Tumgik
#c'est un peu différent de ce que je fais d'habitude vu qu'on n'est plus à Fraldarius mais j'espère que ça vous plaira !
lilias42 · 1 month
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Deux petits textes : Jihane et Khalid + un vieux truc retrouvé mais qui va bien avec le précédent billet
Bon, ça fait un moment que je disais que j'allais le sortir celui-là mais, le voilà "enfin" on va dire : un petit OS où on voie l'enfance de Claude (alors Khalid) à Almyra ainsi que sa soeur ainée - et première héritière du trône de shah - Jihane (ainsi qu'un autre personnage qui s'est rajouté à la dernière minute). Dans mon fanon, c'est la seule ou une des seules personnes de sa famille en-dehors d'Oswald avec qui Claude a une bonne relation, la décrivant souvent comme "la seule personne saine d'esprit dans une maison de fous" quand il sera adulte alors, j'avais envie de vous la présenter un peu.
Par contre, fans de Tiana qui la voie comme une girlboss badass et une bonne mère pour Claude, je vous conseille de passer votre chemin. Je ne la considère pas très bien (tout comme son cher et tendre qui ne s'appelle pas Sélim [comme Sélim II le Blond ou l'Ivrogne] et qui n'a pas accédé au trône comme l'empereur romain Claude pour rien) alors, cette version du personnage sera conforme à ces descriptions dans les supports de Claude : une femme qui rit en voyant son fils être attaché à la selle de son père, et qui doit courir derrière un cheval quand il est puni (petit rappel, un cheval au trot, c'est 14 km/h en moyenne, au galop, c'est 21 km/h en moyenne, jusqu'à plus de 60km/h pour les plus rapides et Alexandre le Grand a tué Bétis, chef de la ville de Gaza, en accrochant une corde à ses talons et en le faisant trainer derrière un char jusqu'à mort s'en suive).
De plus, il y a également de la maltraitance d'enfant et une situation où Claude a l'impression d'être mis à nu devant tout le monde car, Tiana a arraché son turban, les cheveux étant associé à une certaine pudeur qu'il faut couvrir quand on sort de la petite enfance dans cette partie d'Almyra.
Et pour le deuxième texte, je l'ai retrouvé parmi d'autres petits écrits de mes brouillons, "vraiment petits trucs écrits comme ça", qui sont des textes courts et que je ne finis pratiquement jamais. Etant donné que cela collait avec mes derniers billets, c'était l'occasion de le sortir de son trou sans en faire un billet entier vu qu'il est assez vieux. Ce texte était pratiquement fini (il manquait littéralement les 4 dernières phrases et la relecture) et il doit avoir un an, un an et demi alors, il ne doit pas être très à jour avec mon lore actuel alors, ne vous étonnez pas si des choses ne colle plus.
Il s'agit d'une histoire centrée sur la famille Gautier, où Miklan pense avoir réussi à se débarrasser de Sylvain. D'ailleurs, un des personnages de ce texte est Adeline, une précédente version de "maman Gautier" étant donné qu'il y a eu trois étapes avant d'arriver à Fregn. Elle est beaucoup plus semblable aux autres mères Gautier du fandom dans le sens où elle est très soumise et effacée, notamment face à Isidore, avant que son personnage n'évolue vers Fregn qui est - à mon avis - bien plus intéressant étant donné qu'elle est bien plus proactive et avec beaucoup de compétences.
Enfin bon, maintenant que tout est clair, bonne lecture et suite sous la coupe !
1 : Enfance de Claude
Khalid se glissa dans l’écurie des wyvern, attendant que le palefrenier s’en aille pour se glisser un peu plus loin. Les grandes bêtes couvertes d’écailles passèrent leur tête au-dessus de la clôture de leur stalle, regardant distraitement l’origine des petits pas les dérangeant pendant leur sieste, leurs yeux sombres le suivant dans sa course vers le fond de l’écurie.
« Bonjour Bavqar, bonjour Halqe… les salua-t-il tous à mi-voix, ne devant pas se faire remarquer, même s’il prit un peu de temps pour saluer les chefs de la horde, deux immenses wyverns brunes avec des zébrures sur les écailles, couvertes de cicatrices après avoir survécu à bien des batailles. Nader lui avait toujours dit de bien la respecter et c’était les montures de ses parents après tout. « Bonjour Nyrv, bonjour Brutal… ne dites pas à Père et à Mère que je suis venu, d’accord ? Il me gronderait… »
Les deux bêtes massives le fixèrent une seconde avant de retourner dormir, sans doute bien plus intéressante que lui.  Khalid poussa un soupir de soulagement avant de repartir en courant, ne devant pas se faire prendre. Normalement, il devrait être à l’entrainement à la lance mais, il n’aimait pas du tout cette arme alors, il avait échappé à son instructeur pour venir ici. Sa mère lui avait également interdit d’aller aux écuries, elle disait qu’il était de trop haute naissance pour mettre les pieds dans le foin et le sable. Il se ferait gronder mais, si c’était par Nader ou les autres janissaires, ça irait. Si c’était son père ou pire sa mère par contre… le jeune garçon essaya de ne pas y penser, ses pieds et ses mains s’en souvenant encore que trop bien, se concentrant plutôt sur la recherche de la stalle d’Arezu.
Après quelques minutes de recherches, il finit par la retrouver, enroulée sur elle-même tout au fond de l’écurie, toute seule dans la paille et du sable, devenant un gros pois blanc au milieu d’un océan de jaune. Défaisant sans problème le nœud sur la porte, Khalid entra, l’appelant doucement en priant Ahura Mazda pour ne pas se faire remarquer.
« Eh… ! Arezu ! Pssst ! Viens ! »
La petite bête releva la tête, avant de foncer vers lui en le reconnaissant, le poussant dans le sable alors qu’elle le couvrait de coup de langue, le faisant rire, même s’il essaya de ne pas faire trop de bruit.
« Oui, moi aussi, je suis content de te voir, sourit-il en lui faisant un câlin, sortant un gros fruit rouge de son cafetan. Je t’ai apporté des grenades, on va pouvoir les manger ensemble ! »
Arezu poussa un grognement joyeux, cassant sans problème la peau épaisse pour dévorer les grains acides à l’intérieur, tout comme Khalid avec la sienne, heureux de la partager avec son ami. La mère d’Arezu l’avait rejeté et les autres petites wyverns s’amusaient à la mordre car, elle était toute blanche avec des ailes veinées de rouge au lieu de brune comme sa mère alors, elle était toujours toute seule, comme lui à cause de sa peau plus claire et de ses yeux verts étrangers, surtout que sa mère ne l’aidait jamais, ça créait des liens…
Quand ils eurent fini de goutter, Khalid et Arezu s’amusèrent ensemble, d’abord en silence puis, plus il riait avec la petite wyvern, oubliant complètement sa prudence alors qu’il sautait partout dans la paille, n’entendant pas les pas s’approcher de plus en plus de lui, préférant s’amuser à qui tirera le plus fort sur la corde avec son ami à écailles.
« Eh ! Qu’est-ce que tu fais là gamin ?!
Khalid releva la tête d’un coup, voyant un palefrenier le foudroyer du regard depuis la porte de la stalle. Son corps bougeant tout seul, Khalid fonça sans réfléchir se cacher dans un tas de foin avec Arezu mais, c’était peine perdu, l’homme le tira bien vite de sa cachette en criant, bien malgré les morsures d’Arezu mais, c’était peine perdue, elle n’avait pas encore de dent et l’homme semblait habitué à dompter des wyverns bien plus grosse. Il hurla sur Khalid, furieux avant de réaliser.
– Qu’est-ce que tu fiches là ? Voleur hein ? T’essayais de voler une des wyverns de notre vénéré shah ?! Je vais t’apprendre sale gosse… mais attend, bien habillé comme ça… t’es pas un enfant des janissaires toi ? Mais qu’est-ce qu’un enfant du shah vient faire dans… aïe !
Profitant de son étonnement et d’une morsure plus forte que les autres d’Arezu dans sa cuisse, Khalid échappa à son étreinte et se mit à courir à toute vitesse en direction de la caserne des janissaires, évitant le plus possible de se faire attraper par qui que ce soit. Sale comme il était, on le prendrait sans doute pour un voleur alors, il fallait qu’il trouve Nader avant qu’un garde plus bas que lui ne lui mette la main dessus ! Il se ferait gronder, et Nader le punirait surement en lui rajoutant des corvées à la caserne mais, ce serait toujours moins pires que si c’était sa mère ou son père qui lui tombait dessus ! Il n’avait pas envie de courir à nouveau derrière un cheval au galop ! Il avait fini trainé dans la boue sous les rires de sa mère et de ses demi-frères et sœurs, et il avait eu de la chance de finir avec juste une épaule déboitée et une cheville foulée ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence !
Paniquant en entendant la voix de sa mère au loin, Khalid se retourna une seconde pour voir si le palefrenier le poursuivait toujours et où elle était, quand il rentra dans quelqu’un, la violence du choc le faisant tomber par terre.
« Aïe ! D… Désolé, j’ai pas fait exprès !
Il releva le nez et vit une très belle femme qu’il reconnut comme sa demi-sœur Jihane, constatant les dégâts sur son « sari », la robe traditionnelle du pays de sa mère, recouvert du sable et de la boue de l’écurie d’Arezu là où Khalid était rentré, tachant le jaune éclatant tranchant avec sa peau brune très sombre et les quelques cheveux noirs dépassant de son voile avec du brun sale. Bon, au moins, c’était la meilleure personne sur qui tomber avec Nader mais, il devait quand même dégager en vitesse avant que sa mère n’arrive ! Il entendait sa voix s’approcher de plus en plus !
– Khalid… commença Jihane, posant ses yeux noirs comme la nuit sur lui. Mais qu’est-ce… qu’est-ce qui t’es arrivé ? Pourquoi tu…
– Je… je suis désolé… mais s’il te plait, je dois vraiment filé avant que…
– Khalid !
Le jeune garçon paniqua encore plus en entendant la voix furieuse de sa mère l’appeler, tentant de s’enfuir mais, il fut bloqué par le garde de sa grande sœur, l’empêchant de partir alors que Tiana arrivait, folle de rage. Avant que Jihane n’ait pu dire quoi que ce soit, elle lui attrapera le poignet, le serrant à l’en broyer, le tirant sur ses jambes alors qu’elle lui hurlait dessus.
– Khalid ! Qu’est-ce que tu as fait pour finir dans cet état ?! Tes vêtements sont fichus ! Tu es sale comme un paysan ! Et j’ai aussi appris que tu avais sauté ton cours de lance ! Tu es allé te rouler dans la boue à la place d’étudier ?! C’est ça Khalid ?!
– N… non… ! J’ai rien fait ! Je le jure devant Ahura Mazda ! J’ai rien fait de mal !
– Non seulement tu es sale, mais en plus, tu mens ! Devant un dieu avec ça !
Avant qu’il n’ait pu reculer pour l’éviter, Tiana le gifla, lui lacérant la joue avec ses ongles, avant de lui arracher son turban, exposant sa tête devant tout le monde. Non ! Il ne voulait pas qu’on voie ses cheveux ! Il ne voulait pas être tête nue devant tout le monde ! Mais il n’eut pas le temps de penser à sa honte d’être vu ainsi en public, que sa mère lui attrapait son oreille pour la tirer, lui hurlant encore plus dessus, furieuse.
– Tout ton habit est ruiné ! Un habit presque neuf ! Et tu sautes les entrainements et tu me mens avec ça ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu fais ?! N’ose même pas croire que ton père ne va pas être au courant !
– Aïe ! ça fait mal ! S’il vous plait mère ! Lâchez-moi ! J’ai pas fait exprès ! Je… je voulais juste jouer avec Arezu ! Finit-il par avouer en espérant que ça ferait arrêter sa mère.
Khalid sut qu’il avait commis une énorme erreur en la voyant se figer, avant d’exploser encore plus fort, ses yeux semblant sortir de ses orbites, rouge de colère.
– Tu es allé jouer avec les wyverns ?! Je t’avais interdit de t’en approcher ! Je vais t’apprendre à te rouler dans la crasse comme… !
– Tiana, arrêtez immédiatement. Lâchez Khalid. Je vais le corriger moi-même.
Jihane s’était mise entre eux, passant son bras entre Khalid et sa mère. Tiana se figea, perçant sa belle-fille du regard alors qu’elle lui ordonnait.
– Ne t’en mêle pas Jihane. Tu n’as pas à me faire la leçon sur la manière d’éduquer mon fils ou à me donner d’ordre.
– Ce n’est pas mon intention. Simplement, c’est moi qui aie été lésée. C’est mon sari qui a été sali, il est donc normal que je m’occupe de corriger celui qui m’a fait du tort. De plus, vous n’avez pas à l’exposer tête nue en place publique. C’est indécent et choquant pour toutes les personnes dans ce jardin.
– Tu es choqué par une tête nue ? Ne te fiche pas de moi ! Ce n’est que des cheveux ! Et tu n’as pas à me donner des ordres ! Je suis ta belle-mère !
– Je sais que c’est surement difficile pour une étrangère telle que vous de comprendre mais, il est regrettable qu’après douze ans à vivre dans notre pays, vous ne compreniez toujours pas nos codes. Vous êtes dans la même situation que ma propre mère, vous auriez dû également vous adapter et comprendre que nous avons une notion de la décence différente de celle de votre pays d’origine. De plus, même si vous êtes un autre bijou pendu au cou de mon père, notre vénéré shah, comme toutes ses autres concubines, je reste la fille ainée du shah Sélim le deuxième et de Pari à présent Delaram, le cœur calme, sœur du raja de Pratihara Anil, héritière légitime du trône d’Almyra, » Jihane releva la tête, toisant Tiana de haut, nullement impressionnée par elle. « En cette qualité, je vous ordonne de lâcher votre fils pour me laisser le corriger par moi-même.
Il eut un long instant de silence entre elles, juste rompu par les halètements de douleur de Khalid, jusqu’à ce que sa mère le libère enfin de son emprise, lui laissant enfin reprendre pied alors qu’elle s’éloignait, finissant par accepter de se soumettre à Jihane. Cette dernière la jugea du regard avant de reprendre la parole, ordonnant cette fois à son petit frère.
– Khalid. Recouvre-toi et suit moi. »
Le petit garçon obéit immédiatement, enroulant aussi vite qu’il put son turban sur la tête pour se couvrir à nouveau, retrouvant sa décence avec soulagement avant de suivre sa grande sœur jusqu’à ses appartements. Jihane n’était pas très grande, ni très assidue à l’entrainement mais, elle marchait vite, à une cadence quasi militaire. Elle gardait toujours son dos très droit, lui donnant un maintien parfait. Il avait entendu une fois une autre enfant des janissaires raconter que leur sœur ainée pourrait se balader avec vase sur la tête toute la journée, qu’il ne tomberait jamais tellement elle restait droite et digne en toutes circonstances. Ça la rendait vraiment impressionnante malgré sa silhouette très fine et menue… elle était déjà si belle… leur père la désignait comme « le plus beau bijou de sa couronne » et vantait tout le temps sa beauté devant tous les ambassadeurs…
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent dans les appartements de l’héritière, immense par rapport à celui de Khalid qui n’avait qu’une chambre à la caserne étant donné qu’il ne vivait pas avec sa mère. Là, c’était pratiquement une maison entière dans le palais, avec une grande pièce à vivre gorgée de soleil et avec tout ce qu’il fallait. À l’odeur, le jeune garçon parierait même qu’elle avait sa propre cuisine personnelle pas loin.
Dès qu’elle fut à l’intérieur, Jihane se retourna pour la première fois vers eux, donnant ses ordres avec calme, mais aussi fermeté. Contrairement à Tiana, d’autres concubines ou leurs autres frères et sœurs, elle n’élevait jamais la voix mais, elle arrivait quand même à obtenir tout ce qu’elle voulait juste en parlant… c’était assez impressionnant à voir…
« Farnaz, allez chercher des habits propres pour Khalid, puis prévenez Nader que je m’occupe de lui. Informez-le aussi de la dernière colère de Tiana. Jabiz, apportez-moi la boite des premiers secours ainsi que de quoi se laver les mains et le visage. Assieds-toi Khalid, je vais m’occuper de toi.
– Mais je vais tâcher tes coussins… marmonna Khalid en frottant sa joue blessée, se souvenant des colères de Tiana quand il salissait quelque chose.
– Ce n’est pas grave, lui assura sa sœur. Le tissu, ça se lave. Ta plaie à la joue par contre risque de s’infecter à cause de la saleté si on ne s’en occupe pas rapidement, surtout si tu la frottes. Vous nous apporterez aussi de quoi manger Jabiz, », ajouta-t-elle alors que la servante revenait avec une grande boite assez simple, débordant de petits flacons, de pots et de bandes. « Tu as faim Khalid ? Une course pareille a dû t’ouvrir l’appétit…
Khalid lui jeta un regard méfiant, sachant que même si Jihane était de loin sa sœur la plus gentille, il fallait toujours se méfier quand on lui offrait de la nourriture… deux fils de concubines importantes étaient déjà morts après avoir accepté l’invitation d’un troisième, avant que ce dernier ne soit également retrouvé mort, chute dans les escaliers… il ne devrait même pas accepter de toucher un onguent venant de quelqu’un de sa fratrie ou d’une autre concubine…
Cependant, comme si elle lisait dans ses pensées, sa grande sœur lui assura.
– Le repas ne sera pas empoisonné, les potions aussi, ni les bandages. Je n’ai aucun intérêt à ta mort, je n’ai pas envie d’avoir le sang d’un de mes demi-frères sur les mains inutilement, et ta mort ne m’arrangerait pas non plus. Maintenant, assieds-toi, il faut qu’on regarde ta joue.
La fatigue lui faisant baisser sa garde, le jeune garçon accepta, s’installant sur le divan, observant tout autour de lui. Un autel décoré d’une statue d’un homme avec une tête d’éléphant était dans l’angle de la pièce, les bâtonnets d’encens le décorant embaumant encore la pièce de leur parfum, même si Khalid reconnaissait aussi des éléments almyrois dans sa conception. Tout dans cette pièce ressemblait à un mélange entre les deux cultures de Jihane, les murs reflétant celle de leur père, et une grande partie de la décoration celle de sa mère… mais ce qui l’intéressait le plus, c’était sa bibliothèque, recouvrant un pan entier du mur, tellement grande que Jihane devait utiliser une petite échelle pour accéder aux étagères les plus hautes, débordant de livres et de rouleaux. Il rêverait de pouvoir lire au moins une toute petite partie tout ça…
– Au nom des dieux, Tiana ne t’a vraiment pas raté…
Jihane s’assit à ses côtés, observant les griffures sur sa joue et les marques sur son poignet, laissé par les ongles de sa mère. Après avoir demandé l’autorisation d’un regard, elle lui prit doucement le visage pour le tourner, exposant sa joue blessée avant de se mettre à le débarbouiller, retirant la saleté avec un linge doux, puis elle nettoya la plaie avec un tissu imbibé de potion, le piquant un peu mais, il ne put s’empêcher de se détendre grâce à ses soins, apaisé par l’attention que lui portait Jihane, ses gestes doux… c’était rare qu’on s’occupe de lui comme ça…
– Et voilà, mieux… souffla-t-elle après avoir fini de s’occuper de ses plaies et lui avoir nettoyé son visage et ses mains. Comment va ton oreille ? Elle te fait mal ? Tiana n’y est pas allée de main morte…
– Un peu…
– Umh… on ferait mieux de vérifier si elle ne t’a pas déchiré quelque chose… enfin, même si on est de la même famille, tu préféreras sans doute que ce soit Nader qui s’en occupe, je comprendrais que tu ne veuilles pas relever ton turban devant moi… surtout après ce qui vient de se passer…
Khalid hésita un peu, n’ayant pas très envie de se montrer encore plus quasi nu à qui que ce soit. Cependant, malgré tout, il hocha la tête, imposant seulement pour condition.
– … Non… non, c’est bon, toi, tu peux… il est mal fait de toute façon… mais tu ne le relèves pas trop… vu que… tu sais…
– Je comprends, je ferais attention.
Prudemment, elle releva un peu le tissu serré, marmonnant quelque chose dans la langue de sa mère avant de prendre un nouveau tissu propre.
– Elle t’a aussi blessé là… ses ongles sont un vrai fléau… ne bouge pas.
Elle nettoya la plaie avant de la recouvrir d’un pansement, alors que Farnaz revenait avec des habits tout propres, s’inclinant devant sa maitresse alors qu’elle lui donnait.
– Cette fois, cela devrait être bon… merci Farnaz. Va te changer dans la pièce d’à côté, tu ne seras pas dérangé comme ça. Il ne devrait y avoir personne à cette heure-ci.
Khalid prit tout de suite les habits propres et alla se changer dans la chambre que lui avait indiqué Jihane. C’était étrange… la chambre ressemblait à celle d’un enfant de shah mais, il y avait plusieurs lits, séparés par des rideaux pour donner un peu d’intimité à leurs potentiels occupants… et ce n’était surement pas celle de Jihane ou de ses suivantes, étant donné qu’il y avait un foyer pour Ahura Mazda, des tapis de prières orientés vers la ville sacrée du prophète du Seigneur des Levants et des Couchants, et même un petit autel pour les adorateurs de la secte de Seiros, mais pas de statuettes des dieux de l’Est… il y avait même tout ce qu’il fallait pour vivre ensemble… ça ressemblait à la salle commune de la caserne…
Khalid enfila en vitesse son habit neuf avant de rattacher son turban, le serrant assez solidement pour que personne ne puisse l’arracher, puis retourna dans la pièce principale de la maison où se trouvait Jihane avec un nouveau sari propre, un grand plateau recouvert de collation devant elle, remerciant d’un signe de tête Jabiz et Farnaz qui se retirèrent toutes les deux. Elle se tourna ensuite vers lui, lui demandant :
« Tu te sens mieux ?
– Oui, merci Jihane… mais dit, c’est quoi cette pièce ? On ne dirait pas ta chambre, ni celles de tes domestiques… il y a l’air d’avoir beaucoup de gens qui y vivent mais, il n’y a pas d’autel comme celui avec l’homme-éléphant, alors que beaucoup de tes servantes viennent du pays de ta mère…
– En effet, ce n’est pas ma chambre ou celle de mes préposées, c’est celle des invités. Beaucoup d’enfants des janissaires, de concubines de bas rang ou d’aventure d’un soir avec une servante viennent vivre avec moi. Ils savent qu’ils ne seront pas menacés par qui que ce soit ici. Comme je te l’ai dit, je n’ai aucun intérêt à tuer mes demi-frères et sœurs, encore moins ceux d’un rang inférieur au mien ou avec des mères qui ne sont guère ambitieuses. Je leur ouvre donc ma porte et les laisse vivre ici.
– Tu fais ça comme ça ? Sans rien demander en retour ? » La questionna-t-il sans vraiment y croire. Même si Jihane était très gentille et bonne avec ses cadets, même elle ne pouvait pas être aussi généreuse… pas ici en tout cas…
« Assez peu de choses, seulement qu’en échange, ils ne tentent pas de s’en prendre à moi et d’être compréhensif si je leur demande une faveur. Il est parfois plus utile et efficace de ne rien demander en échange d’un service rendu et d’agir sans arrière-pensée immédiate. Bien traiter les autres en continue est bien plus utile sur le long terme et surtout, bien plus sain pour le corps et l’esprit, » lui expliqua-t-elle calmement, « même si c’est surement difficile à comprendre quand on a vécu toute sa vie dans le harem où tout se monnaie immédiatement et avec une mère comme la tienne qui demande toujours des comptes sur le champ. Enfin, tu comprendras surement quand tu seras plus grand et que tu auras rencontré des gens en qui tu pourras avoir une pleine confiance… enfin, je te félicite pour avoir compris tout de suite que ce n’était pas la chambre de mes servantes en te basant sur ce qui s’y trouvait, tu es très observateur… même si Ganesh, le Meilleur des Guides, n’est pas le seul dieu que le pays de ma mère adore, c’est celui que je préfère et dont je voudrais suivre l’exemple, nota-t-elle en désignant respectueusement l’autel dans le coin de la pièce.
– Ganesh ? Le dieu à tête d’éléphant ? Pourquoi c’est celui que tu préfères Jihane s’il y en a plusieurs ? Lui demanda-t-il, se demandant pourquoi ce dieu était aussi spécial pour elle.
– Ces fonctions sont multiples mais, il est avant tout le dieu de sagesse, de l’intelligence, de l’éducation, du succès et de la prudence. C’est également le protecteur de ceux qui travaillent pour approfondir leur savoir. En tant qu’héritière au trône et en tant que personne, j’espère pouvoir agir avec autant de sagesse que lui en est capable et de rester prudente vis-à-vis des personnes dépendant de moi, souffla-t-elle, le regard sérieux et solennel, avant de dire d’un ton légèrement plus léger, même si elle gardait toujours la dignité qui la caractérisait. Et aussi parce que j’aime beaucoup apprendre de nouvelles choses alors, il est le dieu qui veille sur mon apprentissage et celui de tous les écoliers et étudiants.
– Un dieu de l’intelligence… mais pourquoi il a une tête d’éléphant ? Et ta statue est cassée ? Il lui manque une défense ! Et pourquoi il est assis sur un rat sur ton autel ? Et si c’est un dieu qui n’est pas associé à la guerre, pourquoi il tient une hache, un nœud de pendu et une grosse aiguille ? Et pourquoi il tient un bol remplit ? Et c’est quoi la guirlande tout autour de son cou ? Et il a plein de fonction ! Mais s’il en a autant, ils font quoi les autres dieux ? Ils ont autant de fonction que lui ? Et…
– Du calme Khalid, une question à la fois ! Ria de bon cœur Jihane devant l’avalanche de curiosité du petit garçon. Je vais tout expliquer si tu veux. En plus, mieux vaut que tu restes ici le temps que Tiana se calme et que Nader vienne te chercher. J’ai une version des védas traduite en farsi, tu devrais pouvoir mieux suivre si je te l’explique avec… songea-t-elle en se relevant, lui tournant le dos alors qu’elle cherchait dans sa bibliothèque. Une seconde… il doit être quelque part par-là…
Khalid ne put s’empêcher de penser qu’elle n’était pas très prudente de lui tourner le dos ainsi… lui, il évitait toujours de tourner le dos à qui que ce soit à part Nader, même avec sa mère… mais cette pensée s’échappa de son esprit, éjecté par sa curiosité quand sa grande sœur tira un livre de sa bibliothèque et l’invita à côté d’elle pour le lire ensemble. Trop curieux, le petit garçon accepta, écoutant Jihane lui raconter l’histoire de Ganesh, le fils que Parvati avait conçu seule quand son mari Shiva était parti méditer sur une très haute montagne, lui tenant compagnie et surveillant la maison de sa mère, jusqu’à ce que Shiva revienne et ne le décapite de rage car, il lui avait interdit d’entrée pendant que sa mère se baignait, ignorant son identité, projetant sa tête tellement loin qu’on ne put la retrouver. Pour consoler son épouse et se faire pardonner, le dieu à la peau bleu aurait remplacé sa tête par celle du premier enfant qui passait et que sa mère ne surveillait pas, qui fut un éléphanteau dont la mère dormait en lui tournant le dos. Par cet acte, Shiva acceptait Ganesh comme son propre fils, acceptant de réparer sa faute et de s’occuper de lui comme s’ils partageaient le même sang en devenant un père aimant. Cela pouvait également symboliser le fait que Ganesh se débarrassait de son propre égo afin de s’élever spirituellement mais, Khalid préférait la version où c’était Shiva qui acceptait de réparer ses erreurs en s’occupant de Ganesh… c’était une historie qui lui faisait du bien…
Sans s’en rendre compte, l’après-midi entière passa à une vitesse folle, Khalid écoutant sa sœur lui raconter les histoires du pays de sa mère tout en grignotant des en-cas salé et épicé, posant des milliers de questions auxquelles Jihane répondait patiemment. Le petit garçon était en train de lutter pour rester éveiller, pratiquement plus pour entendre la suite que par méfiance, quand on frappa à la porte. Farnaz alla ouvrir et vit Nader, saluant respectueusement Jihane en s’inclinant devant elle :
« Votre Altesse Jihane, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette interruption impromptue. Je suis venu chercher votre petit frère, le prince Khalid, afin de le ramener à ses quartiers. Il est l’heure pour lui de regagner sa chambre afin de respecter le couvre-feu.
– Je comprends Nader, c’est vrai qu’il commence à se faire tard. Il est temps de conclure…
– Mais on était au milieu de l’histoire ! Protesta-t-il, ne voulant plus partir même s’il fatiguait. Et t’as pas fini de m’expliquer cette histoire de réincarnation ! Comment un esprit peut sauter d’un corps à un autre ? ça marche comment ? Je veux en savoir plus !
– Et bien, tu pourras revenir un autre jour pour que je te raconte la suite, qu’en dis-tu ? Comme ça, tu auras bien le temps de digérer tout ce que tu as entendu aujourd’hui, et tu pourras mieux comprendre ce qu’on verra la prochaine fois. Ma porte est toujours ouverte, et Tiana ne pourra pas venir te tirer d’ici par la force, tu seras tranquille comme ça, lui proposa-t-elle d’une voix douce, semblant plus détendue qu’au début de l’après-midi elle aussi.
– D’accord ! Répondit Khalid sans vraiment réfléchir, voulant juste continuer à en apprendre plus et pouvoir dévorer la bibliothèque de sa sœur. Je peux venir demain matin ? Ah non, c’est l’entrainement de tir à l’arc et ça, c’est bien… ou la prochaine fois que c’est le cours de lance ?
– Je ne pense pas que Dame Tiana votre mère accepterait de vous voir sauter l’entrainement prince Khalid… souffla prudemment Nader en posant sa main sur son épaule. Je comprends que tout ceci vous intéresse énormément mais, votre mère tient à ce que vous excelliez dans la pratique des armes…
– Hum… cependant, il serait bienvenu qu’un fils de shah et petit-fils de grand-duc sache aussi bien manier les armes de l’esprit que celles de fer, fit remarquer Jihane, pensive, ses yeux ténébreux posés sur son petit frère. De plus, si j’ai bien compris, Tiana vous fait complètement négliger sa formation intellectuelle, même si ce n’est guère étonnant de sa part, cette femme ne réfléchit qu’avec ces poings… ils se sont bien trouvés avec notre père… enfin, c’est ainsi. Je pense que sauter quelques entrainements ne lui fera pas de mal si cela lui permet de s’instruire un peu plus.
– Vraiment ?! Tu penses que je pourrais faire ça ? Mais… mais tu voudrais quoi en échange Jihane ? ça ne t’apporterait rien… lui fit-il remarquer, essayant de rester méfiant, l’offre semblant bien trop belle pour être vraie, même s’il voudrait croire que Jihane était sincère.
– Bien sûr, tu es fils de shah, il ne faut pas que tu négliges ta formation intellectuelle, elle te sera d’autant voir plus utile que celle par les armes. Et toujours avec ça… hum… alors, la prochaine fois que tu vas jouer avec les wyverns, demande l’autorisation à Nader ou à notre père. Cela évitera que tu salisses de nouveau mon sari parce que tu t’es fait prendre et que tu t’enfuis comme un voleur. Ainsi, mes domestiques ne devront pas enlever du sable maculé de crottin de wyvern de la soie. Cela te semble un échange de bon procédé correcte ?
– Tu dis ça sur l’entrainement parce que t’aimes pas ça aussi, arriva à la taquiner un peu Khalid. Et d’accord, ça me semble bien alors… et pardon pour ton sari… je n’ai pas fait exprès…
– Je sais, ne t’en fais pas. C’est surtout que ça t’évitera de t’attirer les foudres de Tiana. Le tissu se lave en quelques heures, les plaies se referment bien plus lentement. Je ne veux plus la voir t’exposer la tête nue devant tout le monde, personne ne mérite de subir une telle humiliation pour une simple bêtise d’enfant.
– D’accord… merci Jihane, parvient-il à sourire, rassuré par les mots de sa sœur, ne voulant que plus personne ne le voie sans son turban ainsi.
– Soyez-en remercier, Dame Jihane, ajouta Nader après une révérence profonde.
– C’est normal… ah ! Par contre, j’y pense, j’aurais encore quelques mots à vous dire Nader, pourrais-je m’entretenir avec vous quelques minutes ? Farnaz peut raccompagner Khalid jusqu’à la caserne.
Il eut un instant de silence avant que le général ne s’incline à nouveau, sachant qu’il ne pouvait rien refuser à Jihane quand elle lui demandait quelque chose, même ainsi.
– Bien Ma Dame. Farnaz, je vous confie le prince Khalid. Il sait ce qu’il doit faire en rentrant. Et n’oublie pas…
– Mes ablutions et remerciez Ahura Mazda pour cette nouvelle journée, je sais. T’en fais pas Nader, je m’en souviens ! Lui assura-t-il, avant de lui faire un câlin rapide puis de partir. À tout à l’heure à la caserne ! Et à une prochaine fois Jihane.
– À la prochaine Khalid, reviens vite, et je te tiendrais informer de cet entretien avec notre père, » lui jura sa sœur.
Farnaz emmena le jeune garçon avec elle, posant sa main sur son épaule avec douceur en le menant vers la caserne. Jabiz referma la porte derrière eux, puis servi un verre de thé au général avant de disposer sur ordre de sa maitresse. Cette dernière but une traite de son propre verre, laissant à son invité le temps de boire comme le voulait la politesse avant de demander, sérieuse et impénétrable, sachant à l’attitude de son petit frère avec lui que c’était le mieux placé pour lui répondre. Bien plus que Tiana ou leur père en tout cas.
« Est-ce que Khalid étudie beaucoup en-dehors des armes ?
– Il suit les cours élémentaires avec les autres enfants de la garde de son âge. Il apprend à bien lire les textes administratifs ou religieux, à écrire correctement, les rudiments des langues principales de l’Empire ainsi qu’un peu de fodlan étant donné que sa mère en vient, avec évidemment une formation en mathématique. Cependant, sa formation est principalement militaire sur demande de sa mère Tiana, ce à quoi votre père a donné sa bénédiction. Il est très bas dans l’ordre de succession et vous restez son héritière principale, il a dû penser qu’une formation intellectuelle plus poussée serait inutile, surtout qu’il n’est pas très assidu en cours, et cela ne se passe pas forcément très bien avec ses autres demi-frères et sœurs pour des raisons… des raisons que vous pouvez sans doute aisément comprendre… souffla tristement Nader, visiblement affecté par tout ceci. Il les saute assez souvent pour aller jouer avec les wyverns.
– Oui, j’imagine qu’il doit s’ennuyer mortellement, cela n’aide pas à rester concentrer, il comprend extrêmement vite. Il n’a surement jamais entendu parler des principes des croyances de Pratihara mais, il a très vite saisi plusieurs concepts pourtant assez éloignés du culte d’Ahura Mazda, et il est arrivé à identifier quel signe correspondait à quel son seulement en m’écoutant et en regardant les mots que je désignais. Il doit être très bon en langue. Et oui, je voie très bien de quelles difficultés vous voulez parler… il est difficile d’être de deux mondes si différents, surtout vu les relations avec Fodlan. J’imagine sans peine toute les insultes qu’il doit supporter, surtout qu’il n’a personne à part vous pour le protéger j’imagine, marmonna-t-elle, devinant aisément tout ce que son petit frère avait dû endurer à cause de son métissage, surtout sans personne pour le protéger. Saviez-vous qu’il avait un esprit aussi vif ? Sa mère et notre père sont au courant ? Autant pour ses capacités que pour ses brimades de la part de ses frères et sœurs. Pour ces dernières, je connais parfaitement les réactions de notre père mais, Tiana pourrait tenter de défendre son fils plutôt que l’enfoncer en l’humiliant.
– Oui, je sais depuis longtemps pour ces capacités… Vous devriez le voir quand il se sent en sécurité, il est capable de vous résoudre des problèmes et des énigmes que des enfants plus âgés et même des adultes ont bien plus de mal à résoudre ! Et il adore la petite wyvern blanche qui est née pendant la dernière couvée, Arezu ! C’est justement parce qu’il est allé la voir qu’il a séché l’entrainement aujourd’hui… c’est un petit coquin quand il n’est pas sur ses gardes mais, c’est un gamin formidable ! S’exclama-t-il avec affection, arrivant à faire légèrement sourire Jihane, même si son regard si noir restait toujours impénétrable, bien que le visage de Nader se rassombrit assez vite. Enfin, ça, c’est quand il se sent en sécurité… je crois que vous l’avez remarqué mais, il est souvent sur ses gardes, ce qui est assez normal vu qu’il est pratiquement tout seul dans le harem… Tiana se désintéresse de lui à part quand il lui fait honte et refuse de le laisser étudier comme il le voudrait. Elle veut que ce soit un bon guerrier car elle pense que cela est plus respecté… mais sans comprendre qu’un bon général doit aussi avoir une tête bien faite… plusieurs janissaires l’ont entendu croasser à ses dames de compagnie que le petit ressemblait trop à son grand-père, et au ton qu’ils m’ont décrit, ce n’est pas un compliment.
