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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Seconde, suite 7
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          Recevant ces nouvelles, Mlle d’Ayelle se hâta de prier la Reine mère de lui accorder quelques jours de congé au nord de la capitale comme elle se sentait faible et que de l’air frais éloigné de la cour lui serait plus que bénéfique. Cette Reine, qui avait le sens de la praticité, accepta, mais donna en échange une mission à la jeune femme : elle séjournerait au château de Fère-en-Tardenois, chez le duc et la duchesse de Montmorency, et devrait soutirer des informations au duc concernant les projets de l’organisation des Malcontents, dont il était l’un des membres les plus importants. Mlle d’Ayelle devrait pour cela le séduire, ce qui aurait pour effet d’humilier aussi la duchesse, qui était une fille illégitime du feu Roi Henri II et qui, par conséquent, était haïe de la Reine mère. La demoiselle partit pour le château de Fère-en-Tardenois peu de temps après la conclusion de ce marché, et elle y arriva à la mi-octobre. Par chance, ou bien plutôt comme les Moires l’avaient décidé, ce château se trouvait à quelques lieues de celui dans lequel était retenue la princesse de Condé. Mlle d’Ayelle se rendit donc au plus vite au château de Condé, où elle retrouva enfin la lumière, la princesse. Cette dernière étant toujours alitée, les retrouvailles ne témoignèrent pas de l’entière ampleur de leur violente passion, des larmes furent versées, des mots murmurés, des attentions données.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Seconde, suite 6
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          Mais le prince de Condé se trouva informé de ce soudain rétablissement et donna l’ordre de faire déplacer au plus vite la princesse en Allemagne, là où il s’était réfugié. Elle apprit vite ce projet et, voulant plus que tout éviter la présence de son mari, lui donna tant de raisons de ne pas le faire qu’il consentit à la laisser au château quelques temps encore. La princesse prévint par lettre Mlle d’Ayelle des volontés de son mari et lui apprit qu’ils avaient conclu qu’elle devrait rejoindre l’Allemagne une fois qu’elle aurait accouché, puisque, depuis huit mois déjà, elle attendait un enfant. Comme elle n’avait plus qu’un mois environ à passer en France, elle exprima à son amante son désir de la voir de nouveau avant de disparaître parmi les ombres des félons auxquels elle était liée contre son gré.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Seconde, suite 5
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          Mlle d’Ayelle s’étonna de se voir demandée par le Roi, et elle fut reçue dans le même petit cabinet où, un an plus tôt, le jeune homme, alors duc d’Anjou, se liait d’amitié avec la princesse de Condé. Il expliqua à son invitée que la princesse était gravement malade,  retenue par son mari au château de Condé, et qu’elle voulait connaître les véritables sentiments de la demoiselle à son égard. Mlle d’Ayelle lui rappela la lettre lue à la Reine mère, qui était la preuve que les deux jeunes gens s’aimaient, et une violente jalousie envers le Roi s’empara d’elle à ce souvenir. Mais le douloureux ressentiment fut rapidement éteint par les raisons de cette demande, qui avait d’ailleurs été refusée. Le Roi avoua tout le stratagème à Mlle d’Ayelle et lui confia son inquiétude concernant la santé faiblissante de son amie, qu’il ne pouvait aller visiter à cause de la guerre civile qui faisait encore rage et qui l’accaparait.
          Mlle d’Ayelle se dépêcha d’écrire à la princesse de Condé toutes les excuses du monde et de la plus jolie manière. Sa passion lui inspira tout le lyrisme dont la princesse était digne, et elle glissa dans sa lettre  fleurs de violettes et pétales de lys.
