Tumgik
#attendre DES HEURES pour trois petits kilomètres
englishindubellay · 6 months
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ecg 1
Used to (ce qui existait et n'existe plus)
Quand il avait cinq ans, Martin avait de longs cheveux blonds bouclés. Comme il était mignon ! A toddler, an infant, Un nouveau-né. Des jumeaux. Être enceinte. Attendre un bébé. Je suis né ….. Ma naissance.
Dis-moi Quitterie, est-ce que tu mangeais beaucoup de bonbons quand tu étais petite fille ? Je ne crois pas. Greedy. A sweet tooth. Candy, a lollipop. Être mince. To be overweight
Avant, Lucas était (ne pas traduire « avant ») sur les réseaux sociaux au mois trois heures par jour mais il a décidé de se désinscrire afin d'économiser du temps pour travailler plus. A nerd. Publier une photo. Un influenceur. Un lanceur d'alertes. Perdre son temps. Le temps, c'est de l'argent. A trend-setter
Je pensais que Jade était très timide mais j'ai changé d'avis. Elle est vraiment très sympa avec tout le monde. To socialise. Once bitten, twice shy. To shy away from. To be publicity shy. To be work shy, rougir, to be self-conscious, to be self-confident
Julie voyageait beaucoup mais maintenant elle aime rester chez elle, lire, écouter de la musique et cuisiner pour ses amis. A bookworm. A stay-at-home father. A homebody, to be well-travelled, to be well-read.
Par le passé, Alice (ne pas traduire « par le passé ») vivait à la campagne mais ses parents ont décidé de déménager pour vivre dans une grande ville. Aujourd'hui, elle sort tous les soirs. To go pub crawling. Clubbing. A campaigner. A city-dweller. A campaign. A farmer. Farming. To grow cereals. To raise cattle. A wind farm
Tilian et Eloi ne s'entendaient pas bien par le passé (ne pas traduire « par le passé »). A présent, ils sont devenus les meilleurs amis du monde. Comment expliques-tu cela ? to loathe. To be fond of. To be keen on. To worship. Un pote. L'amitié. A bromance
Quand il vivait à Paris, Estéban ne lisait pas beaucoup. Maintenant, il lit un roman par semaine. En tout cas, c'est ce qu'il dit mais personne ne le croit. A whodunnit. A thriller. Une pièce de théâtre. A short-story. A tale. L'habit ne fait pas le moine.
Il y avait un cinéma dans le village de Timothée. Aujourd'hui, si vous voulez voir un film, vous devez faire (drive) vingt kilomètres. Pourquoi ne t'abonnes-tu pas à Netfix ? Je n'en ai pas les moyens, tu sais. A blockbuster. To be broke. Regarder un film. Une série. Un téléspectateur. Un cinéphile. Un abonnement.
Quand il était plus jeune, Mathurin n'aimait pas la bière. Maintenant, il en boit au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. C'est devenu une addiction. Inquiétant, non ? Lager. Stout. A pint. To play darts. To order. Le serveur (au bar). An order.
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camembert-president · 3 years
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Je tiens à dire que l'être humain qui a inventé la circulation routière est un démon de la pire espèce et mérite de rôtir au fin fond du Malebolge.
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alexar60 · 3 years
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L’hôtel particulier (26)
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Je vous invite à lire les 25 premiers chapitres
Chapitre 26 : Entre la vie et la mort
Rien n’était normal !
Elle ne s’était pas rendu-compte qu’elle avait perdu les eaux. Elle s’était réveillée dans le lit transformé en une mare d’eau tiède. Elle avait terriblement mal au ventre et le sang coulait entre ses jambes. Je la soutins et l’allongeai sur le divan de la grande salle. Elle grimaçait tout en pleurant. Elle savait que ce n’était pas normal…il restait encore trois mois de grossesse.
Me sentant dans l’incapacité de la transporter et surtout de conduire, j’appelai les urgences afin d’envoyer une ambulance. Je donnai l’adresse et attendis d’être mis en contact avec un médecin pendant l’arrivée du véhicule. Le portable collé contre l’oreille, ma main tremblait. De temps en temps, j’essayai de rassurer Tatiana qui écarta les cuisses.
-          Merde, il arrive ! sanglota mon amie.
Rien ne se passa normalement !
Le docteur donna quelques conseils, je courus préparer une bassine d’eau chaude. Les enfants firent du bruit. Je les entendis brailler et courir faisant vibrer le plafond ; ce n’était pas le moment ! Je revins avec la bassine. Entre-temps, j’avais laissé le téléphone sur haut-parleur permettant à Tatiana d’écouter le médecin qui cherchait à la calmer. Je regardai entre ses jambes, la dilatation avait commencé !
Rien n’était normal !
J’attendais de voir la tête mais je compris que ce serait compliqué lorsque j’aperçus un pied. J’avais peur qu’il coince, qu’il ne puisse sortir correctement. Je me sentis perdu en me demandant pourquoi le second pied ne sortait pas en même temps ; Pourquoi je ne voyais qu’un seul pied. Soudain, un miaulement dans mon dos ! Le chat était venu souhaiter bonjour à notre enfant. Il s’assit regarda la scène et par moment, il se léchait les babines avant de laver une patte.
Rien ne se passa normalement !
Elle soufflait de plus en plus vite, elle hurlait tellement la douleur fut intense. La voix sur le haut-parleur invita Tatiana à pousser. Elle inspira un grand coup, grimaça et insista pour faire sortir le bébé. Son visage se trempait de sueur et de fatigue. Je restai à côté de la cuvette à attendre. Je sentis mon cœur palpiter comme jamais, j’avais peur… peur de perdre Tatiana…peur de perdre cet enfant…peur de tout perdre ! Dans ma tête, une petite voix répétait sans cesse : « Mais qu’est-ce qu’ils font ? » L’ambulance n’était toujours pas là !
Rien n’était normal !
Enfin, le second pied se présenta, puis les mollets et les jambes entièrement. Ce qu’une femme faisait généralement en plusieurs heures, ma copine accoucha en quelques minutes. Elle était exténuée, continuant de pousser. J’expliquai au médecin où cela en était. Il me rassura en précisant que l’ambulance arriverait très bientôt. Le chat grimpa sur le dossier du sofa, il ronronna tout en levant la queue. Il regarda Tatiana en train de pousser puis il m’observa. Mais par réflexe, surtout par hygiène, je le poussai l’obligeant à descendre en râlant. Il cracha pour exprimer son mécontentement et tourna autour du divan. Le corps sortit, il restait un dernier effort pour Tatiana et notre bébé serait avec nous !
Rien ne passa normalement !
En voyant son cou, je compris qu’il y avait un énorme problème. Tatiana rugit tout en poussant, la tête sortit, le cordon ombilical était enroulé autour du cou du bambin. Je le pris vite dans les mains pour le dégager. Le bébé garda les yeux fermés et la bouche entrouverte. Il ne réagit pas. J’approchai le visage, son cœur ne battait pas. Il était inerte dans mes bras. Dès lors, je le nettoyai de tout ce sang qui le couvrait. Tatiana ne parla pas. Elle soufflait, les cheveux brillants de sueur. Je ne dis rien. La figure du petit garçon était complètement bleue…Il était mort-né !
Rien n’était normal !
En entendant l’ambulance se garer devant la maison, je déposais le nourrisson sur le ventre de ma compagne. Elle ne réagit pas tellement elle était épuisée. Toutefois, elle le serra dans ses bras. Elle leva la tête pour le regarder puis la reposa sur l’assise en mousse et s’endormit. J’ouvris la porte aux deux ambulanciers qui sortaient leur matériel.
-          Vite, c’est un prématuré et elle ne va pas bien ! annonçai-je sur leur passage.
Le visage sérieux, les deux hommes entrèrent dans la grande salle. Cachés par le dossier du divan, ils ne virent pas la mère et l’enfant, encore moins l’horreur de ce qu’il se passait. Je compris que rien n’était fini lorsque l’un des ambulanciers cria : « Ho, putain ! » Dès lors je me précipitai en espérant que Tatiana serait toujours en vie. Je ne voulais pas la perdre et tant pis si nous n’aurions jamais d’enfant.
Mon sang se glaça ! L’impuissance refroidit mon émoi, les larmes jaillirent, une angoissante terreur remplirent mes poumons de colère. Tatiana dormait et restait inconsciente de ce qu’il se passait sous son nez, sur son ventre. Les deux hommes habillés de blanc restèrent paralysés par ce qu’ils découvrirent. Le chat, ce putain de chat noir mangeait le visage du mort-né !
Il se délectait de sa chair, ses crocs s’enfoncèrent dans les joues tendres du chérubin. Puis il mastiquait montrant des babines brillantes à cause du sang du bébé. Le monstre sembla sourire, ses yeux jaunes se remplirent d’un bonheur indescriptible, il savourait chaque bouchée. J’avançai pour le virer mais le plus petit des ambulanciers me devança.
Il frappa l’animal qui bondit presqu’à l’autre bout de la salle. Il frôla le mur, passa sous les fenêtres et quitta la pièce pour aller certainement dans la chambre verte. Ses sauts dans les escaliers renvoyèrent un bruit sinistre à mes oreilles.
Rien n’était normal !
Pendant que l’un vérifiait la mort de notre bébé, l’autre soigna Tatiana. Une voiture s’arrêta derrière l’ambulance, un médecin nous rejoignit. Ils restèrent un bon quart d’heure à s’occuper de ma compagne. Je restai à l’écart, assis sur une chaise, dépité en regardant le drap blanc qui recouvrait mon enfant. La colère n’arrivait pas. Pourtant, j’avais une raison d’en vouloir à ce chat qui dévoila le caractère sournois de son intérêt envers Tatiana : il voulait manger notre enfant ! A ce moment, j’étais persuadé que ce fauve est démoniaque !
Rien ne se passa normalement !
L’ambulance partit avec le gyrophare allumé faisant vrombir la sirène dès le portail franchit. La voiture du docteur suivit. De mon côté, je pris mes clés de voiture et sortis en direction de l’hôpital où ils déposèrent Tatiana et le bambin. Cependant, arrivé sur le seuil de la porte d’entrée, un bruit retint mon attention. Les enfants coururent en faisant du bruit et s’arrêtèrent subitement. L’écho d’un pleur de bébé résonna dans les couloirs du premier étage ainsi que dans la grande salle. Les larmes perlèrent sur ma joue, je les essuyai avec la manche de mon sweat-shirt puis je claquai la porte avant d’insérer et de tourner la clé dans la serrure.
Rien n’était normal !
Sur la route, je repensai à cette matinée d’horreur qui devait être une belle journée, la plus belle de notre vie. Je pensai à ce chat qui attendait patiemment pour dévorer notre bébé.
-          C’est décidé, cette saloperie quittera la maison ou je la crèverai, annonçai-je à voix haute.
Le trajet parut très long. J’en voulais au monde entier. J’en voulais aux ambulanciers pour ne pas être arrivés plus tôt. J’en voulais à ce chat de malheur. J’en voulais au gouvernement pour avoir réduit les budgets et supprimé des postes et des hôpitaux. J’appris par la suite, à un an près non seulement les secours seraient arrivés plus tôt mais qu’elle aurait été envoyée dans une maternité dans la même ville où nous habitions. Malheureusement, le pavillon fut supprimé, nous obligeant à parcourir vingt-cinq kilomètres. Et j’en voulais à moi-même d’avoir acheté cette maison.
Plus rien ne se passera normalement !
Alex@r60 – février 2021
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nuit-pourpre · 3 years
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Perséphone [ch.01]
[Soft-SF]
*
Les gouttes de pluie tombaient comme des fientes. La tôle récitait sa prière.
Du dôme, un souffle humide transpirait sur les toitures avec fracas. La Bulle semblait un poumon à l’agonie.
On voyait de grandes travées métalliques se courber sur plus d’un kilomètre, du sol jusqu’à la clé de voûte. Un épais et sombre bulbe de polymères les reliait entre elles.
L’intérieur de la Bulle était bardé de projecteurs qui diffusaient un langoureux tamis de lumière bleue en contrebas, dans toutes les ruelles et sur toutes les petites placettes de ce quartier de plaisance.
Un très jeune gosse ouvrit la bouche, la tête en l’air, pour capter un peu d’eau potable sous l’averse du dôme. Il fut tiré par un gamin plus âgé, qui fuyait un robot patrouilleur après avoir volé une brochette sur un grill. La viande fumante entre les dents, il avait déjà englouti la tête du lézard et se léchait les doigts, courant mesurément parmi la foule. Le lent et pesant synthétique, sur ses trois roues oxydées, mit rapidement un terme à la poursuite et s’en retourna au poste, dans un grincement d’essieu désabusé. Il faillit bousculer une femme qui s’affairait à installer l’auvent de son seuil, sous l’averse, et qui rentra ensuite dans sa cabane où des pleurs de bébés retentissaient.
Sous un porche putride, le sifflement d’une petite turbine se faisait entendre, provoquant la posture affolée d’un chien errant qui se mit à japper avant de détaler dans le caniveau.
C’était l’agitation banale de Coramine. La cité voisine, Ranfaris, était protégée par un dôme cinq fois plus étendu, et était vingt fois plus peuplée. Là bas, c’était vraiment une fourmilière.
L’armurier fit une grimace à son client. Il dégagea le cran de son arme de poing et visa juste derrière lui, à côté de la porte de la remise. La boutique fut traversée d’un tonnerre sec et strident qui fit frémir ou sursauter quelques passants. Rien de plus. Les gens du coin étaient habitués.
Il tira un coup, puis trois autres. Chacun se détendait avec un sifflement d’ultrasons, pour charger le tir suivant. Les impacts firent éclater le sac de sable gris au fond de la boutique. Il porta à sa vieille oreille le pistolet vibrant, que les tirs avaient épousseté.
Nan, grommela-t-il en secouant la tête. Ce genre de modèle n’a rien à foutre dans le désert où tu l’as trimballé… Mais si je pousse l’attaque du percuteur, ça sera encore pire, la seringue est trop fragile pour refroidir à cette vitesse. J’entends déjà le noyau m’insulter en binaire à cause de la surchauffe !
Besp grogna sous sa moustache. Le mercenaire connaissait mal ces nouvelles armes de contrebande. Les receleurs en avaient toujours à vendre mais le travail pour en ôter les balises de sûreté endommageait souvent les pièces.
Tu la tiens d’où, cette arme, Besp ? demanda le vendeur soucieux.
Offerte. Le fabricant est mon sponsor.
Très drôle… Plus sérieusement, Besp, c’est pas fait pour ton métier, ces machines.
Pour quoi c’est fait, alors ?
Il avait soupiré cette dernière phrase en ôtant sa veste, lourde et crasseuse. Il passa un doigt dans la doublure de son dos, découvrant le tatouage atrocement délavé qu’il portait à l’avant-bras. Il sortit de la poche secrète un rouleau plastifié.
C’était une monnaie qu’utilisaient encore les lunes de la ceinture intérieure. Celles trop éloignées de Séléné. Hors de portée du Rêve et de ses satellites. Ici, sur la 23, le Rêve ne parvenait qu’une infime partie de l’année, pendant dix jours environ, lorsque son orbite la faisait passer dans l’aura de la 7. C’était trop peu de temps pour qu’une escouade ait le temps d’atterrir et d’assembler un relais. Alors, la 23, comme presque toutes les autres lunes intérieures, restait libre du Rêve et de son emprise. Tout le commerce se faisait en orbite.
Alors donne-moi un vieux flingue, fit Besp en jetant le rouleau sur le comptoir.
L’armurier usé et squelettique arrondit ses yeux livides et le dévisagea.
Tu veux dire un modèle plus ancien ? J’en ai un de l’an 214 qui supporte mieux les poussières atmosphériques.
Je veux dire un flingue normal. Qu’il faut approvisionner. Pas une foutue imprimante 3D qui lâche dès que le ciel se couvre… 
T’es sûr ? La dernière fois tu t’es retrouvé à court de munitions. Tu préfères pas plutôt apprendre à tirer autrement ? Une fois qu’on a pris le coup…
La thune te suffit pas, vieil homme ?
On n’entendit plus que la symphonie de la pluie grasse sur les toits. Il émit un claquement de langue de désapprobation et fourra le rouleau dans la poche de son tablier, en tournant les talons. Il revient bientôt de l’arrière-boutique en claudiquant sur une canne faite à partir d’un tuyau. Et le contenu de ses doigts frêles retentit lourdement sous les yeux de l’homme de main.
Le barillet était splendide. Malgré la rouille apparente, il se dégageait de l’arme une fiabilité éprouvée, une densité qui fit vibrer les os de Besp avec une anticipation grisante.
Besp. Un jouet pareil, ça vaut quatre fois ce que tu m’as donné.
Je te laisse l’ancien. Il te tiendra compagnie. Moi j’en peux plus de l’entendre geindre… 
Je le compte déjà, quand je dis que ça vaut le quart.
Oui, j’en suis désolé… 
Le vieux ne bougea pas, regardant simplement Besp glisser l’arme dans sa gaine et jeter sur son épaule le lourd sac de munitions qu’il venait de lui donner, en faisant de grandes mimiques contrariées. Le mercenaire et piètre comédien fouilla ensuite ses poches, l’air penaud, à la recherche d’autres objets de valeur, promettant de le payer plus tard, minaudant pour un énième crédit… Puis il remarqua l’œil que lui lançait le vieux, et sa sérénité statique, il demanda :
Tu as un travail pour moi, c’est ça ?
L’armurier acquiesça.
**
La grotte exhalait une odeur rance.
On aurait dit un poison volatile et discret, comme celui qu’utilisait la pègre de Ranfaris dans les cellules des cloaques, quand elle voulait se débarrasser de quelqu’un. Mais l’odeur était vaguement plus… méridionale, fruitée, champêtre. Il ne savait pas d’où ce mot lui était venu. C’était absurde.
À l’extérieur, le désert se mortifiait sous la demi-nuit, comme une moisissure dans la pénombre d’une couveuse.
Il avait sillonné les pistes et les routes pendant trois jours depuis Coramine. Plein nord. Loin des marécages équatoriaux. Ce pays-là était sec.
Les bordures ocrées de l’horizon flambaient les fondations d’un ciel rougeâtre. Sous cette latitude, l’atmosphère particulière qui l’entourait donnait à la Lune 23 cette obscurité sanguine, artérielle pendant quatorze heures. Mais ça n’avait rien à voir avec l’uniformité orange et crépusculaire des seize heures de jour. Ce n’était pas non plus les trois heures de lever ou les trois heures de coucher, où l’on voyait la voûte transpercée de flammes d’or, comme des dragons spectraux qui dansaient avec des spasmes inquiétants. De toute façon, pendant ces heures-là, il n’était pas recommandé de sortir, en dehors des rites de passage des Orateurs de l’Oubli. Et ceux qui revenaient de ces rites, le faisaient rarement indemnes de corps et d’esprit.
L’obscurité de la demi-nuit, décidément, c’était son moment préféré. Il avait laissé sa vieille vadrouilleuse sous un piton de roche, avec le side-car rempli de matériel de levage. Il avait pulvérisé les roues au butanoate d’éthyle. Les hommes-cactus ne viendraient pas renifler. Il ne savait pas pourquoi, mais ça marchait.
