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#lettres d'un temps éloigné
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from Lorenzo Mattotti’s Lettres d’Un Temps Éloigné
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eamjournal · 10 months
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Lettre de Mai nº69
Cher Hugo,
Le temps s'est arrêté brusquement le 27 de ce mois. Le silence, notre silence, a été brisé. Cette journée là, juste un message. Des yeux qui s'écarquillent, un corps qui tressaille, puis la boule dans la gorge. Je crois que l'on peut dire une chose, c'est qu'il y en a eu des sanglots.
Il venait de se passer ce que beaucoup d'autres espèrent encore de leur propre situation. Un retour, devenu inespéré, inattendu. Car oui, le 27 Mai 2023, tu as rompu le silence qui nous tenait éloigné depuis 4 mois déjà. Alors même que tu étais parti en disant ne plus jamais vouloir revenir. Alors même que tu te tenais à l'autre bout de l'Europe et que ta vie suivait son cours. Te revoilà.
Je crois pouvoir dire qu'au delà même du fait que c'est un moment que j'ai longuement souhaité. C'est aussi une chose que je n'attendais plus et que j'avais arrêté de demander depuis bien longtemps. C'est au moment où j'étais la plus résignée possible que tu es revenu. Et ma réaction me prouve bien à quel point je considère encore cela comme un cadeau du ciel.
J'ai ressenti énormément d'émotions. Je ne savais plus si je pleurais d'angoisse ou de joie. Il y avait une telle pression, accumulée pendant une année entière, qui s'évaporait de tout mon etre. Mes épaules étaient libérées d'un poids immense et me sentir légère à nouveau m'a transporté loin. Tu étais là alors que je n'y croyais même plus. Et j'ai mis, comme toi, plusieurs jours à réaliser que tout ceci était réel bien que lunaire.
Hugo & Maëlle se retrouvaient face à la possibilité de voir si une seconde chance était possible entre eux. Presque une année après leur séparation. Ils avaient tout vécu à deux. Des aventures grandioses et des drames, sous les feux de l'amour. La jeunesse, la précipitation et le doute les avaient consumé et séparé, soit disant pour de bon. Quand on sait que l'un d'eux y croyait fermement. Alors on dit merci.
Merci la vie, de nous avoir séparé. Merci l'erasmus de nous avoir fait grandir loin l'un de l'autre, de nous avoir rendu plus fort et apte. Merci à nos amis, qui ont suivi notre attache indéfectible pendant cette période de silence en nous prêtant leurs épaules. Merci à Paulo, d'avoir contribué à nous réunir en parlant sans détour. Merci à toi, Hugo, de me regarder avec de nouveaux yeux et d'accepter de te tourner vers un avenir qui, on l'espère, sera commun.
Je suis heureuse et en paix. Merci de tout coeur.
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hsbfsix · 3 months
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Ángel Vidal - Asesino [OS#1]
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The sky breaks Orage. Toner mental gronde. Bruits de métaux qui s’entrechoquent, clef dans serrure alerte chien de garde dans l’attente du maître. Loyauté détecte Aura volcanique. Ressent ressentiment. Ne quémande point attention et observe Titan entrer et passer.
Light reaches for me Fureur trace et ne s’arrête guère. Veste costard bon marché délesté sur divan. Duo d’armes trouve marbre du plan de travail. Assassin fend appartement en ligne droite. Le Feu dans les yeux, la rage dans les tempes. Allume chambrée, trouve placard, ouvre porte.
I'm awake for the first time Bordel d’un temps lointain, reliques d’une vie plus douce. Reniée. Carton cible entre les pognes, pulsations s’intensifient. Jugulaire sous pression. Môme endeuillé mis à mal ce soir, ressort à nouveau de ses abysses.
It's too late I’m on the other side Pattes trouvent ourson offert par James C. Souvenirs et images ressurgissent dans caboche. Mâchoire verrouillée. Funérailles revécues par gosse interne. Événement donne naissance d’atrabile poison. Les larmes glissent pour la dernière fois ce jour-là. Tristesse aride depuis. Sensibilité anémique. Seul hargne d’antan subsiste et amplifie.
My Genesis Mimines trouvent cachette secrète à l'arrière de peluche. Phalanges prudentes s'immiscent. Ressortent enveloppe avec soin. Cœur s'arrête. Respiration en suspens. Le papier se déchire et dévoile lettre prédite par monstre plus tôt menacé.
This is where it all begins Vérité au bord des doigts. Déplie papelard préservé. Reconnaît alors courbes d'une calligraphie familière. Maman... Mirettes parcourent lettre. Apnée. Mots encrés dévorés. Ventricules orchestrent réminiscence. Axiome incise homme qu'aujourd'hui vertu familiale défini...
"Bonjour mon grand. Je profite d'un petit moment de calme pour t'écrire une nouvelle lettre. Je sais que ce n'est pas facile pour toi en ce moment. Les voyages te pèsent un peu et je m'en excuse. Je pense que tu es assez grand maintenant pour comprendre pourquoi nous avons décidé de vivre éloigné de la famille."
My Genesis Voix résonne au fur et à mesure des lignes. Comme si mélodie estampillée. Môme du passé entend paroles inscrites comme si mère récitait palabres.
"NY, c'est pour nous une ville de promesses où vos choix d'avenir et d'épanouissement sont possibles. Nous ne pouvions pas vous faire naître et vous laisser grandir dans cette haine démesurée contre les mutants. Certains d'entre eux sont bons et ne méritent pas d'être traqué comme nous le faisons. Seuls nos actes définissent qui nous sommes. Notre clan ayant embrassé l'extrémisme, notre famille est continuellement menacée. Évoluer dans la violence, la peur, les trafics, ce n'était plus vivable pour nous deux."
This is where it all begins Tradition aura protégé et forgé orphelin. Dessein différent calculé par géniteurs qui n'auront pu que succomber à la haine qu'ils fuyaient. Tragédie que de mourir sous le joug de Discorde.
"J'espère que notre choix de vie saura nous être profitable à tous les quatre. Papa aime ce qu'il fait ici et ce travail me plaît vraiment beaucoup. Je t'ai confectionné une peluche, tu verras. J'aspire à un avenir tout aussi prospère pour vous deux. Et en te voyant avec grand-mère, je reste persuadée que tu es fait pour la cuisine. Comme tu me l'as dit l'autre jour, j'espère que tu deviendras un grand chef cuisinier ! Poursuis ton rêve, tu as le talent mon grand !"
This is where it all begins Gamins à l'avenir radieux, attrapent main tendue du Terrorisme. Fatalité dont ils ne peuvent se soustraire. Chemin déviant tracé se voit détourné...
The sky breaks Colère rugit dans viscères. Thorax implose sous lourdeur d'une évidence écrite par sainte main idolâtrée. Ne peut décemment pas accepter pareille révélation.
Light reaches for me Foudre intérieur se déchaine. Les dents grincent. Mère au sacrifice ruiné par animosité. S'il avait su...
"Prends soin de toi et de ta petite sœur surtout. Je t'aime mon petit ange. Maman."
The future waits Esprit n'ose imaginer vie si lettre eut été lue plus tôt. Résurrection des fantasmes enfantins depuis lors enfuis dans abimes. Promesse qu'il avait faite, aujourd'hui pourrait renaitre...
Oh it’s calling ... Mais trop tard. Vengeance embrassée plutôt que Passion. Même si palpitant aspire à Vendetta en marche. Représailles doivent être accomplies. Point d'honneur familial en jeu, point d'éducation militaire derrière décision mais, bel et bien simple Justice rancunière en Dominatrice.
My Genesis - This is where it all begins Parce que les vies prises vont être payées. Serment scellé par dernière goutte salée ayant ruisselé sur pommette de chiard délaissé.
My Genesis - This is where it all begins Mirettes noires abandonnent papelard. Fusillent droit devant. Phalanges se crispent sous la fureur et froissent ultime relique maternelle. Balance vestige contre mur pour gésir au sol. Se détourne d'impitoyable preuve.
My Genesis - This is where it all begin Pattes redresse carcasse imbibée d'un nouvel Ether. Essence propre, carnassière, forgée à tuer, aurait dû embrasser énergie autre. Armes aux poings, perturbé, soldat évoluera vers salut propre. Idées changeantes, néanmoins ne s'écartera guère du droit chemin d’ores-et-déjà tracé.
My Genesis Repense à elle. Prunelle d’antan. Sœur de chair et de sang. Revit révélation de mutation. Ressent à nouveau déflagrations tendre muscles. Détonations qui jamais ne touchèrent carcasse. Intention propre. Secret hautement gardé. Dernière preuve d'humanité inavouée. À jamais...
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christophe76460 · 9 months
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LETTRE D'AMOUR DU PÈRE
Je regarde jusqu'au fond de ton coeur et Je sais tout de toi (Psaumes 139:1).
Je sais quand tu t'assieds et quand tu te lèves (Psaumes 139:2).
Je te vois quand tu marches et quand tu te couches, Je connais parfaitement toutes tes voies (Psaumes 139:3).
Même les cheveux de ta tête sont comptés (Matthieu 10:30).
Tu as été créé à mon image (Genèse 1:27).
Je suis le mouvement, la vie et l'être (Actes 17:28).
Je te connaissais même avant que Je t'eusse formé dans le ventre de ta mère (Jérémie 1:4-5).
Je t'ai choisi au moment de la création (Éphésiens 1:11-12).
Tu n'étais pas une erreur (Psaumes 139:15).
Tous tes jours sont écrits dans mon livre (Psaumes 139:16).
Je détermine la durée des temps et les bornes de tes demeures (Actes 17:26).
J'ai fait de toi une créature merveilleuse (Psaumes 139:14).
Je t'ai tissé dans le ventre de ta mère (Psaumes 139:13).
C'est Moi qui t'ai fait sortir du sein de ta mère (Psaumes 71:6).
J'ai été haï par ceux qui ne Me connaissent pas (Jean 8:41-44).
Je ne Me suis pas éloigné, ni fâché, car Je suis l'expression parfaite de l'amour (1Jean 4:16).
C'est Mon amour de Père que Je répands sur toi, parce que Tu es mon enfant et que Je suis ton Père
(1Jean 3:1).
Je t'offre plus que ton père terrestre pourrait jamais te donner (Matthieu 7:11).
Car Je suis le Père parfait (Matthieu 5:48).
Toute grâce que tu reçois vient de Ma main (Jacques 1:17).
Car Je suis Celui qui pourvoit à tous tes besoins (Matthieu 6:31-33).
Mon plan pour ton avenir est toujours rempli d'espérance (Jérémie 29:11).
Mes pensées vers toi sont innombrables comme le sable sur le bord de la mer (Psaumes 139:17-18).
Et Je me réjouis de tes louanges et de ton adoration (Sophonie 3:17).
Je n'arrêterai jamais de te faire du bien (Jérémie 32:40).
Tu es le peuple que J'ai choisi (Exode 19:5).
Je désire t'établir de tout Mon coeur et de toute Mon âme (Jérémie 32:41).
Il est en Mon pouvoir de te montrer de grandes et merveilleuses choses (Jérémie 33:3).
Si tu Me cherches de tout ton coeur et de toute ton âme, tu Me trouveras (Deutéronome 4:29).
Fais de Moi tes délices et Je te donnerai ce que ton cœur désire (Psaumes 37:4).
Car c'est Moi qui te donne le vouloir et le faire (Philippiens 2:13).
Je suis capable de faire plus pour toi que tu pourrais probablement imaginer (Ephésiens 3:20).
Car Je suis ton encouragement le plus grand (2 Thessaloniciens 2:16-17).
Je suis aussi le Père qui te console dans tous tes ennuis (2 Corinthiens 1:3-4).
Quand tu cries à Moi, Je suis près de toi et Je te délivre de toutes tes détresses (Psaumes 34:18).
Comme un Berger porte un agneau, Je te porte près de Mon coeur (Esaïe 40:11).
J'effacerai toute larme de tes yeux et J'emporterai toute la douleur que tu as subie sur cette terre (Apocalypse 21:4).
Je suis ton Père et Je t'aime de la même façon que J'aime Mon Fils Jésus (Jean 17:23).
Car en Lui, Mon amour pour toi est révélé (Jean 17:26).
Il est la Représentation exacte de Mon Être, l'empreinte de ma Personne, le reflet de Ma gloire (Hébreux 1:3).
Il est venu pour démontrer que Je suis pour toi et non contre toi (Romains 8:31).
Car Il est mort pour que toi et Moi puissions être réconciliés
(2 Corinthiens 5:18-19).
Sa mort est l'expression suprême de Mon amour pour toi (1Jean 4:10).
J'ai livré mon propre Fils pour te racheter (Romains 8:32).
Si tu acceptes Mon Fils Jésus, tu Me reçois (1Jean 2:23).
Et rien ne te séparera de Mon amour (Romains 8:38-39).
Il y a tant de joie dans le ciel lorsqu'un pécheur se repent (Luc 15:7).
J'ai toujours été le Père céleste et Je serai toujours ton Tendre Père, si tu crois en Ma Parole (Ephésiens 3:14-15; Jean 1:12-13).
Je T'aime d'un amour éternel (Jérémie 31:3; Jean 3:16).
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jessicajac0b · 1 year
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3.18.2023
Aujourd'hui, je veux parler d'Alexander von Humboldt. Humboldt était un mathématicien et naturaliste prussien né à Berlin en 1769. Humboldt croyait fermement que les naturalistes devaient passer du temps dans la nature pour comprendre son fonctionnement. Humboldt a beaucoup voyagé en Amérique du Sud et a même gravi le sommet du mont Chimborazo, dont le sommet est le point le plus éloigné du centre de la Terre sur le globe. Les descriptions de Humboldt de l'écologie, de la botanique et de la géographie étaient révolutionnaires, tout comme sa philosophie et ses systèmes de croyance. Humboldt valorisait fortement la nature et ses œuvres ont inspiré Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau. Humboldt était également un ardent défenseur du changement social progressiste. En 1804, un jeune Simón Bolivar rencontra Humboldt et les deux discutèrent, selon les mots de Bolivar, "du destin scintillant d'une Amérique du Sud libérée du joug de l'oppression". À peine six ans plus tard, Bolivar mena la révolution vénézuélienne contre les impérialistes. Le mouvement de Bolivar pour la libération américaine s'est finalement étendu à l'Équateur, au Pérou, à la Colombie, au Mexique et à la Bolivie éponyme. Cependant, Humboldt n'a pas seulement parlé franchement de la liberté sud-américaine. Thomas Jefferson était profondément ancré dans le naturalisme. Il croyait au principe de plénitude - que parce que Dieu a tout créé, chaque espèce qui pourrait exister existe et existera pour toujours. Les adeptes de ce principe populaire ne croyaient pas que les espèces avaient disparu. Jefferson lui-même était toujours à la recherche du paresseux géant qui parcourait l'Amérique du Nord au Pléistocène dans les forêts de Virginie. En raison de la présence de Jefferson sur la scène naturaliste, Humboldt a échangé un certain nombre de lettres et de conversations avec lui. Humboldt a exhorté Jefferson à libérer ses esclaves, arguant que l'Amérique était censée être synonyme de libération et de liberté. Humboldt a exprimé un grand attachement aux idéaux des pères fondateurs, mais a écrit que l'esclavage ruinerait tout ce que l'Amérique aurait pu être. Malgré ses origines nationales issues d'un État plutôt conservateur, Humboldt était ouvertement gay. Il n'avait pas de relations publiques avec les femmes et était souvent accompagné de ses partenaires masculins lors d'expéditions dans le désert. Aujourd'hui, de nombreux animaux, lieux, plantes, récompenses et instituts portent le nom de Humboldt. Son influence sur le naturalisme, la science, l'art et la culture était inestimable. Humboldt ne considérait pas l'art et la science comme des opposés et a souvent imprégné son travail scientifique de belles images et d'un langage prosaïque émouvant. Une inspiration pour nous tous.
Ci-dessous, un dessin botanique de Humboldt tiré de son travail à Cuba.
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beatlesonline-blog · 1 year
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charliepaume-e · 2 years
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Étude comparative de la représentation de genre dans Le Bossu de Notre-Dame (1996) et Notre-Dame de Paris (1998)
Un des défis des adaptations réside dans le choix de l'actualisation ou non des représentations genrées et de sociétés lors de la transposition d'un média à un autre si la production originale se trouve éloignée temporairement. On peut prendre pour exemple le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo qui s'est vu beaucoup adapté durant la seconde partie du XXème siècle et dans des médias très différents. L'écart temporel et sociétal des cadres de production des oeuvres justifie à première vue l'adaptation systématique de la représentation de genre des personnages, ou en tout cas une nuance dans le propos de l'oeuvre autour du sujet. Pour autant, une adaptation contemporaine, ou du moins post-bouleversements féministes du XXème siècle, n'assure pas forcément une actualisation dans la représentation des genres. Au travers de l'étude comparative des adaptations de la fin du vingtième siècle du roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris que sont la comédie musicale éponyme de Luc Plamondon produite pour la première fois en 1998, et le film d'animation des studios Disney réalisé par Gary Trousdale et Kirk Wise Le Bossu de Notre-Dame sorti en 1996, nous verrons dans un premier temps comment la féminité se construit par le regard masculin puis dans un second et dernier temps comme la masculinité d'abord incarné de manière unie par trois figures peut être plurielle.