          En ouvrant cette enveloppe gonflée par tout son contenu, la princesse de Condé se senti vivre de nouveau, comme la douleur infligée par sa passion était la plus grande cause de son mal. Les sentiments provoqués par sa lecture furent aussi puissants et eurent les mêmes effets en elle que la collision de deux astres ; l’événement semble destructeur, mais il a en réalité le pouvoir de créer un monde nouveau. Elle y répondit par l’expression de sa joie immense et de son soulagement d’avoir la preuve tant attendue de l’amour que lui portait Mlle d’Ayelle.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Seconde, suite 4
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          À la cour, le départ des époux de Condé ne fit pas grand bruit car, même si la compagnie de la princesse était digne d’être regrettée, le prince était en grande disgrâce et son absence n’était pas déplaisante. Mlle d’Ayelle eut vent de la faible santé de la princesse de Condé, qui était la cause de son éloignement. Mais elle pensa que cette maladie n’était qu’un prétexte pour s’éloigner d’elle, au moins le temps qu’elles se détachent de leur intimité passée. Elle essaya d’oublier tout ce qu’elle connaissait de cette princesse, en vain, puisqu’elle n’avait de cesse de lire les quelques lettres qu’elle avait reçues d’elle.
          En Picardie, la princesse de Condé désespérait, enfermée dans son château de solitude. Elle écrivait beaucoup, mais n’osait adresser de lettre à Mlle d’Ayelle comme elle croyait que cette dernière ne l’aimait plus. Elle correspondait plutôt avec le Roi, qui lui apprit que la proposition de leur mariage avait été refusée par la Reine mère. La princesse fut encore plus attristée par cette nouvelle car, même si elle avait abandonné l’espoir de vivre avec celle qu’elle aimait, elle aurait préféré être mariée à son ami le plus cher qu’à un homme qu’elle exécrait. Elle exprima tous ses sentiments dans sa lettre de réponse et demanda comment Mlle d’Ayelle se portait à la cour. Le Roi avait cette capacité de voir sous les masques, et il était assez sensible aux combats intérieurs de ceux sur qui il posait son attention, ainsi, il remarqua la profonde mélancolie de la demoiselle. Il décrivit l’état de la jeune femme à la princesse : « Même d’une certaine distance, son regard semblait vide, et tel doit être l’état de son âme, puisque celle qui l’animait est partie en Picardie. » À la lecture de cette nouvelle lettre, la princesse se sentit regagner des forces, et de l’espoir aussi. Elle voulait de nouveau croire que Mlle d’Ayelle était sincère, et elle pria le Roi de parler à la demoiselle afin de savoir si ces espoirs étaient justifiés.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Seconde, suite 3
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          Le soir-même, ladite princesse fut triste de ne pas voir Mlle d’Ayelle à la cour de la Reine mère, tristesse qui devint de l’inquiétude lorsque, le matin suivant, l’absence de la demoiselle fut encore remarquée. Mais quand la princesse revint plus tard pour apprendre des nouvelles de celle qu’elle cherchait, cette dernière avait reprit sa place habituelle. Cependant, elle ne fut aucunement accueillie par les salutations chaleureuses auxquelles elle était accoutumée : les dames et demoiselles d’honneur de la Reine mère, qui n’était pas dans la pièce, la saluèrent selon l’étiquette, sans effusion de joie, et celle dont la princesse attendait le plus ne daigna pas même poser un regard sur elle, restant plus indifférente qu’un roc face au soleil. Elle voulut parler à Mlle d’Ayelle, qui refusa l’invitation d’une voix tremblante, mais sans plus se retourner. Plus que confuse, elle s’excusa faiblement de ce dérangement inutile et se retira. La princesse de Condé rentra chez elle et s’effondra de chagrin. Elle se trouva naïve d’avoir espéré pouvoir vivre et vieillir avec une femme. Il lui était soudain évident que, pour Mlle d’Ayelle, la relation qu’elles avaient entretenue n’était qu’un jeu auquel elle s’adonnait seulement en attendant de trouver un prince qu’elle aimerait. À force de larmes versées, une forte fièvre s’empara de la princesse. Apprenant l’état de santé de sa femme, le prince de Condé l’amena avec lui en Picardie, dont il était le gouverneur. Ne se souciant pas le moins du monde de la maladie de la princesse, il se servit simplement de cette excuse inattendue pour lui-même quitter la cour, où il était assigné à résidence, et fuir vers le nord. Il laissa sa femme au château de Condé et alla trouver refuge en Allemagne après avoir appris l’échec de l’organisation des Malcontents.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie seconde, suite 2