Il craqua sa barre fluorescente et la jeta devant lui après avoir fait quelques pas dans la grotte. Le vieux tenait d’un fournisseur de passage que des fusées de détresse s’en étaient élevées quelques jours auparavant. En général, dans ces coins, c’était le signe qu’une expédition de récupérateurs avait été refroidie par des hommes-cactus, une tempête de sable ou des arkab-yodeï. Le fournisseur avait voulu attendre la fin du carnage pour cueillir le butin. Il fallait le doubler.
Il vit la torche chimique dissiper les ombres. La lueur d’azur heurta le bord d’un puits à trente mètres devant, et bascula dans les ténèbres. Au plafond, dans l’obscurité revenue, des yeux rouges s’allumèrent. Six yeux, diablement rapprochés. Ses muscles se tendirent et il dégaina. Le barillet était plein. Il mit en joue et attendit.
Mais les yeux restaient ouverts, immobiles, sans que nul mouvement n’émane de la bête que la torche avait frappée dans son sommeil. En fait d’yeux, on aurait dit des diodes. Il tendit l’oreille.
Dans le noir presque complet, il entendit un grésillement. Ce n’était pas un animal. C’était une Stèle sonique. Un module défensif capable d’identifier la nature d’une intrusion et de diffuser un son précis dans une direction ciblée. Il se couvrit bêtement les oreilles. Ces fréquences pouvaient tuer, lorsque la machine était bien calibrée. Après quelques secondes à détaler en direction de la sortie, il trébucha. Il entendit alors le grésillement, qui persistait. Trop haut, ou trop bas, ou trop usé… La Stèle ne lui ferait aucun mal. Il rengaina et s’approcha du module. Soit les capteurs l’avaient pris pour un fennec - et c’était quand même assez vexant - soit le temps avait passé depuis l’abandon des lieux. Beaucoup de temps. Et il était impossible de prédire quoi, ou qui, pouvait bien occuper ces cavernes désormais.
Les six diodes formaient le clavier de la Stèle. Besp l’ignora, glissa sous elle pour accéder au puits et descendit avec son câble jusqu’aux lueurs bleutées qu’il percevait à quelques dizaines de mètres en-dessous. Prochain investissement, se dit-il : des implants pour la vue. Avec le quart du butin collecté ici, que le vieux lui avait promis, il aurait sûrement de quoi payer l’opération. Il rêvassa, dans le bruit lancinant du fil de rappel qui frottait sa hanche, mètre après mètre. Les toubibs de la 23 étaient les pires charlatans. Avec les moyens suffisants, il irait plutôt trouver la prochaine navette pour Perséphone. Là-bas, il y avait une vraie clinique, et des chirurgiens compétents. Mais le permis pour y sortir de la quarantaine était exorbitant… À moins de trouver ici une montagne d’or, cette voie royale le forçait à différer. Et il détestait différer des trucs.
Ses bottes clapotèrent dans une flaque, au fond du puits. Il lui restait moins d’un mètre de câble. Il détacha l’enrouleur de sa ceinture et vit le bâton bleu que la chute avait expédié. Il brillait au milieu d’un champ de stalagmites. L’air était glacé. Les oreilles accusaient la pression. Les stalactites, à deux mètres à peine au-dessus de leurs compagnes, faisaient l’effet d’une mâchoire minérale. Il se sentit comme un insecte prisonnier d’une plante carnivore. Certaines se rejoignaient, bardées de cristaux de sel. Il chercha les poulies et les caisses mentionnées par le trafiquant. Elles apparurent dans une alcôve artificielle, creusée à un mètre du sol, à l’embout de l’immense salle précaire où il déambulait depuis quelques minutes. Il soupira, sortit de la menace pesante de cet enfer dentelé pour se plaquer sous une paroi plus lisse, et récompensa son effort d’une poignée de baies fermentées.
Aucune trace d’un corps, ni d’aucun matériel d’expédition, dans cette cache. Mais ce qu’il vit dans les caissons était trop beau pour la facilité qu’il avait eue à les trouver. Les cinq contenants pesaient chacun le poids d’un buffloïde mort. Ils étaient remplis de gravats qui étaient en fait les fragments d’une superbe roche taillée, dans un granit dont il n’avait jamais vu composition plus parfaite. Il alluma brièvement une petite diode blanche qu’il gardait dans sa poche de survie. Les cristaux de ces pièces étaient littéralement de toutes les couleurs. Et la roche qui les cimentait avait un gris argenté presque aussi impeccable que du mercure. Elle émanait, même dans le froid mordant des profondeurs, une moiteur tiède qui faisait transpirer ses doigts à leur contact.
Chose plus étonnante encore, ces pierres semblaient marquées de reliefs sombres, très légers, comme si on les avait tatouées, par fusion de surface.
Les motifs formaient ce que Besp interpréta comme des glyphes.
Il dispersa les fragments sur le sol de la cavité et s’accroupit avec enthousiasme, examinant à la lampe bleue comment les fragments pouvaient bien s’imbriquer. Ils semblaient avoir été arrachés brutalement à une paroi, au marteau-piqueur ou pire, à la dynamite ! Mais certains de ces “glyphes” avaient carrément l’air de fonctionner ensemble. Il réfléchit. Il était à l’abri, ici. La valse aux dragons d’or ne tarderait pas à agiter le désert, tout là-haut… Il avait bien trois heures devant lui pour retourner à sa vadrouilleuse et commencer à sortir les sacs, quand le jour serait levé. Il mit une bonne heure à trouver le premier assemblage du puzzle.
L’idée semblait meilleure sur le papier. À l’instant où, les mains poisseuses, il réunit les deux pierres, son crâne vrilla comme si on l’agrafait de l’intérieur.
Il n’eut même pas la force de hurler.
***
Les ténèbres étaient complètes. Il n’aurait pas su dire combien de temps avait passé, mais sa bouche n’était si sèche, ni pâteuse.
Ses muscles, eux, n’étaient que vaguement engourdis, comme  après une sieste. Pourtant, lorsqu’il toucha du doigt sa lampe, elle était plus inepte qu’un bâton. Même après une vingtaine d’heures, en temps normal, ces torches continuaient d’irradier un faible spectre lumineux.
Il crut être devenu aveugle. Il repensa, paniqué, à ses projets d’implants oculaires. Puis il craqua la seconde lampe qu’il avait emportée dans ses sangles. La lumière revint. Celle-ci était jaune. Elle fut si vive qu’elle l’aveugla presque, pendant un temps.
Il se vit affalé au pied de l’alcôve, les fragments luisants éparpillés autour de lui. Mais un autre détail le glaça : ils formaient une piste qui se perdait dans l’ombre, le long de la paroi, comme si quelqu’un les avait alignés.
Il n’avait pas tout exploré. Il se leva, vérifia que son arme était toujours en gaine, et suivit fébrilement ce qui commençait à lui rappeler un conte de son enfance.
À la fin du conte, le petit robot qui avait suivi la piste des fioles de carburant, tombait sur un culte de mécanophiles de l’espace qui le dépeçaient sans anesthésie avant de réassembler ses pièces en un mixeur de cuisine.
C’était sûr. C’était lui, le petit robot. Mais lui était bien en chair, il avait de l’expérience, et un gros flingue entre les mains.
Aussitôt la piste commencée, il vit des lueurs s’agiter dans son dos, et qui ne venaient clairement pas de sa lampe.
Il fit volte face et vit que les pierres qu’il avait dépassées n’étaient plus là.
Il tenta d’avancer en les gardant en vue. Derrière son passage, les fragments de roche se fluidifiaient en rayonnant, comme de petites coulées de lave, puis s’enfuyaient comme de grosses chenilles, à la vitesse de l’éclair, pour aller s’éteindre dans le noir.
La tête lui tourna. Son rire éclata.
Il attendit quelques instants avant de poursuivre sa route, dans un étroit tunnel. Il ne prêta bientôt plus attention aux métamorphoses rutilantes qui fuyaient la galerie sous ses pas. Même le plus audacieux des cocktails de drogues dures qu’il avait jamais engloutis pendant une soirée en orbite, ne l’avait pas rendu aussi perplexe. Il se raccrocha à la pensée qu’il était en plein travail.
Les lanternes folles s’éteignirent pour de bon lorsqu’il atteignit une autre pièce. La piste s’arrêtait là.
Cet espace s’élevait dans des dimensions colossales. On aurait dit la Bulle de Coramine, version ville-fantôme… L'exiguïté du tunnel qu’il venait d’emprunter la rendait vertigineuse.
Une obscurité de fin du monde enveloppait ce qu’il crut être une bâtisse de pierre posée au milieu de la grotte. D’un coup de vis, il amplifia le rayonnement de son bâton et le jeta devant lui.
La structure était improbable, cyclopéenne… Elle formait en travers d’un hectare entier, une arche couleur d’émeraude dont la torche jaunâtre magnifiait le vert.
Besp déglutit. Il n’osa pas se poser la moindre question. Comme si une menace alien se pressait aux portes de sa conscience, attendant le moindre signe d’intelligence de sa part, pour vampiriser son esprit. Il avait le sentiment puissant que ces ruines ne donneraient pas moins de fil à retordre à l’individu le plus savant de toutes les lunes réunies… Le Rêve lui-même, en savait-il quoi que ce soit ?
Il avança prudemment, dans le silence opaque. Il s’en alla ramasser le bâton aveuglant, sous ce vestige d’une race de titans qui avaient dû peupler ce monde… avant ? Bien avant. L’impossible évidence que cet alliage, cette arche, soit plus ancienne que l’univers lui-même, surgit en lui.
Il fit un pas en avant et un rais de lumière le frappa. De l’intérieur. Comme une grosse migraine.
****
Les lieux changèrent. Il ne parvint plus à appréhender son corps.
Ses jambes et ses bras étaient devenus des concepts.
Et les concepts, Besp, ça ne l’avait jamais branché.
Il eut l’impression d’être un simple moniteur, flottant dans une marée d’émotions, de paroles en des langues inconnues et d’informations cryptées, dont le remous avait - il s’en rappela ensuite - de vagues teintes violacées.
Mais plus que tout, dominait la sensation d’un grand vide autour de lui, un vide si absolu que son esprit n’avait même jamais imaginé qu’il fût possible de l’imaginer.
Il vit avec un soulagement infini se dessiner les deux piliers de l’arche, de chaque côté, montant comme des falaises sombres. Il reconnut la taille étrange et biseautée de cette pierre et la structure lui semblait désormais si familière, en comparaison de ce … vide. Il reconnut sur la pierre devenue ténébreuse, les glyphes imprimés des fragments brisés par les récupérateurs.
Il se sentit rendu à lui-même. Mais dans le “noir” flottait toujours, omniprésente, la marée cosmique qui étourdissait sa certitude d’exister.
Tu t’appelles Besp.
Une voix retentit dans la caverne. Elle parut émaner d’un être ancien mais furieux. Une rage momifiée, une ardeur plurimillénaire s’y répercutait jusqu’à ses oreilles.
Tu n’es pas le premier à venir ici.
Il s’effondra à genoux. Ses jambes n’avaient plus la moindre consistance. Un tremblement secouait sa colonne et ses yeux gelaient comme face au vent, des larmes acides coulèrent entre les frisottis de sa moustache.
Mais tu es le premier à survivre à mon message. Soit tu es le plus clairvoyant de ton espèce, soit tu es trop simple d’esprit pour devenir fou. Tu as entrevu ce qui nous sépare, tu l’as senti dans tes os, et tu l’as traversé sans t’en émouvoir, comme on trébuche maladroitement dans les ténèbres.
Il ne sut pas quoi répondre. Il ne sut pas s’il devait se vexer. Il ne sut pas s’il était vraiment utile de parler à une entité visiblement au courant de tout… 
Je suis le programme simplifié de mon intelligence d’antan. Les cellules qui alimentent cette copie de ma conscience faiblissent d’année en année. Je suis proche de ma fin. L’avidité de tes pairs a pressé mon obsolescence, en faisant fuir mes fidèles assistants métaorganiques. Des gens me cherchent pour m’anéantir. Et je suis heureuse que tu me trouves avant eux.
Il resta la gorge nouée. L’acuité lui revenait.
Il était à la fois dans le monde réel, dans cette caverne de roche et de stalactites bien sédimentées, et dans les limbes d’un passé obscur. Il était à la fois prisonnier de son vertige millénaire, et livré à lui-même dans un présent hostile. Une familiarité troublante le liait à cette voix, qui le traversait comme si l’espace et le temps n’avaient pas la moindre importance.
Dans le même temps, du fond de son hésitation, il entendit les galeries trembler. D’infimes vibrations trahissaient la présence de formes de vie, et il crut entendre des voix.
Il en était convaincu. D’autres humains, bien en chair, empruntaient le puits où son câble de rappel pendait toujours. Il crut sentir leurs combinaisons spatiales et leurs bottes, éraflant les parois du conduit. De là où il était, séparé des intrus par plusieurs dizaines de mètres de pierre et un labyrinthe de voies basses, il savait que des torches lézardaient les ténèbres, inspectant avec une brutalité militaire les reliefs salins des stalactites, loin là-haut, dans la deuxième salle. Leurs particules gênaient sa peau. Son système nerveux ne faisait plus qu’un avec la grotte.
Ils sont là. Touche l’un des piliers de ma structure, Besp. Fais vite.
La voix se précisait. S’humanisait. Elle était vaguement féminine, et inquiète. Elle le pressa à nouveau, mais il se levait déjà, quêtant dans son dos la galerie obscure où retentissaient des échos de radio.
Touche le pilier, Besp. Ce sont eux. Ces gens que tu appelles “le Rêve”. Ils sont là pour me voler la séquence. La séquence est la clé de leur destruction ou de leur suprématie. Touche le pilier, retiens la séquence, et échappe-leur. Si tu échoues, ils vous auront tous. Toutes les Lunes. Je détruirai la séquence pour qu’ils ne la retrouvent pas. Mais tu dois la conserver. Tu dois t’en servir. C’est votre seul espoir.
Notre ? balbutia-t-il en armant la détente de son arme.
Ceux qui veulent vivre libres.
Il entendit un grésillement entre les murs, comme si on calibrait un gros instrument. Loin, au sommet du conduit, là où son câble était arrimé, il comprit que la voix disait vrai. Les agents du Rêve étaient ici. Leur navette avait dû profiter du confinement crépusculaire pour atterrir près de Coramine.
Il pointa le pistolet vers la sortie, et de son autre main, effleura l'obsidienne verdâtre de la colonne. L’arche cyclopéenne lui imprimait une peur qu’il n’avait jamais connue.
Mais un flux brutal de données marqua ensuite son cerveau. Une suite vertigineuse de chiffres se fit une place dans ses souvenirs.
En moins d’une seconde, il apprit par coeur des pages entières de nombres, comme s’il avait consacré des années à les mémoriser. Il lâcha le pilier. Son équilibre le trahit.
La caverne redevint nette. Sa lampe chimique rayonnait toujours d’un jaune sale.
L’arche d’émeraude était splendide, mais le tissu de la réalité redevenait compact, comme à son arrivée dans le sanctuaire.
Ses sensations mêmes s’étaient réduites.
Il se sentit humain à nouveau. Sourd, aveugle, limité. Il brandit la torche et l’expédia vers la galerie. Le silence était presque complet.
Peu importe ce qu’avait dit la voix. Elle avait disparu. Mais si un commando du Rêve était ici, ils ne lui proposeraient sûrement pas de prendre le thé.
Pendant un moment il pensa avoir été victime d’un délire.
Mais il n’était pas seul. Des voix glissèrent en sourdine, dans le fond des boyaux. Il n’y avait pas d’autre issue à cette cavité. Il était fait comme un rat.
Il courut vers la lanterne. Il remonta la galerie. Il vit une torche pâle se braquer sur un virage, juste devant lui. Le canon d’une arme d’épaule apparut, et une silhouette robotique juste derrière. Deux balles firent chanceler le visiteur. Une troisième eut raison de lui. Le revolver fumait comme un vieux poêle. Les tympans de Besp sifflèrent, mais une onde rauque la chassa bientôt. Il fut pris de nausée.
On lui avait décrit ce bruit. Une sentinelle orbitale en permission, qui avait déjà échappé à une attaque radio par une station du Rêve…
Sa dernière pensée avant de s’évanouir fut de réaliser que ces enflures avaient - enfin - réussi à mettre au point des relais portatifs. Il suffisait désormais d’une petite heure à un commando furtif pour endoctriner toute résistance potentielle aux alentours.
Dans l’univers, plus rien ne s’opposerait à l’unité du Rêve. La donne avait changé.
*****
Alors c’était ça, le Rêve ?
On aurait dit une cybercourse. Une réalité virtuelle. Il put déplacer sa conscience à volonté dans la caverne. Il se jouait de la pierre, des reliefs, des obstacles.
Il était sûrement en train de baver, à la renverse, en attendant que les machines du Rêve viennent le dépecer, ou le mettre en cryostase, dans un noyau IA, ou n’importe où…
Mais dans ce… Rêve, il contrôlait tout. Il croyait avoir le système nerveux branché sur la console des lois physiques elles-mêmes.
Il se déplaça jusqu’à la sortie de la grotte. Il vit les arborescences ambrées de l’aurore chatouiller le désert. Il vit jusqu’au seuil des ruines, une dizaine de patrouilleurs venus de loin, très, très loin. Il n’avait jamais vu ce type de combinaisons. Elles étaient d’un blanc parfait. Elles semblaient légères comme de la soie, souples comme du latex, impénétrables comme du diamant. Les visières des casques étaient noires. Il n’aurait pas su dire si ces gens étaient une forme améliorée et absolue d’êtres humains, ou l’achèvement ultime des créations androïdes. Mais une sorte de tétraèdre argenté attendait non loin, bardé de propulseurs et de cylindres étranges. Il avait bien la sobriété effroyable des technologies du Rêve…
Il glissa comme un fantôme sur le couvercle de la Stèle sonique usée qui marquait l’entrée des profondeurs. Il pénétra ses circuits et les bidouilla. Il ne sut pas lui-même d’où lui venait cette expertise.
Il s’éveilla avec un sentiment de toute-puissance. Il sentit dans sa tête l’écho destructeur d’une fréquence suraiguë. La caverne venait d’en être balayée.
La Stèle avait fonctionné.
Quelque chose l’avait réactivée. Ce quelque chose avait été lui, pendant un temps. Le sanctuaire, la voix peut-être ? On l’avait protégé. On avait répliqué, purifié l’endroit de ces indésirables venus d’ailleurs. Par-dessus tout, on l’avait épargné, lui.
Il remercia … l’Oubli. Ou peu importe ce qui avait veillé sur lui. Il remercia cette chose, comme un novice, les yeux fermés, le souffle court. Il ne l’avait jamais fait auparavant. Il était moins religieux que la prostate d’un trafiquant d’esclaves.
Mais il se dit qu’il y avait un début à tout.
