui la concerne également. Cependant, il y a peu, je lui ai demandé comment elle se sentirait si je parlais publiquement de cette partie de ma vie, et elle m’a encouragée à le faire.
J’ai mentionné ces choses non pas pour gagner de la sympathie, mais comme geste de solidarité envers le nombre énorme de femmes qui ont une histoire similaire à la mienne, qui ont été accusées de bigoterie pour s’inquiéter du devenir des espaces dédiés aux femmes.
J’ai réussi à échappé à mon premier mariage avec difficulté, mais je suis maintenant mariée à un homme bon et respectueux, à l’abri et à l’aise d’une manière que je n’aurais jamais crue possible. Cependant, les cicatrices laissées par la violence et les abus sexuels ne disparaîtront pas, peu importe à quel point on vous aime, peu importe l’argent qu’on gagne. Mon éternelle nervosité est une blague dans la famille, même moi je sais que c’est drôle, mais je prie pour que mes filles n’aient jamais les mêmes raisons que moi de détester les bruits soudains, ou de découvrir une personne derrière moi quand je ne l’ai pas entendue s’approcher.
Si vous pouviez entrer dans ma tête et comprendre ce que je ressens quand je lis l’histoire d’une femme trans tuée par un homme violent, vous trouveriez de la solidarité. Je ressens un sentiment de terreur viscérale concernant la manière dont cette femme trans aura passé ses derniers instants sur Terre, parce que j’ai également connu ces moments de terreur infinie quand je réalisais que la seule chose qui me gardait en vie était le self-contrôle bancal de mon attaquant.
Je pense que la majorité des personnes qui s’identifient comme trans ne présentent aucun danger pour les autres, mais sont vulnérables pour les raisons mentionnées précédemment. Les personnes trans ont besoin et méritent une protection. Comme les femmes, ils ont plus de chances d’être tués par un partenaire sexuel. Les femmes trans prostituées, notamment celles racisées, sont particulièrement exposées aux risques. Comme toutes les autres victimes de violences domestiques et d’abus sexuels que je connais, je ne ressens que de l’empathie et de la solidarité pour les femmes trans qui ont été violentées par des hommes.
Donc je veux que les femmes trans soient en sécurité. En même temps, je ne veux pas que les femmes et les filles soient moins en sécurité. Quand vous ouvrez la porte des toilettes et des cabines d’essayage à tous les hommes qui pensent se considérer comme des femmes, et comme je l’ai dit, les certificats de changement de genre sont maintenant délivrés sans aucune opération ou aucune hormone, alors vous ouvrez la porte à tous les hommes qui veulent entrer. C’est la simple vérité.
Samedi matin, j’ai lu que le gouvernement écossais avançait sur des plans controversés concernant la reconnaissance du genre, qui vont, dans les faits, faire en sorte que tout ce qu’un homme a besoin pour « devenir une femme » est de dire qu’il en est une. Pour utiliser un mot très contemporain, j’ai été « triggered » (tdr : déclenchée ; se dit quand une personne fait face à un élément qui cause chez elle de la panique). Fatiguée par les attaques incessantes des activistes trans sur les réseaux sociaux, alors que j’étais seulement là pour donner à des enfants des retours sur des images qu’ils avaient dessinés pour mon livre pendant le confinement, j’ai passé beaucoup de ce samedi dans un endroit très sombre dans ma tête, alors que les souvenirs d’un grave abus sexuel que j’avais vécu dans ma vingtaine tournaient en boucle dans ma tête. Cet abus s’est déroulé à une époque où j’étais particulièrement vulnérable, et un homme a profité de cette détresse. Je ne pouvais pas bloquer ces souvenirs et je trouvais difficile de contenir ma colère et ma déception face au fait que le gouvernement sacrifiait la sécurité des femmes et des filles.
Tard ce samedi, alors que je regardais les dessins des enfants avant d’aller au lit, j’ai oublié la première règle de Twitter, en jamais s’attendre à une conversation nuancée, et j’ai réagie à ce que je pense être un langage dégradant envers les femmes. J’ai parlé de l’importance du sexe et j’en paie le prix depuis. J’ai été transphobique, une pute, une chienne, une TERF. Je méritais d’être cancelled, frappée, morte. Tu es Voldemort, a dit une personne, pensant clairement que c’était le seul langage que je comprendrais.
Ce serait tellement plus simple de tweet le hashtag approuvé, parce que bien évidement les droits des trans sont des droits de l’homme, et bien entendu la vie des trans a de l’importance, pour récupéré des woke cookies (ndt : des bons points des bien-pensants) et de profiter de la vague agréable qui suit l’affirmation de signes de vertu. Il y a de la joie, du soulagement et de la sécurité dans la conformité. Comme Simone de Beauvoir l’a également écrit « Et sans doute il est plus confortable de subir un aveugle esclavage que de travailler à s’affranchir : les morts aussi sont mieux adaptés à la terre que les vivants. »
Un grand nombre de femmes sont avec raison terrifiées des activistes trans : je le sais parce que beaucoup m’ont contactée pour me raconter leur histoire. Elles ont peur d’être doxxée (ndt : qu’on révèle leur identité à leur travail et à leurs proches), de perdre leur travail ou leur moyen de subsistance, et peur de la violence.
Mais tout aussi désagréable que ce soit d’être constamment prise pour cible, je refuse de m’incliner devant un mouvement que, je pense, est en train de causer du mal en détruisant le mot « femme » comme classe politique et biologique, et en offrant une protection aux prédateurs comme peu avant eux. Je me tiens aux côtés des braves femmes, hommes, gays, hétéro, et trans qui défendent la liberté d’expression et de penser, et les droits et la sécurité des personnes les plus vulnérables dans la société : les jeunes gays, les adolescents fragiles, les femmes qui dépendent des espaces dédiés aux femmes et souhaitent les conserver. Les sondages montrent que ces femmes sont une vaste majorité et excluent seulement celles qui sont suffisamment privilégiées ou chanceuses de ne pas avoir été confrontées à la violence masculine ou aux abus sexuels., et qui ne se sont pas fatiguées à se renseigner sur le sujet.
La seule chose qui me donne de l’espoir est que ces femmes manifestent et s’organisent, et qu’elles ont quelques hommes et personnes trans décents avec elles. Les partis politiques qui cherchent à apaiser les voix les plus fortes dans ce débat ignorent les inquiétudes des femmes à leurs risques et périls. En Grande Bretagne, les femmes se rejoignent à travers les partis, inquiètent de l’érosion de leurs droits si difficilement obtenus et de l’intimidation dont elles sont victimes. Aucune des femmes critiques du genre auxquelles j’ai parlé ne déteste les trans, au contraire. Beaucoup d’entre elles se sont intéressées au sujet justement parce qu’elles s’inquiétaient pour eux, et elles sont très sympathique envers les adultes trans qui veulent simplement vivre leur vie, et qui font face à des attaques d’un activisme qu’ils ne soutiennent pas. La plus grande ironie est que la tentative de faire taire les femmes avec le mot TERF a peut-être poussé plus de jeunes femmes à rejoindre le féminisme radical que le mouvement a vu en des années.
La dernière chose que je veux dire est la suivante. Je n’ai pas écrit ce texte dans l’espoir que quiconque sorte un violon pour moi, même pas un tout petit. Je suis extraordinairement chanceuse : je suis une survivante, certes, mais pas une victime. J’ai seulement mentionné mon passé parce que, comme chaque personne sur Terre, j’ai un passé complexe qui impacte mes peurs, mes intérêts et mes opinions. Je n’oublie jamais cette complexité innée quand je crée un personnage, et je ne l’oublie certainement pas quand on parle des trans.
