Tumgik
fanfictera · 3 years
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La Balance des Dragons / Chapitre 18: Ecailles
Auteur:   Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :  
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t-elle révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :  
Violence, jurons, esclavage
>>MASTERLIST<<
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CHAPITRE 18: ÉCAILLES
Le groupe avançait prudemment à travers la foret des brumes. La lenteur du pas des chevaux aurait pu bercer les cavaliers si leur mission ne présentait pas tant de dangers. Griffeuille, en tête, guettait le moindre mouvement suspect. Aledaran fermait la marche, une flasque à la main. Il surveillait leurs arrières, l'air renfrogné.
  Eveanna cheminait au milieu du groupe, les poings serrés sur les rênes de sa monture. Elle se remémorait fébrilement le plan mit en place la veille. L'angoisse d'être la cible d'une nouvelle attaque la rongeait autant que cette mission. Et une foule de questions se disputaient la priorité dans sa tête. Ces derniers jours avaient été très éprouvants et ne lui avaient laissé aucun répit pour trouver des réponses.
 Elle essaya de se calmer en prenant une profonde respiration et en se concentrant sur son environnement. Ses yeux se posèrent sur le dos de Griffeuille, portant fièrement son armure et son immense bouclier. "Si elle est marchande de chaussures alors moi je suis  un porcidé" se dit Eveanna tout en essayant de trouver une position plus confortable sur sa selle.
 Elle jeta un coup d'œil derrière elle. "Et lui…. il m'a aidée alors…" elle soupira et se ravisa: "non, impossible de lui faire confiance. Et quel genre d'entrainement a-t-il reçu pour arriver à encaisser autant de blessures? Une journée d'entrainement aussi intense et il se tient comme si de rien n'était?  Nous avons utilisé l'alchimie pour guérir et reprendre des forces mais quand même… " A cette pensée elle frotta ses bras encore douloureux.
 Le trajet était plutôt long et à cette vitesse ils n'arriveraient pas avant des heures. La lancière avait été très claire à ce sujet: le trajet devait se faire en silence. Les Gulas avaient été éloignés de la zone mais d'autres créatures rodaient dans les bois. S'ils voulaient trouver un Naga isolé pour lui voler des écailles, il était hors de question d'attirer trop l'attention.
  L'Elfe se mordit la lèvre et empêcha les questions de sortir. Elle voulait tellement savoir que sa frustration lui donnait l'impression de bouillir. Ses pensées la ramèrent vers Yrlyg: "Pourquoi est-elle parti si vite et sans rien expliquer ? Et comment fait-elle pour maintenir une maison pareille en fonctionnement ? Pourquoi m' aider? Est-ce que ça a un rapport avec la marque sur mon poignard?"
 Perdue dans ses pensées, elle ne s'était pas rendue compte que son cheval s'était arrêté sur l'étroit sentier. Devant elle Griffeuille scrutait l'horizon, le poing levé pour signaler une halte  silencieuse. Une fois satisfaite elle descendit de sa monture et les invita à en faire autant. Ils  attachèrent les chevaux à l’abri des regards et se regroupèrent.
La lancière regardait autour d'elle et semblait perplexe :
- "On aurait déjà du croiser un Naga" chuchota-t-elle "je ne sais pas ce qui se passe mais ils ont changé leurs habitudes.
- "heu…du coup, on rentre?" dit Eveanna pleine d'espoir. "Aïe!"
Aledaran lui avait envoyé une pichenette au milieu du front et il étouffait un rire:
- 'Non! Trouillarde… on va en hauteur pour observer. Bordel, t'as vécu dans une grotte ou quoi?
- Non! Enfin…
- Ça suffit vous deux. Vous règlerez vos problèmes de couple plus tard. Gardons l'objectif en tête", stoppa Griffeuille.
 Eveanna sentait le rouge lui monter aux joues alors que l'archer la gratifiait d'un petit sourire satisfait. Elle brulait de répliquer mais Gri' suivait déjà le chemin et elle dut la suivre sans dire un mot. Elle semblait savoir exactement où elle allait. Après un long détour et une brève ascension, ils s'accroupirent discrètement le plus près possible du bord de la falaise. Ils purent constater par eux même le désastre en contrebas :
- "P'tain d'bordel de merde!" lâcha Aledaran à voix basse.
Griffeuille lui lança un regard contrarié mais elle acquiesça à contrecœur :
- "En effet ".
 Juste en dessous d'eux, ils pouvaient apercevoir les cages des esclaves dont les Gulas faisaient commerce. Sur leur droite s'étalait un camp assez étendu, grouillant d'activité. Plus à l'écart sur leur gauche se trouvaient deux arènes. La plus éloignée était de loin la plus grande . La plus proche était de petite taille mais elle semblait plus utilisée. Deux Gulas y trainait un esclave terrifié vers un Nagas surexcité.      
Après quelques instants d'observation silencieuse, Ale se remit à jurer puis grogna:
- "Merde. On dirait bien qu'ces bâtards s'sont associés. Comment on fait pour en choper un tout seul maint'nant? ... et m'refait pas faire l'appât!". Il coula un regard en biais à la sorcière. "Quoique le coup d'l'appât ça pourrait…"
-  Non!" L'interrompit Eveanna , prise de panique.
- "Du calme, personne ne va servir d'appât" coupa Gri, le visage soudain crispé
 Eveanna ferma les yeux et se couvrit la bouche d'une main sous le coup de l'horreur. Le Naga avait commencé à jouer avec l'esclave et au bout de quelques dizaines de secondes, il ne restait presque rien de lui. Les Gulas riaient à gorge déployée tout en encourageant l'ignoble serpent rouge. Aledaran jura à nouveau.
- " Il faut sortir les esclaves d'ici" décida Griffeuille, "ensuite on s'occupe des écailles. Par contre nous aurons besoin d'une diversion.
-  Tu penses à quoi?"  reprit Ale en se grattant la barbe.
- "Regardez là-bas", Griffeuille tendit un doigt griffu vers l'arène la plus éloignée.
- "On dirait… un Naga mort? C'est quoi s'bordel?
- Exacte. Si on arrive à les faire se regrouper dans la partie habitée du camp, on aura les mains libres pour secourir les esclaves et remplir notre mission initiale. Sans combattre.
- Ca m'plait bien" acquiesça l'archer en empoignant son arc.
    Griffeuille désigna une des huttes au toit de chaume, la plus éloignée du camp. Elle était proche de plusieurs autres habitations mais restait assez éloignée des arbres ce qui éviterait un feu de foret.
- "Celle-ci me parait idéale. Une fois qu'ils auront sonné l'alarme, on pourra agir."
  Aledaran hocha la tête et s'installa, un genou à terre. Il matérialisa une de ces flèches d'énergie et la tendit vers Eveanna. Elle toucha la flèche du bout des doigts et ferma les yeux. Elle appela le feu, tout doucement, et fit courir ses doigts délicats le long de la hampe en remontant vers la pointe, transformant doucement le bleu lumineux en rouge flamboyant.
L'archer encocha sa flèche et réajusta sa position. Il tremblait toujours mais semblait avoir gagné en stabilité. Il banda encore un peu plus ses muscles et  laissa sa flèche de feu s'envoler dans  le ciel et atterrir sur la plus grosse hutte en plein milieu du village. Le toit prit feu instantanément et l'incendie gagna rapidement en puissance.
Eveanna regarda Ale, choquée, alors que Gri grognait sa désapprobation:
- "J'avais pas dit celle-là! Tu ne sais plus viser ma parole!
-  Ça va! Une hutte c'est une hutte!
- Elle est trop proche de nous, c'est un risque inutile". Elle souffla bruyamment et ragea à voix basse "Faut vraiment que tu arrêtes de boire, tu vas finir par nous faire tuer!"
- "Avoue qu't'adores ça. Une p'tite baston d'temps en temps…" L'archer riait dans sa barbe.
 Griffeuille lui lança un regard noir qui terrifia Eveanna mais qui n'émut pas du tout Ale. Il continua à la fixer avec un sourire désarmant.  La lancière préparait une réplique cinglante mais une cloche se mit à sonner dans le camp, génératrice de chaos et vibrante protestation contre le silence.
 Comme prévu tous les Nagas et Gulas se précipitèrent pour éteindre l'incendie gigantesque qui menaçait de réduire toute la zone en cendre. Le camp était plongé dans le désordre et les cris mais une chaine se forma rapidement pour éteindre les flammes. Ils avaient pour le moment le champ libre pour leur mission de sauvetage mais cela ne durerait pas éternellement. Ils se mirent en route sans tarder , redescendant discrètement vers les prisons.
 Près des cages, une effluve  pestilentielle planait et s'attaquait à leurs narines. Eveanna avait du mal à soutenir l'odeur mais les autres semblaient bien s'en accommoder. Ils s'approchèrent des portes. Elles n'étaient pas verrouillées. Les yeux terrifiés des esclaves et la façon dont ils se recroquevillaient les uns contre les autres leurs apprirent pourquoi.
 Luttant contre la puanteur, la sorcière se faufila dans la première alcôve. L'état des personnes enfermées lui serra le cœur et, même s'il fallait agir vite, elle redoubla de douceur lorsqu'elle les approcha. Elle distribua des parchemins de havre-sûr à chacun, s'assurant que tous pouvait le lire et se téléporter rapidement en sécurité. Aledaran fit de même de  son côté alors que Griffeuille faisait le guet.
  Une fois tous les prisonniers téléportés, ils se dirigèrent vers leur second objectif en longeant la falaise. Afin d'atteindre le Naga putréfié au milieu de la grande arène, ils durent sortir à découvert ce qui rendit l'humeur de Griffeuille encore plus noire. Même Ale semblait tendu, ce qui contrastait avec sa nonchalance habituelle:
- "Dépêchons nous d'prendre ces écailles. J'ai un mauvais pressentiment.
-  Je suis d'accord avec toi. Je vais faire le guet de ce côté-ci, Eveanna tu prends l'arrière. Ale tu prends les écailles."
  Il avaient convenu la veille d'utiliser le poignard d' Eveanna car il avait déjà fait ses preuves face à la solide armure écailleuse des Nagas. Elle confia donc sa lame à Ale avant de faire le tour de la bête pour faire le guet de l'autre côté. Mais lorsque qu'il posa son regard sur le manche, il s'arrêta net.
- "Ale, cesse de dormir et prends les écailles!" jeta la Lancière par-dessus son épaule.
Mais il ne bougea pas. C'était comme si son sang s'était figé dans ses veines. Les souvenirs se bousculaient dans son esprit, rendant sa respiration difficile et son teint blême. Griffeuille s'approcha de lui et le secoua par l'épaule. Il la regarda, les yeux encore hantés par ses visions:
- "C'est elle, Gri. Je sais que c'est elle…."
Sa voix n'était plus qu'un murmure étranglé. Griffeuille soupira mais ne s'énerva pas. Elle savait que le sujet était douloureux, pour lui encore plus que pour elle. C'est pourquoi elle répondit le plus calmement possible :
- "Écoute, je sais qu'elle lui ressemble mais… on en a déjà parlé, ce n'est pas possible. Elle est morte. Ce n'est pas le moment de…"
- "Et ça alors! " la coupa-t-il en lui montrant la marque sur le poignard.
 Le cœur de Griffeuille manqua un battement. La lance de Kaïa. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas revu cette marque hormis sur ses propres armes ou celles d'Aledaran. Pas depuis que leur guilde avait été dissoute après la grande guerre. Mais elle repoussa ses émotions :
- " Beaucoup d'entre nous ont du vendre leurs armes. C'est une simple coïncidence".
Ale allait rajouter quelque chose mais elle le secoua violemment par l'épaule avant qu'il n'ait pu formuler sa pensée :
- "On en reparlera plus tard. Nous sommes à découvert. Prends les écailles."
 C'était un ordre. Quand elle était comme ça, personne ne pouvait l'arrêter ou la contredire. Alors il obéit, grommelant dans sa barbe,  alors qu'elle retournait surveiller les environs. Il avait presque fini sa besogne quand Eveanna se manifesta de l'autre côté de l'arène:
- "Heu… dites… y'a quelqu'un ? Parce qu'il y a une sculpture vraiment très bizarre par ici…"
 Sa voix était hésitante et elle semblait avoir peur. Griffeuille décida d'aller voir et de laisser Ale finir son travail, espérant qu'il aurait rapidement fini. Lorsqu'elle fit le tour de la bête, elle trouva la Sorcière, toute tremblante, figée devant une statue d'un réalisme effrayant:
- "Je crois… je crois qu'elle a bougé", souffla la sorcière, terrifiée.
 La statue était plantée à quelques mètres du Naga et lui faisait face. C'était une sculpture d'Elfe grandeur nature. Elle était à genoux, les mains attachées à un pilier de bois derrière son dos. Sa tête penchait devant elle, ses longs cheveux cachant ses traits.  Sans les centaines de petites craquelures rappelant de la glaise séchée au soleil, on l'aurait dit vivante.
Griffeuille soupira. Décidément ils s'étaient passé le mot pour rendre cette mission plus compliquée que nécessaire. Mais elle devait admettre que trouver une statue d'Elfe dans une arène Naga au milieu d'un village Gulas défiait toute logique. Et vu que tout ça n'avait aucun sens, autant en profiter pour en tirer un enseignement :
- "Eveanna, les statues ne bougent pas", affirma la lancière calmement. "Ta peur est ta pire ennemie. Approche toi de la statue et constate par toi -même."
 La sorcière grimaça mais s'avança. Elle s'arrêta à un mètre à peine, le cœur battant. Elle attendit un peu tout en fixant la presque représentation d'elle-même mais rien ne se passa. Soulagée, elle allait tourner les talons quand Griffeuille ajouta:
- "Touche-là."
Eveanna regarda la lancière d'un air contrit tout en émettant un petit gémissement plaintif. Elle n'avait pas du tout envie de faire ça mais elle savait qu'elle ne pouvait pas refuser. Son souffle se fit plus court. Elle avança lentement sa main, tremblante. Mais avant qu'elle ait pu toucher la peau de pierre, la statue releva brusquement la tête et ouvrir les yeux:
- "Hé toi, j'ai soif!"
Eveanna cria et tomba à la renverse, sur les fesses. La sculpture était vivante! Griffeuille se précipita vers la captive dont la tête était retombée vers l'avant. Elle l'examina rapidement et constata l'évidence :
- "C'est une Elfe couverte de boue. Elle est à peine en vie, je crois qu'on est arrivé à temps" dit- elle en détachant ses liens.
Aledaran arriva au pas de course de leur côté :
- " Faut s'casser, les Gulas rappliquent!"
- " Ok. Combien de havre-sûre nous reste-t-il ?" demanda Griffeuille, à court de parchemins.
- " J'en ai pu" grogna l'archer. "Et toi ?"
Il regarda Eveanna avec espoir mais elle secoua la tête.
- "Fait chier".
Griffeuille ne perdit pas une minute et attrapa l'elfe pétrifiée pour la jeter sur son épaule, ignorant ses grognements et la boue tombant sur son armure. Au loin, des cris et des invectives fusaient. A l'entrée de l'arène un énorme Gulas à deux têtes s'avançait vers eux en hurlant à plein poumons:
- "Attrapez moi les vivants ! Je veux m'occuper moi-même de ceux qui ont osé bruler ma maison ! "
Chapitre précédent : Chapitre 17: Maison et Magie  // suivant : Chapitre 19 -
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fanfictera · 3 years
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La Balance des Dragons
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
  Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :
Jurons, Alcoolisme, Violence, torture et scènes très gores (sang, blessures, torture physique et psychologique, etc ...). Si vous êtes sensibles, respirez un grand coup avant d’attaquer les chapitres 6, 10 et 16 ou faites vous résumer ce qui s’y passe.