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          À la fin de sa lecture, la voix de Mlle d’Ayelle n’était plus qu’un murmure tant sa douleur était grande. Elle s’excusa et demanda la permission de se retirer, prétextant de se sentir mal, ce qui, en réalité, n’était pas un mensonge. Aussi n’entendit-elle pas la réponse de cette reine à la demande qui lui était faite : elle renvoya à son fils un message dans lequel elle refusait tout ce qu’il lui avait proposé. Elle pleura, se rappelant de la proximité de la princesse de Condé avec le Roi avant sont départ pour Varsovie, puis elle se raisonna, comme les deux jeunes gens s’aimaient, ils seraient les plus heureux du monde une fois mariés. Elle pensa qu’elle avait bien eu tort de se croire aimée par une femme. Elle se savait amoureuse puisqu’elle ressentait les effets de cette passion qui lui écartelait le cœur mais que connaissait-elle réellement de l’amour, se demanda-t-elle. Avait-elle déjà eu une affection profonde pour un homme ? La véritable passion pouvait-elle exister sans un homme pour l’attiser ? Elle conclut tous ses raisonnements en se convaincant elle-même que ses sentiments envers la princesse de Condé n’étaient que la preuve d’une profonde amitié qu’elle avait confondue, par inexpérience, avec de l’amour.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Seconde, suite
          Peu de temps après ces événements, alors que la Reine mère s’entretenait avec Mlle d’Ayelle dans son cabinet d’audiences privées, un messager lui porta une lettre adressée par son fils. Elle demanda à sa demoiselle de la lui lire à haute voix. Le futur Henri III de France s’exprimait en ces termes :
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Courte Histoire de la princesse de Condé
Partie Seconde
          Le printemps allait laisser place à l’été lorsque le Roi mourut après des semaines d’alitement, le jour de la Pentecôte, et le bruit circula à la cour qu’il avait été empoisonné. De toutes les cérémonies de deuil, celle-ci ne fut pas la plus mémorable. La princesse de Condé n’y prit pas part, selon les ordres de son mari, qui n’avait que faire de la royauté catholique. Mlle d’Ayelle, elle, y fut conviée, afin d’escorter la mère du feu Roi, qui était aussi accompagnée de sa fidèle dame d’honneur la baronne d’Alluye.
          Une fois les cérémonies achevées, le second complot des Malcontents fut déjoué : comme l’organisation voulait faire monter le duc d’Alençon sur le trône, il fut décidé que le quatrième fils de la Reine mère, et non le cinquième,  succéderait au feu Roi, ce dernier n’aillant aucune descendance susceptible de prendre cette place. La princesse de Condé se réjouissait fort du retour de son ami en France et celui-ci lui écrivit pour la prévenir qu’il essaierait de convaincre sa mère de les marier ensemble.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première, suite 6
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          Lorsque la cour fut de retour à Paris, Mme de Condé écrivit au plus vite une lettre destinée au roi de Pologne pour lui faire part de ses récentes résolutions. Il lui répondit qu’il ne comprenait pas sa volonté de taire sa passion pour Mlle d’Ayelle. Comme elle insistait et que sa décision de renoncer à l’amour semblait inflexible, il proposa à la princesse de rompre le mariage qui la liait et la faisait tant souffrir pour la prendre lui-même pour femme et la faire Reine de France à ses côtés lorsqu’il prendrait la succession de son frère, que l’on savait mourant. Ainsi, elle aurait pu voir qui elle voulait sans avoir à se soucier de ces embarras de fidélité envers un mari qui n’était pas digne de son amour. Cette idée réveilla de nouveau la passion que la princesse avait tenté d’endormir, et elle alla trouver celle qui l’animait. Elle s’excusa à profusion du peu d’attentions qu’elle lui avait données ces derniers mois.