– Le grand-duc Riegan ? Je n’ai pourtant entendu que des éloges à son sujet, c’est un homme d’État reconnu et un fin diplomate. Honnêtement, j’ai toujours voulu le rencontrer, afin de vérifier si sa réputation n’est pas usurpé… enfin, cela ne m’étonne pas que Tiana ne l’apprécie pas, il n’est pas connu pour être cruel à sa différence… et pour les brimades que subit son fils, j’imagine qu’elle s’en fiche… la connaissant, ça pourrait même l’amuser… » gronda-t-elle, pleine de rancœur et de ressentiment, se souvenant des rires mesquins de cette femme quand, pour le punir d’avoir exploré une aile condamnée du palais, leur père l’avait attaché à la selle de son cheval et fait courir tout autour de la cour d’entrainement. Ce n’était même pas Tiana qui l’avait tiré de ce bourbier mais, sa propre mère Delaram qui avait fondu en larmes devant un tel spectacle et réclamé la grâce du petit, au grand désarroi de Tiana en voyant sa « punition » écourté pour les beaux yeux d’une de ses principales rivales.
« Pas exactement mais, elle pense que les brimades l’endurciront et le rendront plus fort… marmonna Nader sans cacher son inimitié envers cette concubine qu’il avait dû laisser gagner lorsqu’elle l’avait défié en duel, histoire de ne pas briser l’égo de Tiana et sa carrière par la même occasion. Et quant à votre père… comment dire… vous savez comment il est…
– …s’il s’est retrouvé sur le trône, c’est pas tant parce qu’il est un fin politicien mais, parce que tous les autres héritiers de sa génération s’étaient entretués pour le trône mais, qu’ils l’ont oublié tellement il était incompétent… je connais très bien les habitudes de mon incapable de père… le condamna-t-elle sévèrement. Autant dire que Khalid est coincé entre la peste et le choléra… un tel potentiel… ce serait du gâchis de ne pas l’aider à s’épanouir… une telle intelligence ne peut être que bénéfique pour Almyra, et nous manquons d’enfants de concubines supérieurs qui ne sont pas bouffis d’orgueil et impotents… non, pour le bien du royaume, il doit recevoir l’éducation qui sied à son rang et à ses capacités… elle se releva, regardant Nader dans les yeux, l’aspirant dans leurs ténèbres dont ils étaient impossible de se détourner. Je parlerai à mon père. Pour le meilleur ou pour le pire, il ne me refuse presque jamais rien, je devrais arriver à le convaincre de lui donner une meilleure formation intellectuelle.
– Bien Dame Jihane… cependant, pardonnez-moi si cela peut vous semblez direct mais, j’aimerais savoir pourquoi l’aidez-vous ainsi ? La questionna-t-il sans détour, ayant appris à décrypter les habitudes de l’héritière du shah. Désiriez-vous en faire un de vos fidèles ?
À force, il savait comment Jihane procédait : elle aidait très souvent les enfants de concubines de bas rang, maltraités pour diverses raisons ou ayant perdus les faveurs du shah, leur octroyait sa protection, ainsi que ce dont ils avaient besoins. Elle ne demandait jamais rien en échange mais, la plupart d’entre eux devenaient de fidèles alliés dans les luttes intestinales du palais. Nader ne se doutait pas que plusieurs d’entre eux étaient en réalité ses hommes de mains les plus dévoués… elle était suffisamment intelligente pour savoir que dans sa position, sa gentillesse pouvait être une arme redoutable.
La princesse garda le silence une seconde, réfléchissant avant de répondre, tout aussi franche avec lui et sans en prendre ombrage. Ce n’était pas dans son intérêt de se brouiller avec le principal général de son père et le chef de la garde du palais, surtout qu’ils semblaient avoir des opinions assez similaires aux siennes d’après ses sources.
– Ce serait mentir de dire que je n’aimerais pas le compter parmi mes fidèles quand il sera un peu plus grand. Il a un bel avenir devant lui et son intelligence pourrait m’être très utile pour maintenir la paix dans l’empire. De plus, j’aimerais pouvoir enfin résoudre nos différents avec Leicester au sujet des terres des opportunistes de Goneril. Ce conflit a déjà fait couler bien trop de sang alors que la principale responsable est morte depuis quatre cents ans. L’héritage mixte de Khalid pourrait être utile pour commencer à avancer sur cette question en prenant un premier contact, surtout s’il a pu entrer en contact avec sa famille maternelle. Cependant, je doute que cela arrive un jour. Il est déjà extrêmement méfiant pour son jeune âge et fait très attention à tout ce qu’on lui propose, il ne se laissera pas manipuler si facilement. Dans ces conditions, même s’il devient un concurrent un peu plus sérieux pour le trône, je préfère ne pas entrer en conflit avec lui. Qu’il soit ou non avec moi, son devoir de prince reste de servir le Royaume, et comme je vous l’ai dit, je pense qu’avec la bonne éducation, il sera un excellent élément pour l’avenir d’Almyra quand je deviendrai shahbanou à la mort de notre père. Il m’est donc bien plus utile vivant, bien traité et éduqué que mort, maltraité et ignare. Cela répond-t-il à vos inquiétudes pour votre petit protégé général Nader ?
– … oui… merci pour votre mansuétude Dame Jihane… je n’oublierais pas non plus ce que vous avez fait pour lui… qu’Ahura Mazda veille sur vous…
– Merci à vous. Qu’Il veille sur nous tous, et continuez à prendre aussi soin de mon petit frère Nader, souffla-t-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, Khalid doit vous attendre…
– Oui. Dame Jihane. »
Il la salua avec révérence avant de s’éclipser, retournant à son poste à la maison des janissaires. Peu de temps après, plusieurs de ses protégés revinrent passer la nuit dans leurs appartements, chacun se racontant leur journée, plusieurs lui posant des questions sur Khalid après avoir entendu qu’il avait passé l’après-midi avec elle.
« Tu penses qu’il va venir dormir ici Jihane ? Lui demanda un de leur frère un peu plus âgé que le fils de Tiana, le fils d’une conquête passagère avec une concubine de bas rang dont leur père devait ignorer jusqu’à son nom. Il parait qu’il adore les wyverns mais, il est bizarre… sa peau est toute pale, ses yeux sont trop clairs et il parait que sous son turban, ses cheveux ressembleraient à de la laine de mouton…
– Oui, c’est un demi-fodlan, c’est pour ça qu’il est pas normal. Il doit être un couard fourbe, comme Eudoxie l’Opportuniste, ajouta une fille de son âge, fronçant le nez. Il parait qu’il rase toujours les murs pour ne pas se faire voir. C’est ce que font les traitres non ?
– Je ne pense pas mais, j’espère pouvoir m’entendre avec lui. Et c’est que c’est difficile de s’intégrer dans une famille aussi grande, surtout qu’il y a beaucoup d’idées reçus sur les fodlans. Et ne parlez pas ainsi, un peuple n’est pas juste défini par un seul de ces représentants et tous les fodlans ne sont pas ainsi. Ce sont des êtres humains comme vous et moi. Si on suivait cette logique, je devrais être complètement lymphatique et passer mon temps à dormir, étant donné que c’est le stéréotype qu’on les almyrois des pratiharans, les rappela à l’ordre Jihane avec un ton sévère. C’est surement pour ça qu’il a dû mal à s’intégrer alors que vous pourriez vous entendre, parce que vous le jugez avant d’apprendre à le connaitre à cause de son métissage. Je ne veux plus entendre de tel propos sous mon toit, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
– Oui Jihane… marmonna sa sœur en baissant les yeux, honteuse. Je le dirai plus…
– Moi aussi, je ferai attention…
– Bien mais, que je ne vous y reprenne plus. Allez-vous débarbouillez tous les deux maintenant, et vous irez aider Konstandia à faire la vaisselle cette semaine. Cela lavera toutes ses idées nauséabondes et passer un peu de temps avec quelqu’un originaire de la frontière de Fodlan vous fera le plus grand bien. Filez maintenant, ordonna-t-elle en les congédiant.
Les deux plus jeunes filèrent sans demander leur reste, allant vite se cacher dans la chambre des invités après leur sermon. Jihane soupira, sachant qu’il faudrait bien plus pour arriver à éradiquer ses préjugés, que ce soit dans sa famille ou dans tout son empire. Enfin, il faudrait bien commencer un jour alors, autant tenter de commencer par-là, surtout que ce genre de propos était déjà interdit dans ses appartements.
– Pour le coup de la flemmardise, c’est en partie vraie. Tu fais tout pour que les gens croient que tu ne t’entraines jamais en public. Et j’ai appris pour le petit Khalid. Ta bonté te perdra, tu le sais ça ?
Jihane se retourna en entendant Hamza, son premier petit frère, malgré le fait qu’il soit bien plus grand et large qu’elle, et qu’ils n’avaient en réalité que quelques semaines d’écart tous les deux. Fils de servante, si leur père s’était un peu occupé de lui au début, il l’avait aussi vite oublié que la couche de sa mère pour aller batifoler avec d’autres jolies concubines mais, les deux enfants s’étaient bien entendus malgré tout ce qui les séparaient. Delaram leur avait raconté une fois que la seule crise de colère que Jihane avait faite, c’était pour que son frère vienne en cours avec elle car, ce n’était pas juste que seulement elle y aille et pas lui… avec le recul, elle dirait que c’était surement parce qu’elle n'avait pas envie d’aller à l’école toute seule mais, Hamza la taquinait souvent sur le fait que c’était plutôt qu’elle n’avait pas changé d’un pouce depuis qu’elle était petite et ne se couvrait pas encore les cheveux. Elle lui fit signe pour qu’il s’isole, sachant que personne ne devrait entendre leur conversation. Une fois seuls, elle rétorqua en le fixant, même si son regard très noir ne fonctionnait jamais sur lui, la force de l’habitude.
– Je n’allais pas laisser Tiana le battre et l’humilier ainsi en public. Tu aurais vu l’état dans lequel elle l’a mis en à peine quelques minutes… je ne pouvais pas le laisser comme ça. En plus, tu sais que ce serait contre-productif pour nous de nous le mettre à dos. Son intelligence ne pourra qu’être utile, il est très loin derrière moi dans l’ordre de succession, et même si je n’aime pas le reconnaitre, son ascendance fodlan le disqualifie encore plus. Il ne peut pas me faire d’ombre pour le moment.
– Je sais et je connais la chanson, surtout qu’elle a très bien marché sur moi. Évidemment, on ne peut pas le laisser comme ça mais, si Tiana se fiche de son fils car il ne lui sert pas à grand-chose pour le moment, cette vipère risque de se réveiller quand elle se rendra compte que maintenant qu’on lui donne des cours dignes de ce nom et qu’on ne l’enferme pas dans une cour d’entrainement, c’est qu’il a un esprit qui fonctionne le gamin. En plus, je crois qu’il a ce que les fodlans appellent un emblème, je l’ai déjà vu briller et se soigner instantanément après des brimades, même s’il apparait rarement. Ça va encore plus la motiver à enfin faire quelque chose d’autre que de juste être un autre bijou autour du cou de notre cher paternel adoré. En plus, je suis sûr qu’elle va adorer voir la fille de sa plus grande rivale le prendre sous son aile. Autant dire que ce serait comme s’il trainait avec moi, c’est pas des bonnes fréquentations pour le gamin.
– Je m’en doute, c’est pour ça qu’il va falloir la jouer finement pour éviter qu’elle ne prenne la mouche, même si on risque de devoir se plier un peu devant elle pour endormir sa méfiance.
– T’es sûre que je peux pas juste l’étouffer, l’empoisonner ou lui faire avoir un accident comme les autres cons ? Marmonna-t-il en fronçant le nez avec dégout. Pas envie de la voir avec son petit sourire mesquin en croyant avoir triompher et qu’on lui mange dans la main, comme quand elle pensait avoir vaincu Nader dans un combat « à la loyale ». Ça pourrait également entacher ton image de te soumettre à ses caprices en plus…
– Non, trop risqué, le calma tout de suite sa sœur. Tiana est quand même une fodlan de haut-rang et même si d’après nos informations, personne ne sait qu’elle est ici, je n’ai pas envie qu’ils l’apprennent avec sa mort, et la prendre dans un complot pourrait aussi retomber sur Khalid à cause de la réputation des fodlans. En plus, c’est un des bijoux préférés de notre père alors, il va soit la défendre si elle est prise dans un complot, soit tout faire pour découvrir qui est responsable de sa mort si elle se fait assassiner. Il va donc falloir arriver à la garder sous contrôle ou au moins avoir de bonnes relations avec elle, avant qu’elle ne tue son fils de négligence. Alors, patience Hamza. Après toutes les couleuvres qu’on a dû avaler, une de plus ne devrait pas changer grand-chose.
– Bien, bien, c’est toi la politicienne de nous deux, pas moi. Par contre, je proteste, c’est toi qui te les enfiles les couleuvres, moi, je les utilise pour étrangler les personnes qui tentent de me les faire manger. En tout cas, je te crois et si mes informations sont justes, ce serait dommage que Khalid se fasse prendre dans ses histoires, il a l’air sympa et prometteur. En plus, je sais que si tu le considérerais comme une menace, tu ne serais pas aussi gentille avec lui.
– Tu compenses sur le plan physique et le reste. Ce que tu fais, je ne saurais pas le faire et inversement. Et exactement, même si on va attendre quelques années avant de parler de lui comme ça, c’est encore un enfant. S’il devient comme les autres et une menace pour le pays, on avisera mais pour l’instant, il a l’air bien parti pour être un bon élément pour le futur d’Almyra alors, autant en faire un allié dès que possible. En plus, tu sais que je ne laisserai pas échapper le trône comme ça. On s’est bien trop battu pour le protéger des incapables pour le laisser filer entre nos doigts. En tout cas, j’espère que tu seras là la prochaine fois qu’il vient, je suis sûre que vous pourriez vous entendre, lui sourit-elle.
– Si tu le dis… en attendant, on va tenter de te faire rattraper ton « retard » physique, tout le monde à l’entrainement ! Tu retourneras à tes livres plus tard !
Jihane soupira mais, se rendit tout de même à l’entrainement même si contrairement à sa mère et Hamza, cela ne la passionnait pas, sachant qu’elle devait savoir se défendre, même si peu de gens étaient au courant qu’elle maniait des amulettes, soigneusement cachées dans ses manches. Même si certains critiquaient sa faiblesse, cela évitait également que qui que ce soit ne la défie au combat sans passer pour un lâche de défier un « joyau » fragile, ou alors craignaient d’affronter Hamza qui la défendait dans ses cas-là. Elle n’aimait guère ce surnom mais, il pouvait être très utile malgré tout. Enfin, il fallait bien passer par l’entrainement…
Quelques jours plus tard, Jihane revit le petit Khalid toqué à sa porte accompagné d’un janissaire proche de Nader, armé de mille et une question, même s’il restait toujours sur ses gardes, mais son regard restait curieux. Comme elle lui avait promis, leur père avait accepté de lui donner une formation plus poussée en lui enlevant un peu d’entrainement. Tiana avait très mal pris son intervention mais, Jihane l’avait amadoué en faisant mine de la respecter tout en la complimentant, minaudant que Khalid était aussi brillant que sa mère, et lui offrant un ensemble d’armes typique de Pratihara finement travaillés afin d’acheter la paix. Comme après sa « victoire » contre Nader, la concubine se pavanait en claironnant qu’elle avait réussi à soumettre l’héritière du trône mais, Jihane la laissait s’agiter toute seule. Si elle arrivait à utiliser correctement l’orgueil de Tiana, elle devrait arriver à garder une marge de manœuvre suffisante afin d’aider Khalid à développer son potentiel et lui éviter de mourir à cause de ses mauvais traitements…
De son côté, le petit garçon avança prudemment. Il savait que Jihane était gentille mais, malgré tout, n’importe quoi pouvait arriver… il paraissait qu’elle était très proche d’Hamza, le deuxième enfant de leur père, qui lui obéirait au doigt et à l’œil… c’était un homme qui ressemblait à leur père avec ses yeux bruns rouge et ses courts cheveux noirs mais, également très grand et large, encore plus que Nader, une vraie force de la nature que peu de gens avaient déjà vaincu et même si c’était mal de sa part de le juger ainsi, il devait avouer qu’il le trouvait très impressionnant aussi… c’était comme Jihane, c’était difficile de dire ce qu’il avait dans la tête, sauf quand on s’en prenait à elle…
Essayant peut-être de le mettre plus à l’aise, sa grande sœur lui montra le livre qu’ils avaient commencé la dernière fois, lui demandant s’il voulait qu’elle lui réexplique certains points. De nouveau happé par sa curiosité, Khalid se détendit et s’approcha, s’essayant à côté d’elle pour l’écouter et la questionner sur le pays de sa mère.
Petit à petit, venir la voir devient une habitude, les deux ayant la même passion pour les livres et apprendre, pouvant discuter pendant des heures, étant également à l’abri des brimades de Tiana ou des autres enfants du shah avec elle. Hamza devenait également plus sympathique à force de le voir chez Jihane. Pas bavard du tout et implacable avec les ennemis de sa sœur, il ne lui tournerait clairement pas le dos s’il était l’ennemi de l’héritière mais, plutôt gentil envers ceux qu’il ne considérait pas comme une menace. Plus il grandissait, plus son intelligence croissait également, arrivant très vite à cerner des situations complexes et à les résoudre. Par contre, Jihane regrettait qu’il ait encore du mal avec les relations humaines. À part avec Nader, le petit restait très solitaire et secret, même avec elle, préférant largement la compagnie des wyverns, en particulier sa petite blanche préférée qui l’accompagnerait partout s’il pouvait, Arezu, et des livres à celles d’autres humains… enfin, cela ne l’étonnait guère non plus… être métis n’était pas facile à porter, encore plus en étant à moitié Fodlan en Almyra… surtout que Tiana n’aidait clairement pas en délaissant son fils ainsi, ne s’intéressant à lui que pour ce qu’il pouvait lui apporter… ce n’était guère étonnant que Khalid ne fasse confiance à personne…
« Espérons qu’un jour, tu trouveras la force de t’ouvrir aux autres… pria-t-elle alors qu’il lui montrait un livre qu’il avait trouvé à la bibliothèque du palais, un recueil de croquis d’un certain Maitre Claude, un peintre verrier de renom ayant réalisé parmi les plus beaux vitraux de tout Leicester, avant à mi-mot qu’il aimerait bien se rendre à Derdriu un jour pour voir tout ça de ses propres yeux. Qu’une divinité, qu’importe son origine ou les croyants qu’Elle protège, te donne la chance de te faire des amis et de rencontrer des personnes en qui tu pourras enfin avoir pleinement confiance… »
2 : Miklan pense avoir gagné mais, le retour du karma fait mal.
Miklan regarda le voleur, un peu plus bas, en train de jouer avec un chien en riant. Il avait toujours eu un bon contact avec les animaux, les apprivoisant en quelques paroles et caresses à chaque fois qu'il en croisait un. Même les chevaux les plus nerveux s'arrêtaient de piaffer et de mordre quand c'était lui, devenant doux comme des agneaux quand Sylvain tentait de s'occuper d'eux. "Un don de Gautier" que les gens disaient, "C'est bien le fils de Gautier" disait d'autres, "Il domptera les srengs aussi facilement que les bêtes" en rajoutaient encore certains des généraux...
Connerie.
C'était juste que son voleur de petit frère voulait lui pourrir la vie encore plus que sa simple existence ne le faisait déjà.
« Un chien féroce... il était censé le mordre jusqu'au sang ! Il a déjà tué un voleur celui-là ! Il n'était pas censé se mettre à quatre pattes devant lui aussi ! Enragea-t-il en voyant Sylvain câliner le chien, ce dernier remuant la queue comme un toutou à sa mémère au lieu d'un animal d'attaque, le morveux de onze ans éclatant de rire quand l'animal passa sa langue sur son visage. Bon, il va falloir que je passe à l'autre plan... »
Le vrai héritier avait hésité à être plus direct que le poison, même s’il devait se méfier de cette méthode, trop facile à détecter, ou juste mettre des raclées à son frère dès qu'il pouvait mais, si rien ne marchait, il devait y aller plus franchement…
Son père lui donna l'occasion parfaite quelques temps plus tard, organisant une grande chasse peu de temps avant qu'une tempête de neige ne les empêche tous de sortir. Le porte-emblème détestait tirer à l'arc, encore plus la chasse qui faisait du mal à ses amis les animaux mais, leur père l'avait obligé à suivre le mouvement pour s'endurcir. Si le temps était en plus avec lui, ce serait parfait.
Le groupe s'enfonça dans la grande forêt de sapin, d'abord en rang serré avant que des petits groupes se forment. Allant moins vite sur son poney qu'avec un cheval plus grand, Sylvain pris du retard, et ce fut l'occasion ou jamais. Miklan s'approcha alors de lui, lui soufflant à voix basse, sautant à terre.
« Eh, débile, je vais là-bas, l'informa-t-il en montrant un coin où les buissons et les branches des arbres s'emmêlaient plus, rendant le passage difficile.
– Mais Père nous a dit de ne pas nous séparer du groupe... lui fit-il observer, se mettant presque en boule à ses mots, Sylvain avait juste assez d'esprit pour avoir peur de lui à raison.
– Je m'en fous, j'ai vu tout un tas de renard là-bas, derrière ses buissons. Il y a une petite rivière qui se jette dans la mer là-bas, ils vont surement y boire.
– Mais on doit chasser que des animaux comestibles, ça ne se mange pas.
– Non, je me contenterais de les écorcher, leurs fourrures feront un bon manteau, répliqua-t-il en accrochant son cheval à un arbre. A tout à l'heure débile. »
Miklan s'enfonça dans les buissons, comptant jusqu'à trois avant de voir Sylvain tenter de le suivre. Évidemment que cela allait marcher, surtout pour des renards, c'était les animaux préférés du porte-emblème, être roux devait rapprocher.
Une fois très loin des autres, trop loin pour qu'on les entende, l'héritier légitime finit par se cacher et le laissa s'enfoncer jusqu'au ruisseau qui n'existait pas, cherchant sur la côte des renards imaginaires pour les sauver de l'écorchement. Miklan récupéra une grosse pierre sur le chemin, traquant sans un bruit le voleur de place. Dès qu’il se mit à chercher les bêtes dans un buisson, ce fut le moment.
Miklan abattit le rocher en plein sur le crâne du voleur à emblème.
Il n'eut même pas le temps de supplier.
Il lui ouvrit le front dès le premier coup mais, il recommença, encore et encore histoire d'être sûr qu'il était bien mort.
Quand il eut fini, le corps de son frère ne bougeait plus, la tête fracassée à coup de pierre. Il respirait encore malgré tout, c'était résistant un porte-emblème mais, il n'en avait plus pour longtemps. Si ce n'était pas la perte de sang qui le tuait, ce serait soit le froid soit les bêtes affamées qui finirait le travail.
Miklan ne put s'empêcher de rire en pensant à l'ironie qu'un « fils de Gautier » finisse dévorer par une bête comme lui.
Il fit vite demi-tour pour rejoindre le groupe, récupérant une bête qu'il avait tué plus tôt pour justifier le sang sur lui, avant d'aller dire à son père que Sylvain avait disparu, remerciant le ciel quand la neige commença à tomber à gros flocons.
Son père chercha son précieux héritier de partout mais, rien à faire, Miklan l'avait emmené trop loin et la neige recouvrait tout, personne ne penserait à chercher là-bas, et il fit en sorte de fouiller cette zone seule avec un chien. Ce dernier pleurnicha quand Miklan l'empêcha d'approcher trop près du corps de sa victime mais, il le fit taire d'un coup sec sur son collier.
La tempête faisait rage, interrompant les recherches pour la nuit et le jour suivant.
Quand on les reprit leur surlendemain, Miklan retourna là où il avait laissé le corps de Sylvain. Il ne retrouva que son manteau et des tâches de sang au sol, pas de corps. Il sourit tout seul en pensant que son frère était dans le ventre d'un ours ou d'une meute de loup.
Il prit le manteau et le ramena à son père comme preuve de la mort de Sylvain.
Après encore quelques jours de recherches, Isidore finit par laisser tomber, déclarant officiellement la mort de son héritier et Miklan eut enfin ce qu'il voulait.
*
Tous les amis de son frère furent présents aux funérailles. Dimitri et Glenn soutenaient Ingrid qui pleurait à chaudes larmes la mort de leur ami, pendant que Rodrigue tenait Félix dans ses bras, braillant aussi toute sa peine. Quels faiblards... et ça prétendait avoir un emblème, majeur même pour le nabot aux cheveux noirs... Normalement, il devait encore être en train de se remettre de ses brûlures mais, il avait insisté pour venir apparemment, ne croyant pas que son ami Sylvain était mort…
Miklan fit tout pour ignorer le regard tranchant de Glenn, poser sur sa gorge comme une épée invisible. Il mettrait sa main au feu qu'il avait compris ce qui c'était vraiment passé. Il était assez con pour ne pas vouloir se débarrasser de son petit frère, alors que lui aussi avait tout perdu quand ce braillard de Félix était né en tuant leur mère au passage mais, pas à ce point. La reine Héléna, représentant le roi Lambert qui était tombé gravement malade quelques jours auparavant, aussi lui jetait des regards en coin, méfiante quant à sa version des faits mais, elle n'avait pas de preuve de sa culpabilité. Quoi qu'elle tente, sauf si elle interrogeait le fantôme de Sylvain, Miklan était blanc comme la neige du Nord, point.
Dès qu'il put quitter la cérémonie sans faire de vagues, il le fit. Sa mère Adeline était inconsolable, pleurant la mort de son petit à chaudes larmes en oubliant encore que l'ainé existait. Elle avait déjà assez de soutien de la part des autres parents, et pour son père, Miklan ne savait même pas ce à quoi il pensait. Il s'en foutait en fait.
Il dériva jusqu'à la grande salle seigneuriale, et contempla la Lance de la Destruction, accroché au mur à côté de la chaire margravine. Elle remuait toujours malgré les liens, se tordant sur sa hampe.
« Maintenant, même si je ne peux toujours pas te toucher, tu es à moi, » lui annonça fièrement Miklan.
La gemme à la base du fer en os brilla d'un éclat lugubre, alors que les épines sur le côté s'agitaient de plus belles, comme pour protester contre la réalité. Miklan eut un air narquois avant de s'en aller, se moquant de la lance de son ancêtre qui avait eu le culot de le renier pour son frère. C'était surement le signe qu'il se sentait très con maintenant que le sans-emblème avait tué le porte-emblème malgré tout.
*
Rodrigue tenait Félix contre son épaule, son fils pleurant encore et encore. C'était dur pour lui... quelques semaines plus tôt, il se remettait de ses blessures avec Sylvain à ses côtés pour le faire rire et oublier sa peine et maintenant, il ne le reverrait plus... c'était une épreuve bien trop dure pour un enfant de son âge. Pour n'importe qui à n'importe quel âge... surtout qu'à l'attitude de Miklan... ce n'était surement pas un « accident »… pas après tout ce qu’il avait déjà tenté d’infliger à son petit frère… mais il n'avait pas de preuve...
Fatigué de le porter depuis des heures, Rodrigue se permit de s'asseoir dans la salle seigneuriale, tentant de calmer son cadet alors qu'il niait encore ce qui s'est passé.
« Il n'est pas mort... il n'est pas mort... il a promis... il m'a promis... il avait mon écaille pour le protéger... il m'avait promis qu’on vivrait et mourrait ensemble ! Il ne peut pas être mort ! Pour ça, Sylvain n’est pas un menteur !
Rodrigue ne sut quoi répondre, frottant le dos de son fils en l'entourant d'une étreinte protectrice. Si seulement cela pouvait être aussi simple...
Ce fut alors qu'ils virent tous les deux la Lance de la Destruction s'agiter, son éclat d'habitude sanglant devenant plus doux, plus chaleureux, alors que ses pointes bougèrent toutes ensembles, comme pour dire quelque chose. Félix fixa le fer, comme s'il arrivait à comprendre le message, avant de s'exclamer avec un grand sourire.
– Il n'est pas mort ! Sylvain n'est pas mort ! C'est Gautier qui l'a dit ! Il va revenir papa ! »
Sans trop savoir pourquoi, Rodrigue savait aussi au fond de son cœur que c'était vrai, comme convaincu par la relique elle-même.
*
Une dizaine d'année passa et Miklan se crut au paradis : il avait le titre d'héritier du margrave, sa mère n'arrivait pas à pondre un autre héritier, étant trop âgée pour le faire, et même s'il avait pris une maitresse pour tenter d'avoir un bâtard à emblème, son père avait également échoué à produire un autre enfant de Gautier. Miklan était donc assurer d'avoir tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, avec tous les avantages que le titre apportait : la richesse, le pouvoir, l'importance, les femmes... tout pour être au paradis ! En plus, l'empire qui avait tenté de conquérir Fodlan sous les ordres d'Eldegard s'était brisé les dents sur la résistance de Faerghus et Leicester. Une alliance de circonstance conclut par la régente Héléna avec les Riegan, Daphnel et Goneril avant que les autres seigneurs de l'Alliance ne suivent, tout ce petit monde ayant finalement réussi à briser les assauts adrestiens, donc il serait aussi tranquille au sud. Il n'aurait qu'à se préoccuper des srengs et eux, ce n'était que des sauvages faciles à mater alors, cela ne lui faisait pas beaucoup de travail.
Bon, sa mère était toujours aussi inconsolable, pleurant presque tous les jours depuis dix ans. Le seul réconfort qu'elle trouvait, c'était dans un petit chien de poche qu'elle avait commencé à élever avec son fils préféré, une petite créature toute carrée, blanche et rousse avec de grosse oreilles tombantes et bouclées. Sinon, elle passait son temps quasi seule dans le silence en compagnie d'animaux. Elle disait que cela lui rappelait son fils perdu.
Son père – comme toujours – ne disait rien mais, il semblait plus s'enfermer dans le travail qu'avant, comme pour compenser son échec d’avoir donner un héritier à emblème à leur fief. Miklan s'en fichait en fait, il faisait son boulot à sa place. On avait fini par le retrouver mort de vieillesse dans l'écurie, peu de temps après qu'on ait annoncé qu'un espion sreng étrange aurait été aperçu dans une ville proche, avec des détails que Miklan ne connaissait pas. Il avait voulu s'en charger lui-même mais, il était trop faible pour cela et son corps n'avait pas supporté. Alors après des funérailles formelles, Miklan se retrouva donc avec le titre bien mérité de margrave Gautier, le premier de l'histoire sans emblème. Il n'aurait pas été officiellement en période de deuil, il aurait fait une grande fête pour célébrer tout ça comme il se le devait.
Évidemment, les relations entre lui, Fraldarius, Galatéa et la famille royale ne commençaient pas sous les meilleurs auspices. Tous étaient persuadés que c'était lui qui avait tué Sylvain, à raison mais, ils n'avaient aucune preuve pour le prouver alors, ils l'avaient tous dans le cul. Ils l'accusaient aussi de mal s'occuper de son fief, ayant dû mater plusieurs révoltes frumentaires mais bon, un coup d'épée dans la gueule des bouseux suffisait à les faire taire. Ce n'était pas forcément bien pour le margraviat mais, l'important était qu'il avait tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, c'était tout ce qui comptait pour Miklan. Il se fichait d'eux, qu'ils soient princes héritier, à emblème, ou roturier. Il était margrave depuis trois ans et c'était tout ce qui comptait.
Le seul qui pourrait lui faire un peu peur, c'était Félix. La Lance de la Destruction agissait toujours bizarrement à chaque fois qu'il l'approchait, et à chaque fois, l'héritier des Fraldarius disait la même chose, comme une prophétie.
« Sylvain n'est pas mort. Il reviendra récupérer ce que tu lui as volé un jour. Et ce jour-là, Lui se chargera de ton sort. »
Puis il partait sans plus d'explication. Non pas que Miklan en ait quoi que ce soit à foutre de l'héritier des Fraldarius mais, à chaque fois qu'il le disait, c'était étrange... ses yeux d'ambre semblaient capter la lumière de la Lance de la Destruction pour la réfléchir sur lui, assez fort pour l'aveugler. Il ne savait même pas qui était ce "lui" mais bon, ce n'était que des paroles en l'air. Le margrave légitime n'avait pas peur d'un pauvre gosse incapable de finir son deuil, même après s'être illustré pendant la guerre contre l'empire comme le meilleur fossoyeur de tout Fodlan au côté de son frère.
Un jour qu'il devait se coltiner des visites de doléances, on annonça la venue d'un scalde, un poète sreng. Il serait venu afin de renouveler les vœux de paix entre leur peuple qui durait un peu plus longtemps que d'habitude. C'était plutôt lui qui allait les taquiner, avant que la reine-mère Héléna ne hausse le ton et le menace d'agir contre lui s'il s'en prenait encore à leurs voisins. Enfin, le sreng avait encore le réflexe d’être effrayé de la Lance de la Destruction, toujours accrochée à côté de la chaire de margrave, même si celui-là semblait un peu moins apeuré que les autres en sa présence. C'était un homme aux cheveux bruns assez longs pour être liés en tresse mais, avec de larges bandes blanches sur les tempes, ainsi qu'une grosse cicatrice sur le front. À son allure, il devait avoir une petite quarantaine d'année. Mouais... Miklan n'aimait pas beaucoup l'art sreng mais bon, fallait bien se plier à ce genre de corvée. En plus, les gens diraient qu'il négligeait sa mère s'il ne la laissait pas se changer un peu les idées... alors, il accepta de laisser le scalde déblatérer ses légendes pourries.
L'homme le remercia, s'installant pendant qu'un serviteur allait chercher Adeline, le temps d'accorder sa lyre. Quand elle arriva dans la pièce avec son toutou, l'animal se mit à aboyer en remuant la queue, tout content alors qu'il se précipitait vers le scalde. Ce dernier sourit en le caressant, mettant juste son instrument loin de ses pattes pour ne pas l'endommager.
« Gentil petit, gentil, ria-t-il avec son gros accent alors que le chien lui faisait la fête, comme s'il le connaissait depuis toujours.
– Oh ! Excusez-moi ! Rustine ne fait jamais ça d'habitude, je ne sais pas ce qui lui a pris, s'excusa Adeline en tentant de reprendre le chien avant qu'il n'abime l'instrument du scalde. Il n'est aussi affectueux qu'avec moi et... et avec mon fils cadet, même s'il nous a quitté depuis des années.
– Ne vous en faites pas ma Dame, j'ai l'habitude des animaux, il y a beaucoup de chien chez moi, lui assura-t-il alors que le toutou s'installait sur ses genoux. Et toutes mes condoléances, la perte d'un enfant est toujours une épreuve bien dure. Nous la connaissons bien, la faim emportant plusieurs des nôtres à chaque hiver. Alors, je vous chanterais une histoire que nous nous racontons pour apaiser nos âmes en deuil. Celle de la Déesse Frigg qui elle aussi, a connu la douleur de perdre son fils malgré tous ses efforts pour le sauver de son destin et qui à présent, veille sur les âmes de chaque enfant mort trop tôt… »
Il se mit alors à déclamer en vers une histoire par rapport à un grand arbre où neuf mondes s'accrochaient, de lieux où les morts festoyaient en attente de la fin du monde en compagnie des dieux, se préparant pour la grande bataille qui la précéderait, ainsi que d'un lieu pour les morts de faim et de froid toujours chaud et accueillant, loin des manigances d'un dieu maléfique dont le nom était une honte pour tout ce qui vivait et mourrait qu’on ne le disait pas, celui ayant tué le fils de cette Frigg... Miklan devait avouer qu'il s'était endormi en cours de route mais, s'il se fiait aux applaudissements, ça avait plu au moins à la foule. Adeline pleurait même un peu (encore…), alors qu'elle le remerciait…
« Merci beaucoup, c'était magnifique... faites-lui apporté un sac rempli de pièce d'or de ma propre cassette, avec également un collier d'ambre et des bracelets de pierres de lune.
Miklan laissa passer, ce n'était pas sur son argent à lui. Le scalde se releva après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, baissant bien bas son chapeau à la Fodlan alors qu'il déclarait avec un sourire ravi.
– Merci pour votre générosité ma Dame, un simple scalde tel que moi ne pouvait imaginer recevoir autant après cette modeste prestation. Ma reine entendra parler de votre générosité, je vous le jure.
– C'est bien normal, vous l'avez amplement mérité... déclara-t-elle en le regardant étrangement, alors que Rustine remuait toujours la queue à ses côtés.