I. Une féminité qui se définit par et dans le regard masculin
Les figures de Fleur-de-Lys et d'Esmeralda semblent être tout d'abord construites en opposition, une opposition qui se retrouve en premier lieu dans le physique dès les descriptions de Victor Hugo. Fleur-de-Lys est présentée comme une jeune femme blonde et à la peau très blanche tandis qu'Esmeralda comme une brune aux grands yeux noirs et à la peau mate. Leurs origines sociales sont aussi aux antipodes. Fleur-de-Lys appartient à la noblesse de Paris, Esmeralda est quant à elle moins qu'une citoyenne étant donné qu'elle appartient à un groupe de gens de voyages. Cette situation la place dans une position sociale marginale, elle n'appartient pas directement au fonctionnement social général et son groupe social s'en trouve marginalisé et stigmatisé, tandis que Fleur-de-Lys est placée dans une catégorie privilégiée. L'opposition se poursuit aussi dans la construction morale des personnages, même si l'asymétrie physique est assez atténuée dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris. On reste sur une dichotomie blonde/brune, mais on peut déplorer l'absence de racisation apparente du personnage d'Esmeralda avec le choix d'Hélène Ségara pour le rôle d'Esmeralda pour le casting originel de 1998. On y conserve néanmoins cette construction en opposition morale et sociale. Cette construction morale se place, comme dans le roman, autour de la sexualisation de ces deux personnages féminins et de leur capacité à se l'approprier.
a)La sexualisation des personnages féminins
Esmeralda est une figure ultra sexuée, sa caractérisation première porte sur son physique et le désir qu'il provoque auprès des personnages du genre opposé. Il s'agit même de la cause du déroulement dramatique de l'intrigue : le déferlement incontrôlé du désir et ses conséquences désastreuses.
Plamondon respecte à la lettre cette base et les textes des chansons soulignent souvent l'apparence physique d'Esmeralda et l'attirance qu'elle provoque. Lors de la première rencontre de Phoebus et d'Esmeralda, le premier qualifie la seconde de «bel oiseau de paradis». L'intérêt qu'il manifeste pour la jeune femme ne prend sa source que dans une contemplation purement physique et exotique de celle-ci. Elle est dès le départ objectifiée, caractérisée par sa position d'exotisme dans le cadre géographique et culturel où elle se trouve. Ce constat se retrouve exprimé avec plus de virulence dans La Sorcière où Frollo qualifie Esmeralda d'«étrangère», «chienne», «chatte de gouttière» en plus de «sorcière». On retrouve aussi régulièrement l'image de l'hirondelle pour désigner le personnage au cours des dialogues chantés et des chansons, Esmeralda l'emploie elle même dans Les oiseaux que l'on met en cage : «J'étais comme une hirondelle». Les paroles appuient aussi sur le fait que le supposé pouvoir de corruption du personnage est lié à son physique, et non pas à la parole ou aux actes : «C'est un péché mortel à regarder/Il faudrait la mettre en cage/Qu'elle ne fasse plus de ravages/Dans les coeurs dans les âmes/Des fidèles de Notre-Dame». L'apogée de la sexualisation du personnage arrive avec la chanson Belle où les trois personnages masculins principaux, Quasimodo, Frollo et Phoebus, regardent simultanément Esmeralda après qu'elle ait donné à boire à Quasimodo condamné à la roue. Le personnage est alors représenté uniquement au travers d'un male gaze, ce qui se traduit par une focalisation sur le physique de l'objet de la chanson. La mention des jupes et de ce qui se trouve dessous revient à chaque couplet avec «sous sa robe de gitane» dans celui de Quasimodo, «jupon aux couleurs de l'arc-en-ciel» pour Phoebus et dans celui de Frollo on parle directement du «jardin d'Esmeralda», image qui vient être soutenu par les «monts et merveilles»3 employés dans le couplet de Phoebus. S'il y aussi les images classiques des «cheveux»3 et des «grands yeux noirs qui vous ensorcellent» comme motifs classiques des traits féminins séducteurs, la focalisation du désir masculin est ici très directe et littérale, il n'y a pas de place pour le doute quant à la nature de l'attirance que provoque le personnage. Elle est même qualifiée de «fille de rien» et de «joie», il y a une véritablement stigmatisation de la sexualité supposée du personnage, quand bien même la supposition semble ne se baser sur aucune donnée factuelle diégétique et est même démentie par Phoebus, « la demoiselle serait-elle encore pucelle ? ». Dans le Disney, ce male gaze se retrouve principalement dans les mouvements de caméra, ce qui n'a rien de surprenant pour un support filmique mais aussi dans le cadre d'une production Disney, comme le rappelle Simon Massei dans son article «Les dessins animés c'est pas la réalité Les longs métrages Disney et leur réception par le jeune public au prisme du genre», page 100 :
Seules les héroïnes voient ainsi leur corps « morcelé » et filmé en gros plan, procédé qui vise essentiellement à souligner leur beauté et la finesse de leurs traits. Les plongées et contre-plongées – ayant respectivement pour effet d’« écraser » et de « grandir » les sujets – semblent également faire l’objet d’un usage différencié selon le sexe des personnages. Sans surprise, les contre-plongées sont majoritairement utilisées pour souligner la carrure ou le dynamisme des personnages masculins – ce type d’angle de vue faisant ressortir les pectoraux, les épaules et la forme de la mâchoire – , tandis que les plongées, souvent éloignées, servent au contraire à « objectifier » les personnages féminins (Mulvey, 1975), ou à en souligner la vulnérabilité physique ou émotionnelle.
On retrouve cette sexualisation jusque dans les costumes du spectacle. Comme le souligne Bianca van Dam dans sa thèse Disney's Fashionable Girls signs and symbols in the costume dress of Disney's female characters, page 12 :
Certain female characters on screen are portrayed through seductive traits such as having a decolleté, being supplied with either magical or physical destructing tools, catching the gaze of the viewer and having hypnotizing features. In Disney the witches, queens, stepmothers and evil women possess this set of traits, as well as all of them are provided with heavy accents of cosmetics, jewelry and often black dress13. Numerous times they also change their outfits in relation to a situation or their expressive mood. This look is usually displayed by a swiftly changing appearance where the wardrobe turns into a synonym for her unreliability14. Sexuality is here displayed as a character trait of the evil, but the princesses show certain symbols of evolving sexuality through their dress as well.
Le changement de costumes des personnages n'a alors rien d'anodin : il s'inscrit comme soutien d'une narrativité et exprime une évolution, ou son absence, de certains personnages féminins. Et ce mécanisme ne se limite pas uniquement aux productions animées de Disney, et peut parfaitement s'étendre à d'autres médias.
Durant le premier acte, Esmeralda porte une robe verte qui, bien que longue et arrivant environ jusqu'aux chevilles d'Hélène Ségara, présente cependant un décolleté assez prononcé et profond et une jupe largement fendue sur la droite qui révèle donc totalement sa jambe. La couleur permet de facilement repérer le personnage sur la scène, elle est d'ailleurs le seul personnage à porter une couleur comme celle-ci et une tenue avec des motifs ainsi que des brillants qui parcourent le tissu.
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Fleur-de-Lys porte en comparaison une robe dans une pâle nuance de rose avec un décolleté bien moins prononcé, bien que la robe soit beaucoup plus proche du corps, probablement parce que taillée dans un tissu plus fin et souple.
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Le second costume d'Esmeralda est une simple robe blanche, elle est bien moins sexualisée. On se rapproche de la figure de martyr avec celle-ci, c'est la tenue d'une condamnée mais aussi ce qui servira de linceul au personnage. Le blanc est ici à la fois la couleur de la pureté, qui souligne l'innocence complète du personnage, et celle de la mort.
Dans le Disney, Esmeralda a une garde-robe composée de trois tenues, la première qu'elle porte durant la majeure partie du film, la seconde durant la scène de la Fête des Fous, et enfin celle de la fin du film après sa capture par Claude Frollo. La première tenue est beaucoup plus colorée que celle proposée par Plamondon, ne serait-ce que sur la quantité de couleurs utilisées. On trouve en effet une chemise blanche qui laisse les épaules avec un léger décolleté mais néanmoins présent. Un corset vert et doré met en valeur la finesse de sa taille qui fait écho aux bijoux dorés qu'elle porte, sa jupe est violette et laisse ses chevilles nues. On note aussi la présence d'une étole sur le bas de la taille, dans un ton un peu plus sombre que le violet de la jupe.
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Cette tenue est moins sexualisée que la robe chez Plamondon, ce qui n'exclut pas une certaine sexualisation. Le corps du personnage est en effet mis en avant, mais c'est bien la seconde tenue qui contribue le plus à cela lors de la scène de danse.
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Le rôle de la robe blanche est le même que dans la comédie musicale : souligner l'innocence d'Esmeralda; mais on perd la dimension de deuil et de mort qu'elle apportait puisque le personnage survit dans la version de Disney. On peut même le voir dans le final comme la marque d'un renouveau, voire comme une robe de mariage symbolique avec Phoebus. Comme le rappelle Bianca van Dam, «Disney always maintains the heterosexual love between a good-looking man and woman which is instant and steadily works out», on n'échappe pas à cela dans Le Bossu de Notre-Dame puisqu'on assiste à la création du couple Phoebus-Esmeralda sur les bases d'une alchimie immédiate et d'une attirance commune qui ne feront que s'affirmer de plus en plus au cours du film.
Le degré sexualisation d'Esmeralda dans l'adaptation de 1996, certainement un des plus élevés et assumés chez une héroïne d'un film d'animation Disney, s'explique par la racisation du personnage, comme le montre Vanessa Matyas, B.A dans Tale as Old as Time, page 16 :
The heroines who are racial minorities, such as Pocahontas or Esmeralda from The Hunch Back of Notre Dame, are depicted as being much more athletic than the white heroines. In addition to the emphasis on these characters’ athleticism, they are also illustrated to emphasize that they have reached sexual maturing (LaCroix 220). This difference in the construction of the characters, along with their costuming in the film, emphasizes the characters of a racial minority to be exotic and sexual.
On conserve la position exotique du personnage qui permet une sexualité supposément plus importante dans un contexte occidental post-colonialisme de diffusion et de production. Avec Plamondon, on ne remet pas en compte cette supposition en ne blâmant pas les personnages masculins de leur obsessivité mais traitant tout sous l'angle d'une fatalité irrévocable : les hommes sont esclaves de leurs pulsions et les femmes des victimes plus ou moins conscientes. Cependant, la situation est plus nuancée dans l'adaptation de 1996. La sexualisation du personnage est toujours présente, comme on a pu le voir au travers de ses costumes. Mais cette fois, le blâme tombe bien sur le personnage masculin obsédé qui diabolise autant qu'il désire la figure féminine, puisque Claude Frollo est construit et présenté irrévocablement comme un antagoniste. Si on ne change en effet rien à la sexualisation du personnage féminin principal, cette dernière est cependant assumée et conscientisée en sous texte par le personnage.
b)La conscientisation de cette sexualisation.
Le personnage d'Esmeralda dans la comédie musicale de Plamondon n'a pas conscience de ce pouvoir d'attraction qu'elle exerce, elle n'a même aucune volonté de provoquer cela. Cet aspect du personnage est d'abord exprimé par Clopin, qui fait ici aussi office de figure paternelle pour le personnage avec la chanson Esmeralda tu sais. Celle-ci sert d'avertissement : «Esmeralda tu sais/Tu n'es plus une enfant», mais cette mise en garde n'atteint pas son objectif dans la mise en scène, puisque le regard de l'actrice se porte toujours sur Phoebus qui se trouve de l'autre côté de la scène avec Fleur-de-Lys. Puis, durant l'acte 2 dans la Visite de Frollo à Esmeralda : «Qu'est ce que je vous ai fait/Pour que vous me haïssiez? [...]/ Mais qu'est-ce que j'ai donc fait/Pour qu'ainsi vous m'aimiez/Moi pauvre gitane/Et vous curé de Notre-Dame», on appuie sur l'inconscience d'Esmeralda. Elle se retrouve ainsi placée dans une position d'innocence, complètement dédouanée de toute responsabilité que l'on pourrait lui imposer. Par ce stratagème, elle évite les reproches que pourrait lui faire le patriarcat, des choses comme «elle l'a bien cherché» ou encore «elle aurait dû s'y attendre». Elle devient une figure d'innocence et de pureté. Jamais elle ne doute qu'on finira par la sauver, que ce soit par l'intervention de Quasimodo ou de Phoebus : «Où es-tu mon Quasimodo ?/Viens me sauver de la corde/Viens écarter mes barreaux» «Phoebus/ Si tu m'entends viens me sauver/ Viens leur crier la vérité». Elle est alors une pure victime des évènements et de la folie humaine, entièrement laissée à la merci de la justice des hommes qui la condamne à mort. On construit une figure de martyr, voire christique, autour du personnage. Pour Frollo dans Belle, elle est à la fois porteuse du «péché originel» et une «fille de joie, une fille de rien» et paradoxalement celle de «la croix du genre humain». Elle se retrouve strictement définie par la dichotomie de la représentation féminine : soit comme une prostituée, soit comme une sainte, et on constate une confusion entre ces deux perceptions dans le discours de Frollo. Phoebus la prend simplement pour une fille de joie, tandis que pour Quasimodo, c'est l'image de la sainte qui domine. La représentation d'Esmeralda au travers des regards masculins se retrouve donc prise dans un spectre de sanctification et de mépris, mais où l'hypersexualisation est une constante. Ce constat est cependant à nuancer dans le cas du film d'animation. En effet, contrairement à la comédie musicale, la sexualisation d'Esmeralda passe principalement par le regard du personnage de Claude Frollo, là où elle est unanime auprès des personnages masculins du spectacle live de 1998.
À première vue, Fleur-de-Lys est donc bien moins sexuée que le personnage d'Esmeralda. S'il y a quelques éléments durant Ces diamants-là avec la mention par Phoebus de son corps offert, sa sexualisation est à son apogée dans la chanson La Monture lors du second acte. La première et principale nuance entre la sexualisation d'Esmeralda et celle de Fleur-de-Lys est l’identité du personnage qui la produit. Esmeralda n'est pas consentante, ni consciente, de sa sexualisation, ce sont les hommes de son entourage qui produisent cela. Fleur-de-Lys, quant à elle, est l'instrument et l'objet de son discours, elle est proactive dans ce domaine.
Ce simple élément contribue à changer drastiquement la perception de ces personnages féminins par le spectateur. Fleur-de-Lys devient détestable, puisque manipulatrice et égoïste. L'opposition se retrouve aussi dans ce qui les rapproche, c’est-à-dire leur désir de Phoebus dans l'unique chanson qu'elles partagent : Il est beau comme le Soleil, ce qui fait d'ailleurs échouer la production au test de Bechdel puisque les deux personnages féminins ne se retrouvent que pour parler d'un homme. On a ici la construction de deux discours féminins autours de la figure aimée sur une structure en miroir. Ils diffèrent non pas sur la forme, mais sur de petites nuances dans le fond en vérité. Toutes deux s'accordent dans une admiration proche de l'idolâtrie pour la personne du soldat, elles chantent à l'unisson «Il est beau comme le soleil/ Ma merveille, mon homme à moi». Cependant, dans chacun de leurs couplets individuels, un portrait différent est dressé du capitaine de la garde. En effet, si la partie d'Esmeralda reste assez homogène avec ce couplet commun puisque l'on reste dans l'idéalisation, celui de Fleur-de-Lys se montre beaucoup plus critique envers le capitaine.
Esmeralda est en quelque sorte l'incarnation d'un fantasme masculin de la femme exotique désirable à l'extrême, mais soumise et impuissante, ce qui lui retire tout potentiel danger. Si elle empoisonne, brise même, la vie des hommes qui l'entourent, ce n'est pas volontairement, mais simplement car ces derniers ne sont pas capables de contrôler leurs pulsions. Esmeralda n'est alors qu'un outil plutôt qu'une cause. Fleur-de-Lys, quant à elle, devient une figure bien plus dangereuse pour la masculinité que représente Phoebus, et donc bien plus détestable. Elle n'est pas dans la soumission et sait se servir des armes qu'on lui donne. Sa jeunesse assumée, quatorze ans si on en croit Ces Diamants-là « Mes quatorze printemps sont à toi», ne constitue plus à la fin du spectacle une donnée rassurante, puisque le personnage est celui qui malgré cela se montre le plus fin, éclairé, et cynique. C'est elle qui décide des actions de Phoebus et donc du dénouement. Ce pouvoir, indirect puisque passant par un homme, est effrayant dans un contexte patriarcal. Même réduit, il est détenu par un personnage féminin qui n'est pas caractérisé par la douceur, la soumission ou la compassion, et encore moins par la maternité même symbolique. On peut alors voir le personnage de Fleur-de-Lys comme une menace en puissance pour le monde masculin, et cela peut certainement expliquer son retrait dans l'histoire.
