Tumgik
#j’ai rien compris là
laudys83 · 1 year
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Quand t’apprends ce matin que ton bébé a des soucis de santé qui peuvent être très graves
Et que ce soir tu apprends que quelqu’un que tu apprécies beaucoup dans la fandom te trouve - en résumé - cheloue et veut plus te parler
Bah tu craques et tu chiales comme quand t’avais quinze ans et que tu comprenais pas pourquoi tout ce que tu faisais que tu croyais bien était en fait détesté par les autres
Et en plus Milan a perdu
Journée de merde
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merecot · 17 days
Note
Tu penses quoi des manifs d'hier et de leurs revendications ? Personnellement je suis d'accord avec un certain nombre de truc mais...
1) manifester parce que deux meufs (qui ne sont pas au pouvoir et aux dernières nouvelles ne comptent pas l'être) ont écrit un bouquin je trouve ça un peu gros, surtout vu le nombre d'auteurs♂️ qui sortent des livres anti wokisme tous les mois ce qui fait pas vraiment réagir grand grand monde. (Je précise que j'ai pas acheté le livre et je je compte pas le faire)
2) manifester parce que ya des projets de loi pour que les chirurgies de réasignement et les hormones ne soient pas accessibles aux mineurs... C'est un peu toujours pareil, c'est pas le truc dont ils disent que ça n'arrive jamais de toute façon ? Je sais pas pour les autres, mais dans ma ville la plus grosse revendication c'était ça. C'était très "vive les bloqueurs de puberté et les hormones"
Je dois t’avouer que je n’ai pas trop fait attention à ce sujet ces derniers jours et je savais juste qu’il y avait une énième manifs des TRAs. J’ai donc fait pas mal de recherches pour te répondre et j’ai lu la proposition de loi qui a enclenché tout ça et la tribune résultante donc voilà ce que j’en ai compris et ce que j’en pense.
Du coup, la vague de manifestations a été lancée suite à une tribune de Politis en réponse avant tout à la proposition de loi des sénateurs du LR visant à "encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans la prise en charge des mineurs en questionnement de genre".
Alors d’abord quelles sont les propositions du LR ? La plupart de leurs préconisations sont médicales, faisant suite à l’audition de 67 experts français. Ces propositions semblent très honnêtement tout à fait légitimes, en passant par :
“l’évaluation et le diagnostic de la transidentité des mineurs par des équipes pédopsychiatriques de proximité”
la mise en place de prise en charge psychiatrique en première intention (parce que oui, rappelons-le, la dysphorie de genre si elle est réellement présente chez l’enfant est avant tout un problème psychologique)
l’interdiction de la prescription ou l’administration de bloqueurs de puberté ou d’hormones aux mineurs pour traiter la dysphorie sans cependant interrompre les traitements de ceux l’ayant déjà commencé si tel est leur souhait
l’interdiction de la chirurgie dite de réassignation sexuelle aux mineurs voire aux moins de 25 ans (car le cerveau n’a pas fini d’évoluer jusqu’à cet âge là)
mais aussi la création de soins spécifiques pour quiconque voudrait détransitionner.
( Source : https://lesrepublicains-senat.fr/la-transidentification-des-mineurs/)
Donc en somme, rien de choquant, au contraire ! Pour moi cela semble un programme solide qui voudrait accompagner ceux et celles qui souhaiteraient détransitionner et surtout interdire la transition de mineurs pour les protéger d’un processus médical lourd dont il est difficile de revenir en arrière et qui aura un impact sur leur corps et leur état mental tout le reste de leur vie.
Pourtant, les TRAs qui soit disant n’ont aucune intention de transitionner des mineurs mal informés, ne prennent absolument pas ces idées de régulation comme une bonne nouvelle, au contraire.Leurs arguments sont nombreux et tous sans fondements, basés sur une sorte de paranoïa générale mais celui qui m’a fait le plus tiquer est celui-ci :
“Elles [les propositions de loi] s’inscrivent dans une offensive internationale coordonnée de la droite et de l’extrême droite contre le droit à disposer de son corps, visant de façon conjointe les droits reproductifs et les droits des personnes trans, en réponse aux quelques maigres droits trans conquis au début du siècle dans certains pays et à la nouvelle vague féministe. […] La question des droits reproductifs (avortement, contraception, PMA) et des droits liés à la transition sont indissociables puisqu’ils relèvent de la revendication historique de nos mouvements sur le droit à disposer librement de son corps : ils doivent être défendus de façon conjointe”.
(Source de la tribune : https://www.politis.fr/articles/2024/04/attaques-contre-les-droits-trans-et-reproductifs-nattendons-plus-faisons-front/)
L’argument du “mon corps, mon choix” est utilisé absolument de partout en une espèce de réappropriation du mouvement féministe pro-avortement. Ce lien fait très à la légère est tout à fait malhonnête selon moi et montre une incompréhension totale de la revendication au droit à disposer de son corps comme l’entendent les féministes.
Quelles sont donc les revendications de Politis et de ses signataires principaux, dont la CGT, Collages Féminicides Paris, Nous Toutes, le Planning familial, la France insoumise, Les Écologistes – EELV et le NPA (existe-t-il encore un parti de gauche ou une grande asso féministe qui n’essaye pas de nous jeter sous le bus ?) ? La principale est la suivante :
“[…] exige, a contrario, une transition dépsychiatrisée, déjudiciarisée, libre et gratuite pour les personnes majeures et mineures en ouvrant la possibilité de changement de la mention légale de son sexe à l’état civil par autodétermination de son identité de genre”.
(Source venant de la CGT : https://www.cgt.fr/comm-de-presse/mobilisation-du-5-mai-2024-droits-des-personnes-trans-vers-le-droit-lauto-determination-pour-toustes)
Comme tu peux t’en douter j’ai un problème avec à peu près chaque mot de cette exigence de leur part. Mais le fond de ma pensée est qu’il est tout simplement criminel de vouloir que chacun puisse transitionner médicalement et légalement sans aucun test psychiatrique, simplement en les prenant au mot.
Donc en gros je ne suis d’accord avec aucune de leurs revendications, que je trouve malhonnêtes au possible et franchement très dangereuses pour l’avenir de tous les mineurs mals dans leur peau, atteints de troubles psychologiques ou tout simplement homos. (Et en ce qui concerne Transmania de ce que j’ai vu c’était juste une petite note en bas de page dans leurs revendications mais c’est complétement ridicule. Les autrices n’ont aucune ambition politique et malgré leurs récentes incursions à droite elles n’ont aucun réel impact sur la politique de ce pays. En revanche, tu savais qu’il y a un an Zemmour a publié un nouveau livre ? C’est drôle mais je n’ai vu aucune manifestation à ce sujet…)
Merci pour ta question en tout cas ! Et désolée pour la dissertation que je t'ai fait en réponse mdrr.
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uneessencesensible · 2 months
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N°2145 – Dimanche 18 février 2024
Je suis heureuse qu’il soit rentré. Il a compris, je pense, que ce week-end a été dur pour moi. Il n’a pas rechigné à mes demandes de câlins. Il m’a rassurée, beaucoup parlé de son week-end pour me montrer que tout s’est bien passé. Il m’a demandé pour moi, comment cela a été avec mon amie. Ceci dit, mon cœur balançait entre la culpabilité d’avoir ressentir des émotions négatives pendant quarante-huit heures alors qu’il n’y avait rien de mal et la joie de le trouver, de voir que mes angoisses ne sont pas réelles et que j’ai su gérer à peu près mes sauts d’humeurs. Tout s’est stabilisé dans la soirée, pour que je me sente bien. J’aurai aimé dire apaisée, mais ce n’est pas totalement le cas. Ce n’est rien. C’est déjà très bien que je me sente mieux ce soir et que je ne sois pas envahie, encore une fois, de pensées à deux balles. J’ai fait au mieux, c’est l’important. Faire de son mieux, quand on sait que ce ne sera pas à la hauteur de ce qu’on pourrait faire, dans d’autres circonstances. Désormais, je me rappelle du positif, après que la tempête soit passée. Elle est passée grâce à cette idée de me recentrer sur moi-même et de me focaliser sur son retour plutôt que sur le passé. Mon petit cœur va mieux, ma tête se porte mieux, je suis contente. Il est là, on est tous réunis, c’est le plus important.
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selidren · 3 months
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Eté 1916 - Champs-les-Sims
9/15
J'imagine dès lors à peine la tâche de surveillance qui incombe également aux infirmières, qui doivent surveiller les patients de nuit comme de jour. Il parait que Juliette dors peu, qu'elle passe des nuits entières au chevet de certains hommes un peu fragiles.
Transcription :
Mireille « Juliette. On a besoin de monde en chambre 18. »
Juliette « Pour quelle raison ? »
Mireille « Terreur nocturne, j’aimerai éviter de prendre un mauvais coup. Tu n’as rien entendu ? »
Juliette « Je n’ai pas fait attention, je me suis peut-être assoupie. »
Mireille « Assoupie ? Qu’est-ce que tu fais là si… ah c’est lui, je comprends mieux. »
Juliette « Je ne vois pas de quoi tu parle... »
Mireille « A d’autres, j’ai deux yeux qui voient. Tout le monde a compris que tu l’aimes bien ton anglais. Mais de là à le regarder dormir, c’est... »
Juliette « Je ne le regarde pas dormir ! »
Mireille « Appelle cela comme tu le souhaites Juliette. »
Mireille « Bref, tu viens avec moi ? Même si je ne te demande pas vraiment, il est hors de question que j’essaie de maîtriser un grand gaillard en pleine crise toute seule. »
Juliette « Oui, oui bien entendu. Mais je ne regarde personne dormir ! »
Mireille « Bon, calme toi, je te crois ! Mais pense à ranger cette chaise, elle est au bord du lit depuis deux jours. »
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pupurpupull · 6 months
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Texte écrit en début d’année pour une revue qui semble en pause/abandon
Il y'a des redondances (résonances ça fait plus classe) avec le petit chapitre “Gâteau de pute” du livre l'etoile de mer car écrit au même moment sur les base des même notes
Voilou
***
Celle qui sort.
La nuit a été ma première et ma seule vocation, le lieu et le foyer de toutes mes rêveries enfantines. Dans la cour de récré se distribuent les rôles du papa, de la maman et j'annonce aux camarades que moi je ne veux être ni le père ni la mère : je suis la jeune adulte, celle qui sort la nuit. On m'assigne le rôle du bébé.
Durant de longues heures passées dans les salles de concert et les trajets nocturnes, ma peau subit les résilles des collants, le vent, la pluie, les tabourets. Le bitume et le béton martèlent la chair de mes pieds. Les salles de concert sont pleines de filles tristes au corps fatigué.
Je flâne entre les toilettes et le bar, je cherche des pièces de monnaie, je vis ma timidité le plus pleinement qu’il est possible de le faire, je trouve une ombre dans laquelle m’asseoir. J’attends que quelque chose se passe et vienne me modifier. Quand je bois suffisamment, j'accepte des mains dans mon slip et des ébats grotesques dans les buissons. La nuit brutalise mon corps et mes organes, elle m’ennuie, me désespère, elle me remplit de rien. Il n’y a rien de plus vide et plus bête que mes nuits. Cela tombe bien : j'aime le vide et j’aime la bêtise. La nuit est mon âme sœur.
Voilà quelques semaines que je me promène avec ce qui ressemble à un petit ami. C’est si rare que je renifle la moindre tendresse. Mon museau sombre dans des coudes, de la nuque, de l’oreille et des mailles de tshirt sans que jamais l’odeur de la mort ne vienne à poindre. Un tel réconfort n'est pourtant jamais gratuit.
Je dis “mon mec” dans les conversations et personne ne réagit. C’est donc que je suis normale ! et donc il est normal pour les gens de me voir faire des choses normales. Personne ne semble avoir compris de quelles horreurs est fait l’amour.
En classe de cinquième j’ai constaté que mes seins tombaient déjà, l'idée d’être aux yeux des garçons un thon intouchable s’est installée dans chaque cellule de ma peau. Les séries TV et les romans ont continué de faire naître divers songes de romances. Je les ai cultivés comme les bactéries secrètes d'un laboratoire hermétique.
Je dis “mon mec” dans les conversations et j’ai le sentiment de répudier mon monde. Le monde des cageots et leurs élevages de moisissures.
Il est 4h30 et mon mec me demande pourquoi on ne rentre pas, qu’est-ce que je trouve ici d'intéressant ? Nous sommes fatigués, je ne sais pas quoi lui répondre.
一 Je suis désolée, je ne veux pas rentrer. Je préfère rester c’est toujours ça qu’ils n'auront pas !
一 Qui ça “ils” ? Moi je vais rentrer toi tu restes ?
Je lui demande de m’attendre et rassemble lentement mes affaires.
Dans le tramway, Un mec met un coup de sac à dos sur ma tête, et mon voisin me défend :
一 Eh ! Oh !
一 Oh la la désolé
一 T'as mis un p'tit coup là ! mais allez c'est pas grave !
Les deux parlent très peu le français. Ils se sourient. Le voisin sort de son sac une barquette cellophanée de poulet Le Gaulois. Il murmure quelque chose qui semble le rendre heureux.
Je prends la main de mon mec avec l’impression de contaminer le monde.
Il me semble que si je rentre (chez moi, dans mon foyer, dans mon lit, dans les bras de mon petit ami) mes progénitures clandestines s’éteindront. J’aimerais que le chauffeur de tramway m’emmène au dépôt et me recouvre d’une vieille couverture sale. Tant que je reste dehors…
Je tourne la clé dans la serrure de mon studio et la nuit se dissout dans une orgie de produit à lentilles et de dentifrice. Sous la couette, mon mec se colle à mon corps que je fige ; il touche une peau que je crispe. «Tu es ma paresseuse préférée». Je simule les modulations de l’endormissement. J'entends l’emballage d’une capote se déchirer et son sexe comprimé de latex se faufile dans l’obscurité menaçante des draps. Je marmonne : «Tu vois, tu as fini par rentrer.»
Ce n’est pas grave, rien n’est grave. Tout est normal et je suis normale. La prochaine nuit me repêchera. Toujours ça qu’ils n'auront pas.
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75zit · 1 year
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… Mon maître rebeux avait décidé que nous allions sortir dans un bar gay, c’est un bar qui organise des soirées à thème. Ce soir là c’était soirée kiffeurs. Bien sûr c’est lui qui avait choisi les vêtements que j’allais porter. Son choix s’était arrêté sur un ensemble survet en cuir vegan, avec un jock strap, des cho7 blanches Lacoste que je portais par dessus l’élastique du bas du pantalon, qui était remonté au dessus de mes chevilles, et ma paire de TN noires. Sous la veste du survet il avait décidé que je ne mettrai rien d’autres qu’un harnais, qu’il voulait que tout le monde voit en ne remontant pas le zip jusqu’en haut.
Quand nous sommes arrivés au bar, l’endroit était gavé de monde, tous sappés dans le thème de la soirée. Je passais devant pour créer un passage à mon maître qui était collé juste derrière moi. Si je suis son soumis à dispo en privé, quand on sort, il me traite face aux gens comme son copain ou un pote en fonction des circonstances.
On est arrivé au bar pour commander un verre et ensuite on s’est frayé un chemin parmi la foule.
Il salua quelques connaissances et trouva un groupe de potes qui étaient installés à un table.
On s’est installés avec eux mais comme il n’y avait qu’une seule place de libre, mon maître s’asseya et me dit de m’asseoir sur lui.
Je kiffes quand il me considère comme son copain et qu’on a des attitudes de couple.
La soirée se passait, on discutais avec ses potes lorsqu’il me dit à l’oreille : « j’ai envie de toi salope, j’ai mon zob bien raide qui se frotte contre ton boule, j’ai envie de te pénétrer maintenant ».
Bien sûr ses paroles m’ont chauffé direct surtout que d’être à califourchon sur lui me donnait envie aussi de me faire ken.
Le pantalon de survet qu’il avait choisi a, en plus de la matière qui est kiffante, une autre particularité bien hot : il a un double zip devant et derrière.
Lui avait choisi de mettre un débardeur blanc qui marque bien sa musculature, une veste de survet adidas chile62 et un bermuda en jean un peu destroy avec des AM90 aux pieds.
Il me dit : « soulève toi un petit peu que je bouge ma queue qui est coincée ». Bien sûr c’est ce que je fît et me réinstalla sur lui quelques secondes après.
Il m’avais tiré par les hanches vers lui de façon à être maintenant assis juste au dessus de son zob que je sentais en effet raide et bien dur.
Tout en continuant à parlait avec le groupe, je sentais qu’il commençait à baisser la fermeture éclair arrière de mon survet mais ne pouvait pas le faire en entier. Là j’ai compris : il voulait que je m’assois sur sa queue bien raide, devant tout le monde, sans que personne ne s’en rende compte et continuer à faire semblant de rien. Le bar était tellement full que personne ne s’en serait aperçu. Je décidais alors de l’aider dans son entreprise, me souleva à peine et discrètement passa ma main sous la table de façon à attraper la tirette du zip et l’ouvrit entièrement.
Je me suis calais à nouveau contre mon maître et doucement tira sur les côtés de mon pantalon de façon à ce que l’ouverture de la fente arrière s’écarte bien. Je pouvais maintenant sentir sa tige bien raide contre la raie de mon boule. J’en avait le vertige et des bouffées de chaleur. Il me dit à nouveau à l’oreille « soulevé toi encore un peu discrètement, fais en sorte que que personne ne remarque rien, je vais te foutre ma grosse queue de rebeux dans ton cul de salope et tu vas t’empaler dessus ». Putain j’avais vu juste, il voulait m’enculer devant tout le monde. Waouh j’en pouvais plus d’excitation. Je me suis donc soulevé discrètement comme si je cherchais quelque chose dans la poche de mon pantalon. Lorsque je sentis son gland contre mon trou bien ouvert, je me suis délicatement assis : fuck mon maître était entrain de me bzer devant tout le monde au milieu d’un bar sans que personne ne s’en aperçoive.
Je kiffais ma race, je sentais des petits coups sec dans ma chatte pendant que nous continuions à discuter. Nous avons continué comme ça pendant un bon moment, tantôt c’est moi qui bougeait mon boule, tantôt lui m’attrapait par les hanches ou passer sa main dans mon dos, sous la veste pour attraper le harnais et tirais à fond pour me niker bien profond. J’étais en extase d’avoir la teub de mon maître dans le boule tout en ayant l’air de rien devant ses amis. Et le plus excitant encore c’était quand de temps en temps il me susurrait des choses à l’oreille comme « Tu la kiff sale tapette la queue de ton maître et te faire bzer devant tout le monde » ou « je vais te féconder sale chienne comme une pute au milieu du bar »… putain c’est clair que je kiffais ça….
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... My Arab master had decided that we would go out to a gay bar, it's a bar that organises theme parties. That evening it was a kiffeurs evening. Of course it was he who chose the clothes I was going to wear. His choice had been decided on a vegan leather overcoat set, with a jock strap, Lacoste white soxs that I wore over the elastic at the bottom of the pants, which was raised above my ankles, and my pair of black TN. Under the overcoat jacket he had decided that I would put on nothing but a harness, that he wanted everyone to see by not raising the zip to the top.
When we arrived at the bar, the place was full of people, all covered in the theme of the evening. I was passing by to create a passage to my master who was stuck just behind me. If I am his submissive available in private, when we go out, he treats me in front of people like his boyfriend or a friend depending on the circumstances.
We arrived at the bar to order a drink and then we made our way among the crowds.
He greeted some acquaintances and found a group of friends who were sitting at a table.
We settled with them but as there was only one free seat, my master sat down and told me to sit on him.
I like it when he considers me his boyfriend and we have couple attitudes.
The evening was passing, we were talking with his friends when he said in my ear: "I want you bitch, I have my very stiff cock rubbing against your ass, I want to penetrate you now".
Of course his words warmed me up directly especially since riding on him also made me want to make myself fucked.
The overcoat pants he had chosen have, in addition to the material that is cheeky, another very hot feature: it has a double zip on the front and back.
He had chosen to put on a white tank top that marks his musculature well, an adidas chile62 overcoat jacket and a slightly destroyed denim bermuda shorts with AM90s on their feet.
He says to me: "lift yourself up a little while I move my cock that is stuck". Of course, that's what I did and resett down on him a few seconds later.
He had pulled me by the hips towards him so that I was now sitting just above his zob that I felt indeed stiff and very hard.
While continuing to talk with the group, I felt that it was starting to lower the back zipper of my survet but could not do it in its entirety. There I understood: he wanted me to sit on his hard dick, in front of everyone, without anyone realising it and continuing to pretend nothing. The bar was so full that no one would have noticed. I decided to help him in his business, barely lifted me up and discreetly passed my hand under the table so as to grab the zipper and opened it completely.
I fell against my master again and gently pulled on the sides of my pants so that the opening of the back slot moved away well. I could now feel his hard cock against the ray of my ass. I was dizzy and hot flashes. He says to me again in the ear "lift yourself up a little more discreetly, make sure that no one notices anything, I'm going to fuck you my big dick in your slutty ass and you'll stack yourself on it". Fuck I had just seen, he wanted to bugger me in front of everyone. Wow, I could do more excitement. So I got up discreetly as if I were looking for something in the pocket of my pants. When I felt his hard cock against my well-open hole, I gently sat down: fuck my master was bzering me in front of everyone in the middle of a bar without anyone noticing it.
It was fucking so good , I felt small dry blows in my pussy while we continued to talk. We continued like this for a long time, sometimes it was me who moved my ass, sometimes he grabbed me by the hips or passed his hand through my back, under the jacket to grab the harness and pulled hard to introduce me deep. I was ecstatic to have my master's dick in the hole while looking like nothing in front of his friends. And the most exciting thing was when from time to time he whispered things in my ear like "You like your master's dick and make you fucked in front of everyone" or "I'm going to fertilise you bitch like a whore in the middle of the bar"... damn it's clear that I liked that....
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Philosophie, dialectique et psychanalyse
Pour peu que nous considérions le terme de perversion dans son acception originelle de détournement, de déviation d’une tendance par rapport à son but dit "naturel", nous partirons du «déni de la dimension du sujet à proprement parler», pour opposer:
• aux philosophies "perverses" car elles font l'apologie de l'individu compris comme un être corporel, vivant, allant de soi, incarné dans un "monde" conçu comme le lieu "naturel" de son inscription (un monde dans lequel il entretient des rapports avec les autres)…
• la philosophie authentique, qui est celle de l'hystérique, celle inaugurée par Socrate, dont la caractéristique principale est de partir d'emblée d'un sujet travaillé intérieurement par son «manque-à-être», un sujet divisé par la question de savoir:
1/ ce qu'il est pour le désir de l'Autre et
2/ ce que l'Autre semble attendre de lui ;
un sujet véritablement sujet, assujetti donc, ne pouvant se concevoir a priori que dans le retrait subjectif, une radicale extériorité par rapport à la prétendue réalité dite "objective".
Ainsi, l’homme, l’être, l’individu, la personne, le da-sein, le sujet… ce sont des mots qui chacun définissent un certain horizon de sens. Et de non-sens.
• Dans la tradition philosophique pré-lacanienne, ce qui s’appelle sujet (cf L’herméneutique du sujet de Foucault) n’est pas en soi sexualisé, la "sexualisation" c’est quelque chose qui se passe au niveau empirique, contingent, pour cette pensée, il y aurait ainsi d’abord un sujet, et ensuite interviendrait sa sexualisation…
• Dans la théorie psychanalytique, c’est l’inverse, c’est la sexuation (la coupure) qui est la condition formelle a priori de la constitution d’un sujet, raison (entre autres) pour laquelle le sujet de l’inconscient, le sujet de la psychanalyse, est toujours a priori un sujet divisé, un sujet clivé, un sujet barré, inconsistant, qui se note $ (S barré).
Le $ujet c'est tout le contraire d'un individu, puisque l'indivision est le contraire de la division.
Le sujet de l'inconscient, qui n'est autre que le sujet du Cogito cartésien, non transparent à lui-même, comme l'a démontré Lacan, est rigoureusement exogène à l'univers des statistiques, et n'a rien à voir avec les élucubrations universitaires pseudo-égalitaristes abstraites des Gender Studies ou des études de marché. «La science est une idéologie de la suppression du sujet» note Lacan…
Le sujet de l'inconscient ne parle pas "directement", mais ça parle de lui dans le strict cadre de l'énonciation productrice d'un énoncé, et c'est seulement par là qu'il s'appréhende, notamment par la médiation du psychanalyste capable d’en entendre quelque chose dans une écoute dite "analytique", ce qui implique le recours à la dialectique.
La dialectique consiste à repérer le point commun dans ce qui constitue a priori les oppositions dans leur apparence inconciliable.
Dans le cas du jugement esthétique (par exemple: qu’est-ce que le Beau?), nous avons:
- le premier temps (thèse) qui est celui du jugement dogmatique: ce qui est beau, c’est ce que je connais déjà comme objet que je trouve beau
- dans un deuxième temps (antithèse), je me rends compte que c’est la culture spécifique du sujet qui prédétermine ce qui est beau pour lui, et j’en arrive donc au jugement sceptique qui aboutit au relativisme culturel: tout se vaut, il n’y a pas de beau en soi, chacun sa vérité…
- le troisième temps (synthèse) permet de poser le problème de manière différente, le jugement dialectique permet de saisir le point commun entre les deux temps précédents: dans les deux cas, le beau semble dépendre de quelque chose d’externe au sujet, cependant si je ressens un plaisir esthétique, ce n’est pas dans l’objet extérieur qu’il s’agit de chercher les critères décisifs du beau, mais bien chez le sujet lui-même.
Or s’il y a plaisir (esthétique) c’est qu’il y aura eu un désir (subversion du sujet et dialectique du désir), si j’ai du plaisir à boire, c’est que j’aurai eu soif, le plaisir de boire présuppose la soif (sauf pour les boit-sans-soif...) car nous dit Spinoza, nous ne désirons pas une chose parce qu’elle est belle mais nous trouvons des choses belles parce que nous les désirons.
La synthèse au plan dialectique intègre donc les deux propositions qui précèdent (thèse et antithèse) et reprend la position de l’antithèse mais en lui faisant faire un pas de plus, le pas décisif, qui consiste à réintégrer le sujet de l’énonciation dans son énoncé.
Le problème s’en trouve déplacé et ne se pose plus de la même manière, la question ne peut plus se poser comme «qu’est-ce que le Beau» mais: «qu’est-ce que, toi, tu appelles le Beau?»
C’est la manière de questionner propre à Socrate qui fait passer la question du plan objectif «qu’est ce qu’une chose?» au plan du sujet «qu’appelles-tu, toi, cette chose?», rappelant que ce sont toujours à des mots que nous avons affaire a priori, et que chaque sujet est à considérer dans sa singularité absolue.
Voilà pourquoi Lacan considère Socrate comme le premier psychanalyste («l’hystérie géniale de Socrate») et Hegel comme «le plus sublime des hystériques»...
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lepalaisdeslarmes · 9 months
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Fatih
Plus que jamais, Fatih profita de sentir ton parfum, la sensation de ta peau blottit entre ses bras. Pendant votre séparation, il aurait été prêt à se damner pour ne serait-ce qu'un instant, être à nouveau ainsi. Il te serra comme rarement. - Toi et moi, moi et Orhan...On ne rattrapera jamais ce temps perdu, malheureusement. La chose qu'on peut faire, c'est savourer chaque seconde les uns avec les autres. Et, anéantir mon père avec ce qu'il n'a jamais su apprécier. Il vint déposer un baiser sur le haut de ton crâne avant de se détacher pour défaire sa cravate, pensif. L'homme fronça les sourcils, comme à chaque fois qu'il avait une idée. Il murmura ensuite " la famille...". - Il me semble qu'il te reste des vacances niveau soldes. J'aimerais qu'on parte en Turquie, le mois prochain avec le petit. La première raison est que je veux profiter de vous deux et lui faire découvrir ses racines... Mais, faut aussi que je retrouve les miennes. J'ai très peu de souvenirs mais Il a coupé le contact de manière violente avec mes tantes et grands-parents. Personne n'a jamais compris. Dernièrement, mon géniteur les a évoqué en les qualifiant de " gênantes pour l'entreprise". En tant que personne qui sommes nous aussi pas à la hauteur de lui, on devrait peut-être se pencher sur leur cas. Qu'en dis-tu? Il avait eu l'idée des vacances bien avant de se rappeler de l'existence de sa famille paternelle. Fatih redoutait la fin de ce week-end malgré tout et pouvoir s'imaginer en Turquie avec toi était un élément pour le rassurer aussi.
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- C’est certain, mais maintenant que tu es là, hors de question de te maintenir à l’écart de la vie de notre.. fils. La brune pince ses lèvres entre elles brièvement avant de te regarder faire, un petit sourire en coin. Cependant elle fronce les sourcils à cette proposition. C’est une bonne idée. - Tu crois ? J’ai perdu le compte sur mes vacances je dois avouer, enfin... Ça serait bien d’aller rendre visite à nos famille, ça leur fera plaisir de voir le petit. A vrai dire, Efsun n’avait rien dit à ses tantes concernant sa grossesse le sujet était bien trop douloureux. Et comment expliquer ta disparition ? Enfin fausse disparition pour le coup.  Revenant à elle, elle te regarde, surprise. - Gênantes dis-tu ? Qu’est-ce qu’il veut cacher à tout prix ? Est-ce que ta famille pourrait savoir quelque chose ? Peut être que cela vaut le coup d’aller là-bas et mener une petite enquête. Bon au moins vous serez loin de tout, et vous pourrez profiter tranquillement.
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De Julian à Kieran
CORRESPONDANCE PRIVÉE : TOUTE DIVULGATION ENTRAINERA LA PEINE DE MORT
De la part de : Julian Blackthorn de Blackthorn Hall
A l’attention de : Kieran, Roi de la Cour des Ténèbres
Eh bien nous sommes revenus de la Cour des Lumières. Bonne nouvelle : nous avons la pelle à poisson. Mauvaise nouvelle : nous n’avons pas appris grand-chose et nous avons éveillé beaucoup de soupçons. Mais je serai ravi de te raconter le déroulé des événements, en espérant que ça te soit utile. J’espère aussi que tu considèreras que c’est un échange équitable contre la faveur que tu dois maintenant à un phouka. (Je suis quasiment certain que cette faveur impliquera de te demander d’acheter un chapeau.)
Nous étions assez nerveux à l’idée d’y aller, même avec l’invitation d’Adaon : la dernière fois que nous étions dans le Royaume des Fées, ça ne s’était pas bien passé. Tout n’était que fumée grise, neige, phalènes et terres qui dépérissaient. Tout ça semble être du passé maintenant, le Royaume a de nouveau l’air en pleine santé. C’était l’automne là-bas, et le sol était recouvert de feuilles, toutes rouges et dorées.
Bref, nous avons suivi les instructions d’Adaon et sommes entrés dans le Royaume par un vieux tertre dans le parc de Primrose Hill. Nous nous sommes retrouvés dans une clairière où deux immenses portes en bois émergeaient du sol. Et Adaon était là pour nous accueillir, ce qui était sympathique de sa part.