La prédiction du porte emblème de Fraldarius lui revient en mémoire, son esprit lui jouant des tours en essayant de coller le visage de son frère sur celui de cet homme… puis Miklan se ressaisit. Non, impossible, Sylvain était mort, il lui avait enfoncé le crâne avec une pierre, il ne pouvait pas avoir survécu à ça. S'il n'avait pas retrouvé de corps, c'était parce qu'un animal l'avait trainé dans sa tanière pour le dévorer, fils de Gautier ou non. En plus, cet homme avait bien quarante ans, impossible que ce soit lui. Sa mère se berçait juste de trop d'illusion.
Elle lui demanda son nom, trop d'espoir résonnant dans sa voix, avant de surement perdre ce qui lui restait quand l'homme déclara :
– Je m'appelle Snorri Fregnosson ma Dame, on me surnomme le Musicien, du royaume de Sa Majesté la reine Thorgil. Si vous voulez faire de nouveau appel à mes services, envoyer un messager là-bas, j'accourrais ! Leur jura-t-il.
– Bien... souffla-t-elle. Je vous contacterais alors surement un jour. »
Le scalde lui embrassa la main, fit une dernière caresse sur la tête de Rustine, puis s'inclina profondément devant le margrave. Bien, au moins, il savait où était sa place. Miklan ignora juste la manière dont il fixait la Lance de la Destruction, le mettant sur le dos de sa crainte et de la présence impressionnante de la Relique.
Miklan crut entendre un rire à côté de lui alors qu'il était seul.
*
« Alerte ! Alerte ! On est attaqué ! Les srengs ! »
Miklan se réveilla en sursaut, sortit de son sommeil par les hurlements d'alerte. Il s'habilla aussi vite qu'il put, passant son armure et prenant sa hache en vitesse avant de demander ce qui se passait à un de ses rares hommes de confiance.
« C'est la catastrophe ! S'écria-t-il malgré son calme légendaire. Des bateaux srengs se sont infiltrés jusqu'à la capitale margravine sans que personne ne sonne l'alarme ! Puis une fois près de nous, les soldats ont fait défection et nos gens leur ont ouverts les portes ! Seule la forteresse résiste encore ! Il y a toute une coalition et ils ont emmené leurs valravens avec eux !
Le margrave légitime jura dans sa barbe. Quelle poisse ! Quelle mouche avait piqué les srengs ?! ça faisait bien six mois qu'il n'était pas allé les taquiner, et il avait même envoyer leur scalde là, Snorri Fregnosson quelque chose, pourquoi ils les attaquaient d'un coup ?! Bon, c'était des sauvages donc, il imaginait qu'il n'avait pas vraiment besoin de justification. Il jura alors, donnant ses ordres en vitesse.
– Protégez la salle du trésor et empêcher n'importe qui de l'approcher. Pour les srengs, éradiquez-moi tout ça et toutes les personnes les aidant avec ! »
Il n'attendit même pas de réponse avant de courir à la rencontre des envahisseurs. Miklan avait tout fait pour avoir ce margraviat, ce titre qui lui revenait de droit en tant que fils ainé, jusqu'au meurtre de son propre frère, il n'allait pas laissé une bande de sauvage tout lui prendre !
Il courrait vers la cour pour les empêcher d'entrer, quand ils entendirent tous un grand bruit de chute, comme après qu'une bricole détruisait un pan de mur. Merde ! Ils avaient des engins de sièges en plus ?! Non, c'était trop lourd pour leurs bateaux ! Un autre soldat vient au rapport, mort de peur.
« Ils ont pris leurs magiciens avec eux ! Ils viennent de détruire un pan de murs pour pouvoir entrer dans le fort ! Nous sommes perdus !
– Non ! Pas encore ! Je suis enfin margrave, je les sacrifierais tous pour conserver ce titre, j'en fais le serment ! »
*
Quand les srengs enfoncèrent sa porte pour piller la pièce, Adeline n'eut même plus la force d'avoir peur. Elle se sentait vide depuis la mort de Sylvain, depuis la perte de la seule personne qui lui avait témoigné de l'affection sincère... son petit rayon de soleil dans ce nord froid et ce mariage sans amour... le fils qu'elle avait perdu aux mains de son autre fils... elle le savait elle aussi sans avoir de preuve et à quoi bon ? Sylvain était mort là-bas, dans le froid et la neige, et son corps assassiné avait été dévoré par les animaux sauvage, le laissant sans tombe... elle ne supportait plus cette situation... Si elle devait mourir maintenant, ainsi soit-il. Au moins, elle retrouverait la seule personne qu'elle aimait sincèrement. Elle prit donc Rustine sur ses genoux, calant son seul réconfort contre elle et ferma les yeux, s'attendant à tout et priant pour rencontre l'acier.
Cependant, aucune violence ne lui fut faite, une voix familière résonnant à la place, en fodlan.
« Eh ! Mais je vous reconnais !
Il eut alors un ordre en sreng et quand elle rouvrit les yeux, Adeline vit un guerrier sreng donner des ordres à ses hommes, habillé comme un chevaucheur de valraven. Il portait un casque à masque typique de son peuple mais, elle ne put que reconnaitre sa voix. Rustine aboya et sauta pour trotter à ses côtés, récompensé par une caresse sur ses oreilles. Snorri ajouta de nouveau en fodlan alors qu'il l'approchait, prudent, comme pour ne pas l'effrayer.
– Ne vous en faites pas ma Dame, ils ne vous feront rien. Vous avez été tellement gentille avec moi, je vous jure qu'il ne vous arrivera rien.
Il enleva alors son casque, dévoilant une tresse de cheveux roux en bataille dont les boucles encadraient le visage d’un jeune homme d’une vingtaine d’année, et le cœur d'Adeline s'arrêta. C'était... c'était bien... Déesse... non, c'était impossible... Déesse...
– Déesse... suis-je morte et au paradis ? Demanda-t-elle, ne pouvant empêcher ses doigts de passer ses doigts sur la grosse cicatrice sur son front... elle était à la fois si grande et si petite... comme faite sur le front d'un enfant...
– Ah non ! Bien sûr que non ! Vous allez bien, promis, on veut juste donner une leçon à ce roi sans yeux de Miklan ! Il attaque sans même avoir besoin de nourriture des gens qui n’ont déjà pas un sou alors, réaction solidaire entre srengs et avant qu'il s'en prenne à d'autres. Surtout qu'on est calme en ce moment… les récoltes ont été assez bonnes ces dernières années, et votre reine est clairvoyante, tout comme son héritier alors, pas de raison qu’on s’en prenne à vous. Et oui, vieille histoire cette cicatrice mais, c'est un peu long à raconter, peut-être plus tard... Hum, tenez ! » Il posa son propre manteau sur ses épaules et les attacha avec une grande fibule finement travaillée, le cœur saignant d'Adeline reliant les points entre eux pour créer une image claire de ce qui avait pu se produire, sans pouvoir quitter du regard ces yeux inchangés en dix ans et cette cicatrice. Malgré tout, il était toujours aussi attentionné et gentil... « Avec ça, on saura que vous êtes protégée. La reine Thorgil le Kaenn, c'est ma tante alors, les gens y réfléchiront à deux fois avant de s'en prendre à vous. On fait juste le tour, on trouve Miklan pour s'expliquer et on s'en va surement. En tout cas, c'est le plan. Vous, vous ne vous bougez pas, d'accord ?
– D'accord...
– Bien ! Et Rustine vous protège aussi non ? Sourit-il en reposant le petit chien dans ses bras, ce dernier aboyant avec enthousiaste, la queue remuant toujours en regardant l'homme qu'il avait reconnu dès le premier regard.
– Oui, il est très courageux et fort, comme son premier maitre... Adeline hésita une seconde avant de déclarer, voulant juste arrêter Miklan à ce stade. Dans la grande salle seigneuriale, il y a une lance qui est enchainée juste à côté de la chaire du margrave. Vous devriez essayer de la prendre Snorri.
– Quoi ?! C'est les crocs de Fenrir non ? Enfin, la Lance de la Destruction pour vous mais, dans les deux cas, c'est une arme maudite qui détruit le destin de tous ceux qui l'approchent ! C’est l’arme de la Dévoreuse de Cadavre qui est né après qu’elle ait assassiné le Bavard ! Je ferais mieux de la jeter au feu !
– Je ne pense pas qu'elle vous fera du mal, simple pressentiment. Vous devriez au moins essayer, l'encouragea-t-elle en priant pour ne pas lui donner trop d'information d'un coup et ne pas faire remonter quelque chose au pire moment.
Snorri la regarda, sceptique quant à sa supposition, avant qu'on l'appelle plus loin. Il répondit alors en sreng, puis lui répéta en fodlan avant de partir, remettant son casque sur sa tête.
– Restez ici en sécurité, et si qui que ce soit vient vous piller, dites-lui que Snorri Fregnosson le Renard, fils de Fregn l'Ombre et neveu de la reine Thorgil le Kaenn, vous a pris sous sa protection, ça les fera reculer.
– D'accord, merci beaucoup le Renard, » le remercia-t-elle à la sreng, en utilisant son surnom plutôt que son nom... elle ne savait même pas si elle aurait pu à nouveau l'appeler "Snorri"...
Le guerrier lui sourit avant de repartir après un dernier signe de main. Rustine aboya sur les genoux d'Adeline, tout aussi heureux qu'elle de l'avoir retrouvé, même si lui le savait depuis plusieurs mois contrairement à elle.
« Ne t'en fais pas Rustine, tout va bien se passer, je le sais... il est bien plus résistant qu'il n'en a l'air, n'est-ce pas ? » Sourit Adeline sans pouvoir s'arrêter de joie.
*
Snorri partit en courant dans les couloirs, tâtant son sac de butin en faisant la liste de ce qu'il avait récupéré : surtout de la nourriture qui pouvait se conserver longtemps, des médicaments et des potions, ainsi des objets précieux à revendre en cas de nouvelles disettes afin d’éviter de faire d’autres raids. Avec tout ce qu’il allait pouvoir récupérer, cela devrait les aider à tenir… au moins jusqu’à la belle saison… même s’ils avaient été tous assez déçu en découvrant un aussi petit trésor mais bon, ce n’était guère étonnant, l’argent brûlait les doigts du margrave apparemment, et le plus important pour eux, c’était la nourriture.
Il rejoignit la salle seigneuriale, dominée par les crocs de Fenrir mais, ils étaient inoffensifs maintenant que plus personne ne pouvait les manier. Ils avaient explosé le mur de cette pièce afin de pouvoir pénétrer plus facilement au cœur du château et s'en servir de point de ralliement, leurs magiciens bien aidés par leur espion qui avait mis une potion explosive entre les pierres. D'ailleurs...
« Mamma ! » S'écria-t-il en voyant Fregn aux côtés de son valraven à lui, Igie.
Il ne savait pas ou plus d'où il avait tiré ce nom mais, quand il avait vu cet adorable créature à la fois déterminé et autoritaire tout en étant gentille, ce nom s'était imposé comme une évidence. C'était comme pour son chien Dima et son chat Filix. Aucune idée d'où venait les noms mais, ça lui semblait familier alors, il les utilisait.
Sa mère répondit à son signe de main, avant de l'enlacer, aussi soulagé l'un que l'autre de se retrouver en vie. Fallait dire, cela faisait bien six mois qu'elle était infiltrée et il l'avait à peine vu quand il était aussi venu prendre le pouls de la forteresse alors, il s'inquiétait pour elle.
« Je suis content de te revoir. Ça va ? Tout s'est bien passé ?
– Moi aussi mon petit. Et ne t'en fais pas, ça va. C'était l'infiltration la plus facile de ma carrière.
– Vraiment ?! À ce point ? S'esclaffa-t-il. Faut dire, ça n’a pas l'air d'être une flèche leur margrave Miklan.
– Une brute épaisse oui. Il n'en fiche pas une et quand les gens disent qu'ils ont faim trop fort, il les nourrit à coup d'épée dans le ventre. C'est un vrai tyran même pas capable de bien gérer son argent et son peuple. Je n'ai même pas eu à les pousser à la révolte, tout le monde était furieux de base et veut juste le chasser d'ici, expliqua-t-elle posément, habituée à ce genre de situation quand ce n'était pas elle qui semait la zizanie. D'ailleurs, tu t'es très bien débrouillé quand tu t'es infiltré à ton tour. Ton maquillage était très réussi et même s'il y a eu des imprévus avec ce chien qui semblait te reconnaitre, tu as très bien su les gérer tout en ne trahissant pas ta couverture. Vraiment, un sans-faute.
– J'ai eu un excellent professeur l'Ombre, la complimenta-t-il sincèrement, sa mère était de loin la meilleure espionne de tout Sreng et même de Fodlan.
– Tu as bien su te débrouiller aussi. Le seul problème, c'est cette cicatrice, elle est trop grosse pour être caché mais bon, c'est ainsi. ... et toi ? Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle, attentive, lui tenant les mains pour le maintenir, alors qu'Igie frottait sa tête contre son compagnon d'arme.
– ça... ça va... je crois... ça fait comme des flashs quand je suis ici... avoua-t-il. Je suis déjà venu ici avant de m'infiltrer mais, je n'arrive pas à me souvenir comment... C'est comme si quelque chose voulait remonter à la surface mais, n'y arrivait pas. Il me manque quelque chose mais, je ne sais pas quoi...
– C'est normal, les souvenirs sont quelque chose de difficile à récupérer, surtout vu l'état où on t'a trouvé... ces pêcheurs seraient venus quelques minutes plus tard et Huld n'aurait pas été avec eux, tu serais mort dans la neige, souffla sa mère en ordonnant ses mèches, et tant pis si ce n'était pas par le sang, Fregn était la seule qu'il reconnaissait comme sa mère avec ses tantes.
– Vive le braconnage, on sauve des vies grâce à ça, arriva à en rire Snorri, posant ses doigts sur sa cicatrice, un des seuls vestiges de sa vie d'avant avec son porte-bonheur. Après, je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de me souvenir de certaines choses... je veux dire, ça me semble familier ici mais, j'ai pas vraiment envie de retrouver ceux qui m'ont abandonné dans la neige avec le crâne ouvert et plusieurs fractures car, ils m'ont surement fracassé à coup de pierre. Limite, je préfère m'en souvenir pour comprendre, puis tout oublier pour juste refermer la boucle et ce chapitre de ma vie.
– C'est ta mémoire, c'est à toi de voir ce que tu veux en faire. En tout cas, je ne te forcerais pas à te souvenir si ce n'est pas ce que tu veux.
– Merci Mamma... lui sourit-il, avant d'ajouter après un regard en coin. En fait, ce qui m'intrigue le plus... tu vas me prendre pour un fou...
– Dis toujours, histoire que je fasse ma propre opinion, répliqua Fregn.
– Ce qui m'intrigue le plus, c'est les Crocs de Fenrir, souffla-t-il en montrant l'arme enchainé dans la pièce, personne ne s'en approchant à moins de dix pas. Je sais, tout le monde se pose des questions sur ce truc mais, c'est pas de la peur... en fait... elle m'intrigue et... et elle me dit vraiment quelque chose...
– C'est ce qui t'intrigue le plus ? Comment cela ? Elle te semble familière ?
– Oui, comme si je l'avais toujours connu... elle... elle a un lien avec ma mémoire, j'en suis sûr... et... et j'ai vraiment envie de la toucher... admit-il, presque honteux de vouloir toucher une telle abomination capable de briser le destin, Igie continuant à se serrer contre lui pour le rassurer. Quand j'ai croisé la margravine-mère, elle m'a aussi dit que je devrais tenter de la prendre et... et ça me donne encore plus envie de tenter...
Fregn resta silencieuse une seconde, avant de déclarer en posant sa main sur son épaule, toujours ce roc inébranlable à ses côtés et sur qui il pouvait compter. Que sa famille de sang rejoigne Fenrir et sa sœur Hel pour se faire dévorer, Fregn, c'était une vraie famille à elle toute seule !
– Je suis aussi sceptique que toi sur le fait que ce soit une bonne idée mais, si c'est ce que tu ressens et que tu penses que cela te rendra peut-être la mémoire, alors je ne peux que te soutenir si c'est ce que tu veux. Si tu ne la touches que quelques instants, elle ne devrait rien te faire et de toute façon, elle mord toute personne qui n'a pas d'emblème. Parfois, tu as une lumière qui s'active autour de toi quand tu combats, comme l'emblème des fodlans alors, qui sait ? Tu en as peut-être un et cela te protégera surement de son influence ?
Snorri lui sourit, rassuré par ses mots. Timidement, il s'avança avec sa mère vers la chaire du margrave et les Crocs de Fenrir. Dans le fond de sa tête, ce décor lui disait quelque chose mais, il était incapable de dire quoi... peut-être quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas sur la chaise... mais pas sûr... mais ce qui l'attirait le plus, c'était cette lance, comme des insectes autour d'une bougie la nuit...
Elle était terne, inerte, desséchée comme un cadavre mort depuis des siècles mais, malgré tout, une force au fond de sa poitrine et de son sang le poussait vers elle... sans qu'il sache pourquoi... le jeune homme ne savait plus.
Il jeta un dernier regard à sa mère et à son valraven, embrassa le sachet où se trouvait son porte-bonheur de toujours, accroché à son cou. Puis, après avoir pris une grande inspiration, il effleura la gemme écarlate des doigts.
Snorri recula un peu en la voyant s'illuminer à son contact.
La chaleur d'une présence rassurante, une protection au-dessus de son épaule...
C'était quoi ça ?! Il n'avait jamais pensé ou ressenti quelque chose comme ça ! Il sentait sa cicatrice pulsée, quelque chose en ressortant enfin après tout ce temps. Engaillardi par ce premier contact, Snorri recommença, prenant la lance entre ses doigts.
Des moments avec trois personnes de son âge et quelqu'un plus âgé... des adultes aux regards bienveillant... leur départ trop rapide à tous... la protection éphémère de bras... une main sur sa nuque qui l'arrache d'elle... l'épuisement... des bruits flous, des images mélangés entre elle... des coups, des coups, des coups, du froid... immobile... s'enfuir... impossible... les chaines des blessures et de la neige... une présence toujours aussi forte au fond de son cœur, toujours là malgré l'oubli... le protégeant encore malgré tout... lui jurant quelque chose... l'appelle... son nom... son vrai prénom...
« S... »
« Grand-père... »
« S... Snorri ! Tu es encore avec nous ? Reviens ! Snorri ! »
S... Snorri se réveilla d'un coup, se rendant compte qu'il s'était noyé un instant dans l'étreinte de la lance. Elle n'était plus sur son présentoir, il l'avait détaché sans s'en rendre compte et la serrait à présent contre son cœur, comme pour s'y accrocher. Il tourna des yeux exorbités vers Fregn, tout tremblant après ce qu'il venait de vivre, sa mère le regardant avec inquiétude.
« Je... je me souviens... elle... la lance... elle fait revenir des choses... pas tout mais... mais c'est la première fois... c'est net... mais c'est aussi flou... je... je ne comprends pas... c'est... je crois... ma tête...
– Du calme, prends ton temps... souffla-t-elle en posant ses mains froides sur ses joues, l'ancrant un peu dans la réalité, même s'il était incapable de lâcher cette lance. Ne t'en fais pas, on est en sécurité ici, les troupes ennemies sont pratiquement maitrisées. Souffle un grand coup et prend le temps de te reprendre. Là... chut... ça va aller... tenta-t-elle de le rassurer en le prenant dans ses bras, se fichant d’approcher cette lance malgré le danger, Snorri commençant à pleurer alors que tout se bousculait dans sa tête. On est avec toi, les dieux aussi veillent sur toi.
– Mamma... merci... ça... ça fait tellement de chose d'un coup... cette lance... c'est celle de mon grand-père mais, pas de mon grand-père... c'est plus au sens... d'ancêtre, quelque chose comme ça... je... ça va tellement vite...
Il souffla un grand coup, essayant de se reprendre comme il pouvait en faisant le point, jusqu'à ce que tout se calme. L'amnésique arrivait à retrouver un peu pied, la lance toujours contre lui, blottit au creux de l'aile de son valraven avec sa mère à ses côtés, quand ils entendirent un coup de sifflet venant des airs, puis un cri demandant des renforts sur le toit. Aussi vif qu'il le pouvait malgré son crâne qui martelait toujours, Snorri enfourcha sa monture pour aller en renfort et compris pourquoi ils avaient besoin d'aide. La garnison avait trouvé refuge sur le toit, avaient bloqué les escaliers et les valravens étaient les seuls à les atteindre, les troupes de Miklan refusant de se rendre.
Snorri trouva sa cousine Hlif, en train de manœuvrer avec sa propre valraven contre trois pégases, l'homme en faisant tomber un pendant qu'elle descendait le second, avant qu'ils n'achèvent le troisième tous les deux d'un coup de lance.
« La situation ?! Lui cria-t-il et en faisant courir son regard sur elle, heureux de la voir en entier, même si elle semblait proche de la surchauffe de magie.
– Ils refusent de se rendre ! Miklan surtout ! Hurla-t-elle pour se faire entendre en montrant le margrave au milieu de ses troupes, protégé par ses hommes au lieu de les défendre lui-même, puis elle posa la question évidente. Et Snorri, qu'est-ce que tu fous avec les Crocs de Fenrir ?! Tu es fou ?! Ils vont te dévorer et briser ton destin !
– Pour le moment, ça va ! Et longue histoire, je te raconterais ça après la bataille ! Pour faire simple, ces crocs ne peuvent rien me faire de mal on dirait !
– J'espère, reste en vie ! »
Ils refoncèrent dans la bataille, attaquant un côté de la garnison. Les Crocs de Fenrir semblaient agir tout seul dans sa man, lui indiquant où était le danger comme s'il le sentait et voulait le protéger. Comment une arme aussi maléfique pouvait-elle être aussi prévenante avec lui ?! ça n'avait pas de sens ! Enfin, il avait déjà assez de question qui attendrait la fin de la bataille...
« Regardez ! S'écria un soldat. Un sreng a volé notre Relique !
– Il ne l'a pas que volé, elle le reconnait comme son maitre ! Ajouta un autre.
– Mais comment c'est possible ?! »
« J'aimerais bien le savoir aussi, » songea Snorri en les voyant aussi étonnés que lui.
Miklan se tourna alors vers lui, le foudroyant du regard sous son casque, comme s'il voulait lui arracher la tête de loin, encore plus en le voyant manier cette lance.
« Non... non, c'est impossible ! Plus personne ne peut manier cette foutu Lance ! Il est mort ! Il est mort ! Il est mort ce salopard !
– Honnêtement, j'en sais rien mais, rends-toi ! Tout le château est sous notre contrôle et la ville s'est déjà rendue ! C'est fini margrave ! S'écria Snorri en fodlan. Rends-toi !
– Jamais ! Je suis margrave ! Le seul margrave ! Le titre est à moi ! À moi ! Jamais je ne le laisserais à des sauvages comme vous !
Il lui envoya une hachette sur lui mais, le chevaucheur de valraven l'esquiva sans souci, Igie agile comme la brise dans le ciel, avant d'en repousser une autre du bout des Crocs. Voyant qu'il refusait de se rendre, il descendit en piqué pour tenter de lui arracher sa hache des mains et la faire tomber par-dessus les créneaux, ce qu'il arriva à faire mais, Miklan s'accrocha à sa (leur ?) lance, hurlant comme un possédé que les Crocs était à lui seul et pas à un sauvage sortit d'il ne savait où.
« La Lance de la Destruction m'appartient ! S'époumona-t-il, alors que Snorri sentait l'arme hurlé le contraire, essayant de forcer son « propriétaire légitime » à la lâcher en lui mordant les doigts, le sang suintant de ses gantelets.
– Elle n'est clairement pas d'accord mais bon, très bien, comme tu veux. Igie ! »
Son valraven hurla en reprenant de l'attitude. Elle était assez forte pour porter deux personnes sans problèmes et même si Miklan devait pesé son poids avec son armure lourde, elle arriva à s'élever dans les airs, même s'il s'accrochait obstinément aux Crocs de Fenrir comme de la poix sur les mains. Snorri aurait préféré qu'il lâche mais bon, il ferait avec. Le plus dur, c'était de ne pas lâcher la lance avant le bon moment mais, il sentait Hlif utiliser sa magie pour lui donner plus de force. Il lui devrait un bain bien glacé après la bataille.
Ils étaient à plusieurs pieds au-dessus du sol à présent, Miklan suspendu au-dessus du vide, criant toujours que la Relique lui appartenait. Et bien soit.
« Elle est à toi cette lance ? Et bien garde-la ! » S'écria-t-il en lâchant tout simplement l'arme, Igie partant d'un coup plus vite en l'air sans ce poids mort, tellement qu'il en perdit son casque mal accroché dans la précipitation.
Le margrave tomba en faisant un fracas de casseroles qui chutaient de leur étagère, s'écrasant contre la pierre. Il n'avait même pas de sort pour amortir les chutes de trop haut ce con... la Lance de la Destruction roula à côté de lui, inerte alors qu'il gémissait un ordre, peut-être de continuer l'attaque mais, plus personne ne l'écoutait. Sans aide, il ne pourrait même pas se relever à cause de son armure une fois sur le dos, comme une tortue retournée et de toute façon, plus personne ne faisait attention à lui. Tous les regards étaient tournés vers Snorri, incrédules, comme s'il voyait un fantôme.
Puis l'un jeta son arme.
Puis un autre.
Puis encore un autre.
Puis tous se rendirent.
« Par les Vanes et les Ases, jura Hlif alors qu'ils redescendaient tous les deux au sol, les soldats ne tentant rien contre eux quand ils le firent. Qui es-tu Snorri ?
– Je ne sais pas, souffla-t-il à sa cousine, récupérant la Lance de la Destruction qui semblait ronronner entre ses doigts, brillant à nouveau avec lui, comme rassurée que ce soit lui qui la tienne plutôt que Miklan, alors que des souvenirs de plus en plus clairs de l'origine de sa cicatrice remontaient en lui. Mais je crois qu'on va bientôt le savoir. »
Il se releva, tenant fermement les Crocs de Fenrir en regardant les hommes de Gautier, hésitant un peu avant de se décider de crier en fodlan aux hommes autour d'eux, imitant sa tante et reine dans les moments graves ou face à un ennemi, s'excusant auprès d'elle de lui prendre son rôle quelques instants.
« Les Dieux et le destin ont décidé, le combat est à présent achevé. Que les glaives et les épées soient rengainés, que les blessés et les morts puissent se reposés. Notre armée guidée par Thor a triomphé, aux ennemis de s'agenouiller ! »
Les soldats obéirent, mettant sans trop discuter un pied à terre à ses ordres. Au moins, ils se rendaient sans violence, c'était déjà ça. Snorri s'approcha alors de Miklan, gémissant par terre dans son armure, puis pointa le fer d'os vers lui en déclarant, les souvenirs tapant assez fort dans sa tête pour faire exploser son crâne.
« On a des choses à se dire. »
*
Dès qu'ils surent ce qui s'était passé à Gautier, Dimitri, Félix et Ingrid partirent sur le champ à la place de leurs parents avec plusieurs régiments de soldats. S'ils se fiaient à ce qui était écrit, les habitants avaient ouvert les portes et rejoint volontairement les srengs à condition qu'ils les débarrassent de Miklan, et le messager avait confirmé mais mieux valait être prudents. Cela ne leur plaisait pas d'aider l'assassin de Sylvain, mais ils devaient également penser à la sécurité aux habitants de la capitale margravine. Ils se préparèrent donc à affronter les srengs ou à tomber dans une embuscade, de plus en plus sur leur garde quand ils entrèrent sans souci en ville avec leurs hommes. Les gautiens vivaient comme d'habitude, mais avec quelques srengs qui partageaient la nourriture de la réserve seigneuriale, ceux parlant le fodlan les saluant cordialement. Les niches dédiées à Sothis et aux Braves aux quatre coins de la ville étaient même déjà remplis de statuettes de dieux srengs. Cela faisait plus d'un mois que l'attaque avait eu lieu et que les srengs avaient visiblement établis un début de camp ici, mais quand même, c'était rapide...
Quand ils arrivèrent aux portes, ils tombèrent sur Dame Adeline, en grande conversation avec des marchands à la porte du fort. La mère de Sylvain rayonnait, semblant en bien meilleure santé et bien plus heureuse que pendant les dix dernières années. Elle avait repeigné ses boucles rousses et son habit noir de deuil avait été remplacé par une robe colorée typique de Sreng, avec deux grosses broches sur la poitrine. Rustine n'était pas à ses pieds aussi, même si les trois amis sentirent qu'il était encore en vie. Le petit chien était presque la raison de vivre d'Adeline, elle ne pourrait pas être aussi joyeuse s'il était mort.
Elle les salua tous d'une révérence quand elle les vit arriver, respectueuse de l'étiquette.
« Votre Altesse, Bouclier du Royaume et Ailes de Faerghus, c'est un honneur de vous voir en notre ville. Je voie que vous avez une escorte importante. Je comprends cette précaution mais, cela est inutile. Nous vivons en paix avec les srengs depuis quelques semaines à présent. Il y a encore des échauffourées mais, la chasse de Miklan nous a donné l'occasion de trouver un accord de paix temporaire, le temps que les choses se calment un peu après une telle frénésie.
– Salutation Dame Adeline. Mais pouvez nous nous expliquer précisément ce qui s'est passé ? Demanda Dimitri. J'avoue que nous avons un peu de mal à comprendre...
– C'est une longue histoire mais, je vous la raconterais après vous avoir introduit auprès du nouveau margrave. Il a très envie de vous voir, même si je dois vous prévenir que cela vous fera un choc. »
Intrigués, les trois amis descendirent de selle pour la suivre, accompagnés de leurs gardes et toujours armés par précautions. Ils traversèrent les couloirs où tous les ajouts macabres de Miklan avaient été retirés, enlevant tous les trophées de renards morts des murs. Depuis la mort de Sylvain, il adorait mettre partout la peau de cet animal, surement parce que sa fourrure avait la même couleur que les cheveux de sa victime... Félix aurait rêvé de tout arraché devant Miklan mais bon, les relations diplomatiques, tout ça... cependant, il se sentait assez léger, sa marque pulsant dans son dos, sachant au fond de lui quelque chose sans oser le dire à voix haute.
Adeline les annonça alors qu'ils entraient dans la grande salle. Tous les trophées et les armures des Gautier précédent avait été retiré, remplacé par de grandes tables où s'accumulaient des papiers en tout genre, surement des rapports de comptes, des terriers, des registres de lois et d'impôts à la tête. Ils virent d'abord une petite femme blonde aux yeux très bleus debout, en train de plancher sur une liasse de parchemin qui semblait être le terrier de la ville. Les trois amis la reconnurent comme la reine Thorgil le Kaenn, la plus puissante reine des srengs qu'ils avaient déjà rencontré pendant des pourparlers diplomatiques. Cela devait être son Royaume qui avait dirigé l'expédition contre Gautier, Adeline leur ayant expliqué entre temps que l'attaque avait été un coup de semonce pour punir Miklan de ses précédents assauts. Ils se demandèrent une seconde si c'était elle « le nouveau margrave » avant de voir un homme assis à la table d'à côté, en train de discuter avec elle dans leur langue.
Félix, Dimitri et Ingrid n'en crurent pas leurs yeux en le découvrant mais, ils le reconnurent tout de suite : ils reconnurent ses cheveux roux rouge presque sanglant, ses yeux miel affutés et doux, son nez piqueté de tâches de rousseurs et de plus encore aujourd'hui... même sa voix était familière, bien qu’il ait mué comme eux tous entre temps... ils ne purent pas non plus ignorer la grosse cicatrice en forme d'étoile sur son front, signe qu'on lui avait sans doute fracassé le crâne. Mais Déesse... Déesse...
Quand l'homme tourna la tête vers eux, ses yeux s'exorbitèrent à son tour, tout aussi incrédule qu'eux. Doucement, après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, il se leva, pour mieux les voir, avant de s'avancer vers eux, sans un mot. Il était plus âgé qu'eux de deux ans alors, quand ils l'avaient perdu, il était plus grand mais, s'il l'était toujours pour Ingrid et Félix, Dimitri le dépassait à présent de quelques centimètres... ça... c'était presque étrange, même s'ils l'oublièrent assez vite... leur esprit crut une seconde qu'on leur jouait un tour, que c'était une mauvaise farce du destin ou alors un rêve trop beau pour être vrai.
Mais le nouveau margrave sortit alors un très vieux sachet qui pendait autour de son cou, toujours le même depuis des années, puis en sortit une minuscule écaille sarcelle. Une de Félix... la trace du miracle de Fraldarius qui lui avait sauvé la vie… il ne se séparait pratiquement jamais de ses écailles sauf pour les donner à quelqu'un de confiance qui ne la revendrait pas... et elle était si petite... cela ne pouvait qu'être celle qu'il...
« Je... je crois que c'est toi qui me l’as donné, déclara-t-il en regardant Félix, la voix tremblante, son autre main allant sur son crâne et sa cicatrice. C'est... c'est encore très flou mais, j'ai l'impression... non, je sais que je vous connais... désolé si c'est pas grand-chose de plus mais, ma mémoire vient à peine de revenir depuis que j'ai touché les Crocs de Fenrir alors, c'est un peu compliqué...
En réponse, le jeune homme aux cheveux noirs s’approcha du rouquin en confirmant, refermant ses doigts sur son écaille.
– C’est bien une des miennes. Je savais que tu reviendrais… comme on se l’était promis Sylvain…
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Linguines aux courgettes et lardons, sauce crème, tomate et vin blanc
Nouvel article pour une nouvelle recette !
Quand je fais à manger, généralement j'y vais à l'improvisation. J'ai des habitudes d'épices, je m'imagine des goûts et je tente des trucs. Parfois ce n’est pas bon, parfois ça passe, et parfois je suis bien satisfaite !
Il y a quelques temps il y avait des pâtes de disponible et je me suis dit que je voudrais bien faire une sauce sympa qui aille plus loin qu'une simple sauce tomate, et avec des légumes. J'ai regardé le contenu du frigo et je me suis lancée. Et finalement j'ai été très satisfaite de mon plat, ayant particulièrement bien réussi ma sauce. Plutôt que tout oublier, autant noter et vous le partager non ?
Comme d'habitude certaines quantités seront un peu floues vu que je cuisine au ressenti. Il faut bien penser à goûter et réajuster ! Que le tout ait du goût, une légère acidité mais pas trop ! Bref c'est parti !
Voilà la liste des ingrédients pour environ 4 personnes (on était 3 mais il y avait du rab) :
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C’est bien sûr adaptable à vos goûts même si ça sera un peu différent (changement d’épices, sans fromage…)
Pour ce qui est du matériel, vous aurez besoin d’une sauteuse ou une grande poêle profonde pour la sauce, d’une grande casserole ou cocotte pour la cuisson des pâtes, et un robot ou une mandoline (gaffe aux doigts) pour couper les courgettes finement (ou au couteau mais c'est moins facile).
Et c'est parti pour la recette !
- Eplucher les courgettes et les couper finement (il faut que ça puisse cuire vite et la texture ne sera pas la même que si c'est trop épais), à l'aide d'un robot de cuisine ou une mandoline si possible.
- Mettre la sauteuse ou poêle à chauffer à feu moyen. Sur un autre feu, remplir la casserole ou cocotte d'eau, la saler, et mettre à bouillir à feu fort (ou bien utiliser d'abord une bouilloire pour que ça aille plus vite).
- Faire griller les lardons (si c'est du tofu, il faut ajouter un peu d'huile) à la poêle ou sauteuse. Quand ils sont bien grillés, ajouter de l'huile d’olive (un peu, on ne fait pas de la friture) puis les courgettes. Ajouter l’assaisonnement : les épices (attention à ne pas mettre trop de piment, un peu c'est bien mais on n'est pas sur un plat qui doit arracher), un peu de sel, du poivre, un peu de sirop d'érable (vraiment un peu, pas plus d'une petite cuillère à soupe), et un peu de sauce soja (un peu aussi).  
- Mélanger et laisser cuire jusqu'à ce que ça ramollisse, en mélangeant régulièrement. Lorsque les courgettes commencent bien à se ramollir, ajouter une bonne rasade de vin blanc, de la ciboulette et continuer la cuisson.
- Parallèlement, mettre les pâtes à cuire dès que l'eau bout et suivre le temps de cuisson préconisé sur le paquet. C'était 9 minutes pour moi.
- Quand les courgettes sont bien cuites (molles mais sans se décomposer pour autant), ajouter la crème. Bien mélanger, laisser chauffer un peu, puis ajouter la pulpe de tomate. On ajoute ensuite quelques cuillères à soupe d'eau de cuisson des pâtes. L'amidon de cette eau est toujours un bon allié pour lier les sauces.