Dans Le Bossu de Notre Dame, Esmeralda n'est plus une figure passive victime des événements, mais bien un personnage actif qui prend une grande part de l'action et de l'intrigue. Elle sauve régulièrement les deux autres protagonistes masculins, s'oppose directement et publiquement à l'antagoniste masculin. Elle est celle qui s'indigne du traitement de Quasimodo durant la fin de la Fête des Fous et qui crie «Justice !» à Frollo. Elle fait preuve d'une conscience politique et sociale particulièrement développée, et provoque le réveil des consciences de Phoebus et Quasimodo. La dimension christique du personnage est gardée dans la caractérisation du personnage comme altruiste, voir la chanson Les bannis ont droit d'amour où, malgré sa situation désespérée, les pensées de la jeune femme sont tournées vers les autres et un idéal de justice sociale «Protège mon Dieu/ Les malheureux/ Éclaire la misère/ Des coeurs solitaires/ Nulle âme à part moi/ Ne les entendras/Si tu restes sourd/Aux mendiants d'amour/ [...]Je ne désire rien/ Ni gloire, ni bien/ Mais le gueux qui a faim/ Doit mendier son pain/ Entends pour mes frères/ Cette humble prière» tandis que les choeurs sont tournés vers leur individualité : «Je veux de l'or/ Je veux la gloire/ Je veux qu'on honore un jour ma mémoire/ Fais que l'on m'aime Dieu immortel». Cependant, on échappe à la figure de martyr, puisque le cours des événements diégétiques change, tout comme la sexualisation d'Esmeralda passe au second plan. Elle n'est en réalité importante que pour Frollo, qui objectifie et diabolise le personnage au contraire des deux protagonistes masculins. Il ne s'agit plus d'en faire une représentation d'innocence et de candeur victime des hommes, mais une figure forte consciente du monde qui l'entoure. La représentation d'Esmeralda dans le Disney constitue une étape de transition dans la représentation genrée de leurs personnages féminins dans leurs productions animées, mais effectuée avec un peu d'avance. Dans l'article «Gender and Speech in a Disney Princess Movie», page 236, les auteurs rappellent rapidement l'historique schématisé de la représentation genrée chez Disney:
Gender portrayal in Disney movies can be categorized into three main eras.
The first era is the first generation of Disney princess which includes three movies: Snow White and the Seven Dwarves (1938), Cinderella and Sleeping Beauty. The female characters in these movies are Snow White, Cinderella and Aurora. These characters share similar characteristics. They are gentle, soft-spoken, dutiful and beautiful. They also portray the least amount of independence, rely on the male characters to achieve their dreams and have lack of power. The second era is the second generation of Disney princess movies. Although there are some similar traits in the second generation movies with the first generation movies, the characters in the second generation are reinvented by the Disney production. The female characters are more independent, they strive to achieve their dreams, and they show some power or control in their characters. However, the female characters still retain gender stereotype because at the end of the movie, the female characters do not perform final rescue without the involvement of the male characters (England, Descartes, & Melissa, 2011). Some examples of second generation Disney movies are The Little Mermaid (1989), Beauty and the Beast (1991), Pocahontas (1995) and Mulan (1998). The third era of Disney princess movies are the ones presented to the third generation, such as Princess and the Frog (2009), Tangled (2010), Brave (2012) and Frozen (2013). The characters in these movies are Tiana, Rapunzel, Merida, and Anna and Elsa. They are very independent characters, and are not portrayed as being gracious and gentle, unlike the first generation characters. They are brave and pursue their dreams with minimum help from the male characters. They are strong-willed, adventurous and bold.
On note que le personnage d'Esmeralda, bien qu'appartenant techniquement à la seconde ère décrite, présente nombre des caractéristiques de la troisième ère, et ce avec près de vingt ans d'avance.
Dans la comédie musicale de Plamondon, Esmeralda et Fleur-de-Lys sont des figures féminines qui sont principalement définies par leur sexualisation et leur sexualité, elles sont perçues et définies par le regard masculin. La principale différence entre elles n'est alors que la conscience de cette sexualité et leur utilisation, ou non, de cette dernière. On limite la féminité à la dichotomie classique au sein du patriarcat de la sainte et de la pute. Cependant ici les jeux de représentations sont inversés, puisque la représentation sociale et raciale pousserait à définir Fleur-de-Lys comme la sainte et Esmeralda comme la fille de joie. C'est justement cette construction qui permet une si forte sexualisation que l'on retrouve chez le Disney, la diégèse construit l'image inverse des personnages. La figure d'Esmeralda dans le Disney, si toujours sexualisée et avec une intensité plus importante que les autres personnages féminins de la firme qui peut s'expliquer par la racisation du personnage, dresse cependant un portrait plus nuancé d'une féminité qui se montre plurielle et définie sur un spectre plutôt que par une binarité. On peut alors se passer aisément du personnage de Fleur-de-Lys puisqu'Esmeralda peut désormais faire preuve d'astuce, d'intelligence et être consciente de sa sexualité sans être diabolisée ou blâmée. Il y a un décalage dans la représentation genrée de la féminité, puisque Notre-Dame de Paris reste en 1998 sur une représentation datée du XIXeme siècle sans la remettre en question, alors que Le Bossu de Notre-Dame, même s'il réduit le casting féminin, se montre beaucoup plus moderne et progressiste avec une héroïne en avance sur celles de Disney durant cette période.
II.La masculinité triplement incarnée qui devient plurielle
La représentation genrée masculine dans les oeuvres étudiées est elle aussi intéressante à observer en contraste avec celle féminine. En effet, nous avons trois représentants principaux du genre masculin contre deux dans la comédie musicale de Plamondon et un dans le Disney. On remarque que cette fois la masculinité ne se définit jamais par le regard féminin, il n'a pas d'influence sur elle, bien que la réciproque ne soit pas vraie. Pour autant, il semble intéressant d'observer et d'analyser les choix d'adaptations et de représentations personnage par personnage dans ce cas-ci. En effet, il semble que la représentation de la masculinité se fasse au cas par cas et dans la nuance.
a)Phoebus
À première vue, le personnage de Phoebus semble être celui qui connaît le moins de changements dans ses représentations respectives. Dans les deux adaptations, Phoebus reste caractérisé par son physique et sa position sociale de capitaine de la garde : il semble être celui qui se rapproche le plus d'une conception classique de la virilité, telle que définie dans Tale As Old As Time, page 12 :
Masculinity is often depicted in terms of power. Strength and financial control determine the value of the male character, and maleness is constituted by conventional ideas of masculinity. Drinking, fighting and fornicating are considered central to the characterization of masculinity, where physicality and authority are essential attributes [...] Disney has a reputation of designing male characters to fulfill the role as the “alpha-male”, where “alpha-male” stands “for all things stereotypically patriarchal: unquestioned authority, physical power and social dominance, competitiveness for positions of status and leadership, lack of visible or shared emotion, social isolation” (Gillam & Wooden 3).
Pour autant, ces éléments, qui pourraient lui faire prétendre à la position d'«alpha-male» en répondant à la définition de Gillam et Wooden rapportée par Vanessa Matyas B.A, ne constituent pas la caractérisation complète du personnage dans l'adaptation de 1996 alors qu'elles collent bien mieux à celle de 1998. En effet, contrairement à sa version dans la comédie musicale de Plamondon, le personnage voit sa libido être mise au placard. Au contraire, les chansons consacrées au personnage et ses interventions chantées dans Notre-Dame de Paris ne font état que de cela.
Le personnage de Phoebus est en premier lieu défini par Plamondon au travers de sa sexualité, son rôle social de soldat est en réalité très secondaire. Ainsi dans Belle : «Belle Malgré ses grands yeux noirs qui vous ensorcellent/La demoiselle serait-elle encore pucelle?/Quand ses mouvements me font voir monts et merveilles/Sous son jupon aux couleurs de l'arc-en-ciel/Ma dulcinée laissez-moi vous êtes infidèle/Avant de vous avoir menée jusqu'à l'autel/Quel/Est l'homme qui détournerait son regard d'elle/Sous peine d'être changé en statue de sel/Ô Fleur-de-Lys, Je ne suis pas homme de foi/J'irai cueillir la fleur d'amour d'Esmeralda», la focalisation du personnage se centre sur la potentialité sexuelle d'Esmeralda. Comme vu précédemment, il ne la définit qu'au travers de ce prisme. Et cela ne se limite pas au seul personnage d'Esmeralda, la même chose a lieu pour Fleur-de-Lys dans Ces diamants là: «Tout l'or qui dort encore sous le lit de la terre/J'en couvrirai ton corps que tu m'auras offert». Le romantisme se limite à l'attente de l'acte sexuel. Si le mariage, contrairement à Esmeralda, est une composante diégétique sine qua non à la consommation du produit qu'incarne Fleur-de-Lys pour le personnage, c'est une consommation qui est néanmoins planifiée et intégrée mais qui pour autant n'implique pas un mensonge total: «Celui qui t'aimera sera un homme heureux».
Il y a donc bien une absence assumée de sentiment amoureux, on est dans la luxure revendiquée et assumée. De plus, le déchirement moral du personnage, exprimé dans la chanson Déchiré durant l'acte 1, ne provient pas d'un dilemme quant à sa position sociale ou la justesse des ordres qu'il exécute, mais bien de son attirance pour deux femmes. Pour autant, cette chanson n'aura aucune conséquence sur le reste de l'intrigue et le personnage n'est jamais plus défini que par sa luxure et sa lâcheté.
Son rôle de soldat lui confère de manière implicite une force physique, caractéristique de l’«alpha-male». Quand bien même secondaire dans la caractérisation du personnage, cette dimension est bien présente. Elle fait même partie de la figure d'autorité incontestée qu'il incarne, puisque capitaine de la garde de Paris. Phoebus est sur tous les points dans une position de puissance, que ce soit en tant qu’homme consommateur dans un système patriarcal où les femmes sont les objets de consommation, ou que représentant des forces de l'ordre et donc du pouvoir dominant sur la population civile. Phoebus, chez Plamondon, n'émet jamais aucun retour sur ses actions. Il répond aussi sans hésitation à l'autorité de Claude Frollo et ne remet jamais en question ses ordres, même quand ils consistent à aller malmener les bohémiens aux portes de Paris. Il cesse cela uniquement parce qu'il croise le personnage d'Esmeralda qu'il entreprend de séduire.
Le personnage de Phoebus s'inscrit pleinement dans la conception classique du masculin et ne souffre jamais d'aucune conséquence ou remise en question. Il est d'ailleurs le seul personnage masculin à rester en vie lors du dénouement du spectacle, même si son inaction a précipité la fin d'une innocente.
Le Phoebus de Disney a quand à lui une présence bien moindre à l'écran, il n'interprète d'ailleurs aucune chanson. Pour autant, il jouit d'une caractérisation plus nuancée que son homologue chez Plamondon. Si sur le plan physique on reste sur un héros qui apparaît «sous les traits de['un] séduisant[s] guerrier[s] à l’assurance et au courage inébranlables», il faut cependant souligner que le personnage connaît un décalage dans sa représentation physique, avec un tout jeune Patrick Fiori chez Plamondon et un Phoebus présenté comme plus âgé dans son design chez Disney. En effet, si les traits du personnage reste très harmonieux et plaisants, ils demeurent moins fins que ceux de la plupart des personnages masculins servant de romance dans les films Disney. Il est aussi beaucoup moins juvénile dans ses traits, comme le marque sa barbe.
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On constate également un décalage dans le passif qui lui est donné : alors que Plamondon choisit de n'en donner aucun au Phoebus de Notre-Dame de Paris, Trousdale et Wise choisissant eux d'en faire un soldat parti à la guerre depuis vingt ans «On quitte Paris pour deux décennies et on ne reconnaît plus rien». Ce détail permet de justifier l'obéissance de Phoebus aux ordres de Claude Frollo, quand bien même une certaine réticence est marquée dans l'animation des traits du personnage dans un premier temps. Ce n'est pas une absence de conscience ou un égarement moral qui motive son obéissance, mais la crainte de retourner au front, sa position de capitaine de la garde étant une promotion due à ses états de service. Pour autant, dans sa scène d'introduction, le personnage est immédiatement rendu sympathique par la générosité dont il fait preuve : il donne une pièce à un spectacle de rue et ce avant même de voir Esmeralda danser, et il aide à la fuite des bohémiens lorsque la garde intervient en abusant de son pouvoir de façon comique. On construit alors un personnage caractérisé par son sens de l'humour et de la répartie qui se place dans la bienveillance.
S'il incarne une figure d'autorité, il n'hésite cependant pas à prendre des libertés et à s'opposer aux ordres de Claude Frollo lorsqu'il les juge injustes. Il le fait d'abord indirectement, en ne prévenant pas les autres soldats lorsqu'il repère Esmeralda se réfugiant dans la cathédrale, pour ensuite prétendre qu'elle a demandé le droit d'asile devant Frollo pour la protéger; puis frontalement lorsque le juge lui demande de mettre le feu à une maison où il vient d'enfermer toute une famille. Il refuse alors, puis se précipite dans la maison pour sauver les innocents des flammes. Phoebus n'est alors plus une force suivant aveuglément des ordres mais bien une figure de protection des plus faibles, dotée de valeurs, qui n'hésite pas à se détacher complètement de institutions d'autorité pour faire ce qui lui semble juste et ce sans se soucier des conséquences sur sa personne. Il devient un détenteur d'une force physique bienveillante et protectrice, au contraire de celle de l'«alpha-male» qui semble plus être tournée vers la domination.
Quant au rapport au féminin et à la sexualité, si le personnage montre un intérêt flagrant pour Esmeralda dès qu'il la croise pour la première fois dans sa scène d'introduction, et plus encore lors de la scène de la Fête des Fous alors qu'elle entame sa danse : «Claude Frollo : Vous voyez cet écoeurant spectacle ? Phoebus : Oh que oui ! », le physique de celle-ci ne constitue pas son principal intérêt. Il est le premier à remarquer les déguisements et astuces qu'elle emploie pour échapper à la garde. Si l'attraction physique a son rôle dans la romance développée entre lui et Esmeralda, ce n'est pas l'unique élément qui permet sa construction, au contraire de celle dans Notre-Dame de Paris. En effet, le film prend bien toute l'heure et demie qui la compose pour travailler sur cette relation, qui se fonde aussi sur une cohésion intellectuelle. Lors de la scène dans la cathédrale, les échanges verbaux démontrent d'une certaine alchimie qui se crée et qui n'est pas, uniquement du moins, basée sur l'attraction physique. C'est un jeu de répartie et de mots, il y a une admiration et un respect mutuel qui se construisent. Le personnage ne considère plus celui d'Esmeralda comme un objet de consommation, mais bien comme une personne avec qui il convient d'abord d'établir le dialogue sur des valeurs communes et une appréciation de la personnalité.
b)Claude Frollo
Claude Frollo est certainement le personnage à avoir le moins changé entre les deux adaptations. Le principal changement notable réside dans la fonction sociale et politique qu'occupe le personnage. En effet, si dans le roman et la comédie musicale de Plamondon le personnage garde son rôle d'archidiacre de Notre-Dame, le Disney fait le choix d'en faire un juge. Pour autant, ce changement n'influence en rien la représentation de genre, puisque l'on reste alors dans une masculinité qui détient un pouvoir politique. Frollo reste une figure d'autorité liée à la religion. En effet, bien que sa fonction semble en être coupée dans le Bossu de Notre-Dame, le personnage y reste rattaché par son fanatisme religieux dont il se sert pour justifier ses actions : «Le juge Claude Frollo combat le vice et le pêché/ D'un monde corrompu et qui doit être purifié». Il est convaincu de sa vertu et de n'avoir jamais rien à se reprocher, quand bien même il vient de tuer une innocente et s'apprête à jeter un enfant dans un puits : «Frollo : Ce n'est qu'une créature démoniaque que je renvoie à l'enfer auquel elle appartient/ L'archidiacre : Vous qui souillez par les armes et le sang le parvis de Notre-Dame/ Frollo : Elle s'est enfuie, je l'ai poursuivie, je suis innocent./ L'archidiacre :Vous voulez rougir du sang d'un enfant le parvis de Notre-Dame/ Frollo: J'ai la conscience tranquille», «Je clame que mon âme est pure,/De ma vertu j'ai droit d'être fier/[...] Mon coeur a bien plus de droiture,/ Qu'une commune vulgaire foule de traîne-misère». On reste dans une position de pouvoir que le personnage n'hésite pas à exploiter pour remplir ses objectifs personnels, il est certainement celui qui surplombe le plus l'ensemble des personnages sur le plan social. Son autorité est présentée comme incontestée, en particulier chez Plamondon. Dans l'adaptation de 1996, il rencontre la résistance du trio héroïque qui pousse finalement la ville de Paris à se soulever contre lui; pour autant, il a joui auparavant d'au moins vingt années de règne incontesté et a, au cours du film, brûlé la ville. Si la masculinité de Frollo ne se manifeste pas d'un point de vue physique, cela ne l'empêche pas de déborder dans la violence physique et morale qu'est capable de produire le personnage. Celle-ci explose chez Plamondon lorsqu'il poignarde Phoebus, mais chez Disney, cette explosion est plus tardive et spectaculaire lors de la scène de combat final, qui fait ressortir toute la monstruosité du personnage dans un décor dantesque. On peut même dire que la monstruosité du personnage est accentuée dans le Disney, ne serait ce que par la corruption de la figure paternelle que représente le personnage pour Quasimodo. En effet, tout acte de bonté et de générosité dans l'adoption est retiré puisque d'abord il tue la mère de l'enfant, et ne prend ce dernier sous son aile que forcé et contraint. Il est aussi à noter qu'il l'éduque beaucoup moins dans la bienveillance dans la version de 1996 que laisse suggérer les paroles des chansons de Plamondon. On le voit notamment dans Rien qu'un jour conforter Quasimodo dans une position d'insécurité, de dénigrement de lui-même et d'isolement. Frollo n'a rien d'une figure paternelle positive dans l'adaptation de 1996, et c'est un rôle qui est pour le moins très secondaire pour le personnage dans l'adaptation de 1998.