Mais il n’avait pas du tout l’air content. Il s’est précipité vers nous et nous a avoué qu’il avait dû dire à la Reine que nous venions.
- Il ne se passe pas grand-chose sous son toit, a-t-il ajouté, dont elle n’a pas connaissance. C’est pour cette raison qu’elle a la main mise sur le pouvoir depuis tout ce temps, en partie.
Il avait un regard si misérable qu’Emma lui a assuré que tout allait bien et que nous ne faisions rien que la Reine désapprouverait, ni même dont elle se soucierait. Il a vaguement secoué la tête :
- L’on ne sait jamais ce dont Sa Majesté se souciera. Ni ce qu’elle désapprouvera. Elle m’a prié de vous conduire tous les deux dans la salle du trône dès votre arrivée, et c’est donc ce que je dois faire.
Là, j’ai commencé à être un peu plus inquiet. J’ai rappelé à Adaon qu’il avait garanti notre sécurité. Il a répondu :
- Selon les lois de l’hospitalité, sans parler des Accords, elle ne peut pas vous faire de mal ni vous retenir contre votre gré, si votre but est vertueux.
Mais il a de nouveau secoué la tête.
- Laisse-moi deviner, ai-je lancé. La Reine seule a le pouvoir de déterminer si notre but est vertueux ou non.
Adaon a esquissé un faible sourire.
- Exactement.
Mais il nous a conduit vers la salle du trône.
Le thème de l’automne était tout aussi présent dans cette salle que dans la clairière. Même davantage. Mais ce n’était pas par rapport à la fin de la période de végétation, ni à la tristesse que l’été soit fini. C’était plutôt comme une célébration des récoltes. Ce que je veux dire, c’est qu’il y avait des cornes d’abondance débordant de calebasses, de pommes, de poires, d’épis de maïs. Il y avait des ballots de foin, ce qui est assez drôle parce que personne dans cette salle du trône n’a jamais fait de ballots de foin, crois-moi. Des pixies avec des ailes de papillon ardentes faisaient le tour du plafond.
La Reine était, sans surprise, sur son trône. Elle portait une robe qui était faite entièrement, je te le jure, de scarabées d’un vert étincelant cousus ensemble. Ses cheveux encadraient son visage comme une explosion de flammes rouge doré. Elle n’a plus l’air chétif et décharné, tel que la dernière fois que nous l’avions vue, et elle semblait irradier un pouvoir qui lui manquait avant.
Il y avait les groupes d’elfes habituels dispersés dans la salle – des courtisans, je suppose – commérant, gloussant, assis avec indécence. Donc tout paraissait normal de ce côté-là. Ils nous ont à peine adressé un regard. Ils ont simplement tendu le cou, compris que nous n’étions pas intéressants et repris leur flânerie.
Je m’attendais à ce que la Reine se mette tout de suite à nous insulter, mais elle était en réalité assez cordiale. Pas chaleureuse. Mais pas hostile non plus. Évidemment elle a voulu que nous la complimentions pour la décoration d’abord. Elle a désigné la salle du trône d’un grand geste de la main et entamé la conversation :
- Vous avez choisi une charmante saison pour venir nous rendre visite.
- C’est plus fun que la dernière fois, a remarqué Emma.
- Et pourtant, vous avez choisi de revenir, a commenté la Reine comme si ça la réjouissait, malgré… l’absence de fun lors de notre dernière rencontre.
- Nous n’avions pas vu notre ami Adaon depuis longtemps, ai-je déclaré. Le plaisir de sa compagnie nous manquait.
- Si telles sont vos paroles, a répliqué la Reine.
Je suppose que ça se traduit par « C’est clairement des conneries ».
- Comme vous vous en doutez certainement, je ne suis pas sans savoir que votre frère est le consort du Roi de la Cour des Ténèbres.
- Seulement l’un de ses consorts, a corrigé Emma.
La Reine l’a ignorée.
- Assurément, vous avez anticipé que je vous soupçonnerais d’espionnage.
- Nous ne sommes pas ici pour le Roi de la Cour des Ténèbres, ai-je déclaré, mais plutôt pour nos intérêts à la Cour des Lumières. Notre famille est en effet liée à la Cour des Lumières de plusieurs manières. Comme vous le savez.
La Reine m’a également ignoré.
- Votre meilleure défense, selon moi, est qu’il est si évident que l’on vous choisisse comme espions, que certainement Kieran Kingson (je pense que c’était censé être une insulte envers toi, ou moi, ou nous deux) ferait un choix plus réfléchi.
- C’est bien vrai, est intervenue Emma.
- Eh bien, a lâché la Reine. Racontez-moi une fable. Quelle est la raison de votre venue ?
J’ai pensé que nous n’avions rien à perdre avec la vérité – nous ne faisions vraiment rien dont la Reine aurait dû se soucier. Alors je lui ai raconté toute l’histoire : nous avons hérité d’une maison à Londres, la maison est maudite, nous voulons rompre la malédiction. J’ai insisté sur le fait que ni la maison ni la malédiction n’étaient liées au Petit Peuple. (Je n’ai pas mentionné Round Tom, puisque j’ai pensé que ça nous éloignerait du sujet principal.)
Pour rompre la malédiction, nous devons (entre autres choses) obtenir cette pelle à poisson. Nous avons appris qu’elle était ou avait été la propriété de Socks MacPherson le phouka. Nous sommes venus négocier avec lui pour la récupérer, et nous nous sommes arrangés avec Adaon pour recevoir une invitation parce que nous n’avions aucun moyen de contacter MacPherson directement.
- Tout ce que nous voulons, a continué Emma, c’est faire du troc avec MacPherson pour récupérer la pelle à poisson. Nous pouvons faire ça juste ici, dans la salle du trône, si l’on peut le faire appeler.
La Reine a semblé très intéressée tout d’un coup :
- Vous êtes prêt à régler cette affaire ici, sans jamais visiter la Cour à proprement parler ?
J’ai confirmé que nous partagions grandement le désir de la Reine que nous ne visitions pas la Cour.
Elle a paru surprise, mais elle a appelé l’un des courtisans et lui a chuchoté quelque chose.
- On enverra chercher le phouka, a-t-elle annoncé. Prince Adaon, quand les Nephilim auront terminé leur négociation avec lui, vous les escorterez dehors et leur donnerez congé.
Adaon a répondu par une révérence.
- Et maintenant, a repris la Reine avec un rapide mouvement des yeux, je vous prie de m’excuser, car je vois que l’on me demande.
Nous nous sommes décalés pour la laisser descendre de son trône. J’ai vu qu’un homme était entré. Je ne l’ai pas reconnu, mais c’était clairement quelqu’un d’important : il était vêtu complétement différemment de toutes les autres personnes. Au lieu de la tenue appropriée pour la Cour, il portait une cape à capuche gris-vert, et son visage était dissimulé par un masque en forme de tête de faucon. Ses vêtements étaient plus appropriés pour la chasse en forêt que pour autre chose, mais ils étaient parfaitement propres. Je ne savais pas quoi penser de lui. Mais je me suis dit qu’il valait mieux inclure sa description. Tu m’as dit de faire attention à tout ce qui pouvait être nouveau ou discordant, et je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il l’était.
Nous avons attendu en discutant avec Adaon pendant quelques minutes avant que Socks MacPherson n’arrive. Nous avions déjà rencontré quelques phoukas avant – l’un d’entre eux est le portier du Marché Obscur de Los Angeles, comme tu t’en souviens peut-être – et j’avais pensé que MacPherson serait comme eux, mais non, c’est un type complétement différent. Il portait un immense chapeau rond en fourrure d’où dépassaient ses oreilles. C’était beaucoup pour un seul chapeau.
Il semblait surpris que la Reine nous ait laissés seuls. Il a affirmé qu’il était désolé si nous avions été tourmentés outre mesure à cause de lui. Je lui ai précisé qu’elle avait probablement eu l’intention de nous surveiller de son regard menaçant mais qu’elle avait dû partir à l’improviste. MacPherson a haussé les épaules :
- Elle croit que tout est un mouvement dans sa partie d’échecs à cinq dimensions. Mais parfois, quelqu’un veut simplement m’échanger quelque chose contre un ustensile de cuisine. En parlant de ça, j’ai la pelle à poisson.
Il avait avec lui une sorte de sac fourre-tout dont il a sorti la pelle. Tout de suite, le Détecteur de Fantômes a sonné bruyamment. MacPherson a sursauté et est allé se cacher derrière l’un des groupes de courtisans. Mais nous voyons toujours son chapeau. (Et ses oreilles qui tremblaient au-dessus du chapeau.) Alors nous nous sommes approchés et lui avons expliqué que c’était simplement un outil qui détectait les objets maudits que nous recherchions, et que le bruit était une bonne nouvelle puisque ça confirmait que la pelle à poisson était bien celle que nous recherchions. Puis les courtisans nous ont éloignés ; nous les empêchions de reprendre leur important badinage.
Socks a grommelé, c’était à parier, ce « minable Spoon » lui avait donné une pelle à poisson maudite.
- Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté ce marché, a-t-il poursuivi. Je n’en ai même pas l’utilité. Je suis végétarien.
Il nous a enfin demandé ce que nous avions à offrir, nous lui avons annoncé que c’était une faveur de ta part et avons expliqué en quoi nous étions qualifiés pour offrir une telle chose. Il a trouvé l’offre acceptable et nous avons ramené la pelle à poisson à la maison.
En résumé : Sock MacPherson est protégé par la Cour des Lumières mais n’a pas hésité une seule seconde à accepter une faveur de la Cour des Ténèbres. La Reine reste méfiante, elle avait des soupçons sur nous. Mais il faut aussi s’en méfier parce que son comportement était étrange. C’est certain que la Cour des Lumières cache quelque chose, étant donné que la Reine a été extrêmement soulagée au moment même où elle s’est rendu compte que nous n’allions pas quitter la salle du trône pour aller jeter un œil à la Cour. Mon intuition, qui n’a pas vraiment de fondement, c’est qu’elle ne cache pas quelque chose, mais bien quelqu’un – s’il s’agissait d’un objet, sûrement pourrait-elle le cacher quelque part où nous ne pourrions pas le voir ? Mais ce n’est qu’une impression.
C’est tout. Je te suis infiniment reconnaissant, comme toujours, pour toute ton aide. Je suis sûr que tu t’attendais à plus d’informations que le contenu de cette lettre, mais j’espère que tu y trouveras une utilité.
Embrasse Mark et Cristina pour nous. Nous t’embrassons également. Et surtout, gloire à Kraig.
Julian
Texte original de Cassandra Clare ©
Traduction d’Eurydice Bluenight ©
Le texte original est à lire ici : https://secretsofblackthornhall.tumblr.com/post/688227415184588800/julian-to-kieran
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luma-az · 9 months
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Pour bien commencer, ma petite journée...
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 29 août 
Thème : café/dernières fois
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C’est fini, j’arrête le café.
C’est mauvais pour la santé, ça me stresse, ça gêne mon sommeil. Sans oublier que c’est dégueulasse. Je ne peux pas le boire sans rajouter du lait ou du sucre – ou encore mieux, les deux, voir même de la chantilly. Je ne l’aime même pas, le café. Ça va être très simple. Sevrage sec. De toutes manières, je n’en buvais pas tant que ça. Je ne suis même pas sûre que je verrai une différence.
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J’ai envie de mourir.
Le mal de crâne est une horreur. Mes pensées ne sont plus qu’un petit tas de boue vaseuse mollement agitées par le bâton d’un gamin à moitié endormi. Et j’ai moins d’énergie qu’un combat de pokémon entre un coconfort et un chrysacier.
Pitié, que quelqu’un m’achève.
Tant pis, je vais reprendre un café. Il faut que je survive à cette journée, et que je sois opérationnelle pour la réunion. C’est important, c’est pour mon travail ! Et ce sera la dernière fois.
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Bon. Ça n’a pas été la dernière fois, mais je me contrôle maintenant. Pas plus d’une tasse par jour, le matin, histoire de dormir malgré tout. Oui, tant qu’à me limiter à une tasse, on est plutôt sur un mug, voir un bol, mais après tout c’est un classique, le bol de café le matin, et ça n’a jamais empêché personne de dormir, non ? Ça suffira bien.
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Ça n’a pas suffit. Ça n’a pas suffit du tout. Il faut vraiment que j’arrête. Il faut absolument, définitivement que j’arrête. Cette nuit, j’ai dormi trois heures. Celle d’avant, quatre. Celle d’encore avant, quatre et demi. Et la précédente, deux.
J’ai tenu un certain temps, et là je m’écroule.
Ce que je compense avec plus de café.
Donc maintenant c’est bon, j’ai compris ma leçon. C’est triste, il y a des milliards de gens qui vivent très bien sous caféine, ce n’est pas mon cas, il faut que je me fasse une raison. Cette fois, c’est la dernière fois. Promis, juré, craché, j’arrête.
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Je suis une loque essorée jusqu’à la moelle de la dernière goutte d’énergie qui lui restait.
Que quelqu’un m’achève.
Comment fonctionnait mon cerveau, avant ? Il y a bien eu une époque où ce cerveau marchait sans caféine. Je m’en souviens. A peu près.
Plus envie de rien. Tout s’accumule.  Et s’accumule. Et s’accumule…
. Ok, j’ai repris, mais j’étais très stressée ! Et puis une tasse ça ne va pas me tuer. Ce n’est pas de la cigarette non plus !
Cette fois, c’est dit, c’est décidé, c’est la dernière fois.
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jesuisunpantin · 6 months
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Je n'oublierai jamais :
💔
« Lui : - Sois égoïste comme d’habitude
Appel manqué
Moi : - Voilà, je vais juste dodo. Juste pour te dire que je t’aime et voilà.
Lui : - Espèce de cadavre. Merci de me rendre malheureux.
Moi : Merci
Lui : - Je supprime tout ce qu’on a. Salut ouais. »
**
« Lui : - Je suis capable de te détruire juste pour me sentir bien. T’as envie de vivre ça ? Vas-y courage, kiffe-bien. »
**
« Lui : - C’est tout ce que je sais faire, faire semblant d’être intéressant et cultivé alors que la plupart du temps je ne sais même pas de quoi je parle. Et vous, vous l’avalez comme du caviar. Vous êtes tous niais. »
**
« Lui : - Parce que t’es qu’une petite menteuse de merde qui est là pour faire sa victime, mais tant pis. »
**
« Lui : - Je coche mais ta gueule, t’es tellement case couilles, j’ai juste envie de t’appeler pour t’en mettre dans la gueule. »
**
« Lui : Ah mais elle sait, t’as toujours pas compris en fait t’es juste un peu trop conne je crois, elle s’en bat, tu peux pleurer à la fenêtre de sa chambre, elle ferme le volet. »
**
« Lui : - Va lire des trucs de développement personnel pour comprendre pq à 35 ans tu seras seule et aigrie. Y’a pas de mdr, tu me fais pitié. Tu prends tout comme des mots et rien comme des faits, va bosser sur toi-même. »
**
« Lui : - Si t’es pas contente tire toi. Je trouverais une autre salope en manque d’attention.
Moi : - Ah. Merci. »
**
« Lui : - Mais comment je pourrais savoir si tu ne parles pas en fait espèce de chienne, mais c’est bien, considère-moi comme ça, tu verras, tu vas vivre un putain d’enfer. »
**
« Lui : - Si t’étais pas là, j’aurais un 0 de plus sur mon compte. »
**
« Lui : - Je m’en bats ta vie c’est pas un roman, ferme là. »
**
« - Lui : T’as peur que je ressemble un peu trop à ta famille ? T’as raison c’est pas beau. »
**
« Lui : - à quoi ça sert de me dire ça, à part être casse couilles ? Tu veux que je rentre dans la complexité du cerveau féminin et malade ! »
**
« Lui : - Je ne ferai jamais rien pour toi dans ce genre, juste parce que je m’en fous en fait. Comprends le bien. Je ne t’écrirai jamais de poèmes, je ne te ferai jamais une peinture, une musique, une invitation à prendre un pique-nique dans un endroit cool. Et tu sais pourquoi ? Parce que je comprends comment tu fonctionnes maintenant et c’est franchement triste. »
 **
« - Lui : Parce que t’as beau avoir peur d’une addiction, elle fait moins mal que ta vieille gueule si on te laissait bourrée dans la rue. »
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« - Lui : T’es tellement prévisible et peu subtile. »
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«  Lui : - Jamais tu t’affirmeras avec moi, tu vas perdre tout semblant d’égo de confiance en toi et de relations sociales. Tu sais pourquoi ? Je suis un putain de trou noir. ».
**
« LUI : - C’est fini, c’est ça ? Merci Emmy, dis-moi juste si c’est fini, que je puisse y aller, s’il te plait. J’attendrai, Emmy. Réponds-moi. Je suis désolé. Je rends ta vie nulle. Je ne devrai pas faire ça. Te faire ça. Te parler mal, te descendre, alors que tout ce que je veux vraiment c’est être avec toi. Mais j’ai l’impression que je ne peux même plus réparer tous ces dégâts. Pardonne-moi, Emmy, la seule chose que tu m’inspires c’est le plus grand amour que j’ai jamais éprouvé. Je t’aime. Et je te promets de faire des efforts pour ne plus te faire subir mon mal être. J’en peux plus de pleurer. Je ne sais pas quoi faire. Accorde-moi de l’attention, s’il te plaît. Un peu. Je ne te demande pas grand-chose.
Emmy, tu es horrible, réponds. Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu me fais ça ? »
💔💔
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leseffrontesfr · 11 months
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— Hé, cousins, qu’est-ce que vous avez trouvé, là ? C’est quoi ça ? — Téma, ils ont pécho deux rattes ! — Ben voilà, comme les keufs sont en train de criser avec les émeutes partout, nous on allait ratisser le centre commercial, tranquille. Mais les gars de Champigny ils étaient passés avant nous. Tu le crois pas : ils ont déjà tout dépouillé ces rats ! Les baskets, les consoles, les téléphones… C’est abusé ! — Même la bouffe, frères ! Leur mères, elles ont dû faire les courses pour un an, là. Y restait que des trucs dégueus qu’ont pas de goût, pour les meufs qui font des régimes. Et c’est là qu’on les a trouvées : elles bébardaient des galettes de riz, des steaks de soja et des tampons pour leur teuch. — Alors on s’est dit : « On va pas repartir sans rien. On les prend, on verra ce qu’on fait avec. » — Hé, teup, comment tu t’appelles ? — Sandrine. Nous vous comprenons ! Nous sommes contre l’appareil policier au service de l’État bourgeois ! Dès le début du mouvement, nous nous sommes dit : « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? Les marques avec le sentiment de relégation ? Peut-être est-ce à analyser politiquement pas juste sécuritairement ? » Nous vous avons défendus sur Twitter. Poser une question sociale. Recevoir des insultes. Quelle meilleure illustration du problème ? — Bon, ta gueule. Et toi ? — Clémentine. Nous savons que ce qu’il faut calmer, ce sont les injustices, les violences policières, le racisme, la vie chère et les inégalités territoriales. Voilà la condition de l’apaisement. — Ouais, les cousins… J’sais pas si vous avez bien fait de les ramasser. Elles sont prises de tête celles-là. — Qu’est-ce t’en as à foutre ? C’est pas pour les épouser. — Ouais. Clém’, qu’est-ce que tu sais faire de bien ? — Je suis écrivaine éco-féministe et chargée de mission pour la tolérance et… — Elle a rien compris. Et l’autre ? — Moi ? Je suis économiste et directrice des potagers participatifs de… — C’est bon, ta gueule. Faites-en ce que vous voulez de vos dinbous, je m’en balec. Mais allez défoncer le tabac devant la mairie d’abord, avant qu’il soit vidé par d’autres. Et rentrez pas les mains vides ! J’ai envie de cloper, là, et y a plus un magasin d’ouvert.
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uneessencesensible · 4 months
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N°2100 – Mardi 28 novembre 2023
Mon intuition me disait que cette formation allait me faire de l’effet. Je le sentais. Au plus profond de moi. C’est une thérapeute. Ils ont une sacrée approche, que beaucoup n’ont pas ou ne peuvent comprendre et ressentir. Quand on parle de soi, le peu qu’on puisse dire, ils ressentent les choses, comme si c’était inné chez eux.
La matinée s’était bien passée jusqu’à ce fameux moment. Elle parlé du harcèlement, de la journée mondiale qui y est dédiée et de cette vidéo pour l’occasion. Elle a demandé si nous souhaitions la regarder. Sur l’instant, je n’y voyais aucun mal à la visionner. Je pensais surtout être assez forte pour encaisser ça. Cette chose dont j’étais victime pendant des années. Sur quatre minutes de vidéo, j’ai tenu deux minutes. C’est beaucoup, mais je n’aurai pas pensé que l’impact aurait été si fort à mon égard. J’ai tourné la tête, elle l’a remarqué et m’a demandé si je souhaitais couper la vidéo. J’ai dit oui. Je n’ai même pas senti les larmes arriver. Elles sont sorties toutes seules. Libératrice de quelque chose, d’un ressentiment que je gardais au fond de moi.
J’ai géré comme j’ai pu. Quelques temps après, j’ai dû me recentrer sur moi-même. J’ai dû retourner dans ma bulle et je ne voulais pas qu’on me dérange. De base, j’aurai laissé couler, mais la formation n’était pas finie, alors il fallait encaisser le reste. Je lui ai dit à cette femme. Je ne m’y attendais pas. Je ne m’y attendais pas à ce que cela me fasse autant d’effet, puisque j’essaie toujours de me mettre à la page en ce qui concerne les maux de notre société, pour y faire face à mon travail. Le harcèlement continue toujours de briser, de faire souffrir. Il y a encore, et toujours, des personnes qui délient leur langue pour faire mal au plus profond de l’âme. J’en ai vu des vidéos, mais celle-ci a fait écho en moi et cela a réveillé certaines choses.
La coupure m’a fait beaucoup de bien. Les enfants m’ont beaucoup aidé à penser à autre chose. Ils m’ont tous fait un câlin, comme s’ils ressentaient que j’étais peinée.
La seconde partie de la journée à débuter avec un mal de ventre. Une digestion très compliquée, alors que le repas était léger. J’ai mis du temps avant de comprendre qu’il s’agissait d’un mal nerveux. Les effets de la vidéo étaient encore là et je sentais que ce n’était pas fini. J’ai laissé couler, je l’écoutais d’une oreille, mais j’avais hâte de rentrer chez moi. Tout ça, c’était sans compter que nous finissons par parler de la violence. De la violence que les enfants peuvent reproduire, à cause du modèle parental qu’ils ont. Encore heureux, ce ne sont pas tous les enfants, j’en suis la preuve vivante. Je gardais un bon cap, jusqu’à ce que le sujet de la violence des enfants bifurque sur la violence conjugale. Je me contenais. Elle a dit une phrase symbolique, selon moi, qui était « On sait que cette femme se fait frapper dessus et personne ne dit rien ? ». Et oui, je tremblais, c’est tellement vrai. Bien des fois, personne ne fait rien. Que ce soit pour le harcèlement, la violence, l’intimidation, et j’en passe.
J’avais peur d’un dérapage. La boule de chaleur que je vois comme de la rancœur revenait. Comme avant. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas venue me voir et elle ne m’avait pas manqué. Je ne me sentais pas. J’ai eu peur que mes collègues dérapent, disent quelque chose du style « Elles n’ont qu’à partir » ou toute sorte phrase toute faite qui ne rime à rien.
Quand nous avons fait le tour de table, je lui ai dit. Ce sujet-là était le sujet de trop. C’était un sujet qui faisait écho en moi, beaucoup trop pour que je puisse apprécier le moment. J’ai mis du temps avant de partir du travail, tant j’étais chamboulée. J’ai pleuré en rentrant et je suis restée un moment sans rien faire. C’est passé, mais j’ai compris que je n’avais pas totalement guéri de certaines choses. Même après plusieurs mois de thérapie, les blessures sont toujours présentes. Mais à force de travail, j’y arriverai. J’en suis sûre. Je dois me laisser du temps pour tout ça. Cela a été une journée assez dure, pleine de prise de conscience et je dois accepter que ce soit mon passé et que parfois, il refait surface, même quand je ne le souhaite pas.
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norellenilia · 8 months
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Eldarya, A New Era - Episode 19
Originellement publié ici le 24 septembre 2023.
Ya-ha-haaa !
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Après la sortie de l’annonce de l’épisode 20, je me suis dit qu’il était peut-être temps de combler mon retard :’)
Cet épisode fut surprenant, parfois en bien, parfois en moins bien. Il va quelque part, mais il sait pas comment, du coup il y va un peu au pif, et ce au détriment de l’immersion et de la cohérence.
J’ai dépensé 2114 maanas en dialogues et je m’en suis fait voler 1170, oui j’ai toujours le giga seum du prix des tenues, oui je continuerai d’appeler ça du vol.
Allez, en avant Guingamp !
CDC TO : Valkyky des Limbes d’Eldarya CDC ANE : Personne, route de Mathieu
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L’épisode s’ouvre sur un Conseil en stress parce que Hua s’est effondrée lors de la création de la faille, et personne ne sait quoi faire concernant ladite faille, parce qu’on peut pas savoir ce qui se passera en passant à travers, mais bon au moins on a un portail tout frais payé.
Je trouve la réaction de Nevra envers Chrome inutilement brusque, le pauvre bougre refuse l’idée qu’on puisse rien faire et essaie de proposer des trucs, ok c’est pas révolutionnaire et ça ne peut pas fonctionner mais c’est humain d’essayer et j’ai pas trouvé ça si déconnant. Pareil quand juste après Nevra se moque de lui en mode « c’est ça et on va faire vivre les réfugiés sur la plage pour avoir une vue sur la mer quand on sera avalés par la faille » c’est quel degré d’insensibilité ? Au moins Chrome essaie de faire quelque chose et de gagner du temps, lui il fait juste son Sasuke déprimé, là >_>
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Je suis tr0 d4rK et mystérieux
Puis bon au final iels vont vivre dans des champs sur Terre je sais pas s’iels y gagnent au change :’)
Eweleïn nous informe que Hua veut nous voir seule à seule car… Spoiler… Elle va mourir !!!
Je sais, je sais, personne ne s’attendait à ça, quelle nouvelle, quel choc, qui l’eût cru Lustucru etc.
En vrai j’ai toujours pas compris pourquoi la disparition d’Eldarya a autant de répercussions sur elle, oui y’a le côté Peuple Fondateur, les fenghuangs sont les plus faibles des trois, machin, mais dans ce cas-là, à moins qu’on me dise que 90 % des autres fenghuangs sont mort-e-s aussi (elle est quand même censée être puissante parmi son peuple si je ne m’abuse, au point d’avoir été considérée comme la potentielle future phénix pendant des années, donc si elle elle meurt qu’en est-il du pécore de base ?), je pige toujours pas le rapport. En fait, même avec l’histoire des Peuples Fondateurs je suis même pas sûre de comprendre, j’ai pas souvenir qu’ils aient mis leur énergie dans la création d’Eldarya, ils ont juste dit dans le 26 de The Origins qu’ils s’arrangeraient pour que le message du Sacrifice Bleu soit passé à tout le monde ou j’sais pas quoi, donc ??? Pourquoi la disparition d’Eldarya impacterait les fenghuangs s’ils ont rien donné pour la créer ???
Hua nous dit qu’elle a tout fait pour la protéger en tant que future phénix puis en tant que cheffe de la Garde, mais encore une fois ça a rien à voir, le phénix du peu qu’on nous en a dit c’est juste le chef spirituel des fenghuangs avec des pouvoirs stylés mais ça reste confiné au peuple fenghuang, ça a zéro influence sur les autres peuples de faëries. C’est encore pire pour le rôle de cheffe de la Garde, son seul lien avec la protection d’Eldarya c’est de surveiller le Grand Cristal, et la seule que ça a vraiment affectée c’est Erika.
Vraiment je ne comprends pas quel lien on est censé-e-s faire entre la destruction d’Eldarya et la mort de Hua, les deux n’ont aucun rapport, à part cette espèce de fascination sectaire que vous vouez à Hua en faisant dire à Erika que si elle tombe elle entraînera Eldarya dans sa chute etc, mais dans les faits qui nous ont été donnés depuis 49 épisodes, ben je trouve pas la logique. Mais si quelqu’un a l’explication je suis preneuse, hein !
Vient ensuite ce passage extrêmement malaisant qui consiste pour Hua à énumérer tout ce que les joueurs-euses reprochent à ce personnage depuis le début de la saison, à lui faire dire « ui c’était nul dsl » et à avoir le choix entre trois propositions qui reviennent toutes à dire « tkt c’est ok entre nous maintenant » à divers degrés.
Je suis franchement mal à l’aise par rapport à ce procédé : tout ce que je lis, c’est le pôle scénario qui concède enfin que certains points du personnage sont super bancals parce qu’on le dit à chaque épisode qui passe, on nous en fait la liste pour dire « regardez, j’ai pris en compte vos critiques et je reconnais que ce sont des choses négatives que ce personnage a faites et qu’elles auraient dû être traitées comme telles au lieu d’être ignorées et/ou minimisées. » Alors ouais c’est bien de reconnaître enfin que Hua aurait pas dû cacher Lance à Erika, lui cacher d’autres choses (quelles autres choses ???), envoyer Leiftan en mission pour rien, laisser Chù harceler Mathieu, etc. Mais mdr se contenter d’une check-list sur le lit de mort de Hua à un épisode de la fin du jeu c’est pas vraiment le mea culpa du siècle, que ce soit en termes de rédaction ou même pour le personnage. Parce que oui jusqu’à présent, seule l’histoire avec Lance a été évoquée par d’autres persos, et ce probablement uniquement parce que c’est celle qui a le plus été critiquée sur les topics d’avis, et encore on cherchait désespérément des excuses à Hua. Le reste, soit ça a été ignoré, soit ça a été renforcé (le comportement de Chù). Donc bon excusez-moi d’être franchement dubitative sur cette idée de tout caser dans un dialogue larmoyant de Hua à deux doigts de clamser…
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« Au fait tant que j’y pense dsl pour tout ! »
Je serais aussi curieuse de savoir qui lui a reproché d’avoir caché la présence de Lance à Erika et sa façon de gérer la situation après parce qu’aux dernières nouvelles, tout le QG a reproché à Erika d’avoir été en colère et traumatisée et pas respectueuse de la décision de Hua de faire de Lance le chef de l’Obsidienne…
Après en soi, la mort de Hua et toute l’attente autour, les adieux, c’est pas mal fait, je ressens les émotions, mais comme le dit Erika si on choisit de répondre « d’accord je te remercie, » ça fait forcé, comme si le pardon était encore une fois attendu de nous. Au moins c’est même pas la réponse qui fait baisser le LoM, mais je suis curieuse de l’alignement aengel/daemon.
Chù part voir sa sœur et revient peu de temps après avec la terrible nouvelle et une aura étincelante. Elle nous révèle alors qu’elle est le Phénix, le guide des fenghuangs, qui se reconvertit apparemment en guide tout court pour tous les peuples d’Eldarya mais passons.