Il se servit du mur pour se relever, enjamba le commando qu’il venait d’abattre et poursuivit sa fuite à la lueur de son bâton. Il réapprovisionna son barillet antique.
Il trouva dans la première salle une poussière épaisse, toujours en suspension. Les saillances de la roche s’étaient effondrées. Les radios de plusieurs corps étendus-là, en combinaisons d’ivoire, grésillaient par intermittences. Elles étaient aussi grillées que la cervelle de ces spationautes. Des corps bougeaient.
L’un s’était même relevé.
Il entendit l’armet d’un fusil ultramoderne cliqueter dans l’ombre, se retourna, évita une rafale en roulant derrière un autre corps.
L’armure le protégea. Il retint son souffle et visa la silhouette qui reculait en le criblant de balles, affolée.
Au sixième tir, il abattit le rescapé.
Rien ne valait ces vieux flingues à cartouches, décidément.
Le silence revint. Il remonta le câble. Il cracha ses poumons dans l’enfer fumant. Par chance, le puits n’avait pas été bouché après l’impulsion.
Il vit s’élever dans le désert la navette fuselée. Le tétraèdre disparut dans la pointe naissante du jour, qui ressemblait à un tsunami de lumière sanguine débordant à l’horizon. Un grand cratère de sables vitrifiés s’étendait à l’entrée des ruines, entouré de carcasses humanoïdes encore fumantes. Le Rêve était toujours aussi lâche.
Il se tint, halluciné, dans le spectacle de l’aube. Il ne restait de sa vieille vadrouilleuse que la structure du side-car. Le reste avait été démantelé, ou pulvérisé… Y compris sa réserve d’eau potable.
Il regarda le désert de ses yeux piqués de sueur. Quatre, peut-être cinq heures de marche, jusqu’à l’oasis la plus proche.
Il lui restait sa lampe fluo, son flingue, un piolet, un calepin avec un stylo, et un câble de rappel. Pratique pour s’étrangler avant de mourir de soif.
Que raconterait-il, une fois là-bas ?
Y avait-il seulement la moindre chance qu’on ne l’interne pas dans un hospice des Orateurs avec les autres fous, dès qu’il ouvrirait la bouche ?
Mais il se souvenait de la séquence.
828492-842674-370756-245906-164432-545571-010586-547110-032418…
Et ça continuait comme ça, sur 197 suites de 6 chiffres.
Il prit le temps de les écrire.
Puis il se mit en marche. Il erra dans le désert. Il pensa à toutes les choses les plus triviales qu’il était capable d’imaginer. Quand ses tripes asséchées commencèrent à le tuer lentement, il se courba sous la douleur pendant un long moment, en plein soleil, et les écrivit à nouveau sur le verso du calepin. Il prit un autre long moment pour les comparer. Il ne délirait pas. La suite de chiffres était identique. Besp se laissa tomber sur le dos en soupirant, au bord de l’évanouissement :
Allez, là c’est le moment où je me réveille sur un matelas, la tête sur une bouteille vide, sous un ventilo qui me chatouille les poils, et entouré de toxicos complètement raides. S’il vous plaît.
Il entendit avant de sombrer la soupape d’une vadrouilleuse qui caquetait au loin.
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valonfd · 4 years
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Jour 3: Lundi 10 août - 143km
(bande son: “I left my heart in San Fransisco” - Bobby Womack)
Je quitte mon boulodrome et m’apprête à grimper puis pousser dans la côte empierrée juste après Donchery. Dès le début de la montée je vois un phare qui me rattrape, sans aucun doute un divider. “Salut” oh ben tiens c’est Sofiane. On fait la montée ensemble, il me dit avoir pris bien cher lui aussi pour son premier jour, c’est-à-dire hier, sans compter qu’il n’est pas encore remis de ses courses de l’été. “On m’avait dit que c’était roulant au début, mais c’est vraiment le tout début qu’est roulant !”. Oui c’est peu dire. Je vais l’accompagner une petite demi-heure avant d'être obligé de m’arrêter dans la descente, ma lampe avant se desserrant de son support (le système d’attache est pourri). J’aurai eu l’occasion d’observer le guerrier - impressionnant - ce qui prime chez lui c’est d’avancer, le reste est subsidiaire. Besoin de m’arrêter ? je trouve pas de coin ? il se met à faire jour ? Ok alors je continue, pas grave je m’arrêterai sans doute demain ...
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Je prends mon rythme et au petit matin j’aborde les routes de la Meuse. Elles sont splendides, douces et rassurantes. Certes il y a quelques beaux raidards, mais c’est plutôt un profil qui me va bien. Je sais grimper, de là où je viens il vaut mieux, et mon Gravel est plutôt dans son registre. Pour la première fois de la French, je mets les écouteurs et je débranche le cerveau. Plus loin je rencontre une famille sanglier. C’est surprenant, elle se promène à champ découvert, pas loin de la route et quand je m’arrête et que les bêtes me voient : panique à bord, tout le monde détale. Je ferai une autre rencontre avec nos amis sangliers, invisibles cette fois, le lendemain ou surlendemain, dans une forêt en pleine nuit avant le lever du soleil. Je m’arrêterai sur le chemin et j’entendrai une horde sur ma gauche se déplacer en grognant. Je dis une horde car elle a bien mis 30 secondes à passer à côté de moi. Étonnement, jamais je n’ai eu peur, alors que de précédentes rencontres avec cette espèce ne m’avaient pas forcément mises à l’aise. Ce sentiment de sécurité va grandir pendant cette French. Les bivouacs ne deviendront plus un problème et mis à part les guêpes et les frelons, les bêtes ne me gêneront jamais. Un sentiment de sérénité s’installera peu à peu vis-à-vis de l’environnement qui m’entoure.
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Vers midi je m’installe pour une sieste sur les hauteurs de Dun-sur-Meuse. Je suis réveillé par un chien qui doit être intrigué par mon odeur. Je vois passer quelques dividers puis je reprends le vélo pour chercher un ravito plus bas dans la ville. Je rencontre un p’tit vieux qui me tient la jambe pour parler vélo, il est marrant et bien sympa comme la plupart des gens qu’on rencontre sur cette French. Le vélo attire la sympathie (à part celle des automobilistes bien sûr) et notre accoutrement suscite les interrogations. Du coup la palabre est facile.
Plus loin je retrouve Nick qui se ravitaille à son tour. Il souffre aussi beaucoup de la chaleur. Pour ma part, depuis le premier jour je souffre de ballonnement, du coup c’est compliqué de manger et j’ai peur que ça se transforme en gastro comme ça a pu m’arriver sur deux virées que j’ai faite sous la chaleur les années précédentes. Pendant ces trois premiers jours je n’ai pas été serein vis à vis d’un éventuel abandon. Pas sûr que mon corps tienne, mais il le fallait, je ne voulais pas écourter la “colonie de vacances” comme titrait un des post du site de la French Divide.
La chaleur toujours la chaleur, alors des siestes, toujours des siestes. Juste avant un bled, je repère un arbre avec un banc en dessous. Une belle ombre et la possibilité de me recharger en eau dans le village une fois la sieste passée. C’est idéal parce que tu peux te permettre de ne pas compter ce que tu bois pour le coup. Je me fous à poil, je m’asperge d’eau, je refais les pansements, je m’asperge d’eau, je bouffe, je m’asperge d’eau, je dors, je m’asperge etc. Mon pote Stef ne me lâche pas, il me suit à la trace et post mon spot dans la minute :
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Stef sur cette French, ce sera mon ange gardien, mon coach, ma pom-pom girl, mon doudou, ma diseuse de bonne aventure. Alors ok des fois il me dira : “tu verras la portion qui vient c’est roulant” et je le maudirai trois fois avant le chant du coq en me rendant compte qu’on n’avait pas la même notion du “roulant”, mais putain - excuse my French - ce que ça faisait du bien d’être sans arrêt en contact avec quelqu’un qui a vécu deux fois la French et qui l’aime comme tu peux pas l’imaginer. Le mec a eu la patience de me suivre du début à la fin, plus d’une fois par heure, de me soutenir et de répondre à mes doutes. Un mec en or.
Peu à peu j’ai aussi compris que toute ma famille et d’autres potes s’étaient pris au jeu de suivre l’aventure. Je leur avais filé le lien de tracking avant de partir en me disant que s’ils ne suivaient pas ça ne me choquerait pas. Le vélo c’est mon truc, dans ma famille et chez beaucoup de mes potes ce n’est pas le cas. Mais ça a pris. Je ne l’ai appris que plus tard et au fur et à mesure par ma chérie car ils ne voulaient pas me déranger en envoyant des messages. Sur le groupe WhatsApp de la famille, c’était apparemment l’ébullition, le gros soutien - le dot watching à fond. Je n’en savais rien parce que d’habitude j’ai pas de smartphone et donc pas WhatsApp. J’en ai pris un pour la French et j’ai seulement un Facebook pour le vélo. Bref quand j’ai commencé à m’en rendre compte, j’ai eu l’impression qu’il y avait tout un tas de personne au-dessus de moi, en train de me zieuter et de m’envoyer des good vibes. Ça m’a donné une sacrée dose de motiv pendant la suite de l’aventure.
Le reste de la journée, c’est les raidards du mémorial. On les enchaîne, on n’avance pas beaucoup. Stef m’avait dit que c’était très dur, mais je n’ai pas tant souffert que ça, parce que beaucoup de montées étaient sur de l’asphalte et que j’ai l’habitude de gérer ça dans mes montagnes. En revanche quand je vois le nombre de kilomètres parcouru, je me rends compte en effet que j’ai pas tant avancé ce jour-là. Arrivé à Douaumont, je prends une grosse pause au bar juste avant le mémorial - j’ai trop chaud pourtant le soir approche déjà. Je liquide une bouteille d’eau gazeuse et un soda avant de repartir. Je descends sur Verdun et je retrouve Nick avec lequel on se ravitaille au centre-ville. On décide d’aller ensemble au camping en faisant d’abord la trace dans les remparts de la ville.
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Je me rends bien compte que j’ai pas énormément fait de kils, or on m’a dit qu’après Verdun ça glissait. Je décide donc de me coucher tôt et de partir le plus tôt possible dans la nuit le lendemain. Nick est crevé, malade à cause de la chaleur et il compte faire une nuit plus complète. Je rencontre pour la première fois Nicolas qui a cassé une partie de son frein hydraulique et qui doit attendre l’ouverture d’un magasin de cycle le lendemain. Je me dis que pour l’instant je ne suis pas si mal.
Au camping la nuit sera pourrie, parce que justement je me suis couché trop tôt, qu’il fait chaud, que les gamins hurlent encore et les motos dans la ville font du rodéo. C’est aussi la seule fois où j’aurai envie de rouer de coup un divider qui arrivera tard et à qui il prendra l’idée de marteler comme un malade à plusieurs reprises ses cales de chaussures contre le sol ou je ne sais quoi. Je ne sais pas s‘il avait un truc bloqué dedans ou s’il fixait juste les putains de sardines de sa tente, mais je sais que s’il est tombé et qu’il s’est fait mal le jours d’après, c’est sans doute de ma faute car je l’ai maudit de toutes mes forces.
Gros Camping de grosses villes : mauvaise idée - à ne plus refaire.
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fallenrazziel · 5 years
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Les Chroniques de Livaï #423 ~ LE TREIZIEME MAJOR (novembre 845) Mike Zacharias
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Les chevaux sont parqués pour la nuit. L'endroit n'est pas mal, finalement. Légèrement surélevé, on peut voir les environs sur plusieurs kilomètres. Un tour de garde là-haut sera suffisant en cas d'imprévu. Enfin, je n'aurais pas à m'y coller ; le nain non plus, on a assez donné et Erwin nous accordera une nuit de repos.
Je suis stupéfait de nous voir si nombreux. Dans les terres sauvages, après une telle chevauchée, il n'est pas rare de compter quelques morts. Mais la détection a parfaitement marché et les combats les plus dangereux ont été évités. Trois ont été livrés sur les flancs à quelques heures d'intervalle, mais hormis ça... On peut dire que c'est un franc succès. C'est vrai que nous sommes en territoire connu mais les ennemis ne manquaient pas. Ils me semblent même plus nombreux que de l'autre côté de Maria. Quand je pense que Shadis a refusé d'appliquer la stratégie d'Erwin parce qu'elle était trop coûteuse... Erwin met la vie des hommes en priorité sur les dépenses. C'est ainsi qu'un chef doit raisonner, même si les sacrifices peuvent être inévitables.
Je retire ma veste en avançant dans les couloirs de l'ancienne ferme. Elle devait appartenir à des propriétaires terriens assez aisés. La demeure possède de vastes salles pouvant abriter tout le monde ainsi que de grandes étables aérées où réserver nos vivres pour la prochaine fois. C'est assez déstabilisant de pénétrer dans un endroit que la vie a quitté précipitamment. Il y avait encore sur les tables des assiettes avec des restes de nourriture pourrie. Les résidents ont dû être surpris et prendre la fuite juste avant leur repas. Ou bien ils ont été... Je me souviens m'être rendu par ici pendant l'opération de sauvetage avec Steff. Il me semble que tout le monde avait été évacué, mais il est toujours possible que...  Bah, évitons les idées noires.
Les explorateurs sont rassemblés dans la grande salle à manger pour casser la croûte - repas consistant essentiellement à chipoter nos rations insipides. Mais avec le festin que nous avons englouti hier, la faim ne se fera pas sentir avant un moment. Ils peuvent même se payer le luxe de s'assoir sur des bancs, devant une vraie table. Cela n'arrive jamais en expédition, les quelques bâtiments d'origine inconnue qui nous servaient d'avant-postes n'avaient presque jamais de mobilier ; seulement des murs froids et nus. Ici, les vestiges de la vie quotidienne qui animait la bâtisse sont encore visibles. Et la présence des explorateurs donnerait presque l'impression que nous sommes en sécurité derrière Rose.
Le dernier habitant des lieux à être resté sur place est le chat de la maison. Pas farouche, il se déplace sur la table parmi les explorateurs pas mécontents de sa présence, acceptant les caresses et les quelques miettes de nourriture abandonnées. Cela doit lui plaire de revoir des visages humains. Je les entends déjà discuter du plan de le ramener avec eux derrière les Murs. J'imagine bien que l'un d'eux réussira à le cacher dans son paquetage. Espérons seulement que la croyance populaire qui veut que les chats noirs portent malheur ne soit qu'une superstition...
J'aperçois Hanji qui grignote avec Moblit. Tu as vu Livaï ? Elle me répond qu'il est allé faire son rapport à Erwin. Il pouvait pas attendre, hein ? Le chef nous a pourtant dit de nous restaurer avant. Apparemment il voulait se débarrasser de cette corvée. Je lève les yeux vers le couloir devant moi - la ferme a la forme d'un U - et aperçois les deux compères marchant au pas, Livaï légèrement en retrait. Quand nos camarades notent à leur tour la présence du major parmi eux, ils se lèvent tous comme un seul homme et se frappent la poitrine avec respect. Erwin garde la face mais je devine qu'il est stupéfait. Ce type d'hommage n'a jamais eu lieu sous Shadis.
Ils te remercient de les avoir menés ici sans décès, mon vieux. Je lève mon verre d'eau dans sa direction et il hoche la tête vers moi avec reconnaissance. Puis, il indique à tout le monde de se rasseoir, et vient nous rejoindre avant de déballer son propre dîner, comme n'importe quel soldat. Il fait semblant de ne pas le remarquer, mais moi je vois bien les regards qui le couvent intensément, avec un espoir palpable. Il avale quelques bouchées de sa barre protéinées mais finit par s'arrêter. Il n'a pas d'appétit.
Hanji nous propose de la soupe en boîte qu'elle a apportée en douce - à croire qu'elle est toujours affamée. Au moins, ce n'est pas elle qui l'a cuisiné, je doute de ses talents dans de domaine... Livaï écarte la proposition en affirmant qu'il n'a pas faim - Erwin fronce ses gros sourcils - et sort à la place un nécessaire de couture. C'est là que je remarque qu'il est torse nu sous sa veste. Et bien, c'est pour ça que tu restais derrière Erwin ? Tu comptais sur sa capacité d'attraction naturelle pour attirer les regards afin que personne ne puisse remarquer que tu es à moitié à poil ?
Il ne répond pas et pique un fil dans une aiguille. Il se met en devoir de recoudre un de ses boutons - il en a en réserve quelque part ? - tandis qu'Erwin lui ordonne tout de même de manger un peu. Il réplique qu'il le fera plus tard et que là, tout de suite, ce bouton est plus important. Juste un peu maniaque, hein ? Il me répond en tirant un peu la langue qu'il n'y a rien qui l'emmerde davantage qu'une chemise où il manque un bouton, et que cela pourrait le déconcentrer en combat. A ta guise, je m'en voudrais de gâcher tes performances.
J'entends Gelgar rire tout haut tandis qu'il mime à la jeune Rosewitha le coup de grâce qu'il a asséné à sa dernière cible. Quel vantard, celui-là... Emmerich discute avec Nanaba tandis que les deux jumeaux - Erd et Gunther, je les appelle comme ça car ils sont toujours collés ensemble - restent dans leur coin en souriant jusqu'aux oreilles. Ils se sont tous bien débrouillés. Je n'avais aucun doute sur Gelgar et Nanaba, je les connaissais déjà, mais mes deux autres experts ont été parfaits et ceux de Livaï n'ont pas démérité non plus. On a vraiment les deux meilleures escouades. Cependant, en former une quatrième serait une bonne idée, et je sais qu'Erwin doit y songer ; on défendrait mieux nos flancs à l'avenir.
Bon, mets-nous au parfum, chef ; on continue en avant demain ou on rentre ? Erwin se penche sur la table et répond qu'il vaut mieux en discuter dans la salle d'état-major. Quoi, tu en as déjà dégoté une ? T'es impressionnant. J'espère juste qu'il y pas trop d'araignées... Livaï persiffle en pliant sa chemise réparée que c'est pas la petite bête qui va manger la grosse.
Ca reste à voir, c'est le type de jugement que je remets vachement en question depuis que je te connais... Et puis j'aime pas les araignées.
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ecoledeschartes · 4 years
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Un automne à Saïgon. À la découverte du Centre n°2 des Archives nationales du Vietnam
Clémence Becquet effectue son stage de 4e année au Centre n°2 des Archives nationales du Vietnam, à Hô Chi Minh-Ville. Voir la carte des stages
Du 7 octobre au 30 novembre dernier, j’ai eu la chance et le plaisir d’effectuer un stage au Centre numéro 2 des Archives nationales du Vietnam à Hô-Chi-Minh-Ville. J’aimerais dresser ici le portrait de mon institution d’accueil et partager avec vous un peu de mon expérience dans le monde des archives au Vietnam. J’espère par ailleurs que cet article saura vous faire oublier quelques minutes la triste grisaille hivernale et vous apporter un peu d’exotisme et de chaleur tropicale.
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La façade du bâtiment principal du Centre numéro 2, au 17a Lê Duẩn
Archives au Vietnam
Au Vietnam, la direction d’État des archives est chargée d’organiser la politique en matière d’archivistique sur l’ensemble du territoire. Elle a pour mission de coordonner cette même politique à l’échelle des provinces et des quatre grands centres des Archives nationales, situés à Hanoï, Dalat et Hô-Chi-Minh-Ville.