« Madame, sachez que votre indifférence fut le pires des châtiments au monde, répondit Mlle d’Ayelle. Mais en revenant à moi, vous confirmez tous les espoirs que j’entretenais, vous faites de moi la plus heureuse des femmes. »
          Elles passèrent plus de temps ensemble qu’elles ne l’avaient jamais fait et tout allait pour le mieux. Ces deux princesses se retrouvaient dans les jardins, elle y flânaient entre les fleurs, sous les figuiers. Les cerisiers blanchissaient et leurs joues rougissaient sous le soleil ou sous le regard de l’aimée sans que différence soit faite entre ces deux sources de lumière. Le soir, lorsque le ciel s’assombrissait, Mme de Condé demandait d’où venaient les étoiles, et de quoi tenaient-elles leurs grands pouvoirs de prédiction. Mlle d’Ayelle lui répondait que les étoiles étaient comme des soleils bien plus lointains, et, comme l’astre du jour représentait la vie, ceux de la nuit étaient peut-être les défunts qui, derrière le voile noir, indiquaient le chemin à suivre.
– Quelle route devons-nous donc emprunter pour poursuivre notre aventure ?
– Si j’en crois les mouvements de l’étoile la plus brillante, celle qui se tient devant moi,  il nous faut continuer sur cette agréable route que nous arpentons déjà.
          La princesse de Condé lui demanda quelle était leur destination, elles ne la connaissaient pas, mais elles imaginaient un paisible jardin, bien loin des tumultes de la guerre et de la cour.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première, suite 5
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          Mlle d’Ayelle écrivit à son aimée des poèmes dignes de Sappho, qu’elle envoyait accompagnés de bouquets de violettes et quelques fois de fleurs de lys. Mme de Condé tenta de cacher ces preuves d’amour adultère à son mari mais, comme il suspectait déjà une liaison avec le duc d’Anjou, nouvellement Henri Ier de Pologne, il inspecta la chambre de sa femme de sorte qu’il ne resta pas un seul meuble à sa place. En trouvant les témoignages de trahison qu’il cherchait, il entra dans une rage immense et incontrôlable. Emporté par cette colère, il brûla tous les poèmes avant de s’appliquer à écraser de ses propres bottes les fleurs sur le pas de sa porte. Mme de Condé subit aussi personnellement les effets de la fureur de son mari et fut enfermée dans ses appartements des semaines durant. Mlle  d’Ayelle voulut apporter encore de ses cadeaux mais voyant ses bouquets détruits au sol, et ne croyant pas la princesse capable d’une telle violence, comprit qu’elle ne lui avait causé que des ennuis. Après cette découverte, elle renonça à achever son offrande. Le prince de Condé autorisa finalement sa femme à sortir de sa prison familière et à correspondre avec ses amies de la cour lorsqu’elle consentit à lui faire de profondes excuses et à lui promettre sa fidélité afin de ne plus jamais lui donner de raison d’avoir honte. Après cela, il quitta la cour, qui séjournait alors à Saint Germain, pour aller à Amiens sous prétexte de visiter son gouvernement de Picardie, pour échapper à la disgrâce dans laquelle il aurait été enveloppé puisqu’il avait participé au complot des Malcontents visant à libérer le Roi de Navarre et le duc d’Alençon de la cour, où ils étaient surveillés ; complot soldé d’un échec.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première, suite 4
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     Au début de février, la cour vit arriver en son sein une jeune fille d’une beauté exceptionnelle. Ses charmes étaient si puissants que la Reine mère la fit l’une de ses demoiselles d’honneur. Le duc d’Anjou fut appelé à la guerre, pour tenir le siège de La Rochelle, et une fête fut donnée en son honneur. La princesse de Condé y fut invitée et présentée à Mlle d’Ayelle, celle dont la beauté était tant louée à la cour. Les deux jeunes femmes restèrent ensemble tout le long de la soirée, elles eurent tout le temps d’admirer charmes de physionomie et d’esprit de leur agréable compagnie. Pendant l’absence de son confident, et puisque son mari était lui aussi parti à la guerre, la princesse de Condé se rendit très souvent à la cour de la Reine mère pour y voir son amie. Tous les jours, des heures durant, les deux étoiles les plus lumineuses de la cour s’entre-tenaient. Tous les yeux étaient ravis de cette brillante amitié, toutes les lèvres chantaient les louanges de ces astres étincelants qui ne pouvaient être que de bonne augure, et les lèvres de la princesse s’étiraient toujours en un sourire rayonnant lorsque ses yeux rencontraient ceux de sa compagne. Elles donnaient à l’autre bien plus d’attentions et de soins qu’à quiconque. Cette tendresse certaine dont chacune faisait preuve ne manquait jamais de troubler la princesse, si bien qu’au retour du duc d’Anjou, elle le fit quérir et se confia à lui. Ce prince, qui connais-sait bien les tourments du cœur, pour en avoir lui-même ressentit les effets, lui assura que son grand trouble à la vue de Mlle d’Ayelle était dû à l’amour. Cela, loin de la rassurer, mit en péril la liaison des deux femmes.