Je tiens aussi à rappeler que l’alcoolisme n’est pas un sujet de plaisanterie.Les personnes atteintes de cette pathologie sont en proie à de grandes souffrances et sont en danger. Un accompagnement médical s’impose dans la vie réelle.
Concernant le côté tripoteur de l’archer : oui c’est voulu  car un personnage à venir va faire changer les choses. Attendez donc quelques chapitres ;)
Edit : Challenge 2021, on la finit cette fanfic bordel !
<< Masterlist >>
Chapitre 1: Scytera Fae
Chapitre 2: Dracoloth
Chapitre 3: Allemantheia
Chapitre 4: Tournée générale
Chapitre 5: De Charybde en Scylla
Chapitre 6: Aiguilles
Chapitre 7: Naufragés
Chapitre 8: Gulas                                
Chapitre 9: La Dame au Dragon    
Chapitre 10: Fractures
Chapitre 11: Dettes
Chapitre 12: Pluie  
Chapitre 13:  La lance de Kaia    
Chapitre 14: Tavernes et tremblements
Chapitre 15 :Médecine douce
Chapitre 16: Cicatrices
Chapitre 17: Maison et Magie
Chapitre 18 : Ecailles
Chapitre 19 : Castanica
18/?
5 notes · View notes
fanfictera · 6 years
Text
La Balance des Dragons  // Chapitre 17 - Maison et magie
Auteur:   Douce Plume
Univers:
 Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :  
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : 
Aucune
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 17- Maison et Magie
Eveanna avait l’impression de flotter. Un doux rayon de soleil caressait ses cheveux, annonçant une journée splendide. Elle remua doucement en se demandant quel livre elle pourrait emprunter à la grande bibliothèque et entrouvrit les yeux.
Elle les referma aussitôt, le cœur battant, alors que sa conscience réintégrait la lourde réalité. Non. Impossible. Elle ne pouvait pas être là. Elle rouvrit les yeux en suppliant intérieurement que le décor ait changé. Mais elle était toujours dans sa chambre chez la Dame. Elle s’assit au bord du lit en soupirant et  regarda autour d’elle.
Le soleil déjà haut déversait une lumière chaude à travers la fenêtre donnant sur le jardin. La chambre était plus grande que dans son souvenir. En plus du lit moelleux, elle était pourvue d’une table de nuit, d’un petit miroir et d’une armoire. Au fond de la pièce se trouvait aussi une seconde porte qu’elle n’avait pas remarquée la veille.
Ce n’est qu’à cet instant qu’elle s’aperçut qu’elle avait dormi toute habillée. Elle se réprimanda et lissa sa robe qui fit un affreux bruit rêche. Catastrophe ! Elle jeta un œil à son reflet et désespéra. Elle était couverte de sang séché et de suie. Pour couronner le tout elle empestait la chaire brûlée. Son cœur chuta de plusieurs mètres : si elle ne trouvait pas rapidement une solution, elle allait se retrouver de nouveau à la rue.
Elle se mordit la lèvre et examina plus attentivement son environnement. Une petite pancarte était fixée sur la nouvelle porte. Son Haut Elfe Ancien était rouillé mais elle réussit à déchiffrer le mot : Salle de bain. Prise d’un doute elle se retourna pour ouvrir l’armoire: une robe toute neuve, identique à la première, y était pendue.Maintenant elle en était sûre, il y avait de la magie là dessous.
Remerciant Yrlyg et sa Maison, elle se débarrassa de sa robe souillée et alla se frotter énergiquement sous la douche. Lorsqu’elle descendit rejoindre ses compagnons, aucune trace n’aurait pu trahir ses pérégrinations de la veille. A part peut-être la nervosité dans ses mains lorsqu’elle resserra son chignon.
Lorsqu'elle arriva dans la salle à manger, elle trouva Griffeuille assise au bout de la table qui frottait doucement son bouclier, gommant les impacts récents. Elle était moins martiale sans son armure et son visage semblait plus doux. Cependant elle était toujours aussi impressionnante. Elle sourit à l’Elfe et l’invita à la rejoindre :
-          " Salut Eveanna. Bien dormi?
-          Bien je suppose, vu les circonstances…"
La jeune Elfe s'assit avec grâce et se tourna vers la lancière. Ne sachant pas trop comment commencer, elle s'inclina puis bafouilla:
- "Griffeuille, je…heu… je veux te remercier pour hier. Même si je ne comprends pas encore bien ce qui s'est passé, je sais que sans toi … enfin…Merci. Tu m'as sauvée la vie. "
L'Amane continua de frotter lentement son bouclier en souriant, ses doigts griffus maniant le chiffon avec soin.
-          "Je t'en prie. Et tu n'as pas besoin de t'incliner autant. Toi aussi tu t'es battue. A ce propos, comment vont tes bras?
-          Mieux merci. Que… ?"
Elle n’eut pas le temps de poser sa question qu’Aledaran sortit bruyamment de la cuisine, en ronchonnant, deux assiettes à la main. Ses cernes confirmaient une nuit difficile et l’absence d'alcool dans la maison accentuait son agitation. Malgré tout il semblait se déplacer normalement, signe que le traitement de la veille avait fonctionné. Avant que la Sorcière puisse réagir, il déposa une assiette pleine devant elle, s’assit et lui lança :
-          « B’jour mad’moiselle Sainte Nitouche. Tais-toi et mange."
Il n'avait pas de chemise et portait toujours son bandage sur le torse. Cette fois il avait décidé de mettre un pantalon. A la lumière du jour ses cicatrices étaient encore plus impressionnantes. Ale le savait et fit en sorte d’attirer l'attention d' Eveanna sur autre chose.
-          « J’rigole pas.
-          Quoi?
-          Tu dois manger.
-          Heu… C’est toi qui a préparé tout ça ?" demanda-t-elle, méfiante.
-          Bien sur que non! La maison fait à manger. Par contre elle dit jamais c'que c’est » fit-il en s’enfournant une grosse portion dans la bouche.
-          La maison? Comment ça la maison?", s'étonna-t-elle.
Griffeuille interrompit ses mouvements en fronçant les sourcils et regarda Ale avec sévérité.
-          Personne ne lui a expliqué ?
L’Archer secoua négativement la tête, continuant à manger comme si de rien n'était.
-          "M’expliquer quoi ?
-          Le fonctionnement de la maison. Franchement Ale… Toi et Yrlyg avez perdu vos bonnes manières. » s’étonna Gri en se tournant vers Eveanna  « C’est la première chose qu’on explique aux nouveaux arrivants : la maison est autonome. Elle génère ses pièces selon les besoins et fait en sorte qu’on retrouve facilement nos affaires. En échange elle aime bien qu'on fasse un peu de ménage de temps en temps."
Eveanna était sidérée : maintenir une maison de ce type en fonctionnement devait nécessiter une quantité de mana colossale. Elle dû garder la bouche ouverte un moment de trop car Griffeuille reprit :
-                     « Mais Ale a raison sur un point. Tu devrais vraiment manger. Même pour une Elfe tu es maigrichonne.
-                     Mai…maigrichonne? Moi? 
-                     Oui. Ecoute, j'ai discuté avec lui des derniers événements. Et nous avons aussi parlé de tes aptitudes. »
L'Elfe se renfrogna. Toute sa vie on lui avait dit de cacher ses pouvoirs, de ne pas en parler. Elle n'aimait pas évoquer le sujet. A chaque fois cela la faisait paraitre différente, bizarre. Mais la Lancière poursuivit sans paraitre troublée alors qu'Ale mangeait à toute vitesse:
-                     "Ta magie est assez rare et difficile à contrôler. A ceci s'ajoute le risque que vous soyez les cibles d'une autre embuscade". L'Amane frotta un peu plus fort sur une salissure récalcitrante et reprit: "tant que nous ne sauront pas qui vous en veut ni pourquoi, je suis censée garder un œil sur vous."
Elle jeta un regard en coin à l'archer qui se leva avec son assiette vide et se dirigea vers la cuisine en l'ignorant superbement. Elle soupira puis regarda l'Elfe avec bienveillance:
-          « Et tant qu'à faire je pourrais t'apprendre deux trois techniques pour maitriser ton feu. »
Le cœur d'Eveanna sembla s'alléger d'un coup. Jusqu'à présent son don avait été un fardeau et, si elle avait écouté sa grand-mère, on l'aurait enfermée à double tour pour qu'elle ne puisse jamais s'en servir en public. Et soudain on lui donnait l'occasion de le maitriser… Elle demanda pleine d'espoir:
-          "Alors tu es Instructrice ?
-          "Moi ? Non. Je suis marchande de chaussures." affirma Griffeuille, impassible, alors que son regard racontait tout autre chose.
Eveanna fronça les sourcils. Ca ne collait pas mais qu'importe: elle avait l'opportunité d'en apprendre plus sur  sa magie et c'est tout ce qui comptait. Soudain  un nuage de bruits et de jurons étouffés s'échappa de la cuisine. Parmi la cacophonie se détachaient quelques mots tels que "alcool", "p'tain", "placard" et "mordu". Ale revint en se frottant la main et s'assit en râlant.
-       "De toute façon on est coincés dans c'trou et Gri est la meilleure. Autant qu'tu profites.
-          Toi aussi tu vas profiter Ale. Je suis au courant pour ton problème de visée.
-          J'ai aucun problème de visée ! C'est pas moi la bleusaille ici!
-          Tu visais les arbres alors?" répliqua l'Elfe
-          Au moins j' ressemble pas à une allumette avec des ch'veux !" lui lança l'Archer. " Et vu c'que nous d'mande la vieille, tu vas d'voir t'endurcir un peu."
-          Yrlyg? Elle est revenue?
-          Oui, cette nuit elle a laissé une note à notre attention. Mais elle est repartie aussitôt pour enquêter sur une piste urgente " expliqua Griffeuille. "En attendant nous devons récupérer des écailles de Nagas. Nous partirons demain, à l’aube."
En entendant ce qu'on lui demandait, elle faillit s'étouffer.  Griffeuille lui tapota doucement le dos pour la rassurer :
-          "Ne t'inquiète pas, tu n'auras pas à faire ça seule. Et même avec un problème de visée, Ale reste le meilleur Archer que je connaisse.
-          Mais j'ai pas de….
-          Tu vises moins bien qu'un Gulas!
-          Oh ! tu m'cherches le caillou ?!
-          On dirait bien " fit la lancière en souriant.
Les yeux encore embués de larmes à cause de la toux, la Sorcière murmura un merci étouffé  à l'Amane. Cette dernière lui fit un clin d'œil et continua à asticoter Ale :
-          "Si tu venais me montrer tes talents au terrain d'entrainement? Si tu gagnes tu récupères ton arc.
-          T'as sauvé mon arc ?
-          Oui, tu le caches toujours au même endroit.
-          Ça s'appelle être organisé.
-          Ça s'appelle être imprudent.
-          Même les yeux bandés j'le r’lève ton défi. Rendez-vous derrière la maison dans dix minutes.
Piqué au vif, il se leva d'un bond et quitta la pièce sans se retourner. L'Amane, toute souriante, posa son chiffon et se leva, bouclier au poing. Avant de le suivre elle précisa :
-  « Rejoins- nous derrière la maison quand tu auras terminé et prends ton disque de combat avec toi. Il y a un accès par la porte arrière de la cuisine."
Eveanna acquiesça alors que la lancière suivait l'archer. Elle finit son repas et lava soigneusement son assiette dans l'évier avant de ranger le fouillis de la veille. Se souvenant des explications de Gri, elle passa aussi le balai pour s’attirer les bonnes grâces de la maison. Une fois satisfaite elle ouvrit le placard le plus proche en souhaitant y trouver son disque.
Sa présence lui fit bien moins plaisir que prévu. Elle s’en saisit avec dégout avant de l’examiner : la quasi-totalité de sa surface était noircie et il avait fondu par endroit. Elle tenta de le faire voleter mais il tournoyait de façon chaotique tant il était gondolé. La conclusion était sans appel : son disque était inutilisable.
Elle soupira de dépit : sa magie lui semblait être une source intarissable de problèmes. Serrant son disque contre son cœur elle décida d’aller rejoindre Griffeuille pour en finir avec cette malédiction. Avec ou sans disque elle se devait de progresser avant de blesser ou tuer quelqu’un.  Elle sortit dans la cour, déterminée à s’entrainer durement.
Ce n’est qu’après une bonne minute que ses yeux purent s’adapter au soleil éclatant du dehors et constater que la maison avait encore fait des siennes. Entre l’écurie et la jungle dense, s’insérait un vaste terrain d’herbe courte. Gri y avait installé plusieurs plots déjà criblées de flèches. Le sol tout autour étaient lui aussi jonché de projectiles luminescents.
La lancière se grattait la tête, pensive :
-          « Ce n’est pas exactement ce que j’avais imaginé…
-          J’ai touché toutes les cibles. Rends-moi mon arc ! »
L’archer se tenait debout à plus de 60 mètres de distance, muni d’un arc d’entrainement et d’un grand sourire narquois. Gri se tenait sur le côté et l’invectivait :
-          « Surement pas. Avec une pluie de flèches tu étais certain de toucher quelque chose. Ça ne démontre en rien que tu sais viser.
-          Ça démontre que j’ai gagné l’ pari : rends-moi mon arc !
-          Seulement quand tu auras mis une flèche dans la cible en en tirant une seule. Ou que tu admettras ton problème. »
L’Amane le défiait de toute sa hauteur. Ale jura tout ce qu’il pouvait et vociféra :
-          « J’ai aucun problème !
-          Alors tire. Rien qu’une seule flèche. Eveanna fera l’arbitre. »
L’Elfe avait parcouru toute la distance qui les séparait de la maison et se tenait derrière eux, serrant toujours son disque dans les bras. Elle acquiesça avec tout le sérieux dont elle était capable. L’Archer se tourna vers elle en se grattant la barbe d’un air renfrogné et se résigna.
-          « Si ça peut faire plaisir à Mad’moiselle Sainte Nitouche. »  
Elle roulait encore les yeux au ciel quand il concentra sa mana pour créer un seul et unique trait. Il encocha ensuite soigneusement sa flèche et banda son arc sans effort apparent. Mais il dut s’y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir viser correctement tant ses mains étaient agitées de tremblements. Lorsqu’il relâcha la tension de la corde, la flèche s’envola et se ficha à l’extrémité extérieure du cercle peint sur la cible. Eveanna déclara solennellement :
-          « Aledaran gagnant ! 
-          J’te l’avais dit, aucun problème. » dit-il en ricanant.
-          « Mouais. Avant tu l’aurais mise au centre. Tes mains tremblent comme des feuilles en automne… 
-          Donne- moi mon arc », réclama Ale, soudain froid comme la glace.
La Lancière lui tendit l’étui en soupirant, mais ne le lâcha pas avant d’avoir prévenu :
-          « Elle se mérite cette arme. Tu n’as pas atteint ce niveau en archerie pour le jeter dans la première flasque venue.
-          J’lai méritée. Elle est à moi et j’ peux compter d’ssus pour m’sortir des emmerdes.» fit-t-il en tirant sur le sac. 