- On mélange bien et quand la sauce se met à bouillir on met à feu doux pour que le tout mijote un peu. En fin de cuisson de la sauce (idéalement une ou deux minutes avant que les pâtes soient cuites) on ajoute un peu de pecorino et de parmesan au goût (suffisamment, mais ce ne sont pas des pâtes au fromage non plus) et on mélange bien.
- Avant de valider la sauce il faut goûter ! Si c'est trop acide on peut ajouter un peu de sucre ou sirop d'érable (sinon un peu de bicarbonate de sodium alimentaire si vous en avez, ça baisse l'acidité des plats). Si ce n'est pas assez acidulé ou goûteux on peut rajouter un peu de vin blanc et laisser mijoter une ou 2 minutes de plus. On ajoute du sel et des épices si besoin d'assaisonnement supplémentaire. On peut aussi remettre un peu de ciboulette, qui a plus de goût quand peu cuite.
- Il ne faut pas oublier d'aller égoutter les pâtes en fin de cuisson, même si la sauce n'est pas finie ! On peut en goûter une pour vérifier la cuisson. Les pâtes trop cuites ou pas assez ce n’est pas génial.
- C'est parti pour le dressage ! On met dans une assiette creuse la quantité de pâtes qu'on veut et on couvre bien de sauce. On ajoute un filet d'huile d'olive, on saupoudre de parmesan, et voilà ! J’espère que la recette vous plaira !
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Bon appétit! 
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lesarchivesmagnus · 4 years
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Les Archives Magnus – Episode 4 : Fascinant livre
                                                  ARCHIVISTE
Déposition de Dominic Swain , concernant un livre qu'il a brièvement eu en sa possession durant l'hiver de l’année 2012. Déposition originale faite le 28 juin 2013. Enregistrement audio par Jonathan Sims, archiviste en chef de l’Institut Magnus, Londres.
Début de la déposition.       
                                 ARCHIVISTE (DEPOSITION)
Je travaille comme technicien de théâtre dans plusieurs salles du West End. Je m'occupe principalement des lumières, mais beaucoup de petites salles n'ont pas les moyens d'avoir de grandes équipes pour leurs productions, alors on finit par faire un peu de tout. Je suppose que ça n'a pas de rapport direct avec mon expérience, mais je veux juste que vous sachiez que je ne suis pas une espèce de fou en liberté. Je travaille, je fais du travail manuel et je n'ai pas l'habitude de faire des folies.
Ce jour-là, j'allais assister à une représentation en matinée des Troyennes au Gate Theatre, à Notting Hill. Une amie, Katherine Mendes, y était et essayait depuis un moment de me faire venir voir la représentation. Nous avions travaillé ensemble sur une production de La Mouette quelques années auparavant et nous avions eu un petit problème à l'époque. À ce moment-là, je venais de devenir célibataire, donc j'avais hâte qu'on se revoit pour voir si l'étincelle était toujours là. J'ai fini par y aller dans l'après-midi du samedi 10 novembre - je me souviens exactement de la date, car il y avait eu beaucoup de discussions à ce sujet, puisque nous étions tous les deux occupés par des spectacles différents à l'époque, ce qui rendait les soirées difficiles.
Ainsi, le samedi après-midi, je me suis rendu à Notting Hill Gate, une heure ou deux avant le début de la représentation. Notez que Notting Hill n'est pas un endroit où je vais souvent, car le quartier a tendance à être cher, même pour Londres, et je ne sais pas trop ce que vous savez des techniciens du théâtre, mais nous n'avons pas une profession trop bien payée. J'ai quand même quelques vagues souvenirs d'une échoppe de charité d'Oxfam quelque part dans les environs, car j'y avais déjà acheté une jolie vieille combinaison militaire qui reste l'une de mes vestes préférées. Je l'ai trouvée sans problème et j'ai passé une dizaine de minutes à regarder les vêtements et les bibelots, mais j'ai été un peu déçu. Elle était plus petite que dans mes souvenirs et semblait contenir les mêmes curiosités ennuyantes que toutes les autres boutiques de charité. Il me restait cependant du temps à tuer, alors j'ai décidé de jeter un coup d'œil à leurs livres, ce que je fais rarement d'habitude.
J'ai trouvé le livre dans le rayon Science-Fiction et Fantaisie. Au début, j'ai supposé qu'il s'agissait d'une sorte d'édition spéciale en faux cuir et j'étais sûr que celui qui l'avait mis en vente avait dû faire de même, car le prix n'était que de quatre livres. Mais il y avait quelque chose qui m'a incité à y jeter un autre coup d'œil. En le ramassant, j'ai touché la reliure et j'ai réalisé qu'il aurait très bien pu être relié en vrai cuir, probablement du veau, vu sa souplesse. Je ne suis pas un expert en livres, loin de là, mais il me semblait vieux et je me suis dit qu'il avait peut-être été relié à la main, car les pages étaient légèrement inégales.
Il n'y avait pas de revêtement anti-poussière et le devant n'avait pas de titre, mais les mots Ex Altiora étaient gravés en lettres dorées sur le dos. J'ai fait un peu de latin à l'école quand j'étais enfant, mais je n'ai pas eu beaucoup occasion de pratiquer depuis, donc vous devrez me pardonner si mes traductions n'ont pas beaucoup de sens, mais je crois que cela signifiait " De tout en haut " ou " Au-delà des hauteurs ".
J'ai été pour le moins stupéfait , le livre valait manifestement beaucoup plus que ce pour quoi il était vendu. Si le vendeur qui l'a sorti avait fait attention, il aurait été dans la vitrine où il gardait les objets de valeur confiés par les clients. Je l'ai feuilleté rapidement, mais il semblait être entièrement écrit en latin, donc je n'ai pas pu comprendre de quoi il parlait. La seule chose écrite en anglais semblait être un ex-libris au recto sur lequel on pouvait lire " Provenant de la bibliothèque de Jurgen Leitner ", bien qu'aucun auteur ne soit mentionné.
Il y avait également plusieurs illustrations en noir et blanc - des gravures sur bois je crois - chacune montrant une montagne ou une falaise ou dans une des images ce qui semblait être un ciel de nuit vide. J'ai ressenti une étrange sensation lorsque j'ai regardé cette illustration, comme si, aussi simple qu'elle soit, j'étais sur le point de tomber dedans, et mon estomac a émis une étrange secousse, me faisant presque laisser tomber le livre au milieu d'Oxfam.
Je me suis décidé à l'acheter. Même si je ne réussirai peut être pas à le lire, il valait manifestement beaucoup plus que le prix auquel il était vendu. Je me sentais un peu malhonnête de ne pas leur faire savoir qu'il avait de la valeur, comme si je volais de l'argent à l'association caritative, mais j'ai fini par admettre que ce n'était pas mon travail de fixer les prix dans ce magasin et en plus, ce livre m'avait absolument captivé. La femme qui travaillait à la caisse n'a même pas levé un sourcil quand je l'ai apporté et que j'ai payé mes quatre livres. Je suis sorti, espérant trouver un café où je pourrais m'asseoir et jeter un autre coup d'œil, mais c'est là que j'ai remarqué l'heure. J'avais réussi à passer une heure dans ce magasin, et maintenant j'étais presque en retard pour la pièce de Katherine. J'ai réussi à arriver à temps, heureusement, bien que j'aie dû courir un peu.
La représentation était bonne j'imagine. Je n'ai jamais été particulièrement fan de pièces grecques, et cette interprétation n'a réussi à me faire changer d'avis. Katherine était excellente dans son rôle, bien sûr, mais le reste du spectacle était franchement un peu ennuyeux. Mais je ne suis pas critique de théâtre et je n'étais pas vraiment concentré sur la pièce, car j'étais convaincu qu'il y avait un problème d'éclairage. Tout au long du spectacle, je sentais une légère odeur d'ozone et j'étais inquiet. La seule autre fois où j'ai senti cette odeur au théâtre, c'était quand un de mes machinistes avait accidentellement commandé le mauvais type de lumière et que nous avions fini par installer un projecteur avec une lampe au xénon-mercure - le type utilisé pour stériliser le matériel médical avec des UV. J'ai repéré le problème avant que quelque chose ne se passe, mais je me souviens encore de cette intense odeur d'ozone. Mais personne d'autre ne semblait le remarquer et je ne voyais rien dans leur installation lumineuse qui aurait pu provoquer cette odeur, alors j'ai fait de mon mieux pour l'ignorer.
Une fois la représentation terminée, Katherine et moi avons pris un rapide dîner avant de nous rendre à nos productions respectives de la soirée. J'ai été déçu de découvrir que l'attirance qui existait entre nous deux semblait avoir complètement disparu, et bien que nous ayons passé quelques heures agréables ensemble, il était évident qu'aucun de nous ne voulait aller plus loin. Je lui ai cependant montré le livre. Elle connaissait encore moins le latin que moi, mais elle a été impressionnée. Elle m'a dit qu'il avait l'air précieux et que je devrais l'emmener quelque part pour le faire évaluer, bien qu'elle ne l'ait pas regardé en détail, car les illustrations lui donnaient le vertige pour une quelconque raison.
Rien de notable ne s'est produit après mon départ. J'ai fait ma représentation, une production de Beaucoup de bruit pour rien au Courtyard Theatre, sans aucun problème. Je suis rentré tard à la maison, après avoir pris un verre avec le régisseur et quelques acteurs, et je ne me sentais pas assez fatigué pour me coucher, alors je me suis servi un petit gin tonic et j'ai décidé de lire ce livre plus en détail. Bizarrement, je ne m'étais pas amélioré en latin depuis que je l'avais acheté douze heures auparavant, donc il n'était pas question de le lire, mais j'ai regardé de plus près ces gravures sur bois. J'en ai trouvé une douzaine, principalement des montagnes et des falaises, mais l'une d'entre elles semblait être une tour, surplombant la campagne environnante à un angle bizarre, avec de petits oiseaux juste visibles tournant autour du sommet.
Et puis il y avait cette image d'un ciel vide. Je n'ai jamais eu peur des hauteurs, mais en regardant cette image, je me suis senti... je ne sais pas, vraiment. Je ne pouvais pas la regarder trop longtemps. Le ciel semblait s'étendre à l'infini, rien d'autre ne semblait possible que de tomber dedans. C'était d'autant plus étrange qu'il n'y avait pas grand-chose dans l'image elle-même, à part de l'encre noire et quelques étoiles stylisées, mais quelque chose dans les proportions a eu cet effet sur moi.
J'ai conclu que Katherine avait peut-être eu raison et que l'objet pouvait avoir de la valeur en tant qu'antiquité, alors j'ai fait des recherches pour essayer d'en savoir plus. Le latin est tombé en disgrâce comme langue utilisées pour les textes académiques au 18ème siècle et je doutais vraiment que la chose soit si ancienne. Depuis cette époque, il n'a été vraiment utilisé que pour les textes religieux, mais le livre n'avait vraiment pas l'air d'être rempli de prières. Rechercher "Ex Altiora" en ligne n'a pas servi à grand-chose - l'expression était utilisée dans quelques vieilles prières, il y avait une société appelée Altiora et quelque chose en italien sur le football, mais rien qui ne semblait avoir un rapport avec mon livre, même de loin.
Rechercher Jurgen Leitner n'a pas été beaucoup mieux. J'ai trouvé un musicien autrichien et quelques pages Facebook, bien qu'elles semblent toutes avoir des trémas dans leur nom, contrairement à celui du livre, et qu'aucune des personnes n'avait l'air du genre à avoir une bibliothèque remplie d'étranges textes latins. La seule chose qui me semblait pertinente, même de loin, était une enchère sur eBay datant de 2007. La vente aux enchères était intitulée "Clé de Salomon 1863 appartenant à MacGregor Mathers et Jurgen Leitner" et avait été remportée pour un peu plus de 1 200 livres par un ancien utilisateur: grbookworm1818. Il n'y avait ni image ni description - seulement le titre et l'enchère gagnante. J'ai décidé d'arrêter là et d'aller me coucher. Je crois que j'ai fait un cauchemar, mais je ne me souviens pas des détails.
J'ai dormi jusqu'à très tard le lendemain et, au réveil, il ne restait plus beaucoup de lumière du jour, mais j'ai passé les heures qui précédaient ma pièce à contacter des marchands de livres que j'avais cherchés sur internet. Ils m'ont tous affirmé que le livre avait entre 100 et 150 ans et qu'il semblait avoir été relié sur mesure. La plupart m'ont proposé de me l'acheter pour quelques centaines de livres, mais à ce stade, j'étais plus intéressé par trouver des informations à son sujet. Malheureusement, aucun d'entre eux n'en avait entendu parler auparavant, ou ne semblait connaître son contenu.
La dernière vendeuse à laquelle j'ai rendu visite a cependant reconnu le nom de Jurgen Leitner. Elle m'a dit que Leitner avait été un grand nom de la scène littéraire dans les années 1990 ; un riche retraité scandinave payant des sommes absurdes pour tous les livres qui lui plaisaient. On disait qu'il faisait souvent relier les livres sur mesure après avoir fourni un manuscrit, ou même qu'il faisait produire des œuvres par des auteurs pour son compte - bien qu'elle ne connaissait pas d'écrivains ayant travaillé avec Leitner. Il a disparu de la scène publique vers 1995, mais elle se souvenait qu'il avait de nombreuses relations avec Pinhole Books à Morden et m'a donné les contacts de Mary Keay, la propriétaire.
Je suis allé à ma représentation après, le dernier soir d'affiche, je précise, mais bien que je n'aie pas manqué un seul signal pour la lumière, tout au long de la pièce, je n'ai pas pu me changer les idées. J'ai eu l'impression que je ratais quelque chose, juste au-delà de ma portée. Et tout du long, je sentais cette même faible odeur d'ozone. Est-ce que c'était bien de l'ozone ? Il y avait autre chose, quelque chose que je connaissais mais dont je ne me souvenais pas. Chaque fois que je sentais que j'étais sur le point de deviner, j'étais pris de vertiges et de nausées qui menaçaient de me faire tomber.
Je n'ai pas participé à la soirée des comédiens après, je suis allé marcher à la place pour me "vider la tête" dans l'air froid de novembre. Je ne sais pas combien de temps j'ai marché. Ça a dû durer des heures, mais ça me semblait naturel, comme si c'était tout ce que je pouvais faire. Marcher me semblait aussi naturel que tomber. Ce n'est que lorsqu'un homme m'a crié dessus parce que je l'avais presque heurté que je me suis arrêté et que j'ai fait le point sur les alentours. Je n'avais aucune idée d'où j'étais. J'ai sorti mon téléphone pour trouver la gare la plus proche et j'ai vu que je n'étais qu'à une rue de Morden.
J'ai eu le vertige tout d'un coup, et lorsque j'ai regardé le bâtiment devant lequel je me trouvais, je n'ai pas été le moins du monde surpris de voir une plaque en cuivre portant l'inscription "Pinhole Books - Sur Rendez-vous Uniquement" à côté d'une porte banale en bois teinté foncé. J'ai sonné à la porte et j'ai attendu.
La femme qui a ouvert la porte n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Elle était très âgée et terriblement mince, mais sa tête était complètement rasée et chaque centimètre carré de peau que je pouvais voir était tatoué avec des mots écrits en gros caractères dans un alphabet que je ne reconnaissais pas. Elle se tenait au bas d'une volée de marches, et du haut, je pouvais entendre le son de Death Metal qui sortait de puissants haut-parleurs. Je me suis demandé un instant si elle recevait des plaintes des voisins, en mettant le son si fort à deux heures du matin, et j'ai réalisé soudainement qu'il était effectivement deux heures du matin. Je me suis excusé de l'avoir dérangée si tard et lui ai demandé si elle était Mary Keay. Elle s'est contentée de renifler et m'a demandé, de manière tout à fait antipathique, si j'avais rendez-vous.
J'ai pris mon sac et j'en ai sorti l'Ex Altiora, que j'ai ouvert pour faire apparaître le nom de Leitner sur l'ex-libris. A ce moment, ses yeux ont semblé s'éclairer, et elle s'est retournée pour monter les escaliers. Elle n'a pas fermé la porte derrière elle, alors j'ai pris cela comme une invitation et je l'ai suivie.
Nous sommes entrés dans une série de pièces exiguës, avec des livres empilés dans tous les coins imaginables, presque au point où j'ai dû faire attention à la suivre dans le labyrinthe, pour ne pas prendre un mauvais virage. Elle parlait, je m'en suis rendu compte, et ne semblait pas se soucier de savoir si je l'entendais ou non à travers la musique. Elle a dit que ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas trouvé de Leitner, bien que "son Gérard" soit resté à l'affut. Elle n'a donné aucune précision sur l'identité de son Gérard. Cette étrange vieille femme ne semblait pas vouloir lire ou regarder mon livre en détails, mais m'a plutôt demandé si je voulais voir le sien. J'ai juste hoché la tête. J'étais dépassé, avec aucune idée de dans quoi je m'étais embarqué. Je savais juste que je n'avais pas senti l'ozone depuis mon arrivée.
J'ai suivi Mary Keay dans un bureau miteux. Il était petit, mais chaque mur était entièrement recouvert de d'étagères pleines à craquer de livres, prenant une place incroyable dans le petit espace. Mon hôte s'est immédiatement mis à les parcourir attentivement, en se demandant à voix basse où "il" l'avait mis. Je me tenais là, gêné, ne voulant pas fixer la vieille femme, mais hésitant aussi à faire autre chose.
A part les étagères, il n'y avait rien d'autre dans la pièce qu'un bureau usé avec une très vieille chaise derrière. Le bureau était couvert de papiers, ainsi que de fil de pêche et d'un rasoir à lame. Je pense que le fait que je n'ai même pas été surpris par ces objets à l'époque en dit long sur mon état d'esprit à ce moment-là.
Au lieu de ça, mon attention était focalisée sur une image accrochée à la seule petite partie du mur non couverte par les étagères. C'était la peinture d'un œil. Très détaillée, et au début j'aurais presque dit presque photoréaliste, mais plus je la regardais, plus je voyais les motifs et les symétries qui se formaient en une seule image, jusqu'à ce que je sois tellement concentré sur eux que j'ai commencé à avoir des difficultés à voir l'œil lui-même.
Trois lignes était écrites en dessous, en fine calligraphie verte : "Accorde-nous la vue que nous ne connaissons pas encore. Accorde-nous le parfum que nous ne pouvons pas saisir. Accorde-nous le son que nous ne pouvons pas appeler".
A ce moment, Mary Keay est revenue avec deux tasses de thé. Je n'avais même pas remarqué son départ et je n'avais pas non plus réclamé la tasse de thé noir qu'elle m'avait fourrée dans la main. Elle m'a demandé si j'aimais la peinture et m'a dit que c'était son Gérard qui l'avait fait. A dit que c'était un artiste très talentueux. J'ai marmonné quelque chose d'approbateur, je ne me souviens plus exactement quoi, et j'ai regardé la tasse de thé dans ma main. Elle ne m'avait pas proposé de lait, et était maintenant occupée à fouiller à nouveau les étagères, sa propre tasse oubliée sur le bureau. J'ai essayé de le boire par politesse, mais il avait un goût immonde, comme la poussière et de la fumée. Je pense que c'était peut-être du lapsang souchong, mais si c'est le cas, il devait avoir des années.
Enfin, Mary a semblé trouver le livre qu'elle cherchait et l'a pris sur l'étagère. Elle me tendit un livre qui, à première vue, semblait presque identique à mon exemplaire d'Ex Altiora, sauf que le cuir était en un peu meilleur état. Il n'y avait pas de titre sur celui-ci, mais en l'ouvrant, j'ai pu voir qu'il était écrit avec des caractères que je ne reconnaissais pas. Il n'y avait pas d'illustrations dans ce livre, et les seuls mots anglais que j'ai pu trouver se trouvaient sur l'ex-libris : " Provenant de la bibliothèque de Jurgen Leitner ". Tout comme le mien. Mary m'a dit que l'écriture était en Sanskrit, mais quand je lui ai demandé si elle pouvait le lire, elle s'est mise à rire.
Elle a repris le livre et s'est dirigée vers le bureau où l'unique ampoule nue de la pièce projetait des ombres noires sur le sol. Elle a délibérément tenu le livre dans ces ombres pendant quelques secondes et me l'a ensuite rendu. J'ai remarqué pour la première fois que la musique Heavy Metal s'était arrêtée, et la pièce était totalement silencieuse.
J'ai ouvert le livre, et pendant quelques secondes, j'ai été troublé de voir que rien ne semblait avoir changé. L'écriture était toujours inintelligible pour moi et je n'ai pas ressenti de différence. Je l'ai soulevé pour le regarder de plus près, et en le faisant, j'ai entendu quelque chose cliqueter légèrement sur le sol. J'ai baissé les yeux et ai vu des os. Des os de petits animaux, d'après ce que je peux en juger, mais chacun était légèrement plié et déformé selon des formes que les os ne devaient pas prendre.
Alors que je les regardais, Mary Keay m'a repris le livre et l'a fait passer une fois de plus dans l'ombre. D'autres os sont tombés. Elle le fit plusieurs fois, jusqu'à ce qu'un petit tas se forme à mes pieds.
Je ne savais pas quoi dire. À ce moment-là, ma tête cognait et la pression de cet endroit sombre et étroit, avec son vieux thé et ses livres anciens, commençait à me submerger. Tout ce que j'ai trouvé à demander c'était si mon livre faisait ça aussi. Mary Keay a ri et m'a dit de chercher par moi-même. J'ai commencé à regarder dans les pages de mon livre. Je ne l'avais pas fait passer par les ombres, mais je savais que quelque chose avait changé. Les gravures sur bois étaient plus sombres, d'une manière ou d'une autre, et à l'arrière-plan de chacune d'elles, il y avait de nouvelles lignes, épaisses et sombres, qui s'étendaient du ciel. Et puis je suis arrivé à l'image de cette nuit vide, mais maintenant elle était traversée par un motif net et ramifié. Un motif que j'ai reconnu. Mon estomac a lâché, comme si le sol avait disparu et que je tombais.
En luttant pour rester debout, j'ai murmuré une excuse et je suis parti. L'odeur de l'ozone était de retour, plus forte que jamais, et je devais sortir. Je suis tombé dans les escaliers en me sauvant, me faisant de gros bleus à la hanche et me tordant douloureusement la cheville, mais je ne m'en suis pas soucié. Je suis parti de cet endroit en boitant aussi vite que possible et j'ai hélé un taxi pour me ramener chez moi, les doigts figés, tenant toujours fermement mon livre.
Le motif ramifié que j'avais vu sur cette photo est connu sous le nom de figure de Lichtenberg. Elle montre les chemins divergents de l'électricité sur un matériau isolant, tel que le verre ou la résine. Je le connaissais grâce aux cicatrices sur le dos de mon ami d'enfance, qui avait été frappé par la foudre à cause de moi.
Il s'appelait Michael Crew, et nous avions 8 ans à l'époque, nous jouions dans un champ près de la maison de ma grand-mère. Quand la tempête a éclaté, Michael a dit que nous devrions aller à l'intérieur, mais je voulais continuer à jouer sous la pluie. Je lui ai dit cela, et il a soupiré et a accepté. C'est en prononçant ces mots qu'il a été frappé.
Le son était si fort que ses cris ont été complètement noyés, mais c'est l'odeur qui m'a vraiment marqué : cette puissante odeur d'ozone, coupée par l'odeur de la viande en train de cuire. Michael a survécu, au final, mais la cicatrice, cette cicatrice ramifiée de Lichtenberg, est restée avec lui pour le reste de sa vie.
Quand arrivé chez moi, il m'a fallu me concentrer pour monter les escaliers, et quand j'ai finalement réussi à m'allonger sur le canapé, je n'arrivais pas à me débarrasser de cette sensation de chute. L'odeur était si forte que je pouvais à peine respirer. Je n'ai pas regardé le livre, je suis restée allongée. J'avais l'impression d'attendre quelque chose, mais je n'avais aucune idée de quoi.
Lorsque l'on a finalement frappé à la porte, je me sentais presque assez calme pour aller ouvrir. Presque. Il me fallut encore presque cinq minutes pour trouver le courage d'ouvrir. Le cognement ne s'est pas reproduit, mais j'étais certain que ce qui se trouvait de l'autre côté n'était pas parti. Je me suis approché, j'ai saisi la poignée et j'ai ouvert la porte.
Un homme vêtu d'un long manteau de cuir foncé était sur le seuil. Ses cheveux étaient teints d'un noir artificiel et il avait l'air mal rasé comme quelqu'un qui n'aurait pas dormi depuis quelques jours. Je lui ai demandé s'il s'agissait de Gerard Keay. Il m'a répondu que oui, et m'a dit qu'il aimerait voir mon livre. J'ai hoché la tête silencieusement et il m'a suivi à l'intérieur en fermant la porte derrière lui.
J'ai sorti le livre et l'ai posé sur la table. Gerard l'a étudié pendant un certain temps, mais il n'y a pas touché. Finalement, il a hoché la tête et m'a proposé de me l'acheter pour cinq mille livres. J'ai presque ri quand il a dit cela. Je l'aurais vendu pour une fraction de la somme. J'aurais même pu le donner, si je n'avais pas le sentiment que... ça ne changerai absolument rien. C'est difficile à expliquer. Je me fichais de ce qu'il comptait en faire, je voulais juste m'en débarrasser, et j'ai donc accepté.
Gérard ne semblait pas vraiment heureux de cette nouvelle. Il a juste hoché la tête sombrement et s'est dirigé vers la porte, en disant qu'il aurait besoin d'obtenir l'argent et de revenir. Je n'ai pas essayé de l'arrêter. Il est parti, en fermant la porte derrière lui et j'étais à nouveau seul. Notre échange avait duré à peine plus d'une minute.
Je suis resté assis, en silence, à attendre son retour. C'était horrible, et je devais trouver un moyen de me distraire de l'odeur persistante. J'ai donc décidé de sortir mon ordinateur et de voir ce que je pouvais trouver sur Gerard et Mary Keay. En tapant leurs noms, je ne sais pas quel genre de chose je m'attendais à trouver, mais ce n'était certainement pas un article de 2008 sur le meurtre de Mary Keay.
La police était intervenue fin septembre, après que des voisins se soient plaints de l'odeur, et l'ont trouvée morte dans le bureau. La cause de la mort a apparemment été déterminée comme étant une overdose d'analgésiques, mais ça avait été jugé comme un meurtre en raison de "mutilations post-mortem étendues du corps". De gros morceaux de sa peau avaient été arrachés et suspendus pour sécher sur du fil de pêche, tout autour de la pièce.
L'article contenait une photo de Mary Keay, et il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de la même vieille femme que j'avais rencontrée à Morden, bien que sur la photo, elle semblait avoir la tête couverte de cheveux et n'avait aucun tatouage visible.
J'ai commencé à chercher frénétiquement toute autre information que je pouvais trouver. D'autres articles ont couvert le procès de Gerard pour le meurtre de sa mère. Apparemment, il avait été acquitté après qu'un élément de preuve important eut été jugé irrecevable, bien qu'aucun des articles ne semblait savoir exactement de quoi il s'agissait. C'est à ce moment que les coups se sont fait entendre à nouveau. Gérard était revenu.
J'ai ouvert la porte. J'ai pensé brièvement à ne pas le laisser entrer, mais je savais qu'il attendrait là aussi longtemps qu'il le faudrait, et je ne pouvais pas réfléchir à cause de la puanteur de l'ozone qui avait imprégné chacun de mes sens. Je ne pus pas cacher la terreur sur mon visage lorsqu'il entra, mais s'il remarqua le changement dans mon comportement, il n'y réagit pas. Il m'a simplement remis une enveloppe remplie d'argent liquide. Je n'ai même pas pris la peine de la compter avant de lui remettre le livre. Il a regardé le titre, puis l'a feuilleté très rapidement, avant de rire, juste une fois et de hocher la tête, apparemment pour lui-même, comme s'il venait de prendre une sorte de décision.
Je m'attendais à ce que Gerard parte immédiatement, mais au lieu de cela, il s'est approché de ma corbeille à papier en métal et a placé le livre à l'intérieur. Il a mis la main dans la poche de sa veste et en a sorti une bouteille d'essence à briquet et une boîte d'allumettes. En quelques secondes, le livre a pris feu et l'odeur a disparu presque immédiatement. Alors même que ma tête commençait à s'éclaircir, j'ai eu l'impression de devoir lui demander pourquoi, mais il a juste secoué la tête.
"Ma mère ne sait pas toujours ce qui est le mieux pour notre famille." C'est tout ce qu'il a dit avant de ramasser la poubelle à papier, maintenant pleine de cendres qui se consumaient doucement. Je l'ai prévenu que ça serait trop chaud pour la tenir, mais il a haussé les épaules et a dit qu'il avait connu pire. Puis Gerard Keay est parti, et je ne l'ai plus jamais revu, ni lui ni le livre.
                                                 ARCHIVISTE
Fin de la déposition.
Si je n'entends plus jamais le nom de Jurgen Leitner, cela ne serait pas trop tôt. Je suppose que c'était trop espérer que nous ayons finalement traité tout ce qui restait de sa bibliothèque après l'incident de 1994, mais il aurait été utile que Gertrude ait au moins pensé à ajouter cette déposition au dossier du projet actuel. Qui sait combien d'autres dépositions se trouvent ici qui pourraient concerner ses livres, ou d'autres projets de l'Institut actuellement en cours ?
Si j'en crois la chance que j'ai eue jusqu'à présent, je dirais qu'il est peu probable qu'il s'agisse d'un cas isolé. Plus j'en découvre sur ces archives, plus il semble que Gertrude ait simplement pris les dépositions écrites et les ait jetées dans ces dossiers sans même les lire. Étant donné qu'elle a été archiviste en chef pendant plus de cinquante ans, alors c'est... C'est peut-être un travail plus important que ce que je pensais au départ.
Quoi qu'il en soit, la plupart des détails vérifiables dans le témoignage de M. Swain semblent correspondre à nos propres recherches. Martin n'a pas pu trouver de traces d'Ex Altiora comme titre dans les catalogues existants de littérature ésotérique ou similaire, j'ai donc demandé à Sasha de faire une double vérification. Toujours rien. Est-il possible que M. Swain se soit trompé dans le titre ? Cela semble peu probable, étant donné la simplicité du titre, et les... événements qu'il décrit semblent certainement dus à la présence d'un véritable ouvrage de Leitner. Néanmoins, tous les autres livres de sa bibliothèque sont des éditions personnalisées de textes connus sur la démonologie ou les arcanes. S'il y a des Leitner dont nous n'avons même pas entendu parler, je crains que cela ne suscite une petite inquiétude.
Les détails utiles pour un travail complémentaire sont cependant peu nombreux. Les registres de dons de la boutique de charité d'Oxfam à Notting Hill Gate ne contiennent que de dons anonymes pour des livres en octobre/novembre 2012, et il est évident qu'aucun membre du personnel ne se souvient du livre. Nous n'avons pas non plus été en mesure de localiser Gerard Keay. Hormis cette rencontre, il semble avoir presque entièrement disparu après la fin de son procès.
La description donnée par M. Swain semble correspondre à des photos de Gerard et Mary Keay, et d'après sa description, il semble qu'il ait trouvé son chemin vers ce qui était autrefois Pinhole Books à Morden, bien qu'il soit fermé depuis 2008 pour des raisons évidentes, et qu'aucun nouveau locataire n'ait emménagé avant 2014.
Tim a cependant découvert une chose intéressante dans le rapport officiel de la police sur la mort de Mary Keay : apparemment, les feuilles de peau séchée avaient été écrites au marqueur. Il n'y a pas de transcription ou de traduction dans le rapport, mais la langue est identifiée comme étant le sanskrit.
Il semble donc que nous n'ayons aucune piste concrète pour continuer. Néanmoins, je vais en parler à Elias et suggérer que la recherche de tout autre livre manquant de la bibliothèque Leitner soit la priorité absolue de cet Institut. Jurgen Leitner a fait suffisamment de mal au monde et nous devons poursuivre toutes les pistes disponibles pour nous assurer qu'il n'en fera pas plus.
Fin de l'enregistrement.
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mmsbp · 4 years
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Électre
L'Argos bienveillant du temps des innocents.
Oh Électre, tu n'es qu' une petite fille que déjà tout te fascine et t'attire, depuis la beauté de la ville aux paroles des plus nobles personnes qui t'entourent. Une infinité d'auteurs ont pu décrire Argos, la ville et ses gens, mais aucun ne saura jamais la percevoir comme Électre du fond de ses entrailles.
Ce ne sont que des souvenirs. Ils sont nombreux et flous, ils flamboient dans ses plus vieux rêves. Parfois Électre se retrouve dans d'autres villes, mais sans en apprécier réellement les formes, si éloignées de la nature vibrante de l'Antique cité.
« Électre, viens ici !
-Oui père.
-Tu as bien suivis tes cours aujourd'hui ma fille?
-Oui, tous.
-Bien, bien. Allons nous balader alors. »
La gamine que tu as été souris, ses yeux explosant de joie dans le silence de sa posture altière. Ton père, c'est l'homme de ta vie. Il s'ancre en toi par le seul amour que tu as pour lui. C'est celui qui t'aidera à survivre. Mais aujourd'hui ce n'est encore qu'une partie de bonheur. Et cet inestimable trésor de gaieté sait tout à fait comment s'infiltrer en chaque morceau de ton être.
« Père ?
-Oui ma fille ?
-Est-ce qu'Oreste va vraiment grandir ?
-Évidemment, comme toi tu l'as fait ! »
Et il rit. Ton père n'est pas si ouvert d'habitude. Alors tu exultes encore plus et brilles de sourires éclatants. Évidemment tout n'était pas beau et parfait, mais certains instants te permettaient de redevenir l'enfant que tu étais.
Commencer par le dégoût et finir dans les fleurs.
Tu avais neuf ans depuis quelques jours et le soleil frappait, tapait de plus en plus fort sur ton crâne dénué de chapeau. Mais tu devais courir loin de ça, d'ici, de ce palais d'horreur qui devenait un peu plus repoussant à chaque pensée affluant dans ton cerveau.
Il y avait encore ces quelques images, que ton esprit te restituait, à ta plus grande horreur. Vraiment, les échos puants que ces souvenirs te lançaient griffaient ton semblant de logique. Tu te sentais perdue dans une espèce de bouillie infâme qui bousillait tous tes piliers. C'était piquant et toxique, et ça te prenait à la gorge aussi fort que les offrandes matinales qu'on avait l'habitude de faire à Argos.
Ce que tu avais vu, tu voulais l'oublier. Ta mère et ses cris répugnants, sur un homme.. un.. un homme fichtrement nu. Ça, tu rêvais de l'oublier pour toujours. T'en peux plus de courir, t'en peux plus de penser, alors tes jambes cèdent sous le poids de tes larmes.
Le soleil brille, l'herbe est bien verte, et tes genoux se noient sous le sang et le sel de tes sanglots devenus grinçant et bruyants. Il y a cette multitude de sensations, de sentiments, et de réflexions enfouies juste là, sous ta boite crânienne, que le monde entier ne pourrait pas contenir tant elles bourdonnent.
Cette femme. Cette femme tu ne la voulais plus comme mère. Tu la voulais au cachot, tu la voulais invisible et disparue. Pas ici, pas là-bas dans ce lit. Pas à gâcher l'amour de ton père.
Chacun ses horreurs, ses fureurs.
La guerre battait son plein, et en ton fort intérieur tu n'étais sûre ni certaine d'apprécier tellement cette animation. Il y a à peine quelques années, tu étais l'innocente qui pensait que ce serait éphémère, comme les papillons. Mais ça n'avait rien à voir. Ça ne s'arrêtait pas. Comme un sablier aux grains de temps infinis.
Un petit rire glacial s'échappa de tes pauvres lèvres roses. Heureusement que les gens ne te voyaient pas, ils auraient peur de la fausse enfant que tu constituais. De toute manière on te cloisonnait dans une pièce ou deux, pour te.. protéger. Cette fois c'est ta tête de poupée qui se secoua.
Tout ceci était ridicule. Tu savais comment ça allait finir.
Mal.
Des bruits de pas frappèrent violemment tes oreilles habituées au silence des couloirs d'été. Il te suffit de sortir pour glisser ton regard un peu partout. Alors tu te faufiles, sans bruit, avide d'action. Mais tu aurais adoré ne pas voir ce qui se déroulait.
Cet homme qui parle au détour de tes pas, il te fait vomir depuis que tu l'as surpris. C'est Égisthe. Tu peines encore à supporter la propre idée qu'il vive ici bas. Puis il y a cet autre homme, un des rare que tu aimes. Ton seul allié ici. Et les deux s'affrontent, tombent et se relèvent de mille et une façons. Un énième coup et une chape de rouge s'étale dans ton champ de vision. Ton coeur implose quand toutes tes veines se cristallisent. C'est de la terreur dans ton cœur.