Le Centre numéro 1 est installé à Hanoï. Y sont principalement conservées les archives de la dynastie des Nguyen et les archives des services de l’administration coloniale en Indochine. Non loin de celui-ci se trouve également le Centre numéro 3, où sont conservés les documents produits par les organismes centraux de la République démocratique, puis de la République socialiste du Vietnam. Le centre numéro 4, le plus récent de tous, se trouve à Dalat, autrefois station de villégiature favorite des riches saïgonnais, dans la région des hauts plateaux du centre. Il est installé dans l’ancienne villa … d’un chartiste !  Il s’agit en effet de la demeure de Ngô Đinh Nhu, frère du premier président du Sud Vietnam Ngô Đinh Diêm, et de sa célèbre épouse Tran Lê Xuân, plus connue sous le nom de Madame Nhu. Ngô Đinh Nhu, rentré au Vietnam peu de temps après avoir soutenu sa thèse d’École portant sur « Les mœurs et les coutumes des Annamites au Tonkin au XVIIe siècle » avait occupé des postes à responsabilité dans les bibliothèques et les archives du pays, avant de se faire assassiner en même temps que son frère, en novembre 1963. C’est au Centre numéro 4 qu’est conservé un fonds précieux pour l’histoire du Vietnam : les tablettes de bois de la dynastie des Nguyen, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.
C’est pour ma part au Centre numéro 2, installé à Hô-Chi-Minh-Ville, que j’ai effectué mon stage.
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Le Centre numéro 4 à Dalat, ancienne villa de Madame Nhu
Trung tâm lưu trữ quốc gia II : le Centre numéro 2 à Hô-Chi-Minh-Ville
Le Centre numéro 2 des Archives nationales du Vietnam est situé en plein cœur du centre historique de l’ancienne Saïgon, rebaptisée Hô-Chi-Minh-Ville après 1975. Il se trouve à deux pas de la cathédrale Notre-Dame et de la célèbre poste centrale, et se compose de deux ensembles de bâtiments, construits de part et d’autre de l’avenue Lê Duan, qui relie le jardin botanique au palais de la réunification. Salle de lecture, salle d’exposition, bureaux de l’administration et quelques ateliers de numérisation et de restauration se trouvent au 17a de l’avenue.  Les magasins se trouvent quant à eux dans un imposant bâtiment installé à 200 mètres de là, sur le trottoir opposé.  Se rendre d’un bâtiment à l’autre nécessite donc logiquement de traverser la route, périlleuse épreuve dans une ville où le nombre de deux-roues égale presque le nombre d’habitants ! Mais pas de panique, les cartons commandés par les lecteurs ont le privilège d’effectuer cette rapide traversée en voiture. Quand j’ai quitté Hô-Chi-Minh-Ville, le Centre était cependant engagé dans un gros projet de réaménagement des espaces d’accueil du public, visant à réinstaller ces derniers au plus proche des magasins, dans un bâtiment attenant rénové pour l’occasion, qui avait déjà accueilli lecteurs et visiteurs par le passé[1].
Le Centre numéro 2 est chargé de la collecte, du classement et de la conservation, de l’organisation et de la communication d’archives réparties en près de 180 fonds. Y sont conservés des archives relatives à la période de la colonisation française, à celle de l’État du Vietnam, de la République du Vietnam, ainsi que des archives contemporaines, produites depuis 1975 dans le sud du Vietnam. On y trouve également quelques fonds d’archives privées et une importante collection de disques vinyles. Mon niveau de vietnamien se résumant à mon arrivée à de simples « Xin Chào » et « cám ơn » (bonjour et merci), c’est naturellement sur les fonds de la période coloniale qu’a porté mon travail au cours de ce stage.
Le fonds du GouCoch
Bref rappel historique. La conquête de la Cochinchine débute en 1858 lorsque la France, sous prétexte de vouloir protéger des missionnaires catholiques persécutés, envoie des troupes dans cette région. Cette première conquête militaire aboutit au traité de Saïgon du 5 juin 1862, qui crée la colonie de Cochinchine par l’annexion de trois provinces méridionales et de l’archipel de Poulo-Condore. Il faut pourtant encore attendre cinq ans avant que les Français ne se rendent maîtres de tout le sud de la péninsule indochinoise. Cette région très fertile est le principal moteur économique de l’Indochine française lorsqu’est créée l’Union Indochinoise en 1887.  
Près de 4500 mètres linéaires d’archives de l’époque coloniale sont conservées au Centre numéro 2.  Le sort de ces archives avait été réglé dans l’accord franco-vietnamien du 15 juin 1950. Il avait alors été décidé que les archives du gouvernement impérial et de ses agents, celles produites par les administrations locales, leurs services techniques et les administrations provinciales, municipales et communales revenaient au Vietnam et resteraient par conséquent sur le territoire. Parmi ces fonds, celui du gouvernement de la Cochinchine, aussi connu par son abréviation : GouCoch. Ce fonds, très riche, s’étend sur plus de 2,5 kilomètres linéaires. Il n’est aujourd’hui encore que partiellement classé.
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Décortiqueries de paddy, médecine sino-annamite, nuoc-mâm frauduleux… de l’exotisme jusque dans les archives !
Lorsque le gouverneur général de l’Indochine Albert Sarraut décide de la création d’une Direction des archives et des bibliothèques de l’Indochine en 1917, c’est naturellement un chartiste qu’il fait nommer à sa tête. Pourtant « rien ne semblait appeler le chartiste vers les colonies : sa culture, comme sa formation professionnelle, devait le retenir dans la mère patrie où la conservation et l’étude du passé de notre pays retenaient sa compétence »[2]. Je cite ici Paul Boudet, l’homme à qui revint cette importante mission. Ce dernier élabora alors un cadre de classement capable de répondre concrètement aux besoins de l’administration française sur place[3] et qui est encore respecté par les archivistes aujourd’hui. Il s’agit d’un système sur plusieurs niveaux dont le premier se divise en 25 grands domaines désignés chacun par une lettre de l’alphabet. J’ai personnellement participé au classement de la série D (administration générale) qui occupe les archivistes depuis quelques mois. Le classement de ce fonds est un travail de longue haleine, d’autant plus que trois archivistes seulement maîtrisent la langue française au Centre numéro 2. Par la nature des affaires exposées et l’intitulé de certains dossiers, ce classement avait en lui-même quelque chose d’exotique. J’y ai croisé un certain nombre de plans de rizeries, de dossiers relatifs à la médecine traditionnelle chinoise, ou concernant d’amusantes contrefaçons, à l’image d’un « xà-bong MAT-XAY » qui ne contenait pas ses 72% d’huile végétale (on ne plaisante pas avec le savon de Marseille !).
L’atelier de restauration
Au cours de mon stage, j’ai également passé une semaine entre les ateliers de numérisation et de restauration. C’est dans ce dernier que j’ai découvert avec intérêt le processus de restauration du papier mis en œuvre par les Archives nationales du Vietnam. Les documents conservés consistent en effet souvent en un papier de bien mauvaise qualité ou un calque fragile qui résiste difficilement aux effets du temps. De nombreux documents sont donc déchirés. Au Vietnam, la restauration de ces documents se fait à partir d’un matériau local, le papier dó[4]. Ce fin papier, longtemps utilisé pour l’impression de livres et de décrets royaux est fabriqué à partir de l’écorce de rhamnoneuron, un petit arbre qui pousse principalement dans le sud du Yunnan et dans le nord du Vietnam. Paradoxalement, le papier utilisé par les équipes de restauration des Archives nationales est importé du Japon.
L’opération se fait en quelques étapes. On commence par encoller la feuille dó en veillant à bien chasser toutes les bulles d’air qui se forment à la surface.  Le papier dó étant très fragile lorsqu’il est détrempé, l’opération exige minutie. On vient ensuite déposer sur cette feuille encollée le document à restaurer, dont le verso vierge a préalablement été humidifié à l’aide d’un vaporisateur. Une fois cette opération terminée, on retire l’excédent de colle en passant un rouleau sur un chiffon humide préalablement déposé sur le document. Il s’agit enfin de laisser sécher les documents sur une grille pendant un peu plus de 24 heures puis de découper soigneusement les marges au massicot. Cette technique s’applique également aux plans et documents de grand format.
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Dans l’atelier de restauration
Une expérience humaine
Au début du mois de novembre, j’ai eu la chance d’être invitée à assister à l’inauguration d’une exposition en plein air organisée par le Centre numéro 2 et le musée d’une province du delta du Mékong. L’exposition portant sur l’histoire de la province était organisée dans la ville de Soc Trang, où est installée une importante communauté khmère. L’inauguration a en effet eu lieu dans le cadre des festivités de l’Ooc Om Bok, une fête traditionnelle qui débute entre le 14e et 15e jour du dixième mois lunaire.  Pour l’occasion, j’ai pu revêtir un ao dài[5] aux couleurs de mon centre d’archives. Avant le traditionnel coupé de ruban, j’ai également pu assister à un superbe spectacle, plein de couleurs, mêlant chants et danses traditionnelles.
Cette excursion entre collègues, qui s’est conclu par un peu de tourisme et une virée shopping dans les magasins d’usine d’une grande fabrique de petits gâteaux très sucrés dont raffolent les vietnamiens (saveur jacques ou durian ?), restera sans doute longtemps gravée dans ma mémoire. Si ce stage au Vietnam a été fort enrichissant d’un point de vue intellectuel, il l’a été tout autant d’un point de vue humain. Malgré l’importante barrière de la langue, mes collègues se sont toujours montrés particulièrement bienveillants et généreux à mon égard. Il y a des sourires et des gestes qui en disent parfois plus que des mots.
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Inauguration d’une exposition dans une province du delta du Mékong
Notes
Le déménagement était prévu pour le début de l’année civile. Une exposition intitulée « Saïgon : d’une cité féodale à une ville de style occidental » a ouvert dans ce bâtiment rénové au début du mois de janvier.
Boudet (Paul), « Le chartiste et les colonies », dans Coville (Afred), Les chartistes et la vie moderne : causeries faites à la Société de l’École des chartes (1931-1936),  Paris, Société de l’École des chartes, 1938
Boudet (Paul) Manuel de l’archiviste : instructions pour l’organisation et le classement des archives de l’Indochine, Hanoï, 1934
Se prononce zo dans le nord et yo dans le sud
L’ao dài est la robe traditionnelle vietnamienne.
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kaobang · 5 years
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5-9 septembre : le royaume de Bagan
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A Bagan, vaste site archéologique de près de cinquante kilomètres carrés, c’est une remontée des siècles qui nous attend, à l’époque de la construction massive de temples et pagodes par le roi Anawratha, dont la conversion au bouddhisme a été un moyen infaillible d’asseoir, au Xe siècle et par la pierre, un règne sans partage. Parmi les douze mille monuments construits à l’époque, seuls deux mille, la plupart en brique rouge, ont résisté à l’épreuve du temps. Le manque d’entretien, les séismes répétitifs (en moyenne trois par siècle) et le climat aride ont eu raison de leurs frères de bois et de chaume. La préservation du site de Bagan a connu quelques frictions au début des années 90, lorsque la conquête brutale du pouvoir par la junte militaire a chassé l’UNESCO et fait appel à des donateurs privés pour reconstruire, sans preuve de leur forme originelle, les parties manquantes des temples, avec en sus une tour d’observation et un terrain de golf qui défigurent le paysage. La junte a également fait planter, à l’époque, des milliers d’arbres, qui masquent à la vue l’immensité des plaines recouvertes de temples, et constituent une véritable aberration climatique au vu des hectolitres d’eau nécessaires à leur survie en zone aride. Le dernier séisme, qui date de 2016, fut d’une brutalité sans égal, mais ce sont principalement les travaux effectués avec un mauvais mortier par la junte, qui en subirent les conséquences, et permirent à l’Unesco de revenir dans le jeu, avec un programme de rénovation en douceur.
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Nous arrivons de nuit et c’est d’abord d’une taxe dont il faut s’acquitter pour visiter l’endroit ; ce n’est pas la première fois et, de pagodes en temples, nous aurons laissé ces dernières semaines de quoi honorer assez conséquemment le culte bouddhique. Durant ces quatre jours, nous rejouerons Indiana Jones en faisant du hors pistes sur notre scooter électrique à la recherche des temples perdus - ceux plus petits, moins visités. Chaque temple a ses statues de buddha, parfois un seul, souvent quatre aux points cardinaux. Il est étrange que d’observer ces édifices en forme de cloche ou de cônes, certains envahis d’herbe folle, surgir au détour d’un champ ou d’un chemin sablonneux. L’intérieur n’est pas forcément entretenu, l’air vicié y sent la fiente de pigeon, dont les bouddhas poussiéreux sont recouverts. Ce n’est pas toujours d’une grande évidence que de conduire le scooter électrique sur les routes sablonneuses, mais qu’il est jouissif de se sentir seuls au monde, les cheveux au vent, de rouler à travers des villages typiques en bambous, hérissés au milieu de nulle part, de s’arrêter contempler les temples aux différentes heures du jour et de voir, d’une colline à l’autre, la lumière s’éteindre doucement sur leurs sommets.
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Sur le chemin du retour de Nyang-U, ville limitrophe qui abrite une splendide pagode, notre fidèle monture nous lâche En pleine nuit ; nous n’ignorions pas avoir quatre chances sur cinq que la batterie tombe en rade, mais nous avions voulu tenter le coup quand même. Mauvaise pioche. Deux tabourets en plastique posés au milieu de nulle part pour attendre que le loueur vienne nous remorquer, pendant qu’autour de nous, les habitants battent la campagne avec de longes tiges de bambou car « malchance, aujourd’hui c’est infesté de serpents ».
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Dernier jour à Bagan Le soleil se couche et nous croisons les paysans qui conduisent leurs troupeaux de zébus et de chèvres dans la poussières de chemins presque vierges. La saison des pluies nous confère un avantage de taille : loin, bien loin du raout touristique, nous sommes tranquilles pour contempler ce monde féerique et peuplé de fantômes.