Gri relâcha sa prise mais rajouta, d’un ton grave :
-          « Et nous, est-ce qu’on peut compter sur toi ? Est-ce c’est à toi ou à ton arc que nous confions nos vies ? »
La Lancière était mortellement sérieuse. Ale devait s’en rendre compte car il recula de quelques pas en se frottant le visage. Il s’accroupit dans l’herbe, sortit son arme  et la contempla quelques secondes, pensif. Il finit par lâcher, à contre cœur :
-          « Ok. J’admets qu’un peu d’entrainement ne m’f’ra pas d’mal. ». Puis il rajouta juste pour faire réagir l’Elfe : «  Mais compte pas sur moi pour entrainer la bleusaille. »
La tension retomba d’un coup lorsque Gri se remit à sourire et Eveanna se rendit alors compte qu’elle avait arrêté de respirer. Elle reprit une grande goulée d’air avant de le taquiner à son tour :
-          « Ça tombe bien, je ne m’entraine qu’avec des gens compétents ! »
L’Archer ricana quand Gri se tourna vers Eveanna en lui désignant la cible la plus proche :
-          « Alors à toi. »
Elle inclina nerveusement les oreilles en arrière et tendit son disque à Griffeuille :
-          « Je ne peux pas. Il est… inutilisable. » fit-elle craintivement.
La lancière se saisit de l’objet et l’examina tandis que l’archer sifflait doucement entre ses dents, impressionné :
-          « Dis donc… Pour fondre un disque il faut une sacrée puissance !
-          Tu as raté une belle bataille mon ami. » fit la lancière tournant et retournant l’arme entre ses griffes. Voyant la sorcière se dandiner d’un pied sur l’autre, mal à l’aise, elle rajouta : « Je me doutais que ce disque ne tiendrait pas le coup. Ne t’inquiète pas, j’en ai amené qui te conviendront mieux. »
Joignant le geste à la parole, elle sortit deux disques du sac de cuir posé à ses pieds et les soupesa. Le premier était très ouvragé et son métal brillant ciselé de deux larges ailes déployées. Le second était plus simple et ne portait qu’une étoile en son centre mais sa douce patine reflétait sa qualité dans la lumière. Elle lui donna le premier:
-          « Il est plutôt puissant et résistera à toute la magie que tu pourras déchainer. Essaye de le faire voler. »
La sorcière l’admira, éblouie par sa finesse, puis se concentra et tenta de le faire tournoyer. Malheureusement elle réussit à peine à le faire décoller et encore moins à le mettre en mouvement. Malgré tous ses efforts, la seule chose qui roula fut une goutte de sueur dans son cou. Elle regarda Gri, légèrement essoufflée et plutôt déçue.
-          « Mmmm…. Il est encore un peu trop tôt pour celui-ci. Ne te décourage pas, il te faudra juste plus d’expérience avant de pouvoir l’utiliser. Essaye l’autre pour voir » dit-elle en lui tendant le second disque. « Il est moins résistant mais il tiendra. »
Eveanna le saisit et fut étonné par sa douceur et sa légèreté. Elle le fit décoller et tournoyer sans trop d’effort cette fois. Reprenant espoir elle visa la cible et se concentra sur sa magie, envoyant une boule de feu droit vers l’arbre juste derrière le plot. Heureusement elle s’éteignit avant d’atteindre quoique soit d’inflammable.
Elle grimaça et poussa un petit gémissement d’inquiétude, s’attendant à une remarque acerbe de l’Archer. Mais celui-ci attendit patiemment que Griffeuille prenne la parole :
-          « Un peu trop à gauche. Pense à tes appuis quand tu lances et ne quitte pas la cible des yeux. Toute ta puissance ne servira à rien si tu ne touches pas ton ennemi. Recommence.
-          Et si je mets le feu ?
-          Je vais me mettre derrière la cible et intercepter ce qui passe. Ça m’entrainera moi aussi. ». Elle regarda Ale, toujours à croupi dans l’herbe : « et pour toi, une flèche à la fois, le plus vite possible».
La Lancière se posta derrière les cibles et les fit s’entrainer sans relâche jusqu’à tard dans l’après-midi, interceptant avec aisance tous les tirs ratés tout en prodiguant conseils et encouragements. Lorsqu’elle eut fini avec eux ils étaient trempés de sueur et à bout de force.
Eveanna se laissa tomber et s’allongea dans l’herbe en respirant bruyamment tandis qu’Aledaran se frottait les doigts. Leur instructrice, elle, semblait à peine fatiguée et souriait en revenant vers eux :
-          « C’est un bon début mais il y a encore du travail !
La Sorcière et l’Archer poussèrent un grognement de dépit au même moment, ce qui les fit rire tous les deux. Il l’aida à se relever alors que l’Amane arrivait à leur hauteur. Cette dernière était soulager de voir que ces compagnons trouvaient peu à peu un terrain d’entente. Elle reprit :
-          « Eveanna je voudrais tester quelque chose avec ton feu s’il te plait. Ale sera simple spectateur pour le moment et nous aidera en cas de problème. »
-          D’accord », acquiesça-t-elle en se remettant en place, l’air un peu inquiet.
-           Très bien. Maintenant je veux que tu te concentres et que tu appelles le feu comme tu l’as fait à Port Coupe-Gorge.
-          Je.. heu… je ne sais pas le faire volontairement » avoua-t-elle, penaude.
-          « Je sais et c’est pour ça que tu dois apprendre à l’appeler sans paniquer. Essaye et on verra ce qui se passe », l’encouragea Griffeuille.
Eveanna ferma les yeux. Elle imagina la chaleur l’envahir et le feu courir le long de ses bras. Elle l’appela avec sa magie mais rien ne se produisit. Refusant d’abandonner si vite, elle se concentra plus intensément, serrant les poings et appelant les flammes avec sa volonté, ramenant au plus près d’elle son pouvoir destructeur comme elle le ferait avec le plus dangereux des sortilèges. Mais rien ne vint. Au bout de quelques minutes elle rouvrit les yeux et soupira d’agacement.
-          « Je n’y arrive pas !
-          Essaye encore ».
Eveanna referma les yeux, puisant plus loin encore dans sa magie. Mais malgré tous ses efforts, rien ne vint. Même pas une toute petite flammèche ne se manifesta. Elle desserra les poings et leva les yeux au ciel, découragée. L’Amane  posa une main sur son épaule et tenta une autre approche :
-          « D’accord… Nous n’utilisons peut-être pas la bonne méthode. Comment as-tu essayé de l’appeler ?
-          Comme l’énergie que j’utilise pour les sorts très puissants.
-          Bien. D’après ce que je sais, ton feu se manifeste uniquement dans les situations où tu es en danger. Peut-être qu’il faut que tu t’imagines dans une situation difficile ou que tu ressentes un danger imminent….
-          Mais sur la plage, je n’étais pas en danger. Pourtant le feu s’est manifesté de lui-même », précisa la sorcière.
-          « Oui et j’ai failli finir en grillade ! » ajouta Aledaran, assis paresseusement dans l’herbe rêche derrière eux.
-          « Est-ce que tu perçois Ale comme une menace imminente ? » demanda Griffeuille.
-          « Pas vraiment. Il y a de la méfiance oui, mais pas de la peur. 
-          Alors ça ne peut pas être ça, il nous faut autre chose…que ressentais-tu quand le feu a voulu attaquer Ale ? Du dégout ?
-           Non mais faites comme si j’étais pas là surtout ! » s’indigna l’Archer.
La Lancière encouragea la Sorcière du regard, l’incitant à parler. Eveanna fit une petite grimace mais répondit sincèrement :
-          «  Eh bien, j’avais peur c’est vrai mais… j’avais tout perdu et je ne savais pas où j’étais. Tout ça à cause d’un Humain ivre dont je ne connaissais même pas le nom. Je crois que j’étais surtout….en colère.
-          Je comprends ce sentiment », compatit Griffeuille. « Parfois il me fait aussi sortir de mes gonds tellement il est buté.
-          Dites, vous deux ! J’suis pas invisible ! Et si vous voulez vraiment être en rogne, vous z ‘avez qu’à vous dire que j’matte les fesses de l’Elfe d’puis facile dix minutes, sans m’fatiguer ! » 
L’intéressée se retourna vers lui d’un bloc, droite comme un I. Outrée, elle le fustigea du regard sans pouvoir prononcer un mot.
-          Aledaran ! » pesta l’Amane, brandissant son poing vers lui.  « Tu n’as pas honte de te comporter ainsi ?! Eveanna a besoin d’aide, pas de tes sales manières!
-          Ben quoi ? Je l’aide là ! 
-          Comme oses-tu dire ça ? 
-          Regarde ses mains !
Griffeuille était hors d’elle mais Ale souriait de toutes ses dents, pointant l’Elfe du doigt. Elle, n’avait pas bougé, ravalant son indignation. Mais de toutes petites flammes léchaient ses doigts et  tentaient de remonter le long de ses poignets. Elle leva ses mains et contempla le feu les entourant. Elle chuchota presque tant elle était surprise :
-          « J’ai réussi… »
Elle sourit à Griffeuille puis fit rouler le feu entre ses doigts, savourant sa présence. Elle se tourna ensuite vers Aledaran, les yeux brulants de colère,  mais la Lancière capta son attention avant que les choses dégénèrent :
-          «  Bravo ! Maintenant tu vas essayer de le calmer et de le faire revenir » temporisa-t-elle. « Et on va faire en sorte de ne pas te déconcentrer. »
Griffeuille avait ponctué sa dernière phrase d’un coup d’œil lourd de sous-entendus à Ale qui comprit vite le message. Il se décala, les mains levées en signe d’apaisement, et alla s’entrainer un peu plus loin. Une partie de son attention restait tout de même rivée sur Eveanna.
Privé de sa source de sa colère, le feu s’éteignit de lui-même, ne laissant qu’une douce chaleur derrière lui. Ce n’est qu’après plusieurs essais et beaucoup de patience que l’Elfe arriva à le rappeler en puisant dans ses sentiments. Même sans arriver à le faire gagner en intensité, c’était déjà une victoire. Une toute petite car elle dû le faire encore et encore.
 Elle serrait les dents sous l’effort et était presque à bout d’énergie. Elle ne désirait plus qu’une chose : s’allonger dans l’herbe et dormir toute une éternité.  Cependant Griffeuille ne l’entendait pas de cette oreille et la fit le rappeler et l’éteindre jusqu’à ce qu’elle puisse agir sans réfléchir Le temps que la technique soit maitrisée, c’était au tour du ciel de prendre feu.
  La fatigue s’intensifiait alors que le soleil déclinait et qu’un vent frais prenait peu à peu sa place. Mais la Lancière avait encore quelque chose en tête :
-          « Bien ! Je sais qu’il tard et il nous faut encore manger et préparer l’expédition de demain. »
A ces mots la Sorcière se sentit soulagée. Même Ale poussa un petit soupir de fatigue. Mais Gri poursuivit :
-          « Mais avant j’aimerai tester une dernière chose.
-          T’es sûre ? » l’interrompit Ale, « T’y vas pas un peu fort pour un premier entrainement? Même moi j’ai pu d’bras….alors elle… » dit-il en se frottant les muscles.
-          «  « Elle » préfère collectionner les succès plutôt que les bouteilles. Dis- moi ce que je dois faire. »
La Lancière était fière de la Sorcière et se tint encore plus droite que d’habitude : enfin une élève déterminée. Voilà qui changeait ! Sûre de son choix, elle ordonna :
-          « Appelle ton feu et carbonise la cible là-bas. Et mets-y toute ta puissance ! 
-          Elle va tout cramer sauf le plot» dit l’Archer avec un petit ricanement pessimiste.
 Eveanna se tourna vers lui et s’embrasa. Ale eut un léger mouvement de recul tant la chaleur était intense. Les flammes s’étalaient le long des bras de la Sorcière et entouraient son visage de longs cheveux flamboyants. Elle se tourna vers la cible, leva la main et utilisa son disque du mieux qu’elle pouvait.
 Il était hors de question qu’elle lui laisse une autre chance de se moquer alors elle y mit tout son enthousiasme. La détonation fut assourdissante et même elle fut surprise de la taille et de la vitesse de la boule de feu qui carbonisa l’objectif. Un immense soulagement l’envahit alors que ses camarades la félicitaient.
-          « J’te l’avais dit : elle a tout cramé ! » cria Ale en riant et en se mettant à courir pour aller éteindre l’incendie.  
-          « Ok on peut s’arrêter là pour aujourd’hui ! » décida Griffeuille au grand soulagement de tous. « Rentrons préparer notre voyage de demain. »
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Chapitre précédent : Chapitre 16: Cicatrices  // suivant : Chapitre 18 : Ecailles
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fanfictera · 7 years
Text
La Balance des Dragons // Chapitre 16: Cicatrices
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : Torture, sang, blessures
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 16: Cicatrices
Il faisait froid. Il faisait toujours froid ici.Pourtant son dos était brulant et de longs sillons ensanglantés le traversaient de part et d’autre. Il entendait bouger derrière lui. Un frisson de désespoir le parcouru et il tira sur ses liens par réflexes: il savait qu’il ne pourrait pas se retourner.
-          « Jusqu’à combien pourras-tu compter trésor ? » susurra la voix aux relents métalliques »
Le tentacule claqua, arrachant un gémissement au prisonnier.
-          « Je n’ai pas entendu…. »
Le fouet s’abattit une nouvelle fois, sa morsure arrachant un morceau de chair en plus d’un cri. Il pouvait sentir son sang chaud se répandre sur son dos et le long de ses jambes.
-          « Soixante-trois», haleta le prisonnier
Elle le forçait à compter. S’il ne le faisait pas, elle recommençait jusqu’à ce qu’il ait dit le bon chiffre.
-          « C’est mieux» se réjouit la tortionnaire. « Et ce qui serait encore mieux c’est que tu me parles de ce Dragon.
-          Tu perds ton temps.
-          Comme tu veux. Mais tu es encore loin des trois cents que je t’ai promis. »
Un bruit sec raisonna dans l’immense pièce vide. Il serra les poings pour encaisser le coup :
-          « Soixante-quatre…»
Son sang goutait sur le sol déjà gluant de fluides. Elle frappa encore et encore jusqu’à ce qu’il ne puisse plus qu’émettre des murmures inaudibles. Mais elle ne le laissait pas en paix :
-          « Tu me diras ce que je veux.
-          Jamais…
-          Oh si. » Lui souffla-t-elle à l’oreille. « Tu me le diras.
                                                            ****
-          NON ! »
Aledaran hurla en se réveillant. Il était allongé sur le ventre, haletant, le dos encore brulant de la bataille de la veille. Il essuya la sueur qui perlait à son front et se répéta :
- « C’était un cauch’mar. C’était juste un d’ ces putains de cauch’mars. »
En écoute : « Autumn’68 », Pink Floyd
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Précédent : Chapitre 15 :Médecine douce  // Suivant :  Chapitre 17- Maison et Magie
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La Balance des Dragons // Chapitre 15 : Médecine douce
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : Blessures (brûlures)
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 15: Medecine Douce
Griffeuille fit aussi vite que possible pour les mettre en sécurité. Malgré les détours qu’elle imposait au groupe pour éviter d’être suivis, elle réussit à atteindre la maison d’ Yrlyg deux heures après minuit.