Parce que c'est le cou de ton père qui est à moitié déchiré devant toi.
C'est son sang qui s'échappe.
« Il est mort ?
-Oui, une bonne chose de faite. »
Il ne te restait plus qu'à tomber, encore.
Merci Maman.
Énumération de désastres.
Tu étais restée plantée une éternité dans ce champ de mort, sans savoir que faire ni que penser. Sans savoir si tu devais te réveiller. Rouvrir ta conscience, ce serait libérer la boite de Pandore et ses mille maux. Tu n'avais pas envie de souffrir encore plus.
Tu frissonnes quand de nouveaux sons atteignent ton esprit décomposé. Il y a ton nom quelque part dans ce palais qui fait écho à ta terreur. Et ça te fait enfin bouger, relever les genoux et courir vers celui qui t'appelle, le plus vite possible.
Oreste est là, entouré de gens aux regards implacables, entouré de ta mère et son amant. Deux meurtriers. Il t'appelle mais on te tient, il hurle et on le frappe. Il va être exilé. Et Argos a un nouveau régent. Quelle belle vie.
On grandit, mais dans la folie.
On aurait pu chanter tes aventures dans les épopées. Mais ça n'aurait été qu'un amas d'où dégringolent rêves et malheurs. Rien de bien fascinant ou vivifiant. Non, ta vie n'était pas faite pour autant de nobles choses n'est-ce pas Électre ?
Après la mort de ton bien-aimé père et l'exil de ton frère, il n'y avait plus que toi entre le trône et le couple de ta mère. Elle avait tout essayé. Le chantage, l'assassinat, les promesses.
Tu aurais peut-être préféré y passer. Mais on avait su t'aider à éviter les lames, alors tu avais décidé de ne pas gâcher les chances qu'on t'avait donnée. Tu essayait de vivre. Les auteurs n'en parlent pas tellement, mais les habitants d'Argos et les nobles voyaient bien le jeu dans lequel tu étais emmêlée. Certains t'avaient pris sous leurs ailes. Ils t'avaient formée.
C'était indéniablement l'une des meilleure chose de ta pauvre existence. Tout ne tournait alors plus qu'autour de survivre, venger ton père, obtenir Justice. Peu importe l'illégalité, ça t'importait peu. Les dieux étaient de ton côté. Tu le sentais à chaque instant dans les temples et dans tes prières.
Cher Père, Je vous aime toujours plus qu'hier et moins que demain, mais rien n'est et ne sera plus profond que mon attachement à votre personne. Vous m'aidez en tout, j'aimerais pouvoir vous tenir une dernière fois contre moi et oublier le monde autour. J'ai seize années derrière moi et votre assassin régit toujours Argos sous l'emprise de ma génitrice. Pauvre de vous.. cette femme est monstrueuse. Je n'aurais jamais été comme cela avec vous. J'aurais été une meilleure épouse. Demain je serais unie à un plébéien. Rien de bien incroyable, au contraire. J'en ressens une horreur puissante et terrifiante. Il n'a rien de semblable à vous, rien d'appréciable. Il est dégoutant et.. l'union sera affreuse. Je n'ose penser à la façon dont je vivrais ensuite. Pensez-vous que tuer ma génitrice soit une bonne chose ? Je le crois en tous cas. Mais je rêve de connaître votre avis, si précieux à mon âme. J'attendrais une brillante occasion de la punir et de vous rendre Justice mon tendre père. Le temps est si vaste sans vous.. Je vous veux près de moi, contre moi, dans le jour comme la nuit. Vous me manquez. Puisse les dieux vous protéger. Votre fille qui vous aime du plus lointain de son cœur, Électre.
Dépliage de vérité sur la ville des mensonges
C'est le moment favoris des dramaturges. Tu n'en raffoles pas tellement. Franchement, être à un point de rupture et voir différents miracles arriver ne t'avais pas rendu si euphorique qu'on pourrait le penser. Tu détestes le décor qui accueille ces évènements..
Sans penser, tu grattes à sang ta cuisse avant qu'une main râpeuse embarque douloureusement ton poignet. Il serre fort comme un monstre et tu te gardes simplement de couiner de douleur. Mais la nausée est là, comme à chaque contact. Avec cet étouffement intérieur constant et mauvais.
« Tu fais un bruit monstre femme, arrête de bouger ! »
Et cette chose te balance vaguement au bout de votre couche. Si tu pleurais, il entendrait. Si tu osais mettre un pied hors de la couverture, tu te ferais lyncher. Alors tu t'immobilises simplement pour ne pas pleurer ni hurler.
◊ ◊ ◊
Tu avais reconnu ton frère sans aucune hésitation et vous aviez parlé de tout. Sa colère contre votre mère et son amant avait jailli du fond de ses entrailles et tu avais eu un espoir fou et puissant de Justice pour votre père.
Ça n'avait pas raté, mais le suicide d'Oreste se sentant coupable de son matricide avait brisé le peu de joie que cela restituait en toi. Un mal pour un bien, ça ne te rendait que plus vide. Mais la ville entière avait enfin tout su, et avait été libéré de toutes les magouilles du Régent et de ta génitrice. De mille mensonges et faux-semblants pour une Justice claire et meilleure. Mais toi, tu n'avais rien de changé, tu restais enchaînée.
Tout était si fatiguant.
Tu avais continué de chercher justice pour tout ce qu'on t'avait fait. C'est comme ça qu'il était mort, ton mari. De tes propres mains rougies et de ton cœur battant plus vite que le galop des chevaux. Mais cette euphorie était volage. Elle s'enfuyait rapidement.
Tu t'étais juste laissée faire quand les corinthiens sont entrés pour de bon dans la ville, des mois plus tard. Tu ne t'étais ni débattue, ni défendue. Tu attendais de rejoindre les bras de ton Père, loin d'ici.
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Todoroki a vécu de nombreuses tragédies dans sa vie : l'entraînement abusif de son père, la perte de son grand frère, la brûlure qui lui a été infligé par sa mère ...
Mais rien ne pouvait ce rapprocher de près ou de loin au désespoir qui le rongeait en ce moment, il était désemparée, abattu...
Lui et ses camarades de classes étaient déjà devenus des pro héros depuis quelques années maintenant, il avait garder contact avec certains d'entre eux comme Midoriya, Yaoyorozu...
Cependant la personne avec qui il gardait le plus de contact était sa petite amie depuis leurs troisième année à U.A, (T/P) .
Cette dernière était une brillante pro héroïne qui s'était hissée en haut du classement en seulement quelques années, son alter Force Véloce, lui permettait de se mouvoir à des vitesses surhumaines laissant derrière elle une traînée d'éclairs et lui conférait une vitesse de guérison accru . Elle était cependant faible au froid ce qui selon elle était assez ironique vu qu'elle était amoureuse du seul garçon qu'elle connaissait qui maîtrisait un alter de glace .
Cependant elle se moquait de tous cela vivant sa vie à fond, profitant de chaque instant en affichant un sourire continu .
A cet instant Todoroki priait pour que ce sourire face a nouveau son apparition sur le visage de celle qu'il aimait, pas ce sourire en coin qu'elle affichait en ce moment :
« Alors Shoto ? Tu ne me dis pas bonjour ? »
Le double utilisateur d'alter la regardait les yeux écarquillés, sa voix d'habitude si douce et réconfortante était maintenant froide et remplie de malice .
« Tu es si surpris que ça ? Je veux dire tu as bien vu ces derniers temps que j'étais plus froide que d'habitude non ? »
Shoto ne savait pas quoi répondre... Il était vrai que ( T/P ) était beaucoup plus distante ces derniers temps . Mais jamais dans toute sa vie il n'aurait imaginé la voir comme elle était à présent : ses cheveux habituellement d'un magnifique (C/C) était maintenant blanc comme les siens, ses yeux (C/Y) était d'un blanc glacé et ses lèvres qui d'ordinaire étaient légèrement rose était maintenant recouvertes d'un bleu sombre . Elle était totalement différente de la fille qu'il connaissait et aimait, pourtant il savait que c'était elle, il la reconnaîtrait entre mille .
Cependant l'image du sang sur les vêtements de cette dernière venait ternir l'image qu'il s'était fait de celle qu'il chérissait plus que tous...
Il finit par trouver le courage de prendre la parole et ne put produire qu'un seul mot :
« Pourquoi .... ? »
Elle rigola, c'était un rire moqueur comme si elle trouvait cette question totalement idiote .
« Pourquoi tu dis... Disons que j'en avais assez de jouer la fille parfaite, de cacher qui j'étais réellement ! Alors dis moi pro héro Shoto ! M'aimes-tu encore en sachant ce que je suis vraiment ? »
Todoroki ne répondît pas, il savait déjà la réponse... il l'aimait encore, de tous son coeur mais il se sentait trahi, abandonné... Alors il répondit de la seule façon qu'il savait faire :
« Non, je ne peux pas aimer une tueuse, c'est pourquoi je vais mettre un terme à ta folie et t'envoyer en prison là où ta place ce trouve ! »
Elle sourit, c'était un sourire mauvais, mais si on regardait attentivement on pouvait y lire une certaine tristesse qui échappa au pro héro :
« Très bien... Dans ce cas ne compte pas sur moi pour te faciliter la tâche, la prison ne fait pas partie de mes plans ! »
A ces mots un barrage de glace fit son apparition devant elle en direction du jeune homme aux cheveux rouges et blancs qui sous l'effet de surprise esquiva de justesse l'attaque, lui valant quelques coupures crées par les éclats de glace .
« Comment ?! »
Elle sourit satisfaite de sa réaction :
« Tu en penses quoi Shoto ? Je suis plutôt douée pour manipuler la glace moi aussi ! »
Shoto se mit à balbutier, choqué par ce qu'il venait de voir :
« Mais, tu... Tu avais un second alter ? Pourquoi ne me l'as tu jamais dis ! »
Elle contempla la question avant de répondre :
« J'aurais bien voulu te le dire mais en toute honnêteté Shoto m'aurait tu accepter si tu avais été au courant de mon alter ? Si tu avais été au courant que je possédais le même alter que ma mère, l'ancienne vilaine Killer Frost ? »
Sa question entraîna la pose de plusieurs autres dans l'esprit du jeune héro... Que voulait elle dire par là ? En quoi savoir qu'elle possédait un deuxième alter aurait changé quoi que ce soit sur leur relation actuelle ? En quoi avoir le même alter que sa mère l'aurait repousser ? Il savait parfaitement ce que cela faisait d'être pris au piège par les liens du sang... Refuser d'utiliser son pouvoir parce que l'on refuse de ressembler à quelqu'un...
Tous ça il ne le savait que trop bien ...
« Qu'est ce que tu racontes ? Pourquoi savoir que tu avais un deuxième alter m'aurait il repousser ? »
Elle se mit à sourire amèrement :
« Parce que c'est à cause de lui que j'en suis rendu là aujourd'hui ! Je le sentais chaque jour, chaque heure, chaque seconde . Je le sentais ronger mon âme ! Je devenais plus froide, plus impitoyable... J'ai essayer de repousser ce moment du mieux que je le pouvais, mais comme tu peux le voir ça n'a pas marcher... »
Todoroki, suite à ces paroles sentir une petite étincelle d'espoir se raviver . Tous ce qu'elle avait fait n'était pas sa faute ! C'était celle de son alter ! Il savait cependant que même si il arrivait à la sortir de là, le public ne l'a verrais plus jamais du même oeil, mais il s'en fichait, tout ce qui comptait c'était de retrouver celle qu'il aimait à ses côtés . Il trouverait bien un moyen de faire entendre raison à tous ces civils et à la police . Il leur fera comprendre que rien de tous cela n'était ça faute comme l'avait fait le père de (T/P) auparavant pour sa mère . Il l'a ramènera du bon côté peu importe le prix :
« Je te connais (T/P)... tu n'es pas comme ça . Tu es une fille douce, gentille  qui apporte la joie et le bonheur à n'importe qui... moi plus que tout... Alors je t'en pris reviens, je trouverais un moyen de faire comprendre à tous le monde que tous ça n'était pas ta faute ! »
Elle leva un sourcil :
« Qui te dis que je veux revenir au près de toi ? Tu n'as même pas été capable de sauver ta mère et ton frère, comment pourrais tu me sauver ?! Et puis c'est pas comme si j'avais besoin que tu me sauves de quoi que ce soit, je me plais comme ça ! »
Ces mots furent comme un coup de poignard en plein cœur pour le jeune héro qui secoua la tête de droite à gauche :
« Je ne te crois pas ! Je sais qu'en dessous de toute cette froideur tu es toujours toi (T/P) ! »
Elle ricana :
« Vraiment ? Ce n'est pas ce que tu as dit toute à l'heure ! »
Shoto baissa les yeux conscient de son erreur de toute à l'heure :
« Je le sais bien... »
Elle le scruta avec ses yeux glacés avant de se mettre à rire :
« J'y crois pas tu es toujours amoureux de moi après tous ce que j'ai fais ?! Tu es pathétique Shoto ! »
Il releva les yeux et la regarda attentivement, examinant sa posture : elle était confiante, c'était certain mais derrière tous cette confiance Todoroki décelait une pointe de regret dans ses prunelles comme si la vrai
(T/P), celle qu'il aimait tentait de se débattre, de se débarrasser de cette emprise . Ce fut sa confirmation . Il ne prévint pas et lança une attaque utilisant son alter de glace vers la jeune fille espérant la retenir le tant que les renforts n'arrivent . Elle esquiva sans problème :
« Sérieusement Shoto ? Une attaque de glace ? Tu sais très bien que je peux les éviter sans problème, encore plus facilement maintenant que le froid ne me dérange plus ! »
Il ne se débina pas et relança une attaque en direction de la jeune fille qui les esquiva les unes après les autres sans difficulté . Il alternait entre feu et glace espérant la fatiguer, en vain... rien ne semblait l'arrêter .
« Tu sais Shoto j'admire ta détermination mais tu ne gagneras pas ce combat ! »
Sur ces mots elle se lança vers lui à la vitesse de l'éclair et lui décocha un coup de poing en plein dans l'estomac qui le fit projeter en plein dans le mur du bâtiment dans lequel ils se trouvaient . Il se releva tant bien que mal malgré la douleur qui le rongeait et la regarda de ses yeux vairons avant de lancer une nouvelle attaque qu'elle évita sans problème :
« Tu n'y arriveras pas Shoto je suis bien plus forte que toi maintenant ! »
Elle s'apprêta à lancer une nouvelle attaque quand une nouvelle voix fit son apparition :
« SMASH !!!! »
Elle tourna la tête et évita de justesse l'attaque du numéro 1, qui ne perdit pas de temps pour se précipiter vers le jeune héro, qui était affaler sur le mur sous l'effet de la douleur .
« Shoto ! Tu vas bien ?! »
Le jeune mâle hocha la tête :
« Je vais bien ne t'inquiète pas Deku ! Mais elle... elle ne va pas bien... »
Deku tourna la tête un instant pour observer la jeune femme avant de se retourner vers son ami :
« J'ai appelé Vibe... le héro qui travaillait avec son père, il m'a dit que sa mère avait eu le même problème par le passé . Il pense qu'elle a perdu le contrôle car ses bracelets ne faisaient plus effet... Il m'a demandé de la ramener à son agence et de voir ce qu'on peut faire »
Shoto s'apprêtait à répondre quand ils furent interrompus :
« Dis donc les amoureux vous ne m'avez pas oublié j'espère ?! »
Ils eurent à peine le temps d'esquiver le barrage de glace qu'elle avait lancer, ce qui leurs valurent quelques blessures . Ils se retournèrent l'un vers l'autre et hochèrent leurs têtes l'un à l'autre . Ils se mirent en position de combat et s'empressèrent d'attaquer la jeune femme qui se défendait du mieux qu'elle pouvait contre deux autres pro-héro . Ce combat fut le plus difficile que les deux héros eurent à livrer, frapper une amie très chère comme (T/P) était quelque chose qui leurs apportaient une grande peine . Ils priaient pour que cela ce termine au plus vite...
Après de nombreux échanges de coup Shoto parvînt enfin à l'emprisonner dans la glace jusqu'au niveau de sa taille, cependant il savait que ça n'allait pas durer, elle était capable de sortir de là sans problème en faisant vibrer son corps, ce qu'elle commença à faire . Deku ayant vu cela s'empressa de s'approcher d'elle et lui lança un coup de poing suffisamment puissant pour l'assommer :
« SMASH !!! »
Elle fut propulser dans un mur voisin avant de s'écrouler vers le sol . Shoto accouru vers elle et pris son pouls s'assurant qu'elle allait bien, qu'aucune blessure grave ne lui ai été infligée, ce qui à son plus grand soulagement fus le cas .
Il se tourna vers Deku :
« Merci Midoriya... je n'aurais pas réussi sans toi... »
Le héros en vert le regarda avec des yeux tristes :
« J'aurais aimé pouvoir faire quelque chose... si on avait vu les signes, elle n'en serait pas là... même si elle redevient elle même ce qu'elle a fait restera a jamais dans sa mémoire et j'ai bien peur que ça ne l'anéantisse... »
Todoroki hocha la tête face à ces paroles :
« Je le sais bien c'est pourquoi je compte bien être là tous le long du processus, pour la soutenir du mieux que je peux à travers cette épreuve ! »
Deku le regarda et lui lança un sourire confiant .
Ils regardèrent tous les deux l'héroïne déchue espérant que cette dernière puisse se remettre de cette tragédie qui l'a frappé ...
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manonmanontroppo · 11 years
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Christine and the Queens - J’ai gagné mes galons
Paris - mai 2013
Félicitations pour ton troisième EP, même si c'est aussi ton premier EP depuis que tu as signé chez Because. Comment est ce que tu te sens à quelques jours de sa sortie ?
Ecoute, je me sens plutôt soulagée. Quand on fait un EP, en maison de disque en tout cas, il ne sort pas tout de suite après qu'on l'ait fini. Pour moi, cet EP est terminé et j'attends qu'on en parle et qu'on le vive comme quelque chose de terminé. Ce qui n'est pas le cas tant qu'il n'est pas sorti, donc j'ai plutôt hâte que ce soit le cas. Je suis plutôt contente.
Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Il s'est bien déroulé. Tu sais, je travaille toute seule. Je commence à composer toute seule, chez moi, je fais mes maquettes avec mon clavier, tout ça… Et là, j'étais pas toute seule pour la première fois non plus, vers la fin du processus. Ça veut dire, j'ai collaboré avec un musicien qui a joué ce que je ne joue pas d'habitude : des basses, guitares et percussions. Et du coup, pour la première fois, j'ai amené mes chansons à quelqu'un qui m'a aidé, aussi, à ajouter des instruments, donc ça, ça a été super. Et ça a changé du processus qui était le mien avant, c'était d'être vraiment en autarcie, de faire tout, toute seule et de me livrer une chanson terminée. Donc deux temps : premier temps, moi toute seule, et deuxième temps, avec un peu de vrais instruments ajoutés.
L'EP, tu l'as quand même suivi de bout en bout ?
Oui oui ! Mais tu vois, les instruments que je ne pouvais pas jouer, en gros je faisais des guitares un peu pourries, (rires) c'est pas très joli, ça sonne un peu comme une guitare de synthé, et j'arrivais, je disais "bon, bien, voilà, tu me joues ça en vraie guitare". Donc, j'ai pu faire chef d'orchestre en plus, ce qui est bien.
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Est-ce-que les Queens te prennent au sérieux depuis que tu as un label ?
(rires) Oui, c'est vrai! Et bien oui, ça y est, j'ai gagné mes galons! Parce qu'en plus, Because comme c'est un label franco-anglais, il est un peu connu en Angleterre, tu vois? Donc j'ai eu un peu la caution Because Music… Oui oui, elles m'ont d'ailleurs écris pour me féliciter je suis allée jouer à Brighton y a pas longtemps, et y en a une qui est venue me voir. Oui, elles sont contentes pour moi. Après, elles ne veulent toujours pas venir avec moi, mais en même temps c'est bien aussi, elles voient le projet grandir de loin, et moi, j'en ai vraiment fait mon projet. C'est assez émouvant quand elles m'écrivent un petit mail pour me féliciter ou qu'elles passent me voir… Je vais les voir aussi quand je vais à Londres, c'est toujours un peu… on en rigole de cette période où elles ne me croyaient pas trop. C'est du passé.
Tu as rempli le nouveau Casino le 22 Avril dernier, comment s'est passé ce premier concert en tête d'affiche? Et t'en es-tu remise ?
Non (rires). Non. C'était très émouvant. D'ailleurs, je ne me souviens pas du concert. C'est à dire que lorsque les gens me posent des questions, j'essaie de me souvenir de la chanson, ou de mon état d'esprit je ne m'en souviens pas. C'est comme si j'avais été en flottement, tu sais, hors de moi. Et ça, dès le début du concert, parce que ça ne m'était jamais arrivé d'avoir, comme je l'ai dit, un public qui soit acquis. Enfin, qui soit accueillant dès le début. Je crois que ça m'a mis dans un état un peu … Je sais pas du tout comment je me suis comportée, j'ai du faire beaucoup de blagues, c'était pas trop ? Parce que moi j'étais très très émue. non je ne m'en suis pas remise, non, d'ailleurs, maintenant quand je refais des premières parties je suis un peu triste quand même parce que les gens ne sont pas aussi réceptifs qu'au Nouveau Casino, à chaque fois je suis là "Non mais au Nouveau Casino, les gens étaient plus sympas!" (rires). Mais c'était une date importante même parce que j'avais testé beaucoup de choses, des danseurs, un musicien avec moi, donc c'était aussi important pour ça. C'est bien parce que j'ai eu de bons retours de cette formule-là, qui était un peu un test pour moi. C'est bon aussi pour la suite, pour continuer à développer ça. Tu as joué à Liverpool et à Brighton, est ce que l'accueil, est ce que le public a été différent ?
Alors, (elle réfléchit)… bonne question ! Et bien, écoutes, j'ai pas senti trop de différences, non, j'ai eu peur de ça. Mais les gens étaient, … . J'avais un peu peur de mal me faire recevoir, je sais pas pourquoi, tu as toujours ce complexe de la française qui vient chanter en Angleterre et qui se prend des tomates, et, ça n'a pas été mon cas en tout cas. Par contre, ce qui est drôle, c'est que les Anglais comprennent mes paroles en anglais. Donc, une chanson comme Cripple, qui pour eux est vraiment prise … enfin Cripple, moi je pensais que c'était vraiment le double sens, tu vois, ça veut dire être abimé, mais être abimé un peu mentalement, avoir des séquelles de quelque chose ou être un peu abimé physiquement, alors qu'en Angleterre, apparemment c'est handicapé au premier sens, handicapé moteur, ou quelque chose comme ça. Du coup, il y a eu ce petit moment de gêne quand même quand j'ai chanté cette chanson, les gens comprennent vraiment ce que je dis, ils me regardent, "pourquoi elle chante ça?", tu vois. Et ça c'est drôle, parce que ça ne m'arrive pas en France, que les gens comprennent ce double sens, ou ce sens-là. A part ce petit moment de flottement, ça s'est très bien passé à chaque fois.
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Tu jouais en festivals ?
A chaque fois, c'était dans un festival de showcase, Liverpool et Brighton c'était de gros festivals ou tu as vraiment plein de groupes qui jouent en même temps, y a un côté un peu tout le monde circule de groupe en groupe, tu vois. Tu es perdue dans une masse de plein de jeunes groupes indé, frais comme des gardons, tu vois. Mais ça s'est quand même bien passé, les gens sont restés, ils ne m'ont pas ignorés, ils ne sont pas partis voir ailleurs… Donc c'était bien.
En parlant de concerts, as-tu une tournée de prévue ?
Alors, j'ai une tournée mondiale, non je rigole (rires). J'aimerais tellement dire ça! "J'fais la première partie de Beyoncé partout". Pour l'instant, non. Tournée en tête d'affiche, pas encore. Souvent il y a une étape qui est celle du premier album, qui est en général suivie d'une tournée en tête d'affiche. Tant que c'est pas ça, t'as pas de tête d'affiche. Ce qui est raisonnable aussi vu que je suis un jeune projet. Donc, non, pas encore. En Septembre j'aurais des dates que je ne peux pas encore annoncer, c'est du genre confidentiel. On va essayer d'avoir beaucoup de premières parties, de suivre une tournée, avoir une première partie, mais je suis un projet un peu dur à caser artistiquement… C'est dur, enfin, avec des projets français, c'est pas forcément ce qui va, et avec des projets, souvent ils arrivent avec leur première partie, donc bon. C'est un peu dur de trouver un créneau, mais on va y arriver.
Y-a-t-il un projet de premier album de prévu ?
Oui ! Je ne m'arrête jamais de composer, donc je compose, je compose, … et normalement cet été on devrait commencer à travailler dessus. En fait, ce qui serait bien c'est qu'on le sorte en début 2014, donc janvier-février 2014. Je vais donc sûrement commencer cet été à le faire.
A côté de ça tu as d'autres projets ?
Ecoute, non, ça me prend vraiment tout mon temps, du coup. Après je suis pas contre, un petit cinéma, une petite pièce de théâtre, je ne dirai pas non ! Mais c'est vrai que c'est assez chronophage, enfin, tu vois, moi aussi je faisais des études avant, mais je les ai arrêtées, j'avais plus le temps (rires). Ah, les études !
J'ai appris que tu avais une formation classique, comment passe-t-on de Vivaldi aux Queens ?
Bah c'est pas si éloigné, en fait, bizarrement, pour moi, je trouve. Surtout Vivaldi. Pour moi Vivaldi, j'écoute ça presque comme de la pop en fait. Et tu te rends compte que de toute façon, ce qui est commun à toutes les musiques c'est les espèces de structures type. Par exemple, les chansons pop, y a des suites d'accords, qui reviennent dans beaucoup de chansons, Vivaldi c'est pareil il utilisait des structures, ça y est, je pars dans la théorie de la composition… Tout ça pour dire, que ça aide, du moins, moi ça m'aide d'avoir fait une formation classique, parce que tu as des notions harmoniques, de structure, et tu as une espèce de rigueur que tu retrouves dans une structure très pop ou tu sais tu as, couplet, refrain, pont… Et moi, en fait, j'aime bien, plus c'est structuré comme ça, plus j'aime, parce que ça me permet de mettre de la fantaisie dans la structure. Et en ça, ça rejoint ce que je faisais avant, quand j'étais au conservatoire. C'est une bonne formation, ça te forme l'oreille, ça me permet de trouver rapidement des harmonies, tout ça…
J'écoute des compositeurs comme Vivaldi, ou des gens comme Philipp Glass comme si c'était de la pop. C'est assez bizarre, je ne différencie pas trop les genres, en fait. Je trouve que tout se mélange tellement bien… j'avais écris une chanson, où je m'étais inspirée d'une structure classique et j'en ai fait quelque chose d'assez pop, donc tout se mélange assez bien…
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Après le théâtre, qu'est-ce-qui t'a ramené à la musique ?
Et bin, c'était très bizarre parce que, j'avais toujours fait du piano et du solfège, mais j'avais jamais écris de chansons. Je ne pensais pas du tout en faire un métier, ni d'en faire ma passion, alors je sais pas. il s'est passé vraiment un déclic quand j'étais à Londres, avec les travestis, je me suis mise à composer et je ne saurais pas te dire d'où c'est venu. C'est venu comme ça. Ce qui est un peu crétin de dire ça comme ça, mais, ou qui fait très romancé, genre "j'ai eu le déclic" (elle claque des doigts) mais c'est vrai. En fait je crois que j'étais malheureuse au théâtre, enfin, il me manquait quelque chose, ou alors je n'avais pas l'impression de correspondre à ce média là. En fait la musique ça m'a réconciliée avec tout ce que je n'arrivais pas à faire dans le théâtre. C'est à dire, avoir un personnage, pouvoir faire chanter la langue, pouvoir imposer un univers et pouvoir tout maîtriser aussi. Je crois que j'étais pas bonne comédienne parce que je ne lâchais pas prise, en fait. J'étais pas disponible. J'aimais pas me faire diriger, tu vois. J'ai découvert le plaisir de composer qui m'est venu, d'un coup, ça ne s'est plus arrêté. J'étais là, bon.
Ça fait combien de temps ?
Ça va faire … 2010… Trois ans. Et depuis ça ne s'est jamais arrêté. (rires)
Comment tu choisis tes covers ?
C'est moi qui les choisis. (En chantant) "Cooontrooool freeaaaak, jamais personne ne m'imposera rien" (rires). Comment je choisis… déjà, souvent je vais vers les gens que j'aime beaucoup : Michael Jackson, William Sheller, Bashung, ce sont des artistes que j'écoute, donc je connais beaucoup de leurs chansons. Mais bizarrement je choisis pas tout le temps celle que je préfère. Une fois j'ai envisagé peut être de reprendre Week-end à Rome d'Etienne Daho, que j'adore. Mais. J'avais tellement pas envie d'y toucher, que je l'ai laissée. Je reprends souvent quand j'ai l'impression que je peux me l'approprier un peu et que ça peut répondre à mon projet, que ça peut correspondre aussi à ce que j'ai envie d'exprimer à un moment, donc c'est pas forcément celles que j'écoute le plus. Par exemple celle de Michael Jackson que j'ai reprise, c'est pas celle que j'écoute d'habitude, du coup, je suis moins intimidée aussi pour les reprendre. Je les choisis un peu comme ça. William Sheller, j'ai toujours voulu en reprendre une. J'ai pris celle-là, parce que j'avais déjà commencé à réfléchir à l'EP, j'avais déjà composé Nuit 17, et je trouvais qu'elle répondais à Nuit 17. Comme c'est une chanson qui parle du souvenir de quelqu'un qu'on a aimé je trouvais que ça répondait bien. Ça dépend du contexte, c'est souvent des chansons qui ne m'intimident pas trop. Enfin. Sauf Osez Joséphine, qui m'intimidait un peu, mais bon, je me suis dit qu'il fallait tenter le coup, je l'ai faite sobre, sans trop d'instruments, je voulais juste la dire, cette chanson.
Pourquoi as-tu choisis Nuit 17 en titre pour l'EP?
Et bien, bizarrement, cette chanson c'est pas une chanson cannibale… Je l'ai composée, elle est venue d'un coup je sais pas trop d'où elle est sortie, cette chanson, elle me paraissait bizarre par rapport à ce que j'avais fait avant, parce que c'est quand même un chanson que je trouve plutôt … pas classique, mais, je trouve qu'elle avait une tonalité différente de ce que je faisais avant, je ne comprenais pas d'où elle venait, et je sais pas, je trouvais que sa poétique débordait sur tout le reste de l'EP, ça me hantait un peu, j'imaginais plein d'histoires avec ce titre là, pour moi elle est assez forte émotionellement aussi, elle est chargée de choses, et quand j'y ai réfléchi, je me suis dit c'est vrai que la Nuit 17 à 52, comme je compose la nuit, j'imaginais une chronologie un peu étrange qui parcourt tout l'EP, que chaque chanson corresponde à une nuit, et du coup, je trouvais ça faisait sens. Tu vois, c'est celle qui reste dans l'esprit des gens, les gens m'en reparlent un peu plus comme si elle était un peu plus mystérieuse, je me suis dit "écoute il est temps d'appeler cet EP comme ça". En plus je voulais une couverture en noir et blanc, je trouvais que ça allait bien avec la chanson.
Tu as aussi été impliquée jusqu'à la photo ?
Alors, pour la première fois, j'ai contrôlé, mais j'ai travaillé avec un photographe, ce qui, quand même pour moi est assez incroyable, je ne faisais que de autoportraits, retardateur, t'appuies, tu cours, tous les trucs un peu craignos, tu mets sur des bouquins, t'éclaires avec tes lampes de chevet… N'importe quoi, bon bref. Et là, je suis allée dans un studio avec un photographe, et tout ça, moi qui suis très… en contrôle, ça a été un peu … mais ça va mieux, enfin je dis ça, mais ça commence à aller mieux, je me soigne, je fais ce que je peux. Même si j'avais tout le temps envie d'aller checker sur les écrans, quand tu prends des photos ça s'affiche. Mais ce photographe là je l'ai choisi donc, on m'avait proposé des photographes, lui je suivais son travail depuis longtemps, il avait fait de super belles photos de Zebra Kas, je sais pas si tu connais, un rappeur un peu queer, encore un truc un peu gay très bien, il avait fait de très belles photos, j'étais contente de travailler avec lui, mais cette photo, on a fait tout une série, et cette photo là s'est détachée très vite comme la pochette pour moi. Tout le monde a été d'accord avec moi, j'ai pas eu trop à imposer mon choix. C'était un très bon souvenir cette séance photo, je dis ça, je suis très "sous contrôle" mais ça s'est très bien passé ! Parce que ce photographe est très talentueux aussi, il est très, théâtral. On a fait tout une série, y en a pour la presse, d'autres qu'on a gardé de côté pour peut être plus tard, on sait pas trop ce qu'on voulait en faire… En même temps, moi comme je change tout le temps, je suis très inconstante, en fonction des trucs, j'ai envie d'un autre …. tu vois ? Si j'ai envie de revenir à la couleur… (elle grimace avant de rire)
Où en es-tu du lâcher prise ?
Moi, je trouve ça très dur, mais parce que, je pense que, j'ai toujours peur qu'en lâchant prise, le projet ne soit plus ce que tu veux qu'il soit. Il y a toujours une question de confiance, je pense que tu peux y arriver, à être dans le lâcher prise, enfin ça m'arrive peu, mais ça m'arrive, avec des gens où je sens qu'il y a un dialogue qui s'instaure… Après je vais commencer à faire ma féministe de service, mais, y a souvent des gens qui paternalisent assez qui sont en train de dire "Oh tu pourrais, tu devrais faire ça", et ça ne m'intéresse pas, qu'on me dise ce que j'ai à faire. Ce qui m'intéresse c'est même si c'est maladroit, qu'au moins, ça vienne de moi. Je me vois pas faire ça autrement. Le lâcher prise est dur parce qu'on a peur que ça t'échappe. Après en même temps quand tu es avec quelqu'un qui comprend ce que tu fais et qui t'apporte quelque chose, c'est quand même à ça que ça sert les collaborations, c'est là que c'est beau. En l'occurrence, cette s'ancre photo, j'aurais jamais pensé faire une photo pareil, et en même temps, elle correspond tu vois, au projet, c'est parce que j'étais en confiance aussi. Tout dépend vraiment des collaborations. Des fois ça m'est arrivé, j'avais fait des tests avec des producteurs pour réaliser l'EP, et tu sens que ça va pas être possible. Il cherche à en faire son projet. Surtout, prendre ce que tu as fait et faire quelque chose qui a déjà été entendu mille fois parce que lui, pense que c'est la meilleure manière de le faire. Et t'as envie de lui répondre "oui mais non, même si elle est bancale, je préfère ma maquette, que ton truc hyper produit qui ressemble à mille autres". Donc, bon. Après en l'occurrence, ici, chez Because, ils comprennent ça, enfin, ils signent en général les gens qui sont assez comme moi, control freak, alors ils sont habitués (rires). Quand ils voient que je fais la gueule, ils comprennent que bon …  
Ça arrive souvent ?
Non, ça m'est arrivé quelques fois d'avoir une tête un peu… (rires) J'ai plutôt hâte de collaborer. Pour cet EP là, je vais faire deux clips. J'en ai fait un la semaine dernière qui sortira cette semaine (Nuit 17 à 52). Où je joue tous les rôles, ça va être trop bien. Je pense que ça ne va pas arranger le problème de schizophrénie que j'ai déjà. Et un autre que je vais faire aussi avec un réalisateur américain (Loving Cup). Et c'est collaborations, je leur lègue la chose, parce que je leur fais confiance quoi.
Est-ce-que tu t'amuses autant sur scène que dans un clip ?
Je crois que je préfère quand même la scène, parce que la scène ça reste sensuel. Oui, y a ce quelque chose de l'instant présent. Le clip, tu reviens à l'idéologie du court métrage, j'en avais déjà fait avant, parce que bon, j'ai aussi fait un peu de comédie, ça n'a pas été concluant. C'est pas du tout la même énergie, y a beaucoup d'attente, tu tournes des scènes, tu t'arrêtes et t'es dirigé. Enfin, dirigé, mais ça c'est bien. (rires) La fille qui en fait veut pas se faire diriger… ! C'est plus dans un cadre où t'as moins d'improvisation possible, et moi j'aime beaucoup l'improvisation. Après je dis ça tout dépend des gens avec qui je travaille. J'adore les clips, tout l'aspect visuel esthétique du projet se fait dans ces moments-là, et ce qui reste sur internet ce qui circule, c'est les clips. Moi-même, je suis une grand consommatrice de clips, je regarde tous les clips des groupes. Des fois, mon amour pour un groupe se casse en regardant un clip. Je suis là, genre "tu m'as trahie". C'est hyper important. J'aime beaucoup ça.