     L’idée d’avoir une maîtresse et de faillir à son devoir de fidélité envers son mari lui faisait si honte qu’elle cessa brusquement de fréquenter la cour de la Reine mère, à laquelle celle qui animait sa passion était liée. Mlle d’Ayelle savait bien les effets que la princesse avait sur elle, et voulait voir que ces sentiments étaient réciproques, aussi obtint-elle des permissions de la part de sa protectrice pour se rendre plus souvent à la cour de la Reine. Mme de Condé ignora obstinément ses questions et ses regards malgré la peine que jouer l’indifférence face à une femme si digne d’être aimée lui donnait, et malgré le tourment que sa présence tant désirée que coupable lui causait. Le duc d’Anjou partit en Pologne au mois de novembre, comme il y avait été élu Roi, laissant son amie en proie à sa terrible passion.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première, suite 3
(Eh oui, Anjou est un fuckboy, mais pas celui qu’on croit ! Voilà le plot twist)
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« J’ai jeté sur vous mon dévolu, Madame. Vous êtes la plus belle femme de toute la cour, dit-on. Mais ce n’est pas pour vous que mon cœur s’enflamme. Mon amour est proscrit, et c’est pour cette raison que je vous demande, que je vous supplie d’accepter de jouer mon amante pour tromper la cour. » La princesse, dont le malaise avait soudainement disparu, accepta l’étrange proposition, préférant avoir ce prince comme ami plutôt que comme amant. Elle ne put s’empêcher de demander qui était la femme qu’il aimait et dont l’amour était si interdit.
« Le comte de Caylus. » répondit-il, soutenant le regard incrédule de son invitée. Il la fixait avec tant d’intensité qu’elle le cru capable de lire dans son esprit et de savoir quelles étaient ses pensées. Les vives émotions qui grondaient en elle la tinrent muette pendant ce qui lui sembla être une éternité, puis elle rétorqua d’une voix faible qu’il était inconcevable d’aimer un homme.
« Nous avons tous des désirs différents, et je conçois que vous ne puissiez comprendre les miens, dit-il, l’air quelque peu amusé. Et que ma passion ne vous soit pas intelligible n’est pas le plus important, il me faut seulement que vous jouiez le rôle de la maîtresse que toute la cour veut me voir entretenir. »
Les faux amants conclurent leur accord et se promirent de se retrouver souvent à la cour de la Reine, ils se donnèrent encore rendez-vous et, à force de rencontres, devinrent très bons amis et confidents.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première, suite 2
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  Une nuit, peu de jours après ce mariage, alors que les deux partis semblaient en bons termes, la maison des Guise mena une battue aux huguenots de Paris, et M. de Condé fut enlevé et emprisonné. Pendant un mois, il resta captif. Pour être libéré, il lui fallut se convertir à la foi catholique, et sa femme y fut contrainte elle aussi. Leur mariage se célébra de nouveau sur l’injonction du Saint-Siège.
  Après des mois de présence peu assidue, Mme de Condé reprit définitivement sa place à la cour. Elle fréquentait régulièrement la cour de la Reine, et était aussi assez appréciée de la Reine mère. Partout où elle allait, le duc d’Anjou semblait la suivre ; il restait souvent auprès de la Reine, avec qui la princesse de Condé entretenait jusqu’au soir. Sa présence constante pesait à la princesse et l’embarrassait. La cour toute entière, au contraire, s’émerveillait en imaginant ce joli couple, n’ayant que faire des avis du prince de Condé sur la question qui, en plus d’être le chef des ennemis, ne pouvait être qualifié de bien fait. Tous admiraient aussi la vertu qu’ils voyaient en la jeune femme, qui essayait d’éviter celui qui la voulait pour maîtresse du mieux qu’elle pouvait. Le duc d’Anjou avait cependant tout le pouvoir auquel il pouvait prétendre en sa qualité de prince dauphin, et il réussit à inviter la princesse dans un cabinet privé, prétextant vouloir entrer en contact avec les chefs huguenot, amis de son mari qu’elle connaissait de vue, afin d’adoucir les relations entre les deux partis. Elle songea à refuser, craignant l’embarras dans lequel elle se trouverait en restant seule avec ce prince, mais ses sœurs, à qui elle s’était confiée, la pressèrent d’accepter ce rendez-vous, si bien qu’elle y consentit finalement.