Il faut un chef maintenant que Hua n’est plus, et je trouve ça franchement drôle de voir le déroulé de la scène avec Nevra qui fait la suggestion, Koori qui le soupçonne de vouloir s’attribuer le rôle de chef, Nevra qui décide d’emblée que Chù sera la nouvelle cheffe et que Koori la remplacera en tant que cheffe de l’Absynthe… Alors d’une, Nevra est le seul bras droit restant de la cheffe (après la mort de Cif), c’est littéralement son rôle normalement de prendre le relai en cas d’incapacité de la cheffe à faire ses trucs de cheffe, et de deux, il agit déjà comme chef, il nomme des gens à des postes et personne ne moufte mdr.
Et de trois, t’façon tout le monde sait que parmi tous les clampins présents dans la salle, c’est probablement le seul à savoir agir comme un chef et guider des troupes…
Il reste maintenant la question de savoir ce qu’on fait : c’est risqué de faire traverser tout le monde sans savoir ce qui se passe de l’autre côté de la faille. Chù et Erika décident qu’elles partiront en éclaireurs pour essayer de négocier un passage en toute sécurité. Erika connecte également ses trois neurones et décide que la meilleure façon de les utiliser est de s’auto-proclamer cheffe des soldats restants de la commanderie de son père. Je sais pas si c’est l’énergie de Nevra qui déclare tout le monde cheffe à tour de bras qui lui a fait pousser des ailes, mais soit.
Y’a aussi une grosse incompréhension du mécanisme d’emprise dans un milieu sectaire comme l’Ordre du Temple du Jardin des Anciens, du coup Erika qui pense que t’façon les gens sont tellement bêtes/dénués de libre arbitre qu’ils suivent l’Ordre sans réfléchir et qu’il suffit de les convaincre qu’on leur a menti pour qu’ils changent d’allégeance, c’est irrespectueux et démontre une méconnaissance totale du sujet. C’est pas étonnant venant de vous mais c’est toujours aussi décevant. Être sous l’emprise d’une personne ou d’une institution ça se résume pas à l’intelligence ou l’incapacité de décider pour soi-même, et s’il suffisait de dire aux personnes « ce qu’on te dit est faux tu t’es fait-e rouler dans la farine !!! » la MILIVUDES croulerait pas sous les signalements.
Sans compter qu’Erika qui se dit « hmmm ces gens sont sous l’emprise de mon père et le suivent aveuglément ? Je vais m’arranger pour qu’ils m’écoutent moi et me suivent aveuglément à la place hihi ! » ça me met mal à l’aise aussi.
On décide également que Papounet sera de la partie en tant que  monnaie d'échange otage. J’avoue que j’ai bien aimé cet échange entre Chrome et Lance x)
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Mathieu et Erika se retrouvent rapidement pour une scène qui n’a pas vraiment besoin que je m’attarde dessus, puis alors que Mathieu est appelé en renfort au refuge, Erika décide que pour passer le temps, elle va se promener et se doucher.
Je me disais bien, ça faisait longtemps qu’on avait pas eu un objectif comme ça :’) Heureusement qu’elle avait pas d’autre choix, genre préparer sa stratégie pour « convaincre » les soldats de lui obéir, ou que sais-je.
Flashback sur l’arnaque de Purriry, et honnêtement je comprends pas le concept, Erika ne porte ses vêtements qu’une seule fois ?? Genre elle dit qu’elle a pris des fringues à Purriry « au cas où » quand elle a pris la robe magique de sœur d’un jour, mais son placard est vide ?? Elle garde pas ses autres fringues ?? Je sais qu’on a cette scène pour avoir une excuse de nous voler l’équivalent d’un tiers du prix de l’épisode, mais dans le jeu ça paraît quand même complètement con.
Also est-ce qu’une énième paire d’ailes en plumes (hyper délavée de surcroît) c’était vraiment vraiment nécessaire ?
Nous retrouvons Chù, Jamon et Papounet à la grande porte, alors que ce dernier essaie d’engager Jamon comme main d’œuvre probablement pas très légale et qu’Erika se contient pour pas lui en coller une. Et ça va être de plus en plus visible mais le meilleur adjectif pour décrire Papounet dans cet épisode c’est « pathétique ». Il est juste couard, il a aucune autorité, et peut-être que c’est pour montrer qu’il se sait en position de faiblesse et qu’il le vit pas spécialement bien, mais ça rentre dans tout ce système qu’on a depuis le début du jeu où les antagonistes ont l’air impressionnants au début, et puis très vite ils ressemblent plus à rien, ils ne font plus peur dans le sens où personne de sérieux ne les voit comme une menace, rien n’est fait pour qu’on puisse ressentir ne serait-ce qu’une once d’empathie pour eux, ou même un simple intérêt, et au final les failles entre les mondes auront constitué une bien meilleure menace dans cette saison que Tenjin, Orgelz et Papounet réunis.
Chù fait ses trucs de phénix et nous traversons la faille pour atterrir dans une version un peu dévastée de la forêt terrienne. Des gros bras armés de gros guns nous accueillent, mais ni Erika, ni son père ne savent qui ils sont ni d’où ils viennent, ce qui ne rassure personne.
Quand soudain, surprise ! C’est M. Muscles qui s’avance, aka Cobra, l’homme de main de Papounet. Sauf que Papounet n’a aucune idée de ce qu’il fout là, et Cobra nous annonce qu’il n’est pas loyal à ce dernier, mais à… Nous ??
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Il est pas trop tard pour reculer, tu sais ?
En voilà une surprise qui n’est pas ironique, pour une fois. Mais que diable fait-il donc là, alors ? Et bien il s’avère que notre ami fait partie d’une organisation au nom onomatopée-esque de BOAE, pour Bureau Opérationnel des Affaires Eldaryennes… Au-delà du nom pas très convaincant, je me demande surtout pourquoi on nous sort une telle organisation d’un chapeau magique à l’avant-dernier épisode. En effet, Cobra nous explique que le BOAE a été fondé par d’anciens membres de l’Ordre du Temple du Jardin de mon Popotin et ont décidé de faire sécession parce qu’ils n’aimaient leurs méthodes, et Cobra travaille pour eux depuis le début et agissait un peu en espion pour essayer de comprendre ce que fichait Papounet avec ses expériences chelou.
On passe ensuite une partie de la scène à essayer de justifier in-game pourquoi le BOAE a l’air finalement aussi désorganisé et mal fichu que la Garde d’Eel. En effet, pour une organisation censée contrer l’Ordre, ils n’ont pas été très efficaces, mais c’est parce qu’ils ont pas de sous. Et si leurs sous sont dépensés dans des armes et des barbelés, bah c’est au cas où ils soient attaqués par des démons sortant de la faille. Si Cobra a jamais pu découvrir ce que fichait Charles (alors qu’il a suffi à Erika de descendre un escalier), c’est que le boss parle pas avec le petit personnel. Chù exprime ses doutes quant au BOAE et à la sincérité de Cobra ? La seule réponse qu’il lui donne c’est « frère j’te jure c’est vrai. »
D’autant plus qu’alors que quand Cobra explique que seuls le BOAE et l’Ordre connaissent l’existence d’Eldarya et que Chù fait remarquer qu’il y a eu plein de sociétés qui l’auraient visitée au cours des siècles, tout ce que répond Cobra c’est que « s’ils ont visité Eldarya c’est que c’était des branches du Temple et ils voulaient toujours coloniser nous on est les gentils qui luttons contre ça de manière 100 % désintéressée et pure et on a jamais eu les sous pour pouvoir y aller nous-mêmes t’façons lol »
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Julien si tu veux qu’on te croie fais un effort stp
J’veux dire, j’ai absolument aucun doute sur le fait qu’il dit la vérité parce que vous êtes jamais subtils et les retournements de veste c’est pas votre point fort, mais dans l’absolu si le mec veut gagner la confiance de Chù et d’Erika il le fait de la pire manière possible, en fait.
Et je suis vraiment soufflée quand Cobra dit qu’ils ne sont sûrs de l’existence des eldaryen-ne-s que depuis la dernière visite d’Erika, ça veut dire que vraiment le mec il a fait un espion de merde s’il a jamais entendu parler des faëries torturés dans les geôles, genre y’a des troufions de base qui en savaient plus que lui rien que parce qu’ils gardaient les cellules ça me fume.
J’aime bien aussi comment Erika dit « nous » en parlant des faëries. Alors oui ok elle en est une et vit à Eldarya depuis genre, allez, deux ans (+ sept ans dans le coma donc bon est-ce que ça compte ?), mais jusqu’à y’a quelques mois elle savait pas se servir de ses pouvoirs, et entre nous je pensais qu’étant donné que son sang d’aengel est aussi dilué qu’un principe actif dans une bille d’homéopathie, ça lui permettrait pas d’avoir des pouvoirs aussi puissants qu’un « pur souche » comme Leiftan, mais bon. Elle m’a brièvement fait penser aux blancs qui se réclament d’une tribu native américaine parce qu’iels ont eu 0,2 % de sang amérindien sur 23andme.
Erika essaie ensuite de convaincre Cobra de pas venir avec des hommes armés au cas où les soldats auraient la gâchette facile à cause de la peur, et insiste qu’un ogre sera moins dangereux qu’un homme armé qui flippe… Et pardon mais je trouve ça fallacieux comme raisonnement, parce qu’un bougre comme Jamon qui panique alors qu’il a une hache dans la main, les soldats auront peut-être des armes à distance contrairement à lui mais dans tous les cas il sera aussi dangereux envers les péquins lambda que le soldat qui fait pan-pan-pziou-pziou parce qu’il a vu un ogre… Je trouve ça malhonnête de toujours partir du principe que c’est les humains qui vont merder alors que des magiciens, des dragons et des colosses armés de haches sont tout autant susceptibles de perdre le contrôle et de causer d’énormes dégâts. On rappelle que Leiftan a tué tous les soldats du sous-sol de la commanderie quand il s’est énervé.
Après qu’on soit clairs, d’un côté comme de l’autre la peur serait une réaction logique, mais du coup c’est ça qui m’embête : qu’on parte du principe qu’elle ne peut venir que d’un seul côté. Quant à Cobra qui nous dit « non mais ces hommes je leur fais confiance je leur confierais ma vie, » Erika a raison de lui dire qu’elle n’en fera pas de même, ça se vérifie quand elle utilise son pouvoir et que les mecs paniquent.
Papounet est ensuite transféré aux hommes du BOAE, et ses plaintes à sa fille pour qu’elle ne les laisse pas l’emmener, ça me rappelle à quel point le personnage est mal ficelé… On dirait qu’il se souvient seulement maintenant qu’elle est sa fille, plus tôt devant elle il dit d’un de ses employés random qu’il le considérait comme son fils, alors que de base il a été construit sur le postulat qu’il voulait retrouver sa fille, il a envoyé Mathieu sur Eldarya pour retrouver sa fille, et une semaine plus tôt il a envoyé ses sbires tirer dans le tas pour aller récupérer sa fille… Et à aucun moment il n’a montré le moindre semblant d’affection envers elle, même pas il n’a semblé blessé qu’elle le rejette, même pas il a fait une Leiftan à essayer de faire croire qu’il se repentait pour la mettre dans sa poche, et là il est juste paniqué et se raccroche à ce qu’il peut.
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Charles élu Papounet de l’année par Daddy Issues Magazine.
Alors peut-être que c’est parce qu’il a trop intégré le délire de « faëries méchants qui piquent énergie céruléenne bouh bouh taper » et que du coup sa fille c’est plus devenu une excuse qu’autre chose pour envahir Eldarya je dis pas, mais pour être honnête, déjà j’ai jamais vu un personnage d’Eldarya être assez travaillé pour que ce soit plausible, c’est triste mais c’est comme ça, et ensuite bah à quel moment on le sait ? A quel moment c’est dit ? Si c’est bien ça la raison de son comportement, ou un autre truc plus profond que « méchant fait méchancetés sans tenir compte du lien familial, » à quand Erika qui dit « je me rends compte que tous ces discours sur le fait de me chercher et de me sauver n’étaient (devenus) qu’une façade, » à quand Charles qui dit « je voulais vraiment te sauver mais j’ai compris qu’eldaryens méchants et donc toi aussi puisque tu veux pas m’écouter » ?
En parlant de points de lore qui me turlupinent aussi, bon Chù se présente comme guide des faëries machin, j’ai déjà commenté dessus, mais je réalise que le rôle de la Garde vis-à-vis d’Eldarya a fini par devenir super flou. On nous l’a présentée comme un équivalent au Mur de Game of Thrones qui accueille tous les reclus et ceux qui veulent changer de vie et la mettre au service de la défense des peuples d’Eldarya. Ok. Mais plus ça va, plus on a l’impression que c’est l’épicentre de tout et la gardienne de la survie de ce monde mais je comprends pas pourquoi. Il y a le Cristal, certes, mais je sais même pas pourquoi la défense d’un truc aussi important a été confiée à une bande de pignoufs aussi désorganisés, déjà, et ensuite genre, quel lien elle a avec tous les autres peuples qu’on verra jamais parce qu’ils habitent à l’autre bout du monde et qu’au final la Garde a zéro influence sur eux et ils ont zéro influence sur la Garde, ‘fin je sais pas encore une fois j’ai l’impression que la Garde a fini par être considérée comme cette espèce d’institution surpuissante qui abrite la Vie, la Mort et le Destin de chacun-e des habitant-e-s d’Eldarya, alors qu’en début de saison 1 on avait plus des vibes d’ONG dont les missions oscillent entre retrouver le chat de la mère Michel et empêcher des villageois d’exterminer leurs voisins.
On commence à penser logistique pour l’accueil des faëries sur Terre. Erika essaie encore de se convaincre que la commanderie est « désorganisée » (t’as vu ça où ? Aux dernières nouvelles, ils étaient assez organisés pour mener des attaques et perpétrer des enlèvements de masse) et que son nom seul suffira à convaincre ces abrutis de soldats assez bêtes pour suivre son père honhonhon. Quant aux réfugiés, qui seraient au nombre de 10 000 environ, il va falloir trouver une sacrée solution, parce que comment caser tout ce beau mon–
« MDR CA VA ÊTRE FACILE ON FAIT FACILEMENT TENIR 10 000 PERSONNES DANS UN STADE ET AU PIRE Y’A LA FORÊT ALLEZ ÇA C’EST RÉGLÉ »
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Après presque 6 mois sans commenter un épisode j’avais presque oublié Erikonne
Alors déjà oui on peut faire tenir 10 000 personnes dans un stade… Assises ou debout, le temps de quelques heures, on parle pas de réfugié-e-s qui vont devoir y vivre au moins quelques jours, en étant optimiste. Quant à la forêt mdr il doit y en avoir la moitié qui a été mangée par la faille qu’est-ce que tu vas faire ??
On a ensuite un gros TGCM (je sais même pas si j’ai déjà explicité la ref mais c’est pour « Ta Gueule C’est Magique ») pour expliquer que ce ne soit pas la panique mondiale suite à l’ouverture de la faille : on a pu éloigner les gueux et ensuite ce ne sera que les rumeurs qui resteront hihi !
Bro y’a toujours des gens qui pensent que les chemtrails, la zone 51 et les cryptides c’est des vrais trucs, à quel moment tu penses que des gens qui auront littéralement pris en photo/vidéo une déchirure de l’espace-temps vont laisser tomber ?? On est à l’ère des réseaux sociaux, pour ce qu’on en sait y’a tout le pays qui est en route pour voir la faille parce que xXenzodu49Xx a posté sa vidéo sur TikTok omg, à moins qu’ils aient mis toute l’armée autour du périmètre va falloir s’attendre à des vagues de curieux.
Encore une fois ça me dérange pas que pour le scénario on s’arrange pour qu’il y ait pas cette vague de curieux qui créerait du drama inutilement, mais bon sang faites des efforts sur les justifications, qu’elles aient au moins l’air de faire semblant de tenir la route…
Après Cobra/le scénario s’embourbe encore dans des explications bancales sur le fait que c’est bon on pourra contenir les rumeurs car nos membres font partie de grandes institutions publiques et ce qu’on entend par « ressources » c’est juste l’argent et ça c’est l’Ordre qui l’a, punaise décidez-vous je commence à en avoir marre, après on ressort les violons sur les humains qui sont pas prêts à accueillir des milliers de créatures de contes de fées, je me répète mais oui ok d’accord mais c’est pas comme si les faëries accueilleraient des milliers de réfugiés humains les bras ouverts non plus arrêtez de faire genre, après on décide que les faëries, qui doivent rester caché-e-s le temps que ça se tasse, seront installé-e-s en plein dans des champs parce que qu’est-ce que ça va être DISCRET mon dieu bande d’abrutis c’est la pire idée du monde, après on apprend qu’on a pas entendu parler d’autres failles pour le moment et pouf on retourne de l’autre côté.
Vraiment cette discussion était beaucoup trop longue, et pas seulement par sa durée.
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Cela dit, cette nouvelle partie commence fort aussi, puisqu’Erika a réussi à ne pas voir que, depuis quelques jours, des afflux de faëries arrivaient à la cité pour traverser la faille. Comment ? Vraiment, comment ??
Ensuite y’a la discussion sur les peuples éloignés d’Eldarya, et ça confirme ce que je disais tout à l’heure, le phénix il a pas un rôle prophétique pour l’entièreté des faëries, y’a plein de peuples qui vivent leur vie sans en avoir quoi que ce soit à faire d’une Garde à l’autre bout du monde, alors pourquoi la Garde est-elle présentée comme un truc aussi important, pourquoi on nous parle du phénix comme guide d’Eldarya, pourquoi pourquoi, tant de questions qui, on le sait maintenant, ne trouveront jamais de réponses, et ça m’énerve.
C’est pareil ils savent pas si Eldarya est ronde, mais bon sang y’a une Garde avec des gens qui viennent d’horizons hyper différents, et dans le tas vous allez me dire qu’il y a pas UN SEUL PEUPLE qui a essayé de savoir ?? Alors que sur Terre y’a 2000+ ans y’a un type qui a mesuré la circonférence de la Terre en comptant les pas d’un chameau ??? Doit bien y avoir des faëries qui ont connu des endroits où on a démontré que la Terre était ronde, ils ont pas conservé ces connaissances en passant sur Eldarya pour les transmettre ????
Ah non lol c’est vrai personne s’intéresse à l’Histoire du coup on note rien et quand on note c’est mangé par des monstres de bibliothèque.
Nouveau TGCM où l’on apprend que d’autres failles se sont ouvertes et que, si Cobra n’est pas au courant, c’est qu’elles donnent sur des endroits peu peuplés de la Terre, écoutez peu importe, essayons de prendre les choses comme elles viennent parce que sinon je pourrais contrer que vu comment Cobra est pas foutu de savoir ce que c’est que l’énergie céruléenne alors qu’il espionnait Papounet j’ai pas confiance dans sa capacité à rassembler des infos.
Retour au Conseil pour faire le point sur la situation, mais à peine avons-nous le temps de finir le topo qu’un gros tremblement annonce que la fin inéluctable d’Eldarya est en train de se produire pour de bon. Pendant que Chù va à la faille, Nevra chez les vampires et Lance à la plage, j’ai choisi d’aller directement à l’infirmerie. Je sais pas si j’ai bien fait, j’ai vu que si on y allait trop tôt Ewe nous envoyait bouler mais là ça avait l’être le déroulement normal de l’histoire mdr.
Je suis partagée sur cette scène. Elle remue beaucoup de choses chez moi, parce que je sais que si j’étais à la place d’Ewe je ferais pas la maligne non plus. Et je la comprends aussi parfaitement quand elle dit qu’elle veut un lieu pour se recueillir, parce que j’ai le même besoin : savoir que la personne est précisément là, que ce soit ses cendres, son corps ou bien l’arbre qui aurait poussé grâce au compost de son corps si cette méthode était autorisée en France. Juste une plaque ou quoi il me manquerait quelque chose et je serais pas bien. La scène pose aussi la question du respect des dernières volontés du/de la défunt-e, et c’est tout un autre sujet, mais ma position c’est qu’on fait au mieux, et au final faut aussi prendre en compte les besoins des survivant-e-s, qui sont bien là, et je ne blâmerais pas quelqu’un qui a fait ce qu’iel a pu pour respecter les vœux, mais qui ne pourra pas tout exaucer parce que ça rentre en conflit avec ses valeurs/ses besoins/ses envies par rapport à son historique avec le/la défunt-e.
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Écoutez c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup ok laissez-moi :’(
Et le truc qui fait que je suis partagée, on en a longuement parlé dans l’épisode 18, c’est qu’on a encore un couple homo qui n’aura pas sa fin heureuse. Comme c’est mieux que je ne me répète pas pour la santé mentale de tout le monde, je vous mets le lien de >mon post sur l’épisode 18< si jamais ça intéresse quelqu’un d’avoir mon avis plus détaillé sur la question.
Je pige toujours pas non plus en quoi Hua a « donné sa vie pour un monde perdu » mais bon yolo ¯\_(ツ)_/¯
Le passage avec les Purrekos est particulièrement pénible et me conforte dans ma détestation de Purriry et de Purral et dans mon adoration de Purreru (et Purroy est ok, je suppose ? x) Le pauvre on le voit jamais) (et je sais pas où est le cinquième, celui qui nous annonce les choix importants en début d’épisode parfois là). Nous apprenons d’ailleurs que… Floppy est toujours vivante !!! Elle est aux bons soins de Purreru, justement, mais cela soulève plusieurs questions :
- Quelle est la durée de vie d’une Musarose ??? - Pourquoi Erika n’a jamais cherché à savoir où elle était ? - Pourquoi Purreru ne lui a jamais rien dit alors que tout le monde savait qu’elle aimait Valkyon ?
Et je vais en parler maintenant parce que c’est dans le thème et que ça m’interroge et m’énerve premier degré, mais maintenant qu’Eldarya va disparaître pour de bon, il y a une autre question à laquelle nous n’aurons jamais de réponse :
ON NE SAURA JAMAIS OÙ ÉTAIT ENTERRÉ VALKYON.
Oui je fais la même vanne depuis 19 épisodes mais je suis sérieuse, je comprends pas pourquoi ça n’a jamais été dit même en passant, en mode « je passai à côté de la tombe de Valkyon à X endroit, » surtout alors que je l’ai mis en CDC !!! On a eu le droit de savoir où s’étaient barrées Alajéa et Coraya, vaguement Ezarel, ici on a le droit de savoir que Miikonne va passer par une faille, mais juste avoir la localisation de la tombe de notre crush c’est trop demander ?! C’est quoi, la justification ? Personne a demandé à ce qu’on aille se recueillir sur sa tombe trois fois par épisode, mais juste avoir une confirmation de savoir où il était, éventuellement un dialogue à choix pour pouvoir aller le voir et c’est bon, déjà qu’elle l’a oublié dès le moment ou elle a foutu les pieds hors du Cristal, vraiment ça me fait rager, surtout dans un épisode avec un personnage qui exprime le souhait d’avoir un endroit physique où se recueillir pour sa compagne, quoi.
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Moi cherchant la sépulture de Valkyky jusqu’au bout
On convainc notre familier de décamper, on presse Karuto et on se retrouve au labo pour une scène qui là non plus ne méritait probablement pas de s’étirer aussi longtemps vu les circonstances, surtout que passer de la musique de panique à la musique de film érotique alors qu’Erika a la culotte qui frétille ça sort un peu de l’ambiance, si je puis me permettre.
Je suis pas contre un instant de romance au milieu du chaos, mais je trouve que ça avait été mieux géré dans l’épisode 29 de TO, pour tout ce qu’il y avait à redire dessus.
Erika ressent le besoin de passer par la Salle du Cristal et y trouve Ophelia, qui nous confirme qu’elle est l’Oracle, si tant est que c’était nécessaire tellement tout le monde le sait depuis l’épisode 1. Elle nous annonce qu’elle ne fait pas partie d’Eldarya, mais qu’elle est Eldarya, et est donc condamnée à disparaître avec elle. Du coup je m’interroge sur la « mort » de la première Oracle en saison 1, c’était quoi le délire, était-ce vraiment une mort ? Parce que sinon ça veut dire qu’Eldarya aurait dû disparaître à ce moment-là ? Du coup qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui lui est arrivé, y’a eu quoi entre ce moment et l’apparition d’Ophelia, wtf, à quoi ça sert de s’inquiéter du lore maintenant t’façon le monde disparaît ¯\_(ツ)_/¯
L’Oracle nous dit alors adieu, nous dit qu’elle est contente de nous avoir choisie, qu’il faut qu’on soit miséricordieuse et magnanime (🙄) et à la hauteur de ceux qui nous ont élue. Je sais pas trop de qui on parle exactement mais tant pis.
Tout s’accélère, Erika rejoint Mathieu et Chù, les derniers faëries traversent la faille, Erika la passe à son tour, et c’est fini.
Eldarya n’existe plus.
Fin de l’épisode !!!
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BON. Alors déjà, je vais juste faire un commentaire sur la musique parce que je sais pas où caser ça.
J’ai trouvé que c’était mal dosé dans cet épisode. Il y a des moments où la même musique passe en boucle pendant hyper longtemps et ça devient redondant, en plus de faire perdre un peu la scène en intensité.
Le bug où le volume se coupe ou baisse d’un coup est toujours présent.
Je trouve qu’à part la scène « romantique, » la partie de fin avec la panique et l’exode est plutôt bien réalisée, même si certaines scènes s’étalent trop, comme si elles se passaient dans un contexte plus calme jusqu’à ce qu’un bâtiment s’effondre ou qu’Erika dise de se presser, comme avec les Purrekos et Mathieu. J’étais investie dedans, et pour le coup le changement de musique à la fin était plutôt efficace.
Dans l’ensemble, si on compare cet avant-dernier épisode de saison avec celui de The Origins, beh c’est pas compliqué d’en déduire que celui-ci est supérieur tant le 29 de TO était un festival de facepalms.
Mais je vais pas mentir, c’est pas non plus incroyable. Le coup du BOAE qui sort de nulle part c’est vraiment le deus ex-machina de dernière minute, et en plus il est franchement pas brillant. Cobra est nul en espion, et les explications pour les faiblesses de l’organisation ne sont pas convaincantes et semblent avoir été trouvées à l’arrache.
J’ai eu l’impression de voir ressortir plein de nouveaux points faibles dans le scénario et le lore, est-ce que c’est moi qui ai vraiment trop décortiqué cette fois-ci ou non, je sais pas, mais ça appuie le fait qu’en plus de pas avoir été aidés par les scénaristes de la saison 1 qui n’ont pas fait le travail pour poser des bases solides, ben en saison 2 y’a pas non plus eu beaucoup d’efforts pour rectifier le tir, du coup beaucoup de choses se contredisent entre les deux saisons et de nouveaux flous apparaissent, et ils ne peuvent pas être compensés par l’amélioration évidente de l’écriture.
Enfin, des questions resteront éternellement sans réponse maintenant que nous savons que l’épisode 20 sera le dernier tout court (enfin nous savons… Quand on fouille le forum pour lire les screens des échanges avec le support parce qu’il y a toujours pas eu de communication officielle sur le sujet… 🙄).
Je sais pas à quoi m’attendre pour le dernier épisode, vraiment pas. Mais je m’attends à du bâclé, en tout cas sur certains points, parce que je vois pas comment caser toutes les résolutions à faire. Peut-être que je me trompe et que le délai d’attente plus long qu’à l’accoutumée va en valoir le coup.
Advienne que pourra, plus que quelques jours avant notre fin de l’histoire d’Eldarya à nous aussi.
A la revoyure !
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16 notes · View notes
lilias42 · 7 months
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Acte 5 de “Tout ce que je veux, c'est te revoir…”
Bon, retour à l'histoire des Fraldarius avec la suite de cette histoire... et retour du running gag "j'avais dis dans le dernier billet que le prochain serait le dernier mais en fait non", il va encore avoir un autre billet car cette histoire fait maintenant 600 pages alors qu'elle était censée être courte. Je sais, moi aussi.
Enfin bon ! On reprend juste après les derniers évènements du dernier billet : Lambert est de plus en plus isolé avec Gautier qui s'allie à Sreng et fait sécession, Ivy et Oswald qui prennent les choses en main de leur côté tout comme Ludovic et les habitants de Fhirdiad, Lambert qui a ce qu'il mérite, et Félix qui a enfin retrouvé Rodrigue et Alix.
Comme toujours avec cette histoire, fans de Lambert, Rufus et Gustave, ou ceux qui voient le Royaume comme un gros bloc monolithique avec tout le monde qui suit le roi sans réfléchir, passez votre chemin. Ils sont très clairement antagonistes dans cette histoire, et Lambert va tomber encore plus bas dans la partie 6 alors, ne vous faites pas de mal en lisant cette histoire. Il y en a plein d'autres qui vous correspondront surement mieux ailleurs sur Tumblr et AO3.
Et comme toujours, coucou à @ladyniniane ! J'espère que ça te plaira !
Lachésis fit craquer sa nuque sur sa monture, épuisée alors que le soleil se couchait derrière Fhirdiad. Sa sœur et elle avaient passé des semaines à courir dans tout le domaine royal pour récupérer les ordinaires, et elles avaient dû arracher les sommes réclamées pièce de cuivre par pièce de cuivre !
« Déesse ! Quelle plaie ! Heureusement que nous étions en mission pour les Blaiddyd sinon, le nom de notre famille aurait été terni à jamais… encore plus chez les nobles qui ne veulent même pas mettre la main à la bourse… râla Thècle, épuisée. Et Déesse ! Quelle mauvaise gestion !
– Nous sommes d’accord, nos petits gèrent mieux leur argent de poche, marmonna Lachésis. Pour les baillis qui ont été nommé par Sa Majesté Ludovic ou quand Nitsa était encore là pour éviter les catastrophes, pas de problème, c’était propre, mais pour ceux nommés par Lambert, je préfère éviter de commenter de peur d’être impolie.
– C’était gérer avec les pieds oui… Nitsa serait morte de honte… comment elle a pu tomber amoureuse d’un homme pareil ? Maman n’avait pas tort quand elle disait qu’avoir donné Héléna en mariage à Lambert, c’était comme donner de la confiture à un cochon, sauf que le cochon à l’excuse d’être un cochon pour mettre ce qui est bon pour lui partout, pas Lambert.