Le rapport au féminin n'évolue pas non plus entre les deux adaptations et on reste sur une construction très classique de la masculinité dans ce domaine : «Masculinity is created through aggression and the objectification of women», Frollo correspond parfaitement à cette définition quelque soit l'adaptation étudiée ici. Ces agressions sont essentiellement verbales dans la comédie musicale de 1998, mais le Disney les rend plus apparentes. En plus de la dimension verbale, on voit Claude Frollo s'en prendre physiquement au personnage d'Esmeralda, on se souviendra particulièrement de la scène où il lui respire les cheveux. Esmeralda n'est jamais qu'un objet de désir inaccessible et diabolisé par le personnage, vue comme un corps à posséder et non comme une personne.
En réalité, les différences du personnage entre le Disney et la comédie musicale se situent majoritairement dans une accentuation des traits composant sa masculinité déjà présents dans le personnage d'origine, sans pour autant les contrebalancer ou présenter le personnage comme un protagoniste ou antihéros à suivre. Il est clairement et indéniablement traité comme un antagoniste, il est un contre modèle qui s'inscrit dans la lignée des antagonistes «hyper virils» de Disney parmi «[l]es contre-modèles qu'incarnent, chacune à sa manière, les méchants et méchantes des opus étudiés. Il semble, pour être plus précis, que la position qu’occupent ces personnages dans le schéma narratif détermine leur degré de virilité, de féminité».
c)Quasimodo
À l'instar de Phoebus, le personnage de Quasimodo n'échappe pas à sa définition par son physique et son statut de sonneur de cloches. Les principales différences se portent sur le rapport à l'extériorité et le désir de reconnaissance, plus subtilement dans le rapport à la figure féminine. La figure de Quasimodo reste toujours une figure de marginal, d'abord par son physique monstrueux qui le met en marge d'une société moyenâgeuse où l'apparence physique est un critère fondamental dans l'intégration sociale. Les deux adaptations font le choix de ne pas minimiser cette caractéristique du personnage : il est difforme et représenté comme tel, que ce soit par le grimage de Garou ou dans le design du personnage chez Disney.
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Ce rapport au physique est important pour le personnage, on le voit notamment dans les chansons de Notre-Dame de Paris Le Pape des fous «Qu'est-ce que ça vous fait/Que je sois si laid ?» et L'enfant trouvé «Moi l'enfant trouvé/ L'enfant rejeté/ Par ceux qui avaient honte/ D'avoir mis au monde/ Un monstre». La question de l'acceptation et du rejet y est centrale, et on la retrouve aussi dans les chansons du Disney Rien qu'un jour «Frollo : Tu es difforme/ Quasimodo : Je suis difforme/ Frollo : Et tu es très laid/ Quasimodo : Et je suis très laid/ Frollo : Ce sont des crimes/Aux yeux des hommes/Qui sont sans pitié». Le regard des autres est central pour le personnage, les marques d'acceptations deviennent donc capitales pour lui. Dans la comédie musicale de Plamondon, c'est d'ailleurs ce qui justifie la fidélité aveugle du personnage envers Frollo : «Toi qui m'as recueilli/ Adopté et nourri/ [...] Je t'appartiens/ De tout mon être/ Comme jamais un chien/ N'a aimé son maître», «Tu me demanderais/ N’importe quoi/ Je le ferais pour toi/ Tout ce que tu voudras/ Tu le sais/ Tout ce que tu voudras/ Je le ferais pour toi». Cette fidélité et adoration se déporte sur Esmeralda par la suite. Quasimodo ne s'inscrit pas dans une masculinité de domination, mais de dévotion, au contraire des deux autres personnages masculins principaux dans le spectacle. Cet écart peut s'expliquer par le fait que le personnage ne se positionne pas dans un référentiel social classique, du fait de son état physique qui le met en marge. Il est dans une posture de dépendance émotionnelle et sociale, puisque sa situation dépend grandement de celle du personnage de Frollo et qu'il lui doit beaucoup. Seulement, il s'agit d'une relation déséquilibrée, Quasimodo faisant beaucoup plus au cours du spectacle que Frollo en fait pour lui, il paie même pour les actes et les décisions de ce dernier. Il en porte toute la faute et jamais Frollo ne prendra sa défense; c'est ainsi qu'on arrive à la scène de la roue qui marque le début du changement d'allégeance du bossu de Frollo à Esmeralda. Ce moment pourrait être pris comme un début d'émancipation de la figure paternelle, et ainsi une affirmation dans une masculinité plus «classique». Pour autant, les actes qui lui permettent de se défaire de l'influence de Frollo ne sont pas efficients ni positifs. En effet, il se montre incapable de protéger et de sauver Esmeralda, et son arc se clôt par le meurtre de Frollo, qui peut se rapprocher d'un parricide, et son suicide lorsqu'il choisit de se laisser mourir auprès du corps de la gitane. Quant à la relation au féminin, et donc au personnage d'Esméralda, c'est d'abord et avant tout sa beauté physique qui importe. En effet, avant même leur première interaction, on remarque déjà que Quasimodo est focalisé sur celle-ci «M'aimeras-tu/ Esmeralda ?/ M'aimeras-tu ?/ Mais tu t'en fous/ Esmeralda/ Oh ! tu t'en fous/ Qu'ils m'aient élu/ Le Pape des Fous» et il n'est jamais fait mention de la générosité ou de l'empathie d'Esmeralda, qui la poussent à venir lui donner à boire lorsqu'il est mis à la roue, mais bien de sa beauté encore une fois « Belle/ Belle» «Ma laideur est une insulte/ À ta beauté insolente/ [...]Moi si laid et toi si belle/ Comment pourrais-tu m'aimer ?» . Esmeralda reste un objet défini par son attraction physique. Si, contrairement à Phoebus, on se trouve plus dans l'adoration que dans la perspective de consommation, il n'en reste pas moins que le personnage n'est jamais perçu que comme une potentielle compagne. De plus, il est important de rappeler que les élans protecteurs d'un personnage à un autre dans le cadre des études de genre peuvent être des expressions d'une domination sous-jacente :
the male character is able to assert his masculinity over the female character by establishing himself as the protector over the weaker gender. By doing so, the male is able to dominate the heterosexual relationship, where he fulfills the primary role as the active patriarch in relation to the passive female that the male will save and/or dominate (Boyd 78)
Ici, Esmeralda n'échappe pas à ce constat. Elle est une chose à posséder quel qu'en soit le prix, et c'est bien Quasimodo qui obtient la possession finale du personnage. Il enlace son corps pour l'éternité : c'est un acte de possessivité qui se fait par la force, en se passant du consentement de la seconde partie concernée puisqu'elle n'est plus capable de la donner. Esmeralda le confirme en ne qualifiant jamais leur relation comme étant romantique, mais bien d'amitié «Amis à la vie à la mort». Bien que différente de celle des autres protagonistes masculins, la masculinité de Quasimodo reste ici défaillante à l'instar de celle de Frollo et Phoebus. Elle ne s'en détache pas réellement, le changement de sociabilité ne suffit pas à influencer pleinement la représentation de genre dans ce cas.
Dans le Disney, Quasimodo s'affirme bien plus comme une figure de masculinité alternative, mais viable cette fois. Il est d'abord à remarquer que sa situation emprunte beaucoup aux codes de représentation de genre des héroïnes Disney, comme le rapport à l'intériorité qui rappelle nombre d'héroïnes des studios «Symboliquement assignées à résidence par les contes puis par les dessins animés». En effet, contrairement à la version de Plamondon, le Quasimodo de Trousdale et Wise se trouve dans une position d'isolation sociale uniquement due à Claude Frollo, qui interdit à Quasimodo toute sortie de la cathédrale. Il est aussi à noter que le personnage est tourné vers des activités artistiques, avec la créations de figurines, plutôt que martiales ou physiques. Ses capacités physiques sont cependant appuyées, comme avec les scènes d'acrobaties sur les toits de la cathédrale ou encore la scène où on le voit soulever Phoebus en armure sans ciller, qui agissent comme des rappels à une représentation plus attendue de la masculinité. Seulement, la représentation de Quasimodo est très éloignée de celle de l'«alpha-male» qui se caractérise aussi par :
“alpha-male” stands “for all things stereotypically patriarchal: unquestioned authority, physical power and social dominance, competitiveness for positions of status and leadership, lack of visible or shared emotion, social isolation” (Gillam & Wooden 3). [...] . Masculinity is continuously defined by “its violence, its isolation, its lack of emotion and its presence”
Ces définitions ne correspondent pas au personnage de Quasimodo tel que construit par Trousdale et Wise. En effet, si le personnage est isolé, ce n'est pas volontairement mais bien par contrainte. Il n'aspire qu'à se mêler à la population et à intégrer la vie sociale de la ville, comme le montrent la chanson Rien qu'un jour et les trois gargouilles, ayant un rôle de comic relief dont le statut diégétique est assez flou, entre pur produit de l'imagination du personnage pour compenser vingt ans de solitude et êtres existant réellement, sans qu'une réponse claire ne soit jamais donnée. Elles représentent dans tous les cas le désir de socialité du personnage et d'ouverture sur le monde contrarié par Claude Frollo. Elles traduisent son émotivité, le personnage est d'ailleurs extrêmement expressif, quand bien même on marque son manque d'assurance dans la première moitié du film, avant qu'il ne commence à agir activement pour sauver les gens qui lui sont chers. Le personnage est aussi caractérisé par son altruisme et sa gentillesse; la première scène qui l'introduit le montre en train d'aider un oisillon à voler. Durant le film, il n'hésite pas à se mettre en danger pour aider Phoebus et Esmeralda, même si cela va à l'encontre de son maître. L'accent n'est pas tant mis sur sa force durant le film, mais bien sur son intelligence tranquille et ses capacités émotionnelles.
Le rapport au féminin se passe d'ailleurs de tout mécanisme de domination ou d'appropriation. Si, à l'instar de Phoebus, le physique d'Esmeralda est un élément qui entre en compte dans l'attirance, c'est bien le reste de sa personnalité qui conduit à charmer Quasimodo, en particulier son altruisme et le respect qu'elle lui montre. Il ne la considère pas en premier lieu comme une potentielle compagne, mais bien comme une amie. Ce sont les gargouilles, à travers la chanson Un gars comme toi, qui lui proposent cette lecture, ouvertement erronée et en décalage avec la réalité. Une fois cette possibilité démentie, il n'y a pas de détérioration dans les rapports qu'entretiennent les personnages : Quasimodo accepte d'aider Esmeralda sans rien attendre d'elle, si ce n'est son amitié. Il n'y a pas d'idée de récompense due dans leurs échanges, et c'est une relation extrêmement saine à voir dans les fictions. Le rapport à Esmeralda ne se situe pas dans l'objectification, elle est vue comme un être humain indépendant et une ouverture sur le monde. On a une inversion des rapports classiques dans les Disney : c'est la figure féminine qui se révèle plus émancipée et porteuse d'enseignements que la masculine. On construit une dynamique relationnelle saine entre Quasimodo et Esmeralda, au contraire de la relation présentée par Plamondon.
On a donc la mise en place d'une masculinité qui emprunte beaucoup à une conception de la féminité chez les Disney, c'est à dire tournée vers l'intériorité, l'émotivité et la quête d'identité et d'acceptation de soi, beaucoup sensible et tournée vers des activités artistiques que Phoebus. Elle se place donc sur un spectre large plutôt que sur un système binaire.
Le trio masculin principal dans la représentation qu'en fait Plamondon ne se distingue pas réellement malgré les différences sociales développées entre ses représentants, ils restent les porteurs d'une masculinité défaillante et toxique qui semble être vue comme une fatalité. Au contraire, les réalisateurs du Bossu de Notre-Dame proposent des masculinités variées et saines, capables de coexister ensemble avec les personnages de Phoebus de Quasimodo, et un modèle de masculinité toxique qui se rapproche beaucoup de celle présentée par Plamondon, qui elle est traitée comme un exemple à ne pas suivre.
Ainsi, nous avons vu que ces deux adaptations produites à seulement deux années d'écart ont fait des choix de représentation des genres extrêmement différents. Notre-Dame de Paris préfère en effet rester très près de la matière de base qu'elle adapte et fait le choix de ne pas influencer la représentation des genres que l'on retrouve dans le roman de Victor Hugo. De l'autre côté, si Trousdale et Wise ne proposent pas une oeuvre parfaite, loin de là, ils font des choix d'adaptations et de réactualisation dans la représentation genrée de leurs personnages sans pour autant s'éloigner complètement du matériau de base. Ce qui est conservé l'est fait avec un sens, que ce soit pour être contrebalancé avec un autre élément inédit, abordé par un angle différent, ou encore accentué pour servir un propos quant à la représentation genrée. Le Bossu de Notre-Dame est ainsi une oeuvre beaucoup plus riche et nuancée dans le traitement qu'il fait du genre que ce que l'étiquette Disney pourrait laisser supposer, tandis que Notre-Dame de Paris reste ancré dans des représentations datées et problématiques.
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rostanoide · 3 years
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Jack London, photographe ?
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Jack London, la chose n'est pas très connue, était aussi photographe.
Ce n'est effectivement pas la première image qui parvienne à l'esprit de tout un chacun à son évocation. On se l'imagine plus communément en trappeur dans une forêt enneigée de l'Alaska ou en marin sur le pont d'un grand voilier, le regard délavé par les embruns. Mais équipé d'appareil-photos, en bandoulière ou vissés à un vieux trépied, non. Il est pourtant fort à parier que ce n'est pas vraiment une surprise. Car son célèbre sens de l'aventure met sur la piste quiconque apprend qu'il pratiquait également cette activité tant cet écrivain paraît avoir mené mille et une vie.
En plus des romans, des recueils de nouvelles, des livres de poésies, des pièces de théâtre et des essais qu'il a écrits et publiés de son vivant, Jack London (1876 - 1916) est aussi l'auteur de 12 000 photographies. C'est ce qu'est venu porter à notre connaissance le livre Jack London photographe lors de sa parution (2013, Phebus). Et c'est ce qu'il continue de faire à partir du moment où ce livre se retrouve dans les mains d'un nouveau lecteur.
Néanmoins, un bon écrivain, qui fait aussi des photos, est-il pour autant un bon photographe? Son talent littéraire est-il, assurément, voire automatiquement, transposable à d'autres disciplines artistiques? C'est justement l'autre but de cet ouvrage à propos de Jack London : tenter de montrer, de démontrer même, toutes les qualités qu'il avait aussi en tant que photographe.
Ses trois signataires et concepteurs - une spécialiste de l’œuvre de l'auteur de Martin Eden (Jeanne Campbell Reesman), la responsable du catalogue Jack London en Californie (Sara S. Hodson) et un chargé de collections photographiques historiques (Philip Adam) -, y sont parvenus dans ce beau livre en sélectionnant les deux cents clichés les plus marquants de ce Fonds. Et surtout en contextualisant le rapport que l'écrivain entretenait avec la photographie. Les nombreux textes rédigés par ces trois auteurs abondent pour résumer, fouiller, analyser tout ce qui a eu trait dans sa vie et dans sa production littéraire à cet art de la reproduction du réel par l'image.
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Nous y faisons connaissance avec la façon dont Jack London a acquis ses premiers rudiments en la matière ; nous avons tout le loisir de comprendre les différentes techniques et le matériel dont il disposait à l'époque (pléthore d’illustrations de tous les appareils qu'il utilisait nous sont proposées) ; de mieux saisir la manière dont l'écrivain, comme pour tout ce qu'il souhaitait aborder (le surf, la culture biologique, la navigation ou la philosophie politique (il a pris part comme socialiste aux débats politiques de son temps)), s'était jeté dans ce nouveau défi avec une implication aussi sincère que minutieuse ; comment la maîtrise du fonctionnement de cet art visuel lui a permis de devenir autonome dans le travail iconographique de ses textes, de ses récits ou de ses combats politiques, plutôt que de s'en remettre à des choix éditoriaux ou de mise en page ne lui correspondant pas.
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Construit en 6 chapitres bien définis, tous liés à des séries homogènes, ce livre amène à concevoir quel rôle de "documents humains" Jack London a attribué à ses photographies. Il permet, sans grand étonnement, d'imaginer à quel point l’utilisation de cet art est intimement liée à ses explorations dans le monde, loin de ses bases d'origine (l'Angleterre, l'Extrême-orient, le Pacifique sud, le Mexique) ; de prendre conscience que les sujets de prédilection sur lesquels il a focalisé la lentille de son objectif sont finalement les mêmes que dans ses textes (la misère sociale, les révoltes, les aventures humaines) ; de comprendre en particulier comment il s'est d'emblée éloigné du regard colonialiste ethnocentré en vogue à l'époque lorsqu’il s'est intéressé à des peuples éloignés de sa propre culture, les aborigènes comme les Amérindiens ; de pointer le sens du petit détail qu'il possédait et qui fait généralement la différence entre une photo intéressante et une photo excellente ; et de donner à voir la diversité des motifs comme des styles qu'il a pu aborder avec un appareil-photo : les paysages, les portraits posés, la photographie de rue, le photo-journalisme ou encore la quête de "l'instant décisif" avant l'heure.