Tout ce que je demande, tout ce que je veux, est qu’une empathie similaire, une compréhension similaire soit étendue à ces millions de femmes dont le seul crime est de vouloir que les inquiétudes soient entendues sans recevoir des menaces et de la violence.
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“La pénétration entre femmes, ça c’est subversif !”
Entretien avec Marie-Jo Bonnet dans Charlie Hebdo, 11 avril 2018. Propos recueillis par Laure Daussy. (Photo de la page)
Marie-Jo Bonnet fait partie de ces féministes dites “historiques” qui ont marqué le Mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Historienne, elle livre dans Mon MLF (Albin Michel) un récit passionnant de son parcours personnel au sein d’un grand mouvement collectif.
Le livre de Marie-Jo Bonnet nous plonge dans ce bouillonnement subversif, parfois brouillon, toujours audacieux, qui voulait mettre à bas le patriarcat. Marie-Jo Bonnet a été contestée ces dernières années en raison de ses prises de position, en tant que lesbienne, contre le mariage pour tous et contre la PMA, mais elle reste une des figures incontournables du MLF.
CHARLIE HEBDO : On associe souvent immédiatement Mai 68 et le féminisme. En réalité, c’est plus compliqué : cela a été un véritable combat, ce MLF... > Marie-Jo Bonnet : Je dirais que le MLF, c’est le refoulé de Mai 68. On croyait avoir tout dit en Mai 68, et on s’est aperçu qu’on avait oublié la moitié de la population. Mai 68, c’est une porte qui s’ouvre et nous allons nous y engouffrer. Les militantes de Mai 68 ont été reléguées au deuxième plan. Les femmes, c’était les petites amies des chefs, celles qui tapaient les tracts, qui servaient le café. C’était toujours les hommes qui prenaient la parole dans les AG, et ils n’écoutaient pas les femmes. Il n’y avait aucune femme parmi les porte-parole de Mai 68. C’est de cette expérience d’effacement qu’est devenue évidente l’idée de faire un mouvement non-mixte.
Les militants de 68 n’avaient pas déconstruit la domination masculine. Attention, le mot “déconstruction” est un concept actuel. Notre mot-clé, c’était la libération des femmes. La libération, c’est un processus qui se déploie dans le temps, dans un mouvement collectif et individuel. Le MLF n’est pas une organisation politique, c’est une expérience commune, une envie d’agir, de se voir tous les jours. Il y avait un plaisir à être ensemble. C’est ça, la clé, l’énergie du MLF. On voulait mettre à bas la “société mâle”. Les analyses, le programme, tout ça est venu petit à petit. On a réussi à faire un mouvement efficace sans structure ni hiérarchie, parce qu’on a libéré le pouvoir d’initiative des femmes.
Vous dites dans le livre que vous n’interprétez pas de la même manière la notion de libération sexuelle. Vous ne revendiquez pas le slogan “jouir sans entraves”. Pourquoi ? On n’avait pas le même rapport à la sexualité. Les revendications des garçons, gays ou hétéros, c’était de “plus jouir”. Les gays se libéraient de la répression sexuelle, avec le FHAR, le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, qui ressemblait beaucoup au MLF. Pour nous les femmes, lesbiennes et hétéros, il s’agissait de réaliser notre totalité d’être humain. On voulait avoir des relations amoureuses égalitaires, retrouver l’amour de soi et l’amour des autres femmes. C’est la première fois qu’on se positionnait en tant que femmes, qu’on s’alliait entre hétéros et lesbiennes. C’est dans cette alliance que nous avons trouvé le courage et l’énergie de contester la “société mâle”.
Être lesbienne, c’était d’une certaine manière encore plus subversif dans le MLF ? On n’avait rien à perdre, on était le fer de lance du féminisme. Ça suscitait une grande peur, car des hétéros sont tombées amoureuses de femmes, mais ne se considéraient pas lesbiennes pour autant. Alors il y avait les “lesbiennes de toujours” et celles qui le devenaient “par choix politique”, ou par levée de censure sur leurs désirs. Le plus difficile étant de s’accepter comme on est dans une société qui nous rejette. J’avais besoin de dire que j’étais lesbienne, j’avais trop souffert du silence. J’ai vécu un moment extraordinaire à la Mutualité, au Tribunal de dénonciation des crimes contre les femmes, quand j’ai pu dire pour la première fois devant 3000 femmes que j’étais lesbienne. Ça s’est passé sans préméditation, dans la joie collective.
Dès le départ, le MLF est multiple, avec plusieurs groupes différents. Vous-même, vous étiez dans plusieurs de ces groupes ? Absolument, on se cherchait, on n’avait pas de programme politique. Il y a eu le Fhar, mais il y avait des gays misogynes, alors on a créé les Gouines rouges, mais ça ne nous empêchait pas d’aller aux manifs avec le Fhar ! Il y a eu les Féministes révolutionnaires. Il y a eu la Spirale, un groupe de méditations, puis, en 1975, le Groupe d’études féministes de Paris 7. Je suis même allée voir un avortement chez Delphine Seyrig, car nous étions solidaires avec les hétéros. C’était une vie interne. Tous les soirs, ou presque, on avait une réunion. Tout m’intéressait. Il y avait différents niveaux de subversion au MLF. Du rejet de la société mâle à la dissolution des anciennes identités sexuelles, chacune allant ensuite vers sa propre quête. On ne se prenait pas au sérieux. On avait des slogans drôles. Aujourd’hui, je trouve que les féministes manquent d’humour.
Ah ! les féministes manquent d’humour, c’est souvent le discours sexiste qui dit ça... Que voulez-vous dire exactement ? À part le collectif la Barbe, les actions des féministes furent trop sérieuses. Même la campagne Osez le clito ! était sérieuse. Chaque génération redécouvre le clito. Parler de pénétration entre femmes, ça c’est subversif. Pas besoin de pénis ! Ça c’est subversif !
Aujourd’hui, on assiste à un mouvement sans précédent de la libération de la parole des femmes avec MeToo. Quel est votre regard sur ce mouvement ? J’ai participé à MeToo sur les réseaux sociaux, et ça m’a fait du bien. Pour moi, ce mouvement est de même nature que le Manifeste des 343 femmes qui ont déclaré avoir avorté illégalement. Même les femmes puissantes, connues, admirées sont harcelées et parfois violées par leur employeur. Comme pour les 343, quand des femmes connues et des anonymes ont signé, ça a libéré la parole et l’énergie des femmes. On subit encore la loi masculine, le corps des femmes est à leur disposition dans une espace public insécure pour les femmes. Nous avons encore besoin de développer la confiance en soi et la capacité de dire non. Le collectif doit pouvoir aider, protéger, donner le courage de se défendre et de porter plainte.
Vous avez écrit un chapitre sur le soutien du philosophe Michel Foucault à la révolution iranienne. Pourquoi était-ce important pour vous de l’évoquer dans un livre sur le MLF ? Foucault n’a pas vu le danger d’une révolution islamique. Ce danger était pourtant évident : à partir du moment où le pouvoir religieux oblige les femmes à porter le voile, ce n’est plus émancipateur. De même, il n’a pas vu les manifestations de femmes, tête nue, à Téhéran. Il a été victime du syndrome du tchador, qui efface les femmes de la révolution.