– Fallait surtout demander à Myrina vu qu’elles ne se cachaient rien toutes les deux mais, si j’ai bien compris de mon côté, c’était surtout grâce à l’année à Garreg Mach où ils se sont beaucoup rapprochés… et puis, sur la fin, ça sentait mauvais leur mariage, même elle commençait à se détacher… elle lui a même interdit d’entrer dans sa chambre alors qu’elle accouchait, c’est Myrina qui lui a tenu les mains avec Effrosyni alors qu’elle mettait son fils au monde, ça veut tout dire…
– Ça aurait été mieux si Sa Majesté Ludovic avait pu mettre en œuvre son idée de monarchie élective… et si Nitsa avait eu le temps d’envoyer les papiers du divorce dans sa tête d’ahuri…
– Tout ce qu’il méritait si tu veux mon avis. Il l’a épuisée jusqu’à l’os, » gronda l’ainée, les mauvais souvenirs et la peur pour sa sœur refaisant surface, la voyant perdre des forces de jour en jour, comme une chandelle n’ayant plus ni cire ni mèche. « Nitsa avait toujours eu la santé de maman… je m’en souviens, elle n’était jamais tombée malade… pas une seule fois… mais quand elle s’est mariée… je ne sais pas, c’était comme si Lambert était un vampire et lui aspirait la moindre goutte de sang et de vitalité… elle était épuisée et affaiblie tout le temps… enfin, normal quand elle avait son travail et celui de son mari à faire car, elle devait toujours passé derrière lui…
– Quand on sait ça, ce n’est pas étonnant qu’elle ait eu autant de mal à mettre le petit prince au monde… elle qui voulait tant avoir un enfant…
– Et encore, il ne serait peut-être jamais né si Dame Félicia n’avait pas été aussi prévenante avec elle et Sa Majesté Ludovic aussi soucieux d’elle… enfin, on en reparlera plus tard, on doit retourner supporter « l’ahuri en chef » directement à Fhirdiad… les ramena à la réalité Lachésis.
– Je m’étais contenté de l’appeler « l’ahuri » mais, ça lui va bien aussi. En tout cas, je plains Rodrigue qui a dû le supporter tout ce temps ! Surtout qu’on ne peut pas l’ouvrir avec Rufus ! Râla Thècle.
– S’il croit que je vais la boucler sur la gestion de leurs comptes, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude et continue à s’enfoncer, grogna l’ainée de la fratrie. C’est un gosse immature et irresponsable mais, il va falloir le faire grandir à coup de pied au cul à ce stade. Autant l’un que l’autre.
– Si toi, tu commences à devenir grossière, c’est qu’ils sont fichus. Enfin bon, je propose qu’on passe à la taverne avant d’aller au palais, histoire de voir comment les choses ont évoluées à la capitale. En plus, il est tard, les enfants se couchent tôt.
– Hum… tu as raison, faisons ça, » accepta Lachésis. « Les citoyens de Fhirdiad seront surement plus bavards loin des larbins de Rufus. »
Les deux sœurs se turent en entrant à la capitale, se faisant discrètes, même si les gardes des portes les reconnurent tout de suite. Cependant, ils acceptèrent très vite de ne pas les annoncer – même trop vite – et les encouragèrent plutôt à aller à la taverne dit du père Mercier ce soir.
« On vous jure ! Si vous voulez avoir l’avis de la personne la plus lucide de tout Fhirdiad sur la situation du Royaume, il faut aller là-bas ! Lui assura le soldat avec un gros accent de Dominic, surement un qui avait été levé en masse par Rufus. Vous ne serez pas déçues, croyez-nous ! Et il faut que vous entendiez tout ce qui s’est passé ici ! C’est juste à peine croyable ! »
Les deux sœurs esquivèrent son insistance en jurant qu’elles allaient y réfléchir, même si elles se méfiaient de cette proposition. Vu les antécédents de Rufus, cela pouvait être un guet-apens… mais d’un autre côté, cette taverne était très fréquentée par des soldats de Fraldarius et de Charon, et le propriétaire serait fiable alors, peut-être… elles iraient peut-être avec quelques gardes… surtout qu’elles savaient se défendre, en particulier dans des espaces confinés… et quand elles virent l’état de la capitale, elles se dirent qu’elles n’avaient rien à perdre à connaitre l’avis des habitants…
Les rues étaient sombres et mal entretenues, avec des ordures qui bouchaient les égouts et transformaient la chaussée en mare de boue putride. Les seules personnes bien nourries étaient les rats festoyant au milieu des immondices, et les ratiers chargés de les chasser, même s’ils manquaient très clairement de chat pour tous les exterminer. Sinon, les faces étaient émaciées, creusées par la faim et la fatigue, les yeux vides d’usure après tout ce qui s’était passé ces dernières semaines… le terrain parfait pour le développement d’une épidémie…
« Un seul malade… un seul… et la peste est de retour… c’est pas vrai ! Enragea Lachésis. On avait dit et répété que la somme qu’on laissait à l’entretien des égouts ne devaient pas être utiliser pour autre chose ! On court à la catastrophe ! »
Les deux sœurs passèrent sur la place principale pour voir si rien n’y était placardé, n’espérant même plus que Rufus n’y fasse pas étalage de sa cruauté et de son incompétence. Une grande affiche s’y trouvait bien, juste à côté du gibet où se balançait un corps balloté par le vent, se décomposant déjà. Il aurait dû être dans une fosse commune depuis longtemps… même pas par compassion envers un criminel (et les Charon seraient curieuses de savoir si ce crime en était un aux yeux de la loi ou de ceux de Rufus), juste par mesure de salubrité public histoire que la pourriture ne contamine par l’eau ou les personnes qui passaient à côté… et à la lecture du placard, cela les étonna presque qu’il n’y ait pas plus de monde pendu au gibet… Déesse, Rufus était allé jusqu’à ressortir la réglementation de Clovis ! Heureusement que les juges ne devaient pas la respecter sinon, ce serait une véritable boucherie ! Comment Rodrigue avait pu laisser passer ça ?! Enfin, connaissant Rufus… et si…
« On y va ce soir ? Proposa Thècle.
– Ça me semble plus que nécessaire… » marmonna Lachésis.
S’équipant tout de même d’une armure sous leur manteau et leurs habits de fonctionnaires, ainsi que de gantelets rapides à mettre, les deux sœurs se rendirent à la taverne du père Mercier en compagnie de quelques gardes de confiance. L’établissement était plein à craquer, toutes les tables discutant vivement entre elles, même si le ton se fit plus bas quand leur groupe passaient à portée de voix. Le soldat de la porte les vit passer depuis sa table, sauta de sa chaise et les conduisit au bar où se trouvait le patron de l’établissement, le hélant sans hésiter.
« Eh ! Mercier ! Elles sont là !
– Ah ! Bonsoir mes dames. Je vous sers un verre d’eau ? Leur proposa-t-il simplement. Je n’ai plus rien d’autre.
– Bonsoir, et ne vous en faites pas pour cela, lui assura Lachésis. On aimerait surtout vous poser des questions sur ce qui a bien pu se passer à Fhirdiad, et ce n’est surement pas Rufus qui nous dira la vérité alors, on aimerait avoir la version des citoyens de la ville.
– Elle pourrait parler à l’albinois, il sait de quoi il parle. Et c’est les Charon, elles crachaient aussi sur le Lambert et le connard.
– Hum… je sais pas, il a pas mal toussé… et imagine si…
– Non, c’est bon, ne t’en fais pas, ça ira. C’est juste mes poumons qui sont fragiles… et l’air ambiant en ville ne m’aide pas…
Un jeune homme d’un peu moins de vingt ans sortit de l’arrière-boutique, enveloppé dans une couverture mais, la main qui la tenait était couverte d’encre. Au nom de la Déesse… c’était fou à quel point il pouvait ressembler à Sa Majesté Ludovic dans sa jeunesse ! Lachésis était petite à l’époque du coup d’État contre le roi Clovis mais, elle était sûr que ce jeune albinois aurait pu se faire passer pour le roi à cette époque… le père Mercier se tourna vers lui, le soutenant doucement, prévenant avec inquiétude.
– Fait tout de même attention Ludovic, l’air de Fhirdiad semble être encore plus mauvais pour toi que pour nous autres… ça doit te changer de celui d’Albinéa…
– Oui, il est bien meilleur là où je vivais avant mais, ne t’en fais pas, je peux tenir. On m’a prévenu de votre arrivée, j’imagine que vous êtes les filles de la matriarche Catherine Charon, Lachésis et Thècle, les salua-t-il. Ludovic Hange, albinois et scribe au palais, on m’a beaucoup parlé de vous.
– Enchanté Citoyen Hange, le salua Lachésis à la manière charonis. Nous aurions des questions à vous poser sur l’état de la capitale. Que s’est-il passé pendant notre absence ? On se croirait de retour à l’époque de Clovis ou d’avant les grands travaux d’assainissement.
– Une décision de Rufus, les sommes allouées à l’entretien des canalisations et des égouts ont été redirigés vers le maintien de l’unité du Royaume, et la future expédition punitive contre Gautier… déclara-t-il en s’asseyant face aux deux sœurs, ajoutant en les voyant écarquiller les yeux, elles n’avaient pas dû avoir de nouvelles de la capitale pendant plusieurs semaines. Enfin, commençons par le commencement avec ce qui s’est passé après votre départ…
Ludovic et les fhirdiadais résumèrent les derniers évènements aux charonis, détaillant seulement les éléments les plus importants. À la fin de leur histoire, Thècle passa sa main sur son visage, fatiguée rien qu’à entendre tout ceci…
– Déesse… quelle honte pour Faerghus… il est tellement incompétent qu’il vaut mieux être transformé en loup que de le subir ! Et pauvre Félix quand il va voir son père et son oncle arrivés devant lui en étant des loups ! Et ces méthodes de gouvernement… c’est pas le fils de son père, mais de son grand-père… autant pour Rufus que pour Lambert… c’est une honte d’aussi mal géré ses caisses et son Royaume… qu’est-ce que je dis, il ne doit même pas savoir ce qu’il se passe dans son propre palais alors, dans tout Faerghus, n’y pensons même pas ! Tu m’étonnes que les Gautier se soient barrés chez les srengs ! Et bien en plus si le nouveau margrave a accepté d’espionner le roi pour que leurs émissaires puissent mesurer à quel point il est incompétent ! Et pour qu’il admette nous avoir espionner, il ne doit plus en avoir rien à cirer de Faerghus ! On se retrouve avec le garde-frontière du côté ennemi à cause des conneries de Lambert et Rufus !
– Nous sommes bien d’accord… déclara Ludovic en hochant la tête. J’imagine que la situation dans le domaine royal n’est guère plus reluisante.
– Non… pour résumer rapidement, il n’a plus un sou en caisse dans une bonne partie du domaine royal et on a dû arracher la moindre pièce de cuivre à tous les commerçants et bourgeois vu que Rufus veut des espèces sonnantes et trébuchantes, pas des paiements en nature, sauf si c’est des fournitures militaires. Au moins, on a pu épargner les paysans les plus pauvres qui n’ont pratiquement jamais vu une pièce de monnaie de leur vie mais sinon, on a fait raquer tout le monde, du bailli au commerçant en passant par le curé. Autant vous dire que cela a encore plus sali l’image du roi…
– Et encore Lachésis, ça, c’est pour les ordinaires, image ce que cela aurait été si on avait dû récolter les extraordinaires dans tout le Royaume, lui rappela sa sœur. Là, c’est bon, tout le monde ressortait encore plus les fourches qu’ils ne le font déjà avec les levées en masses d’hommes et de vivres, et on reviendrait à l’époque des Grandes Jacqueries d’avant l’indépendance. On se dirige vers ça de toute manière… enfin, on devait déjà engueuler Lambert mais, on va encore plus lui arracher le crâne…
– Il invoque Héléna pour nous dire de nous calmer comme il l’aurait fait avec Sylvain, je ne réponds plus de rien… ajouta l’ainée. Tenter de le convaincre de parler en invoquant son ami Félix, alors que c’est Lambert lui-même qui a mis la famille de ce gosse en miettes. On va avoir du boulot pour relever le niveau de la capitale… au moins pour éviter que notre sœur soit la femme de l’homme qui a mené Faerghus à sa perte, il a déjà assez souillé sa tombe comme ça…
– Hum… si je puis me permettre, je crois que ce n’est pas la peine de vous démenez pour cette raison…
Les deux sœurs se tournèrent vers une femme de l’âge de Lachésis, proche de la cinquantaine, accoudée au bar alors qu’elle serrait son verre dans ses mains. Un jeune bucheron blessé à la tête s’approcha d’elle, posant sa main sur ses épaules.
– Que veux-tu dire maman ? Tu sais quelque chose en rapport avec la reine ?
– La question, c’est plutôt quelle reine… la femme tourna la tête vers les sœurs et Ludovic, l’air sombre et blasé quand elle annonça. Le roi s’est remarié, ça fait déjà des années à présent. Le petit prince avait trois ans quand c’est arrivé…
Lachésis et Thècle n’en crurent pas leurs oreilles quand cette femme leur annonça une nouvelle pareille. Non… c’était pas possible… leur famille gérait tous les papiers et l’administration du Royaume, ils étaient les gratte-papiers de la couronne depuis des générations ! Ils auraient forcément dû voir les papiers d’un maudit mariage ! Même morganatique !
– Quoi… ne put s’empêcher de lâcher la cadette avant de demander. Comment pourriez-vous être au courant ? Nous n’avons jamais rien vu qui allait dans ce sens ! Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ?
– C’est parce que la Dame numéro deux vivait en recluse, même si elle apparaissait parfois officiellement. C’était Patricia Arnim, la « sœur » de Cornélia Arnim, marmonna-t-elle en faisant des guillemets autour du mot sœur. Hein… connerie, elles sont aussi sœurs que vous et moi. Tout ce qui existe dans le Royaume sur cette femme est faux. Je suis bien placé pour le savoir, j’étais une de ses servantes, et croyez-moi que si la paye était suffisamment généreuse pour que je ne révèle jamais son secret, vu le tempérament de chien de cette femme et comment le roi mène sa barque en ce moment, j’en ai plus rien à cirer. Et comme preuve, je dirais simplement qu’une nourrice normale n’a pas un carrosse attitré pour un voyage dans un autre pays, alors que toutes les autres s’entassent avec les autres domestiques. Elle avait eu le droit à une voiture pour elle toute seule car, elle a tanné le roi pour en avoir une afin de voyager avec plus de confort, et en privé, elle disait que c’était également pour donner plus de travail aux ducs de Fraldarius. Sa Majesté les avait mis dans la confidence pour avoir leur avis apparemment. Ils étaient contre mais, Lambert ne les a pas écoutés, évidemment… Patricia et eux ne s’appréciaient pas de base d’ailleurs, avant que cela tourne à la guerre ouverte après ce qui est arrivé au louveteau de la famille, quand il a failli être brûlé vif par Volkhard von Arundel.
– Patricia Arnim… marmonna Lachésis, pesant les arguments et informations qui arrivaient en essayant de ne pas se laisser influencer par son propre ressenti envers Lambert. Je voie de qui il s’agit et certes, le mariage avec une adrestienne de rang aussi modeste aurait pu être l’objet de contestation. Nous n’ignorons pas que nombre de grandes familles ont voulu succéder à notre sœur mais, malgré cette différence de rang, le mariage avec une roturière n’est pas interdit pour le roi. Cela aurait été d’un ridicule consommé quand le roi Loog lui-même était un fils bâtard ayant passé tout le début de sa vie à gagner sa pitance comme laboureur, et quand la quasi-totalité de ses proches alliés étaient également des enfants illégitimes ayant vécu comme des roturiers et étaient mariés à des roturiers. Même si nos relations avec l’Empire sont tendues, si cette Patricia Arnim a coupé tous les liens avec Adrestia et qu’elle a épousé tous les intérêts de Faerghus, il n’y aurait eu aucun problème à ce qu’elle convole avec le roi, surtout si elle est roturière, ce n’est pas la haute noblesse adrestienne, et Cornélia a rendu de grands services à la capitale et a une position considérable. Ils se seraient mariés de manière morganatique, certes, au moins pour éviter des problèmes de succession avec notre neveu mais, Dimitri restera toujours le premier-né du roi, avec un emblème et sa mère est la fille de la quatrième famille du Royaume en importance, et à octante-quatorze voix près, ça aurait été notre ancêtre Sybille qui aurait été élu reine à l’indépendance. Sa position d’héritier est donc complètement inattaquable, sauf si la nouvelle reine était une fille d’empereur, de roi ou de shah, ce qui ne semble pas être le cas, et qu’elle aurait eu un enfant avec un emblème majeur, ce qui n’est jamais arrivé, la Déesse soit louée. Quel intérêt a autant caché cette union ? Nous l’aurions certes mal pris sur le coup dans notre famille mais, la période de deuil était passé et si elle était digne de succéder à Héléna, nous l’aurions accepté, même si je doute qu’elle le soit si même les ducs de Fraldarius ne l’appréciaient guère. Et vous avez également dit qu’elle n’était pas vraiment la sœur de Cornélia Arnim, c’est exact ?
– Oui Dame Charon, elle prétend être sa sœur pour se cacher, et c’est justement là le problème, c’est qu’elle est une membre de la famille impériale d’Adrestia mais, pas par le sang, par alliance. C’était une ancienne concubine de l’empereur Ionius, Anselma von Arundel, ainsi que la mère d’une de ses héritières, la princesse Eldegard qui a l’emblème de Seiros. Cependant, Anselma a fui l’Empire suite à une crise et des tensions au sein du harem et elle est venue se réfugier auprès du roi. Ils se sont rapprochés et sont tombés amoureux l’un de l’autre, ce qui les a amenés à convoler ensemble. C’est pour ça qu’elle a défendu Arundel bec et ongle alors qu’il a failli brûlé vif un gosse, d’un parce que c’était son grand frère, et de deux parce qu’il avait ramené dans ses bagages la fille d’Anselma, Eldegard, pour la protéger d’une autre période de crise à Embarr et la ramener à sa mère. Sans cette sombre affaire, Sa Majesté aurait même souhaité qu’Eldegard reste indéfiniment à Fhirdiad pour faire plaisir à sa femme.
– Attendez… la coupa Thècle. Vous voulez dire que non seulement, Lambert est marié à une épouse de l’empereur et donc, c’est de la bigamie vue que ses concubines sont attachées à lui à vie, qui est aussi la mère d’une potentielle future impératrice… cinquième dans l’ordre de succession mais quand même, c’est tout à fait possible qu’elle le devienne étant donné que les empoisonnement sont monnaie courante dans le harem… qu’elle est la sœur d’un noble frontalier qui a été exilé à vie de Faerghus après une tentative d’homicide sur mineur avec circonstances aggravantes… qu’elle est ici sous un faux nom et avec de faux papiers, ce qui est complètement illégal… le tout pour la cacher de son premier mari, ce qui est compréhensible aux demeurants vu ce qu’elle a dû vivre mais, on n’aurait jamais pu nier être au courant de sa situation si sa véritable identité était découverte un jour, ce qui aurait été un casus belli de premier choix pour Ionius, encore plus si Lambert refusait de la renvoyer de l’autre côté de la frontière… et en plus, il voulait garder la propre fille d’Ionius, qui a les dents longues comme pas possible, qui ne nous a pas attaqué à son arrivée sur le trône uniquement parce qu’il avait peur de Sa Majesté Ludovic même s’il avait la tuberculose et a dû très vite faire face à de grandes oppositions en interne, dans le Royaume ? Dans son propre palais auprès de son fils qui plus est alors, si Ionius décide dans sa grande mansuétude de ne pas nous attaquer pour retenir sa fille en otage, il se contente de l’enlever, il pourrait enlever le fils de notre sœur au passage ? C’est bien ce que vous venez de nous dire ?!
– Oui, même si tout est au passé, elle est morte dans la Tragédie de Duscur… enfin, c’était bien mérité, elle poussait le roi à y aller… elle s’était éloignée de lui après qu’il ait exilé son frère pour tentative de meurtre…
– …Après qu’on lui ait mis la décision de justice dans les mains pour le forcer à prendre une décision vous voulez dire, la corrigea Lachésis en maugréant, comprenant mieux le bourbier où c’était enfoncé Lambert quatre ans auparavant. On ne l’aurait pas forcé à se décider, il serait encore en train de réfléchir si oui ou non, il fallait exiler un homme qui a tenté de tuer un gosse de neuf ans sans raison. Enfin, si c’était le frère de sa… de sa femme… pas étonnant qu’il ait autant hésité à le bannir, même si c’était une sentence extrêmement clémente pour son cas… nous qui croyons que c’était à cause de son habitude de détester mettre les mains dans la boue et se les salir, c’est encore plus pathétique qu’on ne le pensait… il délègue toujours ce genre de jugement, que ce soit aux Fraldarius ou nous… Déesse, Nitsa doit se retourner dans sa tombe ! Arundel mettait même son fils en danger ! Il aurait très bien pu recommencer et brûler vif Dimitri après avoir été à deux doigts de tuer Félix ! Tout ça pour les beaux yeux de cette femme ?! Et c’était quoi son rapport avec Duscur qu’on en finisse ?
– Et bien, elle a dit qu’elle voulait le suivre en Duscur, et que ce serait l’occasion de renouer ensemble pendant ce voyage… si j’ai bien compris, le seigneur Alix est venu lui voler dans les plumes à ce sujet et le seigneur Rodrigue a aussi tenté de le faire revenir à la raison concernant Son Altesse mais, rien à faire, le roi n’écoutait que Patricia et son frère… alors…
Le bruit du poing de Thècle qui s’abattit sur le comptoir la fit taire, son visage furieux éclairé par son emblème. Elle était hors d’elle… tout… tout…
– Tous ces morts… ma grande sœur… mon petit frère… ma propre fille… mes neveux et nièces, mes beaux-frères et belles-sœurs… nos citoyens… tous ces gens… tous ces gens sont morts parce que cet abruti voulait absolument renouer avec sa femme, femme qui est un risque pour la sécurité nationale au passage, qui a eu le culot de le pousser dans cette direction parce qu’elle n’était pas contente car pour une fois, Lambert a agi en roi et banni quelqu’un de dangereux et encore, uniquement parce que notre famille était sur ces talons avec une Myrina furieuse derrière l’épaule ! C’est ce que vous êtes en train de nous dire ?!
La servante hocha la tête, provoquant encore plus l’ire des deux sœurs. Se reprenant un peu, Lachésis demanda, même si elle ne se faisait guère d’illusion là-dessus, histoire de voir à quel point Lambert avait craché sur tout, autant son rôle de roi, de père et de mari.
– Au moins… est-ce qu’au moins, elle était digne d’Héléna ? Lambert, je n’en parle pas, seule une truie est digne de lui, et se serait insulté la truie de lui imposer un mari pareil mais, est-ce qu’au moins humainement, cette Patricia ou Anselma était digne de la grande reine qu’était ma sœur ? Est-ce qu’elle était digne d’être la belle-mère du fils d’Héléna et a été une aussi bonne mère pour lui que notre Nitsa l’aurait été ?
– Hélas non… au début, ça allait mais, je pense qu’elle était un peu intimidée et encore choquée par ce qu’elle avait fui, elle tentait même de se lier d’amitié avec les Fraldarius. Mais assez vite, sa vraie nature est ressortie… elle était capricieuse, il fallait sans cesse que tout ce qu’on faisait corresponde exactement à ce qu’elle voulait, même si c’était impossible à réaliser. Ça devait être pile ce à quoi elle pensait et ce qu’elle voulait sinon, elle n’acceptait rien, que ce soit sa nourriture, ses vêtements, la décoration de ses appartements ou même la réalité. Les Fraldarius lui disaient souvent non et la ramenaient sur le sol de Fodlan alors, elle ne les aimait pas, point. Et elle était aussi extrêmement jalouse, même des gens qui ne peuvent plus rien lui prendre… je pense que c’est une habitude qu’elle a pris au harem impérial mais, elle ne supportait pas que Lambert parle de sa première femme devant elle, même si c’était au prince, alors que Sa Majesté Héléna est sa mère. Un autre point de friction avec les Fraldarius d’ailleurs, ils ne se gênaient pas pour parler de Dame Héléna devant elle. Donc non, elle n’était pas digne de lui succéder à la place d’épouse de roi… c’est pour ça que j’en ai plus rien à secouer de balancer tout ça, j’ai été chassé sans salaire maintenant qu’elle est morte, c’était une patronne horrible et Lambert fait n’importe quoi, il ne mérite pas que je me taise !
– Cette femme est jalouse au point d’envier une morte ? Et au point d’interdire à son mari de parler à son enfant de sa mère qui ne l’a jamais connu ? Mais achevez-nous à ce stade d’indignité !
– J’ignorais également tout cela, marmonna Ludovic après Thècle, attentif sans rien laisser transparaitre. Enfin, en cherchant un peu, on devrait retrouver ce qui est lié à cette Patricia, Anselma ou peu importe. En tout cas, Lambert prouve une fois de plus qu’il pense plus à ce qu’il veut lui et son entourage proche, qu’à ce dont le Royaume a besoin. Il y a eu un conflit avec l’Empire autour du plateau de Brionnic, n’est-ce pas ? Alors, autant éviter un maximum de donner plus d’argument à Ionius pour convaincre son ministre des armées de nous attaquer, encore moins pour « sauver » une personne ou deux au détriment de milliers d’autres.
– Dans les deux cas, il aura de nos nouvelles dès demain, croyez-nous sur parole, menacèrent les deux sœurs, furieuses et humiliées.
Elles descendirent d’une traite leur verre qu’avait rerempli le père Mercier pour se calmer, puis les remercièrent pour ses informations et de repartirent, elles avaient une longue nuit qui les attendaient, surtout qu’elles avaient bien l’intention de prendre Lambert au saut du lit. L’élément crucial d’une embuscade était l’effet de surprise qui empêchait de s’organiser correctement et de se défendre, faute de renseignement ou de préparation insuffisante.
Cette caricature de roi avait envoyé leur famille à la mort dans une embuscade à cause de sa stupidité, il méritait de se prendre un retour de bâton équivalent.
De son côté, le père Mercier regarda Ludovic poser encore quelques questions à la femme, tout en prenant des nouvelles du bucheron avec qui il avait combattu au marché noir, Tristan, même s’il lui passa une tisane avec un peu de menthe forte trouvée à l’orée de la forêt. L’odeur fraiche lui débouchait bien les bronches, même si c’était mettre un bandage sur une jambe de bois. L’air même de la ville attaquait ses poumons sans pitié, comme s’il les pourrissait à l’intérieur même de son corps… ça devait le faire souffrir horriblement mais, Ludovic ne montrait rien et gardait la tête haute malgré tout…
« Le drame de Ludovic, c’est d’avoir un corps aussi fragile et d’être mal-né malgré son emblème… songea-t-il en lui donnant le breuvage tout chaud. Il serait né dans une grande famille, il aurait fait un excellent seigneur, même s’il aurait eu un règne court si sa santé ne suivait pas… »
Le jeune homme prit le verre en le remerciant, le tavernier décryptant son sourire si discret mais reconnaissant.
« Je vous rendrais votre gentillesse, je vous le promets, » souffla Ludovic une fois ses bronches dégagées.
Le connaissant, le père Mercier n’en doutait pas une seconde.
*
Quand il ouvrit les yeux, Lambert mit un peu de temps à comprendre où et quand il était. Il faisait sombre, la nuit ne devrait pas tarder à tomber et des nuages recouvraient le soleil, plongeant le ciel dans l’obscurité profonde et dans un torrent de pluie démentielle… on se croirait en plein milieu de la nuit…
Une petite flamme s’alluma dans le coin de ses yeux, éclairant tout son monde alors qu’il se rendait compte qu’il était dans la grande salle de Garreg Mach… Héléna la tenait dans sa main, illuminant une table où était assis Rodrigue et Alix côte à côte en se partageant un livre, faisant face à sa première épouse et Félicia ainsi qu’Ivy qui était assis à l’envers sur une chaise, les bras croisé sur le dossier et la tête dessus… c’était à la fois si proche et si lointain… à peine vingt ans pourtant et tant de chose avait changé… Lambert se souvient alors de ce jour-là, à l’académie des officiers… un orage de tous les diables les avaient obligés à passer leur dimanche à l’intérieur alors, en se perdant dans la bibliothèque en cherchant de quoi lire pour passer le temps, les jumeaux étaient tombés sur un recueil de chant de Faerghus. Ils s’étaient donc amusés à chanter les différents airs du recueil une bonne partie de l’après-midi pour tout le monde, une petite troupe finissant par se former autour d’eux pour les écouter. Leur voix avait toujours été magnifique…
La lumière de la flamme éclaira le visage halé d’Héléna, faisant revivre ses yeux d’aigue-marine et sa longue chevelure blonde tressée, notant avec nostalgie et regret qu’elle partageait sa crinière indomptable avec leur fils… son visage était à la fois si semblable et si différent de celui de Patricia… comme éclairé par une chandelle, on ne pouvait que voir son calme, son sérieux et son doux sourire à la fois si rare et si précieux… elle rayonnait force et de santé dans chaque morceau de son être…
« Héléna… »
Le veuf leva la main, la tendit vers sa première épouse, cherchant à se rapprocher de sa douce chandelle qui lui avait réchauffé les mains tant de fois, le guidant sur le bon chemin avec sa lumière rassurante…
Les jumeaux changèrent alors d’air, se mettant à entamer la « Supplique de Fraldarius », même si aucun des deux n’aimaient les hypothèses autour de cette chanson. Ils appréciaient la chanter pour toutes les émotions à l’intérieur mais, trouvait que l’interprétation des érudits autour ne collait vraiment pas à ce qu’ils ressentaient dans les paroles…
« Dans la nuit sans étoile, le vent mugit dans le noir,
Les ronces m’écorchent et m’enserrent en riant,
Les chaines cruelles boivent sans soif mon sang,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon désespoir, »
La voix des jumeaux s’immisça dans ses pensées, les parasitant avec leurs paroles étranges et inquiétantes alors que la flamme dans les mains d’Héléna faiblissait…
Deux yeux bleus d’eau percèrent la pénombre, avant qu’en n’émerge une silhouette longiligne, forte et presque invisible dans l’obscurité, avant qu’il ouvre une gueule écarlate, remplie de longs crocs comme d’immenses croissants de lune, coupants comme des sabres… Lambert s’écria alors, même s’il le reconnut tout de suite, mort de peur pour son épouse.
« Héléna ! Attention ! »
« Dans le froid de l’hiver, la bise se moque de moi,
Tous mes os se figent un par un,
Ils se pétrifient jusqu’à la fin,
Ô dieux, à la lune je ne peux que hurler mon effroi,
Cependant, le loup se contenta de lui donner un petit coup de truffe à la jeune femme, attirant son attention avant de lui montrer un chemin. Sans hésiter malgré sa méfiance naturelle, peut-être parce qu’elle reconnaissait ses yeux d’eau, Héléna le suivit sans hésiter, s’enfonçant dans un couloir sombre avec lui.