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Pagode Shwezigon, Nyang-U
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romainjobert · 5 years
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20 jours, soit un peu plus de deux semaines, c'est le temps que m'aura laissé l'Aventure pour prendre de l'avance. Comme un guépard défiant une gazelle au sprint et lui laissant, sûr de sa supériorité, 150 mètres avant de s'élancer. J'ai d'abord repris mes marques : les nuits en tentes, la logistique bouffe, la gestion de l'eau etc.. Et j'ai cru me faire rattraper en attaquant la Vallée de la mort. Quand je dit "en attaquant" c'est à dire que j'étais sur le pas de la porte du parc, sur le seuil du désert "officiel". Je met du guillemet parce qu'à ce moment là j'en avais déjà croqué un morceau de désert, ou plutôt c'est lui qui m'avait laissé des marques de crocs à base de coups de soleil. Mais je lui en veut pas parce qu'en échange des journées à 40° je lui donnait mes réserves faites durant l'hiver. Raclette/fondue à la revoyure ! Et un pas de plus dans la course aux grammes, normalement on vise l'équipement en premier mais j'aurais le temps d'y revenir (ou pas). Je disais donc, le premier moment ou je me suis dit que j'allais y avoir droit c'est quand j'ai croisé ce mec avec son caddie et une aussi grande portion de route infinie devant que derrière lui et qui me demande de l'eau. Ça va j'avais de la marge je lui enfile un fond de bouteille. Je me demande quand même qui c'est le fou dans l'histoire, si c'est lui ou moi. Bon la réponse n’a pas tardé, clairement c'était lui. Quand après m'avoir parlé de son chapeau, de sa mère et de sa ceinture je lui ai dit que j'allais y aller et qu'il m'a répondu, en ayant un geste de la main vers son caddie, que lui et Steve allait continuer aussi. Je me suis dit que oui le soleil tapait fort et qu'il fallait pas trop trainer. J'ai pas fait les présentations entre mon vélo et Steve et je suis parti... après une bénédiction vaudoue en espagnol. Enfin j'espère que c'était une bénédiction parce que j'ai quand même été sympa de m'arrêter. Et là on arrivait sur la fin de la journée mais je peux vous dire que fatigue ou pas j'ai encore envoyé du kilomètre pour faire de la distance. Je me suis demandé avant de m'endormir si il m'aurait violé et tué ou bien l'inverse ? Mais en tout cas les pépins c'était pas pour ce jour là, ni le lendemain même si j'avais l'haleine chaude du félin qui se rapprochait dangereusement des talons. Petit col qui fait le passage sur la Vallée...fin de matinée je suis au départ de la montée avec une demi bouteille de flotte (oups) et va falloir passer ça avant midi, avant les 40°... ça faisait une semaine que je faisais du vélo et y a encore 2 semaines je passais des nuits en refuges pour faire du ski de rando donc je me suis prit une petite claque quand même et je pensais qu'à sortir de la Vallée avant d'y être vraiment entré (du coup le lendemain je remontait de l'autre coté pour m'échapper, mission éclair) ça c'est donc fait dans la douleur et la crainte de l'insolation (je pense avoir tellement cramé mon capital de résistance au soleil je dois même avoir des agios) mais non au final ça ce fait. À partir de là ça fait une semaine et même si je sent que la distance entre elle et moi s'amenuise je tiens bon. (Vous sentez le suspens, la pression qui monte ?) Je passe rapidement la journée vent de face : 5 km/h pendant deux heures et il m'en fallait 150 pour la prochaine ville, là j'ai réétudié la carte et changé d'itinéraire parce qu'à ce rythme je tomberai à cours de bouffe avant de voir le bout de la route, et 150 km de ligne droite ça déprime. Je passe aussi sur mon idée de génie de "ha mais si je passe par là j'évite la route principale et le trafic" pour se retrouver sur une route en travaux avec un premier panneau "interdit de faire du stop", un deuxième "vélos et piétons interdits" et enfin "toutes les amendes sont doublés en zone de travaux". Voilà voilà, on va refaire les 90 bornes où on était content d'avoir le vent dans le dos, mais dans l'autre sens. Tête dans le guidon en mode bélier, à entrer dans le vent, dans le vide, à coup de tête. Pas le choix. Passage à Las Vegas, pas un pied dans la ville. Tout contourner parce que rien à foutre. Première sueur froide et envie de dégueuler... non c'est bon. Je me dégotte un arrêt warmshower à Mesquite pour deux jours plus tard. Temps de faire une pause. Sur d'avoir une douche je coupe dans la pampa. Un raccourci pour ne pas longer une nationale. Niveau évasion excellent choix, pas vu un chat. Niveau vélo, pas vu la route. J'exagère y’avait bien une ligne dans le sable laissée par les 4×4. Il a juste fallu pousser le vélo qui s'enlisait dans les bancs de sable, c'est ça de traverser des lits de rivières asséchés. Pas fâché d'arriver dans le confort pour un soir mais comme d'hab pas bien dormi, une fois lancé seule la tente est ma maison et le cosmos mon campement (pour ceux qu'on pas lu "La horde du contrevent" il n’est jamais trop tard pour commencer maintenant). Là je pourrais faire la pleureuse par facilité, geindre sur la loi de Murphy et maudir la fatalité comme si je croyais que l'univers me devait quelque chose car 2h après mon départ il se met à pleuvoir pour le reste de la journée et de la nuit à venir. Mais comme en philosophie c'est seulement quand ça devient difficile que ça nous en dit plus sur nous même. Le reste c'est de l'entrainement. Schopenhauer nous dirait que le monde est ce qu'on en fait, la pluie n'est ni bonne ni mauvaise. Elle est. Le paysan et le cycliste auront des avis bien différent sur la question. Le fait est qu'il pleut et que j'aurais beau y penser, la maudire ou la bénir, il pleuvra. Alors autant s'inspirer des philosophes antique et se préoccuper des choses sur lesquelles j'aurais un effet (chercher un abri ou continuer). Décidément l'invention de la liseuse numérique équivaut à la mise à disposition d'un arsenal de pokéball dans laquelle on irait puiser avec tactique suivant la nature des épreuves à affronter. Pour le moment ça sera le dernier bouquin d'Onfray (Sagesse) en m'espérant Romain plus que par le nom. Une seul journée de pluie à vélo n'étant pas une journée de tempête en haute mer sur un radeau, coupon cet épilogue. S'en suivent quelques journées sans événements avec la possibilité de bien avancer sur la carte et nous voilà rendu aux deux semaines de voyage. Moment ou l'Aventure qui jusque là me talonnait seulement, me rattrape franchement. Plus que ça même, elle s'est retroussé les manches et est venu toquer chez moi à coup de merlin. Insolation. J'allais pas y échapper éternellement. Et me voilà donc dans le sud de l'Utah, pays des pierres rouges, à bien 100 bornes de la première ville, couché sous un arbre (y en avait pas des masses) à sentir poindre une douleur à l'estomac. S'en suivra une nuit poétique, à ramper hors de la tente sous une pleine lune éclatante et me joignant aux hurlements des coyotes au loin je vomirai mes tripes bruyamment. Le ventre vide mais gonflé et douloureux je passerai la journée qui suit alité, ou en tout cas allongé faute de lit, avec la force d'un nourrisson prématuré. Régurgitant de temps en temps les deux trois gorgées d'eau que j'aurais pu faire passer et attendant, attendant le milieu de l'après midi à suivre la course du soleil sous mon arbre, que cela passe. Une nuit de sommeil et me voilà reparti, un peu faiblard mais de toute façon j'ai plus ni flotte ni bouffe donc faut bouger. Tout va bien, j'arrive à la prochaine ville, refait le plein et continue pour camper un peu plus loin. Hors de danger, retour à la norma...bah !! Qu'est ce qui ce passe, j'ai une branche du pédalier qui se lance dans une aventure en solo. C'est une vie conjugale qui se termine sans crier gare, sans crier rien du tout d'ailleurs. Que faire? Et bien demi tour, je ne suis qu'à 10 km de la dernière ville. Je prends les deux branches nouvellement divorcées et les attache sur le sac à dos. J'aurais pensé qu'au pays du pick-up pachydermique il y en aurait bien un pour se dire "Tiens ! Pourquoi est ce qu'il pousse son vélo ? Je vais m'arrêter pour lui demander, peut être qu'il a besoin d'un coup de main." Mais la tendance semble être "Ha il à l'air de beaucoup s'amuser à pousser son vélo. Surement qu'il veut prendre son temps pour admirer tout ce rien qui nous entoure". Qu'à cela ne tienne, de toute façon le seul magasin de vélo de la ville était déjà fermé. À ce moment là on est samedi après midi, il réouvrira lundi. Soit. S'en suit une errance dans la ville de Page en Arizona. Et deux nuit de camping citadin. À 4h du mat un flic en patrouille viendra bien me demander ce que je fait là, à dormir à la belle dans un parc. Je m'explique, pas de souci, le mec est sympa et me laisse tranquille. Je passe mon dimanche dans ce parc (avec prise électrique à dispo) à rédiger ce texte entre deux lectures. Aujourd'hui, lundi, j'ai pu aller au shop. Le choix ? Attendre une semaine pour avoir la pièce ou changer avec une pièce approchante aujourd'hui mais ça veut dire changer les plateaux et passer de mes 3 plateaux neuf que je viens de changer à 2. Je choisi de changer aujourd'hui et ça veut dire que je vais me trimballer mes 3 plateaux dans le backpack, putain ! Je finirais par les donner à un warmshower en chemin mais je vais pas les balancer c'est mort. Question de principe. Évidemment tout ça coute des ronds mais j'entends la voix d'une pote qui me dit "plaie d'argent n'est pas mortelle". C'est sur, et je m'en sort bien au final. J'aurais pu me retrouver au milieux de nul part sans voiture qui passe, la police aurait pu me casser les couilles et il y aurait pu ne avoir de bike shop dans cette ville et il y aurait pu ne pas avoir la possibilité de faire autrement que de commander (et perdre une semaine). Alors voilà. À partir d'aujourd'hui c'est l'aventure. Plus question qu'elle se contente de suivre au loin. On sera un de plus sur le vélo, faut l'accepter. Elle prend pas de place, elle cause pas mais elle rajoute juste son grain de sel de temps en temps et heureusement parce que sinon est ce que la vie ne serait pas un peu fade ?
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reseau-actu · 6 years
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Cette jeune femme, qui souffre d'épilepsie, a disparu le 29 juillet alors qu'elle visitait le sanctuaire japonais de Nikko. Un mois plus tard, sa famille vit dans l'espoir de la moindre trace qui permettrait d'éclaircir le mystère.
Correspondant à Tokyo
Pendant six mois, elle a préparé ce grand voyage au Japon. Consigné méticuleusement chaque étape. Elle en rêve tellement depuis un premier séjour à Tokyo en 2013. Elle s'est prise de passion pour ce pays, où elle perçoit «du respect, du raffinement, de la sérénité et du calme», selon son frère Damien. Depuis trois ans, elle apprend le japonais. Elle commence à l'écrire. Cette fois, elle arpentera le pays profond.
Premier arrêt: Nikko! Inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, son complexe de sanctuaires Tôshô-gu, au milieu d'une sublime forêt, est l'étape obligée d'un voyage sérieux dans l'Archipel. Comme une Japonaise le ferait, elle apporte des cadeaux à ses hôtes. Pour les aubergistes de sa première étape, un pot de miel et un objet en forme de tortue, en clin d'œil à son enseigne: le Turtle Inn. C'est là qu'elle a dormi le 28 juillet.
Le lendemain, Tiphaine Véron s'est volatilisée. Cette auxiliaire de vie scolaire de 36 ans, originaire de Poitiers, n'a plus donné signe de vie depuis ce matin-là, plongeant dans l'incrédulité et le désespoir tous ceux qui sont partis à sa recherche. Une armada de proches, policiers, secouristes, journalistes, diplomates, badauds français et japonais, aujourd'hui aussi désemparée qu'aux premières heures. L'affaire est suivie jusqu'à l'Élysée. «On ne peut rien privilégier, puisqu'on ne trouve rien», confie un diplomate dépité, au diapason d'une police locale interdite. Jamais personne n'a disparu sans laisser de traces dans la région.
Un lieu de villégiature familial
Le soir de son arrivée au Turtle Inn, Tiphaine discute avec deux touristes français. Au petit déjeuner du lendemain, elle croise deux autres couples, français et allemand. Elle leur énumère les lieux qu'elle compte visiter, attractions habituelles pour une touriste ordinaire. L'aubergiste affirme qu'elle a quitté l'hôtel à 10 heures, laissant son passeport et sa valise dans sa chambre. Selon une source proche de l'enquête, la géolocalisation de son téléphone cesse en milieu de matinée, aux alentours de l'hôtel. L'aubergiste, qui ne la voit pas rentrer le soir et qui l'attend pour son check-out, prévient les autorités le lendemain. L'ambassade, prévenue le 30 juillet, alerte la famille le jour suivant.
Drôle d'endroit pour une disparition. Nikko est un lieu de villégiature familial. Contrairement à d'autres forêts du pays, celle-là n'est pas hantée par les suicides ou les faits divers sordides. On déplore peu d'accidents dans cette nature abandonnée aux bons soins des dieux, des familles et des touristes, où l'odeur de l'encens le dispute à celle des pins. Et Tiphaine, davantage venue pour la culture que la nature, ne s'est probablement pas écartée des sentiers battus. Mais ses proches pressentent immédiatement le pire.
«Sa maladie lui interdisait d'avoir une vie mystérieuse. On ne peut concevoir qu'elle ait disparu sur un coup de tête»
Ses frères Damien et Stanislas, sa sœur Sybille ne tergiversent pas. Ils bouclent leurs valises pour ce pays si loin d'eux, et si proche de Tiphaine. Car il faut agir vite. Tiphaine est épileptique. Étrange maladie, survenue on ne sait comment lorsqu'elle faisait ses études, et qui l'oblige à une vie disciplinée écartant l'hypothèse d'une disparition volontaire. «Sa maladie lui interdisait d'avoir une vie mystérieuse», explique sa mère, Anne Désert. «On ne peut concevoir qu'elle ait disparu sur un coup de tête», confirme Sybille Véron.
Les policiers passent au peigne fin deux kilomètres de territoire autour des sites que Tiphaine avait prévu de visiter. Visionnent des milliers d'heures d'images enregistrées par les 41 caméras qui filment les abords du complexe des temples et des sanctuaires. Multiplient les enquêtes de voisinage. Interrogent les entreprises actives dans les environs: livreurs, employés des postes…
Les habitants s'interrogent les uns les autres. Mais ces recherches ne donnent rien. Police et famille distribuent des appels à témoin qui provoquent 80 appels téléphoniques, épluchés un à un: rien. Le 10 août, sur la base d'un signalement, soixante policiers et pompiers assistés de chiens, survolés par des drones et un hélicoptère, battent une partie du mont Nakimushi, où une Occidentale a été aperçue par un randonneur: rien.
De fortes intempéries la veille de sa disparition
La police interroge aussi Tokyo Electric, l'opérateur qui exploite les barrages de la rivière Daiya, dont les eaux serpentent à travers la forêt. La veille de sa disparition, Nikko avait essuyé des précipitations records, rendant le sol glissant. «Quand il a plu, les bords de la rivière sont traîtres», assure Itami Takahashi, un riverain. Une chute dans ses eaux pourrait expliquer l'absence de corps. Or Tiphaine était probablement fatiguée le jour de sa disparition.
Elle avait débarqué en décalage horaire, dans l'étouffant été nippon, particulièrement chaud et humide cette année. Des conditions physiquement éprouvantes, rendant possible une crise d'épilepsie intempestive. «Tiphaine fait une crise convulsive par an. Ses crises partielles, très brèves, sont beaucoup plus fréquentes, mais en général elle a le réflexe de se préserver quand elles arrivent», précise son frère Damien. Si elle était tombée, le corps aurait pu être emporté par les eaux gonflées de pluie, au débit exceptionnel ce jour-là ; enfin passer les barrages en aval - jusqu'à la mer, à 400 kilomètres de là? Les recherches par hélicoptère, dans ce secteur, ne donnent rien non plus.
Devant le désarroi des Véron, très impliqués dans les recherches, les Japonais font montre de leur délicatesse coutumière. Certains déposent à leur hôtel des enveloppes d'argent à leur attention. L'un d'eux héberge la famille pendant quelques jours. Au pied des appels à témoin placardés partout dans Nikko, des anonymes déposent des grues en pliage origami, en guise d'ex-voto. D'autres arpentent à leur tour les environs dans l'espoir de trouver quelque chose. «À chaque fois que nous distribuons des appels à témoins, les commerçants les affichent spontanément en vitrine», se félicite Stanislas Véron.
Par les réseaux sociaux, les Japonais multiplient les messages de soutien et d'encouragement - entre lesquels se faufilent parfois charlatans, voyants et bons samaritains, allumant des contre-feux, ranimant de faux espoirs. Un jour, sur un parking, un homme particulièrement agité interpelle la famille, prétendant que son métier consiste à «rechercher ou tuer des gens» et qu'il «sait quelque chose!». Avant de disparaître.
La police sous les feux des projecteurs
Les polices française et japonaise, via Interpol, entament une coopération. L'ambassadeur et le consul se rendent sur place, essayant de ramener la sérénité dans un climat tendu. Car la police de Nikko et la famille sont à cran. Non seulement les recherches ne donnent rien, mais elles se font sous l'éclairage des médias locaux, nationaux et bientôt internationaux. Un niveau de transparence que ne requièrent d'ordinaire pas les Japonais - pas même les proches des disparus, qui font entière confiance à leur police. Cette dernière, peu habituée à se voir exiger des comptes, se cabre devant cette mise en lumière.
L'affaire prend un tour politico-diplomatique quand, en désespoir de cause, Anne Désert écrit le 7 août à Emmanuel Macron une lettre ouverte dans laquelle elle estime que «tous les moyens ne sont pas mis en œuvre» pour retrouver sa fille. Les policiers de Nikko de leur côté estiment que leur engagement n'est pas mesuré à sa juste valeur, au surplus par des étrangers pour qui ils déploient des moyens exceptionnels. «Ce cas leur tient très à cœur, explique une personne impliquée dans la collaboration entre Français et Japonais. Ils ne l'ont pas négligé.»
Un observateur français mandaté sur place conclura que la police japonaise agit comme agirait la française en pareil cas. Mais si les policiers locaux ne comptent pas leurs heures et déploient des moyens hors du commun, ils évoluent dans un climat de sécurité exceptionnelle (le Japon est une des sociétés modernes les plus sûres au monde) ; un contexte qui rend la police japonaise d'ordinaire moins équipée pour suivre la piste criminelle, certes très peu probable, que celle de l'accident.
La famille mène ses propres recherches
De leur côté, les Véron mènent, avec les moyens du bord, leurs propres recherches. Les frères et sœur, puis la mère, arrivée le 20 août, scrutent ensemble les ombres de la forêt de Nikko, les eaux bleuâtres de la rivière Daiya. À la recherche d'un indice. Chaque bruit de sirène qui troue le ronronnement de la paisible circulation dans Nikko les fait sursauter. «Chaque fois, je me demande si c'est pour ma sœur», explique Sybille. Un jour, Damien Véron aperçoit au fond de l'eau un objet blanc qui pourrait être l'étui du téléphone de sa sœur. Il prévient la police et, sans attendre, confectionne une gaffe de fortune avec une branche au bout de laquelle il attache une caméra étanche pour le filmer. La police sortira l'objet de l'eau deux jours plus tard: une petite bouillotte… Nouvelle impasse. Nouveau rien.
Stanislas, Damien, Sybille et Anne sont rentrés dimanche «prendre des forces et préparer la suite». La police japonaise assure continuer ses recherches. À Poitiers, la rentrée scolaire commencera lundi. Pour les enfants handicapés dont s'occupait Tiphaine, aussi. Mais sans elle.
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furiousjp01 · 3 years
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(3)Les humains sont des orcs de l'espace : le marathon
Extrait du Journal intergalactique de mécanique et de biologie
Ils disent qu'un seul humain a déjà couru pendant 80 heures 44 minutes sans s'arrêter pour dormir. Il a parcouru une distance de 360 km pendant cette période. À une vitesse relative de moins de 8 kilomètres à l'heure, la vitesse est pâle par rapport aux autres prédateurs de pointe de leur planète. Le guépard tacheté peut courir jusqu'à 122 kilomètres à l'heure, mais ne peut supporter cela que sur environ 457 mètres. Les meilleures races et les meilleurs chevaux entraînés de leur planète peuvent être capables de parcourir 160 kilomètres en une journée, mais beaucoup de ceux qui tentent cet exploit ne le terminent jamais.
Malgré sa vitesse relative, l'humain peut soutenir un rythme relatif de six kilomètres à l'heure pour un peu plus de trois cycles solaires terrestres sans repos (gardez à l'esprit qu'il ne s'agit pas d'un examen de capacité moyenne).
Autrefois considérée comme l'espèce la plus endurante et évoluée de la galaxie, les Rundi peuvent courir pendant une heure à une vitesse de vingt-quatre kilomètre à l'heure, mais dans une course longue distance avec un humain, ils se retrouvent lentement dépassés.
Premièrement, ils dépassent facilement l'humain, ils se fatiguent lentement, ils tombent à une vitesse de marche lente, ils essaient de maintenir, mais leur corps surchauffe. Finalement, les pas réguliers de l'humain qui s'approche convergent puis passent devant pour s'éloigner.
Comparé à la plupart des créatures, l'humain a quelques avantages. De nature bipède, ils peuvent transporter des objets avec eux lorsqu'ils courent comme de l'eau et de la nourriture, les arches de leurs pieds agissent comme des chocs et des ressorts pour réduire les chocs. Les pieds sont orientés droit devant et leurs orteils sont raccourcis pour diminuer le travail mécanique du pied. Des tendons et des ligaments ressemblant à des ressorts les aident pendant leur course. Une taille étroite qui peut pivoter permet la nage des bras pendant l'action de course. Un sens accru de l'équilibre et du mouvement les maintient sur une trajectoire droite et permet à leur tête de rester stable pendant qu'ils avancent. Environ 32 kilomètres d'énergie peuvent être stockés dans les muscles eux-mêmes. De plus, l'un des plus gros muscles du corps, le grand fessier n'est pas sollicité lors d'une marche rapide mais lors d'une course. Mais le facteur le plus important est leur capacité à se refroidir par la sueur.
Pour autant que nous le sachions, les humains, et certains de leurs homologues terrestres, sont les seules créatures de l'univers qui excrètent de l'eau pour catalyser le refroidissement.
Ils allaient mourir.
Ils allaient mourir.
Le soleil se lèverait et les brûlait à mort et ils allaient mourir.
Krill n'a jamais pensé que sa vie se terminerait de cette fa��on. Entouré d'humains étranges sur une planète de la mort de classe A, attendant que l'étoile se lève à l'horizon et les fasse fondre.
Même les humains qui se tenaient dans le sable du désert autour de lui semblaient calmes. Habituellement, lors de situations de mort imminente, ils étaient relativement plus déchiquetés, mais c'était différent. Ils savaient qu'ils allaient mourir.
Le capitaine Vir poussa un soupir : "Je savais que nous n'aurions pas dû faire confiance à cette petite gale." murmura-t-il en levant les yeux vers le ciel où le transport de troupes avait disparu emportant avec lui leurs marchandises et son pilote Tesraki complice, riant probablement joyeusement de la stupidité des humains naïfs et confiants.
L'obscurité était si profonde dans le désert la nuit, même si les étoiles au-dessus étaient particulièrement frappantes.
Krill, le capitaine a demandé : "À quelle distance sommes-nous du sanctuaire."
Quelques calculs rapides dans sa tête et Krill se sentit sombrer vers le sable. C'était sans espoir, et le champ magnétique de la planète rendait leur capacité de communication presque inexistante.
"À quelle distance ?" Le capitaine a poussé
« 40 unités ».
"En miles s'il vous plaît, l'Amérique n'est toujours pas passée au système métrique."