J'assiste ce soir au premier montage du clip, j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur. Non mais ça va être bien. Ça doit venir d'un côté complexé, mais contrôler mon image me rassure. En fait je sais pas, j'envisage pas ça autrement… Parfois des gens me font la réflexion comme si c'était un reproche, genre il faut que tu lâches prise. Ça me parait bizarre de déléguer les choses, ou de ne pas savoir ce que je veux faire d'une chanson en clip. Tu sais, ça me paraît fou. Quand je compose j'imagine des choses, donc bon, après tout dépend des artistes, certains juste interprètes ont peut être moins de rapport à la chanson, je ne sais pas… J'ai toujours aimé tout mélanger comme disciplines et faire dialoguer tout ça.
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Qu'est ce qu'on peut te souhaiter pour la suite ?
Beaucoup de choses ! (rires)
A part que Beyoncé fasse ta première partie?
Ça, déjà (rires). Je pense qu'on pourrait me souhaiter de continuer dans ces conditions là, à savoir, rester en contrôle. De pouvoir faire ce que j'ai envie de faire, en fait. Et que ça puisse rencontrer du public. Je crois que c'est ça que je me souhaite, hein. Oui, c'est ça. Et de pouvoir continuer à faire des blagues pourries sur scène et que les gens rient, je sais pas (rires) "qu'on puisse m'accepter telle que je suis". Non mais c'est ça, pouvoir faire des choses assez exigeantes,  en même temps pop et que ça puisse rencontrer un public assez large. Le truc impossible à faire, tu sais. C'est mon défi en tout cas. Mes buts dans la vie. J'ai qu'un but, celui-là. J'ai une ligne, avec une colonne, avec ça comme but, j'ai pas encore coché parce que j'attends (rires). Et la santé, qu'on me souhaite la santé.
Ça va j'ai pas trop parlé ?
Merci à Cynthia @ Because Music, Photos Federico Cabrera Initialement publié sur discordance.fr
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fallenrazziel · 5 years
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Les Chroniques de Livaï #384 ~ POUR TE PROTEGER, J'IRAI EN ENFER (septembre 845) Gratia Heilwig, chef-médecin
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
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Encore un casse-cou, celui-là. Il sera remis en un rien de temps. Pendant que nous restons intra-muros, je vais devoir me contenter des petits bobos quotidiens. Rien à voir avec ce que je dois endurer sur le terrain. Ce n'est pas plus mal pour mon moral, les dernières sorties ont été si désastreuses...
Avec Erwin Smith à notre tête, j'ai bon espoir que le taux de survie remonte, emballer des cadavres de jeunes gens finit par me donner des cauchemars.
Je jette un oeil aux blessés qui resteront ici pour la nuit, puis éteins les bougies dans le dortoir. Quelques soupirs et gémissements se font entendre, mais ils sont peu de choses. Un garde de nuit va prendre le relais pendant que j'irai m'étendre un moment. Je ne peux me permettre de quitter l'hôpital, un accident grave peut toujours survenir, même à cette heure.
Nadja essuie ses mains propres avec un linge et s'apprête à rentrer. Elle loge au QGR avec les autres recrues, et je lui ai dit qu'elle n'avait pas besoin de rester. Elle s'est fait une place dans la section des soins du bataillon assez rapidement, j'ai vite vu qu'elle avait un don pour soigner les gens. Elle diagnostique très vite et imagine souvent des remèdes que je ne connaissais pas. La jeunesse, sans doute. Cependant, je la sens peu motivée pour aller au combat. Il est vrai que notre rôle est paradoxal : nous devons côtoyer la souffrance et la mort pour sauver ceux qui peuvent l'être. Mais la vue du sang semble lui faire horreur.
Nous ne parlons que peu, et cela me convient. Elle n'a pas besoin de me dévoiler ses motivations et son passé, le travail qu'elle fournit me suffit. Je lui tape sur l'épaule et lui dit à demain, mais elle m'arrête avant que je puisse m'éloigner. Son regard est différent de d'habitude, elle paraît déterminée, alors que ses yeux sont la plupart du temps dans le vague, suivant ses mains avec automatisme mais sans réel intérêt. Qu'y a-t-il, ma petite ?
Elle se tord un peu les doigts devant moi avant de se lancer. Elle m'informe qu'après-demain, il y a un test de vol et qu'elle aimerait y participer. Je n'y vois pas d'inconvénient. Mais si tu ne peux pas venir de la journée, je devrais sans doute te remplacer. Tu es la meilleure pour me seconder, et peu d'explorateurs choisissent la filière médicale. Seras-tu là plus tard ? Elle répond que cela risque de lui prendre la journée car il peut y avoir des imprévus. De quel genre ?
Elle annonce que le caporal-chef Livaï cherche un cinquième membre à son escouade d'élite et qu'apparemment, elle serait sur les rangs ; elle vient de l'apprendre d'un camarade. Ah oui, celui dont tu t'es occupée. Il n'avait rien de grave à première vue. Dis-moi, si tu ne veux pas être recrutée, tu peux toujours refuser, personne ne t'en tiendra rigueur. La question que tu dois te poser est "en es-tu capable ?"
Elle se met à balbutier et je comprends qu'elle est sous le choc. Ce n'est pas facile, quand on vient de changer de régiment, de se voir proposer une telle opportunité. Nadja est une fille plutôt douce et gentille, pas une guerrière implacable. Enfin, je ne l'ai pas vue à l'oeuvre, je ne saurais pas dire, peut-être qu'un fauve enragé sommeille en elle... Là, dans l'immédiat, elle ressemble plus à un chaton apeuré. Je l'emmène dans une pièce vide et lui demande de se calmer et de me dire vraiment ce qui ne va pas.
C'est la première fois qu'une telle intimité s'installe entre nous. Je ne fais pas semblant de m'intéresser à son problème. Elle est vraiment perturbée par ce qui lui arrive. Elle a besoin d'être écoutée et conseillée.
Elle m'avoue entre deux sanglots réprimés qu'elle n'a pas du tout envie d'aller affronter des titans, mais que deux de ses amis font partie de l'escouade tactique et qu'elle en serait malade s'ils devaient aller à l'extérieur sans elle. Je vois, c'est donc ça... Une petite amourette, peut-être ? Elle secoue la tête énergiquement et je lui souris pour lui montrer que je détends l'atmosphère. Je sais ce que c'est, j'ai été jeune aussi. Et j'ai perdu beaucoup de mes amis... On ne peut pas toujours les sauver, c'est un fait. Mais ne même pas pouvoir essayer, c'est encore pire.
Ma petite, tu dois braver ta peur des titans et aller là où tu seras utile. Tu peux rester ici à soigner des chutes de cheval ou des chevilles foulées, mais est-ce vraiment ce que tu es venue chercher ? Même un médecin se doit d'avoir des qualités guerrières. Je ne suis pas particulièrement douée moi-même, mais j'ai survécu à nombre de périls. D'autres n'ont pas eu cette chance. Si Livaï a jugé que tu avais les qualités requises...
Elle m'interrompt pour me dire qu'il ne l'a jamais vue à l'oeuvre, que ce sont ses amis qui l'ont proposée au poste. Eh bien, difficile de dire si ce sont réellement des amis ou non ! Ceci dit, ils doivent avoir foi en toi pour avoir fait ça. Tu veux savoir s'il faut te donner à fond au test de vol, ou bien mentir sur tes capacités réelles ? Je n'ai pas de réponse. Mais ce dont je suis sûre, c'est que cette occasion ne se présente qu'une fois dans une vie. L'escouade d'élite, c'est pas rien.
Elle ne semble pas vouloir prendre de décision tout de suite et je lui conseille d'aller dormir pour avoir les idées claires. Avant de s'en aller, elle me demande si je connais le caporal-chef et je ne peux m'empêcher de rire. Oh oui, un peu. J'ai dû lui recoudre le crâne une fois, une sacrée tranchée qu'il avait dans la tête ! Il n'a du surhomme que l'apparence, crois-moi. C'est un être comme toi et moi et son sang coule aussi rouge que celui de n'importe quelle bête. Même si j'admets que ses capacités de guérison sont assez hors normes... Si tu apprends à le connaître, ça devrait aller. Regarde comment il est avec le major. Pourtant, leurs premiers contacts étaient très difficiles, voire... musclés ! Ils sont comme cul et chemise maintenant, comme quoi tout arrive. Il faut savoir l'apprivoiser, c'est tout. Il ne fera pas de misère à une fille comme toi.
Si j'ai bien compris, en fonction de ta décision et de tes résultats, il se peut que je ne te vois plus ici ? Elle soupire que c'est ce qui risque d'arriver. Ne soit pas désolée. Je vais avoir du mal à te remplacer. Je regrette presque qu'on ne se soit pas plus parlé que ça. Mais je suis honorée que tu aies voulu de mes conseils.
Si j'en ai un dernier : quel que soit ton choix, mets-lui en plein la vue, à ce gnome ! Au moins, tu ne regretteras rien.
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dylan--richardson · 6 years
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Can we be friends? | Addison & Dylan
Où?: Dans le loft d’Addison à Seattle.
Quand?: Début de soirée, 19H.
Qui?: Addison Berlinsky et Dylan Richardson.
"Je suis pas sûre que ce soit une très très bonne idée Addison..." Dit Dylan en regardant Addy rajouter de l'eau dans un plat de lasagne qui avait déjà l'air très mal en point. Elle essayait tant bien que mal de se retenir de rire devant l'échec culinaire qui allait suivre. Regardant la belle blonde remettre le plat dans le four, à une température extrême, "pour aller plus vite", comme l'avait dit Addison, elle ne put se retenir d'exploser de rire. "Je suis vraiment désolée..." Elle riait de plus belle, mettant sa main sur ses lèvres pour essayer de ne pas rire, sans succès. "C'est juste que tu as des méthodes pas très conventionnelles pour cuisiner! Mais je doute pas de tes capacités!" Ca faisait du bien de pouvoir rire avec Addison, après ce qui s'était passé ces derniers jours qui avait été pour elle une torture, elle était enfin dans une situation stable avec son amie. Amie pour qui elle ressentait quelque chose certes mais amie avant tout, c'était ça le contrat. Elle retourna s'asseoir sur le canapé pour récupérer son café au lait. "Qu'est-ce-que tu aimes cuisiner habituellement?"
Addison ne savait plus quoi faire pour sauver son plat. Elle qui n'avait jamais cuisiné et essayait des idées farfelues pour réussir à sortir quelque chose de convenable. Face aux rires de Dylan, la belle blonde ne put retenir son rire. "Te moque pas je fais de mon mieux" dit-elle entre deux éclats de rire. Dylan était très belle quand elle riait mais Addison savait que leur relation se limitait à de l'amitié. Même si la blonde ressentait quelque chose elle ne devait pas dépasser les bornes. En plus elle avait dîné avec Alexis et les choses se présentaient bien avec elle. Ce n'est pas Dylan mais elle reste attirante, pensa la blonde, quand la voix de Dylan la sortit de ses pensées. "Honnêtement je n'ai jamais cuisiné... d'habitude c'est livraison, restaurant ou me faire inviter chez une fille pour le repas..."
"Je me moque pas." Elle riait et elle savait toutes les deux que Dylan mentait. "D'accord je me moque un peu, mais c'est pas grave vraiment je suis sûre que ce sera bon." A vrai dire, pas vraiment sûre mais elle l'espérait. "Hmm je vois, tu choisis la facilité. Je te donnerai des cours si tu veux. En tout cas si tu dois me réinviter à manger il va falloir." Dit-elle en lui donnant un petit coup de coude joueur, riant toujours aux éclats. Elle reprit une gorgée de son café, et finalement elle le finit, le reposant sur la table, elle osa finalement sortir la question qui lui trottait dans la tête depuis qu'elle connaissait Addison: "Dis moi, pourquoi tu n'as jamais été vraiment en couple? J'avoue que ça m'étonne." Ce qu'elle avait dit justement lui donnait finalement l'occasion de la poser.
J'en suis pas si sûre, pensa Addy, elle savait que ses lasagnes avaient plus de chance d'être immangeables que potable. La blonde amusée acquiesça et accepta de venir prendre des cours de cuisine avec la jeune maladroite. Elle ajouta "Ce sera l'occasion de me montrer où tu habites!". Addison s'éloigna lorsqu'elle entendu la question de son invité, malheureusement pour elle, il n'y avait pas d’échappatoire et elle devait répondre. La blonde était déstabilisée et fuyait le regard de Dylan, elle ne voulait pas avouer la vérité et dit: "Parce que.. Ça ne m'intéresse pas voilà tout. Pourquoi en es-tu étonnée?" tournant le dos à Dylan elle remarqua que celle-ci avait finit son café elle renchérit: "Tu veux boire quelque chose d'autre?" dit la blonde en se dirigeant d'un pas ferme vers son frigo. Elle l'ouvrit et sortit une bouteille de vin. Elle se servit un verre qu'elle s'empressa de boire à grosse gorgée. "Tu en veux?" dit-elle espérant que Dylan ne reparlerait pas de sa question.
"Où j'habite? C'est tellement pathétique à côté de ton appartement que j'ose même pas t'y inviter." Dylan dit avec un léger rire, pas vraiment honteuse de là où elle vivait, simplement consciente de la distance qu'il y avait entre le style de son appartement et celui d'Addison. La brune remarqua immédiatement le changement d'attitude de la blonde. "Ca m'étonne parce que tu pourrais être bien avec quelqu'un mais j'ai l'impression que tu ne te l'es jamais autorisé." Elle la regarda d'un air un peu réconfortant, elle savait que parler n'était pas la spécialité d'Addison, elle avait envie de l'aider à s'ouvrir à elle. "Tu sais que tu ne pourras pas échapper à la discussion éternellement." Voyant qu'elle essayait de trouver une porte de sortie par l'alcool, Dylan se saisit du verre de vin d'Addison une fois qu'elle le reposa sur la table, l'éloignant d'Addison au maximum. "Non non! Pas d'alcool pour toi, maintenant tu assumes!"
"Tu sais que je ne te jugerai pas sur ça, et puis c'est surtout qu'un appartement c'est un peu le reflet de qui tu es donc ça m'intéresse." dit la jeune blonde en souriant. "C'est pas ça. C'est un peu plus compliqué." dit-elle d'un ton ferme. Addy ne voulait pas continuer cette conversation et le faisait clairement comprendre à son interlocutrice. "Je sais mais rien ne coûte d'essayer." ajouta la blonde avant que la jeune maladroite saisisse son verre. Addison regarda Dylan en fronçant les sourcils, "Pourquoi ça t'intéresse tant? J'aime le fait d'être libre, de ne pas avoir d'attache et de ne pas avoir de sentiments. Satisfaite?" ajouta la blonde d'un ton sec. Addison se pencha devant Dylan afin de récupérer son verre. Elle l'empoigna avant de se rendre compte que Dylan le tenait toujours fermement.
"Alors mon reflet c'est: minuscule." Elle dit avec un sourire qui répondait à celui de la belle blonde. Dylan voyait bien qu'Addison était dans une mauvaise posture, et bien qu'elle voulait l'aider et l'en sortir, elle voulait aussi la connaître. Elle venait d'ouvrir une porte pour en apprendre plus, elle n'avait pas envie de la fermer. "Ca m'intéresse parce que c'est toi, que j'ai envie de te connaître. Pourquoi tu ne t'es jamais attaché à quelqu'un, dis moi?" La main d'Addison rejoint la sienne sur le verre, mais elle ne comptait pas lâcher et lui faisait comprendre, elle gagnerait cette manche.
Dylan ne comptait pas la lâcher et Addison le savait. C'était bien pour ça qu'elle était différente des autres, elle cherchait à la connaître coûte que coûte. La blonde savait qu'elle allait devoir parler et ça ne lui plaisait pas. Laissant sa main sur celle de Dylan, la blonde serrait les dents afin de contrôler le plus possible ses émotions. Mais les regards insistants et les sentiments que ressentait la blonde envers la jeune brune eut raison de son calme et elle finit par cracher le morceau. "Parce que.. ça me fait peur d'accord! Je ne sais pas ce que ça fait d'être attaché à quelqu'un parce que je ne sais pas ce que ça fait quand quelqu'un est attaché à toi. J'ai peur de dévoiler mes sentiments parce que j'ai peur qu'on les retourne contre moi. Je suis effrayée par tout ce qui est sentimental..." La blonde tourna la tête afin que Dylan ne vit pas la larme couler.
Un sentiment de regret profond envahit Dylan, elle n'avait aucune envie de faire du mal à Addison, et elle s'en voulait un peu de l'avoir poussé aussi loin. Elle lâcha le verre, le laissant reposer sur la table et se déplaça pour venir enlacer Addison. Voulant non seulement la réconforter, mais aussi lui montrer qu'elle était désolée, et qu'elle la comprenait. La jeune femme dans ses bras, elle embrassa la joue de cette dernière. "Je suis désolée, j'aurais pas du te pousser à parler de ça, j'imagine vraiment que ça doit être douloureux." Elle s'éloigna d'Addison pour la regarder dans les yeux et lui prendre les mains. Ce qu'elle allait dire maintenant elle voulait que la blonde l'entende et l'enregistre. "Moi je suis attachée à toi. Tu mérites d'être aimée, et d'aimer en retour. Il y a tellement de choses chez toi à aimer. Je comprends que tu aies peur mais ça viendra, un jour tu aimeras quelqu'un si fort que ça brisera toutes tes barrières." La main de Dylan vint sur la joue d'Addison, et avec son pouce, elle effaça la petite larme qui perlait au coin de l’œil de la belle blonde. La regardant ainsi droit dans les yeux, elle réprima une envie foudroyante de l'embrasser. Heureusement, une odeur vint interrompre les pensées de Dylan. "Oh merde, Addison! Les lasagnes! Ca brûle!"
Addison était terriblement mal. D'une part parce qu'elle était gênée de craquer devant Dylan mais aussi parce qu'elle avait enfin dévoilé une part d'elle à quelqu'un. Dans les bras de Dylan, elle était calme et se sentait en sécurité. Quand celle-ci s'éloigna elle avait envie de crier non reste s’il-te-plaît, mais elle resta muette. Addison écouta les paroles réconfortantes de la jeune maladroite, elle pensa: Mais c'est par toi que j'ai envie d'être aimée, personne d'autre. Elle n'arrivait bientôt plus à décrocher son regard des lèvres de la brune. Elle n'avait qu'une seule envie, l'embrasser et lorsqu'elle s'approcha de la brune, son cri la sortit de sa pensée et elle se retourna voyant la fumée sortir du four elle l'ouvrit et après que le nuage ait disparu elle constata que ses lasagnes étaient carbonisées. Elle sortit le plat du four et le posa sur l'ilot. Ses émotions étant à vifs, elle éclata de rire. Ce genre de rire communicatif. Elle reprit: "Bon... On commande une pizza?”
C'était à regret que Dylan laissa Addison échapper de ses bras, mais elle avait vu qu'elle l'avait senti aussi. Elle aussi elle avait envie de l'embrasser, elle l'avait vu. Cette alchimie déstabilisait tellement la brunette. Elle alla à son tour regarder dans le four et ses yeux furent brûlés par la fumée. La cuisine d'Addison n'était visiblement pas un franc succès. Au rire d'Addison, le sien reprit de plus belle. Un fou rire s'empara d'elle. "Mon dieu Addison tu es catastrophique..." Les lasagnes posées sur l'ilot, elle entreprit de les couper pour vérifier si elles étaient au moins en partie récupérables. Mais rien à faire. Le rire de Dylan retentit de plus belle. "Je crois qu'il faudrait qu'on commande, oui..."
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blue-lumen15 · 6 years
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Un Jardin pour deux
Chapitre 26 (Re)Naissance
Durant le mois Arihas eut peu l'occasion de voir le prince ou alors il était toujours accompagné. Finalement le fait qu'il ne soit pas là, donnait la possibilité à Hilmes de monopoliser son oméga autant qu'il le souhaitait. La marque sur la gorge du prince ne lui échappa pas. Les marques ont des significations différentes selon l'endroit où elles se trouvent : sur la nuque, c'est le marquage des chaleurs et souvent le plus bestiale; dans le cou, c'est une marque plus basique, assez habituelle mais qui montre un couple plutôt attaché l'un à l'autre et enfin la gorge, la marque de la passion, qui montre un très grand attachement et une totale confiance de l'oméga envers son alpha. Il était heureux de voir que tout se passait bien entre eux.
Maintenant il devait se concentrer sur son mariage, il commençait à angoisser. Il croisait très rarement Daryûn ces derniers jours, sa mère lui interdisait car selon elle ça porterait malheur. Alfreed s'amusait beaucoup pour l'aider dans les préparatifs et pour choisir sa tenue. Arslan s'ajouta à eux dans les derniers jours pour faire le choix final, Alfreed l'obligea à revêtir des dizaines de tenues. L'air désespéré d'Arihas amusa le prince, Ghîb et Faranghîs se joignirent aussi à eux. L'effervescence d'Alfreed amusa tout le monde.
« Tu comptes préparer le tien avec Narsus après ? Plaisanta Ghîb. - Je ne me marierais pas avant mes dix-huit ans de toute manière alors j'ai le temps ! Répondit-elle sérieusement. - Elle va l'avoir à l'usure, murmura Ghîb à Arihas. »
Il acquiesça silencieusement, mais en attendant de se marier avec Narsus elle reportait sa frustration sur lui. Il savait déjà ce qu'il voulait porter alors tous ses essayages étaient inutiles mais puisque cela lui faisait plaisir, il l'a laissé faire…
Le jour j arriva très vite, il revêtit sa tenue : une tunique longue fendu sur l'avant et l'arrière couverte de broderies dorés et cuivrés avec un pantalon ocre plutôt simple. Alfreed avait insisté pour qu'il s'attache les cheveux alors il avait cédé. Il les tira vers l'arrière et les attacha avec une broche doré. Le prince quant à lui tient à lui offrir des bijoux qu'il porta évidemment. Il s'agissait de boucles d'oreilles pendantes dorés serties d'un petit rubis écarlate avec un collier fin et assorti qui tombait sur le haut de son torse. Sa mère le rejoignit et dès qu'elle le vit elle se mit à pleurer sous l'émotion :
« Tu es tellement beau ! Pleura-t-elle. - Mère voyons… C'est mon deuxième mariage pourtant. - Justement… Je-je croyais que cela n'arriverait plus jamais après Kahzac… Tu étais si effondré, et puis tu ne voulais tellement pas te marier la première fois… Je me suis toujours dit que tu nous en voulais pour ça. Je n'aurais pas cru que tu souhaiterais te marier de ton plein grès comme ça… Ce garçon doit être bien pour que tu acceptes sa demande… - Maman… Je suis heureux tu sais. »
Sa mère se mit à pleurer de plus belle, jamais elle n'aurait pensé qu'Arihas lui dirait ses mots un jour. Il avait toujours renié sa position d'oméga et n'avait cessé de lutter contre depuis qu'il l'avait appris. Sa mère était heureuse qu'il ait enfin réussi à s'accepter et surtout qu'il lui dît.
« Peut-être verrais-je des petits-enfants cette fois… Sourit-elle. - Ce n'est pas encore gagné mais sait-on jamais ! »
Les enfants voilà un sujet qui ne le préoccupait pas, à son âge les chances étaient plus réduites et rien ne disait que la stérilité de son dernier mariage ne venait que de Kahzac. Il serait content s'il en avait mais ne chercherait pas forcement à en avoir. Cela ne lui avait jamais paru indispensable bien qu'il était très frustré avec Kahzac il savait que ce dernier en voulait alors cela le rendait triste de ne pouvoir exhausser le souhait de son alpha. Cependant cela fonctionnerait peut-être avec Daryûn… Il faudrait surement du temps car ses chaleurs étaient courtes et ils en avaient peu maintenant, il avait déjà trente-trois ans et les grossesses pouvaient s'annoncer difficiles… Il n'était pas aussi fringant que le prince. Il se résignait déjà à ne pas avoir enfants mais peut-être que Daryûn en voulait lui ?
Daryûn angoissait. Narsus se moquait de lui pour essayer de le détendre mais cela n'était pas efficace. Sa mère tentait de la convaincre de sourire.
« C'est la première fois que je te vois dans cet état, remarqua Narsus. Pourtant on se connait depuis longtemps… - La dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'est lorsqu'il est parti vivre ici avec mon frère… - Mère… Grogna-t-il. - Et vous, Narsus ? Quand comptez-vous vous marier ? J'ai entendu que cela s'organisait avec la demoiselle du clan Zot ? - Non pas exactement, dit-il embarrassé. - Je suis contente que mon fils se marie enfin ! Et qu'il s'implique, cela a été si difficile de lui présenter des jeunes demoiselles… Pourquoi ne pas nous avoir dit que tu préférais les hommes ? J'aurais compris, bon peut-être pas ton père… Mais j'aurais essayé de te trouver un oméga… - Je n'étais juste pas intéressé à l'époque, répondit-il. Arihas est spécial, c'est tout ! - Alors c'est bien que tu es trouvé la personne… Je suis enfin comblée, il y aura quelqu'un pour veiller sur ma brute de fils ! - Je ne pense pas qu'il ait besoin d'être protégé, intervint Narsus. - Peut-être, mais on a tous besoin de quelqu'un avec qui tout partager… »
Elle ajusta son col et le lissa consciencieusement, Daryûn remarqua que ses mains tremblaient. Il ne dit rien et prit ses mains dans les siennes pour les embrasser.
« Ça va aller mère… - Pff… Ne t'en fais pas pour moi ! »
Daryûn eut l'impression de reprendre conscience lors du repas. La cérémonie était passée à une vitesse folle… Ils étaient mariés… Arihas et lui étaient mariés… Ils étaient mariés !
« Daryûn, souffla Arihas, est-ce que ça va ? - Je ne pourrais être mieux ! »
Arihas sourit face à l'enthousiasme de son, maintenant, mari. La fête devint rapidement bruyante et animée, les marzbâhns imbibés d'alcool devenaient très bavard et joyeux. Le temps s'écoula sans qu'ils ne le voient passer et la nuit était déjà bien avancée. Ghîb attendait le moment propice pour s'approcher de Daryûn car l'envi de le taquiner le démangeait depuis un moment déjà. Il réussit à s'approcher du nouveau couple :
« Il serait temps pour les jeunes mariés de s'éclipser. »
Daryûn faillit s'étouffer avec sa boisson et se tourna vers Ghîb avec un regard noir puis vers Arihas qui lui jeta un regard complice. Il lui tendit la main pour l'entraîner à l'extérieur de la salle où deux serviteurs les attendaient. Ils furent guidés à leurs appartements décorés pour l'occasion.
Alfreed s'était amusée à placer des fleurs partout. Arihas éternua à cause de tout ce pollen, ce n'était pas une bonne idée de mettre autant de fleurs dans un endroit restreint. Il sentit Daryûn se rapprocher et il se tourna vers lui. Il agissait plus timidement que d'habitude. Il sortit son collier de sous sa tunique et Arihas vit une petite clef y pendre.
« Je pense que tu n'as plus besoin de ton collier, maintenant… Bredouilla-t-il. »
Il lui tendit la clef mais Arihas se contenta de pencher la tête sur le côté pour donner l'accès à Daryûn. Il lui avait confié la clef pour qu'il déverrouille lui-même son collier. Daryûn hésita mais le fit, il agit lentement de peur de le blesser. Il entendit un léger cliquetis et le collier s'ouvrit, il l'enleva avec précaution et regarda ce qui venait de s'offrir à lui. Il voyait pour la première fois cette parcelle de peau qui se présenter à lui. Il posa sa main dans son cou, presque avec crainte, et le caressa. Il se pencha pour l'embrasser et ressentit un frisson de désir le parcourir au contact de sa peau. Arihas posa ses mains sur ses joues et releva son visage vers lui pour l'embrasser.
« Alors ? Tu es heureux ? Sourit-il. - Tu n'imagines même pas à quel point ! - Tu es d'humeur pour nôtre nuit de noce, alors ? - Tu sais je ne veux pas t'obliger… On peut très bien attendre encore un peu, rougit-il. - Hum… Arihas resta perplexe. Que t'arrive-t-il tout à coup ? - Je… Je n'ai jamais fait ça avec un homme… J'ai peur de mal m'y prendre et de te faire mal… Dit-il gêné. - Dans ce cas laisse-moi te montrer comment faire… »
Arihas attira Daryûn contre le lit et l'allongea dessus sans hésitation avant de recommencer à l'embrasser. Il se laissa faire et pour le coup il trouva ça agréable d'être choyé par Arihas. Il se laissa déshabiller, toucher et caresser sans opposer de résistance. Lorsqu'il venait l'embrasser, il l'attirait de tout son corps contre lui, accrochant ses mains sur ses épaules et enroulant ses jambes autour de son bassin. Il se demandait si sa réaction était normale. Plus ils se découvraient et plus la température montait et son désir d'être possédé par Arihas augmentait tout autant. Pourtant il était l'alpha, il devrait être « dessus », non ? Il s'inquiétait de voir son comportement si différent de ce qu'on lui avait rapporté des alphas. Il décida d'arrêter Arihas :
« Arihas, soupira-t-il essoufflé, est-ce vraiment « normal » de le faire ainsi ? Je veux dire n'est-ce pas l'alpha qui doit mener, rougit-il. - Tu souhaitais que je te montre, pas vrai ? Et puis il n'y a rien de mal… - Mais je… J'ai envie que tu me prennes… Murmura-t-il encore plus rouge. - Et moi j'ai très envie de te faire mien, souffla-t-il à son oreille. - N'est-ce pas bizarre ? - Non pas vraiment, c'est vrai qu'on en parle peu mais cela arriva plus souvent que tu ne le penses. Nous sommes deux hommes, pas vrai ? Peu importe le genre on garde le même instinct et le même désir de posséder son partenaire… Et puis certains couples y ont recoure pendant les chaleurs pour limiter les grossesses, donc ce n'est pas étrange du tout ! - Je ne savais pas tout ça… - Tu veux qu'on continue ? »
Daryûn n'eut pas besoin de répondre pour faire comprendre son consentement, un mouvement de hanche suffit à inviter Arihas à continuer ses attentions. L'alpha se laissa faire, il se sentait bien et en confiance avec Arihas. Cependant il se crispa lorsqu'il sentit Arihas venir toucher une zone plutôt intime. Il se doutait que c'était par là mais il n'avait jamais songé que cela se passerait ainsi. Arihas s'arrêta soudainement, Daryûn le regarda surpris.
« Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il. - Je cherche quelque chose… Ah ! Voilà ceci devrait faciliter les choses. »
Il saisit quelque chose posé sur la table de nuit que Daryûn ne pouvait pas voir. Il l'interrogea du regard quand il aperçut enfin la fiole dans ses mains. Arihas en vida le contenu sur ses doigts.
« Tu verras, ça ira mieux… »
Daryûn se laissa faire. Il s'abandonna à son partenaire sans retenu et fut surpris de ce qu'il découvrit et éprouva. Il trouva cela d'abord désagréable puis fondit sous les sensations qui parcoururent son corps de long en large. Arihas laissa son empreinte en lui et sur son cou. Il fut surpris d'être mordu par son oméga mais apprécia d'autant plus la sensation. Arihas se laissa tomber à côté de lui essoufflé, les jambes de Daryûn en tremblaient encore.
« Alors ? Souffla-t-il. - Attends un peu, haleta-t-il, je vais te rendre l'appareil ! »
Arihas lui sourit. La cérémonie et la nuit de noce furent une véritable réussite.
La chaleur de l'été étouffait maintenant la capitale et les reconstructions avaient bien avancé. Les aqueducs réparés l'eau circulait à nouveau comme avant, et les habitants pouvaient enfin se resservir des fontaines. Les premiers groupes de soldats lusitaniens furent renvoyés chez eux sous bonne escorte et Etoile s'occupait de faire les liaisons entre les deux anciens ennemis. Quant aux habitants de la capitale, ils se relevaient enfin des épreuves endurées et reprenaient peu à peu leurs vies d'avant.
Hilmes avait profité de ce dernier mois pour se rapprocher d'Arslan pendant qu'Arihas s'occupait de son propre mari et de leurs affaires à déménager. On leur avait proposé de nouveaux appartements plus grands et avec une pièce attenante, en prévision d'un potentiel premier enfant. Alors de son côté il profitait de chaque occasion pour lui parler et le toucher. Arslan s'habituait de plus en plus à lui et se montrait moins gêné lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Hilmes sentait son désir pour son oméga augmenter mais il ne voyait pas de réaction réciproque chez son partenaire. Cela l'inquiétait mais il se dit que sa fausse-couche devait l'avoir refroidi et il culpabilisa de vouloir lui imposer ses propres désirs.
Un matin pourtant son vœu fut exaucé. Les chaleurs d'Arslan montrèrent le bout de leur nez. Elles furent beaucoup plus douces et réconfortantes mais surtout moins épuisantes. De ce fait Hilmes ne chercha pas à forcer la main d'Arslan mais plutôt se plier à ses désirs et ses attentes. Ils finirent par passer le plus clair de leur temps allongés, nus l'un contre l'autre à échanger des baisers et des caresses. Ce fut la chaleur la plus paisible d'Arslan.
Il trouva cela agréable mais éprouva de l'anxiété en se disant qu'il était peut être à nouveau enceint. Cela ne l'inquiétait pas en soi mais il craignait plutôt que cela se passe mal à nouveau. Jusqu'à maintenant il avait réussi à se faire à l'idée que cela arrivait et qu'on y pouvait rien mais il repensait aux douleurs qu'il avait eu avant. Et si même sans les coups d'Ilterish il avait fait une fausse-couche ? Cela lui faisait peur mais il n'eut pas besoin d'en parler pour qu'Hilmes le comprenne. Il lui murmurait des « ça va aller » sans préciser de quoi il parlait exactement. Le dernier jour de ses chaleurs il se mit à pleurer dans ses bras sans pouvoir mettre le doigt sur la raison mais il se sentit plus léger après.
Il en parla avec Arihas et ce dernier le rassura, avoir des douleurs au ventre pendant une grossesse n'étaient pas si rare et le mois de chevauché avait dû le fatiguer. Il lui conseilla de se reposer mais surtout de se détendre en attendant que le premier mois passe car il allait se rendre malade tout seul. Arslan ne put profiter longtemps de sa présence car quelques jours plus tard se fut au tour d'Arihas d'être confiné. Daryûn se fit un plaisir de pouvoir le marquer comme sien et partager ce moment-là avec lui.
La vie paisible fut à nouveau interrompue par des nouvelles inquiétantes venant de Peshawar. Le roi Ilterish tenterait une alliance avec Tûrq pour attaquer à nouveau Parse. Deux marzbâhns furent envoyés pour voir ce qu'il se passait vraiment et vérifier leurs informations. Deux mois plus tard ils reçurent de mauvaises nouvelles. Les négociations entre Turân et Tûrq avaient abouti à un accord mais le roi de Tûrq ne se mouillait pas. Il confia six milles fantassins mais ne se déplaça pas lui-même.
Andragoras décida de se déplacer lui-même cette fois mais emmena Hilmes dans sa campagne. Cependant Arslan resta à la capitale. Le traumatisme de la dernière fois l'ayant profondément marqué, il préférait être sûr de ne pas être à nouveau enceint pour y aller bien qu'il ait passé ses deux mois post-chaleurs sans incident, mais non sans crainte. Il se sentit soulagé de passer ce stade et eut l'impression de respirer à nouveau. Hilmes le quitta à regret, le confiant aux soins d'Arihas et à la garde de Kishward et Daryûn qui protègeraient la capitale en l'absence du roi.
Pourtant au front la situation se dégrada plus facilement que prévu, le mois suivant Daryûn et ses hommes furent appelés en renfort. Il put au moins ramener une bonne nouvelle de capitale… La nouvelle grossesse du prince avait été confirmée. Hilmes se retint de sauter de joie, cela n'aurait pas été très approprié…
Pour régler la crise cette fois ils avaient dû en finir avec Ilterish. Il n'aurait jamais abandonné son ambition de toute manière. Son frère, Itoqt fut nommé roi de Turân mais contraint de signer des accords de non-agression contre Parse durant tout son règne.
o~~O~~o
« Votre Altesse ! Ils sont arrivés ! S'exclama Arihas en courant vers lui. »
Arslan releva la tête vers lui.
« C'est vrai ? »
Arslan se leva pour quitter les jardins accompagné d'Arihas. Il n'eut pas le temps d'en sortir, qu'il entendit des voix bien connues s'élever pas loin d'eux. Il se mit aussitôt à courir vers elles. Il profita d'être en petit comité pour sauter dans les bras de son alpha. Hilmes fut d'abord surpris puis sans plus d'hésitation le serra dans ses bras. Il remarqua alors un petit détail. Lorsqu'il le relâcha il vit le changement qui avait opéré chez son oméga. Son ventre bien rond l'interpella, il le regarda sans pour autant oser le toucher.