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Regardez votre corps de l'intérieur. 
Priez le ,exterminer le diable de la société teigneuse et les regards allumeurs des néons blafards 
Regardez votre corps de l'intérieur...
Je suis une Femme qu'on traite sans vergogne de folle et comme dirait ma chère Brigitte Fontaine " je suis inadaptée" .
Mes tétons ne sont pas cachés sous un tissu inepte nommé soutient gorge .
Mon corps est une histoire pleines de déboires et de gloires.
Je peut enfin l'affirmer aujourdui. 
Je suis une sorcière,une voyoue,une dingue ,une excentrique sortie des enfers et pourtant croyante dont le cœur est dotée d'une innocente rage .
Je suis une sorcière qui aimerais être salope mais pour être salope il faut exploser la gueule du viol qui à souiller votre peau de femme considérée comme petite chienne assaillie .
Dans cette guerre génocidaire contre noues ,celle que l'on tait quotidiennement et transforme en banalité anodine voir romantique ,nous ne sommes pas des petites capricieuses,bien au contraire.
Nous souffrons du mal que la société nous fait ,
tout en cherchant à sortir de l'air de l'apitoiement stérile d'un chevalier faussement puissant,  courtois et surtout ridicule sur nos êtres et conditions .
Nous exigeons le droit à la dignité de nos peaux ,corps ,esprits et identités. 
Pour exploser la gueule de ce mal-être , il faut exorciser le regard des hommes .
.
Il faut faire jaillir la poilue des jambes et des bras , la putain ,la prude,le garçon, la punk , la marginale ou juste la femme affranchie sans tomber dans le cliché d'une accro à la drogue ,détruite par les médicaments et le sex&rock&roll.
Votre injonction totale et sans demi mesure d'indépendance pour bourgeoise dictant un faux féminisme ne marchera point pour une femme handicapée en fauteuil roulant ,subissant des remarques acides et putrides sur son poid et sa condition ,ni pour une bipolaire tout de même guerrière subissant des accès maniaques et dépressifs. 
La connasse libre ,Femme et mirobolante peut dépendre financièrement de sa famille, d'un homme ou d'une femme.
Il faut juste oser cracher dans les idées,
 si ces imbéciles l'insultent,la rejettent  et la démolissent  pour quelques poils sous les bras ou une orientation non hétérosexuel. 
Elle peut-être croyante et uriner des bateaux sur le dos des évêques poltrons ,puritains et fachistes car Dieu est une pute divine et immaculée qui à vendue une partie de son être pour créer la Terre et la Femme.
Il n'y a pas de règlements féministe
Le seul règlement principal est cette recherche de liberté totale d'âme qui est un chemin semé d'embûche quasi impossible mais réalisable avec beaucoup de rudesse et de cœur façonné par soi-même.
Il faut tenter de s'aimer enfin soi-même,d'aimer nos folies et nos nudités. 
La naissance est dans la chatte  et sans noues
,qu'on appele hystérique ou putes ,
ces même gueux ne seraient pas nées et seraient encore entrain de jouer au domino dans les fesses du néant .
Et d'ailleurs ?
Pourquoi les faire naître , ces hommes?
 Si c'est pour qu'un jour petit monsieur me demande de m'habiller décemment devant ses copains aux voix d'autruches mutantes et demeurées alors que je me serait taper des mois et des mois de souffrance pour enfanter cet ingrat sexiste et influençable ?
Je veux chanter et danser seins nu dans les fontaines un jour sans qu'un père de famille moraliste et lui-même bien plus hystérique que nous, vienne se trimballer avec sa pudeur étriquée.
Je veux me sentir un jour sainte presque pudibonde et un jour salope libérée avec une panoplie de nuances et de dérives cosmiques dont le garçon qui est mon âme.
Mon corps est à moi et pas au dernier clampin qui fait tournoyer sa nouille en espérant cuisiner un wok. 
Je l'explore et le fait mouiller .
Je regarde le sang s'écoule hors de ma chatte galactique sans honte et sans-gêne. 
Un jour lorsque je serait bien mieux dans ma peau et certaine ,j'irais même jusqu'à faire du burlesque avec la culotte ensanglantée ,sans cache téton,juste mon corps libre dans le vent de l'affranchissement.
Je veux m'exciter moi-même,devant mon gras pendant et sexy .
Et si un régime miracle s'offrirait à moi un jour dans une publicité,je mangerais la télévision dans de la sauce tomate et une pizza aux débris de d'abrutis .
Vous voyez comme un con de femme peut la rendre intelligente et comme un concombre d'homme peut le rendre néant et béant ?
J'aime manger la bouche pleine ,être une bête primitive désorganisée, une clown féminiazi dont le seul crime est de s'habiller de teintes bariolées et de vouloir rétrécir les phallus qui envahissent tel des mutants de sciences fictions les cerveaux des hommes .
Nous sommes beaucoup à être des salopes détraquées,un peut/beaucoup  basanées, trop prudes et/ou trop spéciales. 
Les hôpitaux psychiatriques débordent de fous et de folles que sont ces psychiatres surmédicamentant via les lobbys pharmaceutiques en diabolisant de façon arbitraire le cannabis  ou même les plantes médicinales légales qui pourraient peut-être pour certaines pallier au xanax voir même au valium .
Renseignez vous bien et vous verrez que la loi abolissant le métier d'herboriste en tant que profession officiellement reconnu fut instaurée sous le régime de Vichy.
Notre France serait elle si progressiste ,humaniste et ouverte d'esprit   ?
Non ,je ne le croirait jamais
.
On les shoote,les taillaide à la seringue ,à la piqure forcée .
Ceux et celles qu'on nomme folles et les fous ne peuvent plus s'assoir et si l'on se plaint,la violence institutionnelle devient effervescente.
Les blagues sur la chambre d'isolement et les camisoles chimiques ou contentions fleurissent sur le net et dans les discussion entre amitiés.
Nous sommes des bêtes marquées au bétail pendant que la fausse pseudo  bien-pensance des normopathes blaireaux se ris de nous sans risque .
Abolissons alors les insultes discriminantes à notre égard et réappropriont nous ces langages. 
Tentons de transformer ces lois grotesque en espérant obtenir dans ce chaos consumériste ,dominant
,discriminant  et répressif ,une petite ou grande lumière colorée d'espoir.
Les sales autistes se sentent aussi blessés que les sales noirs qui se font insultés par les débris de fachos .
Osons danser dans la rue ,nous ,Femmes ,bonne sœurs lesbiennes, putes trisomiques ,draqueen obèses ,clochards transngeres ,bipolaires excentriques,chanteuses d'opéra noire et de cité ,néo hippies musulmans ,prêtres travestis ,clowns depressives .
Osons nous affranchir de carcan patriarcal,normatif et oppressif .
Osons être dissidentes ,puantes ,étranges ,estropiées. 
Osons le "nous même".
Connectons nous aux esprits des plantes, des couleurs et des vulves.
Je suis Rouge sang .
Je ne suis ni communiste ,ni anarchiste,psychopathe  ou marchande de fraise .
Je suis Rouge Femme.
J'ai arrêter beaucoup étiquettes pour mettre un soleil dans mon âme.
Si il faut forcement boire de la bière et fait des pogo avec des tatouages destroy tout en étant athé pour être punk ,j'emmerde les punk et si mes histoires sont trop galactiques et bizarres pour les néos hippies,j'emmerde les hippies bobos .