Fou d’inquiétude et de peur que ça dégénère après sa crise de colère, Lambert les suivit en courant, essayant de les rattraper mais, quand il sortit du boyau, il n’était plus à Garreg Mach… non… non… il était de nouveau entouré des corps Duscur…
Héléna portait à présent sa longue robe blanche et bordeaux, brodé de son emblème et de l’astre céruléen, ses longs cheveux dénoués battant en silence dans le vent à la fois brûlant et glaciale, portant ses mots étranglés alors qu’elle se baissait vers les morts…
« Nia… Momon… »
Elle se releva, ses gestes saccadés faisant penser à ceux d’une poupée désarticulée, choquée en découvrant d’autres corps portant leur emblème, des visages d’adultes qu’elle n’avait connu que pendant leur enfance, des gardes et des fidèles de sa famille…
« Tous… tout le monde… »
Sa voix s’étrangla d’un coup alors qu’elle s’élançait vers la dernière personne que Lambert aurait voulu qu’elle voie, n’arrivant pas à la rejoindre avant qu’elle ne trouve la tâche bleu roi dans cet océan de blanc et de brun-rouge…
« Oh non ! Dimitri ! »
Héléna se précipita vers lui en enjambant les corps comme elle pouvait, le prenant tout de suite dans ses bras en utilisant la magie de soin, murmurant à leur fils, même s’il ne pouvait pas l’entendre, brûlé et étranglé de fumée…
« Dimitri… tient bon… tient bon… je vais te soigner… Mitsos… »
« Dans le noir des ténèbres, même le soleil cruel est ennemi,
Mes yeux déjà asséchés de larmes brûlent,
À sa vue dont ils ne supportent plus la férule,
Ô dieux, à la belle lune j’hurle, elle est ici ma seule amie. »
Le loup réapparut, s’asseyant à ses côtés en passant sa truffe sur les cheveux calcinés du blessé… Héléna se tourna vers lui, le fixant droit dans les yeux, telle qu’elle était avant sa mort. Sa peau semblait livide malgré son teint halé, des cernes sombres et profondes balafrant son visage, ses longs cheveux hirsutes et cassants comme de la paille… tel que la peste l’avait laissé…
« Tel que toi, tu l’as épuisée… susurra le loup sans qu’Héléna semble l’entendre, cette dernière lui demandant sans hésiter.
– Qui… qui a fait ça à mon fils ?
Sans un mot, le loup tourna alors son regard vers Lambert, retroussant ses babines dans un sourire satisfait quand Héléna se redressa, fixant son mari alors que son visage choqué changeait, s’enflammait de colère, le criblant du regard avec fureur.
« Ô Lune, grande lune si belle qui m’écoute toujours chaque nuit,
Ce soir, malgré les ronces qui m’étranglent et toujours me lacèrent,
Je te hurle mon désespoir, je te hurle ma rage, je te hurle ma prière,
Ô Lune, entend mon sort hurler au fond de cette prison de suie ! »
– Lambert… comment as-tu pu… comment as-tu pu emmener notre fils ici… comment as-tu pu emmener mon fils dans une expédition aussi dangereuse ?! Tu aurais dû le laisser au palais en sécurité ! Il n’avait rien à faire dans une expédition pareille !
– Héléna… je… je te jure que je ne pensais pas que ce serait aussi dangereux pour lui… lui promit-il en essayant de s’approcher d’elle, ouvrant ses bras. J’aurais su, jamais je ne l’aurais…
– Tout le monde t’a prévenu, le coupa-t-elle en se fermant, se mettant entre Lambert et Dimitri, comme pour le protéger. Myrina t’a dit et répété que ce passage était très dangereux et qu’il ne fallait surtout pas t’attarder dans ce piège à rat. Kimon t’a dit que tes lettres étaient mal faites et tes promesses irréalistes alors, il fallait travailler à nouveau avec les ambassadeurs pour trouver des accords plus réalistes mais que dans tous les cas, cela allait abimer nos relations avec Duscur, ce qui incitait à encore plus de vigilance. Lachésis t’a dit plusieurs fois qu’il fallait faire arrêter Kleiman et le mettre sous les verrous afin d’éviter qu’il n’aggrave encore plus la situation, et Thècle qu’elle avait besoin de plus de temps pour examiner son cas pour le juger. Tu as refusé et résultat, il continue à massacrer d’autres êtres humains sur la frontière sans que tu ne remarques rien et avec l’accord de Rufus. Rodrigue t’a répété plusieurs fois à quel point c’était dangereux pour Dimitri de l’emmener, et à quel point ils n’avaient pas le temps de tout préparer correctement pour assurer au maximum la sécurité de tout le convoi, Alix aussi te l’a encore répété avec force. Mais tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains !
– Héléna… je… je…
« Même si je suis prisonnier, je m’évaderai !
Même si je ne suis plus que mon désespoir, je m’en servirai !
Même couvert de chaines, jusqu’à la dernière je les lacérerai !
Ô lune ! Au pire des maléfices je me sacrifierai ! »
Il tenta encore de s’approcher malgré tout mais, sa première épouse enflamma ses mains avant de les serrer en poing, prête à frapper pour défendre Dimitri derrière elle, tout semblable à plusieurs représentations de la Flamme Passionnée, protégeant les siens en s’enflammant elle-même. La douce chandelle semblait être tombé dans l’huile, se propageant partout autour d’eux pour plonger la vallée étroite dans des flammes bleues, embrasant un grand bûcher funéraire pour les morts et un cocon protecteur pour Dimitri.
Lambert paniqua, sentit ses doigts fondre dans cette fournaise de plus en plus infernal, emportant Héléna à qui Dimitri s’accrochait à présent, le laissant seul. Il crut entendre la voix de Patricia au loin, l’appelant vers elle mais, ses appels ne firent que rendre les flammes encore plus fortes, plus cruelles, creusant sa peau alors qu’il tentait en vain de trouver une issue, un passage, une échappatoire… n’importe quoi qui pouvait le faire sortir d’ici !
« Que les dieux qui m’abandonnent me haïssent aujourd’hui,
Car moi la pauvre créature enfermée sort ses crocs acérés,
Même si devenir une bête est le pire des sorts à redouter,
Je suis prêt à en être une pour sortir de cette prison honnie ! »
En levant les yeux, suivant l’origine du chant qui résonnait tout autour de lui, l’homme vit à nouveau le loup le fixer depuis le sommet des ravins, la tête sur ses pattes, souriant toujours à pleines dents en le voyant se débattre, se tortiller dans les flammes en essayant en vain de s’échapper.
« Toi… ! »
Emporté par sa propre colère de la farce grotesque que lui imposait le loup qui avait remplacé son ami, Lambert arriva à trouver assez d’élan pour sauter, attraper le rebord de la falaise et à se hisser là où était la bête cruelle, rien que pour lui faire ravaler son sourire après avoir monté Héléna contre lui. C’était sa faute s’il cauchemardait à ce point ! C’était sa faute si elle était aussi en colère et fatiguée !
Cependant, quand il arriva à se hisser au sommet battu par le blizzard, le loup s’était un peu éloigné, riant toujours à la manière de Foa alors qu’il se relevait, un rire saccadé et malade, comme s’il se moquait de lui, le trouvait pathétique de tenter de l’attraper.
« Reviens ! Reviens et rends sa place à…
– Seulement si tu arrives à me rattraper ! Ghia ! Ghihi ! Ghihihi ! Que la Lune voie qui gagne ! »
Il repartit en riant, tâchant la blancheur éclatante des lieux avec sa noirceur de ténèbres, le forçant à s’enfoncer dans le blizzard. Lambert le suivit comme il pouvait mais, il était bien plus lourd que lui, ses pas s’enfonçant dans la neige épaisse, le noyant presque dans la poudreuse tranchante, alors que le loup courrait à vive allure sur le manteau neigeux et craquant, seules de légères traces de pattes vite recouvertes par le blizzard marquant son passage alors qu’il chantait à nouveau.
« La roue du destin tourne et tourne,
Les routes se mêlent et s’entremêlent,
Les saisons passent et vite trépassent,
On ne reconnait plus rien du tout !
Je cherche mon chemin ! S’écria le pauvre fol,
De quel chemin parles-tu ? Répondit la Lune
Le glorieux chemin que m’a destiné la fortune !
Qu’il est orgueilleux ! Ce pauvre fol est frivole !
Car notre chemin n’est jamais par un autre tracé,
Il est toujours fait de milles et milliers de pas bien décidés,
Il est toujours soigneusement pavé par notre seule volonté,
Tu as toi-même décidé par tes choix de te blesser !
Mon pauvre fol orgueilleux ! Ta pitoyable errance…
…n’est que le résultat de ta propre ignorance ! »
« Tais-toi ! C’est faux et tu le sais ! Je n’ai jamais décidé que tout tournerait ainsi ! Jamais je ne voulais que…
– Mais tu as tout de même décidé que tu mènerais le Royaume à sa perte.
Lambert s’arrêta net, figé en découvrant son père au sommet de la montagne, Areadbhar luisant dans ses mains, en grand habit de monarque, la couronne d’or de Loog ceignant son front, illuminé par la Lune… après avoir rencontré Blaiddyd en personne, Lambert ne pouvait que voir que Ludovic avait exactement les mêmes yeux que leur ancêtre… le loup était là aussi, allongé aux côtés de l’ancien roi, toujours aussi satisfait de lui-même, le narguant toujours… c’était encore plus cruel de sa part en sachant ce que son père allait lui faire remarquer…
– Regarde Lambert, lui ordonna son père en montrant la vallée en contrebas. Regarde le résultat de ton indécision et de tes décisions. Regarde les conséquences de tes actes.
Bien obligé d’avancer, l’homme obéit et regarda au bas de la colline. Tout était sombre, tout était plongé dans le noir sans aucun soleil à l’horizon… comme sans lendemain… il n’y avait personne aux alentours, juste des ombres indéfinis, comme vidé de toute vie…
– Non… il y a encore de la vie en Faerghus… on arrivera à se relever… on…
– Tu répares ce que tu as brisé toi-même, répliqua Ludovic avec sa voix froide, serrant Areadbhar entre ses mains. J’avais laissé derrière moi un Royaume sain, prospère après tant d’année de guerre et de terreur… toute ma vie, j’ai travaillé afin que le règne de mon père ne se répète pas… que tant de personnes ne subissent pas à nouveau de telles atrocités…
– Mais je n’ai jamais voulu faire le moindre mal à mes sujets ! Je ne les ai jamais entrainés dans des guerres sanglantes !
– Non, en effet. Mais tu méprises leurs vies tout autant que lui, bien que ce soit de manière différente. Clovis se moquait éperdument de la vie des autres, seule la sienne comptait, et il les envoyait à l’abattoir sans hésiter ou remord. Toi, à cause de ton inconscience et de ta naïveté, tu agis sans prendre en considération les risques qu’encours tout le monde, car tu es persuadé que tout se passera bien et que sinon, ce sera possible de réparer ce que tu as brisé, alors que rien ne peut rendre une vie perdue ou réparer cette absence… le tout en écoutant de moins en moins les voix qui s’élevaient contre toi et te conseillaient d’être plus prudent, et en n’écoutant que les personnes qui ne cherchaient qu’à profiter de la situation… souffla-t-il en passant sa main sur la tête du loup, avant de le fixer droit dans les yeux. Et vois où tout ceci t’a mené… mon plus grand regret est d’être mort aussi tôt, trop vite pour t’empêcher d’accéder au pouvoir. Tu n’as pas les épaules pour être roi, tu n’es pas fait ni digne d’une telle tâche, » sanctionna-t-il alors que du sang tuberculeux coulait de sa bouche, comme quand il retenait ses toux avant de mourir, mais il restait malgré tout droit et ferme, seuls ses poings tremblant de colère. « À cause de ma propre faiblesse, j’ai laissé le Royaume entre les mains d’un inconscient qui a tout détruit sur son passage en étant persuadé de bien agir, et cela l’a conduit à sa ruine. Le Royaume est meurtri par le deuil, la colère et le ressentiment, la faim le gangrène, la maladie guette dans la pénombre, attend son heure pour tourmenter encore plus notre peuple… il se délite même, Gautier est déjà en train de faire sécession vers Sreng où ils ne seront plus obligés d’obéir à tes ordres lunaires, et que crois-tu qui se passera quand Fraldarius apprendra ce que tu as fait à ses ducs ? Quand ils verront Rodrigue et Alix revenir sous la forme de loups tourmentés par le désespoir ? Que pensera Galatéa en voyant que Rufus les a déjà abandonnés ? Charon en voyant ta mauvaise gestion et quand ils apprendront l’affront que tu as fait à leur sœur ? Que penses-tu ce qui va arriver à Faerghus après tout ce que tu as fait et laissé faire ?
Lambert ne répondit pas, regardant son père sans savoir quoi dire… à part pour le fait que les Charon n’apprendront jamais pour Patricia, encore plus maintenant que… il avala sa salive en repoussant tout ce qui avait pu lui arriver…
– Et elle, elle est partie volontairement dans un voyage qu’elle a voulu. Elle n’a pas été arraché de force à ses proches.
L’homme jeta un regard au loup, à présent debout en regardant au loin, semblant chercher quelque chose dans les flammes. De près, on voyait ses côtes saillantes, des blessures sanguinolentes tachant sa fourrure de nuit, que ses grands yeux de chat étaient rougis de larmes… Ludovic se baissa vers le loup pour passer ses mains sur la tête du loup, doux et calme, moins froid avec lui qu’il ne l’avait jamais été avec presque personne d’autre… même si Lambert savait en son for intérieur que son père avait été chaleureux avec lui, souvent même avant que la politique et la question de la succession n’envenime leur relation, il ne put empêcher la jalousie de ronger son cœur, sachant à quel point Ludovic aurait préféré que ce soit ce loup son héritier plutôt que lui…
– Que de vies perdues et ruinées à cause de ton inconscience et de ma propre faiblesse…
Le loup passa un coup de langue sur la joue de Ludovic, avant que l’ancien roi ne se relève et le regarde dans les yeux, sa colère gelant Lambert sur place.
– Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ?
Lambert n’eut pas le temps de répondre, Ludovic disparut dans un tourbillon de neige, le lacérant de toute part alors que tout devenait de plus en plus sombre tout autour de lui… le plongeant dans les ténèbres les plus froides et terrifiantes…
Un fredonnement incompréhensible grouilla dans l’obscurité humide, le glaçant malgré sa familiarité…
Les ténèbres se dissipèrent à peine, alors que Lambert échouait dans une forêt noueuse et sombre… il faisait tellement humide, on se serait cru dans l’eau tellement l’air en était saturé… ces bois n’étaient pas éclairés par le soleil, seule la lune, l’Astre Céruléen et les étoiles tâchaient la nuit, éclaboussant les branches noires et emmêlées les unes les autres de leur lueur blafarde… ce n’était même pas ce qui illuminait vraiment sa vision, mais une forme blanche au fond du chemin, appelant encore et encore quelque chose mais, Lambert ne comprenait pas un seul mot de ce que disait la silhouette, floue comme un reflet dans une flaque… il s’approcha, hésitant avant de vraiment de retrouver le loup qui reprenait forme humaine en chantant toujours…
« Au clair de la lune, le vent chante,
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante.
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection si douce te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte,
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Rodrigue était apparu face à lui, tout différent de celui qu’il était avant de se transformer. Ses joues étaient de nouveau pleines, ses gestes plus assurés et précis, ses pas bien plus stables, son dos bien droit, son maintien fier et royal… il semblait à nouveau en pleine santé, comme avant… une grande peau du loup recouvrait ses épaules comme une grande cape, cachant un peu son habit sarcelle et blanc pur, le rendant presque lumineux au milieu des ténèbres. Son chapelet était autour de son cou plutôt que sur son poignet droit, l’emblème de Fraldarius reposant sur son cœur, de nouveau en bon état alors qu’avec le temps, l’homme l’avait tout abimé à force de faire rouler les perles et de serrer les breloques dans ses prières… Un cercle d’argent orné de pierres de lune ceignait ses boucles noires, vibrant presque avec sa peau si pale… il avait l’air d’un meneur de loup, comme un être de légende sorti tout droit d’une chanson de geste… le roi de la forêt et de la nuit venant voir en personne qui avait osé franchir la frontière de son Royaume…
Ses yeux de chat se posèrent sur Lambert, profond comme le lac, illisibles… ce n’est qu’à ce moment-là que l’homme se rendit compte que le loup… l’homme face à lui… Rodrigue… peut-être… avait un foulard autour de lui, fait pour porter un enfant, vide, ainsi qu’une besace surement remplie de quoi soigner… il devait encore le chercher partout…
« Que… que veux-tu ? Demanda Lambert. C’est toi qui as provoqué tout ceci, n’est-ce pas… ?
– Quoi donc ?
– Tout ce qui vient de se passer ! Héléna ! Ludovic ! Duscur ! Dimitri ! Même la voix de Patricia ! C’est toi qui me les as montrés ! C’est toi qui les as amenés ici et les monter contre moi !
– Toi ou moi ?
– Qu’est-ce que tu veux dire ? Explique-toi à la fin ! Et pourquoi tu te riais de moi tout à l’heure ?!
– Est-ce tes actions ou les miennes qui les ont rendus furieux ? Personnellement, j’ai ma réponse, se moqua-t-il avec un sourire qu’il n’avait jamais vu sur le visage de Rodrigue. Dans tous les cas, c’est bien mérité. Ce mépris et ce rejet sont tout ce que tu mérites.
Lambert eut un mouvement de recul face à son ami. Même s’il était redevenu humain, tout son comportement ressemblait à celui d’un loup tournant autour de sa proie, l’épuisant avant de sauter sur elle et lui rompre le cou pour la dévorer…
Rodrigue voulait le dévorer… il attendait le moindre signe de faiblesse pour lui sauter dessus et finir de le décapiter, il en était sûr… !
– Comment as-tu pu changer comme ça… osa demander Lambert. Nous… nous étions amis…
– Amis… répéta-t-il en posant sa main sur son menton, l’étudiant avec un mélange de mépris et de sarcasme, jouant encore avec lui en le faisant attendre. Amis ou outils… tu n’as fait que m’utiliser pour faire ton travail à ta place, tout comme Rufus… m’épuiser jusqu’à la dernière goutte de force et d’espoir… comme tu l’as fait pour Héléna… puis tu m’as tout pris… tout… tu m’as pris tout ce qui comptait pour moi, le tout en souriant tout le temps et en étant persuadé de le faire pour le bien de tous, alors que tu ne faisais que satisfaire tes propres désirs et ton égocentrisme…
– Tu sais bien que je ne pensais pas à mal… marmonna encore Lambert en détournant le regard, ne pouvant pas supporter de voir ce qu’était devenu son ami, ce regard froid et cruel sur son visage d’habitude si gentil et chaleureux. Je ne pensais pas que je te faisais souffrir au point de te… !
– Allons, relève la tête, lui ordonna-t-il sur un ton amical et enjoué, encore plus terrifiant que tout le reste ici, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Ait au moins le courage de regarder tes victimes en face quand elle vienne te demander des comptes. Et tu ne savais pas que tu me faisais souffrir ? Répéta-t-il. Tu ne savais pas qu’emmener mon enfant et mon compère de force dans un voyage aussi dangereux me faisait souffrir ?
Il fit un premier pas de loup dans sa direction.
– Tu ne savais pas que nous forcer à tous la main d’envoyer nos sujets et nos proches à la mort nous faisait souffrir ?
Un autre pas.
– Tu ne savais pas à quel point être obligé de te laisser autant de pouvoir sur Glenn me faisait souffrir ?
Encore un autre pas.
– Tu ne savais pas qu’agir comme si la mort de son père n’était pas importante pour Dimitri, que tu traites la mort aussi à la légère me faisait souffrir ?
Malgré la menace, Lambert était incapable de bouger, happé par le tourbillon de question de l’entité face à lui, harponné par ses yeux si bleu posés sur lui.
– Tu ne savais pas que devoir tout faire pour encore réparer tes erreurs à ta place me faisait souffrir ?
Rodrigue était maintenant face à lui, posant encore et encore des questions avec ce sourire de loup, de plus en plus sombre et menaçant, semblant immense malgré sa plus petite taille.
– Tu ne savais pas que travailler pour l’homme qui a tué mon fils et mon compère me faisait souffrir ?
Rodrigue leva ses mains, armées de longs ongles semblables à des griffes, souriant toujours, la lune se reflétant sur ses crocs blancs.
– Tu ne savais pas que m’arracher mon louveteau et mon frère me faisait souffrir ?
Il enroula ses doigts griffus autour de sa gorge, le tirant jusqu’à ce qu’il soit front contre front en crachant la dernière question.
– Tu ne savais pas à quel point je te hais pour m’avoir tout prit ? À quel point je te hais de toute mon âme depuis ce jour où tu es rentré sans eux ? Que tu es naïf… c’est à vomir…
Il serra en grognant, son sourire et son masque abandonné, ne laissant qu’une émotion brute de haine, de dégout et de détestation gravé au plus profond de sa voix et de son être.
– Rends-les-moi… rends-les-moi ! Rends-moi tout ce que tu m’as volé !
– Rodrigue ! » Protesta Lambert en tentant de se libérer, accrochant ses propres mains à celles de l’homme en échouant à le faire lâcher prise malgré sa force… est-ce qu’il était vraiment devenu un être surnaturel pendant qu’il s’était transformé ?! Il semblait sortir d’un autre monde ! « Je t’en supplie ! Calme-toi !
– Rends-les-moi ! Je veux mes enfants ! Je veux ma famille ! » S’écria-t-il, tout croc dehors, en serrant encore plus fort, assez pour le griffer… du sang coulait le long de sa gorge… il était sur le point de l’égorger ! « Tu as répandu le sang de Glenn et de Nicola pour survivre comme le vampire que tu es ! C’est à cause de toi qu’ils sont morts ! Rends-les-moi tous les deux !
– Je ne peux pas ramener les morts !
– Il fallait y penser avant ! Tu nous demandes l’impossible alors, fait-le aussi ! C’est leur sang qui te permet de vivre aujourd’hui ! Rends-le-leur ! Rends-leurs tout le sang que tu leur as volé !
– Rodrigue… tu m’étrangles !
– Rends-moi Glenn ! Rends-moi Nicola ! Et surtout, rends-moi Félix ! Rends-moi mon louveteau ! Tu es allé jusqu’à me prendre mon seul enfant qui me restait ! La dernière personne que Félicia a rencontrée et aimée plus que sa vie avec Glenn ! Tu nous as pris notre dernier petit ! La personne que j’aime le plus au monde ! Tu as même osé m’arracher Félix par caprice après avoir tué Glenn par inconscience ! Je veux retrouver mon louveteau ! Rends-le-moi !
– Rodrigue ! Je… Lambert haleta, ayant du mal à parler, perdant de plus en plus d’air. Je ne peux pas le récupérer comme ça… Dimitri doit vou…
– Rends-moi mes fils ! Rends-moi le seul fils qui t’a échappé ! Rends-moi Félix ! Arrête de te comporter comme un enfant gâté et rends-moi Félix ! Je veux ma famille ! Lui, tu ne pourras pas me le voler ! Pas lui aussi ! Je ferais tout pour récupérer mon enfant ! Tout ! » Lui jura-t-il en serrant encore plus fort ! Il allait finir par faire sauter sa tête en déchirant son cou ! « Alors, rends-le-moi ! Maintenant !
– Rodrigue ! Par pitié ! Arrête ! »
Lambert se réveilla d’un coup en hurlant, reprenant son souffle à grandes bouffées sans pouvoir s’empêcher de presser ses mains contre sa gorge, s’attendant pratiquement à sentir du sang et des entailles profondes sous ses doigts… il sentait encore les mains de son ami la saisir et serrer… lui hurler de lui rendre sa famille… lui hurler sa haine… non… ce n’était pas possible… Rodrigue ne pouvait pas le considérer ainsi… le haïr avec autant de force… ce n’était qu’un cauchemar… rien qu’un cauchemar… rien de plus…
Pourtant, il entendait encore le cri, le hurlement du loup résonné dans la nuit alors qu’il s’échappait enfin de ce rêve étrange…
« Je te hais ! »
L’homme fit tout pour repousser ce mensonge… c’était un mensonge, c’était forcé… Rodrigue ne pouvait pas…
Malgré tout, le rêve continua à le hanter une bonne partie de la matinée, tellement qu’il finit par se résoudre par aller voir Rufus pour en parler malgré tout… il avait beau jurer qu’il n’avait rien à voir avec les exactions de Kleiman, que c’était juste un appui de circonstance pour une situation très tendue qui demandait tous les bras disponibles pour s’en sortir, Lambert ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine appréhension avec lui… comme si quelque chose dans ses mots sonnaient faux… cependant, Rufus restait son grand frère… son grand frère à qui il pouvait tout dire et tout partager, même les choses les plus inavouables ou gênantes… son grand frère qui l’avait toujours mis en confiance, pour le meilleur comme pour le pire mais, c’était déjà beaucoup quand on passait derrière un roi de la stature de Ludovic… il ne pouvait pas s’empêcher de lui faire confiance pour quelque chose d’aussi étrange qu’un rêve pareil… même si ça concernait Rodrigue et qu’il n’ignorait pas leur antipathie réciproque…
Lambert alla dans le bureau de son frère mais, en voyant qu’il n’était pas là, il décida de l’attendre, il ne devrait pas s’absenter bien longtemps… Rufus travaillait bien plus qu’avant la Tragédie, il avait aussi droit de prendre une pause de temps en temps…
« Même s’il aurait pu en accorder aussi à Rodrigue… enfin, c’est fait maintenant… »
Une petite cassette dans un coin du bureau attira l’attention de l’homme. Elle était tout simple, décoré de quelques vrilles végétales mais, il la reconnaitrait entre mille… Rufus y tenait beaucoup… la seule fois où il avait disputé Dimitri, c’était quand il avait voulu la récupérer pour qu’elle soit le coffre au trésor d’un roi maléfique dans un de ses jeux… même Lambert n’avait jamais vu ce qui avait à l’intérieur… il s’était toujours imaginé qu’il s’agissait de la correspondance intime de son frère, d’où son angoisse que qui que ce soit voit le contenu de cette cassette… même si Rufus avait aussi promis avec aplomb de lui montrer son contenu quand il reviendrait triomphant de Duscur… bon, pour le triomphant, c’était raté mais…
« Non… c’est à lui… c’est sa vie privée… il me le montrera quand il voudra… »
Mais c’était si tentant… et Rufus lui avait dit qu’il lui montrerait en plus…
Il ne perdait rien à juste la manipuler un peu…
La première chose qui étonna Lambert en la prenant dans ses mains était le poids de la boite. Elle semblait pleine à ras bord s’il se fiait à son poids, alors qu’elle semblait plus légère quand Rufus lui avait montré la dernière fois…
« Qu’est-ce qui a bien pu… »
Il ne put résister et força la boite, l’ouvrant sans souci avec sa force.
La cassette ne contenait que du papier, des lettres mêmes à première vue mais, ce qui étonna Lambert, c’était qu’il ne s’agissait pas de l’écriture soignée de Rufus… non… elle était bien plus biscornu, comme écrite par quelqu’un de plus jeune ou un gaucher étalant l’encre avec sa main en rédigeant… et il y avait plusieurs scriptes…
Même s’il se força à penser qu’il s’agissait des lettres de ses amants, des soupçons empoisonnèrent le cœur de Lambert alors qu’il dépliait une missive au sceau déjà cassé…
« Papa, pourquoi tu ne m’écris plus ?! J’ai plus de nouvelles de toi depuis des semaines ! Qu’est-ce qui se passe ?! »
« C’est l’écriture de Félix ! Mais qu’est-ce qu’une de ses lettres pour son père fait là ?! »
Lambert en sortit une autre, reconnaissant l’écriture d’Alix, le début de la lettre étant dans le même ton que la précédente.
« Rodrigue, je sais que tu ne vas pas bien, je le sens, je sens que tu es mal et que ça ne s’améliore pas… je ne sais pas pourquoi je n’ai plus de lettre de toi, est-ce que c’est à cause de ça ? »
Son sang se gelant de plus en plus, Lambert en sortit deux autres, portant cette fois l’écriture de Rodrigue, destinées à son fils et à son frère, également décachetées comme si elles avaient déjà été lues. Son ami parlait de ses mêmes inquiétudes, des lettres qui n’arrivaient pas et de son inquiétude… Même demande, même inquiétude… Déesse ! Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?!
« Non ! On m’a volé mes lettres ! Alix a demandé à Ivy de lui faire passer une lettre de sa part où il disait qu’il n’en recevait plus de ma part, alors que je lui écris tous les jours et lui aussi ! Quelqu’un vole les siennes et celles de Félix ! C’est pour ça que je n’ai plus de nouvelles ! »
Il entendait encore le gémissement paniqué de Rodrigue, tout le désespoir qu’il n’avait pas perçu au départ dans sa voix, toute l’inquiétude et la peur qui se mêlaient ensemble à l’intérieur…
« Rufus ne peut tout de même pas être… »
Cependant, malgré tous ses efforts pour trouver des excuses à son frère, Lambert dut se rendre à l’évidence en se rendant compte que toute la correspondance volée de Rodrigue était là… les lettres qu’il avait envoyées, celles qu’il avait reçu… tout… tout était là ! Tout était ouvert ! Rufus n’avait tout de même pas tout lu ?!
Aucun doute, c’était lui le voleur de leur correspondance… mais… mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi faire quelque chose d’aussi cruel ?! Rufus détestait Rodrigue et Alix de toute son âme à cause de Ludovic mais, pas à ce point tout de même !
Lambert pensait ne pas pouvoir être plus horrifié mais, quand il vit des papiers roulés tout au fond de la cassette, semblant plus anciens et usés, même tâchés de sang pour certains, un doute noir lui dévora le cœur… non… non… non…
Il attrapa un rouleau et le déroula en tremblant…
« À mon Royaume, que j’ai toujours désiré servir au mieux… »
L’homme ne put que reconnaitre l’écriture de son père, la plume tremblante de Ludovic… le parchemin était même tâché de ses crachats de sang à cause de sa tuberculose…
Comme happé par le rouleau, Lambert ne put s’empêcher de continuer à lire les mots, même s’il se doutait du contenu… voir même le redoutait plus encore que les fantômes et les cauchemars…
« Malgré l’horreur, je n’ai jamais oublié le règne de mon père. Toute ma vie durant, je n’ai jamais oublié ces rues couvertes de sang, la terreur et la faim mais, ce qui me marqua le plus était son aplomb. Clovis était persuadé d’être dans son bon droit et ne le cachait pas. Même si ces actes étaient immoraux, il s’appuyait sur la loi en la détournant à son profit, devenant inarrêtable dans sa position de roi pour commettre toutes ses exactions. Dès lors, mon seul objectif fut de mettre Faerghus à l’abri d’un autre souverain tel que lui. « Protéger et servir le peuple du Saint-Royaume de Faerghus », tel a été la devise qui a guidé chacun de mes pas avec l’aide de mes proches pour que jamais, je n’en dévie un seul instant…
Lambert sentir son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine. Ce… ce parchemin… c’était le testament de son père… c’était le testament de Ludovic ! C’était Rufus qui l’avait pendant toutes ses années ?!