« J'ai pris du poids on dirait, sourit Arslan. »
Kishward regarda la scène avec bienveillance, il s'étonnait du contraste entre le couple princier et le couple royale. La reine ignorait complètement le roi à son retour et ne venait même pas pour l'accueillir alors qu'Arslan se jetait dans les bras d'Hilmes. Pourtant cela ne faisait pas si longtemps qu'ils étaient mariés… Il fut aussi surpris qu'Hilmes de voir le ventre arrondi du prince, lorsqu'ils étaient partis Arslan ne montrait aucun signe de grossesse et maintenant on ne voyait que ça.
Arslan se trouvait au milieu de son sixième mois et cela commençait à devenir difficile pour lui. D'après les médecins du palais son bébé arriverait plus tôt que prévu comme c'était souvent le cas pour les grossesses d'omégas mâles. Il ne devait lui rester qu'un mois et demi avant d'accoucher. Cela le rassura quand il apprit qu'Hilmes sera là pour la naissance de leur premier enfant. Il ne savait pas si Hilmes serait vraiment content d'apprendre qu'il aurait très certainement une fille. Les plus anciennes servantes du palais lui avaient dit et même Arihas semblait le penser. La raison ? Son ventre haut apparemment…
« Messire Arihas, vous n'êtes pas en confinement ? Demanda Kishward. -… Non en effet, grogna-t-il. - Vous devriez l'annoncer à Daryûn avant qu'il ne s'inquiète de ne pas vous trouver. Il nous a quittés presque en courant pour vous rejoindre, dit Hilmes. - « L'annoncer » ? Demanda Kishward perplexe. - Une autre bonne nouvelle, soupira Arihas. »
Daryûn explosa de joie lorsqu'il apprit que lui aussi allait être papa dans cinq mois… Arihas ne put que sourire face à sa réaction. Pour le coup il ne se doutait pas que cela arriverait aussi rapidement.
Le ventre d'Arslan s'arrondissait un peu plus chaque jour au grand bonheur d'Hilmes qui se plaisait à le toucher et parler à leur bébé. Il fut tout aussi ravi d'apprendre que serait certainement une fille.
À quelque jours de passer le huitième mois, Arslan espérait que cela se termine. Il priait aussi pour que cela se passe bien et que son enfant soit en bonne santé. Il demanda même à Faranghîs de faire des prières pour l'accouchement. Il angoissait de plus en plus. Arihas l'aidait à se détendre comme ils partageaient maintenant la même situation que lui. Son ventre commençait tout juste à être rebondi.
Arslan avait dû mal à se lever et souffrait de crampes nocturnes qui l'alarmaient régulièrement. Il avait déjà appelé plusieurs fois les médecins, cependant à chaque fois c'était de fausses alertes.
Une nuit il fut à nouveau réveillé par des crampes, il essaya de se rendormir mais en vain. Il finit par réveiller Hilmes, c'était trop douloureux. Hilmes l'aida à se lever pour le faire marcher, le seul moyen pour soulager les douleurs d'après les sages-femmes. Seulement quelque chose d'imprévu arriva : il perdit les eaux à peine fut il debout.
« Oh mon Dieu ! »
Hilmes l'aida à se rassoir et envoya un garde chercher les sages-femmes. Elles ne furent pas trop inquiètes et dire qu'il y avait encore du temps avant que le travail ne commence. Elles demandèrent à Hilmes de quitter la chambre et d'aller se reposer en attendant dans une chambre à côté. Elles le préviendraient lorsque le travail commencerait vraiment. Il trouva leurs propos aberrants, il n'allait pas dormir pendant que son oméga souffrait surtout qu'il était seul dans la chambre. Cela l'embêtait un peu de devoir faire ça mais il fit chercher Arihas pour rassurer Arslan. Arihas arriva bien plus vite qu'il ne pouvait l'imaginer.
« Je suis désolé de vous avoir réveillé si tôt mais je préférerais qu'il ne reste pas seul… - Ne vous en faîtes pas, c'est tout à fait normal ! Je vous tiendrais au courant. »
Les sages-femmes autorisèrent Arihas à rester au plus grand soulagement d'Arslan. Daryûn ne tarda pas à pointer le bout de son nez dans le couloir. Il trouva Hilmes qui faisait les cent pas devant la porte. Il s'arrêta brusquement en voyant Daryûn.
« On vous a réveillé aussi à ce que je vois… - Je me suis dit que je pouvais vous être utile. »
Le silence s'installa. Daryûn remarqua la tenue débraillé d'Hilmes : sa tunique était complètement ouverte sur son torse laissant apparaître des marques d'affection de son oméga mais il ne semblait pas s'en soucier. Les sages-femmes avaient dû le chasser aussitôt qu'elles étaient arrivées et sans ménagement. Il était très agité.
« Vous savez vous devriez peut-être aller vous reposer… - Ah bon ? Et comment suis-je censé dormir tranquillement alors que mon oméga va accoucher ? S'exclama-t-il. »
Daryûn comprit alors que le sujet était sensible et à sa place il ferrait certainement pareil. Il préféra alors changer de sujet.
« Le roi et la reine sont au courant ? - Ils seront prévenus au petit matin à moins que le bébé n'arrive plus tôt… - D'autres personnes savent que le travail a commencé ? - J'ai fait quérir Dame Faranghîs au cas où, murmura-t-il. Les autres seront prévenus le matin. »
Daryûn comprit que les heures allaient être longue jusqu'au matin. De temps à autre ils pouvaient percevoir un gémissement douloureux, à chaque fois Hilmes se tournait vers la porte comme prêt à l'enfoncer.
Les sages-femmes obligeaient toujours Arslan à marcher. Il se stoppait à chaque contraction et elles le poussaient à continuer à marcher. Les contractions se rapprochaient doucement et devenaient plus fortes. Il fut soulagé qu'Arihas soit avec lui mais il semblait épuisé après quelques heures à attendre. Il sortait régulièrement donner des nouvelles à Hilmes, il pouvait l'entendre râler d'ici et cela le faisait sourire à chaque fois. L'aube commençait à s'éclaircir et rosir lorsqu'il sentit une contraction plus forte que les autres, il ne pouvait plus tenir debout. Elles l'allongèrent dans la hâte sur le lit. Le travail sérieux commençait. Arihas sortit une dernière fois puis vint près du prince pour lui tenir la main. Les prochaines heures s'annonçaient difficiles.
Hilmes se tendait un peu plus à chaque cri de son oméga qui lui parvenait bien qu'ils soient étouffés, ils n'en restaient pas moins affreux à supporter.
Aux premières heures du jour, tout le palais savait que prince Arslan mettait au monde leur premier héritier. Tous les compagnons du prince avaient accouru vers les appartements du couple princier pour avoir des nouvelles. Ils furent étonnés de voir Hilmes si blême devant la porte de la chambre mais il ne se souciait pas d'eux et ne cachait pas son anxiété.
La porte s'ouvrit sur Arihas qui annonça qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant que l'enfant naisse. Il referma aussitôt la porte pour retourner auprès du prince épuisé.
« Une dernière fois votre Altesse ! Répétait inlassablement la sage-femme. »
Il y eut un dernier cri déchirant avant le silence. Un silence complet qui inquiéta davantage Hilmes. Les secondes qui passèrent le glacèrent et lui semblèrent des heures. Un petit cri plus aigu et régulier finit par se faire entendre, Hilmes souffla soulagé de l'entendre enfin. Il courut presque lorsque Arihas lui dit qu'il pouvait entrer, il se précipita au côté d'Arslan dont la pâleur le frappa. Il le prit doucement dans ses bras :
« Comment vas-tu ? - Je suis épuisé, souffla-t-il, mais où est notre bébé ? »
Hilmes se tourna vers la sage-femme qui lavait cette nouvelle vie qui s'agitait.
« Alors ? Demanda Hilmes. - Il semble que ce soit une fille en parfaite santé, répondit-elle. - « Il semble » ? Demanda-t-il perplexe. - Eh bien elle présente des caractéristiques d'alpha… - Vous pouvez le dire dès la naissance ? Demanda Arslan. - Disons que c'est plus facile à voir chez une fille que chez un garçon, sourit-elle. »
Elle tendit la petite fille emmaillotée à Hilmes. Il resta figé un moment en regardant leur enfant dans ses bras. Elle avait des yeux gris et des cheveux clairsemés plutôt clair, elle ressemblerait à Arslan. Il s'assit près de son oméga pour la lui présenter.
« Elle est belle tu ne trouves pas ? Elle te ressemble… »
Arslan leva les mains pour la prendre et Hilmes la posa délicatement dans ses bras.
« Oui, souffla-t-il. Elle me paraît si petite maintenant… »
Hilmes autorisa les compagnons d'Arslan à entrer pour voir leur nouvelle princesse bien que ce ne soit pas très protocolaire. Quelques minutes plus tard, une invitée inattendue se présenta : la reine elle-même vint voir sa petite-fille. Elle se montra étonnamment expressive face à cette petite princesse.
« Quel est son nom ? Demanda-t-elle. »
Hilmes et Arslan se regardèrent avant de parler.
« Yildiz, princesse Yildiz de Parse… »
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luma-az · 5 years
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Fanfic My Hero Academia : Ambition masquée #7
Début de la fic ici, ici ou ici.
Résumé : Bakugo Kastuki, né Sans-Alter, déteste les héros et leur arrogance. Devenu policier, il met un point d'honneur à arrêter les vilains avant eux, même si les risques qu'il prend lui valent des reproches de sa hiérarchie. Malgré son sale caractère, il n'effraie pas le héros Red Riot, qui le séduit peu à peu… mais leur relation ne sera pas si simple.
Pairing : Bakugo Katsuki x Kirishima Eijirou
Avertissement : jurons. Beaucoup.
Taille : 20k mots
Publication d'un nouveau chapitre tous les mercredis
Chapitre 7 : de l'eau dans le gaz
   "Hey, Bakugo, j'ai une super  nouvelle ! s'exclame Kirishima.
L'officier espère vaguement qu'il va lui annoncer que finalement, il ne reprend pas le travail le lendemain comme prévu. Qu'il va avoir encore quelques mois de libres pour trainer, manger les plats que le blond lui prépare en racontant sa vie et s'entrainer avec lui. Même s'il y a peu de chances, avec un sourire pareil, que Red Riot ne reprenne pas du service bientôt - il adore son boulot.
Le roux continue :
— Je vais faire partie de l'équipe qui enquête sur le Serpent ! C'est pas génial, ça ?
Hein ?
— Hein ?
— Fatgum pensait envoyer Tamaki-sempai, vu qu'il est plus discret que moi, ça semblait mieux pour l'infiltration, mais d'après tes collègues il est sans doute déjà bien connu par les yakuzas ! Il a travaillé sur le démantèlement d'un réseau de drogue avec Mirio-sempai et apparemment il s'est fait repérer. Et comme je reprends le travail demain, du coup c'est moi qui viens ! Je ne vais pas vraiment aider dans l'enquête elle-même, ne t'inquiète pas, mais vous allez pouvoir compter sur le Bouclier Humain si vous avez besoin de lancer un assaut ! Ne t'en fait pas, j'ai déjà travaillé sur des cas comme ça, Tamaki-sempai et moi on était ensemble pour démanteler le clan des Huit Préceptes. Et du coup on va travailler ensemble ! C'est pas génial ?
Travailler avec son petit ami de héros, ça ne semble absolument pas génial à Katsuki qui se demande comment il va se tirer de là. Ça va se voir. Le roux est le plus mauvais menteur de la planète, même s'il est d'accord pour cacher leur relation il va forcément faire gaffe sur gaffe et tout faire foirer.
Comment est-ce qu'il va se sortir de là ?
— Attend un peu, qu'est-ce que tu racontes. Pourquoi tu viens ? Tu ne peux pas faire d'enquêtes, tu es Red putain de Riot, tout le monde connait ta tronche de héros.
— Je sais, ce n'est pas pareil, je sers juste en support pour les opérations de terrain, mais Fatgum et le commissaire se sont mis d'accord, donc je pensais...
— C'est moi qui coordonne cette putain d'enquête, c'est à moi de prendre ce genre de décision, et pour l'instant on n'a pas besoin de force d'assaut, bordel ! On ne sait même pas où ils sont !
— Oui, mais...
— Mais rien du tout. Va faire tes patrouilles comme d'habitude, si on a de quoi t'occuper, on t'appellera.
— Tu... Tu ne veux vraiment pas qu'on travaille ensemble ? Je pensais...
— Si tu ne sers à rien, tu n'as rien à faire à trainer dans nos pattes au commissariat. C'est tout.
— Oh. Je... Je vais demander à Fatgum de t'appeler, alors. Genre, régler les détails officiels, tout ça...
— Ouais, fais ça.
Bakugo retourne à ce qu'il faisait en grommelant. Il ne s'imagine pas travailler avec le roux dans les environs en permanence, hors de question. Et il n'a pas envie non plus que son petit ami le voit dans son boulot. C'est bien beau de se vanter, à l'entrainement, de tout ce qu'il sait faire. C'est très différent si Kirishima s'aperçoit que personne, parmi ses collègues et plus encore ses chefs, ne veut qu'il le fasse. Il peut tenir tête à tous ces abrutis qui le prennent de haut, mais il refuse d'avoir à le faire devant le héros. Ce serait trop humiliant.
Il est surpris quand le roux lui dit d'un ton sec, très éloigné de sa joie de vivre habituelle :
— J'y vais.
— Hein ? Pourquoi ? Tu viens d'arriver ! Je finis de m'occuper de cette merde en dix minutes, après on peut...
— Après on peut quoi ? Ça te va bien qu'on... qu'on traine ensemble, mais tu ne me trouves pas assez bien pour intégrer ton enquête ! Désolé, je n'ai pas envie qu'on se dispute, je sais très bien que tu as raison, mais merde, laisse-moi un peu le temps de digérer ! Là j'ai pas très envie de te voir.
Merde. Bakugo réalise, nettement trop tard, qu'il y est allé trop fort sur ce coup-là. En voulant se protéger, il a... ouais, lui n'aurait jamais accepté qu'on lui parle comme ça, pas étonnant que Kirishima semble bouleversé - entre la colère et la déception.
Le blond pense à s'excuser, mais se ravise immédiatement. Après tout, il a raison, il a le droit de sélectionner ceux qui vont participer à l'enquête s'ils n'apportent rien, et Red le sait bien. Et puis, il cherchait un moyen d'écarter Kirishima, ça semble fait. Son orgueil est froissé ? Il s'en remettra.
Bakugo marmonne donc en haussant les épaules :
— Fait comme tu veux. À plus.
En face, le héros a une expression indéchiffrable, puis tourne les talons en lançant abruptement :
— C'est ça. À plus.»
.
L'officier Bakugo a autre chose à faire que de se soucier des états d'âme d'un héros. À son avis.
Ceci dit, il s'inquiète. Ça ne ressemble pas à Kirishima de bouder. Il sait que Red est moins confiant qu'il en a l'air. Peut-être que le refus qu'il participe à l'enquête l'a blessé plus profondément que Bakugo ne le pensait ? Pourtant il lui a toujours balancé ce qu'il pensait à la gueule et sans prendre de gants. Et c'est une réalité, tout le monde connait Red Riot, il ne peut pas se rendre utile durant les investigations, et la police n'a pas la moindre piste pour monter une opération d'assaut pour l'instant. Ce sont juste des faits, bordel ! Alors pourquoi le héros n'a pas donné signe de vie depuis deux jours ?
Bon. Deux jours, ce n'est rien. Ça semble un peu inquiétant parce qu'il a l'habitude de recevoir au moins trois messages par jour, et souvent bien plus. Ce qui est extrêmement chiant, d'ailleurs. Il n'y a absolument rien de grave.
Bakugo hésite à écrire en premier. C'est vrai qu'il ne le fait jamais. Il s'est laissé conduire dans cette relation sans jamais avoir autre chose à faire que d'accepter ce que Kirishima lui proposait. Un bon petit ami l'appellerait pour savoir comment s'est passé son retour au boulot. Et peut-être même s'excuser d'avoir été trop loin. Essayer de comprendre ce qui l'a mis dans cet état, au moins.
Et puis ce n'est sans doute rien. Il s'est vexé, c'est tout, et son silence vient sûrement d'un manque de temps à cause de la reprise du travail. Il n'y a aucune raison pour que Bakugo s'abaisse à l'appeler en premier. Il reviendra. Ils ne se sont même pas vraiment disputés, ça n'a rien de grave...
À la réflexion, ils ne se sont jamais vraiment disputés. Depuis le début, ils ne font qu'esquiver les sujets sensibles. Cette idée a un goût amer. Comme si tout ce qu'ils ont construit n'avait pas vraiment de sens. Un château de cartes, impressionnant mais prêt à s'écrouler au moindre courant d'air...
Bakugo a peur d'appeler. Il a peur de ce qui se passera ensuite. Et il est furieux contre lui-même et Kirishima pour ressentir une chose pareille.
Aussi, quand Hidoineko le prévient qu'un agent a peut-être localisé la planque qu'ils recherchaient, Bakugo est presque soulagé de la distraction. Enfin un peu d'action !
.
Première fois qu'il fait équipe avec des héros sur le terrain, et putain qu'il déteste ça.
Il est en charge de l'enquête, ce qui veut dire qu'il est censé coordonner les recherches. Mais là, on est dans la partie action, et il n'a pas son mot à dire. La direction des opérations est revenue à une abrutie d'héroïne lapin, sous prétexte qu'elle est dans le top dix de la classification débile de ce star-système de merde. Bon, Miruko est une héroïne expérimentée qui sait gérer le travail d'équipe, planifier l'action selon les atouts et faiblesses de chacun, avant de bondir elle-même au cœur du combat. Elle est loin d'être mauvaise. Mais comme tous les autres, elle n'a pas intégré les policiers dans son plan de bataille, ils sont tous relégués à gérer la foule et sortir le matériel d'arrestation, même les officiers. Bakugo a pu assister au brieffing, mais n'a rien eu à dire.
Kirishima est là, il a été appelé en renfort comme prévu. Quand leurs regards se sont croisés, il a gentiment salué l'officier de la main, de loin, et c'est tout. C'est normal, bien sûr. C'est Bakugo lui-même qui lui a demandé de cacher le fait qu'ils sortent ensemble, et traverser le groupe pour venir lui dire bonjour aurait semblé étrange pour ses collègues. Mais il n'aime pas ça. Le héros est en train de voir son petit ami dans la position la plus humiliante, celle où il doit obéir sans discuter. Qu'est-ce qu'il va penser de lui après ça ? En plus, il est avec le blond à l'Alter électrique et la démone rose qui crache de l'acide. Eux aussi savent pour leur relation et le besoin de la garder secrète. Et vu comme ils chuchotent à l'oreille de Kirishima, ils se permettent de penser beaucoup, beaucoup de mal de la situation.
Bakugo serre les poings et écoute, mémorisant parfaitement la position et le rôle de chacun. Il va leur montrer, à tous, de quoi il est capable.
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lavoideladolescence · 7 years
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Chapitre 3
Séra cligna des yeux une fois, puis deux. « Élaine?! », s'exclama la rousse, bouleversée par sa trouvaille. Elle tapota les joues de la Coréenne en espérant qu'elle se réveillerait, mais il n'y avait rien à faire. « Oh mon Dieu, est-elle morte? ». L'idée lui glaça le sang et elle plaça ses doigts frénétiquement sur le cou d'Élaine pour vérifier si elle avait un pouls. La rousse fut soulagée de voir que celle-ci était toujours vivante, mais ce dernier était quand même faible. Séra se demanda ensuite ce qu'elle devait faire. « Je sais! Je pourrais l'apporter chez Geneviève, elle saura quoi faire! ». Séra prit une inspiration: elle allait devoir porter Élaine jusqu'à l'infirmerie. La rousse prit celle-ci dans ses bras et tenta de lui mettre sur son dos.
Quelques tentatives plus tard, elle y parvint enfin. Séra se dépêcha d'aller vers le bureau de l'infirmière et toqua à la porte rapidement. « Putain, elle est probablement partie pour la journée », réalisa la rousse quand personne ne lui répondit. Elle n'avait plus le choix: il fallait alerter l'hôpital. Le seul problème était Élaine: Séra la tenait avec ses deux mains et elle ne pouvait pas prendre son cellulaire sans la déposer. « Tabarnak, j'ai pas de temps à perdre. Élaine, je m'excuse mais je vais devoir te poser un instant », se dit-elle en regardant sa passagère. Au moment même où elle allait faire ceci, un garçon apparut du coin du couloir adjacent.
— Ey! Peux-tu m'aider s'te plaît! appela Séra en le voyant.
Le garçon se retourna vers elle et fronça les sourcils en voyant les deux filles. Il s'approcha d'eux précipitamment et pointa Élaine du doigt:
— Euh, qu'est-ce qui s'est passé avec celle-là?
— Aucune idée, je l'ai trouvé comme ça aux toilettes des filles du troisième. J'ai essayé de l'apporter chez l'infirmière, mais elle n'est plus là. Il faut que tu appelles l'hôpital! répondit Séra.
— Ah, j'ai pas mon cell avec moi, je l'ai laissé au gym avec mon ami.
— Ben prends le mien alors! Il est dans ma poche. Et fais vite, j'ai aucune idée si elle va mourir ou ch'sais pas quoi.
Comprenant la gravité de la situation, le garçon le prit et composa le 911 sans tarder. Séra, de son côté, tentait d'ajuster Élaine sur son dos. Elle n'était pas lourde, mais la rousse avait des muscles faibles et ses jambes commençaient à trembler. Le garçon l'observa dans sa lutte un moment avant de demander:
— Veux-tu que je la porte pour toi?
Séra lui donna un regard reconnaissant et fit un signe de « oui ». Elle ne connaissait pas le garçon et elle n'était pas sûr qu'Élaine serait contente avec cette idée, mais c'était mieux que d'échapper l'Asiatique.
— On devrait aller au premier étage et attendre l'ambulance, lui dit-elle.
Il acquiesça et ils se mirent à descendre les marches hâtivement.
— Huh, je crois que je m'habitue à porter des filles inconscientes sur mon dos.
Séra le dévisagea un instant. Le garçon lui regarda curieusement avant de comprendre d'où vient sa réaction.
— Euhm, cette phrase est sortie vraiment mal. Ch'uis pas un salaud qui drogue et qui kidnappe les filles, donc ne me signale pas à la police. J'ai dit ça parce que c'est la deuxième fois cette semaine que je dois porter une fille quelque part.
Les mots du garçon se répétèrent dans la tête de Séra. Lorsqu'ils arrivèrent enfin au premier étage, elle lui fixa suspicieusement:
— C'est quoi ton nom?
Le garçon regarda Séra d'un air amusé.
— Ça fait trois ans qu'on sommes dans la même classe et tu ne connais toujours pas mon nom? Honnêtement, je suis un peu déçu.
Séra tourna la tête pour cacher son visage. « Ah merrrddeee, je suis nulle! », se dit-elle en se tapant le front intérieurement.
— Mais puisqu'une jolie fille comme toi me le demandes, moi, c'est Nael.
La rousse fronça les sourcils.
— Donc, c'est toi qui m'a frappé avec le ballon de soccer?
Le visage de Nael devint neutre et il se racla la gorge.
— C'était un accident, je t'le jure. Mon ami Cyril m'avait dit que je ne pourrais pas botter le ballon jusqu'à l'autre bout du terrain et j'ai voulu lui prouver le contraire. Et il m'a parié 20$ là d'sus, essaya-t-il d'expliquer.
— Tu veux dire que j'ai presque perdu ma tête pour 20$?
Il baissa les yeux, embarrassé.
— T'as raison. Je m'excuse encore pour hier, j'pensais pas que j'allais frapper quelqu'un quand j'ai tiré.
Séra jeta un coup d'œil à son visage. « Il a l'air sincère au moins », se dit-elle.
— Par contre, tu dois admettre que c'était un 20$ bien mérité. T'étais même plus loin que l'endroit que je visais! dit Nael en souriant de nouveau.
— Arrête donc de parler, t'as ruiné le moment.
Nael fit un geste de fermer sa bouche avec ses doigts et ils arrivèrent à l'entrée principale de l'école. Séra prit soin de notifier la secrétaire de l'arrivée de l'ambulance et les adolescents attendirent dehors en silence. Plus les minutes passaient, plus Séra se sentit inquiète. « Pourquoi l'ambulance n'est-il pas encore arrivé? », s'impatienta-t-elle. Voyant que la rousse était agitée, Nael tenta de la rassurer.
— Ne t'en fait pas, ils vont être ici bientôt et tu pourras accompagner ton amie à l'hôpital. Tout va bien aller.
Séra resta muette. « On n'est pas exactement des amies. Littéralement toutes interactions se sont fini mal », songea-t-elle. En fait, la rousse n'avait pas d'amies en général. Séra n'était pas complètement antisociale: elle pouvait tenir une conversation avec quelqu'un et ce n'était pas comme si elle détestait les travaux en équipe. La rousse n'avait simplement pas beaucoup d'intérêt pour les gens; elle n'appartenait à aucune clique particulière, préférant se garder à elle-même plutôt que de socialiser. Après la rupture de son amitié avec Viviane, elle s'était habituée à être seule. Ce n'était pas la pire chose au monde, vu que ça lui permettait d'éviter plusieurs inconvenances qui venaient avec les groupes d'amis.
Elle savait, grâce à Naomi, que la clique de Sheila avait rejeté une des filles du groupe parce qu'elle s'était mise à être trop « dépressive ». Il y avait aussi la gang de Hadi, qui s'était séparé en deux après que l'un d'entre eux avait volé la blonde de l'autre. Et tout le monde savait que la clique de Bianca était composée de filles qui s'insultaient secrètement l'une derrière le dos de l'autre. Bref, il y avait trop de choses qui pouvaient aller mal lorsqu'on formait un groupe d'amis.
Finalement, Séra entendit des sirènes s'approcher. L'ambulance se stationna devant l'école et la rousse se permit de mieux respirer. La rousse jeta un coup d'œil vers Élaine, qui était toujours inconsciente. La brunette avait l'air plus pâle que d'habitude. Deux ambulanciers sortirent du véhicule et leur indiquèrent de placer Élaine sur la civière. L'un d'entre eux leur ordonna ensuite de rentrer dans l'école. Séra se retourna vers Nael d'un air paniqué:
— Il faut que j'y aille avec elle. Je ne veux pas la laisser toute seule.
Nael fit un signe de la tête et capta l'attention du paramédical.
— Est-ce qu'elle peut venir avec vous?
Il pointa son pouce vers la rousse à côté de lui.
— Seulement les membres de la famille de la patiente sont autorisés à l'accompagner dans l'ambulance. Je sais que tu es inquiète pour ton amie, mais on doit suivre le protocole.
Sans prendre le temps de réfléchir, Séra ouvrit la bouche et annonça soudainement:
— Mais je suis sa sœur!
L'ambulancier et Nael la fixèrent avec des points d'interrogation dans les yeux. Ce dernier s'approcha d'elle et se baissa pour lui chuchoter:
— C'est quoi ce mensonge de merde!? Vous êtes aussi similaires que les deux parties d'un œuf: elle est la partie jaune et t'es la partie blanche. On ne peut pas être plus différent que ça franchement!
Séra ignora les remarques de Nael et continua avec son histoire.
— Vous voyez, je suis adoptée, expliqua-t-elle en tentant de garder son visage impassible. Ma sœur s'appelle Élaine Park et moi, c'est Séra Park. Ma mère a marié son père lorsqu'on avait 7 ans et depuis ce jour-là, nous sommes inséparables. S'il vous plaît, ne me forcez pas à me séparer de ma sœur alors qu'elle a besoin de moi!
Le paramédical n'avait pas l'air complètement convaincu par ce qu'elle disait, mais Nael enchaîna:
— Elle dit la vérité. Vous pourriez même demander au directeur de l'école si vous y insistez, mais je crois qu'il y a une plus grande urgence en ce moment.
L'homme considéra ses options. Il jeta ensuite un regard vers l'ambulance, où Élaine attendait toujours.
— D'accord, se résigna l'homme, monte à bord. Mais l'autre devra rester ici.
— Aucun problème, il fallait que je partes de toute façon, répondit Nael en mettant ses pouces dans l'air à l'intention de Séra.
Celle-ci se hâta d'entrer dans le véhicule. Elle se retourna avant se partir:
— Merci encore pour ton aide Nael, je m'excuse de t'avoir entraîné dans toute cette histoire.
— T'inquiète, je te devais une faveur pour ce qui s'est passé hier. Puis, grâce à toi, ma journée est devenue beaucoup plus intéressante. Prends soin de ta sœur, Séra Park.
Il lui fit un clin d'œil et les portes de l'ambulance se fermèrent. Séra l'observa pendant que le véhicule s'éloignait de l'école. « Il est assez sympathique », se dit Séra.
En moins de cinq minutes, ils arrivèrent tous à l'hôpital le plus proche et les paramédicaux se précipitèrent d'amener Élaine à l'intérieur. Séra les suivit et fut ensuite obligée de rester dans la salle d'attente pour que les infirmières puissent faire leur métier. L'une d'entre elles s'approcha de la rousse et lui jeta un coup d'œil. Elle avait la mine sérieuse.
— Mademoiselle, suivez-moi. Il faudra qu'on aille vous soignez aussi.
Séra la fixa avec un air d'incompréhension. « Elle parle de quoi là, j'ai pas de blessures », se dit la rousse. Elle suivit le regard de l'infirmière et réalisa qu'elle portait toujours son tablier du club d'arts. En effet, avec les tâches de peinture rouge dessus, on pouvait facilement croire qu'elle était en train de saigner. Séra expliqua cette anecdote à l'infirmière et celle-ci fit un soupir de soulagement avant de l'indiquer d'aller se présenter à la réceptionniste. Séra discuta avec la dame à la réception sur ce qui s'est passé avant de lui demander comment était la condition d'Élaine.
— La bonne nouvelle est que ta sœur n'est pas en danger imminente. Avec assez de repos elle sera de nouveau sur ses pieds. Par contre, les résultats de ses tests montrent que ses niveaux d'énergie sont très bas, lui dit la réceptionniste.
— Est-ce qu'il y a une raison particulière pour ceci? questionna Séra.
— Le médecin vient de confirmer que Mlle. Park a perdu conscience dû à la fatigue. Les causes les plus communs de la fatigue non reliés à une maladie quelconque sont le stress, une quantité insuffisante de sommeil ou une surcharge d'engagements. Une mauvaise alimentation peut aussi contribuer à la fatigue. Est-ce que votre sœur avait l'air d'être plus préoccupé récemment? Peut-être à cause de l'école, un travail à temps partiel?
— Je ne suis pas très sûre. Nous ne sommes pas vraiment proches...
«En fait, quand je l'ai vu dans la salle de musique, elle semblait avoir l'esprit troublé par quelque chose », songea Séra. La réceptionniste la regarda avec sympathie et continua.
— Je vous conseil d'observer votre sœur de plus près et de vous assurer qu'elle ne se pousse pas trop fort. Faites aussi attention à ce qu'elle ait un régime alimentaire équilibré, sinon elle pourrait développer des maladies actuelles ou éprouver des symptômes de fatigue plus sévères. Nous allons devoir garder votre sœur ici pour la nuit pour être certain qu'il n'y a rien de trop grave avec elle.
— D'accord. Merci beaucoup madame.
Séra allait partir quand la dame lui rappela:
— Attendez, il faudra qu'on appelle vos parents pour les notifier de l'incident.
— Ah, je vois...
Séra prit le téléphone et songea à qui elle allait appeler. Certainement pas ses propres parents: ils avaient des choses plus importantes à faire. Elle ne connaissait pas le numéro de téléphone d'Élaine — d'ailleurs, elle connaissait à peine la fille qui était supposément sa sœur — mais elle savait qu'elle devait contacter sa famille d'une manière ou d'une autre. La rousse prit une décision rapide et composa le numéro de Clarisse.
— Oui bonjour? dit la voix téléphonique.
— Clarisse, c'est moi, répondit Séra.
— Mlle. Caulfield! Où étiez-vous!? Ça fait une heure que vous auriez dû rentrer, est-ce que tout va bien?
« J'aurais dû lui prévenir que je serais en retard... » pensa la rousse. Elle ne voulait pas mettre la dame dans une position défavorable auprès de ses parents et elle savait à quel point la domestique se souciait d'elle.
— Désolé, c'est une longue histoire. Je ne suis pas en danger, donc ne vous inquiétez pas. Par contre, j'ai une faveur à vous demander...
                                                             * * *
Le jour suivant, tous les élèves du troisième étage étaient en train de parler de l'incident d'Élaine. C'était la nouvelle de la journée: partout où la rousse allait, les gens faisaient leurs propres théories sur ce qui a pu se passer la veille après l'école. « Cibole, ça s'est répandu vite », pensa-t-elle en regardant les différents cliques qui bavardaient. Séra avait essayé de repérer la Coréenne dès qu'elle fut arrivée, mais en vain.
En s'approchant de son casier, elle vit que quelqu'un s'était accoté dessus. Séra détestait quand les gens faisaient ça, c'était tellement inconvénient! Légèrement agacée, elle tapota l'épaule de la personne et se racla la gorge:
— Pardon, mais t'es en train de t'appuyer sur mon casier.
La personne se retourna et se révéla à être Nael, qui lui sourit.
— J'sais que c'est ton casier, j'ai fait exprès de me placer ici pour venir te voir.
— Maintenant que j'y pense, depuis quand est-ce que tu sais où se trouve mon casier? Je me suis demandé ceci l'autre fois quand j'ai trouvé le sac de collations, mais j'ai oublié de te le demander.
— Ehhh, c'est pas important, répliqua-t-il en regardant le plafond, en tout cas tiens, t'a oubliée ça hier.
Nael lui tendit son sac d'école, celui qu'elle avait négligé de retourner prendre le jour précédent. Séra le prit en laissant échapper un « Oh! ».
— T'as mentionné que tu l'a laissé aux toilettes, donc ch'uis passé le chercher avant de retourner chez moi.
Séra fut étonné d'apprendre qu'il s'était souvenu de cela. Elle avait elle-même oublié que son sac s'y trouvait puisqu'elle en avait plusieurs à la maison.
— Merci, c'est gentil de ta part, lui dit la rousse en fouillant dedans pour vérifier que tout s'y trouvait. Elle ne pensait pas que Nael serait le type de personne qui volerait des choses, mais c'était toujours mieux d'être prudent.
— Bien sûr, je suis le plus gentil de tous les gentilhommes de cette école. D'ailleurs, il y en a pas beaucoup qui sont comme moi.
— Un gentilhomme qui a failli me tuer, mais bon...
Nael pris un air à demi offensé et plaça une main sur sa poitrine.
— Ben là, arrêtes d'exagérer! Après tout ce que j'ai fait pour toi, c'est comme ça que tu me remercies? Tu es si cruelle, Séra Park.
Il fit ensuite semblant d'essuyer une larme de son œil.
« Mon dieu, il est si dramatique », songea la rousse en souriant malgré elle.
— Mais passons aux choses plus sérieuses, continua-il. Comment elle va ta « sœur »?
— Honnêtement, je ne suis pas sûr à 100%. J'ai réussi à contacter ses parents hier, donc je sais qu'ils prendront soin d'elle. Mais je ne l'ai pas vu ce matin et ça m'inquiète un peu.
— Relax, elle est probablement en train de se reposer. Et je ne crois pas que ses parents la laisseraient aller à l'école tout de suite après avoir quitté l'hôpital.
Séra hocha la tête; ce qu'il disait était plausible. L'avant-dernière cloche retentit et les deux adolescents furent surpris de voir qu'ils ne restait presque personne dans les couloirs. Nael regarda sa montre et grimaça.
— Mierda, faut encore que j'passe par mon casier. Il est pratiquement à l'autre bout du monde. Je dois partir, mais essayes de ne pas trop me manquer, d'accord?
Et avec ça, il salua la rousse à deux doigts et s'élança vers le couloir opposé. Séra eut un petit rire en le voyant courir et les deux adolescents se dirigèrent vers leurs cours respectifs.
En s'assoyant à sa place dans la classe d'anglais, Séra entendit Naomi et une autre fille, Eunice, en train de parler de la situation. Elle décida d'y prêter l'oreille.
— Nao, connais-tu la fille qui s'est évanouie hier? Tout le monde parle d'elle, commença l'Haïtienne.