J'avoue que j'aime l'étiquette du feminsime car elle pue merveilleusement et que je suis une féministe bizarre ,regardée comme une ovni par certaines .
Pas besoin de manifester pour être forcement légitime.
Tout le monde n'est pas valide .
Je le répète .
Ces personnes ne sont pas valides mais intelligentes et leur réflexions comptent avec ce désir toujours aussi ardent de dépasser cette infantilisation de nos corps et de nos êtres .
Les Couleurs Orange et Rouge furent pour moi le fruit d'une profonde et grande libération personnelle qui est le tout petit début à peine entamé du grand chemin d'envol qui me mènera  à la lumière du Jaune et du Multicolore.
Ma Racine reste Couleur Sang de Martyr de l'Art ,de la Salope Libre ,de la Prude et de la Merveilleuse détraquée Orangée-Rouge que  je suis.
Carmin,citrouille ,vermillon ou framboise-écarlate ..
Peut importe.
Je suis une Couleur Chaude ,et une Femme chaude qui n'existe pas pour t'allumer mais pour embraser la flamme de la liberté infâme et inadaptée. 
Alexia 
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helshades · 4 years
Note
ta comparaison entre l'usage de "pur" et de "non-conforme" me laisse perplexe. Même parmi les femmes qui refusent la domination masculine, la plupart vont par ailleurs avoir une manière d'être, des goûts, métiers etc parfaitement dans les normes de ce que la société attend des femmes. Avec quel terme tu ferrais la distinction entres elles et celles qui sont pas conformes à ces normes dans la majorité des aspects de leur vie, au point qu'on les prend pour des H et exclue des groupes de F etc
C’est que ma a comparaison était avant tout une mise en parallèle de généralités du type tout-ou-rien en matière de féminité « sociale » mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne la « parfaite » adhésion aux normes des femmes « conformes ».
Je ne cherche pas à faire du mal aux mouches mais il me semble bien qu'il y a une distinction à faire entre le fait que des femmes se conforment (ou cherchent à se conformer) à des modèles et des stéréotypes, voire des archétypes de féminité, au demeurant plus ou moins traditionnels, et l'idée prévalente dans le féminisme, de conformité au « genre », c'est-à-dire ce que les féministes entendraient par « le genre ».
Il y a beaucoup de choses ici qui me posent de réels problèmes philosophiques mais je crois qu'il faut commencer par pointer du doigt ce que l'idée de conformité a d'absolu (autrement dit, on pose une opposition binaire conforme/non-conforme) alors que même la plus rigoriste des mères au foyer catholiques ne se conforme pas totalement à l'idéal féminin qu'elle se sera fixé plus ou moins consciemment, sachant qu'entre sa féminité et celle de la plus pétroleuse des lesbiennes, tellement butch qu'on ne sait pas où s'arrête la femme et où commence la flanelle (respect et amour, les filles), il y a une myriade, si ce n’est une infinité de variations ; on parle bien ici d’idéal, soit par définition quelque chose d’inatteignable.
C’est ça, aussi, le truc. La féminité, prise en tant qu’autre chose que le constat physiologique, n’est qu’un concept, autrement dit une complète abstraction offerte à l’interprétation de tous – ce qui inclut les féministes, et comme nous le savons toutes deux celles-ci sont loin d’être interchangeables. On tente de définir un idéal féminin depuis... probablement depuis que les êtres humains sont des êtres humains, à vrai dire, et sont capables de conceptualiser la différenciation sexuelle. Chaque époque projette ses fantasmes et ses craintes dans des archétypes positifs et des contre-exemples plus ou moins assumés et ces figures évoluent en fonction des réalités matérielles, historiques et géographiques, et conséquemment politiques.
Or, les féministes, qui entendent s’opposer à un idéal féminin perçu comme collectivement néfaste (à l’épanouissement personnel des femmes ; la fusion du privé et du politique paraît être prise comme un donné, ce qui ne me semble pas du tout évident, mais passons), ont généralement l’air de se penser au-dessus des idéaux, dans la réalité la plus concrètement matérielle, une espèce de post-socialisation qui proposerait de prendre les femmes pour ce qu’elles sont, les ayant débarrassées de tous les discours extérieurs qui voudraient les cerner, les simplifier et finalement leur imposer un modèle à suivre. C’est beau mais c’est totalement irréaliste. La société est par essence productrice de discours et de modèles, et la seule façon d’échapper à la contrainte sociale est de retourner à un état de nature complètement fantasmatique, d’une part parce que la nature de l’être humain est de faire société et de construire des abstractions, d’autre part parce que dans la nature, les femmes se font vraiment sauter dessus et engrosser sans aucun obstacle politique à cette violence...
Je sais que je pousse le raisonnement à l’extrême au risque de digresser mais ça me tape sur le système, cette histoire. Le féminisme n’est pas indemne de stéréotypes internes et d’injonctions pour les femmes à suivre des modèles, sauf que ceux-là sont présentés comme une alternative salutaire pour les femmes prises collectivement. La question de la conformité aux normes de la féminité présuppose avant toutes choses qu’il existe un modèle de féminité clairement établi et identifiable par tous dans la société, puis présuppose aussi un modèle concurrent, en miroir du premier. Or, qui peut prétendre qu’il existe aujourd’hui un seul modèle de féminité dans la société occidentale ? Qu’est-ce qu’une femme « conforme à son genre » ? (Qu’est-ce donc que le genre, pour commencer ? Tout militant s’improvise sociologue de nos jours mais il n’est pas certain que l’on puisse tenir même la définition sociologique du gender pour un acquis. Encore une fois, c’est de la justification a posteriori de la captation de crédits académiques, comme souvent en sciences humaines.)
Sous la République romaine (509-44 av. J.-C.), on s’était mis à parler des homines novi pour désigner ces hommes issus de la classe plébéienne (en général de la classe équestre) mais accédant à la noblesse après avoir fait fortune dans les affaires. L’homo novus, tel Cicéron, ne ferait jamais partie des patriciens, l’aristocratie romaine, mais il entendait « mériter » sa position. À la toute fin du XIXᵉ siècle, la Première Vague du mouvement féministe a donné naissance à la New Woman (la maternité de l’expression revenant à l’Irlandaise Sarah Gand, écrivant depuis les États-Unis en 1894) popularisée par l’écrivain américain naturalisé britannique Henry James, ayant consacré une partie de son œuvre imposant aux thèmes féministes : les « Nouvelles Femmes » étaient généralement riches, indépendantes de caractère et d’esprit, cultivées, audacieuses, artistes, de plus en plus impliquées dans la vie politique de leur temps. Elles ont en quelque sorte inventé le « lesbianisme politique » comme alternative au couple hétérosexuel, dangereux pour l’autonomie des femmes ; elles ont de toute façon contribué largement à l’instruction des femmes (des couches sociales supérieures) jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, c’est-à-dire les années 1920.
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Il y a à cette époque une image sciemment construite de la Femme, érigée par les moralistes avec le concours de l’Église catholique revenue en force depuis l’Empire et surtout la première Restauration, et dans une moindre mesure il en existe une autre, mise en avant par les progressistes d’alors, républicains imprégnés de complémentarité dans l’égalité rêvée entre hommes et femmes. Le XIXᵉ siècle, au fond, c’est la seule époque où l'on puisse stricto sensu parler de « patriarcat » en France, parce que c’est celle où l’on théorise vraiment une domination totale des hommes sur les femmes, en voulant que toute la société se conforme au modèle bourgeois très stéréotypé. Paradoxalement – quoiqu’en réalité point du tout, le propre du siècle, celui des révolutions, étant de faire éclater ses propres contradictions de son vivant – la fin du siècle, sous la plume d’écrivains réformateurs féministes, fait grandir un nouveau modèle de féminité, destiné à combattre entre autres la prostitution et ses ravages économiques et sur la santé publique, qui va amorcer la Deuxième Vague du mouvement féministe en « re-sexualisant » l'épouse. Il aura sans doute fallu en passer par-là pour entamer l’autonomisation sexuelle : fusionner les figures de la bourgeoise et de la maîtresse.