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Les analyses qui parsèment cet ouvrage proposent également des correspondances entre certaines photographies bien précises et des extraits de lettres ou de récits de London, mettant en lumière que les unes étaient un sérieux appui pour les autres, et que ces deux expressions, les mots et les images, allaient chez lui très bien ensemble. Rajoutons qu'il est particulièrement passionnant d'avoir sous les yeux, dans nombre de pages, la preuve évidente et éclatante des liens serrés, resserrés, et surtout vivants, magnifiquement vivants, qui existent entre écriture et photographie.
Concluons en répondant à la question que nous nous posions plus haut : oui, ce n'est certes pas systématique, mais dans le cas de Jack London, un bon écrivain comme il l'était a pu aussi être un bon photographe (surtout quand nous tentons d'imaginer, puisque ce livre Jack London photographe nous y invite à un moment, ce qu'il aurait été capable de faire avec cet art s'il avait vécu plus longtemps - en somme, au-delà des courtes 40 années qu’a duré son existence).
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Cet ouvrage est disponible à l'emprunt au Fonds photo de la médiathèque Edmond Rostand sous la côte PHOTO 2 LOND
B.
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oeild-translation · 3 years
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Volume I, Chapitre 1 (Partie 1)
J'écris cette lettre dans un pays nordique. Les terres enneigées sont des endroits aussi calmes que le cœur de la nuit. Comme il fait si froid, je reste souvent à la maison, ayant grandi en amateur de films et d'histoires fictives. Puissent les images que j'ai imaginées dans mon esprit naviguer dans votre mer de mots.
_ Akatsuki Kana
Prologue
"Poupée de souvenirs automatique". Cela faisait longtemps depuis que ce nom avait provoqué un scandale.
Son créateur, le professeur Orlando était un expert en matière d'automates. Son épouse, Molly, était écrivaine, et tout avait commencé lorsqu'elle avait perdu la vue. Devenue aveugle, elle avait sombré dans une profonde dépression parce qu'elle était incapable d'écrire, ce dont elle avait fait le sens de sa vie, et s'affaiblissait de jour en jour.
Ne supportant pas de la voir ainsi, le professeur construisit la première poupée de souvenirs automatique. C'était une machine qui transcrivait les mots d'une voix humaine - en d'autres termes, qui servait de secrétaire.
Bien qu'il n'ait d'abord eu l'intention d'en faire une uniquement pour sa femme bien-aimée, avec le soutien d'un grand nombre de personnes, cela devint plus tard très célèbre. Désormais, une poupée de souvenirs automatique pouvait être louée pour des prix raisonnables, et des établissements pour les emprunter avaient également été établis.
Le Dramaturge et la Poupée de Souvenirs Automatique
Roswell était une magnifique capitale bucolique entourée de verdure. La ville se situait au pied d'une montagne, cernée par plusieurs autres hauts sommets. Elle représentait l'ensemble du territoire. Cependant, parmi les gens influents, le nom de Roswell était surtout connu pour ses résidences d'étés - autrement dit, ses villas.
Au printemps, les paysages débordaient de fleurs, pour le plaisir des yeux ; en été, beaucoup cherchaient à se reposer près d'une énorme cascade, un site touristique ; en automne, la pluie des feuilles mortes touchait le cœur de chacun ; et l'hiver apportait une quiétude qui rendait tout l'endroit silencieux. Comme le changement de saison était très facile à distinguer, le pays avait plus qu'assez pour divertir les touristes pendant n'importe quel moment de l'année.
Beaucoup de villas avaient été construites reliées à cette ville au pied des montagnes, qui était composée de chalets en bois peints dans une grande variété de couleurs. Des plus petits aux plus grands terrains, le coût de la propriété dans la région constituait une assez grosse somme ; posséder une villa bâtie ici était donc une preuve de richesse en elle-même.
La ville était remplie de boutiques pour les touristes. Durant les week-ends, la rue principale avec ses rangées de magasins devenait bondée, d'agréables mélodies jouées en fond. Avec un tel assortiment de bonnes choses, personne ne pouvait se moquer de l'endroit uniquement parce qu'il se trouvait à la campagne.
La plupart des gens construisaient leurs résidence en ville par commodité, et celui qui construisait sa maison ailleurs était vu comme un excentrique.
La saison actuelle était un automne de cirrocumulus dérivant haut dans le ciel. Loin du pied de la montagne, situé près d'un petit lac assez peu considéré parmi les attractions touristiques de la ville se trouvait un chalet très isolé et peu visible.
Si l'on voyait les choses du bon côté, c'était une maison de style traditionnel, de bon goût, avec des traits remarquables. Mais si l'on devenait exigeant, elle était en piteux état, avec un aspect d'abandon. Au-delà du portail arqué recouvert de peinture blanche délavée, on pouvait trouver un jardin envahi par les mauvaises herbes et les fleurs inconnues, ainsi qu'un mur de briques rouges enraciné dans le sol, qui ne paraissait pas pouvoir un jour être réparé. Les tuiles du toit se fissuraient çà-et-là, ayant probablement été parfaitement alignées dans le passé, mais devenues atrocement ébréchées.
Juste à côté de l'entrée se trouvait une balançoire couverte de lierre enchevêtré, que personne ne pouvait plus faire bouger. C'était un signe qu'il y avait eu jadis un enfant aux alentours, de même qu'un signe qu'il n'y en avait plus. 
Le propriétaire de la maison était un homme d'âge moyen, appelé Oscar. Avec ce nom, il avait fait carrière dans l'écriture en tant que dramaturge. C'était un étrange roux qui portait des lunettes à monture noire très voyantes. Il avait un visage d'enfant, ce qui le faisait paraître plus jeune que son âge réel, même si son dos se voûtait légèrement. En raison de sa sensibilité au froid, il portait toujours un pull-over. Un homme complètement normal, qui ne laissait pas entendre qu'il pouvait être le protagoniste d'une quelconque histoire. 
Oscar avait fait construire la maison non pas comme une villa, mais avec le désir sincère d'y passer sa vie. Pas seulement lui, mais aussi sa femme et sa fille. Il y avait assez d'espace pour eux-trois, mais il n'y avait maintenant personne d'autre que lui. Les deux autres étaient déjà décédées. 
La mort de sa femme avait été causée par une maladie dont le nom était trop long, au point d'être imprononçable. Pour faire simple, elle consistait en la coagulation rapide des vaisseaux sanguins, et en la mort par obstruction. De plus, elle était héréditaire, et lui avait été transmise par son père. 
Comme elle était devenue orpheline à cause du haut taux de morts prématurées dans sa famille, il n'avait seulement découvert la dure vérité concernant son épouse qu'après sa mort. 
“Elle avait peur que, si vous l'aviez su, vous n'auriez pas voulu épouser une femme malade, alors elle l'a gardé secret." Celle qui lui dit ceci était sa meilleure amie. 
Dès l'instant où il avait reçu cette révélation, à ses funérailles, une question avait constamment résonné dans sa tête : "Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?" 
__  Si seulement... elle m'avait parlé de cela, peu importe combien cela aurait coûté... nous aurions pu chercher un remède ensemble, ou y investir n'importe quelle somme de l'argent que nous avions accumulé inutilement. 
Il était évident que la femme d'Oscar ne l'avait pas épousé pour son argent. Il l'avait rencontrée pour la première fois avant de devenir dramaturge, et leurs entrevues avaient lieu dans la bibliothèque qu'il visitait fréquemment. Celui qui l'avait remarquée en premier -la bibliothécaire- était Oscar lui-même. 
__ Je pensais qu'elle était... une magnifique personne. Le coin des nouveaux livres dont elle était en charge ��tait toujours intéressant. Et alors que je tombais amoureux de ces livres, je suis aussi tombé amoureux d'elle. 
"Pourquoi ?"  Cette question avait résonné plusieurs centaines de millions de fois dans sa tête, avant de disparaître dans son esprit. 
La meilleure amie de sa femme était une personne responsable, et alors qu'il avait perdu l'esprit à la mort de son épouse, elle prit énergétiquement soin de lui et de sa fille. Elle préparait des plats chauds pour Oscar, qui, si on le laissait seul, oubliait de manger toute la journée ; et tressait les cheveux de la petite fille qui pleurait et regrettait l'absence de sa mère qui avait l'habitude de le faire. 
Peut-être qu'il y avait eu un peu d'amour unilatéral entre cette femme et lui. Un jour, alors que sa fille était au lit avec une forte fièvre, et avait commencé à vomir à maintes reprises, cette amie l'emmena à l'hôpital. Ce fut elle, avant même son père, qui découvrit en premier qu'elle avait la même maladie que sa mère. 
Ce qui était arrivé par la suite avait progressé lentement, mais aux yeux d'Oscar, cela avait été beaucoup trop rapide. 
Pour que la tragédie qui avait touché sa femme ne se reproduise pas, il  avait compté sur plusieurs médecins de renom. D'un grand hôpital à  l'autre, ils s'étaient inclinés devant de nombreuses personnes, demandant de l'aide et recueillant des renseignements pour tester de nouveaux médicaments. 
Les remèdes et leurs effets secondaires formaient les deux faces d'une même pièce. Sa fille pleurait à chaque fois qu'elle les prenait. Comme il ne pouvait pas détourner les yeux de sa souffrance, ses jours d'attente rongeaient encore plus son cœur déjà corrodé. 
Quels que soient les nouveaux traitements qu'il essayait, la situation ne s'améliorait pas. Finalement, à bout de ressources, le corps médical abandonna et la déclara incurable. 
"Je me demande si ma femme l'appelle de l'autre monde parce qu'elle se sent seule." Comme il s'en est souvenu plus tard, il avait réfléchi à des choses insensées comme celle-ci, encore et encore. Et même s'il l'avait supplié sur sa tombe : "Ne la prend pas avec toi, s'il-te-plaît !", la mort n'a pas de bouche pour répondre. 
Oscar était mentalement acculé ; cependant celle qui s'était effondrée le plus vite était la meilleure amie de sa femme, qui les avaient suivis dans les nombreux hôpitaux jusqu'à présent. Surmenée, à force de surveiller sa fille instable, avant qu'on s'en aperçoive, elle s'était éloignée de l'hôpital, jusqu'à ce qu'ils soient vraiment livrés à eux-mêmes. 
Dû à une routine quotidienne constituée de trop nombreuses prescriptions, les joues de sa fille, qui s’apparentaient jadis à des pétales de roses sur du lait blanc, étaient devenues jaunâtres et atrocement malingres à cause de la perte de poids. Ses cheveux au parfum doux, et qui ressemblaient  auparavant à du miel, étaient rapidement tombés. 
Voir cela lui était insupportable. Il ne pouvait plus endurer ce spectacle. 
Enfin, après ses altercations répétées et stériles avec les médecins, ils s'étaient contentés de n'administrer que des analgésiques à sa fille. Il ne voulait pas que le reste de sa vie déjà si courte soit absorbé par le malheur.
À partir de ce moment, il y eut enfin un peu de paix. Des jours faciles à vivre. Voir le sourire de sa fille pour la première fois depuis longtemps. 
Les quelques moments de bonheur qui leur restaient s'étaient poursuivis.
Le temps avait été merveilleux le jour de sa mort. 
C'était un automne où le décor perdait ses couleurs à chaque instant. Le ciel était clair. Des arbres aux teintes rouges et jaunes pouvait être aperçus depuis les fenêtres de l’hôpital. 
Dans les locaux, il y avait une fontaine construite comme un lieu de détente, et à la surface de son eau, les feuilles tombées des arbres aux alentours flottaient paisiblement. En tombant, elles glissaient et fluctuaient sur l’eau, se rassemblant comme si elles étaient attirées par un aimant. Elles étaient des restes, et étaient devenues encore plus belles malgré leur mort. Sa fille lui avait dit à quel point elle les trouvait « jolies ». 
“Le bleu de l'eau mélangé au jaune des feuilles est très joli. Hé, si je me tenais sur ces feuilles, je me demande si je pourrais traverser la fontaine sans tomber." 
Quelle idée d’enfant. C’était clair que les feuilles allaient perdre contre la gravité et son poids, et que son corps allait tôt ou tard couler dans l'eau. 
Sans la réprimander, Oscar avait répondu en plaisantant : “Si tu avais une ombrelle et que tu utilisais le vent, tu aurais encore plus de chances d'y arriver, hein ?” 
Il avait voulu gâter cet enfant qui ne pouvait plus être sauvé, même si ce n'était qu'un peu. 
“Je te le montrerai un jour, d’accord ? Sur ce lac près de notre maison, Pendant la période de l’automne où les feuilles qui tombent dérivent sur la surface de l’eau. Un jour.” 
En entendant sa réponse, elle avait souri, les yeux brillants.
Un jour, elle le lui montrerait. 
Plus tard, après de multiples quintes de toux, sa fille mourut subitement. Elle n'avait encore que neuf ans. 
Tandis qu’il enserrait son corps sans vie, il avait réalisé combien il était léger. Même pour un cadavre qui n’avait plus d’âme, il était trop léger. Versant de grosses larmes, Oscar s'était interrogé. Avait-elle réellement été en vie ou avait-il simplement fait un long rêve ?
Il avait enterré sa fille dans le même cimetière que sa femme, et était retourné à l’endroit qui avait été un foyer pour eux-trois, reprenant avec réticence sa vie d'avant. Il avait assez de pouvoir économique pour vivre sans rien faire - les scénarios qu’il avait écrit étaient utilisés partout, et, en retour, les économies accumulées de ses paiements faisaient qu’il lui était impossible de mourir de faim. 
Après des années de deuil pour sa fille et sa femme, il fut approché par un collègue de son ancien travail, qui lui demanda s’il pouvait à nouveau écrire un scénario. La requête venait d’une troupe d’élite admirée par tous ceux qui travaillaient dans le théâtre, et pour Oscar, dont il ne restait plus dans l'industrie que le nom, et qui avait tenté d’effacer son existence, un tel travail était un honneur. 
Ses journées n'étaient qu'indolentes, dissolues et pleines de chagrins. Les hommes sont des créatures qui se lassent des choses, incapables de rester triste ou heureux pour toujours. Telle est leur nature. 
Il avait accepté l’offre avec une rétroaction immédiate, décidé à tenir à nouveau son stylo. Cependant, c’était à partir de ce moment que les ennuis avaient commencé. 
Pour échapper à la dure réalité, Oscar s’était transformé en véritable buveur. Cela lui avait aussi servi de remède pour avoir de beaux rêves quand il fumait. Il avait réussi à surmonter l’alcool et les drogues avec l’aide de médecins, mais il lui en restait un tremblement dans ses mains. Que ce soit sur du papier ou avec une machine à écrire, il ne pouvait tout simplement pas correctement progresser dans son écriture. Seule l’envie demeurait dans sa poitrine. 
Il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen de la mettre en mots.
Alors qu'il demandait conseil au collègue qui lui avait fait la proposition, ce dernier lui dit  :
"J'ai quelque chose de bien pour toi. Tu devrais utiliser une poupée de souvenirs automatiques." 
__ Qu’est-ce que cela ?
__ Tu es tellement déconnecté du monde… non, plutôt, ton aliénation est à un niveau inquiétant. Elles sont populaires. De nos jours, tu peux les engager pour un prix considérablement bas. C’est ça ; demandons-en une pour la tester.
__ Une poupée… pourrait m’aider ?
__ Une poupée spéciale le peut."
Oscar décida alors d’utiliser cet outil, dont seul le nom était entré dans ses oreilles. Une "poupée de souvenirs automatique". 
Sa rencontre avec elle était née de là. 
Une femme gravissait le sentier de la montagne. Des rubans rouge-foncé décoraient ses doux cheveux tressés, son corps mince enveloppé dans une robe une pièce à rubans blancs comme la neige. Sa jupe de plis de soie se balançait gracieusement pendant qu’elle marchait, la broche émeraude sur sa poitrine scintillant de mille éclats. La veste qu'elle portait par-dessus sa robe était d'un bleu de Prusse qui renforçait le blanc. Ses longues bottes, portées pour le confort, étaient faites de cuir dont émanait une profonde teinte brun-cacao. Un lourd sac à roulettes en mains, elle franchit fraya la porte en arche blanche de la maison d’Oscar et s'avança. 
Juste au moment où elle entra dans la cour avant de la résidence, une rafale de vent d’automne souffla bruyamment. Les feuilles rouges, jaunes et brunes flottaient et tournaient autour d'elle, comme si elles dansaient. Sans doute à cause des débris de feuilles, jetant un rideau sur ses yeux, son champ de vision fut troublé un instant. 
Elle serra fermement la broche sur sa poitrine, et murmura quelque chose faiblement. Comme sa voix était plus calme que le bruissement des feuilles, elle se fondit dans l'air sans réverbération, et sans que personne ne puisse l'entendre. 