Un calcul rapide
"25 milles." (40,23 km)
Un changement soudain dans le groupe, et il leva les yeux pour trouver un spectacle déroutant. Les humains semblaient presque pleins d'espoir en se regardant les uns les autres.
Le capitaine a souri, "C'est une excellente nouvelle."
Krill le regarda avec incrédulité, «25 MILES capitaine. Et seulement sept heures avant le lever du soleil. Nous n'avons aucune chance.
Un éclat de rire s'échappa des humains.
Une acclamation s'éleva.
Qu'est-ce qui se passe ?
« Quelqu'un ici a-t-il déjà couru un marathon ? » Le capitaine a demandé
Les acclamations des humains s'éteignirent et il y eut une pause.
Le capitaine fronça les sourcils : « Quelqu'un veut-il courir pour la première fois ? il a interrogé
Silence.
Krill regarda avec confusion, "Je suis désolé, qu'est-ce qu'un marathon."
« C’est en quelque sorte cette tradition que nous avons. Soi-disant après la bataille finale entre les Athéniens et les Perses, un soldat athénien a couru 25 miles jusqu'à Athènes pour raconter la victoire avant de mourir.
Krill cligna des yeux avec horreur, "Une tradition."
« Ouais, ils les gardent tout le temps à la maison. »
"Donc, quelques-uns d'entre vous ont juste donné leur vie pour faire une course."
Le rire secoua le sable autour de lui.
« Non, des milliers de personnes viennent participer et personne ne meurt généralement. La plupart des gens se lèvent et marchent après environ une heure ou deux, sinon directement après. »
Krill regarda les humains avec un mélange d’admiration et de crainte.
Le capitaine se frotta la nuque : « Je suppose que je pourrais le faire.”
"Ouais, envoie l'infirme borgne d'une jambe courir pour sauver nos vies." Un des humains dit sarcastiquement
"Je pourrais aller." Un autre se porta volontaire
Le capitaine secoua la tête : « J'ai peut-être une jambe, mais cela signifie simplement que je ne peux pas ressentir de douleur d’elle. Sans oublier que je courais quand j'étais plus jeune.
« *courais* étant le point clé. » Quelqu'un marmonna
"J'ai entendu ça." cracha le capitaine bien qu'il y ait moins de méchanceté dans sa voix qu'on aurait pu le supposer.
Krill se posait parfois des questions à ce sujet. Dans la plupart des cultures d'espèces, les infirmes étaient éliminés afin de préserver la race, mais ces humains étaient étranges. Perdre un membre semblait avoir l'effet inverse, et si vous pouviez fonctionner avec un membre manquant, les humains étaient encore plus impressionnés.
Il se demanda si ce n'était pas une sorte de forme primitive de domination. Plus vous aviez de cicatrices, plus vous aviez survécu à des combats, ce qui faisait de vous le plus fort.
Le capitaine a laissé tomber son sac au sol et a commencé à retirer sa veste. Krill secoua la tête, "Capitaine, il fait trop froid dehors."
Le capitaine secoua la tête, "Je vais me réchauffer."
Krill regarda avec une fascination confuse alors que l'homme commençait à enlever sa couche extérieure jusqu'à ce qu'il ne porte rien d'autre que son caleçon et ses chaussettes.
Les autres humains se mirent à rire et le chat se rappela lui-même.
Ne comprenaient-ils pas à quel point ils étaient morts ? Ils étaient seuls à attendre le lever du soleil sur une planète de la mort de classe A. Ce n'était pas le moment de rire de la nudité partielle.
Le capitaine a pris une sorte de pose en se moquant de lui avant de faire signe à l'un des autres hommes : "Vos chaussures".
"Mais capitaine, je."
« Chaussures, lieutenant, je ne cours pas 25 miles en bottes de combat.
À contrecœur, l'autre homme abandonna ses chaussures et le lui tendit.
Le groupe est devenu silencieux et a commencé à sortir des fournitures en rassemblant un petit sac d'eau et de nourriture.
Le capitaine se tenait à la périphérie du groupe étirant sa jambe de chair avant de vérifier le fonctionnement de la robotic. Les deux semblaient fonctionner de manière transparente.
Ses dents se brisèrent et il se mit à sauter en rond.
L'homme était vraiment devenu fou.
Le lieutenant avec les chaussures manquantes s'est approché de lui par le côté : « Vous feriez mieux de vous dépêcher, capitaine. Je vous ai mis une montre. Vous devriez avoir sept heures pour le faire, mais il fera plus chaud à mesure que le soleil approchera. Le capitaine hocha la tête, et avec une sorte d'optimisme surréaliste, il commença sa course en poussant un cri dans la nuit comme s'il défiait le soleil lui-même.
Les humains étaient imprudents comme ça. Ils croyaient qu'ils pouvaient battre n'importe quoi.
C'était presque une belle chose à regarder alors que l'humain devenait de plus en plus petit à l'horizon. Son pied était sûr et sans couture malgré sa blessure. En tant que médecin, Krill pouvait presque voir les cordes musculaires se contracter et s'allonger sous la peau. Malgré son apparence maladroite, l'humain était vraiment gracieux lorsqu'il était dans son élément.
***
Il n'y pensait plus quatre heures plus tard lorsque le ciel a commencé à s'éclaircir. C'était à peine perceptible mais il pouvait le sentir, et il pouvait sentir la chaleur du soleil qui approchait déjà commencer à le réchauffer. Les humains pouvaient le sentir aussi, et ils commencèrent à enlever leurs vestes en regardant vers l'horizon où leur destin approchait à grands pas.
Les blagues étaient plus clairsemées maintenant, tout comme les sourires. Il pouvait sentir la tension sur eux comme des hormones dans l'air. Adrénaline…. L'odeur du poison le rendait malade, et il n'avait aucune idée de la façon dont les humains survivaient à des injections directes de celui-ci dans leur système.
Le ciel s'éclaircit. La chaleur était d'environ 21 degrés C maintenant.
Les humains semblaient à l'aise, et lui aussi, mais tout au-dessus de 23 et il commencerait à se faner. Les humains lui ont dit qu'ils pouvaient supporter des températures allant jusqu'à 37+ degrés pendant de courtes périodes, et pas très confortablement.
Il pouvait dire quand la chaleur augmentait parce qu'il sentait son corps s'arrêter.
Dans un acte de gentillesse téméraire et inutile, les humains ont utilisé le reste de leur eau restante pour le refroidir. Pas comme si cela importait. Ils étaient morts de toute façon.
L'heure cinq passa, et il était sûr qu'ils étaient morts…. Il s'estompait rapidement alors que la chaleur montait à environ 26 degrés. Les humains l'éventèrent frénétiquement de tous les côtés. Dans une sorte de brume délirante, il éprouva un sentiment d'attachement pour ces étranges créatures qui l'avaient recueilli malgré la division entre les espèces.
C'est alors qu'ils entendirent le bruit des moteurs.
Levant les yeux vers le ciel, ils aperçurent le transport qui approchait rapidement, et une grande acclamation s'éleva dans l'air. Il ne pouvait pas le croire.
Il a fallu quelques minutes à 32 degrés avant que le navire n'atterrisse, et il a été rapidement porté à l'intérieur par une masse d'humains en liesse, la porte se fermant derrière eux avec un cri strident.
Il était enveloppé d'un bonheur froid. Assez pour enfin lever la tête et regarder autour de lui, agacé que les humains semblaient relativement bien malgré la transpiration et quelques maux de tête, et bien sûr…. Le capitaine.
Il était assis voûté sous une couverture d'urgence réfléchissante avec un sac de glace sur la tête. Sa jambe prothétique avait disparu et son autre pied était une masse d'ampoules. Ses cuisses étaient une masse de peau crue où la friction l'avait frottée, mais il souriait.
Il a dû voir l'air intimidé sur le visage de Krill car il lui a fait un clin d'œil : « Je te l'avais dit, facile. Nous, les humains, le faisons tout le temps.
Krill secoua la tête avec étonnement et fascination. Ils étaient vraiment indestructibles.
Bien sûr, il n'aurait peut-être pas pensé cela plus tard s'il avait regardé le capitaine boiter piteusement vers sa chambre, couiner comme une fille quand l'eau de la douche touchait sa peau irritée avant de se jeter dans son lit pour dormir treize heures d'affilée.
Cette partie serait manifestement absente de l'histoire. Une histoire qui racontait l'histoire d'un humain unijambiste et borgne qui avait couru 25 miles presque sans vêtements pendant une chaleur allant de 21 à 32 degrés sur une planète de la mort de classe A en moins de six heures, le tout pour sauver son équipage.
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J+ 103 ✈ De l'autre côté du Titicaca, le Pérou 🇵🇪
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Après une étape d'une nuit à Puno, côté péruvien du lac Titicaca, nous voilà à Arequipa. On est arrivés dans l'après midi, dans cette grande ville, la deuxième du Pérou. Voilà dix jours que je me suis fait mordre par un singe, il est donc temps de retirer mes sept points de suture. On profite de cette fin d'aprem midi ensoleillée pour le faire. Ici les services hospitaliers ne sont pas tous concentrés à l'hôpital, on se dirige donc vers une petite boutique d'infirmières, qui font également des échographie et autres services.
Une bonne nuit et un petit déjeuner plus tard, voilà les parents de Pauline qui viennent nous rejoindre pour ces trois semaines péruviennes. C'est un grand plaisir de voir des têtes que l'on connait, cela va nous faire une pause dans notre voyage, tout en le continuant. En plus, ils sont arrivés avec les sacs pleins de victuailles françaises : Comté, saucisson, fromage de chèvre, Roblechon et champagne. On est aux anges ! Après trois mois loin de chez nous ça fait du bien.
Arequipa
Premier jour de visite au Pérou, on commence par le centre d'Arequipa, avec la Plaza de Armas. C'est une place rendu piétonne il y a neuf ans (assez rare par ici pour le souligner), avec son immense cathédrale, et au second plan les sommets enneigés derrière lesquelles débute l'Altiplano péruvien (hauts plateaux à 4000m d'altitude). L'après midi on a suivi le tour guidé gratuit de la ville, nous expliquant l'histoire et nous montrant les monuments de la ville. Arequipa était une ville très importante durant l'époque coloniale, étant plus basse et plus agréable à vivre que Cuzco. Mais aussi car elle servait de délimitation entre la partie europeanisée du Pérou allant vers la mer, et la partie inca (parlant principalement Quechua), avec comme zones principales l'Altiplano et la Selva (forêt amazonienne).
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Le soir on a donc fait l'apéro dînatoire tant rêvé avec ce que les parents de Pauline nous ont apporté, trop bon!
Le lendemain matin on s'est promenés dans le marché couvert assez folklorique de la ville, puis l'après midi on a visité "la ville dans la ville", le monastère de Santa Catalina. Il est en effet immense avec de nombreuses pièces aux murs colorés en rouge ou bleu, ses différents cloîtres fleuris ou avec des orangers. Superbe ! On a aussi profité des boutiques de vêtements en alpaga d'Arequipa, et leur savoir faire local.
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Île d'Amantani
Le jour suivant, on est montés dans notre voiture de location en direction de Puno, la deuxième fois pour nous, où on est encore une fois restés qu'une nuit. Le programme initial du jour suivant était de partir aux alentours de sept heures du matin, afin d'arriver sur la presqu'île de Capachica vers 9h30, pour prendre un petit bateau en direction de la petite île du lac Titicaca, nommée Amantani. Rien de très compliqué... mais aujourd'hui si, c'était jour de grève nationale en raison de la hausse des prix des combustibles et d'autres produits comme le riz. Nous sommes donc partis aux alentours de sept heures comme prévu avec notre voiture de location flambant neuve, mais on s'est vite rendus compte que cela allais être compliqué... Au bout de deux cent mètres un premier barrage. On savait que c'était jour de grève, notre hôte de la nuit d'avant nous avait prévenu, mais on ne pensait pas qu'ils allaient bloquer la ville à ce point! On a donc fait demi tour et essayé plusieurs rues, toutes bloquées par des taxis ou autres véhicules, avec leur agrément de pierres au sol afin de bien bloquer la circulation de la ville. Finalement on arrive à passer un premier barrage en envoyant Pauline négocier, cela fonctionne mieux avec une fille au milieu de tous ces grévistes masculins ! On a ensuite du négocier avec plusieurs autres barrages de grévistes sur la route. Ils bloquaient en fait sur plusieurs niveaux. En sortant de la ville c'était beaucoup de pierres et de verres qui étaient sur la route, les barrages étaient assez éloignés les uns des autres.
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On a fini par prendre une piste non goudronnée sur cinq kilomètres pour en esquiver quelques uns mais au bout de la piste deux derniers barrages nous sont apparus. Le premier nous a demander de leur acheter une bouteille de soda pour passer. Et le second, un peu agressif nous a demandé de patienter vingt minutes pour la peine. Au bout de dix minutes ils nous ont finalement libérés, c'était bien le dernier !
Trente minutes plus tard on est enfin arrivés au port de Chiffon pour attendre notre bateau pour l'île. Mais la grève de Puno nous a suivie, aujourd'hui pas de bateau, on a donc attendu deux heures sans le savoir. Finalement notre hôte Yvan nous a trouvé une barque à moteur pour faire la traversée. Une demi heure plus tard on partait enfin vers Amantani.
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Dès les premiers instants sur cette île on a pu ressentir la vie paisible que mènent les gens ici. Notre nouvel ami Yvan nous a conduit à sa maison, d'un pas très lent, ici on prend le temps de vivre! Avec l'altitude ce n'est pas plus mal pour nous. Yvan nous a expliqué comment fonctionne le tourisme sur l'ile. Ici il n'y a aucun hôtel, aucun restaurant, seulement des "hospedajes", c'est à dire qu'on ne loge et ne mange que chez l'habitant. En plus de celà, tout fonctionne avec un système de rotation, afin que chaque famille puisse, si elle le souhaite, accueillir des touristes. Grâce à ce systeme, l'argent du tourisme est partagé entre les gens de l'île, ce qui leur permet de vivre très convenablement, et partager leur temps entre être hôte, l'agriculture pour leurs besoins personnels et la fabrication de souvenirs. Un très bon principe, et une bonne alternative au tourisme de masse.
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Arrivés en début d'après midi, on a d'abord mangé avec Yvan et sa famille, avant de monter dans l'après midi au sommet de l'île, c'était super !Après un dîner avec Yvan et sa famille, quelques achats de souvenirs faits main par sa femme et lui, et une bonne nuit, on a dit au revoir à notre hôte et nous sommes repartis de l'île, sur un plus gros bateau cette fois!
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On a récupéré notre voiture restée au port et c'est partit, direction Cuzco et sa région, avec le célèbre Machu Picchu ! 🤠
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lesmauvaisesfilles · 6 years
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Matilde avait débarqué en Belgique pour un projet. La beauté des rencontres aujourd’hui, c’est qu’elle n’est engendré d’aucune subtilité, celle-ci se forme de fil en aiguille dans le dialogue, il suffisait simplement d’un swipe. Un mouvement de doigt vers la droite pour souligner que son physique me pénétrait pas mal dans son ensemble, c’était tout. Pour beaucoup de monde ce type d’application est houleuse, mais personnellement j’y ai trouvé tant de fois mon compte qu’il m’a toujours été compliqué de divorcer de celle-ci. Du simple verre dans un bar  à la connexion particulière, il y a aussi eu ce fameux plan d’un soir, parfois soudain, souvent sans lendemain. Avec les années, j’ai regretté de ne pas avoir pris plus souvent des notes. Des délires. Des prénoms. Des additions. Dans ces déclarations tout feux tout flammes, ma mémoire a tout fait disparaitre. Je me souviens de mes déplacements dans le lointain, au de-là de ma frontière, sans rien dire, l’Italie, l’Islande, l’Amérique, la France, les Pays-Bas. Je vivais d’ivresses et d’sms (dans mon langage c’est un peu équivalent à vivre d’amour et d’eau fraîche), de ce goût particulier pour les dialogues écrits, la dépendance des mots, la suprématie de certaines phrases qui parfois vous reviennent tel un boomerang et vous écrasent les poumons comme pourrait le faire une bourrasque de vent glaciale en plein hiver le long de la côte belge. Je n'ai rien de plus valable  pour expliquer les bienfaits de ces petites choses innocentes qui targuaient mon moral. Seulement à la mi-novembre, cette hymne à l'amour 2.0 n’est plus devenue essentielle, grâce à Matilde, grâce à ses mots plus doux que les températures d’Italie au début du mois de septembre.
J’ai essayé de comprendre ce choc de vitesse avec Matilde, cette frénésie, les différences par rapport aux précédentes. Je peux difficilement expliquer comment tout s’est emballé, comment dans la folie nous nous sommes dit oui. Je devais avoir l’air niaise, un surplus de vitamine D dans le corps, trop heureuse et les mains rêveuses accrochées constamment à mon téléphone, je tapais des phrases mystiques du tac au tac. Entre deux virgules, j’ai osé glissé à mes amis « la vie vous réserve parfois des surprises » C’était surprenant de ne plus contrôler les absurdités qui sortaient de ma bouche. Plus rien n’avait de l’importance.  Matilde est apparue soudainement comme une évidence et pourtant ce serait aussi vous mentir de dire que je le savais dès les premiers instants puisqu’on ne peut rien prévoir. C’est peut-être parce que je n’attendais rien de cette rencontre qui n’allait pas avoir lieu dans mon imaginaire, qu’elle a existé de façon tangible. J’ai été obligée de prendre de la distance avec le rythme excessif de mon imaginaire. Je ne pouvais pas palper l’authentique, sa chair était à mille année lumière de la mienne. Matilde vivait à Vancouver, elle me disait que ça pouvait être pire, elle aurait pu habiter la lune, elle ne savait pas encore à ce moment là qu’elle allait m’habiter complètement pendant longtemps. Je n’ai ni pris le temps ni le recul pour réaliser que les milliers de kilomètres qui nous séparait était digne de la folie, quand je prenais le globe terrestre sur ma table de chevet la distance qui nous séparait était équivalent à la longueur de ma main, l’océan pacifique devait largement faire dix centimètres de long et cette distance visible à mes yeux était inoffensive. De la même façon que la distance invisible qui nous séparait était trop grotesque que pour être saisie d’une violente suffocation.