Je me permets cet assez long retour en arrière pour faire ressortir ce qui me pose problème même dans le féminisme autoproclamé radical – dans le sens d’un retour aux racines idéologiques du mouvement – et opposé au féminisme majoritaire, qualifié de libéral par rapport à son adhésion à la vision capitaliste des rapports interpersonnels, c’est-à-dire l’individualisme primaire : à mon sens, le féminisme contemporain est de toute façon fortement imprégné d’individualisme, puisqu’il se place sur le terrain de l’identité individuelle, antithétique à la lutte collective. Il s’agit bel et bien d’une perspective libérale de l’émancipation collective – le féminisme est une lutte sociétale et non sociale, ce qui n’est pas sans poser problème à la marxiste que je suis. On me parle d’aliénation féminine mais le discours dominant est en faveur des femmes, même si l’on est tout à fait en droit de juger par ailleurs que ce n’est pas le bon discours et qu’il est porté par les mauvaises personnes.
Le problème principal que me pose le discours féministe « radical » à l’heure actuelle c’est qu’il verse bien facilement dans un rejet le plus radical possible de la corporéité même des femmes, assez paradoxalement. D’un côté, l’on appelle à battre en brèche l’idée selon laquelle le corps serait séparable de l’esprit et qu’une espèce de sexe émotionnel, intellectuel, politique existerait en dehors, voire en dépit du sexe purement physiologique ; d’un autre côté, on tente d’extraire la Femme de sa dimension sociale en tant que membre d’un sexe et par-là même partie d’une dualité. J’ai le sentiment trouble que l’on ne comprend pas très bien l’utilité sociale de la différenciation sexuelle, et que l’on passe à côté d’une analyse authentique de la division sexuée du Travail.
Avec quel terme tu ferrais la distinction entres elles et celles qui sont pas conformes à ces normes dans la majorité des aspects de leur vie, au point qu'on les prend pour des H et exclue des groupes de F etc
C’est une question à haute teneur en problématicité, pas vrai ? Histoire de poursuivre dans le registre provocateur bon teint, je ferais volontiers une comparaison plus-mal-t-à-propos-tu-meurs avec la situation des personnes dites « transgenres » qui se déclarent exclues du féminisme en dépit de leur revendication de « féminité » (entendue comme tout sauf biologique : étymologiquement oxymorique) et font de l’entrisme politique au sein des groupes féministes. Les femmes qui choisissent d’aller délibérément à l’encontre de conventions sociales, arguant justement que ce sont des conventions qu’elles-mêmes n’ont jamais accepté, ces femmes s’excluent de la communauté présumée des femmes qui n’ont pas pensé ce choix ou l’ont refusé pour elles-mêmes. Ceux qui ne se conforment pas à des codes perçus comme allant de soi par la majorité font un choix délibéré de sortir d’un groupe, ce qui peut être vécu par ailleurs comme un moyen politique d’expression voire un but en soi.
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Bon, j’ai l’impression que l’on a beaucoup trop chargé symboliquement les expressions esthétiques de la féminité, ces derniers temps. C’est de toute évidence le propre du militantisme contemporain que de tout mettre sur le même plan – grandeur et misère de la pensée postmoderne – en emballant tout ensemble la maigreur, la maternité, les cosmétiques, la prostitution, la grammaire, l’homosexualité et la minijupe, mais là ça devient suspect, en particulier parce que la critique des unes et autres choses se lance dans un universalisme un peu fiévreux qui ignore au moins autant les nationalismes que les divisions sociales. Dit autrement, on n’est pas « féminine » de la même façon dans toutes les strates de la société, ce qui rend le rejet de la féminité, disons, performative, somme toute très relatif.
Relatif à la masculinité, s’entend. C’est marrant, comme on oublie que dans une dichotomie sexuelle les sexes se définissent fatalement l’un par rapport à l’autre, et que c’est même tout l’enjeu de la division sexuelle des rôles sociaux, à l’origine, pensée pour que chacun ait sa place – et y demeure, l’égalité est une idée moderne. L’enfant prend conscience de sa propre singularité face au monde autour de ses trois ans ; à ce moment-ci, il réalise qu’il appartient à une catégorie fermée d’individus définis par des critères physiques, extérieurs, d’appartenance au sexe, soit masculin, soit féminin. L’idée de Soi exige qu’il y ait l’Autre en face, et que l’autre soit différent de soi. Tout l’enjeu de la sexualité hétérosexuelle est la réunion temporaire de cette altérité absolue des kikis, si l’on me passe l’expression. L’écrasante majorité de l’espèce se trouvant attirée exclusivement par le sexe opposé, il n’est pas étonnant, et il est probablement inéluctable, que l’écrasante majorité des êtres humains cherche à s’exclure catégoriquement du sexe opposé, au moyen d’un assez grand nombre d’artifices. L’arbitraire des critères choisis entre assez rarement en ligne de compte, pour cette raison évidente qu’il ne s’agit jamais que d’une version humaine de la parade nuptiale, une performance dont les « artistes » sont finalement bien conscients.
Je pense que la critique féministe de la « féminité » prise dans son sens étendu de performance sociale censée évoquer le féminin, c’est-à-dire des qualités attribuées aux femmes, cette critique-là a un défaut de conception dès lors qu’on y présuppose, d’une part, la masculinité comme absence de performance, et d’autre part la neutralité comme seulement possible. Elle ne l’est absolument pas : toute apparition en société est une performance, c’est-à-dire une représentation de soi. Imaginer un seul instant un être humain sans représentation du sexe auquel il appartient, c’est s’imaginer un humain hors de la société. Je conçois la frustration de certain(e)s mais il me semble bien que si l’on peut réellement parler de « normes » en matière de représentation de soi, alors il faut qu’une volonté délibérée préside au rejet de telles normes, et selon toutes probabilités la société y verra ou de l’excentricité ou de l’hostilité. Intéressant de constater au passage qu’en ces temps individualistes si peu individués plus personne n’est considéré comme excentrique – c’est assez naturel puisque chacun est le centre de son petit monde.
Alors, j’aimerais te poser cette question : que crois-tu que la Société attende des femmes, et des hommes, au juste ? Peux-tu répondre à cette question sans une lecture « féministe » des rapports entre les sexes, d’ailleurs, ni à l’inverse une lecture religieuse hiérarchisante ? Qu’est-ce qu’une femme, c’est-à-dire toute femme, doit donc faire pour être estimée conforme aux normes dont tu parlais tout à l’heure ? Combien en connais-tu qui satisfassent à ces critères ? Faudrait-il, par ailleurs, qu’elles n’y satisfissent point... ?