Une fois le vent malicieux calmé, l'atmosphère précautionneuse de tantôt s'en alla on ne sait où, et, en arrivant à l'entrée principale, sans aucun aspect particulier d'hésitation, elle pressa la sonnette de la maison avec son doigt couvert d'un gant noir. Le son grinçant du buzzer résonna comme un cri de l'enfer, et, peu après, la porte s'ouvrit. Le propriétaire de la maison  - la tête rousse d'Oscar - apparut. Peut-être venait-il juste de se réveiller, ou n'avait pas dormi, mais ses vêtements et son visage n'étaient de toutes façons pas dignes d'accueillir un visiteur. 
Lorsqu'il la regarda, il eut une expression légèrement perplexe. Était-ce parce que la tenue qu'elle portait était beaucoup trop étrange ? Ou était-ce parce qu'elle était si magnifique ? 
Quoiqu'il en soit, il déglutit sec un instant. 
"Êtes-vous.... la poupée de souvenirs automatique ?
__ Précisément. Je me presse partout où mes clients pourraient le désirer. Je suis du service des poupées de souvenirs automatiques, Violet Evergarden." 
La jeune femme blonde, aux yeux bleus, et qui possédait une beauté qui semblait être sortie d'un conte de fée répondit avec une voix claire, sans arborer de faux sourire. 
Ladite Violet Evergarden avait une apparence aussi jolie et réservée qu'une vraie poupée. Encadrés de cils dorés, ses iris bleus brillaient comme le fond de l'océan, avec des joues rose-cerise sur une peau blanche de lait, et des lèvres rouges, envoûtantes et lustrées. C'était une femme d'une beauté semblable à la pleine lune, qui ne manquait de rien nulle part. Si elle n'avait pas cligné des yeux, elle se serait transformée en simple objet d'appréciation. 
Oscar n'avait absolument aucune connaissance concernant les poupées de souvenirs automatiques, et avait donc demandé à son ami de s'arranger pour lui. "Elle sera envoyée ici dans quelques jours.", avait-il dit, et après cette attente, elle lui avait effectivement rendu visite. 
__ Je pensais que le facteur m'apporterait une petite poupée robotisée dans un paquet. 
Il n'avait nullement imaginé que ce serait un androïde aussi semblable à un être humain. 
__ A quel point au juste la civilisation a-t-elle évolué pendant que je m'isolais ? 
Oscar était un personnage ignorant du monde en général. Il ne lisait ni journaux, ni magazines, et avait des dispositions sociales limitées. S'il n'avait pas d'amis pour se préoccuper de lui, les gens qu'il verrait se limiteraient probablement au livreur de l'épicerie qui le fournissait. 
Il regretta vite le fait d'avoir demandé un arrangement sans avoir fait de recherches plus approfondies. Le fait d'avoir une personne autre que lui-même... ou quelque chose ressemblant à un être humain dans une maison faite pour trois lui donnait un terrible sentiment de malaise, et d'une certaine manière lui rappelait des choses à l'arrière goût amer. 
__ J'ai comme l'impression de faire quelque chose de terrible à ma famille... 
N'ayant aucune idée des telles pensées d'Oscar, Violet s'assit sur le canapé du salon où elle avait été conduite. Elle sirota parfaitement le thé noir qu'on lui avait offert, il semblait donc que les machines s'étaient développées considérablement dernièrement. 
"Que va-t-il arriver au thé noir que vous venez juste de boire ?" 
Le sentant comme une question, Violet répondit : "Cela va finalement être évacué de mon corps... et retourner à la terre, je présume ?", inclinant légèrement la tête. C'était bien une réponse de poupée mécanique. 
"Pour être honnête...Je suis confus. Hum, parce que vous êtes un peu différente...de ce que j'avais imaginé." 
Violet observa son propre attirail d'un regard, puis ses yeux se posèrent à nouveau sur lui, qui la fixait tout en restant debout plutôt que de s'asseoir avec elle sur une chaise. 
"Y a-t-il quelque chose qui n'est pas conforme à vos espoirs ?
__ Non...plutôt qu''espoirs'...
__ Si le maître veut bien attendre, je pourrais demander à notre compagnie d'envoyer une autre poupée que moi.
__ Non... ce n'est pas ce que je voulais dire... Ce n'est rien... Du moment que vous pouvez faire le travail, c'est bon. Vous n'avez pas l'air bruyante.
__ Si vous l'ordonnez, je peux respirer aussi faiblement que possible.
__ Vous n'avez pas... à aller aussi loin.
__ Je suis venue ici parce que vous, Maître, demandez du secrétariat. Je m’efforcerai de vous plaire afin de ne pas salir le nom des poupées de souvenirs automatiques. Que les outils à ma disposition soient un stylo et du papier ou une machine à écrire, cela ne me dérange pas. S’il vous plaît, utilisez-moi comme vous l’entendez." 
Alors qu'elle disait cela, ses larges yeux bleus semblables à des pierres précieuses le regardant fixement, il hocha la tête avec un "okay", son cœur accélérant un petit peu. 
Sa période d'emprunt était de deux semaines. Dans ce laps de temps, ils devaient finir une histoire à tout prix. Oscar mit de côté ses sentiments, lui montra son bureau et commença à travailler immédiatement. Ou du moins c'est ce qu'il prévoyait, pourtant ce que Violet finit par faire en premier ne fut pas de l'écriture mais du ménage. 
La chambre d'Oscar, chambre et bureau intégrés, était dans un état désastreux. Des vêtements qu'il avait enlevés et une casserole avec de la nourriture à moitié consommée collée gisaient partout sur le sol. En bref, il n'y avait pas l'espace pour ne serait-ce qu'un pied à l'intérieur. 
Violet le regarda silencieusement de ses yeux bleus. "Vous m'avez appelée ici et pourtant, quelle est cette situation ?", semblaient-ils dire. 
"Je suis désolé..." 
Ce n'était certainement pas la chambre d'un travailleur. Il utilisait à peine le salon depuis qu'il était seul, c'est pourquoi il était propre, mais la chambre à coucher, la cuisine, les toilettes et la salle de bain où il entrait et sortait fréquemment étaient tombés dans un triste état. 
C'est une bonne chose que Violet soit une poupée artificielle, pensait-il. De ce qu'il pouvait voir, son âge semblait se situer entre la fin de l'adolescence et le milieu de la vingtaine, et il ne voulait pas montrer quelque chose d'aussi embarrassant à une femme aussi jeune. Même s'il vieillissait, c'était déplorable pour lui en tant qu'homme. 
"Maître, je suis une secrétaire, pas une bonne." 
Malgré cela, elle sortit un tablier blanc à froufrous du sac qu'elle avait apporté avec elle, et rangea tout de son plein gré. Le premier jour s'acheva ainsi. 
Le deuxième jour, les deux s'installèrent dans le bureau et commencèrent tant bien que mal leur travail. Oscar était allongé sur son lit, tandis que Violet était assise sur une chaise, ses mains sur la machine à écrire de son bureau. 
"'Elle...dit'," il parla, et elle écrivit calmement  chaque lettre avec une vitesse terrifiante à touche aveugle. En tournant ses yeux vers elle, il fut étonné. "Plutôt rapide, hein." 
Alors qu'il lui fit ce compliment, Violet enleva un des gants noirs qui dépassait de ses manches et exposa un de ses bras. Il était métallique. Le bout de ses doigts avait une constitution encore plus dure et plus robotisée que le reste de son corps. L’enduit de peinture sur les articulations entre un doigt et un autre était également insuffisant. 
"J'utilise une marque qui fait preuve de pragmatisme. C'est le standard de la compagnie d'Estark, donc mes capacités d'endurance sont élevées, et il m’est possible d’effectuer des mouvements et d'atteindre un niveau de force physique dont un corps humain ne serait pas capable, ce qui rend ces produits plutôt extraordinaires. J'enregistrerai vos mots sans omissions.
__ Ah oui ? Ah, hé, vous ne devez pas écrire ce que je viens de dire. Juste les mots pour le scénario." 
Il continua de dicter. Ils prirent beaucoup de pauses, mais les choses se passèrent bien à partir du premier jour. En effet, il avait le concept de l'histoire en lui. Il ne fut pas coincé avec le texte trop souvent. 
Tout en parlant, il avait réalisé que Violet était une excellente auditrice et secrétaire. Elle lui avait donné une impression de sérénité depuis le début, et cela se montra de façon frappante quand elle se mit en mode de travail. Bien qu'il ne le lui ait pas ordonné, il ne pouvait vraiment pas entendre le son de sa respiration. Tout ce qu'il pouvait distinguer, c'était le claquement de sa frappe. Il pouvait même se sentir comme s'il était celui qui utilisait la machine à écrire s'il fermait les yeux. Chaque fois qu'il demandait jusqu'à quel point elle avait écrit, il était amusant de lui faire lire, car sa voix était tempérée et sa récitation habile. 
N'importe quel texte paraissait comme une histoire solennelle si c'était elle qui la racontait. 
__ Je vois ; bien sûr que cela deviendrait populaire. 
Oscar fut en mesure de témoigner la grandeur des poupées de souvenirs automatiques avec beaucoup d’acuité. Pourtant, si les choses se sont déroulées sans problème jusqu’au troisième jour, une période d’incapacité à écrire quoi que ce soit persista à partir du quatrième. C'était quelque chose de commun parmi les écrivains. Il y avait des moments où on ne pouvait pas trouver les mots justes, en dépit d’avoir déjà décidé du contenu à écrire. 
Grâce à ses nombreuses années d'expérience, il connaissait une méthode de survie pour faire face à ces situations. C'était d'éviter d'écrire. Il avait intériorisé une règle selon laquelle rien de ce qu'il parvenait à écrire en se forçant n'était remarquable. 
Il se sentit désolé pour Violet, mais il dut la laisser dans l'attente. N’ayant plus rien à faire, elle prit sans expression soin du ménage et de la cuisine une fois qu’on le lui a demandé. Elle était probablement équipée à l'origine avec la disposition d'une travailleuse acharnée. 
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé un repas fait par quelqu'un d'autre, encore moins un repas d'où s'échappait de la vapeur chaude. Il avait bien fait des commandes à des services de livraisons, et avait mangé dehors, mais c'était différent de la cuisine qu'un amateur aurait pris du temps et des efforts à faire. 
Une omelette de riz dont les œufs fondaient crémeusement dans sa bouche. Une recette orientale de steak de Hambourg avec du tofu. Un pilaf de premier choix avec des légumes colorés mélangés avec du riz dans une sauce épicée. Un gratin de fruits de mer difficiles à trouver dans un pays entouré de montagnes. En accompagnement, il y avait toujours des salades, des soupes et d’autres choses. Il était un peu ému par tout cela. 
Pendant qu'Oscar mangeait, Violet le regardait simplement, sans mettre quoique ce soit dans sa bouche. Même lorsqu’il lui suggérait de goûter les plats, elle disait : "Je mangerai par moi-même après.", sans céder. 
Il avait confirmé qu'elle était capable d'ingérer des liquides, mais peut-être qu'elle ne pouvait rien consommer de solide. Si c'était le cas, buvait-elle de l'huile ou quelque chose d'autre à son insu ? Alors qu'il essayait de se l'imaginer, une image surréaliste lui vint à l'esprit. 
__ Il serait toujours possible de manger ensemble. 
Il y pensa seulement, et ne le dit jamais à voix haute, mais il finit par le souhaiter. 
Elle était complètement différente de sa femme, mais il sentait que quelque chose lui ressemblait dans sa silhouette de dos pendant qu'elle cuisinait. Pour une raison quelconque, la regarder fit remonter en lui un chagrin excessif, et le coin de ses yeux devint chaud. Il ne comprit alors que trop bien ce qu'impliquait de laisser un étranger entrer ainsi dans sa routine. 
__ Je mène une vie bien solitaire en ce moment.
L'exaltation d'accueillir Violet sur le pas de la porte alors qu'elle revenait d'une course. Le soulagement de ne plus être seul désormais, qu'il sentirait en s'endormant le soir. Le fait qu'elle serait là quand il ouvrirait les yeux, sans qu'il fasse quoique ce soit. Tout cela le rendit bien conscient de l'ampleur de sa solitude. 
Il avait de l'argent, et aucun problèmes dans ses affaires quotidiennes. Cependant, plutôt que d'entretenir sa vie, cela ne servait que de protection pour empêcher son cœur de s'endurcir encore plus. Cela ne garantissait pas qu'il guérisse de ses blessures. 
Bien qu'il ne connaisse pas si bien son tempérament, il avait quelqu'un à ses côtés, qui était immédiatement à proximité chaque fois qu'il se réveillait, comme d’habitude. Cela pénétrait son cœur, qui à la longue s'était fermé, de s'être isolé si longtemps. 
L'arrivée de Violet dans sa vie était comme des rides à la surface d'une eau. Un petit désordre qui était arrivé sur un lac dépourvu de vagues. La seule chose qui avait été jetée dedans était un galet inorganique, mais pour une vie aussi fade que la sienne, cela avait apporté du changement sur ce lac sans vent. Ce changement avait-il été bon ou mauvais ? S'il devait le dire, il choisirait probablement "bon". 
Au moins, les larmes qui débordaient de la tristesse qu'il ressentait à chaque fois qu'elle était là étaient bien plus chaudes que toutes celles qu'il avait versées jusqu'alors.
Suite (Partie 2)
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claudehenrion · 3 years
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Complots, complotisme, complotistes... et autres idées''à la con'' - ( II ) : qui sont-ils ?
 Après avoir défini comme ils doivent l'être les mots qui sont si mal utilisés par tous les cuistres qui ont réussi à se propulser aux premiers rangs, nous posions hier les deux questions qui restent à l'heure actuelle encore sans la moindre réponse : ''qui sont ces hommes dont le comportement donne à certains l'envie de se dire qu'ils ne sont pas uniquement ''blanc-bleu'' ?  Et que faut-il penser, dans cette hypothèse, du comportement de ceux qui refusent jusqu'aux droits les plus élémentaires, comme penser ou s'exprimer... sans être immédiatement contredit et ridiculisé, voire brisé dans sa carrière ou interné dans un hôpital psychiatrique pour délit de ''pensée divergente'', par système et par LE système, qui surréagit si violemment à ce qui n'est, au fond, qu'une idée, même si elle peut être démangeante ou dérangeante ?
  Reprenons le cours de notre récit. Dans la ''complo-sphère'', il circule des noms de gens qui auraient eu des comportements ou fait des déclarations qui laisseraient imaginer que ''ils'' avaient des idées inavouables derrière la tête. En fait, cela fait plusieurs années que, dans la mouvance de ces fortunes monstrueuses gagnées en très peu d'années à la suite de réels coups de génie soutenus par des stratégies ''marketing'' irréprochables (du point de vue technique, s'entend), de très nombreux ouvrages et encore plus de conférences ont raconté leur recherche effrénée d'un homme ''augmenté'' (sic !) qui deviendrait quelque peu éternel --et je pense, en écrivant ces mots, aux prophètes du ''transhumanisme''. En France, la vedette incontestée de ce nouveau genre de Science-fiction qui n’est pas éloignée, pour certains, de la quête d'un Graal désanctifié, est le très contesté Laurent Alexandre.
  Cet écrivain-conférencier prolixe (qui se croit prolifique) avait surpris tout le monde en annonçant, dans ''La mort de la mort'' (Ed. Lattès) : ''le premier homme qui vivra 1000 ans est déjà né'', et de  manière inexplicable, cette affirmation était passée comme lettre à la poste. De lui aussi est ce commentaire (dans le magazine ''Capital'') : ''Les dirigeants de Google veulent changer le monde et l'humanité. En quelques années, ils ont racheté ou créé un grand nombre de sociétés du secteur des ''NBIC'' (acronyme pour nano technologies, biotechnologies, sciences du cerveau et intelligence artificielle) et ils ont débauché des hauts responsables de haut vol dans les plus grands laboratoires (par exemple chez F Hoffman-La Roche), de spécialistes du vieillissement ou Ray Kurzweil, un des chefs de file du courant transhumaniste, avec l'ambition d'allonger l'espérance de vie de vingt ans à l'horizon 2035, dans un premier temps''. S'il y a une once de sérieux dans toutes ces affirmations, c’est une immense révolution anthropologique et philosophique : d'ici 2035, nous ne nous rapprocherions pratiquement pas de notre mort !
  Seul ennui, on découvre au fil et à mesure de ses confidences que la plupart des grands patrons de ces entreprises-monde, dont la plupart sont plus grandes et plus riches que la plupart des pays, sont tellement grisés par leur ascension, leur pouvoir, leur richesse, leur réussite, qu'ils en sont arrivés à se vouloir éternels : ''je suis si riche (ou si fort) que la mort n'est plus pour moi..'', cachant mal, derrière cette provocation, leur trouille puérile devant la mort ! En revanche, aucun ne se cache (Bill Gates et Elon Musk, récemment encore) de ''vouloir changer le monde. Et l'Homme'', comme si le fait d'avoir fait fortune faisait d'eux des experts dans tous les domaines de l'activité humaine. Ils sont d'ailleurs rejoints dans cette volonté par des gens qui croient avoir de bonnes raisons de détester le monde tel qu'il est, et par des dictateurs qui croient ainsi pérenniser leur pouvoir (on pense à Xi-JinPing). Pour en revenir à notre sujet, comment éviter que les citoyens ne pensent : ''ces hommes sont prêts à tout pour détruire le monde qui a fait d'eux ce qu'ils sont, et pour reconstruire un autre monde à l'image de ce qu'ils racontent par ailleurs'' ? Le ‘’complotisme’’ devient alors une obligation !