Cependant, une grande crainte demeurait : comment empêcher un autre Clovis d’arriver ? Comment empêcher qu’un autre souverain tel que lui ne monte sur le trône ? Ne soit imposer par le hasard cruel de la naissance ? Clovis était le fils ainé de sa mère et malheureusement pour l’orgueil de notre lignée, elle n’était guère plus recommandable que son fils. Elle était seulement qu’un peu plus discrète que lui mais, possédait les mêmes torts, centrant de plus en plus de pouvoir sur elle-même au détriment de ses contradicteurs mais, par ce geste, elle détruisait de précieux garde-fous qui pouvaient endiguer les exactions du pouvoir royal, soigneusement construit par Loog le Lion et sa fille Sophie la Sage. Ces deux souverains ont été élus avec peu d’avance, savaient qu’ils devaient composer avec l’ensemble de leur royaume et de leur peuple pour faire grandir Faerghus sans plus de violence après la guerre, que des contradicteurs n’étaient point des ennemis à anéantir mais, des personnes nécessaires à toute remise en question de chaque action, afin de peser le pour et le contre puis, changer d’avis ou camper sur ses positions une fois que nous ayons entendu tous les arguments.
Le passage à la succession filiale nous a assené un coup majeur, nous avons commencé à nous croire tel les Hresvelg, choisis par la Déesse pour régner et le pouvoir nous ait monté à la tête. Notre objectif n’était plus de servir notre peuple comme l’avait voulu le roi Loog, mais que notre peuple nous serve afin de gagner de plus en plus de pouvoir, centralisant toujours plus les fonctions de commandement sur notre propre personne et dépouillant nos adversaires des armes qui leur permettait de nous arrêter quand nos actions devenaient dangereuses pour notre peuple. Au comble de notre hubris, nous avons même commencé à traiter toute une lignée comme des objets jetables, des boucliers qui ne servent qu’à prendre les coups à notre place pour que nous puissions survivre, pendant que cette famille portait perpétuellement le deuil de tous ses membres sacrifiés aux Blaiddyd… Nos ancêtres doivent rougir de honte devant notre décadence…
J’aimerais dire que tout ceci s’est arrêté avec la mort de mon père mais, je ne me fais guère d’illusion. Le hasard fait qu’à chaque fois, à chaque naissance, à chaque génération, il y aura toujours un risque qu’à nouveau, un autre Clovis naisse. Je n’ai échappé à la décadence de ma famille que grâce à mon corps faible malgré mon emblème, inapte à la guerre et facilement malade, ce qui m’a permis de vivre au sein d’une famille aimante et normale, pour qui je ne ressent que de l’affection, et que je ne remercierais jamais assez pour leur accueil et leur amour, même si je les ai à mon tour meurtri d’un deuil dont je porte la responsabilité et la culpabilité chaque jour.
J’ai tout fait pour bien éduquer mes enfants, pour les emmener au plus loin des conceptions de leur grand-père et leur inculquer que ce n’est pas le peuple qui doit servir le roi, mais le roi qui doit toujours servir son peuple en premier lieu. Cependant, je me suis rendu compte que cela ne faisait pas tout… Mon fils Lambert est un homme au grand cœur, gentil et chaleureux, ainsi qu’un guerrier accompli à la force extraordinaire. Je suis fier de ses prouesses au combat et heureux d’être son père malgré notre relation compliquée. Il reste mon fils et je l’aime de tout mon cœur mais, cette amour ne peut masquer l’ampleur de ses défauts moraux.
Il est chaleureux mais, également négligent et naïf. Malgré tous mes efforts, jamais je ne suis arrivé à lui faire comprendre qu’on ne peut aider tout le monde, qu’il fallait choisir qui aider car, tout le monde n’a pas besoin d’aide de la même manière et qu’il fallait concentrer le soutien au plus faible mais, dans une vision naïve de l’égalité, il reste persuadé que le mieux à faire est d’aider tout le monde à part égale, sans se soucier du contexte de départ, ce qui le rend très inefficace et indécis dans des situations où il doit justement trancher un conflit sans pouvoir satisfaire tout le monde. Sa négligence envers ses proches combinée à cette naïveté et son entêtement pousse ces derniers à devoir ajuster tout ce qu’il fait, rattrapant avec les quelques pouvoirs que nous leurs avons laissés ou rendus ce qu’ils peuvent pour éviter de léser le Royaume.
La première victime de cette situation est malheureusement ma belle-fille, Héléna. C’est une femme brillante, avec un grand avenir devant elle, sachant convaincre même les plus entêtés comme son mari mais, cela est se fait au prix de grands efforts et de longues négociations qui ont malheureusement eu raison de sa santé. Puisse-t-elle me pardonner un jour de lui avoir imposer un tel époux, elle qui méritait de pouvoir monter bien plus haut que de se contenter d’être l’ombre balayant derrière le roi. Elle attend à présent leur enfant, et j’espère pouvoir vivre assez longtemps pour pouvoir rencontrer ce petit être que mon cœur sait déjà être exceptionnel, que j’aimerais de tout l’amour qu’il reste dans ma carcasse rongée par la tuberculose, mais mon esprit ne cesse de me rappeler à l’ordre, de me demander s’il ne risquerait pas d’avoir hérité des défauts de son père plutôt que des qualités de sa mère… et dans le même souffle, m’excuser envers lui et sa mère de leur imposer un père que je sais être aussi négligent. Je prie pour que la paternité le rende au moins responsable et prudent avec la santé de son enfant pour que jamais, il ne le mette en danger.
Au fil du temps, il s’est imposé à moi une chose : jamais mon fils ne doit monter sur le trône. Cette nouvelle position peut autant le rendre plus responsable, enfin lui faire prendre conscience des choses mais, je sais que cet optimisme n’est nourri que par mon affection, et je ne puis m’appuyer uniquement sur elle pour confier le destin de Faerghus à qui que ce soit. Ma raison ne peut que me rappeler à quel point le risque qu’il prenne encore plus confiance en lui ne le mène sur une pente glissante, une pente où il n’écoutera plus personne, même ses amis les plus chers à son cœur et ne se fassent manipuler par des ennemis qui sauront profiter de ses failles. Héléna s’épuise bien assez chaque jour pour éviter que cela arrive, je ne veux pas lui causer encore plus de tort.
Aussi trouverez-vous dans les papiers accompagnant ce testament la procédure complète à suivre pour que le prochain souverain soit élu, à la manière de Loog le Lion et de sa fille Sophie. C’est un projet qui me tient à cœur depuis des années et que je voulais mettre en place depuis mon accession au trône mais, mon corps me trahit avant que je ne puit l’organiser moi-même. Il est à peine fini mais, mes poumons me tuent lentement, rongent ma vie et l’absorbent pour nourrir la tuberculose qu’ils abritent. Je vous prie de pardonner mon inconscience et mon retard, tout le temps que j’ai mis avec mes proches à conclure ce système et de ne pouvoir le mettre en place moi-même. Ainsi, ce sera aux citoyens de Faerghus de choisir eux-mêmes le souverain qui leur convient, et ainsi, ils échapperont aux cruels hasards de la naissance, ainsi que de nouveaux garde-fous pour éviter tout débordement tel que le pays en a connu sous trop de mes ancêtres.
Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur.
Quant à mes fils, je me doute que Rufus ne me pardonnera surement jamais de refuser le trône à son frère. Lambert est de loin la personne qu’il aime le plus au monde, et je remercie la Déesse que mes fils s’entendent si bien mais, la raison doit l’emporter sur l’affection. Bien que je ne puisse pas arracher notre domaine à son contrôle, il sera au moins entouré par des conseillers et des baillis dont la fidélité est acquise à notre peuple et non à notre famille, et je ne doute point que les Charon sauront fournir des personnes compétentes et fidèles à Héléna. Je ne puis qu’espérer qu’elle trouvera quelqu’un qui l’aidera à échapper à tout ceci et si la situation s’empirerait encore, la force de quitter une personne ne lui apportant rien d’autre que de l’épuisement malgré ses sentiments pour Lambert.
Beaucoup diront sans doute que ces lignes ne sont que folies, nourries par la tuberculose qui me rongerait l’esprit mais, je jure devant la Déesse avoir encore toute ma tête. Toute ma vie, j’ai travaillé pour être digne des habitants du Saint-Royaume de Faerghus, digne de ce peuple fort et courageux qui s’est révolté contre l’injustice et la cruauté de l’empereur pour faire nation et vivre selon ses propres aspiration, digne de ce hasard qui m’avait élu roi d’un si grand peuple. Je suis conscient que l’élection du roi ne règlera pas tous les problèmes de notre pays, beaucoup de travail doit encore être fait avant que les sujets… que dis-je, les citoyens de Faerghus vivent dans un pays sain et absout des difficultés que nous connaissons à présent. J’ai commencé à tracer cette voie tout en reconstruisant le Royaume à partir des décombres qu’a laissé Clovis dans son sillage, je regrette de ne pouvoir plus avancer alors que mon corps me trahit. Je garde cependant l’espoir que les prochains souverains qui me suivront sauront tous avancer dans cette direction. Si tel que je l’espère, Rodrigue Achille et Alix Persée Fraldarius, sont élus, j’ai peu de doute sur le fait qu’ils sauront être dignes de cette mission.
Je vous souhaite une vie longue, heureuse et en sécurité à tous. J’espère de tout mon cœur que mes fils continueront à grandir et s’amélioreront avec le temps, bien malgré tous mes doutes. On dirait bien que ma raison ne peut pas complètement prendre le pas sur mon affection, et me pousse à croire à un avenir radieux pour eux. Je prie également pour que mon successeur connaisse un long règne de paix, une paix que mérite ce Royaume si résilient malgré toutes les difficultés qu’il a vécues.
En mon âme et conscience.
Ludovic le Troisième Clodomir Blaiddyd, dit le Prudent. »
Lambert se laissa tomber sur la chaise au fur et à mesure de la lecture, ne pouvant s’empêcher de relire plusieurs fois tout le rouleau. L’écriture était tremblante, saccadé comme si Ludovic s’était arrêté plusieurs fois à cause de ses toux, le parchemin tâché de sang témoignant qu’il avait encore dû en cracher, rendant la fin pratiquement illisible sous le sang, les tâches et l’encre baveuse, comme si on avait roulé le testament avant qu’elle n’ait fini de sécher…
« Ainsi, en mon âme et conscience, je me dois de l’admettre et reconnaitre que dans la situation actuelle, si je devais voter pour élire le prochain roi, ma voix irait aux jumeaux Rodrigue Achille Fraldarius et Alix Persée Fraldarius. Selon mon expérience, mon esprit et ma propre réflexion, ainsi que l’observation de leurs parcours et décisions antérieurs, ils sont les plus à même de prendre soin du Royaume pour le mener vers un jour meilleur. »
L’homme ne pouvait s’empêcher de relire ce passage encore et encore. Les noms étaient recouverts d’une énorme tâche de sang assez épaisse, ce serait surement illisible dans quelques années quand le parchemin aura encore vieilli mais, malgré tout, Lambert ne pouvait que les décrypter, les relisant encore et encore.
Son père l’avait complètement déshérité au profit de Rodrigue et Alix.
Des souvenirs parasites refaisaient surface, rappelant des séances de travail les réunissant tous, autant Héléna que les jumeaux. Lambert parlait beaucoup mais, se faisait souvent rappeler à l’ordre et réexpliquer les choses. Face à lui, Rodrigue analysait les situations en a rien de temps, devinant facilement l’origine des tensions, pendant qu’Alix proposait des solutions et Héléna le cadre pour les mettre en place. L’impression d’être à la traine malgré toutes les explications… le regard fier de son père qui couvait les jumeaux en disant qu’ils ressemblaient à leurs parents… même si Lambert n’avait jamais voulu ressembler à Ludovic à cause de leurs différences de caractère, encore moins à sa mère assoiffée de sang, il ne put s’empêcher de les envier… de vouloir entendre le même compliment sur son travail… comme eux deux… voir son père être fier de lui ainsi…
Ludovic lui faisait si peu confiance qu’il aurait préféré confier aux jumeaux de Fraldarius son précieux royaume, ce à quoi il tenait le plus au monde et pour lequel il s’était battu comme un lion depuis toujours… disait même qu’il s’excusait envers Héléna de l’avoir marié à lui… qu’elle aurait mérité mieux que balayer derrière lui…
À cette lecture, plusieurs souvenirs prirent une teinte différente, même les plus anodins. Même si Ludovic l’avait enlacé plusieurs fois pendant son mariage, Lambert ne put que noter qu’il l’avait aussi fait une fois avec Rodrigue et Félicia, leur souhaitant quelque chose qu’il n’avait pas entendu, même si le sourire de Rodrigue trahissait que c’était des vœux plutôt que des recommandations… sa proximité bien plus calme avec les jumeaux, ainsi qu’avec Héléna, les longues heures où ils pouvaient discuter tous les deux, alors que Lambert avait du mal à lui parler longtemps, cela finissait souvent en dialogue de sourd des deux côtés… même des souvenirs d’enfance prenaient un gout amer, les fois où son père se penchait vers eux pour leur parler, son regard attentionné…
Est-ce que… est-ce que Ludovic… est-ce que son propre père…
« Non… faut que je me reprenne… c’est la tuberculose… elle lui a fait perdre tous ses sens… Ludovic m’aimait aussi… il le dit dans son testament alors qu’il n’a aucun sens… et quand nous étions petit, c’était surtout de la culpabilité pour les jumeaux… Ludovic ne s’est jamais pardonné la mort de Guillaume. Il en a toujours pris la responsabilité… même ici, il le dit… ce qu’il ressentait, c’était surement de l’affection, mais aussi de la pitié et de la culpabilité… il s’en voulait pour la mort de leur père… »
« C’est ma faute… j’aurais dû être plus prudent et mieux anticipé les risques… Guillaume aurait survécu et les Fraldarius n’auraient pas été encore endeuillé par notre faute… à cause de mon inconscience, Guillaume est mort… lui avait déjà dit Ludovic sur la fin de sa vie, le visage encore plus sombre que d’habitude, son deuil ressortant encore vingt ans plus tard. J’espère que tu n’auras jamais à porter une telle responsabilité… autant ce deuil que la mort d’un de tes sujets. »
« Porter une telle responsabilité… le deuil d’un Fraldarius et d’un de mes sujets… si tu savais père… si tu savais ce que j’ai fait… »
Lambert relisait encore et encore le testament, ainsi que les autres travaux cachés dans cette cassette, presque compulsivement pour tenter de comprendre son père, l’entendre peut-être le sermonner pour ce qu’il avait fait, vouloir le faire parler même depuis sa tombe pour savoir quoi faire de ce testament dans une situation pareille, s’il devait le révéler et l’appliquer dès maintenant même si c’était évident que tout avait été écrit sous la dicté de la tuberculose mais, est-ce que cela ne ferait pas exploser le Royaume à un moment pareil ?! Enfer ! Il ne savait même pas s’il voulait que Rodrigue, Alix ou Héléna soient là pour en discuter vu comment Ludovic parlait d’eux ! Mais il avait tellement besoin de leurs bons conseils !
Cependant, la seule personne qui passa la porte n’était ni le Rodrigue qu’il connaissait qui saurait gérer la situation, ni Alix prêt à lui remettre les pendules à l’heure, ou Héléna lui présenter les différents chemins possibles en le conseillant pour le pousser vers le bon, mais c’était Rufus. Rufus qui avait…
Récupérant plus d’énergie que jamais depuis la Tragédie, Lambert se redressa d’un coup en montrant les lettres et le testament, fou de rage et de trahison.
« Rufus ! Tu peux m’expliquer ?! Qu’est-ce que ça faisait dans ta cassette ?!
– Tu l’as ouverte ?! Couina pratiquement son frère, pris au dépourvu par la question furieuse.
– Tu m’avais dit que tu me la montrerais après le voyage ! Et n’essaye pas d’esquiver la question ! Qu’est-ce que la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix fait dans ta cassette ?! Et pourquoi le testament de notre père et ses travaux sur la monarchie élective y sont aussi ?! C’est toi qui as appelé les secours quand Ludovic s’est effondré à cause de sa tuberculose ! Est-ce que tu en as profité pour voler son testament et ses travaux ?!
– Calme-toi Lambert, je peux t’expliquer. Ludovic ne m’a pas laissé le choix… il ne savait plus ce qu’il faisait…
– Comment ça ? En quoi ? Et ça ne me dit pas pourquoi tu as cette correspondance ! Rodrigue l’a cherché partout !
– Ludovic allait te déshériter pour donner le pouvoir aux fils de Guillaume ! Il allait détruire notre famille pour préférer celle de son soi-disant grand frère ! Il n’avait aucun respect pour toi ! Il ne pensait qu’à ces foutus jumeaux qu’ils mettaient sur un piédestal en te dénigrant, car il aurait voulu qu’ils soient à ta place ! C’était pour te protéger !
Rufus l’avait pratiquement craché avec tout le venin, toute la haine qu’il ressentait pour Ludovic et pour les jumeaux. Il continua, incontrôlable.
– Ludovic te détestait ! Tu viens de le lire non ?! Il n’avait aucune confiance en toi ! Il te crache dessus dans tout ce foutu papier ! Tu es roi ! C’est toi qui devais devenir roi ! C’est ton héritage ! ça nous appartient ! Notre famille est la famille royale de Faerghus depuis le début du Royaume ! C’est Loog qui a mené la révolte des Bâtards et en a fait la guerre du Lion et de l’Aigle ! C’est lui qui a gagné ! C’est lui qui a été acclamé vainqueur ! Personne d’autre ! Et lui, parce qu’il a rencontré un mauvais roi dans toute sa vie, il en fait une généralité et il a voulu tout détruire sur son passage ! Et il a voulu donner le pouvoir à ces foutus jumeaux car c’était les fils de Guillaume ! Il se cachait derrière son petit doigt en disant qu’ils étaient plus compétents que toi mais, c’est de la connerie ! Il ne voyait que les fils de Guillaume en eux ! Rien d’autre ! C’était les fils de son grand frère alors, tout devait leur revenir ! Il ose même cracher sur ton mariage ! Soi-disant que tu avais épuisé Héléna et fait perdre la santé ! Il était malade et il a perdu l’esprit ! Tu n’as jamais fait ça ! Tu y tenais à Héléna même si elle était trop bien pour toi ! C’était juste la petite créature de Ludovic et de la matriarche Catherine là pour te faire faire ce qu’eux voulaient ! Et même si c’était sa créature, tu ne lui aurais jamais fait de mal ! Il délirait ! Et il a osé me dire de faire ce qui est bon pour le Royaume et pas pour moi-même ! C’était lui qui faisait tout avoir ce que lui voulait au dépend du Royaume ! Tout ce que j’ai fait, c’était pour te protéger ! …
Lambert le fit taire en posant ses mains sur les épaules, le regardant droit dans les yeux en lui demandant.
– D’accord pour le testament. Je veux bien comprendre ton raisonnement, même s’il est complètement faux. Notre père appréciait les jumeaux mais, pas plus que nous. On était ses fils et il nous aimait tous les deux, je le sais. Pour les jumeaux… c’était compliqué… tu sais bien qu’il s’est toujours senti coupable de la mort de Guillaume alors, il tentait de compenser envers eux mais, ce n’était pas de l’affection… juste de la culpabilité… rien de plus, j’en suis sûr… tout comme Héléna, il pensait juste qu’elle ferait une bonne reine pour Faerghus et il a vu juste, pas la peine d’en faire sa créature… mais, je te comprends aussi. Tu es mon grand frère, tu pensais que Ludovic voulait me faire du mal en me déshéritant, même s’il avait sans doute ses raisons à lui et que tu n’avais pas à voler son testament. J’aurais voulu le lire honnêtement, même si ça m’a fait très mal de voir à quel point il ne me faisait pas confiance vis-à-vis du Royaume, encore plus maintenant… je ne sais même pas si je l’aurais appliqué, c’est évident que c’est la tuberculose qui lui a fait écrire tout ça… je veux dire, regarde un peu l’état du parchemin ! Il est couvert de crachat de sang ! Il ne savait plus du tout ce qu’il faisait ! ça aurait été facile de le faire casser… Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu as volé la correspondance de Rodrigue, Alix et Félix ? Pourquoi tu as fait ça ? Elle est même ouverte alors, tu l’as surement lu… pourquoi ? C’était inutile et cruel…
Le visage de Rufus s’assombrit, essayant d’éviter le regard de Lambert alors qu’il marmonnait.
– Il te conseillait mal et te poussait à prendre de mauvaises décisions, comme quand tu as envoyé Dimitri à Charon. Il aurait dû rester ici. Je pensais qu’il finirait par partir si je le fatiguais assez alors, je lui ai pris ces lettres, pour le motiver encore plus à rentrer chez lui.
– C’était mon idée d’envoyer Dimitri à Charon, et on a bien fait, il guérit bien mieux avec le bon air de la montagne qu’ici. Et si tu voulais le faire partir, pourquoi tu as dit que c’était une bonne idée qu’il se soigne ici ? Tu aurais plutôt dû l’encourager à partir, non ? Rufus… il soupira, n’en pouvant plus de tout ceci, trop de question tournant dans sa tête et voulant juste une réponse. Écoute… je t’ai toujours fait confiance et ta parole est vraiment très importante pour moi. Tu es mon grand frère et je sais que je peux toujours compter sur toi. C’est pour ça que je suis très souvent ce que tu me conseilles de faire, car je sais que je peux te faire confiance mais… mais en ce moment, j’ai l’impression que… que c’est plus compliqué. D’abord, il y a la manière dont tu as traité Rodrigue, puis tu as remis des peines de Clovis pour la justice, puis il y a Kleiman qui arrive au palais et prend part à tout alors que c’est lui qui a commencé toute cette histoire, puis on retrouve un sac rempli de têtes humaines dans leurs appartements et ils repartent en trombe, et maintenant, je retrouve la correspondance volée de mon meilleur ami et le testament de notre père dans ta cassette. Par pitié Rufus, dit moi la vérité, qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? L’implora-t-il en redoutant le pire. J’aimerais te faire confiance mais, ça devient très difficile avec tout ça !
– Tu ne voyais pas le vrai visage Rodrigue… marmonna-t-il.
– C’est-à-dire ? Explique-toi à la fin !
– C’était un enragé lui aussi ! Toujours à faire ce qu’il voulait et à avantager son fief, toujours à te dire non, toujours à nous mettre des bâtons dans les roues, toujours à être apprécié de tous et de Ludovic le premier ! Je ne sais pas par quel maléfice il réussissait, autant lui qu’Alix mais, ils ont toujours eu la faveur de tous, ils ont toujours réussi partout et charmé tout le monde à tes dépends ! Alors qu’ils ont toujours été plus faible que toi et ce ne sont que des ducs ! Ce ne sont que des ducs et que fait cet imbécile de Jacque quand il leur demande de les prendre à leur service, pour réparer sa « faute » d’avoir laissé Félix seul avec Arundel sans imaginer qu’il pourrait l’attaquer ? Il s’agenouille devant eux en leur demandant à rentrer dans leur garde pour rattraper son erreur, alors qu’il est à ton service ! Ils se comportaient quasiment comme des rois ! C’est pas qu’ils sont devenus des loups, c’est que leur apparence ressemble enfin à ce qu’ils sont vraiment ! C’était tout ce qu’il méritait !
Lambert eu alors un mouvement de recul, comme si son grand frère c’était transformé d’un coup en monstre, comprenant d’un coup tout ce qui était arrivé à son ami et pourquoi il avait dû subir tout ceci, tout son corps fondant d’un coup comme neige au soleil.
– Tu leur as volé leurs lettres par haine… tu voulais le faire souffrir… c’est ça ? Tout ce que tu voulais, c’est faire souffrir Rodrigue… tout ça car… car…
Sans attendre de réponse et un nouveau mensonge de la part de Rufus, Lambert partit sans se retourner, ne voulant pas en entendre plus, serrant la cassette et son contenu contre lui, s’y accrochant presque comme à une ancre, même si elle le noyait par sa simple existence. Comment… comment son frère avait-il pu… comment avait-il pu être aussi ignoble juste parce que… parce que leur père appréciait beaucoup les jumeaux ? Tout ça pour ça ?! Pour un ressentiment envers quelqu’un de mort depuis quatorze ans et alors le Royaume était au plus mal ?! Toute cette souffrance pour ça ? Par haine ?! Qu’il ait vu ça comme une petite mesquinerie ne l’étonnerait même plus à ce stade !
« Alors, même mon propre frère peut me trahir… Rufus… alors qui… qui est encore… »
« Est… ta… faute… ! »
« Tu n’as écouté personne et maintenant, tout le monde est mort par ta faute ! Tu as le sang de notre propre enfant sur les mains ! »
« Que pensais-tu accomplir en te comportant en tyran n’écoutant que ses ennemis ? »
« Je te hais ! »
Seuls les cris et le jugement lui répondirent… les doigts des fantômes finissant le travail de cette hache en l’étranglant encore et encore…
En arrivant dans son bureau avec l’espoir de pouvoir se poser une seconde et réfléchir à tout ce qui c’était passé, il trouva Lachésis et Thècle, visiblement furieuses malgré la façade de froideur.
L’homme avait l’impression d’observer la scène de loin, comme s’il n’en faisait pas partie, spectateur de cette farce qu’il avait écrit lui-même.
Les deux sœurs l’informèrent que l’état des comptes était catastrophique et que les baillis qu’il avait choisis lui-même étaient des incompétents.
« Je comprends… je ferais plus attention…
– Il fallait le faire avant… »
Lachésis lui apprit qu’elles savaient tout ce qui s’était passé à la capitale pendant leur absence, à quel point c’était une honte pour tout Faerghus et qu’elles avaient donc décidé de retourner dans leur famille.
« Ce serait préférable pour le Royaume que vous restiez…
– Pour finir transformer en loup nous aussi et user jusqu’à la corde par votre incompétence ? Il en est hors de question. »
Thècle ajouta que comme le voulait la coutume pour les magistrats en fin de carrière, elles rapporteraient à Charon tous leurs documents, leurs notes et leurs archives de la capitale, ainsi que leurs hommes et une grande partie de leur vivre selon le précédent instauré par Sylvain le Renard.
« Les Gautier en ont eu le droit, je me voie mal vous le refuser…
– Bien. »
Et enfin, elles enfoncèrent un dernier clou dans son cercueil en lui crachant au visage qu’elles savaient pour Patricia, qu’elles savaient ce qu’il avait osé donner comme belle-mère à leur neveu, tous les dangers auxquels il avait exposé le Royaume en l’épousant, et que les Charon n’oublieraient pas cette insulte envers deux d’entre eux.
« Pourquoi ? Finit par demander Thècle, essayant de comprendre. Pourquoi avoir exposé le Royaume à de tels danger pour une seule femme indigne de succéder à notre sœur ?
– Je l’aimais… répondit l’homme dans un souffle sans énergie.
– Si vous l’avez traité comme Héléna, pauvre femme, cracha Lachésis. Et ce n’est guère une raison suffisante pour faire planer un risque d’invasion sur la tête de tous vos sujets. Notre sœur rougirait de honte en voyant votre déchéance. »
Et qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre à ça ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre d’autre ? Comment il pouvait se justifier ? Toutes ses décisions lui semblaient faciles, bancales et inutiles maintenant qu’on lui demandait des comptes sur chacune d’entre elles…
Devant son silence, les deux sœurs lui jetèrent à nouveau un regard mauvais avant de se détourner, partant en claquant la porte.
Lambert leva les yeux vers la chaise face à lui, même s’il savait qu’elle était complètement vide, espérant trouver quelqu’un, une âme bienveillante, un peu d’aide comme il en avait toujours trouvé à ses côtés.
Seul le Rodrigue de son cauchemar répondit à sa supplique, le toisant de haut avant de lui grogner au visage, le lacérant de ses griffes, gravant ses mots dans sa peau avec ses crocs à chaque souffle, chaque morsure…
« Il fallait y penser avant. »
Pour la première fois de sa vie, Lambert se sentit terriblement seul…
*
Rodrigue passa sa main sur sa fourrure, l’approchant pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retransformés quelques jours auparavant. Alix et lui s’étaient reposé et avaient recommencé à prendre en main le duché, reconnaissant envers l’excellent travail de Loréa qui avait su le maintenir et résister aux insistances de Rufus. Mais depuis cette nuit, il ne l’avait toujours pas touché à nouveau, contrairement à son frère… ni même se regarder dans un miroir sans col, son cou à présent recouvert d’une grande marque sarcelle, l’entourant tout entier comme un collier… il n’avait pas trop de séquelle à part ses sens plus forts, surtout sa vue de nuit, son gout pour la viande encore plus prononcé, et il était encore plus dans la tête de son jumeau, plus souvent, même s’ils n’étaient pas sûr que c’était à cause de leur état d’esprit actuel ou si ce serait permanent… pour ce qui était positif…
La fourrure était douce sous ses doigts, épaisse et moelleuse, comme pour accueillir un petit voulant faire sa sieste dans un endroit chaud où il serait en sécurité… bien plus rassurante que ce collier gravé dans son cou, apparut un jour après qu’il ait retrouvé sa forme humaine… en regardant au niveau de la gorge de sa fourrure, il arrivait à distinguer le même motif que sur sa propre peau…
« Tu peux attendre encore un peu si tu ne te sens pas près, lui assura Alix, comme toujours à ses côtés. Ça n’a eu aucun effet sur moi mais, c’est toi le magicien et la source de la transformation. Tu es resté en loup bien plus longtemps que moi. On ne sait pas comment tu vas réagir avec ta magie…
– …je ne préfère pas… j’ai peur de la fuir si je repousse trop… les semaines qui ont passé sont déjà flous, je ne veux pas avoir l’impression que l’avenir le sera aussi à cause de cette fourrure… au moins, on sait comment me ramener si je me transforme à nouveau en l’ayant sur les épaules…
– Dans tous les cas, on va mettre un moment avant de se remettre complètement de tout ça mais, si c’est ce que tu veux, c’est toi qui te sens.
Le père lui serra la main en réponse, comme quand ils étaient petits pour ne pas se séparer, cherchant de la force dans sa présence avant de draper la fourrure noire sur ses épaules. Elle n’était pas très lourde malgré son ampleur, l’enveloppant complètement des pieds à la tête… malgré ses craintes, il y avait un côté… apaisant à ce poids, comme un bouclier qui le protégeait… mais, rien ne se passait, rien d’étrange, il restait bien humain… au moins, cela confirmait que cela ne ferait pas comme avec celle des selkies, il ne se transformerait pas dès qu’il mettait cette peau…
– Il n’y a rien… souffla-t-il de soulagement. Il n’y a rien…
– C’est déjà un bon début, lui assura Alix.
Voulant en finir aussi avec cette crainte, Rodrigue fit craquer un éclair dans sa main, faisant un exercice simple en le passant d’une paume à l’autre, avant de le faire disparaitre et de le remplacer par un sort de foi, le nosferatu brillant entre ses doigts avant qu’il ne l’étouffe. Rien non plus pour la magie de base… et il ne pourrait pas tester la magie de plus haut niveau aujourd’hui, Pierrick lui interdisait encore et son corps sortait d’une rude épreuve, il ne devait pas le maltraiter encore plus…
Ses épaules retombant de soulagement, l’homme s’autorisa un instant de répit, se laissant tomber sur son lit avec la fourrure. Alix mit aussi la sienne sur ses épaules, avant d’en mettre un pan sur celle de son frère, ce dernier faisant exactement la même chose avant de se laisser tomber épaule contre épaule côte à côte.