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lemaldusiecle · 5 years
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J’écris de chez les féministes hétéros qui se maquillent. Je serais volontiers restée chez les lesbiennes, mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut. [...] Émancipation de la classe femme, féminisme marxiste, la femme est le prolétariat du prolétariat. En lutte contre le patriarcat, le queer est une arme efficace, je me range du côté des licornes arcs-en-ciel. [...] J’écris de chez les tox des boites à pharmacie, les thymo-déréglées, les internées, les dépressives, les maniaques, les bipolaires, les psychotiques, les obsessionnelles, les phobiques, les sur-émotives. Celles qui régulièrement arrêtent de suivre leur traitement et ont envie de se pendre passé moins d’une quinzaine. Celles qui compensent et décompensent [...] J’écris de chez les vraiment toutes seules. Les orphelines, les nullipares, les célibataires. Celles sans attaches ni branches, qui dans le réel flotte. Qui s’écrivent à la craie, leur vie faite de falaises, qui ne savent pas qui prévenir en cas d’accident. J’écris de chez les sans-famille, celle qui doivent s’inventer chaque jour. [...] Celles qui culpabilisent de ne pas être assez fortes...
Mes bien chères sœurs, Chloé Delaume
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lecturesdefemmes · 5 years
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The Master’s Tools Will Never Dismantle the Master’s House, Audre Lorde
Ce sont les premiers textes que je lis d’Audre Lorde, autrice, poétesse afroféministe lesbienne américaine, qui a vécu de 1934 à 1992.
Je les ai lus en quelques heures à la terrasse d’un café, et, dans ce moment de pause de la vie quotidienne, je me suis gorgée autant de la lumière du soleil que de ses mots. Dans ces cinq essais, elle écrit sur la poésie, la sensualité, le racisme, les racines historiques et spirituelles des femmes. Vous voulez lire ces textes quand vous avez besoin d’intensité, de la poésie la plus vivante et la plus quotidienne à la fois, d’une parole politique, militante et littéraire.
Survol.
« La poésie n’est pas un luxe » (Poetry is not a luxury)
La poésie dont parle Audre Lorde n’est pas le jeu rhétorique stérile des pères blancs ; mais bien la poésie « comme révélation, ou distillation de l’expérience. »
« Pour les femmes, la poésie n’est pas un luxe. C’est une nécessité vitale de notre existence. Elle forme la qualité de lumière au sein de laquelle nous affirmons nos espoirs et rêves de survie, de changement, d’abord au travers du langage, puis de l’idée, et enfin de l’action plus tangible. La poésie est la voie qui nous aide à nommer ce qui n’a pas de nom, afin de pouvoir le penser. »
La poésie en ce sens n’est pas une fantaisie d’oisif, mais bien une « attention disciplinée au sens véritable du : « ça me semble juste ». » C’est l’entraînement au « respect de nos sentiments et à leur transposition au sein d’une langue qui soit partageable ».
« Usage de l’érotisme » (Uses of the Erotic)
L’érotisme tel que le peint Audre Lorde est une ressource des femmes, fortement « ancrée dans le pouvoir de nos émotions non-exprimées ou non-reconnues » ; qui émerge de « notre connaissance la plus profonde et non-rationnelle. » Ce pouvoir offre des forces nourrissantes. Il est très loin de la pornographie, qui met l’accent sur la sensation sans l’émotion : au contraire, l’enjeu de l’érotisme ne tient pas dans « ce qu’on fait » mais combien précisément nous ressentons les choses lorsqu’on fait. »
« Mais quand nous commençons à vivre de l’intérieur vers l’extérieur, en connexion avec le pouvoir de l’érotisme qui est en nous, et en permettant à ce pouvoir d’informer et d’éclairer nos actions sur le monde qui nous entoure, alors nous commençons à être responsables envers nous-mêmes de la manière la plus profonde qui soit. »
La fonction de l’érotisme est une ressource à plusieurs niveaux :
D’abord, elle procure la joie du partage : qu’elle soit physique, émotionnelle, psychique, intellectuelle, il s’agit de construire un pont entre deux personnes.
D’une manière encore plus générale, l’érotisme souligne notre capacité à éprouver de la joie, sans crainte. Et « avec cette connaissance profonde et irremplaçable de ma capacité de joie vient une exigence que ma vie tout entière soit vécue au sein de cette connaissance. »
La vie tout entière, c’est-à-dire la manière dont mon corps réagit aux rythmes d’une musique, c’est-à-dire la danse, mais aussi la construction d’une étagère, l’écriture d’un poème, la réflexion autour d’une idée…
Cet érotisme nous donne ainsi accès à notre « plus profonde source créative », et nous dote d’une puissance d’auto-affirmation face à une société raciste, patriarcale et anti-érotique. 
« Les outils du maître ne déconstruiront jamais la maison du maître » (The Master’s Tools Will Never Dismantle the Master’s House)
Cet essai part d’un vécu personnel sur la manière dont les études, les séminaires et la réflexion académique féministe en général se fait en l’absence des points de vue des femmes noires, pauvres, lesbiennes, sans tenir compte de leur point de vue, de leur voix ni de leur différence de vécu de femme.
Il ne s’agit pas de faire preuve de « tolérance », qui n’est que « la forme la plus grossière du réformisme », mais bien de prendre conscience de la fonction créative de nos différences dans la société.
« Les différences ne doivent pas simplement être tolérées, mais être vues comme une fondation des polarités nécessaires entre lesquelles notre créativité étincelle, comme une dialectique. »
Il s’agit donc bien de changer de paradigme, de ne pas « utiliser les outils du maître pour déconstruire la maison du maître ». Audre Lorde écrit :
« L’échec des féministes académiques à reconnaître la différence comme une force essentielle est un échec à dépasser la première leçon du patriarcat. Dans notre monde, diviser et régner doit devenir définir et empouvoirer. »
« Usages de la colère : les femmes répondent au racisme » (Uses of Anger: Women Responding to Racism)
« Ma réponse au racisme est la colère. »
La colère de l’exclusion, du privilège pris pour acquis, des distortions raciales, du silence, des stéréotypes, de la trahison, de la position défensive, de la cooptation….

Avoir peur de cette colère ne nous apprend rien. La culpabilité et la défensive ne sont d’aucun usage pour construire l’avenir.
Audre Lorde énumère de nombreuses situations dans lesquelles la colère des femmes victimes de racisme n’a pas droit de cité. Typiquement, le message transmis est : « dis moi ce que tu ressens mais adoucis le ton, sinon je ne peux pas t’entendre. »
Or la colère est pleine d’informations, d’énergie et de potentialités. « Si on la concentre avec précision, elle peut devenir une puissante source d’énergie au service du progrès et du changement. » Quand elle se traduit en actions qui servent notre vision et notre futur, elle est libératrice et clarifiante.
Si une soeur nous manifeste avec colère qu’on participe à son oppression, lui répondre avec notre propre colère ne sert à rien et gaspille de l’énergie. Et « oui, il est très difficile de se tenir tranquille et d’écouter la voix d’une autre femme décrire un tourment que je ne partage pas, ou auquel j’ai moi-même contribué. »
Pourtant, nous n’avons pas d’autre choix que de nous atteler à cette tache difficile de « creuser pour mettre à jour l’honnêteté. »
« Pour les femmes noires et les femmes blanches, faire face à leur colère respective sans déni ni immobilisme, ni silence, ni culpabilité, est en soi une idée hérétique et créatrice. »
Pourquoi sans culpabilité ? Parce que « la culpabilité n’est pas une réponse à la colère ; elle est une réponse à notre propre action ou manque d’action. » Qui plus est, la culpabilité est « une autre forme d’objectification ». De manière implicite ou explicite, la culpabilité exige que les opprimé.e.s créent le pont, qu’iels comblent eux-mêmes le fossé entre l’aveuglement et l’humanité.