  Le duc d’Anjou remarqua bien les signes de malaise que donnait la princesse, il expliqua donc en ces mots les raisons de cette entrevue :
« J’ai jeté sur vous mon dévolu, Madame. 
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première, suite
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  Quand la reine de Navarre considéra avoir parfait son éducation, elle envoya sa nièce à la cour de Paris rejoindre ses deux sœurs aînées. Dès son arrivée, sa beauté attira les regards et suscita l’admiration. La Reine l’accueillit avec chaleur et la fit une de ses demoiselles d’honneur. Les rapports entre catholiques et huguenots semblèrent aussi se réchauffer à son arrivée et le traité de mariage entre Madame et l’héritier au trône de Navarre fut ratifié. Celui de Mlle de Clèves avec le prince de Condé devait avoir lieu quelques temps après, mais la mort soudaine de la Reine de Navarre déstabilisa grandement le parti huguenot, de telle sorte que le mariage fut précipité. Il se célébra mode-stement malgré la grande qualité des époux, dans le plus grand respect des rites calvinistes, une semaine avant la grande fête organisée à Paris pour les noces du nouvellement couronné Roi de Navarre, durant laquelle les huguenots les plus notables dansèrent aux bals avec les dames de la cour de France. La princesse de Condé fit grande impression parmi les princes, et le duc d’Anjou ne la quitta pas des yeux durant toute la première soirée. De même qu’elle, il avait tous les agréments nécessaires à l’amour, aussi n’attendit-il pas pour la saluer et se présenter à elle. La princesse de Condé se trouva assez embarrassée lorsqu’il lui proposa de danser. La dame la plus aimable avec l’homme le plus aimable, l’assemblée fut plus que ravie de voir ce couple magnifique. Mais le prince de Condé, qui observait la scène avec beaucoup plus de déplaisir, ordonna à sa femme de se retirer dans ses appartements avant la fin des festivités en prétextant de se sentir mal. Tous festoyèrent encore pendant plusieurs jours. Catholiques et huguenots rivalisaient de créativité et d’adresse pour présenter les plus somptueux banquets et les plus fabuleux spectacles.
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Bon, les épreuves du bac sont annulées, mais c’est pas une raison pour abandonner les fabuleuses personnalités du XVIème siècle ! 
C’est pas le moment de se décourager non plus, on aura notre bac au contrôle continu et le troisième trimestre devrait compter.
Et puis faut se dire que ce qu’on a appris cette année, c’est pas seulement pour le bac, mais aussi pour la suite. Surtout les méthodologies, c’est super important la rigueur !
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
Partie Première
   Sous le règne de Charles IX, déjà affligé de maladie, durant la grande guerre civile opposant catholiques et huguenots, le peuple de France souffrait des violences des hommes puissants de même que les dames les plus belles et les plus honnêtes de la cour souffrirent les passions des princes pour la guerre, l’amour ou la religion.
  La cadette de la maison des Clèves, à la mort de ses parents, avait été laissée à la reine de Navarre, sa tante, qui donna beaucoup de ses soins à l’éducation de sa nièce. Cette jeune fille devint un joyau de beauté, d’esprit, qualités dont elle était dotée naturellement ; et ne se suffisant pas qu’elle fut des plus aimables, sa tante lui inculqua bien les principes rigoureux du calvinisme et de la vertu. Mlle de Clèves était promise depuis son enfance au prince de Condé son cousin.
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Courte Histoire de la Princesse de Condé
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Pour commencer, voici quelques photos de la version papier que j’ai réalisée. 
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