– Il ne s’est rien passé… la Déesse soit louée… il ne s’est rien passé…
– Ouais, on va rester humains pendant un bon moment on dirait… tant qu’on est tous les trois, on le restera…
– Oui… arriva à sourire une seconde l’ainé avant d’avouer, redevenant plus sombre. Je ne me souviens presque rien de ces dernières semaines… juste de quand je t’ai retrouvé, quand on a retrouvé Félix et mon envie de le revoir… de tous vous revoir… tous… souffla-t-il, le cadet comprenant que trop bien le « tous ». Le reste… impossible de le voir correctement…
– …Comme si c’était baigné de brume… compléta Alix. C’est pas bien plus net de mon côté… aucune idée si c’est une bonne ou une mauvaise chose… d’un côté, j’aimais courir partout avec toi mais, je n’ai pas envie de me souvenir de tout ce que j’ai déchiré avec les dents… bon, baffer Rufus, c’est pas mal comme souvenir mais, d’avoir le gout de son sang dans la bouche quand je lui déchiquetais le bras, moins … ni de quand je t’entendais pleurer et chanter tous les soirs en suppliant car, tu étais seul et qu’on voulait se revoir…
– Ça, c’est difficile à oublier… surtout tout ce qui s’est passé avant qu’on se transforme… Rodrigue se recroquevilla dans sa fourrure, comme si elle le protégerait à nouveau de cet homme. Ô Déesse et Lune… cela faisait si mal… je… c’était comme si cela les amusait tous de me déchiqueter le cœur… je n’en pouvais plus… cette transformation… c’était plus une cachette et un échappatoire qu’une vraie solution… juste pour ne plus souffrir…
– C’est normal… tout depuis des mois… c’était juste un cauchemar éveillé, autant en tant qu’humain que loup… enfin, c’est fini maintenant… on ne les reverra pas de sitôt… je ne les laisserais plus te faire plus de mal, c’est promis, lui jura Alix sans hésiter.
– Moi aussi, je te protégerais… d’eux tous et de leurs ordres absurdes… autant toi que Félix… plus rien ne vous arrivera… pas tant que je serais là…
Ils restèrent encore quelques instants l’un contre l’autre, quand ils flairèrent l’odeur du louveteau, arrivant à grands pas, une bonne odeur de groseilles fraiches avec lui… c’était la saison après tout et ils aimaient tous ces fruits dans la famille…
« Papa ? Alix ? Vous êtes là ? Demanda Félix en passant la tête dans la chambre de son père.
– Oui, entre Félix, » l’autorisa en souriant Rodrigue, toujours soulagé de le voir, son instinct lui répétant encore et encore de le garder auprès de lui, lui rappelant à quel point il avait été proche de le perdre, encore plus renforcé par la perte de Glenn si peu de temps auparavant… leur famille avait subi trop de chose en trop peu de temps…
« Il y a encore plein de groseilles dans la forêt, même si vous avez surement déjà deviné, anticipa-t-il, avant de se refermer un peu en voyant les jumeaux dans leur fourrure. Tu l’as mise ?
– Oui… je devais le faire… pour savoir… et pour le moment, rien n’a changé et cela n’a aucun effet sur moi, même quand j’utilise de la magie faible, ne t’en fais pas, lui jura-t-il. Pour le moment, je la contrôle…
– D’accord… mais fait attention quand même. »
Il les rejoignit et Rodrigue ne put s’empêcher de le tirer sur ses genoux, voulant juste rester au plus près de son fils… même s’il faisait tout pour ne pas devenir envahissant, il était devenu très collant une fois redevenu humain, cherchant toujours une trace récente du passage de ses proches, le simple fait de les savoir près de lui, qu’il pourrait arriver rapidement pour les aider et les protéger… heureusement que ses sens étaient devenus aussi aiguisés que ceux des loups, cela aidait dans ce genre de situation… pas plus tard que la semaine dernière, il n’avait pas vu Félix de toute la matinée alors, le père s’était mis à paniquer en l’appelant de toutes ses forces et à retourner toute la pièce où il était afin de trouver une trace de son petit… heureusement que Loréa avait pu vite lui remettre les idées en place, Rodrigue priant pour que Félix n’ait pas vent de ce qui s’était passé… il avait trop peur que son petit culpabilise comme quand il l’avait retrouvé… mais Félix avait senti que quelque chose n’allait pas et avait fait si attention au moindre de ses faits et gestes que Rodrigue lui avait avoué… tout le monde portait des pommes de senteurs avec un parfum spécifique à présent, histoire que l’odeur soit plus présente et que les jumeaux ne fassent pas une autre crise… c’était presque une obsession à ce stade, encore plus que pour Alix… d’après Pierrick, c’était à cause de la séparation trop violente avec sa famille, surtout aussi peu de temps après la mort de Glenn… il les avait déjà perdu une fois alors, son esprit refusait et craignait plus que tout que cela recommence…
« Là aussi, seul le temps vous permettra à tous les deux de guérir… »
Rodrigue priait pour que le médecin dise vrai… au moins, les pommes de senteur les avait un peu aidés, c’était un début…
Pour oublier son angoisse et plus profiter de la présence de son fils, le père croqua dans une des baies fraichement cueillies et passé à l’eau du lac, souriant en retrouvant le gout acide qu’ils aimaient tous.
« Elles sont très bonnes, merci beaucoup Félix.
– Avec tout ça, on avait manqué le début des fruits rouges ! On a du retard à rattraper ! En plus, depuis qu’on envoie plus rien à Fhridiad, étrangement, on a des rations plus grosses pour manger, qui l’eut cru ? Se moqua un peu Alix.
– Tout le monde, et tout le monde mange mieux maintenant, c’est mieux, répliqua Félix en avalant une baie. On est allé en chercher avec Cassandra avant qu’elle n’aille aider la patrouille aérienne…
Cependant, malgré tout, Rodrigue ne pouvait que voir l’air sombre sur le visage de son fils, un peu ailleurs.
– Il y a quelque chose qui ne va pas Félix ? Lui demanda-t-il alors, sachant que le laisser tout seul avec des pensées sombres n’apporterait rien de bon.
– C’est rien… c’est juste que… d’habitude… il fit une pause, cherchant ses mots avant de dire, ces mots si simples qui étaient aussi les plus difficiles. C’est avec Glenn…
Les jumeaux ne comprirent que trop bien, entendant presque l’ainé des deux louveteaux dire à quel point son petit frère était adorable de leur apporter des baies, juste pour le voir s’énerver à cause des taquineries, puis de le remercier en appréciant les fruits avec eux, même tous les jours… encore plus une fois revenu alors que du côté de Fraldarius, les choses commençaient à se tasser après la Tragédie, les gens étaient surtout remonté contre les dernières exactions de la capitale et tournaient toute leur rage contre la famille royale rendu responsable de tous les deuils, et même s’ils étaient dans une situation périlleuse de quasi révolte contre le pouvoir royal, les choses allaient mieux en interne. La disette s’éloignait de plus en plus de leurs foyers mais, les fantômes demeuraient, plus présent que jamais après le choc et les semaines mouvementés pour survivre… il devait encore plus hanté Félix… c’était la première fois qu’il vivait le deuil de quelqu’un d’aussi proche de lui… il était trop petit pour celui de Félicia… il l’était encore… la mort arrivait toujours trop tôt…
Rodrigue posa alors sa main dans son dos, protecteur, alors qu’il murmurait.
– Oui… il devrait y avoir Glenn…
– C’est pas juste… il devrait être là… pourquoi c’est sa chambre à lui qui est vide ?
– C’est toujours injuste, encore plus dans une situation comme celle-ci, souffla-t-il en lui frottant le dos, sentant que ses larmes n’étaient pas loin. C’est toujours dur et ça fait mal… il n’y a que le temps et le soutien qui peuvent guérir ce genre de plaie, même si elle reste toujours…
– Combien de temps ?
– Cela dépends des gens… et tu n’as pas besoin de ne plus avoir mal tout de suite… il faut que tu prennes le temps qu’il te faut pour guérir… pour ne pas être obsédé par la mort de la personne, et arriver à se raccrocher aux bons souvenirs…
– Mais ça fait mal… je veux Glenn… je veux qu’il revienne… mais je ne veux pas avoir mal… marmonna Félix en se serrant un peu plus contre son père, se cachant dans son étreinte, comme si la tristesse et le deuil ne le trouveraient pas à l’intérieur.
– Mais si tu bouches tes émotions ou fait tout pour ne pas être triste, ça va exploser un jour ou l’autre, ajouta Alix en passant sa main sur la tête de son neveu. On a mis un an avant d’accepter que notre père ne reviendrait pas, ça pourrait prendre plus de temps, et c’est pas grave. Le tout, c’est que tu ne te noies pas tout seul dedans, et que tu ne t’isoles pas sinon, ça va te dévorer aussi. Le tout, c’est que ton deuil ne te tire pas vers le bas et que tu arrives à aller mieux.
– Le principal, c’est de ne pas rester seul avec sa propre souffrance et sa tristesse, c’est le meilleur moyen pour sombrer. Tant que nous restons tous ensemble, nous arriverons à surmonter cette épreuve… qu’en penses-tu louveteau ?
– D’accord… moi aussi, je resterais avec toi papa… et avec toi aussi Alix… leur jura Félix, restant encore dans l’étreinte rassurante. « La meute est forte ensemble »… c’est ce que disait Glenn…
– Il avait bien raison, » sourit un peu Rodrigue malgré la tristesse, essayant de s’accrocher aux souvenirs de son fils ainé souriant alors qu’ils étaient en famille.
Ils passèrent un peu de temps ensemble, les jumeaux n’ayant pas encore retrouver assez de force pour travailler toute la journée, même s’ils avaient repris. Ils ne pouvaient pas laisser tout le travail de gestion du duché uniquement à Loréa, ils devaient le reprendre en main mais, Pierrick les mettait en garde contre le risque de rechute. Mieux valait éviter de trop forcer pour le moment.
Félix continuait de leur montrer les leçons qu’il avait pu faire pendant ces dernières semaines. Rodrigue sourit en voyant tout le travail de son fils, fier de voir qu’il s’était accroché malgré tout pour continuer à être assidu dans ses études. Tout ceci lui serait très utile quand il serait grand…
Ils entendirent tous un grondement sortir de sa poitrine.
Sur le coup, l’homme ne comprit pas trop, commençant à s’inquiéter de ce que cela voulait dire qu’il pouvait faire ce bruit et comment il avait pu le faire physiquement, jusqu’à ce qu’après avoir été étonné comme eux, son louveteau se mette à sourire en déclarant.
« Tu ronronnes comme un chat !
Il sourit alors, passant sa main sur la tête de son petit en soufflant, moins anxieux que tout à l’heure à cause de ce grondement.
– C’est parce que je suis très fier de toi… »
*
Quand les côtes de Kleiman sortirent de l’horizon, Ivy regarda tout autour d’elle, tentant d’évaluer encore une fois les forces en présence. Il y avait son navire autant fait pour le commerce que pour les combats maritimes, mais aussi tout un tas d’embarcations diverses et variées, autant de pêche en haute mer que de cabotage, de grands commerces ou fluviales qui avaient osé les suivre sur des eaux bien plus houleuses. Tout le monde savait que Kleiman était dangereux, c’était évident, et plus personne ne pouvait entrer dans sa ville sans que plusieurs marins ne disparaissent alors, entre ça, la colère générale contre l’inaction du pouvoir royal, et les talents d’orateur d’Oswald, les marins de toute la côte nord-ouest de Faerghus les avaient rejoints. Plusieurs langskips srengs glissaient à toutes vitesses devant eux, ayant même eu le temps de se rendre en Duscur pour rendre les têtes des morts à leurs frères afin qu’ils puissent avoir les hommages funéraires, mais aussi les informer de l’objectif de cet escadron de marine hétéroclite, autant pour avoir des renforts que pour éviter qu’ils ne croient à une autre invasion. Bon, officiellement, les duscuriens n’avaient rien répondu pour ne pas encore plus compliqué leurs relations avec Faerghus mais, plusieurs navires de grandes guildes commerçantes avaient pris la mer avec des cargaisons diverses pour les rejoindre, avec la complaisance discrète d’un chef local.
Même après une vie entière à parcourir toutes les mers, Ivy avait rarement vu une compagnie aussi hétérogène, une bonne partie parlant mal la langue des autres mais, le langage des ports permettait de se comprendre entre eux afin de manœuvrer efficacement tous ensemble.
Tout ce monde acceptait de coopérer dans un seul but : arrêter Kleiman et sa soif de sang, autant duscurien que des simples passants dans sa ville.
« Qui aurait pu croire que tout ceci pourrait arriver et qu’on serait entrainé dans une histoire pareille… marmonna Ivy.
– Recommencer est un meilleur mot qu’arriver…
Elle regarda Oswald, son regard sombre braqué vers la côte. Il était en habit simple d’archer, bien protéger par son armure, son carquois rempli de flèche, comme un soldat ordinaire, à l’exception de la capuche tout autour de sa tête pour éviter qu’on le reconnaisse. Elle ne l’avait jamais vu aussi renfermé sur lui-même, même si ses yeux restaient déterminés.
– Les cinq messagers ne sont pas revenus. Ils auraient dû revenir depuis au moins trois jours alors qu’on demandait juste à Kleiman de s’expliquer sur la disparition de vingt-sept personnes. Ma main au feu, nous retrouverons leur tête sur une pique au-dessus des portes du port… ou alors, il va nous les renvoyer couper en morceaux… c’était dans les « bonnes » habitudes de Clovis… j’espérais que tout ceci se serait terminé une fois que Clovis a été décapité et envoyé dans le caveau des criminels… Justine aussi disait que c’était terminé… qu’on aurait pu se dire que nos enfants ne vivraient jamais des choses pareilles, mais tout recommence encore… il serra le poing sur son carquois. Ludovic doit se retourner dans sa tombe en voyant la déchéance de son sang.
Ivy hocha la tête, comprenant le tourment qui l’habitait. Oswald avait surement vu plus de choses dans sa vie que bien des gens avec qui il avait grandi, leur avait même survécu pour la plupart, et il avait survécu au règne de Clovis sans que l’Alliance ne soit envahi avec Justine von Daphnel. Il aurait surement préféré finir sa longue vie sans devoir affronter tout ça.
– On a ça maintenant alors, mieux vaut le régler maintenant avant que ça n’empire et tant qu’on le peut encore. En plus, les espions srengs ne se sont pas fait repérer depuis qu’ils sont infiltrés et ils ont pu saboter les chaines qui protègent l’entrée du port. On est aussi arrivé à avoir une bonne idée d’à quoi ressemble l’intérieur des murailles avec les corbeaux des srengs, et comme vous l’avez dit, on voit d’ici que Kleiman est un seigneur mineur avec juste une grosse maison qui n’est pas construite comme une forteresse, ça devrait nous simplifier la tâche, même si on doit faire attention à ce qu’il nous réserve.
Oswald hocha la tête, arrivant à fendre un léger sourire.
– Vous avez raison. Si les messagers ne reviennent pas, raison de plus pour se dépêcher avant que les espions n’y passent aussi. Nous devons arrêter tout ceci, au moins en coupant la tête du pire, et je fais confiance aux faerghiens pour finir d’arracher les racines du mal. Pour le moment, concentrons-nous sur la bataille qui nous attend. Merci capitaine.
– C’est normal.
– Eh ! Les leicesters !
Oswald baissa la tête vers le navire duscurien juste en-dessous de lui, la capitaine leur hurlant que c’était l’heure. Ivy répondit qu’ils étaient prêts.
Les navires se mirent alors en ordre de bataille comme ils pouvaient malgré leurs différences de structures et d’expérience, celui d’Ivy et des quelques corsaires expérimentés menant les autres afin de les protéger, leur coque étant faite pour résister à des assauts. Entre eux, les navires srengs avaient rangé leurs voiles afin d’être plus discrets, se cachant pour que les défenseurs ne les voient pas foncer vers les chaines sabotées. Derrière, en seconde ligne, les navires plus fragiles se tenaient prêts. Dotés de rames, ils seraient chargés de tous les emmener dans le port, plus rapide et maniable que les grosses caravelles à voiles. Leur objectif était au moins d’atteindre le port, puis s’enfoncer en ville jusqu’à la maison seigneuriale. Une fois là-bas, il faudrait capturer Kleiman et ses hommes de confiances au plus vite et le mettre aux arrêts avant qu’ils ne puissent s’enfuir.
Ils devaient être rapide, précis et tout faire pour éviter de trop grosses pertes à cause de leurs forces limitées et très diverses. Il n’aurait droit qu’à un seul essai sinon, la corde tendue qui les tenait tous ensemble cèderait et ils se disperseraient surement sur le champ…
« Comme quand on a une proie qui ne nous a pas repérés dans notre ligne de mire… »
Oswald empoigna plus fermement son arc, faisant une prière aux Braves et à sa bonne amie Justine. Il ne louperait pas sa cible.
Les navires s’étaient approchés à portée de voix quand un homme leur hurla depuis le haut des remparts.
« Halte-là navires ! Que faites-vous ici !
– Nous sommes de la corporation des marchands de Faerghus et des navigateurs venus d’autres horizons ! S’écria la capitaine qui avait été élue pour les représenter, une pure faerghienne, afin de mettre les gardes plus en confiance que si c’était des étrangers qui arrivaient en masse sans aucun représentant faerghien. Nous avons envoyé cinq messagers auprès de votre seigneur afin de lui demander pourquoi des matelots et des civils disparaissaient aussi souvent dans ce port ! Etant donné qu’ils ne sont pas revenus depuis trois jours, nous sommes venus en masse lui demander de répondre à nos questions et de faire en sorte que ces disparitions cessent !
– Et notre seigneur les a envoyés paitre ! Nous n’avons à répondre que devant son seigneur Mateus et le roi !
– Mais un seigneur, aussi petit soit-il, se doit aussi d’assurer la sécurité sur ses terres ! S’il ne remplit pas ce devoir, nous pouvons venir directement lui demander des comptes ! En vertu de ce droit, nous voulons lui parler tous autant que nous sommes ! Et s’il les a repoussés, où sont passées ces cinq personnes ?!
– Ce n’est pas notre problème ! Foutez le camp maintenant ! Ou nous emploieront la force contre vous ! Que vous soyez faerghiens, leicesters, ou des meurtriers de duscuriens ! Nous sommes déjà très cléments de ne pas avoir incendié les navires qui transportent les assassins de nos frères !
Il eut quelques minutes de concertations entre les bateaux, autant pour vérifier que tous étaient prêt discrètement, que pour éviter que les défenseurs se méfient, ainsi que pour donner un peu plus de temps aux espions à l’intérieur de finir leur travail. La femme finit par hurler, en cœur avec tous les autres navires qui hurlèrent dans leur langue respective.
– Nous refusons !!! Nous rentrerons !!! Et nous libérerons nos camarades !!!
– Vous choisissez donc de finir par le fond ! Arbalétriers ! En position !
– Navigateurs du Midgard ! Cria Oswald en sreng. À vous !
– On a vu ! Que Thor combatte à nos côtés ! RAMEZ !!!
Tous les capitaines srengs abattirent le dos de leurs armes sur le tambour des rameurs, donnant le signal de départ.
Les navires cachés filèrent tout de suite vers les portes, glissant à toutes vitesses sur les eaux vers les dessous de la porte, s’attaquant tout de suite à la chaine qui le fermait. Normalement, des assommoirs étaient placés juste au-dessus des chaines pour contrer ce genre d’attaque sans devoir passer la tête au-dessus des créneaux mais…
– Les assommoirs ont été bouchés ! On a été saboté !
« Les espions srengs n’ont pas volé leur réputation d’être plus redoutables à dix qu’une armée de dix mille soldats ! »
Un énorme trait passa tout près d’eux, endommageant le bastingage. Le prochain tir atteindrait leur coque, c’était sûr ! Oswald repéra aussi vite qu’il put la meurtrière où devait être caché une arbalète de tour, prête à enfoncer leur pont. Il leva tout de suite son arc, se concentra sur la trajectoire qu’avait emprunté le trait, et tira sans hésiter. La flèche arriva à passer la meurtrière et étant donné qu’aucun carreau d’arbalète ne suivit le premier, il avait dû toucher le responsable de l’arme. Kleiman était officiellement un seigneur sans beaucoup de ressource, il ne devait pas avoir les moyens d’avoir plusieurs engins de guerre aussi puissant et couteux qu’une arbalète de tour, ni beaucoup d’homme aptes à la manier. Les assaillants devraient être tranquilles un moment avant que les défenseurs n’arrivent à trouver quelqu’un d’autre pour la réarmer et l’utiliser.
Au bout de quelques minutes, le cri rauque d’un cor se fit entendre.
– Le signal ! Aux navires à rames ! S’époumonna Ivy en quittant son poste en rassemblant ses hommes, Noce répétant ses ordres en volant de partout.
Oswald obéit, sautant lui-même dans le premier navire qui arriva avec la capitaine. Une fois la chaloupe pleine, les marins se mirent tous sur les rames, ramant au rythme du tambour pour s’harmoniser entre eux. Les minutes sans pouvoir rien faire d’autres qu’attendre paraissaient interminables, à la fois dans l’attente d’arriver et prêt à contre-attaquer dès qu’un ennemi était à portée de flèche.
Une fois les portes et les chaines passées, l’archer put mieux voir l’aspect de la ville. Effectivement, petite ville sans trop de moyens et avec des voisins pas trop agressifs… il n’y avait même pas de quais pour débarquer, seulement une jetée où s’échouaient les bateaux de pêche mais, ça les arrangeait.
Les marins attendirent à peine que la coque des chaloupes soient à terre, sautant sans hésiter au sol pour continuer à avancer vers la maison seigneuriale.
« Navires srengs ! Navires duscuriens ! Occupez-vous de tenir les rues ! » Leur rappela Oswald avant de descendre à terre. Les habitants sortiraient moins pour se défendre en voyant des ennemis occuper le terrain, ce qui éviteraient des heurts avec la population de la cité.
Suivant Ivy qu’il couvrait avec ses flèches et remerciant son emblème de l’empêcher d’être trop fatigué malgré ses os qui vieillissaient, Oswald et les autres fodlans s’élancèrent dans la rue principale avant d’entrer dans la maison seigneuriale, peu empêcher par la garde déjà occupée sur le port, et la quelque vingtaine d’hommes restant n’était guère suffisante pour arrêter une grosse centaine de marins déterminés.
Une odeur de cadavre et de corruption piqua les narines des assaillants dès qu’ils rentrèrent dans la cour.
« Cette odeur… Attention ! Les mages noirs sont ici ! Restez sur vos gardes ! Rappela le grand-duc alors que son emblème se calmait une seconde, ayant déjà prévenu tous les navires que Kleiman pourrait utiliser une magie interdite.
– Oswald ! Là-haut !
L’archer regarda dans la direction qu’Ivy lui disait, réagit au quart de tour quand il vit un éclat de magie noire se former et décocha une flèche dessus, la faisant exploser au-dessus d’eux avant que le sort ne touche qui que ce soit. Dans le même temps, Ivy passa sur le côté de l’archer, embrochant un ennemi fonçant sur lui sur le fil de son épée, surveillant derrière son épaule pendant qu’Oswald surveillait le ciel en ordonnant.
– Par ici ! Vite ! Ils sont surement à l’intérieur !
Après avoir enfoncé la porte, les marins entrèrent en trombe dans la grande salle où ils trouvèrent Kleiman, entouré de ses conseillers et de plusieurs mages étranges, avec des motifs qui disaient quelque chose à Oswald…
« Les mages noirs de l’époque de la guerre du Lion et de l’Aigle ! Ils portaient ses motifs-là ! Méfiez-vous des gens en noir ! C’est les plus dangereux ! »
Comme pour souligner ce qu’il venait de dire, une magicienne commença à charger un sort et le lança en vitesse, balayant un marin en un instant, puis un autre qui tentait de l’attaquer par derrière. Le sort ne toucha qu’eux mais, il ne laissa que des sortes de momie complètement desséchées, comme vidées d’eau, de sang et d’énergie vitale, tombant au sol dans un fracas d’os morbide, provoquant la panique et la fuite d’une partie d’entre eux pour éviter d’être le suivant.
Ivy tira Oswald derrière un escalier pour se protéger des sorts, l’aidant alors que la fatigue retenue par l’emblème commençait à l’engourdir et brûler ses muscles vieillissants… C’était pas vrai ! Pile au pire moment ! Sans l’Infaillible pour continuer à le stimuler même pendant un temps calme de la bataille, il disparaissait de plus en plus vite ! Il ne devait pas lâcher maintenant ! La magicienne noire s’approcha comme si elle ne craignait pas de se prendre une flèche ou un projectile, observant tout autour d’elle avec un petit sourire vicieux, les provoquant sans vergogne. Elle empestait la magie noire…
« Les insectes tentent de se débattre à ce que je voie… susurra-t-elle avant d’ajouter en regardant dans leur direction. Enfin, on a aussi un insecte plutôt rare… ça fait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’attraper un emblème majeur… allons petit emblème majeur… montre toi… »
« Merde ! C’est quoi cette femme ?! Enragea à mi-mot Ivy. Votre emblème a disparu avant qu’on entre ! Et elle a fait quoi à ces gars ?! C’est ça les effets de la magie noire ?!
– Elle porte les mêmes motifs que ceux du bataillon puant… haleta Oswald. Et c’est bien elle qui sent la magie noire…
– Ah ça pour puer, elle pue… elle comme tous les autres qui ont ce motif d’œil… »
« Allons… lequel d’entre vous est l’emblème majeur ? Honnêtement, il m’intéresse plus que vous tous réunis alors, on peut faire deux choses. Soit, je vous attrape un par un et je vous transforme tous comme les deux insectes qui tombent en poussière sur le plancher pour faire le tri, l’emblème majeur résistera mieux à mes sorts, soit vous me livrez et je vous laisse tous partir en vie.
Un silence retentissant tomba dans la pièce, juste occupée par Kleiman et ses hommes en train de se débattre contre la porte de la trappe qui devait leur servir à s’enfuir, bloquée par une hache qui avait volé quand les assaillants étaient entrés. Ivy et Oswald échangèrent un regard lourd alors que la femme continua, s’échangeant la même question ainsi que la même réponse.
– Cela me semble un marché correct. De toute façon, de misérables insectes tel que vous ne pourrez jamais battre un être qui vous est aussi supérieur tel que moi, vous venez de le voir par vous-mêmes alors, saisissez donc votre chance de survivre et de continuer votre pitoyable existence. Il suffit juste de me donner l’emblème majeur. Vous avez la parole de Bias, la Meneuse Érudite…
Elle fut exaucée quand Ivy poussa aussi violemment qu’elle put Oswald hors de leur cachette, le plus loin possible d’elle. Le vieil homme se recroquevilla sur lui-même, la face tournée vers le sol, sa capuche défaite laissant voir ses cheveux gris et sa fatigue rendant le moindre de ses mouvements tremblants et incertains, se tenant la poitrine comme si son cœur était sur le point de lâcher à cause de toutes ses émotions.
La femme eut un sourire carnassier, s’approchant du vieillard en déclarant.
– Évidemment, vous préférez vivre, c’est bien. Vous avez un minimum d’instinct de survie mais bon, c’est la base pour les bêtes. Et dommage, l’emblème majeur est décrépit et ancien, il ne va plus survivre longtemps et n’a sans doute plus la force de sa jeunesse… les bêtes de votre genre vieillisse si vite… marmonna-t-elle en se baissant vers lui. Enfin, c’est devenu si rare les majeurs à présent, on fera avec… vient donc…
Avant qu’elle n’ait pu finir sa phrase, Oswald se retourna d’un coup et lui envoya le pot minuscule autour de son cou en plein visage, libérant toute la poudre urticante qu’elle contenait, puis l’homme enfonça la pointe d’une de ses flèches en plein dans l’œil, lui transperçant surement le crâne. Bias siffla de douleur en se redressant mais, avant qu’elle n’ait pu s’en débarrasser ou attaquer à nouveau, une épée lui traversa tout le dos pour ressortir de sa poitrine.
– Pour un être supérieur, t’es aussi fragile que les « insectes » qu’on est, marmonna Ivy.
Elle serra le manche de son épée puis, la ressortit d’un coup du corps de la magicienne, laissa un sang rouge très sombre, presque noir s’écouler sur le sol alors que Bias s’effondrait, morte comme tout le monde le serait après une blessure pareille. Les autres mages avec les mêmes motifs qu’elles se mirent tous à paniquer, laissant le temps aux autres assaillants de les maitriser avec Kleiman et le reste de ses sbires.
Reprenant son souffle, Ivy s’approcha Oswald en lui demandant.
« Tout va bien ?
– Oui, ça va, même si ce genre de cabriole n’est plus de mon âge, répondit-il en cherchant un peu son équilibre à cause de la fatigue.
– Bah, pour un gars de quatre-vingts balais, vous vous en sortez plutôt bien, lui assura-t-elle en l’aidant à se rester debout avant d’avouer, même si j’ai eu peur que vous ne vous repreniez pas assez vite.
– J’ai encore quelques ressources on dirait… il eut un sourire en voyant Kleiman ligoté avec ses sous-fifres, alignés le long du mur et désarmés. Au moins, nous les avons attrapé… J’ai bien fait de vous faire confiance. »
*
Une fois Kleiman capturé, la plupart des gardes s’étaient rendus sans trop de difficultés, épuisés par les derniers évènements, même si une partie s’était battue jusqu’au bout en visant particulièrement les duscuriens ou toutes personnes avec une peau un peu sombre, soit à peu près n’importe qui qui passait son temps dehors. Ceux-là avaient refusé de se rendre et avaient préféré se faire tuer plutôt que capturer. Bon, au moins, c’était déjà un problème de régler pour le coup, aussi sordide la conclusion pouvait l’être. Leur patron était tout aussi loquace qu’eux, refusant de dire quoi que ce soit quand Oswald, Ivy et tous les autres le pressèrent de question, se murant dans le silence. On le menacerait de lui arracher la langue qu’il ne parlerait pas, même au sujet de cette Bias.
Et enfin, il restait le groupe de mages étranges avec ce motif d’œil sur eux, rendus inoffensif grâce à des menottes duscuriennes bloquant leur magie. Au début, Ivy crut qu’il faisait partie d’un peuple vivant à Morfis à cause de leur peau extrêmement pale, pratiquement cadavérique, combinée à leur couleur d’yeux et de cheveux très rares mais, ils ne parlaient pas la même langue qu’eux. Enfin, ils semblaient comprendre le fodlan mais, pas moyen de les faire parler eux aussi.
« Rrrrhhhaaaa… ! Pas moyen de les faire passer à table ! Enragea Ivy après une nouvelle tentative de les interroger. Soit ils restent muets comme des carpes, soit ils nous insultent en nous traitant d’insecte !