Par ailleurs, il faut aussi distinguer entre la colère et la haine. « Si je t’ai parlé avec colère, au moins t’ai-je parlé. Je ne t’ai pas mis un pistolet sur la tempe et tué dans la rue. » Or, en tant que femme, nous avons pu être élevées dans la peur de la colère : « au sein de la construction masculine de la force brute, nous avons appris que nos vies dépendaient de la bonne volonté du pouvoir patriarcal. Il nous fallait éviter la colère des autres à tout prix, parce qu’aucun apprentissage ne pouvait en être tiré autre que la souffrance (…) ». Or, conclut Audre Lorde en une énumération glaçante,
« Ce n’est pas ma colère qui lance des missiles, dépense plus de soixante mille dollars par seconde en missiles et autres instruments de guerre et de mort, massacre les enfants dans les villes, fait provision d’agent innervant et de bombes chimiques, sodomise nos filles et notre terre. Ce n’est pas la colère des femmes noires qui corrompt en pouvoir aveugle et déshumanisant (…) »
G.C.
The Master’s Tools Will Never Dismanthle the Master’s House, Audre Lorde. Penguin Modern, 2017.
Audre Geraldine Lorde (Harlem, 18 février 1934 - Sainte-Croix dans les Îles Vierges, 17 novembre 1992) est une femme de lettres et poétesse américaine noire, militante féministe, lesbienne, engagée contre le racisme. En tant que poétesse, elle est connue pour sa maîtrise technique et son expression émotionnelle, ainsi que pour ses poèmes exprimant la colère et l'outrage envers les injustices civiles et sociales qu'elle observe tout au long de sa vie. Ses poèmes et sa prose sont centrés sur les questions des droits civiques, le féminisme et l'exploration de l'identité féminine noire. (Source: Wikipedia)
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radcaen · 3 years
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Perspective féministe radicale sur la GPA, ou maternité de substitution
La GPA (Gestation pour Autrui) est un sujet qui revient régulièrement en ce moment pour moi, que ce soit à travers les questions que je reçois sur Instagram ou l'enquête publiée récemment sur les réseaux de GPA en France. Beaucoup de radfems se voient demander leur avis sur la maternité de substitution. Je vais donc parler de ce que j'en pense dans cet article, et faire le lien avec la morale et l'idéologie féministe.
Définition
La maternité de substitution est une pratique qui est très simple dans le principe : une femme tombe enceinte dans le but de donner (ou vendre) l'enfant à un couple, qui a commandé le bébé. La GPA est une forme spécifique de maternité de substitution dans le sens ou seule la gestation est effectuée par la mère porteuse. Ses ovocytes ne sont pas utilisés, car l'embryon déjà fécondé est implanté directement dans son utérus. C'est la forme la plus courante de maternité de substitution, car rien dans l'enfant ne provient de la mère, celle-ci a "juste porté" l'enfant.
Cette définition devrait déjà aider à comprendre pourquoi les radfems sont contre cette pratique, puisqu'il s'agit d'utiliser (de louer) le corps d'une femme, ce qui est une marchandisation de nos corps au même titre que la prostitution. Mais en plus, ici on peut aussi parler de trafic d'enfants, car si dans la prostitution le corps des femmes est le produit, avec la GPA c'est le bébé qui est vendue pour un profit.
En pratique, la GPA est vendue comme un processus altruiste d'une femme qui veut aider un couple infertile à avoir un enfant biologique, mais la réalité est toute autre. Dans l'immense majorité des cas, les mères porteuses (ou mères de substitution, mais je reviendrai sur ce terme plus tard) sont noires ou de couleur, viennent de pays pauvres et sont utilisées par une agence pour produire des enfants pour des couples blancs à un prix réduit. La mondialisation dans toute sa splendeur, appliquée aux êtres humaines donc.
Quelques raisons pour lesquelles les radfems s'opposent à la GPA
Le racisme institutionnel
Comme dit plus haut, les mères porteuses sont majoritairement des femmes noires ou de couleur, africaines ou asiatiques, qui portent des enfants pour des couples blancs. Grâce aux progrès de la médecine, il est désormais possible pour une femme de porter un enfant qui n'est pas génétiquement le sien. Cela signifie que le couple qui commande l'enfant va fournir l'ovule et le sperme (souvent en utilisant un ou une donneuse), et l'ovocyte fécondé sera implanté directement dans l'utérus de la mère porteuse. Celle-ci va alors donner naissance à un enfant blanc, alors qu'elle est elle-même noire.
L'exploitation financière
Comme ces femmes sont pauvres (l'argent est la première motivation pour devenir mère porteuse), elles coûtent moins cher qu'une mère porteuse européenne ou américaine. Cela permet aux couples aisés de dépenser moins pour leur enfant qu'en payant une femme qui a leur niveau de vie ou supérieur. Bien sûr il existe des couples qui payent une mère porteuse et la traitent comme une reine, mais il s'agit de l'exception et non de la règle. En général les femmes vivent chez elles, enceintes, et ne sont suivies que pour assurer que le "colis" arrivera bien sans encombre. La majorité de l'argent (50% en général) que le couple paie est destiné à l'agence, et la mère porteuse ne le verra jamais.
"Qu'elle vit en Ukraine, en Inde ou aux États-Unis, dans la plupart des cas, celle qui enfante est plus pauvre que les personnes qui passent commande. En Inde, elle est souvent originaire d'un village situé à proximité de la clinique. Aux États-Unis, c'est souvent une femme mariée de la classe ouvrière."[1]
Le trafic d'être humains
La marché légal de la GPA a permis à un marché illégal de trafic d'êtres humaines de s'étendre encore plus alors même qu'il existait depuis des décennies. Très régulièrement dans le monde, des appartements possédés par la mafia sont découverts, et des femmes séquestrées là ou tenues par contrat illégal sont récupérées. Ces "usines à bébés" servent le même rôle que les agences de GPA, mais au profit de la mafia. Pour rappel le trafic d'êtres humaines est le marché illégal le plus lucratif au monde, bien devant la vente d'armes ou de drogues. La présence d'un marché légal a permis au marché noir de s'étendre encore plus, suivant le même schéma que la prostitution.
L'exploitation du corps
La GPA, peu importe ce qu'on en dit, est une forme de prostitution dans laquelle la femme, au lieu de louer son vagin, ses seins, sa bouche, etc. à un étranger, loue son utérus pendant 9 mois à un couple étranger. L'autre différence c'est qu'alors que dans la prostitution, le corps de la femme est le produit (puisqu'on ne peut pas vendre du sexe, seulement un corps), ici le produit est l'enfant. On ne peut envisager la GPA comme possible qu'en considérant le corps de la femme comme une machine ou un objet que l'on peut payer pour effectuer une tâche. Or ici, on ne peut séparer le corps de la tâche comme dans n'importe quel autre travail. Une mère porteuse est enceinte pendant 9 mois, 24h/24, 7j/7.
Les risques pour la santé
Tout comme dans la prostitution, la GPA est extrêmement dangereuse pour le corps des femmes et pour leur santé mentale. La grossesse est un processus compliqué et dangereux en soi, qui peut apporter un grand nombre de complications que ce soit lors des 9 mois de gestation ou de l'accouchement. Il peut être nécessaire de prendre un traitement, de rester allongée pendant des semaines ou des mois, il peut y avoir un accouchement par césarienne, etc. La liste des complications est très longue. Mais pour la GPA, c'est encore pire : saviez-vous que les grossesse provoquées artificiellement sont plus à risque de développer des complications ? Une GPA met donc plus à risque la mère que n'importe quelle autre grossesse. Et oui, il y a déjà eu des mortes.