Elle descendit de son cheval et l’attacha devant la maison. Elle fit de même avec celui qu’elle guidait par la bride depuis le début et sur lequel était solidement attaché Ale. Elle dénoua ensuite les liens qui empêchaient l’Archer de tomber de sa selle et ordonna à l’Elfe :
-          « Occupe-toi des bêtes pendant que je me charge de lui. Quand tu auras fini, viens nous rejoindre à l’intérieur.»
Elle parlait à voix basse maison se sentait tout de même obligé d’obéir.Eveanna s’exécuta à toute vitesse sans poser de questions.Elle descella leurs montures et les mena dans l’enclos,déjà approvisionné en eau et en nourriture, derrière la maison. Lorsqu’elle eut terminé, elle se dépêcha de rentrer.
Elle fut accueillie par des cris et une forte odeur de chair brulée provenant de la cuisine.Griffeuille tentait de  maintenir Ale à plat ventre sur la table alors qu’ Yrlyg s’occupait des blessures sur son dos et l’arrière de ses cuisses. L’Archer se débattait de toutes ses forces en hurlant :
-          « Non !
-          Arrête de bouger ! », ordonna la Lancière.
-          « Non !
-          Ale…
-          Tu perds ton temps !
-          Ale, c’est Griffeuille. Calme- toi !
-          Libère-moi ! »
Il se débattait tellement qu’ Yrlyg n’avait réussi qu’à enlever les vêtements brulés. L’ Elin s’arrêta un moment pour reprendre son souffle : le soigner tenait plus du rodéo que de la médecine. Elle avait déjà failli se retrouver par terre au moins trois fois et elle n’avait pas encore commencé la partie délicate.
-          «Je commence à enlever la peau brulée. » prévint-elle, « c’est le plus douloureux. »
Griffeuille hocha la tête et réaffirma sa prise. Yrlyg reprit ses soins en essayant de ne pas chuter du tabouret sur lequel elle était montée. Aledaran poussa un cri de douleur déchirant dès qu’elle le toucha et se débattit de plus belle :
-          « Arrête de bouger. C’est moi, c’est Gri !
-          Non ! » cria-t-il, au supplice.
Eveanna réprima en vain un petit gémissement, les larmes aux yeux. Elle se tenait à l’entrée de la cuisine, serrant nerveusement les mains l’une contre l’autre, impuissante spectatrice de l’infortune de son compagnon.
Yrlyg l’invita d’un geste à les rejoindre avant de recommencer à tirer la peau abimée avec sa pince et ses ciseaux. Mais elle dû toucher une partie particulièrement sensible car l’archer se mit à hurler de plus belle et la poussa en bas de son perchoir.
-          « Arrête, on te soigne, tête de mule ! » lui cria-t-elle en se relevant.
-          J’dirais rien !
-          Je sais», lui grogna Griffeuille qui avait de plus en plus de mal à le maintenir. « on n‘arrivera à rien comme ça. Il faut qu’il se calme.
-          Tant qu’il hallucinera, il se débattra », soupira Yrlyg qui se tourna soudain vers Eveanna « tu pourrais faire un sédatif ? 
-          Bien sûr. Mais vu la quantité d’alcool qu’il a bu, lui administrer un tranquillisant serait dangereux…ça pourrait le tuer »
-          Et un anesthésiant ?
-          Même chose…. » dit l’Elfe en blêmissant à l’idée que sa Maitresse veuille quand même essayer.
L’ Elin remonta sur son tabouret en jurant, sa petite queue fouettant l’air derrière elle.
-          « Ça ne m’arrange pas qu’il meurt. Donc il faut qu’il dessaoule. Mais on ne peut pas attendre qu’il évacue tout l’alcool naturellement, ses brulures sont trop étendues » dit-elle, poursuivant son raisonnement à voix haute.  « et un filtre pour éliminer l’alcool ? »
-          Oui ! », s’exclama Eveanna. « Mais… 
-          Mais quoi ? », s’agaça Yrlyg.
-          Mais il faudrait attendre quatre heures entre l’administration du filtre et celle de l’anesthésiant.
-          Il faudra qu’il encaisse, ça lui apprendra à picoler.
-          Maitresse… » supplia l’Elfe.
-          Obéis ! » la réprimanda la Dame.
L’Elfe rabattit ses oreilles vers l’arrière et se tourna vers le plan de travail. Elle aurait pu jurer que la maison avait tremblé sous le grondement d’ Yrlyg. Évidemment c’était impossible. Les maisons ne grognaient pas et les Elins ne poussaient pas des grondements à faire trembler un bâtiment.
Elle se ressaisit et commença sa préparation. Ses mains virevoltaient avec agilité à droite et à gauche, attrapant les récipients et ingrédients plus vite que jamais. Ne sachant pas ce que voulait utiliser sa Maitresse, elle prépara du baume ultra-cicatrisant en plus des potions de soin et du filtre.
Le filtre fut terminé en premier. Elle le versa dans un grand verre et se retourna vers Ale. Yrlyg ne le touchant plus, il avait cessé de se débattre. Mais Griffeuille le tenait toujours fermement. Elle fit un petit signe d’encouragement à l’Elfe qui approcha doucement la mixture des lèvres du blessé:
-          « Ale, bois-ça. Ça te fera du bien.
-          Non ! », hurla-t-il en tentant de se dégager.
Eveanna eut un mouvement de recul et manqua de  renverser le filtre. Il avait failli la mordre. Lui administrer cet antidote allait être plus compliqué que prévu. Même si elle arrivait à lui mettre le liquide dans la bouche, elle était sûre qu’il allait lui recracher au visage. Il lui fallait un plan, une ruse, autre chose qu’un verre. Une pipette !
Elle avait examiné tous les recoins de la cuisine en faisant ses préparation mais n’en avait vu aucune. Elle regarda encore, histoire d’être sûre, et tomba dessus dès le premier tiroir ouvert. Fascinant Elle soupçonnait fortement un enchantement mais n’avait malheureusement pas le temps de s’attarder sur la question.
-          « Maitresse Yrlyg, pourriez-vous lui relever la tête je vous prie ? »  demanda l’Elfe en prenant bien soin d’utiliser le protocole Elfique.
-          « Avec plaisir chère apprentie.»
La petite rousse avait perdu sa patience. Elle attrapa Ale sans ménagement et lui tint la tête sans tenir compte de ses plaintes. Eveanna serra les dents face à ce mauvais traitement mais ne fit aucuns commentaires. Elle s’était déjà faite renvoyée une fois et elle avait retenu la leçon.
-          « Je suis désolée », plaida-t-elle en lui injectant le liquide gluant entre les lèvres.
Elle dû lui maintenir la bouche fermée jusqu’à ce qu’il déglutisse. Cela leur parut une éternité pendant laquelle la Lancière dû batailler ferme contre ses soubresauts. Heureusement les effets se firent sentir très rapidement et, au bout de cinq minutes, il cessa de s’agiter. Ce fut l’ Amane qui prit la parole :
-          « Ale, tu m’entends ? »
L’Humain toussa et essaya de bouger, sans succès. Cependant il répondit :
-          « Griffeuille ? Qu’est-ce que tu fous ? Et j’suis où putain ? 
-          Tu es sur la table de ma cuisine et on te fait dessaouler », bougonna Yrlyg.
-          « D’habitude ça fait plus mal au crane qu’à mes arrières », se plaignit-il. « Gri, pourquoi tu m’fais un câlin ? 
-          Pour t’empêcher de mordre mon apprentie ! »rétorqua l’ Elin.
-          « Tu as refait un de tes cauchemars à cause de l’alcool et la douleur » expliqua l’ Amane. « Je peux te lâcher ? 
-          Ouais. »
Elle desserra sa prise afin qu’il puisse bouger mais la souffrance le cloua à la table.La pièce s’arrêta de tourner cependant il se sentait toujours déboussolé. Il souffla et prit un instant pour rassembler ses souvenirs:
-          « Ok. J’ai été à Port Coupe Gorge pour chercher le paquet. J’ai fait une pause parce que j’avais soif.Et ensuite je me souviens juste d’une explosion. Merde c’ quoi cette puanteur ? Vous faites du porcidé rôti au lieu d’ me soigner ou quoi ?
-          Heu… pas vraiment. » dit Eveanna, mal à l’aise. « C’est toi qui sent comme ça. L’explosion … tu étais devant moi et… tes brulures sont très graves, il faut te soigner au plus vite. »
L’Archer releva la tête en grognant et observa l’Elfe :
-          «Toi aussi t’es blessée. Regarde tes bras. Qu’est-ce qui s’est passé bordel?
-          Je pense à une embuscade… » commença Griffeuille.
-          «Bon ! » coupa l’ Elin, « D’habitude j’aime bien papoter dans la cuisine mais le temps presse. Eveanna tu retournes à tes potions, on s’occupera de tes bras ensuite. On utilisera les baumes : ça laisse moins de cicatrices et ça fait moins mal quand la peau repousse. Nous garderons les potions pour les cas d’urgence.
-          Filez-moi une potion qu’on en finisse » exigea Ale
-          «D’abord on doit enlever la peau brûlée », tempéra l’Amane.
L’Humain soupira. Il en avait vu d’autres mais, sans magie de soin, les brulures étaient plus douloureuses à traiter que le reste. Yrlyg se préparait à se remettre au travail lorsqu’ Eveanna vint en renfort armée d’une pince et de ciseaux commodément trouvés dans le premier placard venu.
-          « Déjà fini ? Parfait ! » s’exclama l’ Elin.« Mets-toi à côté de moi et regarde bien, je vais te montrer ». Puis, s’adressant à l’archer : « Toi tu prends une grande respiration et tu ne bouges plus.»
L’Elfe regarda les blessures plus attentivement. Elle n’avait jamais vu de brulures si étendues et si profondes. Elles démarraient au niveau des omoplates jusqu’en bas du dos et s’étalaient sur une partie des cuisses. De larges bandes de cloques et de peau noircie parcouraient encore les plaies. De plus de petites échardes de bois et de métal piquetaient l’ensemble.
Aledaran s’attendait à ce que ça fasse un mal de chien et il ne fut pas déçu. Il saisit les pieds de la table à pleine main et les serra jusqu’à ce que ses doigts deviennent blancs.Il ferma ensuite les yeux et pria pour que ça ne dure pas trop longtemps. Il avait l’habitude de souffrir en silence mais l’intensité du supplice le fit réclamer :
-          « Dites les barbares, pourriez pas m’faire une anesthésie au moins ?
-          Il faudra t’en passer. » s’agaça l’ Elin. « Selon notre Experte en Alchimie, t’en administrer une dose juste après le filtre aurait de graves effets secondaires. Et je ne suis pas encore décidée à te laisser mourir.
-          Tu d’vrais y penser d’puis l’ temps. » souffla-t-il
Yrlyg ne répondit rien mais tira un peu plus fort que nécessaire sur sa pince.
-          Méchante», grinça-t-il en serrant les dents.
Griffeuille avait profité du fait qu’on n’avait plus besoin d’elle pour aller retirer une partie de sa lourde armure dans l’entrée, près de là où elle avait posé en urgence sa lance et son bouclier. Lorsqu’elle revint, Eveanna aidait Yrlyg d’une main tremblante pendant qu’Ale râlait.
Après une énième remarque de l’archer sur sa façon de traiter ses invités malgré son grand âge, Yrlyg serra les poings et trépigna. Ses yeux devinrent rouges de colère et on pouvait y voir danser de petites flammes :
-          « Il suffit ! J’en ai assez. Eveanna je te laisse terminer»,explosa-t-elle en descendant de son tabouret. « Je vais m’occuper des chevaux avant d’avoir envie d’aggraver ses brulures ».
Elle traversa si vite la cuisine et la salle à manger que Griffeuille dû crier pour qu’elle l’entende :
-          « Ne les mange pas, nous en avons encore besoin ! »
Eveanna sursauta. Maintenant elle en était sûre : elle rêvait et elle allait se réveiller. Sa nouvelle Maitresse semblait manger ce qui se présentait, avait un caractère plus que volcanique et des pouvoirs en conséquence. Elle frissonna à cette idée mais elle avait un énorme problème bien plus urgent à régler.
Griffeuille avait surpris son regard agrandi par l’effroi et prit les devants :
-          « C’est la première fois que tu soignes quelqu’un d’aussi gravement brulé ? 
L’Elfe hocha la tête pour ne pas inquiéter son patient mais celui-ci capta le mouvement du coin de l’œil et grommela :
-          « J’suis sûr que tu s’ras plus douce que l’aut’ sauvage. »
L’ Amane renchérit en souriant :
-          « Fais toi confiance, tu te débrouilles bien. Ale a besoin de toi et quand ce sera fini il souffrira moins.»
Encouragée par Gri, l’apprentie poursuivit donc les soins, seule. Elle eut l’impression de faire ça pendant des heures et c’était probablement le cas. Lorsqu’elle eut enfin fini d’appliquer la couche de cicatrisant, l’archer était livide et trempé de sueur. Mais le pire était passé.
-          « Fini ! » dit l’alchimiste dans un soupir de soulagement. «Je me lave les mains et je peux passer aux bandages gras.
-          J’en ai pas besoin » grogna l’Humain
-          « Si tu en as besoin » fit Griffeuille 
-          «Dis donc t’es d’quel côté toi ?
-          Du tien, entêté. Si tu ne mets pas ces bandages tu risques une infection.
-          Oui M’man » capitula Ale, plus par fatigue qu’autre chose.
L’ Amane l’aida à se redresser puis à tenir droit, enlevant au passage les derniers lambeaux de vêtements découpés. Lorsqu’Eveanna se retourna il était debout au milieu de la cuisine dépourvu de sa chemise et de son pantalon.
-          « Par le noyau, que t’es t- il arrivé ? » hoqueta l’Elfe
-          « Ça t’regarde pas. » répondit- il en bougonnant d’une voix encore plus grave que d’habitude.
-          Pardon, c’est juste que …. »
Sa phrase mourut sur ses lèvres avant de rester coincée dans sa gorge et d’y faire une boule. Ce qu’elle voyait dépassait ce qu’elle pouvait imaginer de pire comme tourments. Aledaran était tout entier recouvert de cicatrices de toutes les tailles et de toutes les formes. Sur son torse certaines paraissaient même dessiner d’étranges formes géométriques.
Griffeuille interrompit la discussion d’un ton sans appel :
-« On en reparlera plus tard s’il le faut mais, pour le moment, finissons ce que nous avons commencé.Le soleil va bientôt se lever et tout le monde a besoin de repos. »
Eveanna fit les bandages avec son efficacité habituelle, redoublant de délicatesse alors qu’Ale se murait dans son silence.Elle soigna ensuite ses propres blessures, bien moins graves, avec l’aide de la Lancière. Une fois terminé, ils montèrent tous se coucher, espérant que la prochaine journée pourrait leur apporter plus de réponses.
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La Balance des Dragons // Chapitre 14 : Tavernes et tremblements
Auteur: Douce Plume
Univers:
 Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : Alcoolisme, Violence, Blessures
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 14 : Tavernes et tremblements
Port Coupe-Gorge
Eveanna se matérialisa sans bruit sur un chemin isolé longeant la place centrale. Le village n’était qu’un amas de petites maisons de bois blotties au milieu de la jungle. Au loin le soleil couchant caressait les voiles des bateaux assoupis dans le port. L’air sentait la pluie et la marée. Elle s’enfonça dans l'étroite ruelle en évitant les flaques de boue.