  Alors... quand une pandémie inexplicable et inimaginable est annoncée, et avec une précision parfaite, par Bill Gates le tout premier, dès 2015... quand le premier labo à annoncer un vaccin est la société  ''Moderna Therapeutics'' qui est comme par hasard dans l'escarcelle de sa femme Melinda... quand il dit que son objectif est de vacciner l’ensemble de la planète (il parle de ‘‘entre 7 et 15 milliards de doses'' --à 25 ou 40 US $ l'une, cela suffit à expliquer la campagne acharnée contre tout remède de moins de 5 € la boite !)... quand il verse chaque année à l'OMS (qui a été si peu ''claire'' dans la gestion de la pandémie) plus que -par exemple-- la France... mais aussi quand on se souvient que l'homme qui se présente aujourd'hui comme le plus grand mécène de l'histoire jouit d'une réputation de requin (certains disent : escroc à scandales –et condamnations-- à propos de ''Windows'' et ''Internet Explorer'' entre autres), ou encore que lui et ses homologues ont ''acheté'', à peu de choses près, la terre entière (y compris ''Lancet'' et tant d’autres gens !)... on se dit qu'il n'est pas prudent de faire semblant de ne pas comprendre les ''complotistes'' qui mettent en garde contre un risque possible de cataclysme de taille ‘’XXL’’...
  La première des deux questions posées mérite une réponse qui recommande la plus grande prudence et une circonspection de chaque seconde. La seconde devient par contre-coup plus ''sensible'' : seuls des gens à qui pourrait profiter le crime (s'il est avéré) ont intérêt à tuer toute velléité de parler de ce sujet tabou. Compte tenu de l'atmosphère délétère qui règne dans notre pays autour de ce faux problème, je préfère me tenir à distance, ne me sentant pas la moindre appétence pour les asiles psychiatriques, pour les moqueries grinçantes des lamentables ''humoristes'' qui font fortune sur le PAF (et qui arrivent à ne jamais faire rire qui que ce soit !) ou... pour que  Tumblr censure ce blog qui me donne la joie sans cesse renouvelée d'être en contact avec vous tous qui comptez tant pour moi. Je préfère laisser à chacun le soin de conclure. A titre personnel je me sens plus proche des complotistes que des ''politiquement corrects'' et, de manière plus générale, des terrorisés que des terroriseurs –pour lesquels je n'éprouve aucune sympathie-- mais pas au point de faire un ''abcès de fixation’', ce que je laisse à qui en a envie !
  Pour finir sur une note au dessus de tout soupçon je vais me retrancher derrière Tocqueville qui avait anticipé cette situation, aussi :  ”J'essaie d'imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs… Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense… Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent… Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité… jusqu'à leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre, s'il le peut”. C'est très beau et encore plus vrai. Il n'y a rien à ajouter.
H-Cl.
PS. : Et pourtant, je vais ajouter quelque chose !  (a)- Un appel à témoin pour de fausses déclarations de covid est en cours. Merci d’écrire au Dr Claire Gallon, [email protected] . (b)- Un appel à témoignage pour des personnes qui ont été ''étiquetées'' Covid alors que la cause de leur décès était autre (soignants, médecins et familles) est aussi en cours. Merci d'écrire au Dr Jean-François Lesgards, [email protected])
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from Lorenzo Mattotti’s Lettres d’Un Temps Éloigné
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mika-yan · 3 years
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One shot sur Chuuya de Bungou stray dogs ! Bonne lecture ! ❤️
♡︎ 𝚃𝚞 𝚎𝚜 𝚖𝚊 𝚕𝚞𝚖𝚒𝚎́𝚛𝚎 ♡︎
La lumière était la seule chose que tu cherchais depuis des années.
Cet objectif était si simple, dit de ces mots, mais seul ceux qui avaient dû la recherché savaient la complicité que cela révélait en fait.
Ton enfance n'était que sang, cris, cauchemar, et tant d'autre mot horrible et traumatisant. Ton pouvoir, la terrible Rage de sang était quelques choses que personne, ni même toi, pouvait gérer. Voir ta bête tuer, abattre, exécuté, empoisonnée, ou encore même étrangler, tes amis, ta famille, ou encore tes seuls soutiens, c'était ce qui t'était arriver. La seule personne qui avait réussit à calmer ta bête n'était autre que Dazai. Cet homme n'était qu'un enfant quand il t'avait rencontrer. Cependant, même avec son jeune âge, il avait réussit à abaisser la bête qui était en toi.
Depuis ce jour, ta dette envers la mafia était ta pire peur. Travaillée, tuer, aider le mauvais côté, et soutenir la vision de Mori, c'était un peu sa, ton quotidien. Quel cauchemar était pire ? Le sang de tes êtres aimant, ou être le pantin d'une mafia horrible ? Même toi, ne pouvait pas répondre à cette question.
Pendant toutes les années où tu as travailler dans la mafia, seul Chuuya avait réussit à te faire voir la lumière que fesait tes êtres proches, quelques années avant leurs morts. Chuuya était une source de bonheur inépuisable, il te rendait... Vivante ! Cependant, ce bonheur ne pouvait PAS durer. Quand Dazai est parti de la mafia, Chuuya était plein de haine envers lui. Et toi... Tu ne pouvais pas en vouloir à Dazai. Cet homme t'avait aider, à l'époque. Et encore la veille de son départ, il t'avait tendu la main, te disant les mots que tu ne pensais jamais entendre.
"Pourquoi ne veux-tu pas partir avec moi ?"
Dazai était aussi comme Chuuya... Sauf que lui, il te fesait voir la vérité, la liberté et l'empathie. Quand Dazai est parti, ton seul reflex a été de déposer un mot dans la chambre de Chuuya, lui disant tout ce que tu pensais, avant de partir définitivement, pour prendre la seule main qu'on t'avait tendu dans ta vie.
"Au moment où tu liras cette lettre, Chuuya, je serai déjà parti loin.
Tu vas sûrement me détester, comme Dazai, mais tu me connais mieu que quiconque...
Tu sais très bien que la liberté est mon rêve d'enfant, et je dois le réaliser, c'est toi-même qui me l'avait dit étant ivre...
Prendre la main que me tend Dazai n'est peut-être pas une bonne idée... Après tout, Mori voudra sûrement se venger de cette trahison, surtout de moi, un membre important et soi-disant puissant...
Mais... Je pense que tu avais raison.
Ce n'est pas moi qui suis puissante, forte et dangereuse, c'est la rage de sang elle-même qui l'est !
Je suis sûrement lâche de ne pas te dire ces mots en face, mais tu ne penses pas que c'est mieu ?
Nous deviendrons des ennemis bientôt...
Et je ne veux pas. Je ne veux pas que tu me détestes.
Je suis en chemin pour l'agence ! Au revoir Chuuya. J'espère que la prochaine fois que nous nous reverrons, sera le jour où je te rendrais la pareil pour m'avoir éclairer dans ce monde sombre qu'est la mafia !
(t/p)"
C'était la dernière lettre que tu avais donner à Chuuya.
Contrairement à ce que tu pensais, il ne l'avait pas jeter en criant de rage, mais il l'avait garder, un sourire triste sur ses lèvres.
Du côté du mafieux, il ne pouvait pas t'en vouloir. Même si il était triste, déçu et en colère que tu sois parti, il était à la fois heureux que tu partes enfin de cet endroit qui te fesait tant souffrir. Même si quitter cet endroit signifiait le quitter pour partir avec Dazai. Depuis ce jour, il fesait semblant d'aller bien, mais tu lui manquais. Il s'était surprit à espérer voir Dazai avec toi, il en était arriver là... Juste pour te voir, toi.
Aujourd'hui était une belle journée. Dazai et toi étiez encore entrain de rigolez pendant que vous vous soûlez dans un bar.
"Dazai, si Kunikida sait que tu m'as emmener dans un bar or que tu devais travailler, t'es au courant que tu vas mourir ?" Dis-tu en riant pendant que ton collègue était simplement entrain de commander un verre pour vous.
"(t/p)-Chan c'est sérieux ! Je t'emmène voir ton âme sœur !" Dit Dazai avec son air idiot que tu connaissais que trop bien désormais.
"Mon âme sœur ? Désoler de te décevoir le suicidaire mais j'ai pas de sœur."
À peine dit ces mots que tu entendis la sonnette du bar sonner, signifiant que quelqu'un était rentrer. Ne fesant pas attention à l'inconnu, tu continuais de discuter avec Dazai, tout en parlant avec le barman qui était un ami. L'inconnu qui était rentrer s'était assit à côté de toi, mais vous vous n'étiez même pas regardez. Seulement, les chaises étant un peu éloigné, tu n'entendais pas l'inconnue prendre commande car Dazai te parlait. Sa commande était... Familière. Le vin qu'il avait prit, c'était ton préféré à toi et Chuuya, dans le bon vieux temps.
Étant soudainement nostalgique, tu pris la même boisson, avec un air enfantin au visage.
"Dazaiiiii merci de m'avoir emmener ici, je vais grave à toi, rêvez de mon beau prince charmant en sirotant du vin ! ~" Le barman rigola, sachant d'avance qu'elle était la commande.
La soirée se passa convenablement. Dazai sorti un moment pour téléphoner. Tu t'ennuiyais pas mal sans lui, alors tu décidas de prendre un verre, cependant, en prenant son verre, tu remarquas que l'autre personne était affalé sur le comptoir. En voyant enfin les cheveux de la personne, tu te rendis compte que c'était... Chuuya.
Avec un sourire dit romantique, tu t'approchas de lui, sans pour autant qu'il relève la tête.
Prenant ta meilleure voix, tu crias toute heureuse :
"SALUTTTTT SA FAIT LONGTEMPS ~" Chuuya sursauta et se retourna vers toi. Ses yeux qui étaient énerver sont vite passé à une autre émotion, la joie et la tristesse à la fois.
Il était là, figer à te regarder.
"Bah quoi, t'es pas content de me voir ?" Dis-tu avec un sourire idiot coller au visage.
Étant tous les deux ivres, la soirée était vite parti en n'importe quoi... Quand Dazai était revenu, Chuuya était littéralement coller à toi pendant que tu te marrais. Vous avez donc passer la soirée à trois, cependant, au moment de rentré tu étais encore ivre et Chuuya non, alors il a décider de t'accompagner chez toi, tout en mettant un mot dans ta poche avec son numéro.
Dazai avait un sourire quand vous partez, cependant, dès que votre dos étaient loin, il prit un air sérieux.
Voir celle qu'il aimait partir, c'était une autre douleur qu'il allait devoir surpassée. Après tout, tu ne seras jamais intéressé par celui que tu considéres comme ton ami...
Ton réveillé avait été difficile, mais au bout d'un moment, tu avais réussis à ouvrir les yeux malgré ta gueule de bois qui te disait qu'une chose ; DORS ! Te levant de ton canapé, tu remarquas que tu portais encore le menteau de la veille. Dazai avait dû te raccompagner... Bizzarement, un souvenir t'était disparu, mais il semblait important. Un papier tomba d'une de tes poches, tu le ramassas t'attendant à une blague de Dazai mais... C'était autre chose.
Le numéro de quelqu'un, avec la signature de Chuuya...
D'un coup tous les souvenirs te revenu, et tu crias comme une imbécile de joie. Lisant la suite du mot, tu crias encore une fois en lâchant le mot.
Ton amour et ta lumière, tu allais la revoir, et aujourd'hui...
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yes-bernie-stuff · 4 years
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l’Évangile au Quotidien
« Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » Jn 6, 68 Mercredi 26 Août Deuxième lettre de Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3,6-10.16-18. Frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, nous vous ordonnons d’éviter tout frère qui mène une vie désordonnée et ne suit pas la tradition que vous avez reçue de nous.Vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée ;et le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous.Bien sûr, nous avons le droit d’être à charge, mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter.Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus.Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix, en tout temps et de toute manière. Que le Seigneur soit avec vous tous.La salutation est de ma main à moi, Paul. Je signe de cette façon toutes mes lettres, c’est mon écriture.Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous. Psaume 128(127),1-2.4.5b. Heureux qui craint le Seigneuret marche selon ses voies !Tu te nourriras du travail de tes mains :Heureux es-tu ! À toi, le bonheur ! Voilà comment sera bénil'homme qui craint le Seigneur.De Sion, que le Seigneur te bénisse !Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie. Évangile de Jésus-Christ selon Matthieu 23,27-32. En ce temps-là, Jésus disait :« Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures.C’est ainsi que vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes, vous décorez les tombeaux des justes,et vous dites : “Si nous avions vécu à l’époque de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des prophètes.”Ainsi, vous témoignez contre vous-mêmes : vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes.Vous donc, mettez le comble à la mesure de vos pères ! » - © AELF, Paris Le Christ appelle tous les hommes à s’ouvrir au pardon de Dieu Vous pourriez me dire : l'Église est formée de pécheurs, nous le voyons chaque jour. Et cela est vrai, nous sommes une Église de pécheurs ; et nous, pécheurs, sommes appelés à nous laisser transformer, renouveler, sanctifier par Dieu. Certains au cours de l'histoire ont été tentés d'affirmer : l'Église est seulement l'Église des purs, de ceux qui vivent de façon totalement cohérente, et les autres en sont exclus. Ce n'est pas vrai ! C'est une hérésie ! L'Église, qui est sainte, ne rejette pas les pécheurs ; elle ne nous rejette pas. Elle ne rejette pas parce qu'elle appelle chacun de nous, elle nous accueille, elle est ouverte aussi à ceux qui sont le plus éloignés. Elle nous appelle tous à nous laisser envelopper par la miséricorde, par la tendresse et par le pardon du Père, qui offre à tous la possibilité de le rencontrer, de marcher vers la sainteté. (...)Dans l'Église, le Dieu que nous rencontrons n'est pas un juge impitoyable, mais il est comme le père de la parabole évangélique (Lc 15,11s). Tu peux être comme le fils qui a quitté la maison, qui a touché le fond de l'éloignement de Dieu. Lorsque tu as la force de dire : je veux rentrer à la maison, tu trouveras la porte ouverte. Dieu vient à ta rencontre parce qu'il t'attend toujours. Dieu t'attend toujours, Dieu te prend dans ses bras, il t'embrasse, et se réjouit. Ainsi est le Seigneur, ainsi est la tendresse de notre Père qui est aux cieux.Le Seigneur veut que nous fassions partie d'une Église qui sait ouvrir ses bras pour accueillir tout le monde, qui n'est pas la maison d'un petit nombre, mais la maison de tous, où tous puissent être renouvelés, transformés, sanctifiés par son amour, les plus forts et les plus faibles, les pécheurs, les indifférents, ceux qui se sentent découragés et perdus.
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christophe76460 · 2 years
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Les soucis de la vie et les derniers jours
(...) mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse (Matthieu 13:22).
Les gens peuvent être tellement absorbés par leur vie et leur situation qu'ils ne comprennent pas vraiment ce qui se passe dans le monde et où nous en sommes actuellement. Les soucis et les tracas de la vie, les inquiétudes et la poursuite de biens matériels, toutes ces choses mettent un frein à la compréhension des choses de Dieu et au discernement spirituel. Un des signes des temps est que toute la Terre soit évangélisée, et nous y sommes (Matthieu 24:14).
Le temps de l'insouciance est révolu. Il ne nous reste que peu de temps.
Ma prière est que les gens (à commencer par moi-même) comprennent qu'ils doivent mettre de l'ordre dans leur vie spirituelle et qu'ils doivent se soumettre complètement à la volonté de Dieu. Nous devons sortir des mauvaises manières et des mentalités dans lesquelles le monde nous a piégés et nous devons abandonner nos vies à ce que notre Créateur désire et exige de nous, dans une purification totale de notre intelligence. Hébreux 10:21-22 le dira de cette manière : "Puisque nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure". Il est question ici du corps spirituel; de la repentance et de nous immerger dans la présence de Christ, afin de marcher d'une manière pure et sainte au milieu d'un monde impie et rebelle à Dieu (Philippiens 2:15). Il s'agit de ne rien garder en nous qui ne soit pas conforme avec la sainteté de Dieu. L'apôtre Paul dira : "Soyez sages en ce qui concerne le bien et purs en ce qui concerne le mal (Romains 16:19). Il ajoutera dans sa lettre aux Philippiens : "Ce que je demande dans mes prières, c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures, afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu (Philippiens 1:9-11).
Cela va devenir impossible à dire dans des temps futurs, car ils accuseront ceux qui le disent d'être des diviseurs et des haineux, mais le seul chemin vers le ciel est par Jésus-Christ, Sauveur crucifié. Il n'en existe pas d'autre. C'est par le seul mérite de Son sang que nous sommes sauvés. Il s'est offert Lui-même comme sacrifice expiatoire pour nos péchés, afin de nous donner de l'espérance ici-bas et la vie éternelle en Sa présence. Il est notre arche de salut personnel qui nous protègera du jugement à venir. La porte est encore ouverte, entrons avant qu'elle ne se ferme! Il a subi le jugement pour nos péchés; ne négligeons pas un si grand salut! L'auteur de la lettre aux Hébreux pose cette question : "Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut"? Ne restons pas en dehors, ne méprisons pas le sacrifice du Christ en restant éloigné de Lui. Rien ne l'obligeait à quitter la gloire du Père pour descendre sur Terre et s'offrir en sacrifice pour le salut de nos âmes. C'est par amour qu'Il l'a fait. Un amour si grand que tout ce qui nous tenait sous l'esclavage du péché et nous empêchait de marcher en règle avec Dieu a été effacé en un instant, pour quiconque croit en Lui pour obtenir le pardon de ses péchés.