— Ouais. Elle s'appelle Élaine Park, je l'ai dans mon cours de physique. J'la parle jamais par contre, son attitude est aussi froid que l'Antarctique. Y paraît aussi qu'elle était la présidente du conseil étudiant jusqu'à l'an dernière, mais qu'elle a donné sa place au vice-président cette année. J'me demande pourquoi elle a quitté, songea la Japonaise en jouant avec son crayon.
— Woah, elle doit être une intello, n'est-ce pas? À ce que j'entends, les élèves du conseil sont tous des bolés.
Naomi s'approcha d'Eunice comme si elle allait lui dire un secret.
— Apparemment, ses notes de bulletin sont si hautes que même Jésus doit se casser le cou pour les voir.
— Putaiiiinnn, j'pourrais jamais connaître cette vie avec mes presque 60! Déjà que j'ai de la difficulté à atteindre le ciel et voilà qu'elle chill dans l'espace avec les extraterrestres. Qu'est-ce que tu penses lui est arrivé pour qu'elle se retrouve à l'hôpito?
Naomi haussa les épaules.
— Je sais seulement qu'on l'a retrouvé aux toilettes du troisième. Certains disent qu'elle s'était évanoui après avoir pris un test de grossesse et qu'elle était enceinte. D'autres affirment qu'elle s'est bagarré avec l'une des joueuses de volley et que ça s'est fini en sang. Ça ne me surprendrait pas, elle a l'air d'être du type de te casser la gueule si tu la regardes mal. Une autre théorie était qu'elle a eu une surdose de drogues. Ça expliquerait pourquoi elle est si de mauvaise humeur tout le temps.
« Esti, c'est quoi toutes ces conneries? », se demanda Séra. Les rumeurs qui sortaient de la bouche de Naomi étaient ridicules. Ils rendaient la rousse inconfortable et elle avait envie de leur expliquer ce qui s'était vraiment passé, mais elle s'abstint vu que ce n'était pas sa place de le dire.
— Personnellement, je crois qu'elle a tenté de se suicider après avoir réalisé que personne ne l'aime. Si cette Chinoise a réussi à se tuer, tant mieux pour nous! Ça nous fera une connasse de moins, annonça une autre voix.
Les regards des adolescentes se dirigèrent vers Bianca, qui écoutait depuis le début de la conversation. Séra avait gardé son expression neutre, mais intérieurement elle se sentait horrifiée et offensé pour la Coréenne. Clairement, l'Italienne avait une haine profonde envers Élaine. Les deux filles furent bouche-bée et ni l'une ni l'autre ne parla un moment.
— Quoi? Vous n'êtes pas d'accord avec moi? questionna l'Italienne en levant un sourcil.
— Bien sûr que non Bianca! répondit Naomi en la rassurant. Maintenant que tu le mentionnes, c'est vrai que sa présence m'irritait beaucoup. Elle avait toujours la mine refrognée quand j'la voyais dans les couloirs. T'sais, elle n'était même pas supposé être accepté à Burgonsmount, mais le directeur a fait une exception à cause de ses notes.
L'Italienne semblait satisfaite par sa réponse et se tourna vers Eunice.
— Ben moi, je ne l'ai jamais parlé. Mais d'après ce que vous'm dites, elle a l'air d'une vraie pétasse.
— Croyez-moi, elle en est une. Elle se comporte comme si elle était meilleure que tout le monde et ne sais jamais quand fermer sa grosse gueule, j'peux pas la supporter.
« Connasse , tu viens littéralement de décrire ta propre personnalité », pensa Séra, irritée.
— Ah, Louie m'a envoyé un texto! Désolé les filles, il faut que je lui réponde, pipa l'Haïtienne en sortant son cell de sa poche. De sa position, Séra pouvait voir que son écran était noir. Personne ne lui avait texté.
— Eurgh, vous deux et votre amour grossière. Vous ne vous lâchez jamais, c'est un peu dégoutant, dit Naomi pour la taquiner.
Les trois filles continuèrent de parler d'autres choses et Séra se coucha sur son bureau. « C'est incroyable, l'influence que cette pétasse a sur les gens. Elle n'a vraiment pas de scrupule », songea-t-elle. Même si Séra n'était pas sur de bonnes termes avec Viviane, elle n'aurait jamais dit quelque chose d'aussi horrible que ça. Elle ferma les yeux et se mit à repenser à la journée précédente.
Pour une fois, elle avait décidé de s'impliquer dans une affaire qui ne la concernait pas. Séra ne savait pas pourquoi elle était si déterminé à rester avec Élaine la veille: elle aurait pu la laisser avec Nael et elle n'était pas obligée de l'accompagner jusqu'à l'hôpital. De plus, elle avait demandé à Clarisse de contacter le secrétariat de son école pour qu'ils puisent avertir les parents de la Coréenne et est restée dans la salle d'attente en attendant qu'ils arrivent. Aussitôt qu'elle avait vu la mère d'Élaine (au moins, elle espérait que c'était sa mère. En tout cas, elles se ressemblaient), la rousse s'était éclipsée. « Je crois que j'avais perdu la tête hier », se dit-elle.
En réalité, Séra s'était senti coupable chaque fois qu'elle voyait Élaine dans les corridors. Les mots de celle-ci après le harcèlement d'Avani l'avaient marqué plus qu'elle ne voulait l'admettre et elle espérait lui montrer qu'elle pouvait être une bonne personne. En plus, elle éprouvait une certaine faiblesse envers Élaine, qui avait l'air si triste en jouant le piano. « Je me demandes si elle va mieux maintenant », pensa-t-elle en fermant les yeux.
                                                              * * *
Une semaine passa avant que Séra ne réaperçoit Élaine à l'école. La rousse venait tout juste de sortir de son cours de français quand elle vit la Coréenne attendant à quelques pas de la porte. Séra l'observa un moment: elle avait l'air beaucoup plus en forme, mais aussi d'avoir l'esprit en conflit. En l'apercevant, Élaine lui fit un petit signe de la main et la rousse s'arrêta net devant elle.
— Il faut qu'on se parle. Suis moi.
Intriguée and un peu nerveuse, la rousse la suivit jusqu'au bout du couloir, où elles étaient plutôt isolées des autres élèves. Élaine ne parla pas pendant un moment puis lâcha un soupir.
— D'abord, je voudrais te remercier pour m'avoir aidée la semaine dernière. J'ai entendu dire que c'est toi qui m'a trouvé et qui m'as accompagné à l'hôpital. C'était un moment assez difficile pour moi et j'en suis très reconnaissante.
Séra allait lui répondre que c'était aucun problème, mais Élaine leva un doigt pour montrer qu'elle n'avait pas fini.
— Par contre, je ne peux pas accepter le fait que tu payes mon frais d'ambulance. J'ai failli m'évanouir de nouveau quand ma mère m'a révéler que tu avais tout payé pour moi. Je te rendrait ton argent aussitôt que j'aurais accumulé assez de mon travail à temps partiel. Je crois que je pourrais demander à ma patronne une avance sur mon salaire, mais il me faudra quand même quelques mois pour tout te repayer. J'espère que ça ne te déranges pas trop.
« Donc c'est ça qui la préoccupait...», se dit Séra.
En effet, Séra avait aussi demandé à Clarisse d'arranger le payement du frais de l'ambulance pour Élaine. Avant de s'évader de l'hôpital, elle avait entendu la mère de la Coréenne en train de demander si elle pouvait faire des payements séparés pour la facture, vu qu'elle n'avait pas encore reçu son salaire. Figurant qu'elle avait besoin d'aide, la rousse avait décidé de secrètement payer ses frais d'hôpital.
— C'est ça qui te préoccupait? Vraiment, ce frais n'est pas important. Je ne te forces surtout pas de me repayer.
— C'est pas important?! La facture était de 135$! C'est pas rien ça quand même. J'peux pas accepter ton argent juste parce que tu as eu pitié pour moi.
— S'il te plaît, prends le. Ça ne changera rien pour moi de toute manière.
Séra sentait qu'Élaine allait argumenter de nouveau, donc elle ajouta:
— De toute façon, je te dois quelque chose pour m'avoir fait réaliser que j'avais tort d'ignorer Avani cette journée aux toilettes. Tu avais raison, j'ai agi comme une peureuse quand j'aurais dû l'aider à s'en sortir. Puisque tu m'a aidé à comprendre cela, laisse-moi t'aider cette fois-ci.
— J'avais raison alors, c'était en effet toi qui se trouvait dans la cabine. Je l'ai su le moment où tu m'avait appelé « Park ». Seulement Bianca et Marisol m'appellent de cette manière, donc il n'y a pas d'autre moyen que tu l'ai su à moins de les avoir entendu. Et j'm'excuse aussi d'avoir été si franche avec toi cette journée, ces genres de situations d'injustice me tracassent le plus donc j'ai lâchée ma frustration sur toi.
Elle prit une pause avant de continuer. La détermination se fit apparaître sur son visage et elle tapa ses deux mains d'un geste rapide.
— Bon, j'accepte ton aide. Mais en revanche, à partir d'aujourd'hui, nous allons devenir amies.
« Hein? De quoi elle parle là? », se demanda Séra. De toutes les choses qu'elle aurait pu dire, elle ne s'était pas attendu à entendre cela.
— Ne me regardes pas comme ça. Comme tu l'a peut-être deviner, je suis quelqu'un avec une mauvaise réputation, donc il y a pas grand monde qui veut s'approcher de moi. C'était mon but de me faire une amie dans ma dernière année du secondaire pour que mes parents arrêtent de penser que je suis une délaissé. Ils croient que je vais finir pas mourir toute seule sans avoir eu d'interactions humaines.
La rousse fut touchée par ce que la Coréenne avait dit. Ses parents faisaient la même chose: ils espéraient toujours qu'un jour Séra inviterait des amis chez eux, vu qu'ils ne voulaient pas qu'elle se sent comme une rejetée (c'était un peu trop tard pour ça, mais bon). À leur grande déception, leur fille n'avait jamais apporté de visiteurs à la maison. « On a quelque chose en commun », nota-t-elle.
— Donc, avons-nous un deal? questionna la pianiste.
— Attends, attends, si je comprends bien, je te donnes mon argent et mon amitié?
— Précisément.
— Ah bon.
Séra y pensa un peu avant de conclure qu'elle n'avait rien à perdre. Elle se sentait déjà bizarrement attachée à la Coréenne et si elles devenaient amies, elle pourrait s'assurer que celle-ci reste en bonne santé comme la dame à l'hôpital lui avait prévenu de faire. En plus, elle pourrait montrer à Viviane qu'elle n'était pas la seule personne qui pouvait être dans sa vie. Séra hocha la tête pour montrer qu'elle était d'accord avec la proposition étrange d'Élaine et elles se serrèrent la main. « On dirait que je viens de clore un grand contrat d'affaire » rigola-t-elle. Les deux filles se regardèrent ensuite, ne sachant pas vraiment quoi faire maintenant qu'elles étaient supposément amies. Élaine toussa et demanda d'un ton sérieux:
— Donc, qu'est-ce qu'elles font exactement, les amies?
— Ah. Bonne question.
Un autre moment de silence passa et elles pouffèrent de rire. La situation était si ridicule que Séra que pouvait pas y croire. Chacune n'avait pas beaucoup d'expérience avec l'amitié (la rousse avait oubliée comment c'était d'avoir une camarade, vu que son amitié avec Viviane datait depuis longtemps maintenant), donc Séra décida de commencer par quelque chose de simple et faisable.
— Recommençons du début. Bonjour, je m'appelle Séra Caulfield, j'ai 17 ans et j'aime les arts plastiques. J'espère que je pourrais être une bonne amie pour toi.
— Salut, je m'appelle Élaine Park. J'ai aussi 17 ans et j'aimerais un jour devenir une pianiste. Honnêtement, je ne sais pas si nous allons être compatibles mais vu que c'est notre dernière année, j'men gueule. Enchantée de te rencontrer.
Les deux adolescentes se saluèrent de la main et s'échangèrent des sourires avant de rire de plein cœur une deuxième devant l'absurdité de la situation. Ceci fut le début peu orthodoxe de l'amitié entre Séra et Élaine.
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borisartamonovblog · 6 years
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L'enleveur énigmatique.
Chapitre I.
Ses yeux viennent de s'ouvrir, on dirait, d'eux-mêmes, en brisant le cours des pensées vides, qui sont mâchées au léger sommeil matinal. Les pensées qui n'avaient guère d'importance en soi, ce sont elles qui l'ont forcée pour un certain temps à oublier la réalité dont on se rappelle avec peine d'habitude, tout juste en réveillant. Le premier instant de l'arrêt de ces pensées et de l'indifférence; cet instant a succédé en étonnement: à l'un clin d'œil Inga vient pas d'apprendre mais de sentir que la réalité va être beaucoup plus qu'étrange. Dans l'étrange intérieur étroit, à travers les murs rayés semblables en gros toile, il pénétrait le jet de lumière du soleil matinal. Inga s'est remuée instinctivement. La faible douleur cuisante qui a signalé de son dos, c'est elle qui l'a aidé à se rappeler tout. Le destin donnait une inverse course inhabituelle. Il la lançait pas d'un rêve cauchemardesque à la réalité insouciante, mais au contraire. Cela qui paraît comme un rêve, il manifestait de soi en prétendant à la plus réelle existence. Cela, en quoi personne n'aurait ajouté foi, si raconter, était tout à fait palpable. Et il paraît que la nature n'a voulu point à reconnaître l'effroi de la situation. La forêt verte grouillant des vies différentes était retentie par joyeux gazouillement des oiseaux. Comme si tout cela dehors aurait voulu contre bon sens à exprimer le salut et les félicitations pour elle et pour fait qu'elle s'est trouvée en captivité. Quelque part dans la profondeur secrète de sa conscience elle a dévoilée une pensée traîtresse: " À quoi bon tu perds la tête, à ce qu'il dit? Regarde un peu, comme il est admirablement tout autour! Il n'y a rien d'effroi. Est-ce qu'il faille des petits ennuis à..." Une autre pensée a jugée la première mais sans mots. Tout à coup il l'a semblés les parents, il l'a semblés les anciens condisciples, toutes les connaissances du grande quartier moscovite, de plus petits aux plus grands... S'ils tous apprendront?!.. Tous les détails?!.. Si ils apprendront qu'elle toute de suite vient de fermer les yeux sur "cela"?! Mais bon sens toute de suite a coupée cette pensée, puisque ce serait trop fort. Donc ils n'atteindront jamais jusqu'à ses méditations clandestines. Est-ce qu'ils soient comme Messing? (Messing - un Juif polonais qui s'évada en URSS au temps de la deuxième guerre mondiale et devint un célèbre clairvoyant - la note de l'auteur). Pourtant, il n'y avait rien de terrible pour le moment. Si ce monstre voudrait la tuer, il avait eue grande multitude d'instants bien convenables pour cela, et il aurait profité de la situation depuis longtemps pour réalisation n'importe quelles fantaisies qui peuvent venir à l'esprit coupable de maniaque. Mais il ne la a violée même pas jusqu'à présent. Et quoique dans ce temps de Brejnev personne de ses connus n'oserait pas tenir cet homme comme un homme normal, mais comme exactement il a calculé tout! Elle eut joué en esprit les évènements des deux semaines dernières: son enleveur n'avait pas l'air de faire des erreurs. Soit il un toqué - malgré tout il est le toqué intelligent, malin et prudent et c'est douteux qu'il puisse à perdre la tête pour son détriment ou au détriment de l'affaire de laquelle il avait l'intention. Inga s'est surpris qu'elle pense; elle pense indépendamment et en ordre logique qui fut inaccoutumé. Jusqu'ici il lui ne fallait jamais à fonctionner en esprit comme ça. On pensait, on dirait, tout ensemble: elle et les autres qui étaient côte à côte. Et il n'y avait point de crainte à se perdre: on l'aurait rajustée tout de suite. Il semblait que tout le monde sache "le chemin" et sache, si peut-on énoncer comme ça - "un horaire" où il est indiqué, dans lequel âge quoi faut-il faire et quoi il ne faut pas, "l'horaire" selon lequel tous les gens normaux agissent. Mais ce qui est arrivé à elle en ces derniers jours, cela n'est pas fourni par "l'horaire". Maintenant elle est jetée soit au temps fort ancien, soit sur une autre planète, peut-être est-ce à l'autre monde, et enfin, si on comparait tout cela à la vie réelle, c'était quelque chose le plus ressemblant à l'arrestation brusque et l'emprisonnement pour ceux qui dans ses pensées n'ont tenu jamais quelque chose comme ça. Aujourd'hui sa tête vit clairement et exactement et elle devina de quoi. Avant-hier son tourmenteur l'avait faite boire un certain philtre, c'est possible, il avait ajouté quelque chose dans le thé avec confiture, dans le même thé qui était préparé à la gamelle et versé en chopes. En apparence il même était allé vers une certaine ville, car il en était revenu avec deux grands sacs à dos avec denrées alimentaires et toutes sortes de bagatelles nécessaires dans la forêt. Et hier elle s'était réveillée bien après midi, quelques minutes avant son retour et il ne s'agit point de l'évasion mais à cause de l'effet un certain stupéfiant ou somnifère donc elle n'avait pas envie même de remuer les doigts. Malgré tout elle aurait eu le temps à s'éloigner quelque cent mètres, cela était passé une fois et elle savait qu'il serait pour elle de cause de cela. Elle n'eut point envie de répéter comme ça. Pourtant, il n'y a été rien de particulièrement heureux. Ce matin, comme celui l'autre, elle eut attendus la honte, le froid et la douleur. -Es-tu réveillée, grue?! - Il était une voix grosse et rauque de l'extérieur. (Malheureusement, ce n'était pas Vysotsky, bien que sa voix et ressemble à lui). -Quoi? Est-il temps? -Dix heures et demie. Tu peux à somnoler demi-heure encore. -Il serait mieux d'attendre jusqu'au temps. - -La loi est de ton côté, ma belle,- son tourmenteur sourit malicieusement. Cependant, dans dix minutes elle en eut assez cette attente fatigante et elle décida de précipiter ce rituel désagréable du matin: plutôt le début - plutôt la fin. Et pour comble, en dormant bien comme jamais auparavant, elle ne voulut plus rester inactive. Conformément aux ordres de ce rite de folie elle se débarrassa du pull à col roulé, du soutien-gorge, du fuseau et même du slip et quitta la tente toute nue de même qu'on se jette au tournant. -C'est ça. On n'a pas envie après tel repos d'être couché encore. Alons, tourne le dos! Inga obéit. Tout le dos fut couvert de couleurs fraîches des traces a cause des rites de folie et de petites fautes imprudentes d'hier, d'avant-hier et un peu plus tôt. Plus bas se distinguent les traces considérablement pâles d'une flagellation cruelle et mémorable pour l'échec de l'évasion et la résistance. L'autre fois, il l'avait rejointe et saisi son oreille, avait la penchée vers le sol. Elle l'avait essayé à frapper avec pied sur la place déterminée mais avait manqué le but. Puis il l'avait menée tranquillement et calmement. "C'est possible qu'autrefois on eût menée Jeanne d'Arc à la même manière selon le chemin dernier", - cela elle se souvint d'une leçon d'histoire. Puis Inga avait eu peur et elle a essayé de cacher cette peur en questionnant naïvement: -Tu ne me gronde pas donc. Pourquoi est-ce? -Maintenant mon fouet va te gronder. En chemin vers exécution du châtiment, involontairement elle avait souvenu l'enfance. Parfois le père l'avait fessée avec ceinture, mais la mère la défendait toujours en nommant lui "un toqué" ou "un perverti". Cela lui jetait au rouge de la honte, et puis il tolérait longtemps les fautes d'Inga. Cependant la même mère en l'occasion d'une faute grave elle la punissait très rare mais cruellement. À la fois dernière Inga avait reçu un grave savon à l'âge de quatorze ans, quand les nombreuses falsifications de signatures par des parents sous un nombre augmentant obstinément des mauvaises notes au livret scolaire étaient découvertes. Brusquement elle était s'enhardie en raisonnant en esprit: "ce n'est terrible que pour les petits enfants. Jusqu'à quel âge j'aurai peur de la fessée? On parle, maman me botterait le cul et quoi?" Alors elle était obéie à la mère en mettant à nu son cul qui à ce temps déjà était beau et bombé et en donnant à serrer sa tête entre deux jambes. Elle avait supportés silencieusement les premiers sept ou huit claques de la corde à sauter. La fessée était devenue insupportable et Inga enfin avait donné sa voix en ayant l'intention malgré tout à cacher la douleur augmentante: -Maman... mais ce fait mal...- cela était résonné avec une intonation bien dédaigneuse qu'on avait pu traduire en langue habituelle de cette façon: "Maman, quoique cela donne un peu mal, mais tu fais des bêtises". Mais la corde à sauter avait continué à fesser en sifflant, et maintenant Inga avait perdue la patience et crié ce que d'habitude des filles crient aux occasions pareilles: -Oh, que fais-tu!.. Mais j'ai mal donc! J'ai ma-a-al! Oh, no-o-on! Oh, je ne ferai plus comme ça-a-a!- et enfin elle avait cri: Oh, je n'en puis plus! - après quoi son cri était devenu incohérent, frénétique et confus qui était coupé, toute de suite après la claque dernière et se changea en sifflement et faible gémissement. La mère avait fouettée Inga encore une fois en grondant quelques mots injurieux à l'adresse d'elle, et maintenant une seule claque de la corde avait provoqué fort hurlement de la gosse. Après punition elle avait jeté un regard par la fenêtre et vu de ses yeux rougis par les larmes un gaillard adulte. C'était un géodésien qui était debout avec mire de nivellement au coin de sa maison en prêtant l'oreille. Elle avait eu honte: sûrement il avait entendu comme on lui avait botté le cul toute de suite et c'était bien qu'il n'était pas un connu. Mais cette récente fessée pour évasion, c'est elle qui avait surpassé tout qu'Inga avait éprouvé à l'enfance. L'autre fois il avait ordonné à elle embrasser un gros arbre, puis il avait liés les poignets qui n'étaient pas atteints un peu l'un l'autre, sous les aisselles il avait traînée encore une corde en enroulant les épaules et il avait attachés les extrémitées de la corde à une branche, pour la fille n'aurait pas pu à s'accroupir. Puis le malfaiteur avait attaché chaqun pied isolément pour elle n'aurait pas pu à couvrir les fesses par eux. Lentement, il avait tiré de la poche un fil roulé et plié en deux, de cuivre au-dedans et enveloppé d'isolation de chlorvinyl, rond à sa section. Le fil plié en deux était un peu plus long que demi-mètre. Un sifflement mélodieux de la cravache avait retenti. En ceignant la hanche gauche et la fesse gauche, les extrémités flexibles de la cravache s'étaient enfoncées à la fesse droit. Au premier instant Inga n'avait senti rien, mais toute de suite la douleur de laquelle il avait failli couper la respiration, cette douleur était s'enfoncée en elle et ne l'avait point relâchée. -O-oh,- la jeune fille avait prononcé d'une voix traînante, tout bas, en inclinant la tête en arrière. Deuxième coup, mélodieux et ceignant, était-il suivi vite, puis troisième et quatrième, et il tous étaient tombés sur la même place. Un hurlement fort avait retenti l'air dans la forêt. La barrière de la patience était ruinée. En montrant les dents et en regardant d'un air suppliant aux yeux du monstre, Inga avait hurlé de toutes ses forces, mais cela lui n'avait point arrêté. En se passionnant, il avait continué à balafrer au même rythme et impitoyablement ses belles fesses, blanches et élastiques, de lesquelles elle avait tournée en bondant, et ce gâteau était bien appétissant même pour ceux qui avait vues toutes les couleurs. Sa chair avait espéré d'instinct à esquiver la douleur, inaccoutumée et cruelle, et elle-même était prête à tout que le maniaque demanderait d'elle, pourvu que cesser la torture. -Qu'est-ce que tu veux? J'exécuterai tout! A-a-aah! Que veux-tu? Je ferai tout! - elle avait crié d'une voix enrouée et déchirante en effarouchant les oiseaux et les sangliers des alentours. Et le fouet avait continué à s'enfonсer impitoyablement tantôt à l'un endroit, tantôt à l'autre, plusieurs fois de suite à chacun d'eux, et cela lui avait semblé qu'il fût allé à fouetter elle jusqu'à mort et si on va à telle manière - soit plus vite. Les pensées pareilles en étant accompagnées du cri déchirant n'avaient-elles fui harmonieusement comme d'habitude, mais elles s'étaient enflammées et avaient disparues comme les foudres en nuit. Et voilà, il l'avait caressée déjà le long de cheveux, en tiraillant avec douceur les oreilles. Ainsi de quoi avait-elle continué de crier? Inga s'était tue et avait éclaté en sanglots. La cascade des larmes l'avait débarrassée de tout qui est lourd et pressant sur le coeur; de tout qui s'étaient accumulés dans l'âme pendant ces six années de la vie adulte où on commence à avaler les affronts et les ennuis et en taisant pour feindre l'indifférence hypocritement, de quoi l'âme se durcit, le regard s'éteint, chaque vétille précipite sur les mains en s'accumulant pour vieillesse comme un poids lourd du passé duquel l'être humain se courbe le dos voûté, et les montagnes, des mers et les forêts, les aubes et le soleil couchant - tout cela ne causent plus de la joie à lui.Inga avait sangloté en voix et la douleur se calmant était changée au sentiment agréable du nettoyage. C'est bien cela un forêt se nettoie après averse d'orage qui vient de passer en coup de vent. Elle était devenue une petite fille plus encore qui était prête à exécuter n'importe quel caprice des parents cruels qui viennent de punir elle et elle en étant tombée en extase de l'enfer de douleur cruelle était-elle venue de promettre leur à obéir sous tous les rapports, pas avec feinte mais sincèrement tout à fait. Une sentiment agréable de l'âme et de la chair tremblants en sanglots, c'est il qui s'était changé graduellement en dépit de sa faiblesse de l'âme en comparaison au regard de premières martyres du christianisme, de partisanes légendaires de la Résistance et de victimes de l'inquisition. "Elles ne se furent pas soumises, mais je viens de me rendre de la fessée ordinaire. Maintenant, il est probable qu'il me mettra ou m'obligera au sex oral. Soit! Je n'ai que ce que je mérite. Soit s'enflammera tout!" Une pensée hésitante passant comme un éclair: "il semble qu'il soit un mec vieux, mais il n'est pas mal", - cette pensée était étouffée toute de suite par les images de physionomies ululantes de toutes les collectivités qui étaient dessinées dans son esprit et lesquelles était-elle obligée à fréquenter ces derniers temps. -Tu as envie de supporter la douleur, mais tu uses un procédé incorrect. J'y t'apprendrai, grue, mais en son temps. Tu es morte... Et tu es morte pas ici, pas aujourd'hui; mais longtemps avant que je t'ai enlevée. Maintenant tu es morte et j'ai une envie de te faire vivante et j'arriverai à mes fins si Seigneur n'a pas rien contre cela. Il avait regardé à elle avec douceur et exaltation et il avait continué: -Désormais, tu es une grue de forêt, mon amie de forêt. Tu m'obéiras sous tous les rapports. Je te forcerai à obéir! Envers moi tu dois être plus sincère, plus franche que tu sois avec soi-même, car tu ne connais pas ton être. Tu ne sais que ton image fausse. Tu as fait entrer tous ton être au subconscient et tu as cru que tu sois comme tout le monde est. Mais Dieu n'avait point créé les gens identiques. Sur la Terre tu ne trouveras jamais un couple des gens identiques et de même tu ne trouveras pas deux empreintes digitales identiques. Il n'y a pas des mouches identiques, il n'y a rien à dire sur les gens. Donc donne-toi la peine d'apprendre QUI ES-TU! -Je m'appelle Inga. Ainsi maman m'a nommée en l'honneur une gymnaste ou patineuse, j'en ne sais pas exactement. -On t'a pu nommer Marie, ou Valentine, ou Svetlane et en prison même Nicolas, il y a telles choses dans la vie, je te raconterai plus tard. Donc donne-toi la peine d'apprendre ta propre essence! Pas l'étiquette qu'on a collée à toi. Une scène muette fut venue de suivre après ces mots. Il avait regardé à elle en face; elle s'était perdue un peu, en tâchant de saisir le sens d'entendu. -Je suis ton monsieur, le maître. Je suis ton professeur. Tu es sous mon pouvoir. Est-ce que tu as une envie que je te fesse de même comme je viens de te fesser il y a quinze minutes? Inga s'était alarmée, ses lèvres s'étaient mises à trembler; ses yeux s'étaient mis à fureter, et elle était tombée à genoux. -Tu es mon professeur! Tu es mon maître! Je suis ton amie! Je suis ta grue de forêt! Je ferai pour toi tout. Fais envers moi tout que tu voudrais! Mais j'implore la grâce: pas avec tel mal, non ainsi cruellement! - elle avait blêmi et les larmes s'étaient montées sur les yeux. -Cela ne dépend que de toi. Malgré tout, je te fesserai chaque matin, mais doucement; pour la forme, pour tu n'oublieras pas ta place. Et tu même devras à demander ça de moi. Maintenant, descends le ravin vers ruisseau, te lave, puis tu apprendras le code de la conduite pour captive. Tu es donc ma captive à présent, il avait médité.- Et peut-être un jour tu serais reconnaissante à moi de tout ton coeur. Cette journée elle avait appris le code de captive qui eut été tapé à la machine et son tourmenteur ne l'avait pas touchée plus ce jour. Et voilà, maintenant, elle fut debout devant lui, toute nue, en tournant son dos fouetté, et il comme un peintre examina le dessin zébré sur sa belle chair, svelte et jeune.
Le texte original en russe:
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Chapitre 7 - Je veux une vie d'expat toute la vie
               Ouais je suis de nouveau à la bourre, me juge pas trop, j'aime trop dormir. Et puis tout va beaucoup trop vite aussi.
                 Déjà, je n'ai pas fais la cuisine une seule fois depuis que je suis arrivée. C'est pas très glorieux, j'ai un peu honte. Dimanche soir, je suis sortie diner avec Mehdi et une de ses copines danoise. Ce mec connait tout Dacca, c'est impressionnant. Même les conducteurs de rickshaw lui disent bonjour quand ils le croisent, c'est hallucinant ! On a mangé dans un restau indien pas loin de chez moi. C'était comme d'habitude, censé ne pas être épicé. Ouais. Non mais c'est trop bon hein, mais il me font rire quand iels passent dix minutes à m'assurer qu'il y a zéro épices. Par contre, truc dingue. On était dehors, à un moment j'entends un bruit dans les bambous derrière moi, je me retourne, et là, UN SINGE. UN VRAI DE VRAI. Pas tout seul en plus, avec toute sa petite famille. C'était trop bien ! Je tenais plus en place, j'arrêtais pas de crier. Moi comme d'habitude, mais genre pire. J'ai six ans. Il n'y a pas beaucoup de singes en liberté à Dacca, c'est super rare d'en voir. Ceux là vivent dans le coin apparemment et sont des habitués, le restaurant les nourrit une dizaine de fois par jour ! J'était trop contente.
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Cette photo est très très nulle, j’en conviens, mais je n’ai pas mieux.
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               Lundi, je suis allée dîner chez Rob et Kate, rentrés de Calcutta. Iels avaient invité des ami.e.s et il y avait Maxine évidemment. On est inséparables maintenant héhé. C'était fort sympathique et super bon pour des anglais. Bon je leur ai fait la vanne douze fois dans la soirée, je sais pas s'ils vont me réinviter un jour. Mardi c'était hockey au Canadian club, suivi par pizzza au German, parce qu'il faudrait pas se laisser aller. Et mercredi on a dîné avec Mehdi et Maxine dans un restau chinois.
               Ma vie tourne autour de la nourriture. Faut vraiment que je me calme.
                 En ce qui concerne le boulot. Tout se passe bien pour l'instant. J'ai rencontré Runa Khan qi a fondé Friendship. C'est vraiment une personne très très impressionnante et inspirante. Je n'arrivais plus à respirer quand elle nous a reçu avec Maxine, qui s'est bien marrée d'ailleurs. Elle a été adorable avec nous. Pffiouuu je sais pas quoi dire tellement je me sens toute petite à côté d'elle.
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               Ah et grosse nouvelle, je pars enfin/déjà sur le terrain, lundi prochain ! À Gaibandha plus exactement, dans le nord du pays. Cinq jours avec les gens de mon équipe pour découvrir les différents projets de Friendship et un de leurs bateaux. Je suis trop excitée, ça va être génial !
               Du coup, j'ai préparé le déplacement en bossant sur un questionnaire adressé à celleux qui bénéficient des projets de Friendship. Il vise à déterminer l'efficacité des dispositifs qui ont été mis en place, ce qui marche bien et ce qui est à améliorer, l'impact de tout ça sur la vie quotidienne et la communauté, etc. À part ça, ce n'est pas trop le rush !
                 Jeudi après le boulot, on est allé avec Maxine au Jamuna Future Parc, le plus grand centre commercial d'Asie du Sud Est. Je ne sais pas qui a eu cette idée débile (moi) mais c'était vraiment débile. En fait, on voulait aller au cinéma et on s'est dit que ce serait rigolo et qu'on pourrait en profiter pour faire du shopping. Non. Ca ne s'est pas passé comme ça du tout. On a été rejoint par Shounak et Asif et on a tourné en rond parce que c'est tellement grand que tu peux rien faire et que tu comprends pas comment ça marche et que tu sais pas où aller et que tu fais que te perdre tout le temps et que c'est horrible et beaucoup trop de stress. On a fini par se poser dans un café pour récupérer après tant d'efforts. Après on est allé dans la salle d'arcade jouer à des jeux débiles, et je faisais trop la tête parce qu'il n'y avait même pas de flipper et que la vie est nulle. Mais c'était cool quand même. Aussi j'ai acheté un tapis de yoga et des haltères. J'ai même pas envie de te le dire parce que je sais à quel point tu vas te foutre de ma gueule. Vas y, j'suis prête, j'm'en fout. Mais tu comprends, quand ta vie tourne autour de la nourriture, vient un moment où il faut commencer à penser à compenser, histoire de ne pas avoir à acheter deux billets pour le retour.
               Avant le film, Asif et Shounak sont partis et Shad nous a rejoint. Il y a toujours quelqu'un.e pour s'occuper de nous. On a vu Lalaland. Ma critique sur ce film est la suivante : Meh. Ce sera tout. On a bien rigolé tout de même et les sièges étaient confortables.
                 Vendredi weekend (moi non plus je ne m'habitue pas, t'en fais pas), on voulait aller dans le vieux Dacca avec Max, mais la flemme l'a emporté. Je suis allée déjeuner chez elle, on a glandé, j'ai skypé le bf, elle a vaguement bossé, on est allé glander au German pour se donner l'impression qu'on avait fait quelques choses de la journée. C'était sympa. C'est une bonne compagne de glande. Et puis elle me laisse passer la journée à faire des blagues sur le Luxembourg donc je pense qu'elle ne me déteste pas trop. Ou alors elle attend la saturation pour m'assommer. Mais j'aime à penser que c'est la première option.
               Le soir, on avait été invitée à la soirée St Valentin de l'International Club. Autant te dire qu'on avait déjà connu des niveaux de motivation plus élevés. Mais on nous a offert l'entrée et nos conso toute la soirée donc ça allait. La musique était bien bidon, j'avais l'impression d'être à une soirée lycéenne (no offense Robin) alors que je faisais clairement baisser la moyenne d'âge. Mais on a quand même beaucoup rigolé, c'était cool. On était avec nos copains de la semaine dernière, Mehdi, Shounak et Asif (pas celui du bureau, un autre). Ils sont vraiment hyper drôles ! Il y avait pas mal de bangladais.es, sans doute plus que d'expat. On a rencontré plein de gens chouettes et on a beaucoup dansé, c'était une bonne soirée.
                 La motivation est revenue malgré la fatigue samedi. J'ai retrouvé Maxine, Shad et Hugo pour une journée culturons nous. On est allé au Chobi Mela, le plus important festival de photo d'Asie. Et c'était génial. Déjà on a mangé là bas et c'était trop bon (désolée). On a été rejoint par Aysha, Mymanah et son mari Yusuf qui est un photographe primé super classe et super cool. Le mec pèse un peu dans le game. Les expo étaient super intéressantes et variées, j'ai adoré alors que je ne suis pas toujours hyper fan de photo. On a passé toute notre après midi là bas, puis on est passé par l'Alliance française avant de rentrer chacun chez soi (en une heure et demi parce que le traffic).
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               La semaine s'annonce chargée, je suis sure que le déplacement va être trop chouette. J'ai trop envie de voyager partout c'est horrible. Je suis en train de préparer mes prochains weekend pour aller voir partout dans le Bangladesh et puis au Népal et en Inde aussi. J'aimerai faire toute l'Asie aussi tant que j'y suis, mais je pense que ça va être compliqué. Si tu veux devenir mon sponsor, je peux t'envoyer mon RIB. Des bisous.
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