 Par où commencer ? Elle était quasi-certaine de le trouver en bonne compagnie en train de se saouler aux frais de quelqu’un d’autre. Elle se dirigea donc vers la mer, espérant y trouver les tavernes les plus animées. Le port n’était pas très grand et elle eut vite fait le tour des établissements remplis de marins ivres. A chaque fois elle décrivait Aledaran et à chaque fois on le connaissait. Mais tous était unanimes, il n’était pas venu depuis un moment. Certains avaient d’ailleurs l’air d’avoir très envie de lui mettre la main dessus.
 La nuit tomba alors qu’elle sortait de la troisième taverne. Il aurait dû être là. Cela défiait toute logique. A moins qu’il soit déjà parti vers une autre ville ? Non, cela non plus n'était pas logique. La dernière option était la moins réjouissante. Il devait se trouver dans le seul endroit où personne n’avait envie d’aller le chercher.
 Elle changea de direction et s’enfonça profondément dans la ville. A mesure qu’elle avançait, l’air se chargeait d’une odeur d’urine et de poisson pourri.Le quartier était sombre et d’un calme inquiétant. Arrivée à destination il ne restait que la lune pour éclairer ses pas. Un ivrogne à moitié endormi était affalé près de l’entrée, marmonnant qu’il avait un rêve.
 Elle franchit la porte d’un pas mal assuré. La taverne tenait les promesses de son apparence extérieure. L’unique salle était petite et sombre. A sa gauche le tavernier frottait sans entrain son comptoir crasseux où cuvaient deux épaves. Un silence pesant régnait. Ici on buvait sans joie.
La jeune elfe prit son courage à deux mains et balaya la pièce du regard. Par chance il y avait peu de clients et aucun ne prêta attention à elle. Elle repéra vite son compagnon. Il était assis seul à une table tout au fond de la pièce, l’air maussade. Le nez dans son verre, il ne la vit pas s’assoir en face de lui.
-          « Aledaran ?
-          Ouais c’moi «
Il leva les yeux et la regarda sans la voir. C’était mal parti : il était complétement ivre.
-         « Tu me reconnais au moins ? «
L’archer soupira et se frotta le crâne, essayant de reprendre ses esprits.
-          « Ouais. T’es la grande blonde aux gros seins.  Cellequi prend feu. «
Eveanna s’empourpra et se retint de faire un commentaire désobligeant :il fallait absolument qu’elle le ramène.
-          « … je suis venue te chercher.Yrlyg nous  attends.
-          Qu’elle attende encore, j’ai pas fini mon verre. «
Il porta le gobelet à ses lèvres  et le vida en entier.Il  fit ensuite signe au tavernier et ajouta :
-          « Ni celui d’après d’ailleurs.
-          Ale, on ne peut pas rester ici…
-          Pourquoi pas ? Y’a plein à boire.
-          Ale j’ai promis à Yrlyg…
-          T’aurais jamais dû. Tu sais c’qu’elle te f’ra si tu tiens pas parole ?
-          Non, mais tu…
-          Elle te tuera. «
Eveanna écarquilla les yeux de surprise et soupira. « C’était incroyable ce qu’il pouvait inventer pour ne pas repartir », se dit-elle. Devant son air incrédule, il reprit.
-          « J’suis sérieux. Elle te tuera. Elle déchain’ra le feu sur toi et p ’t’ être même qu’ensuite elle te mangera. Si elle a faim. 
-          Je… «
La sorcière allait lui répliquer que l’alcool le rendaitimaginatif mais elle se ravisa.
-          « Alors… il vaudrait mieux rentrer. Sinon … elle nous tuera tous les deux. «
Ale regarda son verre avec une incommensurable tristesse.
-          « Si seulement…
-          Ale ? «
Eveanna avait attrapé la main d’Aledaran pour essayer de le ramener à la réalité. Ses doigts étaient  à tel point couturés de cicatrices qu’elle faillit avoir un mouvement de recul. Elle tint bon et tenta une approche différente:
-          « Ale, j’ai froid aux pieds.
-          Hein ?
-          Le paquet qu’Yrlyg t’as demandé de ramener, ce sont mes chaussures. Tu n’as pas négocié avec la Dame pour me laisser comme ça, si ? «
Le tavernier interrompit leur discussion en posant devant chacun d’eux un petit verre remplie d’une mixture sombre peu engageante. Il reluqua l’Elfe puis lança un regard à l’archer, un petit sourire aux lèvres. La sorcière le foudroya du regard jusqu’à ce qu’il s’en retourne à son comptoir. Ale en profita pour retirer sa main etboire son verre cul-sec.
-          « Sous la table. Mets-les tout d’ suite, on y va.
-          D’accord mais cette fois, on paye ! »
Elle s’empressa d’attraper le paquet. Alors qu’elle enfilait ses chaussures, Ale s’était levé et avait attrapé le verre restant qu’il avala d’une traite. Il tenta de marcher et faillit s’affaler contre la table. Eveanna eut à peine le temps de le rattraper.
-          «On dirait que tu n’as pas vidé qu’une seule bouteille toi…
-          C’est possible.
-          On va y aller doucement alors».
Aledaran tenait à peine debout. L’elfe se demandait ce qu’il avait bien pu subir pour avoir besoin de boire autant. Elle soutenait  à grand peine son compagnon, bien plus lourd qu’elle. Ils marchaient à petits pas en faisant des écarts dans une sorte de danse bancale. Ils dépassèrent le comptoir sous l’œil morne du tenancier.
 -          « Dis… je n’ai pas d’argent et tu n’es pas en état de courir. Tu es sûr que c’est raisonnable ?
-          T’inquiète, l’endroit est à moi.
-          Tu ..  quoi ? tu as acheté la taverne ????
-          Ouaip. Mais dis rien à la vieille sinon elle va raser l’ port. »
Il ricana, ce qui le fit tituber de plus belle et manqua de les faire tomber.Ils reprirent leur marche encore plus lentement, franchissant enfin la porte. La  brise nocturne les accueillit à l’extérieur, faisant frissonner l’Elfe. Il fallait maintenant rentrer. Aller vers le port semblait la meilleure solution.  
L’Elfe dirigea ses pas avec difficulté dans la bonne direction. L’archer reprenait un peu ses esprits grâce au vent frais de la nuit, mais pas assez pour marcher tout seul.Il vacilla et s’arrêta un instant. Ce qu’il était lourd. Cela devait venir de tout cet entêtement.
Il se tourna vers Eveanna et s’empêcha de tomber en se rattrapant au mur derrière elle. Il était trop près mais la jeune sorcière ne pouvait pas reculer plus, son épaule touchant déjà les planches rêches du mur. Cette situation ne lui plaisait pas, son cœur battait trop fort à son gout.
Soudain Aledaran posa une main sur sa joue et la regarda dans les yeux :
-          « Tu lui ressembles tellement… »
Elle allait demander des détails mais sa question n’eut pas le temps de franchir ses lèvres. Une énorme déflagration retentit et souffla une partie de la taverne, les projetant au sol. Elle se retrouva écrasée sous l’archer qui, le dos tourné à l’explosion, avait encaissé le plus gros des dégâts.
Sonnée et à moitié sourde, elle essayait de se dégager tant bien que mal. Elle appelait l’Humain et le poussait de toutes ses forces mais il ne réagissait pas. Il semblait avoir perdu connaissance. Autour d’eux les flammes consumaient les planches du bâtiment détruit et la fumée s’épaississait à vue d’œil. Il fallait absolument qu’elle se relève.
Enfin, au prix d’un effort titanesque, elle finit par le faire rouler sur le côté. Alors qu’elle se remettait debout, elle vit à ses pieds une boule métallique  animée d’une pulsation bleue. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un énorme pied recouvert de plaques surgit pour la renvoyer au loin. La boule explosa avec force, heureusement hors de leur portée.  
Eveanna leva les yeux et découvrit une Amane immense la surplombant. Deux longues nattes descendaient le long de sa lourde  armure argentée reflétant les flammes. Aux rares endroits de son corps non couverts de métal, on distinguait un mélange de peau et de pierre d’un brun doux. Sa main droite brandissait une lance gigantesque et son bras gauche tenait fermement un grand bouclier aux renforts d’acier.  
La lancière lui parlait mais Eveanna ne pouvait que voir ses lèvres bouger tant ses oreilles bourdonnaient. L’ Amane l’attrapa et la fit s’agenouiller près d’Ale, lui intimant par gestes de rester à terre. La lancière se plaça devant eux et les couvrit de son  bouclier pendant que l’Elfe s’assurait de l’état de l’archer. Ses blessures semblaient sérieuses mais il respirait encore.
Autour d’eux le feu se propageait et l’épaisse fumée âcre les empêchait de voir quoique soit. Mais ce n’était pas le cas de leur adversaire qui avait repéré leur position et poursuivait son bombardement.  Une seconde détonation retentit. L’air crépita autour d’eux et se chargea d’énergie avant d’exploser en sphères de lumières bleues. Les flammes et les explosions se disputaient le prix de la lumière la plus intense. L’ Amane, aveuglée, leva instinctivement son bouclier pour encaisser le choc.
 Les décharges et les bombes semblaient venir d’un endroit différent à chaque fois. L’ennemi se déplaçait sur la colline les surplombant mais l’épaisse fumée rendait toute réplique impossible. Le groupe ne pouvait que rester à l’abri alors que les coups répétés faisaient gronder le bouclier de la Lancière et la terre tout autour d’eux.Ils étaient bloqués et la fumée commençait à les priver d’oxygène.
L’attaque suivante fut bien plus forte et obligea l’Amane à enfoncer profondément ses pieds dans le sol pour absorber le choc d’une triple décharge d’énergie. Elle soupira de mécontentement alors qu’un rire  s’élevait au loin suivi de cliquetis inquiétants. Raffermissant sa prise sur son bouclier chauffé par les flammes, elle commença à chercher une issue du regard. En vain.
Eveanna n’arrivait plus à respirer et elle ne pouvait rien faire pour Ale dans cette fournaise. La lancière pouvait les couvrir mais elle n’aurait jamais l’allonge nécessaire pour toucher leur assaillant sans quitter sa position. Le stress faisait courir de petites flammes le long des mains de la sorcière. Il fallait qu’elle fasse quelque chose avant que le feu reprenne le dessus sur sa magie.
Elle glissa sa main dans son sac et attrapa son pâle disque de combat.Il n’était pas très puissant mais leur donnerait l’allonge nécessaire pour une contre-offensive. Elle se concentra et fit planer son arme à quelques centimètres de sa paume avant de se coller contre le dos de l’Amane, attirant son attention, puis lui mimant son plan.
Cette dernière grogna son approbation tout en encaissent une nouvelle volée  d’explosifs.Eveanna profita du temps de recharge de l’arme de l’assaillant pour répliquer.Elle envoya plusieurs boules de feu dans la direction des derniers tirs. Aucunes n’atteignirent leur cible mais cela suffit à agacer leur adversaire qui les arrosa d’une rafale puissante en représailles.
L’Elfe se replia de justesse derrière l’Amane qui ne bougea même pas d’un pouce alors que son bouclier vibrait encore sous l’impact.
-          « Recommence !, cria-t-elle
-          QUOI ?, hurla l’Elfe sourde en retour
-          RECOMMENCE !
-          NON ! «
Elle était paralysée par la peur et les flammes grandissaient sur ses bras. Entendant les cris, Aledaran se réveilla à moitié, grognant de douleur et toussant à cause de la fumée. Il tenta de se relever mais retomba, inconscient.
-          « RECOMMENCE ! hurla l’ Amane entre deux  explosions tonitruantes
-          JE…PEUX PAS… je… «
Dès que la Lancière entendit le cliquetis de rechargement de l’arme, elle posa sa lance, planta son bouclier dans le sol et agrippa la sorcière à deux mains pour la jeter en avant vers le champ de bataille.
-          « RECOMMENCE !» hurla-t-elle à nouveau, « RETOURNE- LUI TES FLAMMES SINON NOUS SOMMES MORTS ! »
L’Amane avait raison. Si le feu voulait sortir alors autant qu’il serve à quelque chose.Tremblante, l’Elfe se concentra de toutes ses forces et appela sa magie. Le bras tendu vers le ciel, la paume vers le haut, elle fit voler son disque au maximum de sa puissance.   Son arme se mit à tournoyer si vite qu’elle avait peur qu’il se brise. Mais ce n’était pas suffisant, elle n’avait le droit qu’à un seul essai.
La terreur faisait courir le feu sur l’ensemble de son corps. L’Elfe ressemblait maintenant  à une statue de flammes au milieu du brasier. Face à la menace, ses pensées s’emballèrent. Elle était en première ligne, sans protection. Elle n’avait rien demandé et  maintenant elle frôlait la mort deux fois par jour. Est-ce qu’on lui demandait son avis ? Est-ce qu’on s’inquiétait pour elle ?  Elle suffoquait sous le poids de la peur et de la magie. Elle voulait que tout cela cesse. Que cette bataille idiote s’arrête.
La colère emporta la peur tel un raz de marée. Levant la main toujours plus haute, elle convoqua le feu comme elle ne l’avait jamais encore fait. La température augmenta autour d’elle à mesure qu’elle aspirait les flammes de l’incendie de la taverne. Le disque prit une telle vitesse qu’il gémissait et crépitaient de petites étincelles. Une tornade de feu entourait son bras tendu surmonté du disque chauffé à blanc.
-         «   BRULE ! «
Elle déchaina les flammes loin devant elle sur ce qu’elle supposait être la position de l’assaillant. Une intense lumière déchira le ciel, virant à l’écarlate avant d’accoucher d’une tempête incandescente. D’énormes boules de feu tombèrent par rafales, écrasant et carbonisant la végétation de la colline. Des cliquetis et des jurons s’élevèrent au loin. Puis… rien.
Eveanna avait du mal à reprendre sa respiration et dû mettre un genou à terre pour ne pas s’effondrer, à bout de forces.Machinalement elle replaça son disque encore chaud dans son dos et tenta de reprendre ses esprits. Son feu s’était apaisé en ayant partiellement rasé la colline heureusement dépourvue d’habitations. Leur adversaire s’était enfui, blessé peut-être. C’était fini.
La sorcière, bien qu’épuisée, se força à se lever et à se retourner. Derrière elle la taverne n’était plus qu’une ruine fumante et des gens étaient morts. Elle ne comprenait pas pourquoi on les avait attaqués avec une telle violence. Ni pourquoi on les avait aidés. Elle tituba jusqu’à ses compagnons et s’effondra près d’eux plus qu’elle ne s’agenouilla.
L’Amane était penchée sur le corps de l’archer inanimé et releva la tête en l’entendant l’approcher :
-         « Eveanna, ça va ? Demanda-t-elle
-          Oui je crois. Mais comment... ?
-          Il faut partir. Maintenant.
-          Quoi ? Mais qui … «
Grifeuille ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et se leva pour replier sa lance et remettre son bouclier :
-          « Je m’appelle Grifeuille. Yrlyg m’envoie.
-          Yrlyg ?, Mais…et les blessés ?