J’étais forcée de tout contenir, ce n’était pas demain que nous allions prendre un café au coin de la rue du Bailli. C'est d'ailleurs pour éviter de m’emballer que je lui ai tout déballé, au fur et à mesure des conversations. L'astrologie, la viande, les voyages, la drogue, les livres, le travail, le destin, les chansons préférées, l'espoir. Les débuts étaient bon enfants, drôles, les sujets assez conventionnels. Je la trouvais infatigable et excitante. Plus tard sont arrivés les sujets plus dangereux, ceux qui font prendre conscience que l'on peut s'attacher, se plaire et s’isoler. Les amours, les convictions, les échecs, la philosophie, les origines, les larmes, la famille, l’enfance, l'humanité, les angoisses.  On s’envoyait des e-mails qui faisaient des demis romans. Peu à peu le débit de nos échanges était devenu semblable à l'écoulement d’une rivière, le courant était fluide, insaisissable et pourtant foudroyant, elle s’arrêtait au bord du sommeil et reprenait au petit matin. Au fil des jours, on a vu le mois de novembre passé. La pluie, la neige, les fêtes de fin d’année. La conversation était bleue et sans tabou, Matilde était vive et passionnée. Le besoin de la rencontrer commençait à se faire légèrement ressentir.  J'essayais de garder les pieds ancrés sur le territoire, sans trop y penser. Ca allait me rattraper, sa fièvre était bien trempée, parfois j’essayais de la tempérée. Elle répondait vite fait sa phrase favorite. You are bossy today. J’étais obsédée par sa fougue un peu déraisonnable et pourtant si subtile. Je me doutais que sa demande allait me faire planer. Il n’a pas fallu attendre longtemps, son impatience la dévorait entièrement. Sa beauté affolante me rendait fragile et dépendante et j’aurais été incapable de lui renoncer quoi que se soit. Il nous a fallu moins d’une heure pour prendre une décision. Le lendemain, sans réfléchir j’ai cliqué sur la confirmation de payement d’un vol vers New York.
C’était un mardi matin 22 février,  je me suis rendue à l’aéroport et le ciel était encore dans sa nuit. Mon père m’y avait conduit en me rappelant de faire attention. Je me demandais à quoi il pensait, si dans son esprit il y voyait une canicule, si cette histoire lui rappelait sa jeunesse futile, de nombreuses nuits d’amour, sa liberté, la tendresse à perdre pied. Ces choses là qui avec le temps s’estompent et finissent par se perdre. J’attendais à la porte 45B et dehors le soleil formait une boule oblongue à l’horizon du tarmac, la journée s’annonçait belle et déjà j’avais le crépuscule dans le plexus, la tête dans le lever du matin, c’est la mélodie effrénée de Bonny & Clyde qui enflammait mes tempes. On allait embarqué et j’étais incapable de réaliser. Dormir, calmer mes ardeurs, ne pas penser aux mots réfléchir, émotion, rencontre. J’étais débordée. J’essayais de lire un livre mais j’en fus incapable, le roman que j’étais entrain de vivre était bien au delà de toute lecture. La nuit avait été courte et la journée serait longue. Désemparée à l'idée de la rencontrer et désorientée par la langue, mon coeur battait la chamade et il était comme trop tard pour penser à faire demi-tour. Je tentais tant bien que mal de garder mon esprit tranquille que je refusais encore et toujours à déborder. Je pensais à Amélie Nothomb qui dans un livre racontait qu'elle devait rencontrer un correspondant obèse mais que dans la peur a préféré se replier en répondant négativement au questionnaire reçu dans l’avion. J’ai fait pareil. Mais à mon arrivée sur le sol américain, j’ai pu garder les documents. Après une heure d’attente à la douane, j’ai récupéré mes affaires qui avaient déjà été poussés hors du tapis roulant pour accueillir les bagages du vol suivant provenant de Copenhague. Je sentais mon coeur bouleversé et en même temps heureux de se retrouver enfin dans cette atmosphère sans description. J'avais peine à réaliser la situation. Depuis l'atterrissage le temps présent était devenu de plus en plus précieux. Et déjà en retard je n'hésitais plus à demander mon chemin pour rejoindre Matilde.
Matilde, Matilde, Matilde était sur ma langue. Je vais vivre sept fois vingt-quatre heures avec une inconnue que je n'avais jamais vu auparavant. (les amis à qui j'ai dit qu'on avait pris un verre à Gand, c'était un mensonge). Comme elle l'a dit, c'était fou, cette rencontre.
Après le train et le métro je suis arrivée dans le périmètre de rendez-vous. Mais malgré mon retard, je suis descendue un arrêt plus tôt que prévu, pour prendre le temps, respirer, m'imprégner de l'atmosphère qui permet de comprendre, qu’après une journée cloitrée dans un avion je venais de traverser l’océan. Je n'avais plus mis mes pieds aux Etat-Unis depuis 2011, sept années s’étaient écoulées. Dans la marche tout s'entremêlait, j'essaye de faire le vide mais j'avais en moi une espèce de masse de lave énorme en ébullition. Mon téléphone m'annonçait que j'étais à deux rues de l'appartement. La marche dura l’éternité.
Je me sentais aussi irréel que la météo du jour, une vingtaine de degrés à la mi-février au cœur de Manhattan. Le temps avait annoncé la couleur de cette folie ardente. Le soleil commençait à descendre sur Manhattan. Les signaux étaient partout puisque the sun go down on Manhattan, annonçait aussi ce qu’il se passerait dès la première nuit. Matilde, may i go down on you like the sun goes down on Manhattan? Je marchais avec la playlist que nous avions faite ensemble et je me demandais quelle chanson jouerait à mon arrivée devant le numéro 549. Les façades des maisons étaient orange à la lumière. C'était l’hiver et pourtant on aurait dit le printemps, avec les couleurs de l’automne.
Je trouvais l'appartement. Rhye - Softly était la chanson qui jouait dans mes oreilles face à notre futur jardin secret. Il y avait trois sonnettes. Je ne savais pas si Matilde était déjà là. Sans aucun doute. Elle n'avait pas du se perdre en chemin, ni attendre longtemps à la douane. J'ai décidé de prendre mon téléphone pour lui annoncer que j’étais devant la porte d'entrée, « Hi, i'm there. » And that was it. Sa réponse fut aussi brève que la mienne. « It’s the middle one but I’m coming » Je pense qu'elle a pris un temps avant de descendre, une seconde, le temps de faire un tour sur elle même, le temps de tourner sa langue une dernière fois dans sa bouche avant que je vienne y tourner la mienne. Rester un moment en silence. Réaliser. Le présent comme une réalité instantanée. Après cette longue attente sans se voir, nous devions chacun de notre côté rembobiner la cassette du premier jour, du comment on en était arrivée là. De sa phrase d’accroche Adrien should be proud (de son nez) à la rencontre folle dans une ville qui ne nous appartenait pas. Et de la chance. La chance  surtout car nous aurions pu nous rencontrer autour d’une bière en Belgique, ce qui sous entendait aussi ne jamais se revoir. On aurait passer un bon moment et s’aurait été tout. A son arrivée en Belgique j’aurais pu également limiter mon champs de rencontres à cinq kilomètre , elle était à quarante kilomètres de Bruxelles, ou limiter l’âge à trente ans au lieu de trente deux. Je repensais à l’arrivée de son profil virtuel sous mes yeux comme elle allait arriver toute entière et toute en chair devant mes yeux dans les secondes suivantes. Elle aurait pu indiquer dans sa description  Hi, here for a few days, let’s grab a beer mais ou encore  friendship only et sans aucun doute je l’aurais swipé à gauche à l’aide de mon pouce. Mais nous étions là, les émotions aussi, à quelques mètres l’une de l’autre, un moment tant attendu allait se produire, un moment particulier qui ne se reproduira jamais plus. (Ca on s'en rends compte bien plus tard). Je ne savais quoi faire devant cette porte, je m’étais assise sur le porche pour éviter justement de tomber à la renverse. J’ai eu l'impression que l'attente était infinie, je transpirais dans mon pull en laine, à cause de ma course, du stress, des si jamais (je ne lui plaisais pas). Elle tira le rideau de la porte fenêtre de l’entrée, ceci avant d’ouvrir, un bref instant, histoire de se voir une dernière fois à travers un obstacle. La barrière de l’existence au vingt et unième siècle est sans doute une fenêtre comparable à celui de l’écran d’ordinateur. J’ai pu l’apercevoir une fraction de seconde et j’avais chaud. Elle était belle, elle était propre. Moi, infect, je ravalais ma sueur. Matilde m’ouvrit la porte et je fus incapable de la regarder dans les yeux, comme si dans l’instant je n’étais plus bossy du tout. Incapable de prendre le temps, tout s’était accéléré dans mon cerveau, la vie en >>20. La valise en main je suis rentrée avant de la serrer dans mes bras.  Je me sentais comme un légume. Peut-être qu’elle trouvait que j’aurais du faire l’inverse, c’est à dire, d’abord la serrer dans mes bras et puis rentrer avec ma valise. Mais dans ces instants incroyables, il est important de pouvoir s’accrocher à quelques choses, pour se souvenir que malgré le flottement on est bien vivant. Ma main tendu sur ma valise, Matilde agrippée à la porte d’entrée. Je suis donc rentrée, mon corps aussi léger qu’une éponge, je me souviens être montée l’escalier devant elle, refusant son aide pour mes affaires. Sans m’arrêter j’ai été promené ma valise dans l’appartement, visitant la cuisine, la chambre, la salle de bain avant de revenir à elle. Impossible de la confronter du regard, je lui parlais fort depuis l’autre pièce, la main toujours accrochée à la poignée de la valise. Il est vraiment beau cet appartement, je lui disais, elle répondait avec douceur que les propriétaires habitaient en bas. J’ai marché jusqu’à à la salle de bain pour me rincer le visage à l’eau froide. Matilde y avait déjà déposé sa trousse de toilette. Je me trouvais dégoutante du voyage. J’avais peur qu’elle me trouve ignoble. Je tournais en rond visitant chaque coin, essayant de me perdre. J’essayais de faire face en m’asseyant dans le fauteuil pendant qu’elle était debout devant l’évier, chipotant à la vaisselle pour garder du matériel dans les mains. Je souriais beaucoup trop et j’avais envie de lui crier que cette situation était folle. J’ai pris un coussin que j’ai écrasé contre mon corps pour contenir l’émotion. Elle s’est assise les jambes pliées à l’autre coin du canapé et de manière assez similaire à écraser un coussin entre ses cuisses et sa poitrine. 
(…)
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alexar60 · 4 years
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Sirène
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Les glaçons s’entrechoquaient dans mon verre de whisky. Je regardai un film à la con tout en dégustant ce cadeau apporté d’Écosse par ma sœur. D’habitude, je préférai le bourbon, ça me donnait un air détective américain. Cependant, ce whisky pur malt était un régal. Devant, la télévision, je commençai à m’emmerder des programmes lorsque le téléphone sonna. Mon patron parla avant même que je puisse prononcer le moindre mot, les siens étaient mâchouillés en même temps que son cigare : « …Reportage pour toi, coco…sors…doigts du cul…au port…sirène…aperçue…fissa un article pour demain…bureau. »
Il raccrocha avant que je dise « OK, boss ». Toutefois, je pris le temps de finir mon verre. Je partis peu après vers les quais en espérant en savoir plus sur cette fameuse sirène. Peut-être venait-elle du Mississippi ou d’ailleurs ? Je me posais de nombreuses questions sur son physique. Je l’imaginai à moitié poisson. Mais, en réfléchissant, les sirènes grecques étaient ailées avec un corps plus proche de l’oiseau que du maquereau. Le trajet fut long et pénible surtout avec ma vieille PEUGEOT qui tombe en panne dès que j’allume le clignotant. Toutefois, j’arrivai au port sans prompt renfort. Il faut dire que je partis seul et non pas cinq cents.
Les quelques marins rencontrés ne démentirent pas leur réputation. Ils affichèrent une apparence bougonne, préférant parler avec une bière à la main qu’avec un étranger journaliste. Ils montrèrent une certaine austérité à mon égard, jusqu’à ce que je sorte les biffetons. Alors là, pour parler ils ont parlé. Je n’avais jamais vu autant de pêcheurs venant de Marseille que sur les quais ce jour. Ils avaient tous vu la sirène. Pour certain, elle était grande magnifique avec des cheveux si longs qu’elle cachait son opulente poitrine. Pour d’autres, elle était petite, aussi grande qu’une sardine dans une boite de conserve. Elle ne montrait rien puisqu’elle n’avait rien à montrer. Je demeurai sceptique jusqu’à ce que celui qu’on appelle le « vieux » approchât en ricanant.
« Tu veux voir la sirène ? » marmonna-t-il dans sa barbe grisonnante. Son œil gauche restait fermé pendant que le droit reluquait le décolleté de la prostituée qui me faisait du pied. Celle-là avait vite compris que j’avais plus d’argent que les autres. Dommage qu’elle sentait la pisse des hommes qui pleurent sur les femmes infidèles. Elle partit quand elle comprit que je n’avais pas de pièce en or à offrir contre sa vertu. Pendant ce temps, mon vieux marin raclait sa gorge pour me parler de la célèbre sirène. Il parlait tellement bien que je n’ai rien compris. Alors, je lui ai demandé de me montrer l’endroit où elle se trouvait.
A cause de sa jambe de bois, nous marchâmes deux bonnes heures quittant même le port pour faire les trois kilomètres de distance. Il refusa de monter dans ma caisse, sous prétexte que cela lui donne le mal de terre. Pourtant, elle roule bien ma voiture, sauf quand je fais marcher le clignotant. A ce moment, elle s’arrête nette et je dois attendre qu’elle décide de redémarrer. Mais revenons-en au fait ! Nous traversâmes une ruelle isolée et arrivâmes sur un boulevard lorsqu’il s’arrêta et dit en montrant ses chicots : « La v’là, ta sirène, p’tit gars. ». Face à moi se trouvait la caserne des pompiers. « Tu te fous de moi ? » m’exclamai-je. Dès lors, le marin interpela un homme en uniforme bleu marine qui sortait du bâtiment. Il répondit : « oui, bien sûr, nous avons une sirène pour nous prévenir en cas d’intervention. » Je me suis dit qu’il allait être pourri mon article.
J’abandonnai ce vieux con et son sourire ravageur en comprenant que cette histoire de sirène n’irait pas loin. Sur la route du  retour, la circulation devint lente au point d’être carrément pénible. Elle s’arrêta me laissant au milieu des pots d’échappement excités qui voulaient dégazer à vive allure. Ce n’était pas normal et je pensai à un accident lorsque je vis un homme marcher entre les voitures stationnées sur la route. Il était totalement habillé de rouge. Son pantalon, son manteau, son chapeau folklorique et même ses bottes étaient d’un rouge si vif que je devinai qu’il s’allumait la nuit. Seule sa barbe blanche colorait ce gugusse apparemment paumé. Au moment de croiser mon regard, il s’approcha et toqua à la vitre.
« Mon attelage s’est enfui me laissant en rade. Tu n’aurais pas vu six rennes passer ? ». Je sortis et remarquai alors au loin l’origine de l’embouteillage : un traineau. « Mais, on n’est pas Noël !dis-je. Et les pubs commencent après Halloween. On est seulement en mars ». L’ancêtre éclata de rire avant de raconter qu’il devait commencer tôt pour distribuer les jouets par millier. Et si je me foutais de sa gueule, il oubliera mon petit soulier. Dès lors, j’acceptai de l’aider à retrouver ses rennes. « Combien sont-ils déjà ? » « Six » répondit-il. « Six rennes, pensai-je. La journée va être très longue ! … et mon article bien pourri !»
Nous parcourûmes la ville de fond en comble, retrouvant les uns après les autres les rennes. Ils avaient tous des prénoms particuliers. « Lundi, Mardi, Mercredi qui broutait l’herbe du parc le plus proche. Jeudi partit sur les quais regarder les poissons dans l’eau. Vendredi et Samedi qui se promenaient amoureusement cherchant un buisson. Heureusement que Dimanche n’était pas présent, c’était le pire de tous. Mais aujourd’hui, c’était son jour de repos. Une fois avoir aidé le vieux Noel avec qui je sympathisai (D’ailleurs, il me proposa de passer à la maison faire un coucou le soir du 24 décembre à condition que je lui serve un verre de lait et des cookies. Et surtout, que je ne le laisse pas attendre dehors trop longtemps car à cause de moi, il aura si froid), je partis au bureau après avoir téléphoné au patron pour lui expliquer qu’il n’y avait pas de sirène mais six rennes perdus en ville. Il me rappela de suite : « Qu’est-ce que tu racontes ? Je n’ai pas parlé de sirène ni de six rennes du père Noël mais de six reines qui passent leurs vacances sur un yacht près de la Marina. Je veux que tu fasses un article sur elles, les six reines. Il y a la reine d’Angleterre, la reine d’Espagne, la reine des Pays-Bas, celle de Suède et les deux autres moins intéressantes. Et grouille-toi, bordel ! ».
Obligé de faire demi-tour, je profitai d’une voiture de police sirène en action qui venait pour arrêter un fou dangereux en habit de père Noël qui kidnappe les rennes du zoo pour participer à un casting d’une célèbre marque de cola. Enfin, j’arrivai devant les quais bondés de mes collègues. Je réussis à passer entre les épaules collés les unes aux autres et ne vis rien de ces majestés et de leur suite tellement il y avait de gardes. Je reconnus les gardes du corps d’un peu trop près, les gardes républicains en colère de protéger des reines, les gardes barrières pour contrer la pandémie, les gardes suisses multi usage, pratiques pour déboucher une bouteille de vin, les gardes chasses en pleine discussion sur le prochain lâcher de pétasses sur les quais, les gardes champêtres qui avaient peur de l’eau et bien sûr les gardes impériaux qui ne bougeaient pas attendant la sonnerie de Big-Ben pour changer de côté.
Avec tout ce monde, je ne pus travailler correctement. Alors, je repartis et me dirigeai vers la plage pour souffler et regretter mon petit whisky écossais. Je m’assis sur le sable, le vent dans les cheveux si j’en avais et regardai à l’horizon. J’étais déçu et persuadé que je perdrais mon job avant la fin de la journée. Je commençai à réfléchir sur une reconversion quand j’entendis crier au loin. Une femme en détresse appelait à l’aide. Elle bougeait les bras, elle se noyait. Un mousse courut, se jeta à l’eau et partit la sauver. Il revint tout sec comme s’il n’était jamais entré dans la mer. Il tenait la jeune femme dans ses bras. Elle faillit s’évanouir en soufflant : « Vous m’avez sauvé la vie, mon héros ». Dès lors, il la ranima d’un langoureux baiser. Le marin me regarda, un éclat jaillit de son sourire. Je lui dis en montrant la queue en écailles de la fille: « Je crois qu’elle se moque de vous. Elle sait nager, c’est une sirène » « Et, alors répondit-il ! Je ne suis pas sectaire, faut toujours apprécier sa prise ! ». Puis, il partit avec elle vers l’hôtel le plus proche. Mais au bout de cinq minutes, ils revinrent l’air déçu et en colère d’avoir été refusés parce qu’ils n’acceptaient pas les sirènes, à cause de l’odeur de poisson. Il jeta la fille dans l’eau. Elle nagea, l’attendant gentiment. Puis il plongea et tous deux s’éloignèrent là où ils seraient acceptés pour ce qu’ils sont.
Quand il lut mon rapport, le patron me dévisagea. Il regarda aussi la photo du couple avant de dire «mwouais, tu fatigues coco, tu fatigues ! »
Alex@r60 – août 2020
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lespetitspedestres · 6 years
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Tant pis pour le sud
................C’était pourtant bien.
Nous avons fini par quitter l’ile sud et c’est la tristitude. Le ferry glisse lentement sur un océan gris et brumeux qui reflète notre état d’esprit à la perspective de quitter les paysages merveilleux qui nous ont entourés durant 3 mois. Mais tout n’est pas perdu et l’ile nord nous réserve encore quelques belles surprises!