Désormais, quiconque prétend croire en la mort et la résurrection de Jésus et est sauvé par grâce doit savoir ce que l'Esprit dit aux églises (Apocalypse 2 et 3) et l'appliquer à sa vie. Pas demain, mais aujourd'hui, maintenant! Nous sommes dans les derniers jours et si nous aimons Jésus, nous devons mettre notre orgueil et notre ego de côté et nous soumettre à Lui. Nous devons lui permettre de nous corriger. Il a parlé aux églises, Il les a exhortées, et aujourd'hui, si nous sommes sincères dans notre marche chrétienne, nous entendrons exactement ce qu'Il a à nous dire et c'est avec joie que nous nous laisserons corriger, transformer et préparer par Lui pour une vie donnant toute la gloire de Dieu.
N'attendez pas d'être parfaits ou digne de recevoir Jésus en vous. Personne n'en est digne! Dans la parabole du semeur, Jésus ne dit nulle part que la bonne terre qui produisit du fruit était parfaite. Elle pouvait avoir aussi un peu de pierre et d'épines, parce que la nature humaine est faible, mais rien de tout cela ne l'a dominée et fût capable de l'empêcher de produire du fruit, parce que "celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ (Philippiens 1:6).
Que toute la gloire soit rendue à Dieu seul, Amen.
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detlefkieffer · 4 years
Text
Le Chemin et l’Orage
Détlef Kieffer
Le Chemin et l’Orage
Composition acousmatique
d’après
Le Valet Noir 
de
Marc Chaudeur
édition pierres sonores
Détlef Kieffer, Le Chemin et l’Orage
La composition de Détlef Kieffer, Le Chemin et l’Orage, constitue une impressionnante traduction musicale, très subjective et amplifiante, de mon essai, Le Valet noir, paru en 2015. Le Chemin en l’Orage est très fidèle au texte, qu’elle reprend en grande partie. Elle se saisit, et de quelle superbe façon, de l’essence terrible et cosmique de certain combat de l’Homme pour survivre et vivre dans son monde, grâce surtout à la poésie, qu’elle soit mystique ou tragique. En l’occurrence, dans cette moelleuse et épineuse Alsace…
Mais Le Valet Noir, qu’est-ce que c’est ?
Nous nous scrutons
Le Valet Noir a pour intention de retracer l’évolution de la conscience alsacienne, à une époque aigüe et cruciale où elle se constitue réellement (essentiellement dans les années 1880 à 1970). Le substrat en est spéculatif, et non pas “historique” au sens plat du mot.
Il y a de bonnes raisons de croire que cette évolution (qui est une progression) se manifeste dans l’histoire de la littérature d’Alsace. Il n’existait pas de travaux universitaires sérieux sur le sujet, au-delà de miettes superficielles et idéologiquement pavloviennes. Depuis 1972 environ, j’ai donc sillonné les bouquineries, les ventes aux enchères somptueuses et les brocantes miteuses pour y repérer, par accumulation et recoupements, les ouvrages susceptibles de présenter quelque intérêt pour ce qui concerne le regard que les Alsaciens portent sur eux-mêmes.
Une traversée transgenres
Ces ouvrages sont essentiellement littéraires : dans la poésie (au sens large, englobant tous les genres poétiques) et dans la narration romanesque, l’ “âme” (la psyché) alsacienne se montre admirablement dans ses pleins lumineux et ses déliés, mais surtout, dans ses replis ombreux. Et je me suis aperçu que ces replis se donnaient de manière presque brutale dans les œuvres qui exposent ce qu’on peut appeler la tristesse. La tristesse dans toutes ses occurrences.
Le Valet noir expose ainsi un développement incarné dans une production littéraire précise. L’ouvrage n’est pas la constatation d’un achèvement, de la fin de ce mouvement : il est bien davantage la description de ce mouvement jusqu’à notre époque, un déroulement qui part de l’intérieur de la coquille du colimaçon pour s’élargir vers ce qui nous est proche dans le temps. Rien n’y est en repos.
Du nuage à l’éclair
L’ ”âme” alsacienne évolue ainsi de la nostalgie au tragique en passant par la mélancolie, la nostalgie, le double bind et la psychose, et enfin, la tragédie. Mouvement d’intensité ascensionnelle, de cette tristesse brumeuse et grisâtre qu’est la mélancolie (une certaine mélancolie) à cet éclair, cette fulguration où l’être humain se révèle dans sa nudité : le tragique.
Cette progression traverse les genres littéraires : roman, poésie lyrique, élégie, drame, genre tragique. La tragédie révèle mieux que tout autre genre le point très élevé où peut accéder le regard sur soi. Schelling en parle, d’ailleurs, et Hegel, et Schiller… Et Franz Büchler, ce dramaturge alsacien que j’évoque dans l’essai.
Marc Chaudeur                                                                                                                                                                                                  
« Une goutte d’ellébore dans le Traminer » ?
L’image de l’Alsace est trop souvent marquée par une joyeuseté un peu forcée, par des simplesses parfois mièvres, considérées d’ailleurs avec condescendance outre-Vosges et outre-Rhin. 
Gaston Jung dans son poème « Stegguff » écrivait déjà dans les années 70, comme un avertissement : « Il ne suffit pas, ni de « frondaisons savoureuses de l'automne dans le Ried », ni de « rosaroodi weligele ewerem winbärri » (des petits nuages roses par-dessus le vignoble) pour émouvoir nos enfants ».
L’Alsace « autrement » ?
Quelques décennies plus tard, dans Le Valet Noir, Marc Chaudeur, avec une écriture virevoltante souvent caustique, nous invite à parcourir un chemin étrange, avec pour guide le Finkenritter, le Chevalier-aux-Pinsons, le héros légendaire et improbable d'un conte alsacien du XIVe siècle, un récit baroque et surréaliste !
L’érudition de Chaudeur nous fait (re-)découvrir les œuvres de Henri Adrian (1885-1969), Henri Solveen (1891-1956), Ernest Leonhart (1899-1929), Georg Schaffner (1897-1954), Claus Reinbolt (1901-1963), Franz Büchler (1904/1990), et d’autres, hélas devenus des inconnus pour la plupart des Alsaciens…
Son exploration des replis de l'âme, de la tristesse brumeuse et grisâtre de la mélancolie, de la tragédie alsaciennes, cette fulguration où l’être humain se révèle dans sa nudité, le lyrisme des poèmes de Ernest Leonart et de Henri Adrian, l’intensité dramatique de Georg Schaffner et de Claus Reinbolt m’ont plongé, dès la première lecture du Valet Noir, dans un monde sonore inouï. Pendant une année, je suis parti à la découverte de ces sons, enfouis en moi, comme un  déroulement qui part de l’intérieur de la coquille du colimaçon pour s’élargir vers ce qui nous est proche…
Et j’ai déposé des herbes elléborines dans mon Traminer !
Détlef Kieffer
Le Chemin et l’Orage
Composition acousmatique de Détlef Kieffer
d’après le Valet Noir de Marc Chaudeur
1.     Introduction / Brumes sombres de la mélancolie, douleur sourde de la nostalgie
2.     Souffrir le deuil et faire le sien
3.     Devoir choisir rend fou
4.     Le choix tragique : choisir est un ordre, choisir est perte. Georg Schaffner, Faeton
5.     On ferme la porte en attendant : Claus Reinbolt, Nordliecht
6.     Epilogue : Et l’histoire continue, avec les mêmes ingrédients
Textes dits en français, en allemand et en alsacien
par Birgit Mayer et Détlef Kieffer
Assistant de réalisation : Max Grundrich
Visuel : Erik Viaddeff
Support :  CD
Durée : 58’08
Marc Chaudeur
Je suis né à Strasbourg, à une époque à la fois très proche et très éloignée de la présente : mes grands-parents sont encore nés au 19ème siècle, ont vu passer des zeppelins et des crinolines et parlaient un idiome en voie de disparition.
Je suis philosophe de formation. J’ai enseigné la Philosophie pendant une vingtaine d’années et préparé une thèse sur Maître Kierkegaard, l’attraction la plus intéressante des rues de Copenhague dans les années 1840. J’ai publié de nombreux articles, portant sur des sujets philosophiques et sur l’Alsace – dont j’ai essayé de faire un objet philosophique, mais cela demanderait de plus amples explications. Un jour, quand vous aurez le temps…
Je suis l’auteur de trois ouvrages : Quand Elly parle (un roman, en 2005) ; Le Valet Noir, un essai littéraire qui a obtenu le Prix de l’Académie Rhénane en 2016 et mes Instants d’un Gai Savoir alsacien, en 2016, journal littéraire et culturel. Ces trois livres tentent de composer le tableau d’une Alsace revisitée comme on explorerait la coquille d’un escargot assoupi.
Depuis 2018, je travaille sur et dans un média online, Eurojournalist(e).  La même année, j’ai commencé à collaborer avec Détlef Kieffer pour sa composition, Le Chemin et l’Orage, une interprétation très dense et très élaborée de mon Valet Noir.
Détlef Kieffer
est né en Silésie, en 1944. Il décide de se consacrer à la musique à l’âge de 16 ans après avoir entendu le Marteau sans maître de Pierre Boulez.
A 20 ans, il fait partie des Percussions de Strasbourg et participe aux grandes tournées internationales, ainsi qu’aux enregistrements discographiques. En 1973, Alain Lombard fait appel à lui pour intégrer l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Il fait également une carrière au cymbalum et se produit entre autres à la Scala de Milan, avec l’Ensemble InterContemporain, avec l’Orchestre National de France, …
La direction d’orchestre devient rapidement une activité très importante dans sa carrière. Il dirige, comme chef invité, plusieurs formations symphoniques et de chambre en Europe. En 1984, il est nommé directeur musical de l’Orchestre de Chambre d’Auvergne. Son interprétation discographique de Pierrot Lunaire de Schoenberg a été saluée unanimement tant en France qu’à l’étranger. Pendant de nombreuses années, à la tête de son ensemble instrumental Studio 111 de Strasbourg, il anime la vie musicale en Alsace, donnant de nombreuses créations ainsi que des premières auditions de grands classiques du 20ième siècle. Cette activité le conduit à participer à la création du Festival Musica.
Professeur au Conservatoire National de Région de Strasbourg, il y enseigne pendant plus de 25 ans la musique de chambre, le cymbalum, puis la direction d’orchestre. Il a créé l’Orchestre d’Harmonie du Conservatoire. Il a également enseigné la composition au Centre de Formation de Musiciens Intervenants de l’Université de Strasbourg. Il arrête ses activités pédagogiques en 2005 pour se consacrer entièrement à la composition et à l’écriture.
La composition est sa passion dès l’adolescence, et c’est déjà à l’âge de 25 ans qu’il obtient sa première commande d’Etat. Son catalogue comprend plus d’une centaine d’œuvres : des oratorios, une messe, 3 opéras, 6 symphonies, de la musique de chambre, de la musique acousmatique.
Poète et essayiste, il est l’auteur de nombreux écrits, en particulier d’un livre : L’ange sombre, poèmes (Edition européenne de l’Avant-Mur, Paris).
Il s’intéresse à la forme musicale du mélodrame qu’il pratique également comme récitant.
Lauréat de la Fondation Goethe, Détlef Kieffer a été promu, par le Ministère de la Culture, Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres « pour son activité de musicien, de professeur et de poète ».
Détlef Kieffer sur Internet
Facebook Détlef Kieffer compositeur, essayiste et poète.
Détlef Kieffer, compositeur.
LinkedIn  
Mediapart : Frantisek Zvardon meets Détlef Kieffer (14/01/19)
Eurojournalist : « Détlef Kieffer : interview d’un compositeur original et fécond »
par Marc Chaudeur (02/01/19)
Soundcloud :  
« Sept jours pour les ailes d’argent », poème et musique (extrait du livre « l’Ange Sombre »)
Détlef Kieffer, récitant
« Les Psittaques » Poème et musique, (extrait du livre « l’Ange Sombre »)
Détlef Kieffer, récitant
« Première leçon de Ténèbres, lamentations du prophète Jérémie »
Marie-Claude Vallin soprano / Détlef Kieffer cymbalum et direction,
ensemble instrumental Studio 111 de Strasbourg,
enregistrement de la création  Sélest’Art 1986
« Ouadi » Tania Bernhard soprano/Yann Bernhard trompette
Enregistrement de la création, Festival de Strasbourg, (2002)
« Ornamenti » Cyril Dupuy cymbalum /Ba Banga Balafon
Enregistrement de la création, Festival Juventus à Cambrai (2002)
« UrRequiem » Elévation / Sortie des fidèles
Youtube :
« Messe pour la Paix et la réconciliation » Elévation/Sortie des fidèles
« Kulingtang’s dream », film de Thomas Grundrich
« L’Horloge de Sapience » création 2010 Eglise Saint Thomas (extraits)
«Die Trümmer, Margarete - Hommage à Anselm Kiefer » - Mouvement 3 : La mémoire du plomb 2 
Blogspot :
« Stèles » sur les poèmes de Victor Segalen
Stelesmusique.blogspot.com
Blogger :
« Le Jardin des supplices », opéra virtuel d’après Octave Mirbeau
Daily Motion :
https://www.dailymotion.com/video/xetwdn
Cahier Octave Mirbeau N° 7 : Un opéra numérique et virtuel d’après le « Jardin des supplices » par Kinda Mubaïdeen, Erik Viaddeff et Détlef Kieffer
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rainetterouge · 5 years
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"I almost lost you + kiss"
Une première tentative d'après un prompt suggéré par @heirsoflilith ! Découvrez le premier extrait des aventures de Blanche. (Avec mes excuses pour les fautes d'accent et la typo défaillante, texte écrit au clavier tactile sur tablette).
"Blanche referma la porte derrière elle sans un bruit. La vaste salle a huit lits était plongee dans l'obscurité et le silence. Certains lits étaient vides, les occupants des autres dormaient profondément, accablés par leur maladie. Blanche entendait leurs respirations parfois erratiques et leurs rythmes cardiaques mélangés.
Elle traversa la salle à pas de loup jusqu'au lit numéro sept. 
"Madame Irina Bourdieux, avait annoncé la surveillante en présentant le dossier, le matin même. 26 ans, veuve. Toux, fatigue, fièvre, amaigrissement."
Blanche avait mis du temps à réaliser. Le nom, les cernes, les os saillants qui modifiaient son visage, les cheveux emmeles en masse couleur rouille sur l'oreiller blanc. Tout était si éloigné de ses souvenirs…
C'était ses yeux finalement qui avait fait le déclic. Ses grands yeux couleur noisette parsemés de paillettes d'or et son regard intense. Eux n'avaient pas changé.
Prise de vertige, Blanche s'était agrippée au montant du lit pour ne pas chanceler, les explications de la surveillante se fondant en un brouhaha lointain.
C'était Irina qui reposait dans ce lit. Son Irina. 
Quatre ans s'étaient écoulés depuis la dernière fois qu'elle l'avait vue. Depuis ce jour ou son père les avait surprises et avait compris que leur relation n'était pas qu'une innocente amitié. Ce jour ou il les avait séparées, jetant Blanche hors de chez lui comme une malpropre et enfermé Irina a clé dans sa chambre. D'après les quelques lettres qu'elles avaient réussi à échanger ensuite, elle n'en était ressortie que pour être mariée à un ingénieur qui l'avait aussitôt emmenee vivre a la capitale. Loin de la tentation. 
Lorsque les semaines avaient passees après la dernière lettre, Blanche avait fini par renoncer. Elle cherissait le souvenir avec force, mais ne se faisait aucune illusion : elle ne reverrait jamais sa douce Irina. Et c'était probablement mieux. 
Elle s'était donc plongée dans le travail corps et âme. Avait créé ce dispensaire. Avait passé ses journées à soigner, ses nuits à lire encore et encore des ouvrages médicaux.
Il ne s'agissait pas d'oublier, mais simplement de pallier au manque de son absence. 
Et voilà, quatre ans après, qu'Irina réapparaissait.
Blanche se pencha sur le lit, a peine éclairé par la lueur de la lune a la fenêtre sans volets. Elle s'assit avec douceur et pris la main de la jeune femme après avoir constaté que celle-ci ne dormait pas. Sa main si maigre, à la peau si fine qu'elle en semblait bleuté. 
Blanche caressa la joue cave avec tendresse, des larmes pointant sous ses paupières. 
_ Iri, murmura t-elle. Ma douce Irina… je croyais t'avoir perdue.
Une larme coula sur la joue de la jeune femme. 
_ Blanche… jamais je ne t'ai oubliée.
Sa voix était faible, rauque et cassée. Elle toussa. Blanche regarda avec effarement les gouttelettes de sang qui apparurent sur ses lèvres, constellant le drap d'un pointillé carmin.
Irina était mourante. La tuberculose songeait ses poumons et auraient raison d'elle. Ce n'était qu'une question de jours. 
Blanche se pencha et embrassa tendrement ses lèvres. 
_ Veux-tu toujours de moi ? Demanda t-elle. Je peux te guérir, mais cela a un prix. "
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