-          Les soigneurs vont arriver. Nous on part. «
Eveanna n’en revenait pas. Il y avait des blessés, beaucoup de dégâts, et il fallait fuir comme une voleuse à nouveau? La Lancière avait remarqué son air effaré et lui répondit fermement en la regardant droit dans les yeux :
-          « Cette attaque vous ciblait. On cherchera le pourquoi plus tard. Mon boulot c’est de vous mettre en sécurité. «
Elle n’attendit pas de réponse et se baissa pour attraper Aledaran. Elle le déposa sur son épaule comme s’il ne pesait rien, veillant à ne pas le cogner contre son bouclier puis se mit en marche, ignorant ses gémissements. Voyant que la sorcière ne bougeait pas, elle l’attrapa par le bras et l’aida à avancer. Cependant la progression était laborieuse et trop lente au gout de l’Amane. Au bout d’un pâté de maison elle lui lança :
-          « Ça ne va pas ?
-          Plus de forces », haleta l’Elfe
-          « Tu as des potions ? »
Les potions ! Avec tout ça elle avait encore failli les oublier. Sa tête tournait mais elle réussit tout de même à faire fonctionner son sort de rappel. Elle glissa sa main dans son sac et en sorti une fiole lisse remplie d’un liquide rouge. Mais alors qu’elle allait la déboucher, la Lancière lui glissa :
-          « Prends plutôt la bleue.Ta mana est à sec :c’est ça qui te ralenti, pas tes blessures »
Eveanna s’exécuta et avala sans protester la potion bleue au gout amer. Elle sentit la magie affluer dans ses veines et sa respiration s’apaiser. Ses joues retrouvèrent presque instantanément des couleurs.
-          « Et pour lui ? » demanda l’Elfe en désignant le blessé. « On ne pourrait pas lui donner une potion de soin pour le soulager ?
-          Impossible. Cela soignerait les brûlures avec les échardes et les morceaux de vêtements dedans. Il faut d’abord nettoyer.
-          Alors on va l’emmener comme ça ?
-          Oui. Il faudra qu’il tienne le coup jusqu’à la maison d’Yrlyg. »
Devant l’air inquiet de la sorcière, elle ajouta :
-          « J’ai caché des chevaux près du port, juste à l’orée de la jungle. Mais il faut faire vite : ses blessures sont graves et on a peut-être été suivis. «
Joignant le geste à la parole, l’immense Amane repartit dans la nuit d’un pas décidé, Eveanna sur ses talons.
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La Balance des Dragons //Chapitre 13: La lance de Kaïa
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une  mission des plus importante par son maitre, Hustod. Malheureusement  l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce  qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique  et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle  révéler son potentiel de sorcière ou la folie des dragons  affectera-t-elle la magie toute entière ?
Mises en garde : mention d’alcoolisme
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Chapitre 13: La lance de Kaïa
Maison de la Dame au Dragon, Ile des Brumes.
  Eveanna sirotait son thé brulant par petites gorgées en réfléchissant à toute vitesse. Une fois son estomac apaisé, son cerveau s’était remis en marche et elle contemplait maintenant l’ampleur de la catastrophe. Elle était dans le pétrin. Lorsqu’elle aurait fini de boire, Yrlyg commencerait à lui poser des questions et il lui fallait décider maintenant de ce qu’elle allait lui dire ou pas.
    La petite rousse n’avait pas cessé de la regarder. Elle était assise en face d’elle, la tête posée entre les mains et la fixait sans bouger. On pouvait sentir la curiosité dévorante dans ses yeux. A peine la tasse posée, l’ Elin demanda :
-  « Alors raconte-moi :comment se fait-il que tu cherches à passer tes diplômes d’alchimiste hors d’ Allemantheia ? Tu as fait exploser leur laboratoire ? Tu as empoisonné un patient?  Je veux tout savoir ! »
   Le cœur de l’Elfe se serra en pensant à ce qui s’était passé. La tristesse remplaçant un instant l’angoisse de sa situation. Allemantheia lui manquait et elle avait peur de ce qui l’attendait maintenant. Cependant, quand elle était enfant, sa grande sœur lui répétait sans cesse l’importance de l’honnêteté . Eveanna prit une grande inspiration et décida de tout raconter.
-  « En fait, non, je n’ai rien fait exploser. J’ai déçu mon Maitre, Sir Hustod. »
 L’Elfe baissa la tête, rongée par la culpabilité. Elle poursuivit, honteuse.
- « J’ai voulu aller trop vite en lui ramenant ce qu’il m’avait demandé, et je me suis présentée devant lui dans un état lamentable. Il m’a licenciée sur le champ et j’ai dû quitter mon poste d’apprentie et ma maison. Je réfléchissais à mon avenir dans une petite taverne quand Aledaran a décidé que je devais payer à sa place… 
- Je connais la suite, Ale m’a raconté. Vous avez volé un pégase, essuyé une tempête et affronté les Gulas. Bien entendu il a volontairement oublié tous les passages où il a essayé de te peloter.
- En gros, c’est ça, oui. », répondit l’Elfe en faisant la moue.
Elle resta silencieuse alors qu’ Yrlyg la regardait, perplexe. La Dame reprit :
- «  Il y a des choses que je ne comprends pas. Tu es mauvaise alchimiste ?
- Pas du tout. J’avais une année d’avance par rapport aux autres étudiants. On me laissait même faire des recherches sur du matériel rare.
- Mais dans ce cas, pourquoi te renvoyer ? Hustod ne pouvait-il pas juste te réprimander ?
- Je te l’ai dit, je l’ai déçu. Se présenter devant lui couverte de sang était impardonnable. On ne traite pas son maitre ainsi même si on a réussi l’impossible.
- Comment ça couverte de sang ? Depuis quand demande-ton aux apprentis de ramasser des plantes qui saignent ?
- Oh non !Il ne s’agissait pas de plantes ! Il voulait des écailles de Dracoloth. Ceux de Scythera Fae."
   Yrlyg ouvrit grands les yeux et faillit tomber de sa chaise.
- « Des écailles de Dracoloth ?!"
   L’ Elin s‘agita et finit par descendre brusquement pour faire les cent pas dans la cuisine en réfléchissant tout haut :
- « Je trouve ça vraiment étrange qu’un Virtuose Alchimiste ait besoin d’écailles de Dracoloth. Non seulement il s’agit d’une espèce dangereuse mais en plus les études Draconiques ont été interdites après la fin de la grande guerre Argonne."
   Elle continuait à faire le tour de la cuisine en poursuivant son raisonnement, ses bottines blanches claquants sur le sol carrelé.
- « C’est peut-être une question d’argent. Les écailles peuvent se revendre très cher si on a le bon acheteur. Mais dans ce cas il aurait pu demander à un chasseur, pas à toi. » Elle s’arrêta et soupira. « Si seulement je pouvais savoir à quoi ressemble une de ces écailles...»
   Eveanna toussota discrètement pour rappeler sa présence. Malgré les aventures de la veille elle avait elle aussi un peu réfléchi à cette histoire et elle avait pris quelques précautions.
- « J’en ai gardé ! » fit-elle en souriant fièrement.
- « Fait voir ! »
   Yrlyg bondissait presque d’impatience. Cela donnait des ailes à l’Elfe mais lui avait aussi fait oublier ses blessures. Elle grimaça en posant un pied à terre. Yrlyg baissa les yeux, constata les dégâts et lui intima de s’assoir avec de grands gestes. Elle se pencha et regarda d’un peu plus près les égratignures. L ’Elin attrapa un des orteils d’ Eveanna ce qui la fit sursauter :
- « On ne peut pas te laisser comme ça, tu risques une infection. Tu trouveras tout ce dont tu as besoin dans les placards. Utilise ce qu’il te faut pour te soigner, moi je vais chercher ton sac ! 
- Est-ce..
- Et considère ça comme ton premier test ! ».
   La petite rousse était déjà partie en sautillant et avait crié sa dernière recommandation du pied de l’escalier. L’Elfe ferma la bouche qu’elle avait gardée grande ouverte et se mit à l’œuvre. Étonnamment les ingrédients et les objets nécessaires semblaient se glisser naturellement sous ses mains. Pour un peu on aurait dit qu’elle avait rangé cette cuisine elle-même.
   Yrlyg revint alors qu’Eveanna mettait sur le feu une petite casserole remplie d’herbes pilées, de quelques gouttes d’huile essentielle et tapissée d’un parchemin alchimique. L’ Elin tira une chaise vers elle et s’installa près de son apprentie.
   Elle posa doucement le sac sur le plan de travail, l’ouvrit et sortit délicatement une écaille de sa pochette de conservation. Elle la regarda d’un œil aguerri à travers la lumière de la fenêtre. Le morceau de carapace était d’un noir de jais et de la taille de sa main. Il subsistait une légère lueur verte en son centre qui nécessiterait plus d’analyses.
- « C’est du beau travail ! Même la cassure est nette. Avec quoi l’as-tu découpée ?
- Avec la lame de ma grand-mère. Elle est dans mon sac si tu veux la voir » fit Eveanna en touillant doucement sa mixture.
   Yrlyg glissa sa main dans le sac et en sortit la lame. Elle fronça les sourcils en touchant la petite marque sur le manche.
- « C’est un tournevis » dit l’Elfe. « Avec les ailes on ne voit pas bien. 
- Non. Je ne pense pas que ce soit ça. »
   La Dame pressa son doigt sur la gravure et libéra sa magie. Une petite flamme bleue entoura la lame, faisant paniquer son apprentie. Yrlyg lui intima le silence.
- « Laisse- moi faire et finit ton baume. J’ai déjà vu ce genre de marques. Pendant la grande-guerre on gravait les armes et armures avec les emblèmes des guildes combattantes. Cela permettait d’identifier les morts.
- Une guilde ? Ma grand-mère n’a jamais fait partie d’une telle organisation ! Et qui prendrait pour emblème un tournevis ailé ? ça serait ridicule !
- Sauf que ce n’est pas un tournevis… »
   Elle souleva son doigt et découvrit un autre dessin : une lance flanquée de deux ailes.Eveanna posa la casserole hors du feu et prit le poignard dans ses mains, le souffle court.
- « C’est impossible ! Ma grand-mère ne m’aurait jamais menti !
- Tout le monde ment. Il va falloir être moins naïve jeune fille. »
Devant l’air dépité de l’Elfe, elle poursuivit :
- « Il s’agit de la Lance de Kaïa. Cette guilde comptait parmi ses rangs les soldats les plus puissants et les plus braves de Tarborea. Elle a été dissoute à la fin de la guerre. Pas étonnant que son fil soit si tranchant. »
   Eveanna avait du mal à encaisser la nouvelle. Cela remettait en perspective beaucoup de choses. Mais Yrlyg ne lui laissa pas le loisir de démêler le fil de ses pensées. Elle reprit la lame pour la remettre dans le sac et sortit le disque de combat. Elle l’examina un instant en fronçant les sourcils.
- « Dis-moi, ce disque n’est pas très puissant. Ce n’est pas avec ceci que tu as affronté ton dragon n’est- ce pas ? 
- Ben, en fait…heu… »
   Voilà qu’elle recommençait à bredouiller mais elle se ressaisit. Après tout elle n’avait pas à avoir honte de ne pas avoir reçu une formation complète en sorcellerie de combat.
- « Si, c’est avec ce disque. Je n’ai pas beaucoup d’expérience au combat. J’ai juste eu de la chance. Si Alvêna n’était pas…
- QUI ?!!! »
Yrlyg avait presque rugit. Elle attrapa la grande blonde par les bras et la secoua presque :
- « Petite, prêtresse, les cheveux blancs, un bâton orné d’un soleil ?
- Oui c’est elle! En fait elle m’a sauvée. Le dragon allait me dévorer mais elle l’a abattu puis m’a guérie.
- Est-ce qu’elle a dit quelque chose de particulier?
- Non… heu… pas vraiment. On a discuté du combat. Elle m’a dit que j’étais courageuse et qu’elle voulait aller prévenir le village voisin pour récupérer la viande restante. A part ça…
- Es-tu sûre ? »
   L’Elfe se concentra mais ne savait pas ce que cherchait sa nouvelle Maitresse. Même si son comportement lui faisait peur, elle ne voulait pas la décevoir. Elle fouilla donc son esprit et en repêcha le seul élément qui lui semblait intéressant :
- « Elle a regardé la marque sur le poignard et elle a dit qu’elle lui rappelait quelque chose.Mais elle n’arrivait pas à dire quoi. »
   Yrlyg lâcha doucement les bras de son apprentie et marmonna pour elle-même, de la tristesse dans la voix :
- « Alors elle ne se souvient toujours pas… »
  Eveanna allait demander des explications mais l’ Elin se saisit de la casserole pour mettre le nez dedans.
- « Pas mal. Bonne texture.Tu as utilisé juste la bonne quantité d’ingrédients. Ce Hustod ne sait pas ce qu’il a perdu !Tu vas te soigner et quand tes pieds iront mieux tu pourras aller me chercher Aledaran. Il va probablement se perdre entre deux tavernes de Port Coupe-Gorge.
- Et en attendant, que fait-on ?
- Ton premier cours d’Alchimie évidemment ! »
  A priori l’heure des questions n’avait pas encore sonnée.
  Une fois les pieds tartinés de baume, Eveanna s’était confortablement installée pour écouter les explications d’ Yrlyg. Il s’avéra que la Dame au Dragon était un puits de connaissance inextinguible et une oratrice remarquable. Passionnées par leurs expériences, les deux alchimistes sautèrent l’heure du déjeuner et c’est en fin d’après-midi qu’elles réalisèrent à quel point le temps avait filé.
Après avoir rapidement prit leur diner, elles s’aperçurent que, conformément aux prévisions d’ Yrlyg, Ale n’était toujours pas rentré.
- « Tu vas devoir aller le chercher maintenant. Il doit probablement tester toutes les tavernes du port.
Eveanna n’aimait pas se montrer indiscrète mais elle devait savoir à qui elle avait affaire. Elle demanda, un peu hésitante :
- « Ça fait longtemps qu’il..heu…. »
Yrlyg répondit sans trace de gêne, hochant doucement la tête :
- « Qu’il est alcoolique ? Oui, depuis la fin de la grande guerre, il y a quinze ans. J’ai bien peur que ce qu’il a traversé ne l’ait marqué pour toujours.
- Ce qu’il a traversé ? Tu veux dire qu’il a participé aux combats ?
- Je préfère ne pas en parler moi-même. Il te racontera s’il le souhaite. Pour le moment j’ai besoin de lui ici et de chaussures pour mon apprentie. »
L’elfe frotta doucement la pellicule blanche sous ses pieds puis s’assura de pouvoir marcher normalement. Parfait. Et le paquet contenait des chaussures. Encore mieux. Mais une inquiétude était toujours présente dans son esprit et ne la laissait pas en paix :
- « Comment vais-je faire pour atteindre le port ? Je suis toujours pieds-nus…
- Ne t’en fais pas pour ça, je vais te donner un parchemin de havre-sûr.»
   La petite rousse fouilla dans un placard et en sortit un rouleau de parchemins usés. Elle en sortit un et fourra le reste dans le sac de voyage de la sorcière.
- « Avec ça tu pourras aller à la ville la plus proche sans avoir à marcher. Garde ton disque avec toi, on ne sait jamais ce qui peut se passer avec Ale.
- Tu crois qu’il pourrait m’attaquer ? »
   Il perçait une pointe d’inquiétude dans la voix de l’elfe. Yrlyg la regarda attentivement, s’attardant sur sa chevelure blonde et ses grands yeux bleus.
- « T’attaquer toi ? Je ne pense pas …il résistera peut-être pour revenir, mais il te protégera. Il t’a ramenée non ?