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Le débarquement se fait à Wellington sous une pluie battante et un vent à décorner les bœufs. Nous rejoignons donc rapidement le camping à l’extérieur de la ville. Ce soir, pour la première fois, nous allons pouvoir expérimenter la nuit à trois dans Josy. Finalement, bien que ce ne fut pas la meilleure nuit de nos existences, nous sommes parvenus à dormir. C’est donc tout reposés (ou presque) que nous rejoignons le lendemain, le musée national de Wellington. Ici, une très grande partie des expositions est dédiée à la faune et la flore néo-zélandaise, tandis que l’autre partie retrace l’histoire du pays depuis l’arrivée sur ses côtes des premiers maoris. Le temps est toujours aussi exécrable, mais nous décidons tout de même de monter à pied sur les hauteurs de Wellington. Nous atteignons un point de vue à 360 degrés sur la ville, prenons quelques photos et regagnons rapidement le bas de la colline avant que n’arrive la prochaine averse.
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Le lendemain, Chloé et Félix se rendent aux red rocks, non loin de la ville, tandis que je pars faire du VTT au bike park. Visiblement, les red rocks (qu’ils ont parcouru en courant en qualité de grands sportifs) ne leur laissent pas un souvenir impérissable. Quant à moi, je profite d’une nouvelle vue sur la ville plutôt sympathique depuis les sommets alentours …
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Le soir venu, nous reprenons la route en direction du Cap Palissier et de son phare (point le plus méridional de l’ile nord) où nous parvenons à temps pour profiter du coucher de soleil depuis le phare (qui se trouve au sommet d’un escalier montant tout droit à travers une pente impressionnante).
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Le jour suivant, nous explorons davantage le secteur, entre randonnée dans les Pinnacles (impressionnantes formations rocheuses théâtre d’une scène du seigneur des anneaux), et baignade dans la rivière et les gorges.
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Nous nous dirigeons dès la fin de la journée vers le parc national du Tongariro au centre de l’ile. Seulement voilà, nous n’avions pas prévu l’imprévisible. Tandis que nous roulions à travers la campagne Kiwi en direction du parc national, un phénomène étrange se produisit. Nous constatâmes au beau milieu du trajet que nous roulions depuis pas moins de 3 heures alors que l’itinéraire représentait un total de 200 kilomètres, donné pour 2 heures 30 environ. La route étant large et en bon état, il aurait dû nous être facile de parcourir cette distance et d’arriver à destination dans les temps. Au lieu de cela, il nous aura fallu 5 heures. Reste donc 2 heures et 30 minutes de vide durant lesquels nous ne savons pas ce qu’il s’est passé. Passage par un couloir inter dimensionnel? Anomalie dans l’espace-temps? Conduite de la voiture par Chloé ou encore enlèvement par des êtres venus d’une galaxie lointaine? Qui sait? En tout cas, une chose est sure: la vérité est ailleurs…
C’est donc le matin suivant que nous parvenons à destination (oui oui on s’est arrêtés pour dormir avant la fin du trajet). Nous profitons du soleil  pour faire une petite randonnée de 17 km qui nous mène à un point de vue sublime sur deux lacs du parc national. Au retour, nous passons devant la Taranaki waterfall. Une chute d’eau impressionnante d’une vingtaine de mètres de hauteur grâce à laquelle nous prenons une douche gratuite et très vivifiante. C’est d’ailleurs un endroit très réputé pour sa vivifianceté. Cette balade aura également été marquée par le fait que Felix a réussi à se perdre sur le seul chemin existant. Joli coup.
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Notre Josy commençant à émettre des bruits étranges au freinage, nous nous rendons dans un garage en ville. Bilan: Les plaquettes sont mortes et nous allons donc devoir prendre rendez-vous pour remettre en état notre fidèle destrier. Le lendemain journée pluvieuse, journée repos avant une grosse rando, Josy honore également son rendez-vous chez le garagiste, et c’est ainsi que nous retournons au camping le cœur (et surtout le portefeuille) léger. Après une courte nuit de sommeil, réveil matin six heures: ça pique. Je dépose Chloé et Félix au départ de la randonnée et repart en direction de l’arrivée pour déposer Josy et prendre la navette conduisant au départ (oui nos vies sont compliquées). Nous parcourons les 17 kilomètres avec la rapidité qui nous caractérise (on est trop forts et surtout modestes) tout en profitant des paysages grandioses qui s’offrent à nos yeux. Entre lacs de montagnes, volcans, déserts arides aux couleurs noires, ocres, jaunes et j’en passe. Finalement, un émerveillement pour les yeux malgré la présence de plusieurs centaines de touristes qui rendent l’endroit quelque peu… habité. Enfin, au terme de 5 heures de marche, nous parvenons à l’endroit où j’avais laissé, le matin même, notre maison.
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LA randonnée du Tongariro étant faite, nous pouvons maintenant prendre la direction du Taranaki. Et après quatre heures de route très typique à travers une campagne Kiwi surpeuplée par les moutons, nous parvenons à la ville de New Plymouth, au pied du mont Taranaki. Mais qu’est-ce que le mont Taranaki? Grosso modo, il s’agit d’un volcan de forme presque parfaitement circulaire, considéré comme la deuxième montagne la plus meurtrière du pays (sympa). Ce géant à la forme si particulière constitue le seul rempart contre les nuages entre l’océan et le centre du pays. Autant dire que le bougre a bien souvent la tête dans les nuages. Par manque de chance, nous ne le verrons que partiellement au cours des 4 jours que nous passerons dans le secteur. Néanmoins, ce fût l’occasion de bonnes balades. L’une d’elle notamment, conduisant à un point de vue sur le mont. Point de vue qui permet, à condition que le temps soit dégagé et qu’il n’y ai pas de vent, de photographier le Taranaki ainsi que son reflet dans l’eau d’un petit lac. Inutile de préciser que nous n’avons eu ni un temps dégagé, ni un vent nul, et que donc, nous n’avons pas pris LA photo.
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Néanmoins, en guise de lot de consolation, nous avons le plaisir de tomber le soir même sur le festival des lumières de la ville de New Plymouth. Ce festival très familial restera sans doute gravé à jamais dans nos mémoires comme étant sans doute le plus ennuyeux de nos vies. Bien que les jeux de lumières que l’on peut observer dans le parc de la ville soient tout à fait enchanteurs, la passivité totale du public lors des concerts nous laisse perplexes. Personne ou presque ne danse et tout le monde (ou presque) est assis par terre. Bizarre.
Et puis comme ça, tout à coup, un événement important vient littéralement bouleverser la quiétude de notre existence. En effet, nous recevons un message d’un couple de backpackers recherchant un véhicule pour leur road trip. Ils souhaitent voir Josy le plus rapidement possible. Nous prenons donc sans plus attendre la route pour Auckland. Nous ne vendons finalement pas Josy à ces gens qui ont entre-temps trouvé leur bonheur auprès d’autres vendeurs. Mais, notre compagne de route ayant tout pour plaire, nous recevons rapidement d’autres sollicitations d’acheteurs potentiels. Dès le lendemain donc, et à la première visite, nous vendons notre véhicule. C’est avec un pincement au cœur et pleurant à chaudes larmes (enfin le ciel pleurant à larmes pas si chaudes) que nous voyons Josy prendre la route entre les mains d’autres personnes.
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Adieu Jozy, nous ne t’oublierons jamais.
Nous trouvons rapidement une voiture de location qui nous permettra de nous déplacer durant les deux semaines restantes. Nous aurons donc une voiture rouge jusqu’à la fin de notre périple. Celle-ci est néanmoins beaucoup plus puissante (désolé Josy).
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Nous prenons le soir même la direction de Rotorua où nous réalisons à nouveau la randonnée de Rainbow mountain avant d’aller faire trempette à Kerosen creek (si si, vous savez, la rivière d’eau chaude dans laquelle nous avions déjà mijoté quelques heures environs quatre mois auparavant). Le lendemain, Chloé et Félix se lance dans une aventure épique en rafting durant laquelle ils franchissent une chute de 7 mètres! Je leur laisse bien et vais, pour ma part, louer un VTT afin de profiter des pistes de la redwood.
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Nous prenons ensuite la route pour la ville de Taupo où nous devons retrouver Matthew, le Kiwi que nous avions rencontré une année auparavant à Pai, en Thailande. Celui-ci habite désormais chez sa mère, proche de la retraite et occupe ses journées à retaper la maison familiale avant de la mettre en vente. Mais repeindre une façade en nouvelle Zélande semble être un travail difficile. Le plus dur étant d’arriver à trouver une journée sans pluie. Courage Matthew. Quoi qu’il en soit nous passons une excellente soirée qui s’achève… dans un restaurant Thai.
Au petit matin, nous partons en expédition avec pour but d’observer une falaise couverte de sculpture Maories et plongeant directement dans un lac. L’endroit est uniquement accessible par bateau. Nous avons donc la possibilité de payer pour une «croisière» sur le lac. Mais bon, on est auvergnats, ne l’oublions pas. C’est donc à la nage que nous irons voir tout cela. Mais la distance est relativement élevée, et c’est sur les rotules que nous arrivons à la fameuse falaise. Le monument est assez impressionnant et nous donne la sensation d’être de grands explorateurs découvrant des vestiges perdus depuis des millénaires (bien que ces œuvres aient été  réalisées dans les années 70). Au total, il nous aura fallu parcourir plus de 600 mètres à la nage. Rien de bien fou pour un bon nageur, mais un exploit pour les parpaings que nous sommes. Nous retournons ensuite en ville afin de nous baigner (une fois de plus) dans la rivière d’eau chaude de Taupo. Oui oui, en NZ chaque ville à sa rivière d’eau chaude.
Le jour suivant est consacré au farniente et à la randonnée conduisant au sommet de la montagne dominant la ville et le lac. Et là, la vue est juste… obstruée par les nuages. Deux heures de marche sacrifiées sur l’autel du sport (dont nous sommes de fervents adeptes). Le soir, c’est petit(s) verre(s) de vin blanc avec Matthew sur les rives du lac. Il faut bien penser à se réhydrater.
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Après une bonne nuit de sommeil, il est temps de nous remettre en route, cette fois avec la ville de Tauranga en ligne de mire. Ici, notre but principal est de surfer. Nous passons donc deux jours à Tauranga, surfant 2 ou 3 heures par jour et complétant cette activité par l’ascension du mont Manganui qui, avouons-le, ressemble plus à une petite colline qu’à une vraie montagne. Nous progressons un peu en surf et cela nous donne l’envie de reconduire l’expérience lorsque nous serons en Indonésie.
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Avant de retourner sur Auckland, nous faisons un crochet vers le Coromandel où nous passons 4 jours. Nous dénichons un petit camping sympa planté dans un décor quasi tropical qui nous rappelle la Thailande.
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Les journées se succèdent, entre baignades, randonnées (de 20 km tout de même) et visites de points d’intérêt. Nous nous rendons notamment à Cathedral cove, une plage sur laquelle on trouve une immense arche de pierre naturellement creusée par les éléments au sein même de la falaise. Enfin, nous passons une soirée à hot water beach. Sur cette plage, il suffit de venir avec une pelle, de creuser dans le sable à marée basse et de s’allonger dans le trou pour pouvoir profiter d’un bon bain chaud, grâce à l’activité géothermique du lieu. Incroyable! Nous posons également nos serviettes sur le sable de New chum beach. Pas facile d’accès et considérée comme l’une des plus belles plages du monde. Une plage certes jolie, mais dont la réputation ne nous parait pas vraiment justifiée.
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Un petit crochet par le village de Paia et sa plage offrant un coucher de soleil magnifique (quoiqu’un peu nuageux) et voilà, c’est la triste heure du retour à Auckland. Arès cette dernière nuit dans la capitale durant laquelle nous tentons de voir la fameuse lune bleue de sang qui restera cachée derrière les nuages (malgré nos tentatives d’observation, déambulant dans les rues jusqu’à 3h30 du matin (juste Félix et moi car Chloé, on s’en doute, dormait déjà depuis longtemps)), nous rendons notre voiture de location et rejoignons l’aéroport.
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Nous prenons conscience que notre aventure en Nouvelle Zélande s’arrête ici, et c’est avec des sentiments paradoxaux que nous embarquons à bord de l’avion. Mais bon, il faut bien rentrer… Mais bon, pas aujourd’hui!!! :D
#nz
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yourfredericstuff · 4 years
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ZULMA
Problèmes capillaires chez notre dictateur préféré, Andy, personnage inspiré en partie de Martin Gore de DEPECHE MODE…
“ Andy porte un Chapilie depuis son… accident. C’est une sorte de turban. Je crois qu’il est très vexé. Il fait venir un taxi à midi et va déjeuner tout seul sur le port, à sept kilomètres d’ici. Vers trois heures il rentre par derrière et s’isole pour bosser. Pour mettre ses écouteurs sur les oreilles, il enlève le turban : pas génial, on dirait Dark Vador sans le masque. Je me suis excusé auprès de lui, c’était con d’en rester là, mais il m’a plutôt zappé. Dommage, je l’aurais bien accompagné un coup à Port-Clément. Andy débarquant avec son chapilie rose sur la tête, imagine l’attraction ! Et puis j’aime bien Andy, je ne suis pas une dinde cancanière, moi ! C’est par hasard que j’ai surpris une conversation classée secret défense entre lui et Zulma, sa coiffeuse personnelle descendue exprès d’Allemagne. Ils s’étaient enfermés dans une des salles de bains de l’étage mais Zulma n’est pas discrète, elle a une voix qui porte et de la cour on entendait tout. 
« Ok, elle est complètement déchirée… et c’est un 17 B, on ne fait plus cette couleur maintenant. Je ne sais vraiment pas à quoi tu penses, je t’ai pourtant dit d’en avoir toujours une d’avance avec toi ! Heureusement, j’ai apporté toutes mes soies de réparation… Tu l’as nettoyée avec le dégraissant minute ? Il est génial, non ? On doit pouvoir arranger la chose… Bon, je suis obligée de faire une découpe pour laisser respirer ta cicatrice… Je gèle à mort sur le devant… Reste tranquille, je teste la mise en place. Ça ne tiendra pas une éternité. Quatre-cinq jours maximum, avec de la colle capillaire pour les retouches. Si tu pouvais attendre jusqu’à dimanche pour la poser, ce serait mieux. C’est bien dimanche, la cérémonie ? » 
Des craquements sur le sol : les aiguilles de pin. Je me retourne et aperçois Ian de l’autre côté de la cour. On étouffe un fou rire. Je lui fais signe d’approcher doucement. Il met un index devant sa bouche et me rejoint en exagérant de grands pas silencieux.
« Et donc tu es complètement à court ? Plus un rajout, plus une mèche, rien ? Je te présente les nouveautés ? Maintenant on a le 6 A, c’est le blond le plus clair, blond bébé… non, pas en vrais cheveux de bébés, c’est fini ça, on ne peut plus se permettre. De toute façon, ce n’était que des cheveux d’enfants de plus de six ans, tu imagines bien. Il y a des limites. Là c’est une fibre synthétique mais regarde, hein, tu n’en crois pas tes yeux ! Plus clair ? Comment, plus clair ? Gris alors, blanc ? Il y a le 50… Je peux te faire un 19/50, blanc avec de légères mèches vertes. Non ?… Tu sais ce qui plaît beaucoup ? Le 125/125/18/60. Blond avec des reflets ambrés, une touche de châtain foncé et une touche invisible d’orange… — Peut-être. Oui, c’est pas mal ça, tu m’en mets deux. Et deux blond bébé. Est-ce que tu peux me faire une iroquoise ? — Comme en 97 ? Mais elles ne tiennent pas, rappelle-toi, c’est trop lourd. Si tu fais une vraie iroquoise il faut fixer les cheveux avec du sucre… Quoique en utilisant les nouveaux gels… Une iroquoise un peu courte, ça t’irait ? Genre crête de poule ? On pourrait travailler dans les 37, 27, 70 : les carmins, les violets, les jaunes… »
— J’ai un peu la gerbe, fais-je à Ian.
— Viens, je te paie une glace. (…)
Bonne surprise, Zulma est resté à dîner. Nadège a tenu à m’informer : « Ne sois pas surpris de son aspect masculin, c’est une lesbienne transgenre. » Elle y connaît rien. Zulma est un transsexuel female to male, il est né femme mais devient homme. Pendant le dîner, Andy nous a parlé de ses peintures, des portraits qu’il expose en ce moment à Berlin. Il a dit : « Ses tableaux expriment avec force l’idéal de virilité que Zulma aspire à réaliser ». Il va me montrer son book. Il n’y a vraiment que sa voix qui trompe, sans ça c’est vraiment un mec, super mignon en plus. Et très sympa.
— Les hormones n’ont pas suffi pour altérer ma voix, il va falloir que je repasse sur le billard. Mais il y a un petit risque que je me retrouve muet à la sortie, et ça, ça ne m’arrange pas du tout, parce que je suis une vraie pipelette ! Si je peux me permettre, Magnus… pour ta coiffure, la couleur…
— Oh, tu peux y aller, j’ai déjà eu toutes les coiffures possibles ! Mais avec ma nature de cheveux… j’ai un peu fait mon deuil maintenant. Par contre, au niveau de la peau, du visage…
— Oui, je voulais t’en parler. Il y a un truc tout simple à faire, qui aurait un effet immédiat. Tu as des cils tout plats, ça te donne un regard triste. Pour la couleur c’est facile, la teinture peut être faite en un quart d’heure. La teinture des cils, bien sûr. Mais je pensais surtout à une permanente de cils… Non, ce n’est pas spécialement délicat, c’est un coup de main. Mes collègues ne savent pas la faire, ils ne prennent pas le temps de préparer le client, de le mettre en confiance. La permanente, c’est de l’ammoniac, et avec la chaleur du corps, forcément un peu de produit s’infiltre sous la paupière et ça picote. Il faut rester zen… Si le client est stressé il va contracter les paupières, se frotter les yeux et là c’est la catastrophe, les gars hurlent de douleur ! On a eu une cliente qui nous a fait un procès… Mais avec moi tu peux être tranquille, je te ferai ça en douceur ! 
Tout le monde s’est un peu réconcilié avec ces histoires, sauf Ian qui a passé la soirée à chasser les mouches avec une tapette. À un moment il a essayé de dire qu’il faisait des tableaux lui aussi, mais personne n’a réagi. Zulma nous a fait marrer parce qu’il prenait une bouchée de chaque plat et repoussait son assiette en disant : « Il faut que je me contrôle, il faut que je me contrôle, j’ai tendance à faire de la cellulite ! Pour moi, rien n’est bon ! » Rien sauf la bibine apparemment. Il s’est descendu une bouteille de rosé à lui tout seul, et derrière ils ont pris des digeos avec Andy, ils ont mélangé plein de trucs. Je pouvais sentir leur haleine en face de moi, trop strange, on aurait dit une parfumerie. Ian était déjà sorti de table. Il a pas pris un verre. ”
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