Pour éviter les risques d'échec d'implantation dans l'utérus, la procédure standard d'une GPA consiste à implanter deux embryons dans l'utérus pour maximiser les chances que l'un d'eux s'implante. La conséquence logique c'est que les grossesses sont très souvent gémellaires, ce qui implique encore plus de problèmes potentiels.
Les enfants nés de GPA
Les enfant nés de GPA, si on s'en tient purement aux définitions, ne connaîtront jamais leur mère et sont victimes de trafic d'êtres humaines sous couvert d'altruisme. On ne sait pas encore les effets psychologiques de la naissance par mère porteuse sur un enfant. Les études menées sur les enfants adoptés montrent un besoin de connaître ses origines, il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas d'un enfant né par GPA. De plus, les enfants étant considérés comme des produits au même titre que le corps des femmes (objectification), les agences ne laissent pas l'opportunité au nouveau né de créer un lien avec sa mère et donnent directement l'enfant au couple commanditaire. Or, nous savons désormais que les enfants perçoivent un grand nombre de choses dans l'utérus, et qu'ils ne naissent donc pas "vierges", et que ce lien entre la mère et l'enfant est très important pour le nourrisson. De nombreuses choses sont transmises, qui ne sont pas prises en compte.
Le contexte légal
Il est très difficile, voire impossible, de créer un contexte légal adapté à la GPA. Les législations actuelles sont presque toujours en faveur des clients acheteurs, ce qui place les mères porteuses dans une situation délicate. Le but est de protéger les acheteurs des mères porteuses qui voudraient garder l'enfant qu'elles ont porté plus que de protéger la santé mentale et physique des mères porteuses. Il y a eu plusieurs cas de mères porteuses qui n'ont pas pu garder leur enfant parce que le client est roi. De la même manière, comment gérer la nécessité d'un avortement médical ? Ou que faire si la mère porteuse ne veut pas porter l'enfant à terme pour diverses raisons ? Le contexte légal, comme souvent, retire l'humanité derrière ces questions, ne permettant pas de créer quoi que ce soit d'adapté.
Au delà de ça, la GPA étant de l'exploitation, sa simple légalisation montre une inclinaison à aller à l'encontre des droits des femmes par le gouvernement. Un état où il est légal de louer le corps d'un être humain n'est pas un état qui protège ses citoyennes.
La domination masculine
Le sujet le plus évident. La seule raison d'être de la GPA est le désir d'avoir un enfant qui possède le patrimoine génétique du père. Quoi de plus masculin que de vouloir absolument un enfant biologique quand le système est saturé d'enfants "trop vieux" pour être adoptés ? Personne ne mérite ou n'a de droit à avoir des enfants biologiques, c'est un concept purement mâle. Le corps des femmes n'a pas pour fonction la reproduction. Le fait que la GPA soit poussée par les hommes gays rend ça très transparent. La GPA est un outil des hommes qui veulent transmettre leur patrimoine génétique quand ils ne le pourraient pas pour diverses raisons. Sauf que les femmes ne sont pas des incubateurs, et prétendre le contraire est de la pure logique patriarcale. Pourtant, la GPA est défendue par certains sous couvert de "féminisme"...
La GPA est aussi poussée par des groupes LGBT+ sous couvert de promouvoir l'inclusion et une autre vision de la famille. Mais les familles qui ont recours à la GPA sont aux antithèses de ce qui est soutenu par les LGBT+ : des gens blancs, aisés, parfois même très riches, en couple monogame et qui veulent un ou des enfants, la majorité étant hétérosexuelle. En quoi est-ce promouvoir les droits LGBT+ ? Qui des lesbiennes, qui pourraient très bien être exploitées ? C'est une question de privilège masculin, pas de droits des gays.
Autres réserves
J'ai parlé des mères porteuses pauvres et mal traitées, mais la vérité est que même celles qui "travaillent" directement au contact des familles subissent des conséquences psychologiques, car la GPA est une violence en soi. Les femmes, bien que nous ne soyons naturellement douées pour prendre soin d'enfants, s'attachent aux bébés qu'elles portent pendant 9 mois dans leur ventre. Nier cette connexion c'est, encore une fois, nier notre humanité et nous prendre pour des machines.
Les mères porteuses qui sont accompagnées par la famille subissent un aller-retour psychologique puissant. Pendant 9 mois elles sont le centre de toutes les attentions, on leur offre des vêtements de grossesse, on leur paye de la nourriture de bonne qualité et adaptée, certaines vivent un niveau de vie jamais connu avant dans le cas de familles très riches : grande maison, piscine, voyages... A la fin de la grossesse, tout s'arrête brusquement. La mère porteuse n'a plus d’intérêt, car au fond c'était l'enfant qui était important, pas elle. Certaines femmes font des GPA à répétition pour reproduire ce phénomène de dépendance psychologique, car elles associent la grossesse à un traitement préférentiel.
J'ai utilisé le terme de "mère porteuse" pendant l'article car selon moi, le terme de "mère de substitution" est mensonger. La mère est celle qui conçoit, porte et accouche de l'enfant. C'est ce que décrit le mot "mère" quand on parle d'une famille. Dans le cas d'une adoption, la mère est celle qui va éduquer, élever et prendre soin de l'enfant, mais il s'agit d'un abus de langage, au fond. Abus qui n'est pas grave, contrairement à l'emploi de "mère de substitution" pour parler d'une mère porteuse. Car la mère de substitution, dans la GPA, c'est celle qui commande l'enfant, pas celle qui l'a porté. C'est une complète inversion des rôles. Pour l'enfant, sa mère c'est celle qui le porte, mais on la lui retire pour le donner à une autre femme. Cette autre femme, c'est elle qui se "substitue" à la mère.
Enfin, l'idée selon laquelle la mère porteuse ne fait que porter un enfant pendant neuf mois efface la réalité de ce qu'est la grossesse : le corps d'une femme enceinte ne "porte" pas le bébé, il le fabrique. Toutes les ressources apportées à l'embryon et qui permettent sa croissance sont apportées par la mère porteuse, et il est impossible de quantifier le travail que cela représente en terme industriel. Devrait-on considérer les grossesses normales comme un travail lui-aussi, mais pour le mari plutôt que pour un commanditaire ? Selon certaines personnes qui défendent la GPA, oui.
Conclusion
La maternité de substitution et la GPA sont un concept purement anti-féministe, qui est apparu dans les années soixante aux US et qui a rapidement été exploité par le capitalisme jusqu'à être exporté dans des pays pauvres. C'est une pratique qui est à l'antithèse des intérêts des femmes, de la classe ouvrière et des femmes noires et racisées.
La GPA est profondément raciste au vu son exploitation des femmes noires, Indiennes, Ukrainiennes, etc. qui donnent naissance à des enfants blancs. Elle est similaire au trafic d'êtres humaines, étant donné sa marchandisation non seulement des femmes, mais aussi des enfants, sur lesquels on met un prix.
L'idéologie féministe radicale ne peut coexister avec la GPA.
Sources externes : (1) Peter Cornell, Mannen pa gatan. Prostitution och modernism, Hedemora/Möklinta, Gidlunds förlag, 2009 p.13.
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