- Il doit en ramener des dizaines  je suppose… »
   L’ Elin se fit plus grave. Elle se planta devant son apprentie et déclara fermement :
- « Aledaran est quelqu’un de bien. Ne te laisse pas abuser par ses manières. Tu es la seule qu’il ait ramenée. Maintenant attrape ton sac et vas me le chercher !
- Oui Maitresse Yrlyg ! »
   Eveanna se redressa et attrapa vivement son sac et le parchemin. Elle le lut à voix haute et disparu en laissant derrière elle un nuage d’étincelles dorées.
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Précédent: Chapitre 12: Pluie // Suivant : Chapitre 14: Tavernes et tremblements
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La Balance des Dragons // Chapitre 12: Pluie
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une  mission des plus importante par son maitre, Hustod. Malheureusement  l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce  qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique  et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle  révéler son potentiel de sorcière ou la folie des dragons  affectera-t-elle la magie toute entière ?
Mises en garde : Violence, blessures, sang
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 12: Pluie
Au même moment, sud de l'île des Brumes
    Il pleuvait des cordes et il faisait chaud. Le sol était un mélange de paille et de boue s'accordant parfaitement avec les murs de pierres sales et les barreaux décrépis. On entendait parfois de petits gémissements mais régnait le plus souvent un calme inquiétant.
    Le moins que l'on puisse dire c'est que les Gulas n'avaient aucuns égards pour leurs esclaves. Entassés dehors dans de minuscules alcôves creusées dans la roche, ils étaient à peine nourris et empestaient la mort.  Plusieurs d'entre eux présentaient des blessures sévères. Pas besoin de chaines pour retenir des gens sans forces pour s'enfuir.
   Pourtant, dès qu'un garde passait, une voix s'élevait toujours pour réclamer à manger. Ou à boire.Ou une plus grande cage. Ou une couverture. Ou un bâton. Et les Gulas en avaient assez. Aujourd'hui ils allaient faire taire cette elfe.
- "Allez, un p'tit bout d' pain! "
    La prisonnière se tenait seule debout devant la grille alors que ses camarades terrifiés étaient recroquevillés les uns contre les autres au fond de la prison. Elle s'accrochait aux barreaux d'une main tandis que l'autre désignait sa bouche grande ouverte. Ses cheveux bruns en bataille et ses vêtements en lambeaux la faisaient ressembler à une folle.
- "Vas- y, jette!"
 Le garde soupira d'agacement et s'approcha sans rien dire. L'elfe recula un peu. Les Gulas avaient pris l'habitude de frapper sur les cages avec leur massue. Elle se méfiait de ces gros lourdauds violets. Leur laideur n'avait d'égale que leur cruauté.
   Mais celui- ci s'avança et ouvrit brusquement la porte de leur petite pièce humide. Avant qu'elle ait pu réagir il l'attrapa par une jambe et la traina dehors. Il referma brutalement avant que les autres esclaves ne bougent puis raffermit sa prise sur la cheville de la captive et repartit en la trainant derrière lui.
  L'elfe se débattait furieusement en griffant le sol détrempé. Elle donnait des coups de pied et se tortillait pour déstabiliser le Gula. C'était peine perdue mais elle luttait tout de même, laissant de longues traces inégales dans le sol. Elle avait l'impression que son cœur battait dans ses oreilles et manqua de s'étouffer plusieurs fois dans les flaques d'eau stagnante de la cour.
    A peine ralenti, le garde traversa la place et se dirigea droit vers les nids Nagas. La situation de l'elfe n'était pas brillante mais là c'était mauvais. Les Nagas étaient rouges, plein d'écailles et surtout faisait presque trois mètres de haut. Ils ressemblaient à d'immenses serpents dotés de quatre pattes et de deux bras puissants. Ces sales bêtes attaquaient à vue tout ce qui pouvait se manger ou se combattre.
  Les Gulas avaient, on ne sait trop comment, réussis à s'allier avec ces grosses créatures sanguinaires. D'après ce que l'elfe avait pu observer, leur partenariat reposait sur un échange de compétences: les Nagas mettaient leur férocité à la disposition des Gulas et les Gulas nourrissaient les Nagas. Avec des esclaves. Bien sûr ils s'amusaient un peu avec. Et pour ça ils avaient construit des arènes à ciel ouvert, sans grillages. Le combat n'était pas loyal mais la violence du spectacle suffisait à les amuser.
   Le Gula balança l'elfe sans ménagement dans la plus grande arène et se mit à rire. Elle se réceptionna tant bien que mal mais glissa et tomba lourdement au sol, face contre terre. Tous les autres gardes s'étaient installés pour assister au spectacle. Une foule compacte de Gulas s'était amassées sur les marches qui servaient de gradins. L'esclave aux oreilles pointues releva la tête et serra les dents devant l'épreuve qui l'attendait. Le plus gros et le plus imposant Naga qu'elle ait jamais vu se dressait devant elle.
   Alors c'était aujourd'hui le grand jour ? Celui où elle arrêterait de pouvoir contempler le soleil? Un frisson remonta le long de son dos. Et alors? Même si c'était le cas, elle ne se laisserait pas faire. Elle ne se laisserait jamais faire. Elle serra les dents et se mit debout. Le Naga lui hurla dessus. L'elfe senti son cœur défaillir mais elle banda ses muscles et cria en retour :
- "Tu m'auras pas, t'entends! Tu m'auras jamais!"
   Elle serra ses poings gantés de boue. Elle n'était pas armée. Elle sentit la peur s'insinuer dans son esprit et dans son cœur mais elle la chassa en même temps que l'eau qui goutait dans ses yeux. Si elle devait mourir, ce serait en combattant. Les Gulas autour d'eux étaient déchainés et leur criaient des encouragements ou des insultes dans leur langue gutturale. Peu importe, elle n'écoutait pas.
   L'énorme monstre rouge ne lui laissa pas le temps d'affiner sa stratégie et s'avança vers elle. L'elfe se mit en mouvement elle aussi et commença à décrire des cercles autour du Naga. Son esprit était redevenu calme et froid comme à chaque fois qu'elle chassait. Sauf que cette fois la proie était très grosse. Et moche. Bon sang qu'il était moche. L'esclave se raccrocha a son aversion pour les serpents pour gagner en courage et en vitesse.
  Elle fixait les crocs de la créature mais c'est d'abord avec son bras qu'il attaqua et essaya de l'écraser. Elle fit quelques pas de côté et esquiva l'attaque de justesse. Elle eut à peine le temps de se déplacer assez loin de lui qu'il abattit encore son gros membre écailleux. Heureusement elle avait cette fois encore été plus rapide et il n'atteignit que le sol. Le Naga cria sa rage et brandit à nouveau son poing.
  Elle ne pourrait pas esquiver indéfiniment ses attaques en tournant autour de lui. Le serpent rouge devenait de plus en plus rapide et elle n'était pas en condition physique pour un combat prolongé. Il lui fallait un plan. L'Elfe regardait autour d'elle tout en se déplaçant mais il n'y avait aucune issue. Cependant elle remarqua que certains Gulas du premier rang avaient toujours leur gourdin posé près d'eux. C'était risqué mais elle n'avait rien à perdre et elle ne partirait pas sans causer des dégâts à ses ennemis.
  Mais alors qu'elle réfléchissait, la créature changea soudainement son angle d'attaque et frappa à une vitesse impressionnante. Cette fois l'Elfe eut à peine le temps d'esquiver son assaillant.Elle se réceptionna comme elle pouvait mais son pied gauche glissa dans une flaque et elle chuta douloureusement sur le dos.Le Naga poussa un cri de victoire devant un auditoire qui exultait de joie. Il leva les bras vers le ciel pour saluer la foule alors que l'Elfe gisait immobile dans la boue, le cœur battant.
   Ses yeux implorants se posèrent sur le ciel nuageux. Il y avait forcément un moyen de s'en sortir. La seule leçon qu'elle avait retenue c'était que rien n'était fini tant qu'il lui restait un souffle de vie. Elle ne leur donnerait pas le plaisir d'abandonner. Elle rassembla son courage et fit une tentative pour se relever. En remuant sa main droite elle sentit quelque chose effleurer le bout de ses doigts. Elle fouilla plus loin dans la boue et attrapa l'objet. C'était un petit bout de bois.Rien de plus qu'une brindille d'à peine quinze centimètres. Un large sourire éclaira son visage.
    Sans perdre une seconde elle se remit sur ses pieds et fit face à son opposant, toujours en train de se pavaner devant l'assistance. Elle brandit sa fine brindille et banda sa volonté. Plantée dans la boue et dégoulinante de pluie, elle fit appelle à toute sa force pour concentrer sa magie. Dans son dos des volutes d'énergie blanche se déployaient et dansaient comme deux ailes caressées par le vent. Un grondement sourd secoua la terre et une intense lueur brulante traversa ses mains alors que l'air devant elle se troublait et vacillait.
   Elle grogna et puisa loin en elle le peu de magie qui lui restait.Un pan de la réalité se déchira et une énorme créature se matérialisa au milieu de l'arène. L'esprit avait été tiré de sa dimension et grondait déjà d'impatience. Son corps massif, plus noir que la nuit, était recouvert d'une lourde armure dorée ornée de rubis. Ses mains énormes étaient veinées de feu et sa bouche s'étirait dans un rictus de lave. On l'aurait dit fait d'ombre et de rage.
   Les Gulas se mirent à hurler de frayeur et le Naga se retourna, furieux qu'on interrompe son spectacle. L'esprit courroucé le dominait de toute sa hauteur bien que sa forme physique semblait avoir du mal à rester ancrée dans cette réalité. Il apparaissait et disparaissait comme un mirage. Derrière lui son invocatrice peinait à maintenir le sort et serrait sa frêle baguette à s'en briser la main.A bout de souffle elle lui commanda:
- "Va et détruit!"
La créature, sans pieds, flotta au dessus du sol droit sur son ennemi en brandissant ses poings gigantesques. Le Naga tenta de parer le premier coup mais la force de l'esprit était si grande qu'il s'enlisa. Le second coup l'atteignit en plein visage, brisant ses crocs et sa mâchoire avec un craquement sinistre. Le monstre rouge s'étala de tout son long alors que le tonnerre grondait au loin. L'invocation ne cessa pas son attaque et fit pleuvoir les coups sur son adversaire à terre, l'écrasant férocement d'un bras puis de l'autre.
  Mais alors qu'il frappait certains de ses coups semblaient perdre en puissance et son corps en consistance.De plus en plus on pouvait voir à travers lui comme par transparence. Les forces de l'invocatrice s'amenuisaient et l'esprit commençait à disparaitre. Ses yeux rougeoyèrent une dernière fois et il s'effaça comme des cendres emportées par l'orage.La baguette improvisée se brisa elle aussi et se liquéfia, dissoute par l'afflux puissant de magie.
   Le serpent gisait à terre et l'elfe hurlait vers le ciel comme un loup hurle à la lune. Son ennemi était vaincu. Cependant elle n'avait aucun moyen de fuir cet endroit et les Gulas fondaient déjà sur elle. Son cri prit fin lorsque que le premier des gardes la plaqua au sol, l'étouffant presque sous son poids. Il la maintint fermement à terre alors que les autres réclamaient leur part. Mais une voix plus autoritaire que les autres se fit entendre:
- "SILENCE ! Attachez-là et isolez-là!
- Mais…"
   Un Gula plus gros que la moyenne fendit la foule maintenant silencieuse. Celui-ci était différent: il avait la peau verdâtre et une seconde tête était collée à son cou. La tête de gauche montra les crocs puis celle de droite prit la parole:
- "Tu fais."
   Son air était si menaçant que les autres obéirent sans tarder. Ils soulevèrent l'Elfe déjà immobilisée pour la trainer vers sa nouvelle cage. Elle souriait.
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Précédent: Chapitre 11: Dettes // Suivant: Chapitre 13:  La lance de Kaia  
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La Balance des Dragons // Chapitre 11 : Dettes
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :
Aucune
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Chapitre 11 : Dettes
Ils étaient enflés, plein de coupures et brûlaient en dessous. Elle fit une autre tentative pour prendre appui dessus et descendre la première marche de l'escalier. Elle grogna en s'accrochant à la rampe de bois sombre verni mais tint bon. Elle avait survécu à un Dracoloth, un pervers, une chute en pégase et une armée de Gulas; ce n'était pas un petit escalier de rien du tout qui allait la retenir ici. L'état de ses pieds par contre…
Eveanna fit une pause pour calmer la douleur mais aussi pour essayer de mettre de l'ordre dans son esprit. Elle venait de se réveiller dans une chambre inconnue et tout était encore très confus. Elle se souvenait être arrivée chez Yrlyg la veille au soir après une très longue marche dans la forêt. Aledaran s'était proposé pour la porter mais elle avait catégoriquement refusé. Elle ne doutait pas de sa force, il était un peu plus grand qu'elle et on aurait pu dessiner ses muscles à travers ses vêtements. Ceci dit il avait toujours les mains baladeuses et de l'alcool dans le sang.
La seconde marche lui fit aussi mal que la première.La sorcière refit une pause et regarda autour d'elle. La douce lumière du matin traversait les fenêtres et illuminait l' étage inférieur ainsi que le centre du couloir dont elle venait. Ce n'était pas une maison typiquement Elin. Tout semblait plus grand. Elle toucha le mur blanc-cassé, lisse de toute imperfection. Les lambris du plafond et l'encadrement des fenêtres étaient d'un bois précieux décoré de volutes fines et élégantes. Seuls de rares artisans Elfes pouvaient travailler le bois ainsi.
Eveanna  reprit sa descente en serrant les dents. Ses pieds n'étaient finalement pas son seul problème. En fait, tout son corps lui faisait mal et criait son indignation d'avoir été ainsi maltraité. Avoir laissé ses pouvoirs se déchainer l'avait épuisée plus qu'elle ne l'avait imaginé. Elle refit une pause au milieu de l'escalier. Cette maison l'intriguait. La nuit était déjà tombée à leur arrivée hier mais elle lui avait semblé nettement plus petite. Elle ne se souvenait pas avoir vu un étage.Et elle avait une odeur de magie.
Deux marches de plus et la magie fut remplacée par le fumé d'une brioche toute chaude. Son estomac se serra et grogna doucement. Elle ne se rappelait pas à quand remontait son dernier repas. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle s'était endormie roulée en boule dans un fauteuil pendant qu' Yrlyg était partie chercher à manger. Aledaran lui racontait leur parcours. Le ronronnement de sa voix grave et la fatigue avait eu raison de sa vigilance. En y réfléchissant, elle n'aurait d'ailleurs pas pu arriver dans la chambre en montant l'escalier sans se réveiller. Le carrelage froid de l'entrée interrompit son raisonnement et ramena l'Elfe à la réalité.
 La maison était propre et bien entretenue. La porte d'entrée se trouvait devant elle. A gauche elle reconnu le salon confortable où elle s'était endormie. Sur sa droite se trouvait la salle à manger dotée de larges baies vitrées donnant sur l'extérieur.En enfilade on pouvait distinguer la cuisine d'où provenaient des voix. Son estomac grogna à nouveau et elle entreprit de traverser la salle à manger en clopinant.
- "Tiens une marmotte!", s'exclama Yrlyg en la voyant arriver. "Bonjour!
-  Heu, hum, bonjour!" bredouilla l'elfe lui rendant timidement son sourire.