– C’est vrai qu’ils n’ont pas l’air de vouloir parler mais, restons patient, une partie semble plus se taire par peur que par défi. Ils sont tout maigre et dès qu’on les approche ou élève un peu la voix, ils se recroquevillent sur eux-mêmes quand on arrive comme des personnes battues, fit remarquer Oswald. Les deux qui nous insultent constamment semblent être les sous-chefs après cette Bias et encadrer les autres. Tant qu’ils seront là, ils ne diront rien.
– Hum… alors, autant les séparer et tous les séparer, au moins les chefs de file. Les langues devraient se délier un peu sans eux.
– Oui, et il faut également bien les traiter, cela les mettra en confiance pour qu’ils nous expliquent ce qui se passe ici et nous ouvrent les portes qui nous résistent encore… avec ce genre de personne, un bon repas et de l’attention est le meilleur moyen de les faire parler… »
Sans hésiter, ils isolèrent les chefs de file, puis firent attendre un peu les autres en leur donnant un repas maigre pour le midi. Ce temps seuls avec eux-mêmes et sans nouvelle les angoisseraient sans doute, ils se demanderaient ce qui allait arriver à leurs chefs d’un côté et à eux de l’autre, ce qui rendraient tout geste bienveillant à leur égard plus fort.
Le soir, Oswald leur fit apporter une miche de pain chacun, un grand bol de soupe et une pomme, tout en précisant à ceux qui leur donnerait d’être agréables avec eux. Le petit groupe de sept personnes se tenaient recroquevillés dans un coin, évitant la lumière du soleil couchant, fuyant même la lumière de la bougie en mettant leurs mains sur leurs yeux. Après tout ce qu’il avait vu ces dernières semaines, Oswald devait avouer qu’il serait presque prêt à croire qu’ils étaient comme les vampires des légendes craignant la lumière mais, s’il se fiait à leur réaction quand ils avaient été emmenés ici, c’était plus qu’ils étaient très sensibles à la lumière, comme des créatures des cavernes.
« Veuillez m’excuser, je ne voulais pas vous faire mal, s’excusa-t-il en soufflant sa chandelle, la remplaçant par une petite boule lumineuse plus tamisée. Cela vous convient mieux ?
– … oui… c’est pour nous ? Demanda un homme en montrant les plateaux avec méfiance.
– Oui, c’est votre repas pour ce soir. Vous pouvez manger à votre saoul, leur assura-t-il, ne vous gêner pas.
– De la nourriture d’inférieur, marmonna une femme, le nez retroussé de dégout.
– C’est ça ou vous sautez à la corde alors, fait pas la fine bouche, grogna Ivy, son poignard et son épée à sa hanche afin de dissuader le moindre soupçon d’attaque sur Oswald.
– Une bête qui n’a même pas d’emblème n’est qu’un insecte, rétorqua-t-elle avec bravache.
Cependant, à part ses deux-là, les autres prirent leur propre assiette, tremblant un peu d’appréhension avant de gouter leur soupe. Une d’entre elle eut l’air étonné, regardant son simple bol de brouet comme si elle tenait le plus grand festin de tout Fodlan entre ses mains, avant d’en reprendre une cuillère sans hésiter.
– Vous appréciez on dirait, lui sourit Oswald, affable. C’est encore meilleur si vous mettez du pain avec.
Elle le regarda avec des yeux ronds, se recroquevillant à nouveau quand il lui adressa la parole mais, elle l’écouta, plongeant sa miche dans sa soupe avant de le croquer, ayant à son tour un grand sourire en disant quelque chose dans sa langue qui devait se traduire par « c’est bon », avant de déclarer en fodlan.
– C’est bon.
Elle se fit cependant tout de suite reprendre par la femme qui avait traité Ivy d’insecte, la réprimandant sévèrement à son ton mais, l’homme à côté de celle qui appréciait son repas dû la défendre car, l’orgueilleuse se tut et se résigna à manger son propre repas en ronchonnant. Ils parlaient entre eux une langue étrange… ça ne ressemblait ni au fodlan, ni à l’almyrois, ni au sreng, ni au duscurien, ni à aucune langue qu’Oswald avait entendu pendant sa vie. Soit ils venaient vraiment de contrées reculées, soit ils avaient développé leur propre langage pour communiquer discrètement ensemble.
Celle qui les avait remerciés finit la première en savourant sa pomme après avoir demandé ce que c’était, puis déclara.
– Merci pour ce repas. C’était très bon…
– C’est normal. Je suis content que cela vous ait plu… est-ce que je peux vous demander votre nom ?
– … matricule 456.
– Un matricule ? Vous n’avez pas de prénom à vous ?
– Non, l’Agastya et les grands Meneurs nous interdisent de dire notre nom.
– Ah ? Et pourquoi donc ?
– C’est ainsi, ils nous l’interdisent. Ils sont les seuls à avoir le privilège d’en porter un. Les ouvriers comme nous ne portent qu’un matricule. C’est déjà un grand honneur pour des inférieurs tel que nous d’avoir un numéro attribué par le Grand Agastya…
– C’est débile, ça vous réduit à un numéro alors que vous êtes des humains, comme eux, marmonna la capitaine. Y a que les bagnards et les criminels qui ont des matricules, et c’est pour bien leur rappeler que leurs actes sont tellement horribles qu’ils sont à peine humains.
– Un insecte ne peut pas comprendre que l’on doit le respect aux esprits supérieurs tel que les grands Meneurs et surtout envers l’Agastya, grogna l’orgueilleuse en faisant mine de les regarder de haut, même si Ivy la reprit à nouveau.
– Alors, si nous, on vous appelle par votre matricule, on vous est supérieur étant donné que c’est les « esprits supérieurs » qui vous appelle par des numéros et on est leur ait supérieur car en plus d’avoir un prénom avec un titre, on a en plus un nom de famille alors qu’eux n’en ont pas. Si on est des insectes à ce point, on peut vous appeler par un prénom, et c’est plus agréable pour tout le monde.
– De plus, chez nous, c’est très impoli d’appeler quelqu’un par un numéro, c’est comme ça qu’on parle des criminels comme vient de le dire le capitaine Drake. Par exemple, je m’appelle Oswald, enchanté de faire votre connaissance, déclara-t-il en levant sa main droite. Et vous ?
L’orgueilleuse foudroya la plus bavarde du regard, lui interdisant de parler mais, au bout de quelques secondes et hésitations, elle leva à son tour sa main pour la poser sur son front en déclarant, avant de serrer celle de l’homme.
– Alors… Pomme… ou Soupe… c’est bon… enchanté de faire votre connaissance Oswald.
– Moi de même. Et Pomme est un joli prénom.
L’homme qui l’avait défendu écarquilla les yeux en la voyant serrer la main d’Oswald, lui demandant quelque chose dans leur langue en paniquant, même si Pomme répondit en lui montrant sa paume.
– Bah non… y a rien, tu voies ?
Il eut l’air étonné, puis demanda, visiblement sans voix par cette simple poignée de main.
– Je… je peux aussi ?
– Bien sûr. Enchanté… ?
– Je ne sais pas… Ivy ? C’est joli… si deux personnes ont le droit de porter le même prénom…
– Bien sûr, on ne s’en sortirait plus sinon mais, c’est plus un prénom de femme mais, tu pourrais t’appeler Vivian ? Lui proposa la capitaine. On reste dans les mêmes sonorités comme ça.
Il hocha la tête avant de serrer à son tour la main d’Oswald avec appréhension, avant de la retirer avec étonnement en voyant qu’elle était toujours comme avant. Les trois qui n’avaient rien dit suivirent aussi en se présentant en utilisant apparemment des mots de leur langue, qui eurent la même réaction.
– On… on nous avait toujours dit que pour des ouvriers tels que nous, toucher une bête avec un emblème majeur nous brûlerait… surtout les tarés comme moi et matri… Vivian… avoua Pomme en regardant leurs mains à tous. Que le sang des enfants de la Noyeuse nous dévorerait les mains si on le faisait… quand c’est l’emblème mineur, ça piquerait comme du salpêtre mais, que les emblèmes majeurs brûleraient comme le soleil… que seuls les esprits supérieurs comme les grands Meneurs et l’Agastya étaient assez forts pour résister…
– Et bien, je dois avouer que c’est la première fois que j’entends une telle histoire ! Je vous rassure, je n’ai jamais brûlé personne en leur serrant la main ! » S’esclaffa Oswald, riant à moitié noir. Ces personnes avaient été maintenus dans l’ignorance, surement pendant des années afin de mieux les contrôler, comme dans les sectes les plus dangereuses. Qu’ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils faisaient ne l’étonnerait même pas vu ce qu’il avait devant le nez. Enfin, ça les rendrait plus facile à manipuler maintenant qu’ils voyaient de leurs yeux des preuves de ces mensonges.
Ils finirent tous de manger, le remerciant dans leur langue et en fodlan, avant que le grand-duc ne leur avoue, l’air sombre.
« Merci pour votre confiance. Je dois être honnête avec vous, l’heure en ville est très grave. Énormément de marins ont disparus dans ce port et nous avons des raisons de penser que votre employeur, Kleiman, est à l’origine de ses disparitions. À l’origine, nous sommes venus ici pour retrouver ces disparus et éviter qu’il y en ait d’autres. Après la démonstration de force de cette femme, Bias, nous sommes tous très inquiets pour eux. Étant donné que vous étiez en train de vous enfuir avec lui, nous avons toutes les raisons de penser que vous êtes leurs complices, et vous risquez d’être punis de la même façon qu’eux, même si vous n’étiez que des exécutants… leur apprit-il, voyant leurs joues blêmir de plus en plus au fil de ses mots. Cependant, si vous acceptez de nous aider, on pourra s’arranger pour vous éviter de finir comme lui. Par contre, il va falloir nous aider à retrouver les disparus et nous dire tout ce que vous savez.
Oswald les observa, voyant toute l’hésitation se peindre sur leurs visages anxieux. Pomme finit par ouvrir la bouche, tremblante comme une feuille.
– D’acc…
– Non !!! …
Celle qui les avait traités d’insecte s’énerva, reprenant violemment la jeune fille qui se décomposa, morte de peur mais, Oswald intervient, alors qu’Ivy faisait reculer la femme en colère.
– Cause correct aux tiens, c’est pas des chiens.
– La capitaine Drake a raison, on ne parle pas comme ça aux autres. Écoutez, je voie que vous avez peur et qu’elle vient de vous menacer mais, si vous nous aider et nous avouez tout ce qui s’est passé ici, nous vous aiderons et vous ne serez pas en danger, vous avez ma parole.
Pomme le dévisagea, demandant en tremblant, Vivian se tenant à elle en serrant leurs mains ensemble.
– Même contre l’Agastya ? Même contre l’être le plus puissant ? L’Agastya est l’Agastya, l’incarnation de la connaissance et de la puissance sur terre, le chef suprême des terres de la Grande Sphygi qu’il dirige… per… personne ne doit lui désobéir, le questionner ou lui résister…
– Oui, même contre lui s’il veut vous faire du mal ou vous forcer à faire des choses que vous ne voulez pas. C’est lui qui vous a raconté l’histoire que si vous touchiez quelqu’un avec un emblème mineur, vous serez brûlé ?
Pomme se mordit la lèvre avant d’hocher la tête.
– Pour quelqu’un qui sait tout, il vous a dit de sacrés mensonges, leur fit remarquer Ivy avec un air narquois après Oswald. Et s’il est aussi fort que cette Bias, on devrait s’en sortir, on a eu qu’à lui balancer de la poudre urticante dans la gueule et à l’embrocher avec une épée pour la battre. Même si votre Agastya est plus fort, on devrait arriver à le battre en faisant fonctionner nos neurones. Alors, faites ce que vous pensez être juste selon vous, pas selon votre Grand Con si génial qu’il est obligé de mentir en permanence pour se faire obéir car, un peuple qui réfléchit, c’est chiant à gérer.
– Agastya… crrrrétin… marmonna Noce sur son épaule.
La jeune femme finit par craquer, hochant la tête alors qu’elle prenait peut-être une des premières décisions de sa vie.
– Je vous montrerais et vous dirais tout… maintenant que la Meneuse Érudite est morte, sa magie ne devrait plus rien verrouiller… Juste… juste je ne veux pas retourner à Shambhala.
– Moi aussi, je veux bien vous aider, ajouta Vivian. Mais par pitié, ne nous renvoyez pas là-bas… ils nous tueront pour vous avoir parlés…
– Cela devrait pouvoir se faire, leur assura Oswald.
Les deux mages se levèrent, sous le regard effrayé des trois qui avaient serré la main du descendant de Riegan, et celui désapprobateur des deux derniers mais, ils restèrent fermes sur leur décision et les suivirent hors de la pièce. Les deux amis – peut-être… ça ressemblait à de l’amitié selon le grand-duc mais, il n’était pas sûr qu’ils sachent même ce que c’était… – les ramenèrent dans la grande pièce centrale, leur disant que leur « laboratoire » était sous la grosse dalle par où Kleiman et eux-mêmes avaient tenté de s’enfuir. Avec l’aide de plusieurs forgerons et tailleurs de pierre de la ville, ils arrivèrent à la forcer malgré les déformations, puis des hommes en armes descendirent les premier, suivit d’Ivy, Oswald, Pomme et Vivian.
Le boyau était assez étroit, à peine large comme un chevalier en armure, mais pour des personnes aussi maigres et de petite taille que les deux mages, cela restait praticable. Aucune torche n’éclairait l’endroit, remplacé par des sortes de longs rubans luisant, encastrés de chaque côté du couloir, indiquant le chemin dans la pénombre. Si c’était les lumières auxquels ils étaient habitués et qu’ils passaient beaucoup de temps sous terre, ce n'était pas très étonnant qu’une flamme leur fasse mal aux yeux, manque d’habitude… une odeur de plus en plus nauséabonde envahissait leurs narines alors que les deux mages baissaient la tête, gagnés par la honte… une odeur de cadavre et de fumée… de magie noire…
Le groupe marchait depuis quelques minutes quand Oswald commença à entendre les hoquets de stupeurs des hommes d’armes devant eux, avant qu’il ne voie le laboratoire de lui-même, ne pouvant contenir son incompréhension mêlée d’horreur à son tour. Le boyau débouchait dans une énorme cavité éclairée par des pierres semblables aux veines luisantes, éclairant un ensemble de table semblable à celle des chirurgiens mais, avec d’énormes attaches pour tenir les membres, l’odeur de sang séché et de chair putrifié rendant l’air pratiquement irrespirables prenant tout son sens en les voyant. Plus au fond, il y avait un couloir avec deux côtés bien distincts : à leur gauche, il y avait des rangées de dizaine de tubes transparentes comme du verre où flottaient des sortes de boules, et à droite, un damier de pressoirs énormes, de sorte de cuves surplombés de cheminé, et de grands casiers entre les deux.
C’était ordonné au cordeau… presque scientifiquement…
« Qu’est-ce qu’il y a dans les cuves et les casiers ? Osa demander Oswald, son sang se gelant de plus en plus en devinant ce qu’ils contenaient.
– Vos semblables qu’on a récupéré encore vivant au projet Delta qui a eu lieu quelques lieux plus à l’ouest, et des personnes sur le port, dont je m’occupe, répondit Pomme avec une toute petite voix, les yeux baissés, serrant sa tresse rose vif dans ses mains. Dans les casiers, c’est les corps des morts dont s’occupe Vivian. On est deux défaillants alors, on a la tâche de s’occuper de vos semblables, que ce soit pour les maintenir en vie pour moi ou se débarrasser des restes pour Vivian… c’est ce qui est le plus dégradant.
– Et qu’est-ce qui est pas dégradant pour vous ? » Demanda un soldat duscurien en regardant la scène avec horreur, conscient que plusieurs de ses frères et sœurs avaient dû passer par cette sale macabre. Au nom des Braves, heureusement que les murs ne pouvaient pas parler, même si le simple fait d’imaginer tout ce qui avait pu se produire ici rendait ce silence encore plus insupportable et dérangeant… c’était presque… bien trop calme…
« Assister la Meneuse Érudite… répondit difficilement Vivian.
– C’est-à-dire ? Demanda Ivy, tenant quelques minutes Noce contre sa poitrine pour qu’il se calme malgré l’odeur atroce et le manque de lumière.
– Projet Alpha… continua le mage. Endurcissement des corps et transformation des métabolismes… étude de sujets vivants pour comprendre leur fonctionnement interne et l’utiliser afin de faciliter les expérimentations des Meneurs…
– Attendez… vous êtes en train de nous dire que vous découpiez des gens vivants ?! Mais quel être humain peut être assez tordu pour faire une chose pareille à ses semblables ?! S’énerva-t-elle, Noce contre elle.
– Nous ne sommes pas humains… pas comme vous en tout cas…
– Oui, esprits supérieurs, inférieurs, insectes… tout ça, on connait, vos copains nous l’ont dit tout à l’heure, les coupa Ivy, furieuse et dégoutée, regardant de partout autour d’elle comme si elle cherchait quelque chose. Mais personne ne se sent mal de juste découper des gens encore en vie ?! Vous n’avez pas d’empathie pour eux ?!
– C’est quoi l’empathie ?
Ivy dévisagea Pomme, ne sachant pas si elle devait être en colère ou compréhensive. Aux yeux de cette mage, c’était une question parfaitement normale, elle la posait presque en toute innocence, ne sachant même pas ce que c’était alors que pour la plupart des gens, c’était tout de même la base les émotions et les sentiments. Vu le niveau, c’était même limite énorme qu’elle ait juste osée la poser sa question…
– L’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place des autres pour les comprendre et agir en conséquence, expliqua-t-elle lentement en laissant Noce regagner son épaule. Par exemple, quand quelqu’un a mal, tu comprends ce que ça fait et tu tentes de l’aider normalement.
– Ah, c’est comme pour les défaillants comme nous deux alors, comprit Vivian. C’est pour ça qu’on s’occupe des… des « stocks »… c’est pour corriger nos défaillances et nos tares à force…
– Vous voulez dire que l’empathie, c’est pas normal chez vous ? Demanda une guerrière sreng, sans voix.
– Non, c’est les défaillants et les insectes qui s’en font pour les autres. Quand des ouvriers comme nous tombent, tu les laisses par terre, ils n’étaient pas dignes du Grand Plan de l’Agastya… même les Meneurs… nous avons échoué, on sera juste remplacés par d’autres matricules… en particulier ceux comme nous qui sont tarés…
– C’est-à-dire ? Vous avez des problèmes physiques ou mentaux ?
– Non, on serait inepte au travail, on serait déjà mort depuis longtemps, on ne servirait à rien à la cause, c’est notre âme notre problème… on ne sait pas pourquoi… juste… ça fait mal de voir tout ça… marmonna Vivian, complètement perdu, tordant ses longs doigts blancs ensemble alors qu’il secouait la tête, agitant ses boucles orange qui cachait ses yeux de la même couleur perdus dans le vague. On ne sait pas… on ne sait pas… mais, on ne peut pas s’en empêcher… c’est comme si on avait des épingles dans la poitrine… ça fait un peu moins mal quand on leur ferme les yeux et on les met correctement mais, ça fait toujours mal de les entendre… même quand on les entend depuis toujours… et on arrive pas à se concentrer uniquement sur le Grand Plan selon le désir de l’Agastya… on ne sait pas ce qui ne va pas chez nous… on est comme le Traitre Abominable dont on doit taire le nom… on arrive pas à être ce qu’on nous demande être…
– C’est pas une tare alors, c’est juste que vous n’avez pas été cassé par cet Agastya, répliqua Oswald sans hésiter. C’est normal de ressentir de l’empathie pour les autres et d’être mal quand des choses horribles leur arrivent comme… comme tout ce qui a pu se passer ici. Ce Traitre Abominable devait être comme vous et être capable de ressentir de l’empathie malgré tout ce qui lui était arrivé… au contraire, soyez fier de lui ressembler.
Pomme et Vivian échangèrent un regard, perdus, mêmes s’ils firent un signe de tête qui ressemblait à un acquiescement pour eux. Déesse… des êtres vivants incapables de ressentir de l’empathie ou faisant tout pour l’éliminer… c’était la première fois qu’il voyait une telle chose…
Une fois à peu près remis de ce qu’ils venaient d’apprendre, ils se mirent à prendre possession des lieux et à s’organiser pour sortir les rescapés de cet enfer au plus vite. D’après Pomme, le liquide où ils étaient les maintenait en vie et évitait que leurs blessures s’aggravent mais, elle comprit à peu près pourquoi c’était important pour eux de les extirper de ces bocaux.
« Quel était le but de ce « plan Delta » dont viennent toutes ses personnes ? Lui demanda Oswald pendant qu’Ivy et un soldat tiraient une des messagers qu’ils avaient envoyés auprès de Kleiman de sa cuve, étalant lui-même une couverture où l’allonger.
– Je ne connais pas les détails mais, si j’ai bien entendu ce que disait la Meneuse Érudite, ce n’était pas pour nous faire des stocks de cobaye… d’après elle, c’était pour plonger cette partie des protégés de la Noyeuse dans la discorde et le chaos, afin de mieux les infiltrer et de pouvoir faire avancer le Grand Plan. Une autre meneuse est dans votre capitale à vous alors, le chaos l’aidera à avoir plus d’influence… expliqua Pomme en déplaçant des pierres sur une surface rocheuse, semblant actionner des mécanismes par ses quelques gestes alors qu’elle ne pouvait toujours pas utiliser de magie.
– Et vous connaissez le nom de cette meneuse ? Son vrai nom je veux dire, comme Bias.
– … nous, nous l’appelons « Grande Savante » et son prénom, c’est Périandre mais, ce n’est pas sous ce nom que vous la connaissez… et qu’elle a pris la place de quelqu’un d’important… on peut prendre l’apparence des autres de… je vous expliquerait après mais, vous la prenez pour quelqu’un d’autre dont elle a volé le visage et l’identité… je n’en sais pas plus, je n’ai jamais été sous ces ordres, cela fait des années que je suis dévouée au service de Bias… la Meneuse Érudite ! La Meneuse Érudite ! Pardon !
– Allons, ne vous en faites pas, elle est morte à présent, elle ne pourra plus vous faire de mal car, vous l’appeler par son prénom. Et merci, c’est déjà beaucoup d’informations qui nous seront très utiles, » lui assura Oswald, déjà bien content d’avoir trouvé quelqu’un d’un peu plus bavard que Kleiman.
Ils continuèrent à avancer et à tirer les rescapés de Duscur et des enlèvements à Kleiman, quand Ivy se figea, regardant une cuve un peu plus loin.
« Ivyyyy… appela Noce, solidement accroché à l’épaule de son amie.
Elle courut alors d’un coup vers cette cuve, appelant tout de suite Pomme qui arriva sur ses talons avec Oswald.
– Il est en vie ? Par pitié, dit-moi qu’il est en vie et qu’il va vivre… déclara-t-elle, entre le grognement et la supplique, jetant des regards angoissés à celui qui dormait dans ce bocal.
Il s’agissait d’un jeune homme recroquevillé sur lui-même, ses bras forts entourant ses jambes pour les tenir contre sa poitrine pale et couverte de cicatrice de brûlures, surement mortelles si la technologie des « agarthans » – soit le nom de leur peuple ou de leur secte si Oswald avait bien compris – ne l’avait pas sauvé. Sa peau était très pale, contrastant avec ses longs cheveux noirs et bouclés, retenus dans une épaisse tresse qui flottait autour de lui. En le voyant, il comprit tout de suite la raison de la panique d’Ivy…
« C’est fou ce qu’il ressemble à son père… »
– Oui, il l’est. De peu mais, il vivra. Périandre et Myson avaient dit qu’on aurait bientôt d’autres membres de la même famille avec un emblème mineur et un emblème majeur alors, il fallait le laisser de côté pour comparer les trois alors, je l’ai mis au fond…
– D’accord, tu m’expliqueras en détail tout ce que tu sais après mais avant, il faut qu’on le tire de là !
– Bien sûr.
Pomme répéta la même série de mouvements sur la plaque que tout à l’heure, pendant qu’Ivy et l’autre soldat tiraient l’homme inconscient de sa prison de verre, enlevant dans un ordre bien précis les tubes qui le reliaient à sa cuve en trouvant heureusement une respiration qui agitait encore sa poitrine.
La capitaine l’allongea délicatement sur la couverture qu’avait étendu Oswald, l’installant bien avant de lui tourner la tête, comme un noyé pour éviter qu’il ne recrache le liquide de la cuve sur lui ou qu’il reste bloqué dans ses poumons. Puis, tout doucement, les deux leicesters le tournèrent sur l’épaule, l’aidant à vomir.
– Allez… grogna Ivy, tendu comme un cordage de navire. Crache…
– … k… kof ! Kof ! Kreuf !!! Kra…
Le jeune homme rendit tous le liquide bleu luisant présent en lui, crachotant encore alors qu’il essayait de parler.
– Attention, te presse pas trop, t’étouffe pas alors que tu as encore de l’eau dans les poumons…
– I… Ivy… c’est… mais que… les yeux de chat du jeune homme s’écarquillèrent encre plus, même si leurs iris bleu d’eau restaient encore floues, s’affolant à cause des dernières choses qu’il avait vu, surement induit en erreur par l’odeur de sang omniprésente. Non… non… tu dois… les flammes… le sort… Dimitri… tout… ce… krreeeuufff… ! Kof ! Kof !
– Eh ! Je t’ai dit de ne pas t’étouffer ! Le rappela-t-elle à l’ordre alors qu’il crachait encore. Déjà que t’es une vraie pierre, va pas t’étouffer même à terre ! Pour résumer très vite, même si ça c’est mal fini, Dimitri va bien, et même si t’as dû en voir, tu es en sécurité maintenant.
– En… mais… mais comment… ? Je… qu’est-ce… qu’est-ce qui s’est passé… ? Où… où est-ce qu’on est ? Mon… mon père est là ? Et… et Félix ? Tu sais s’ils vont bien… ? Et Alix…
– Là aussi, très longue histoire mais, on va tout te raconter mais pour l’instant, tu dois te reposer. Je te raconterais tout quand tu te seras un peu remis. D’accord Glenn ?
Les yeux du jeune homme rencontrèrent ceux de la meilleure amie de sa mère, cherchant quelque chose de familier et de rassurant… il voulait presque l’entendre raconter ces dernières anecdotes de voyage, leur décrire ses mésaventures dont elle se tirait toujours et si tout c’était passé comme ça l’arrangeait à Almyra… juste pour retrouver quelque chose de normal… tout était tellement flou dans sa tête… la dernière chose dont il se souvenait, c’était des flammes de partout, des cris, et des mages étranges qui le tiraient du mélange de boue, de suie et de sa propre mare de sang… de la sorte de potion immonde qu’ils lui firent boire… puis, plus rien, un grand noir vide et glaçant… il avait tellement de questions… mais Glenn n’arriva qu’à supplier Ivy avant de s’évanouir à nouveau…
– Je veux rentrer chez moi… je veux mon père… Félix… et Alix… je veux retrouver… ma famille…
– Bien sûr, je te ramènerais chez toi, je te le promets, lui jura Ivy en passant sa main sur sa tête.
Glenn se laissa alors happer à nouveau par le sommeil, assez confiant en Ivy pour savoir qu’elle tiendrait parole…
#fe3h#écriture de curieuse#route cf + divergente canon#plus ou moins#j'espère que ça vous plait surtout !#on reprend en douceur après la FE OC Week !#C'étais prêt depuis un moment mais je voulais faire que 5 billets à la base jusqu'à voir le nombre de page et oui...#mieux vaut faire ça en un billet supplémentaire... ce sera mieux et moins condensé en reblog#La distribution de claque recommence ! J'ai beaucoup aimé écrire la scène de rêve ! J'espère qu'elle vous plaira !#(c'est les scènes que je préfère en général : les scènes de rêve ou irréalistes où les persos sont en plein trip#On peut mettre la réalité au placard et y aller à fond sur les symboles et les choses irréalistes tout en gardant la logique propre des rêv#diatribe des avertissements inspirée par une conversation avec un ami hors Tumblr qui a passé +30 minutes à cracher sur un jeu#auquel il n'a pas joué depuis 20 ans et qu'il déteste mais qu'il ne peut pas s'empêcher de cracher dessus en disant que c'est de la m*#avec quelqu'un -moi- qui aime ce jeu vu que c'est sa série de coeur alors pas très agréable à vivre et ça donne envie de rappeler :#Eh... [nom censuré]... ou le dernier jeu est mal fichu. Et si tu n'aime pas cette licence on peut parler d'autre chose...#donc bref : vous aimez pas un truc ou vous n'adhérer pas à un truc soit ne lisez pas soit évitez de le tartiner à la figure de gens l'aiman#ou alors assumez que vous avez donné une chance à quelque chose que vous doutez ne pas aimer pour voir#Enfin fin du négatif bonne lecture à tous !
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lepassagerdelanuit · 2 years
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💕« – Je t’aime, dit le Petit Prince.
– Moi aussi je te veux, dit la rose.
– Ce n’est pas pareil, répondit le Petit Prince.
Vouloir, c’est prendre possession de quelque chose, de quelqu’un. C’est chercher chez les autres ce qui peut remplir nos besoins personnels d’affection, de compagnie…
Vouloir, c’est chercher à faire nôtre ce qui ne nous appartient pas, c’est s’approprier ou désirer quelque chose pour nous combler, parce qu’à un moment donné, quelque chose nous manque…
Aimer, c’est désirer le meilleur pour l’autre, même s’il a des aspirations différentes des nôtres.
Aimer, c’est permettre à l’autre d’être heureux, même si son chemin est différent du mien. C’est un sentiment désintéressé qui naît d’un don de soi, c’est se donner entièrement à partir de notre coeur.
Quand on aime, on donne sans rien demander en échange, pour le simple et pur plaisir de donner. Mais il est aussi certain que ce don, ce don de soi, complètement désintéressé, ne se fait que quand on connaît. Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons, parce qu’aimer veut dire se jeter dans le vide, faire confiance à la vie et à l’âme. L’âme ne s’achète, ni se vend. Et connaître, c’est justement tout savoir de toi, de tes joies, de ta paix, mais aussi de tes contrariétés, de tes luttes, de tes erreurs. Parce que l’amour transcende les disputes, la lutte et les erreurs, l’amour, ce n’est pas uniquement pour les moments de joie.
Aimer, c’est la confiance absolue que, quoi qu’il se passe, tu seras toujours là. Non parce que tu me dois quelque chose, non par possession égoïste, mais juste être là, en compagnie silencieuse.
Aimer, c’est savoir que le temps n’y changera rien, ni les tempêtes, ni mes hivers.
Aimer, c’est donner à l’autre une place dans mon coeur pour qu’il y reste comme un père, une mère, un fils, un ami, et savoir que dans son coeur à lui, il y a une place pour moi.
Donner de l’amour ne vide pas l’amour, au contraire, il l’augmente. La manière de donner autant d’amour, c’est d’ouvrir son coeur et de se laisser aimer.
– J’ai compris, dit la rose.
– Ne cherche pas à comprendre l’amour, vis-le, dit le Petit Prince…💕 »
~ Antoine de Saint-Exupéry ~
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