L' Elin se tenait debout devant la table de la cuisine et lui souriait joyeusement, une énorme brioche chaude et deux tasses fumantes devant elle.
- J’ai une bonne nouvelle pour toi, s’exclama Yrlyg,  l’attrapant par le bras et la forçant à s’assoir. Nous avons trouvé une solution à ton problème !
- Nous avons surtout négocié un accord, maugréât Aledaran, l’air mauvais.
- Ne fais pas attention, quand il n’est pas saoul il n’est plus lui-même.
- Ben voyons…
- Il est bien plus agréable quand il est ivre !
 L’Elfe regardait l’ Elin et l’Humain sans savoir quoi dire. Elle était assise dans une cuisine inconnue avec deux étrangers qui allaient décider de son avenir en se chamaillant comme un vieux couple. C’était surréaliste. Elle serra ses mains autour de la tasse qu’on lui tendait comme s’il s’agissait du dernier élément réel de l’univers et se redressa pour se donner une contenance. Yrlyg poursuivit tout en découpant de la brioche:
-"J’ai accepté de te prendre comme apprentie alchimiste."
Eveanna sourit à cette annonce. Elle voyait enfin un ilot d’espoir dans cet océan de chaos mais elle restait méfiante. Elle demanda :
-"Et en échange ?
- Il faudra que tu fasses exactement ce que je te demande. En tout temps.
- Et… c’est tout ? Tu me prends comme apprentie sans rien demander en retour ?
- Pas tout à fait. "
Ha. Voilà. Il y avait forcément une contrepartie. L’ Elin poursuivit:
-" Pour résumer: je devais un service à Aledaran.  Si je te prends en formation, il efface ma dette".
 Eveanna cligna des yeux plusieurs fois puis regarda l’archer, surprise. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il tienne parole. Quoiqu’il en soit, devoir un service à quelqu’un avait l’air plutôt sérieux dans le coin. Autant s’en souvenir. Avant qu’elle ait pu le remercier, il la regarda d’un air grognon et ajouta :
- " Ne t' fais pas d’idées, Yrlyg a insisté. D’ailleurs maint'nant qu' c’est réglé, j' vais pouvoir r'tourner à mes affaires".
Il fit mine de se diriger vers la porte mais l' Elin ajouta en minaudant: 
- " En fait, j'ai besoin d'un coursier, je crois que tu vas rester un peu avec nous. Tu comprends, tu me dois un service maintenant."
L'archer s'arrêta net et se retourna brusquement:
-" Dis- donc tu m'as bien r'gardé pour m' prendre pour un coursier ? Et comment ça j' te dois un service? C'est à moi qu' tu devais un service. Notre accord me libère de tout lien avec toi.
- Et les Gulas?
- Quoi les Gulas?
- Je t'ai sauvé la vie non? Donc tu me dois un service !
- Sur'ment pas! Encore deux minutes et j'les maitrisais. Tu l'sais très bien."
Il avait l'air très en colère mais la Dame fit mine de ne rien remarquer. Elle poussa une assiette devant Eveanna et déclama le plus calmement du monde:
-" Ce qui est fait est fait. C'est une dette de sang. Maintenant tu m'appartiens. "
Aledaran étouffa une bordée de juron qui aurait fait pâlir la grand-mère de l' Elfe. Pourtant il n'ajouta rien de plus et se contenta de sortir de la pièce en pestant.
Yrlyg lui cria:
- "Le paquet t'attends à Port Coupe-Gorges. Reviens- ici quand tu l'auras!"
 Il lui fit un magnifique doigt d'honneur sans se retourner et claqua la porte derrière lui.
- "A nous! "
 Eveanna eut un petit sourire nerveux et c'est ce moment que choisit son  estomac pour se mettre à grogner aussi bruyamment qu'un porcidé.
- "D'accord mange avant. Ensuite tu me raconteras tout."
L'apprentie avait tellement faim qu'elle s'exécuta sans protester ni poser de questions. Mais bientôt il faudrait aborder les choses délicates et son instinct lui disait que ce ne serait pas facile.
 Velika, Place de la liberté.
Dehors un crieur public s’époumonait dans l’air frais du matin. Petit, poilu et debout sur une caisse en bois,  il essayait de convaincre son auditoire de l’injustice dont les siens étaient victimes. Mais ses oreilles tombantes et sa tête de chien n’attiraient pas la foule.
-          « Dites, vous auriez les même en rose ? »
Griffeuille s’arracha à ses pensées et regarda les bottes posées sur son comptoir.
-          « En rose ? Vous êtes sûre ? 
-          Oui, en rose ! »
  Elle nota distraitement la pointure et se dirigea vers sa réserve.  La pièce regorgeait de bottes et de chaussures de toutes les formes et tailles. Et voilà qu’en plus elle devait en trouver des roses. Elle déplaça le poids de sa roche d’une jambe sur l’autre et attrapa la paire de botte en soupirant. Bientôt on allait lui réclamer des pompons dessus et elle devrait agrandir la remise.
  Décidément elle ne comprendrait jamais les Elins. Elles semblaient plus intéressées par l’apparence alors que seule la solidité de la plaque garantissait une bonne défense. Griffeuille en connaissait un rayon là-dessus. Avant de gérer son magasin de chaussures, elle était lancière. Mais cette époque datait d’avant sa promesse à Yrlyg.
  En pensant à la Dame, l’ Aman se souvint de la lettre arrivée plus tôt ce matin. Elle attrapa un petit paquet qu’elle cala sous son bras et repartit vers le comptoir en trainant légèrement des pieds. Dehors la boule poilue humanoïde donnait toujours de la voix :
-          « L’aliénation ne peut plus durer ! Rejoignez la ligue de défense des Poporis moches ! »
Mais Griffeuille n’écoutait déjà plus. Les Poporis ne l’intéressaient pas plus que ce magasin. Par contre le fait qu’ Yrlyg lui commande des chaussures d’Elfe, ça c'était intéressant.
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Précédent : Chapitre 10: Fractures // Suivant : Chapitre 12: Pluie
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La Balance des Dragons // Chapitre 10: Fractures
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : Torture physique
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Chapitre 10 : Fractures
Le léger bruit des gouttes tombant à terre emplissait l'espace. De petites flaques écarlates s'étaient formées sous le prisonnier et s'agrandissaient lentement. Il était toujours solidement maintenu par d'épais câbles et de longues pointes dépassaient du bout de ses doigts poisseux de sang. Il était immobile mais les frissons qui le parcouraient trahissaient son supplice.
 Une fois lassée de ses aiguilles, elle les avait retirées brutalement, sauf celles plantées dans ses doigts. Puis elle l'avait abandonné dans la pénombre un temps indéfinissable avant de revenir avec de nouvelles questions. La souffrance, la faim, la soif et le froid mettaient à mal sa volonté. Pourtant elle n'était pas encore brisée. Ses secrets seraient enterrés avec lui, il le fallait.
Il essayait de bouger le moins possible mais être suspendu ainsi aggravait ses blessures. Même si elle avait veillé à n'abimer aucune artère,il perdait trop de sang et commençait à perdre sa concentration. Il tenta de se focaliser sur autre chose que les immenses yeux rouges qui le dévisageaient. Sur autre chose que la douleur qui transperçait chacun de ses membres. Il fixa le sol.
Les corps de ses quatre compagnons se décomposaient lentement devant lui. Elle n'avait pas daigné les déplacer après leur défaite. La guerrière Elfe qui l'avait protégé du dernier impact le regardait de ses yeux morts, ses cheveux blonds cachant en partie sa mâchoire inférieure arrachée. De là où il était suspendu il pouvait voir ses épées brisées toujours serrées dans ses poings. Il essayait de s'accrocher à cette vision pour ne pas craquer.
- "Tu auras beau la regarder, cela ne la fera pas revenir."
Il leva les yeux vers sa tortionnaire et lui cracha au visage. Cela faisait deux bonnes heures qu'il avait perdu sa voix. A peu près au moment ou elle lui avait cassé la jambe droite pour la troisième fois. Ensuite il avait cessé de compter.
La créature essuya la souillure et ricana. Elle leva une main et une tentacule s'enroula docilement autour de la jambe gauche du supplicié, serrant de plus en plus fort. Il savait très bien ou elle voulait en venir. Sa respiration se fit plus lourde.
-"Parle-moi du Dragon", lui ordonna-t-elle.
-" Non"  répondit l'humain, sa voix brisée à peine audible.
-"Tu es sur? Il reste encore beaucoup de chose à casser chez toi..."
Elle serra le poing, sa main gris-bleue toujours suspendue dans l'air froid. La tentacule serra plus fort et s'arrêta à la limite du point de rupture de l'os.
- "Dis- moi ce que tu sais, Humain!" siffla-t-elle entre ses dents pointues.
- "Jamais."
Sa voix tremblait. Il n'était pas sur de pouvoir résister encore longtemps à ce traitement. La pression augmenta douloureusement autour de sa jambe et son tibia céda avec un horrible craquement.L humain tenta d étouffer une plainte déchirante et se cambra alors que la souffrance l'envahissait telle une vague de feu vorace.Son mouvement amplifia son agonie. Mais il était maintenant trop faible pour encaisser le choc et perdit connaissance. La créature grogna de mécontentement:
- "Cette fois feindre la mort ne te servira à rien ! "
Elle rassembla son énergie et convoqua une armée de petites créatures ressemblant à des araignées mécaniques. Ils grimpèrent le long des câbles et se répandirent sur les blessures les plus graves. Elles émirent de petites lueurs et crépitements, réparant certaines choses, jamais avec douceur, ignorant délibérément d'autres blessures mineurs ainsi que les aiguilles.
 Le prisonnier reprit conscience et se débattit à nouveau, essayant de chasser les créatures qui ne lâchaient pas prise. Même ses soins étaient une torture.Elle l'avait guérit à moitié, ne  refermant que superficiellement ses blessures et ressoudant les fractures sans les réduire. La mort aurait été plus clémente.
- "Tu m'fais quoi, sale garce!?", hurla-t-il.
La créature prit un air faussement naïf, penchant sa tête chauve sur le côté en souriant, et répondit :
- "Je te soigne trésor. Mourir c'est surfait." Son sourire s'évapora. "Je vais te garder. Très longtemps je crois."
La plaque carmine traversant son crâne rougeoyait de plaisir à cette idée. Elle ajouta:
- "Tu es tellement têtu et j'ai tellement d'idées!" dit- elle en se déplaçant parmi les cadavres et s'arrêtant près de la guerrière.
-"J'te dirais rien, tu perds ton temps!", rugit-il
Il tirait sur ses liens avec l'énergie du désespoir mais il n'y avait rien à faire. Elle le regarda pensivement puis déclara:
- J'ai fais une erreur en essayant de détruire ton enveloppe. C'est ton esprit que j'aurais du défaire en premier". Son regard se fit plus dur. "Puisque tu as l'air de trouver du réconfort en pensant à tes compagnons, je vais t'y faire penser autrement."
 Elle se baissa et saisit violemment une des épées brisées des poings de l' Elfe, lui arrachant les doigts tant sa force était grande.
- "J'ai toujours trouvé que la peau humaine était beaucoup trop lisse. Voyons si on peut améliorer ça.
- Va t'faire foutre!"
Après lui avoir craché son point de vu, il ferma les yeux et serra les dents, anticipant ce qu'elle allait lui infliger.Elle reparti d'un rire sans joie:
-"On en reparlera dans quelques heures, veux-tu? "
Elle plaça la lame sur son torse nu et commença son œuvre,traçant très lentement des motifs géométriques dans sa chair. Elle avait tout son temps.
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Chapitre 9:La Dame au Dragon
Auteur:   Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :  
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :  Violence
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Chapitre 9:La Dame au Dragon
(1) Les Gulas étaient maintenant tout autour d'eux. Aucune échappatoire possible. Le plus grand d'entre eux était presque sur Aledaran, mais l'archer n'avait pas bougé d'un millimètre. Eveanna tentait de se calmer et de ne pas bouger comme il lui avait demandé. Elle sentait déjà sa magie s'affoler et essayer de se libérer.
 - "Hé le gros!", lui fit l'archer.
Le gros Gulas s'arrêta et émit un bref grognement. Les autres cessèrent leur progression. Apparemment il était leur chef. Il devait donc être un petit peu moins bête que les autres. Au moins assez pour savoir négocier les esclaves.
-" Territoire à nous ", gronda-t-il en roulant bizarrement les R.
La sorcière voyait déjà sa dernière heure arriver mais elle commençait à s'habituer au phénomène. C'était plutôt la peur de finir esclave de ces cauchemars violets dégoutants qui la taraudait.Ale n'avait pas du tout l'air intimidé et faisait face au Gulas comme si c'était un vulgaire marchand de talismans mais haut de deux mètres:
-"On n' fait qu' passer. J'ai des affaires à régler plus loin sur la côte, pas ici."
- Affaires avec nous avant.
- J'ai rien qui pourrait vous plaire."
Il était immobile mais Eveanna pouvait le voir jouer avec ses flèches dans son dos. Le chef fixa l'Humain mais son regard gras se posa soudain sur elle.
- "Donne elfe, tu passes.
- Non. J'ai déjà un acheteur pour elle."
Elle écarquilla les yeux. Il était sérieux avec sa corde. Elle aurait peut être mieux fait de l'écouter finalement.
- "Alors moi avoir plus deux esclaves.
- Tu veux pas cinq pièces d'or plutôt?
- Cinq pièces d'or? ",le gros chef se mit à rire, une main sur la panse. "Regarde elle,". Il tendit sa masse vers l'elfe blonde "Elle vaut plus que cinq. Donnes moi, tu passes. Sinon moi garde vous deux.
- Tu dis ça parce que tu la connais pas. C'est un vrai chat noir et elle n'arrête pas de se plaindre. Mon acheteur me l'a demandée pour des raisons personnelles mais cinq pièces d'or c'est déjà limite trop."
 Eveanna n'aurait pas été aussi effrayée, elle en aurait était presque outrée. Cinq pièces d'or… Non mais franchement! Elle ne s'était jamais considérée comme un canon de beauté mais ce n'était pas crédible. Le Gulas avait reporté son attention sur l'archer et le fixait avec circonspection.
- "Elfe comme ça, c'est plus."
Il plissa ses petits yeux et la regarda fixement. Ça partait mal. Il se doutait de quelque chose. Les autres Gulas commençaient à s'agiter autour d'eux. Ils étaient si nombreux qu'elle n'arrivait pas à les compter. Elle espérait franchement qu' Aledaran était meilleur tireur que négociateur. La panique commençait à la gagner.
- "Pas attachée? "reprit le chef.
Il l'avait remarqué. C'était foutu. Son cœur se laissa submerger par la panique. A son insu de toutes petites flammes apparurent sur le dos de ses mains et remontèrent le long de ses bras.
-" Pas besoin,j'ai un arc. Et elle peut pas aller loin sans chaussures", plaida l'Humain.
Mais le chef gardait les yeux rivés sur l' Elfe qui s'embrasait petit à petit.
- "Toi mentir! Sorcière!",hurla le Gulas en brandissant son arme hérissée de pointes.
Ale encocha sa première flèche et visa en plein cœur alors qu' Eveanna n'avait même pas eu le temps de cligner des yeux. Le chef s'écroula en arrière dans un râle alors que les autres Gulas fondaient vers eux, criant leur rage. Deux d'entre eux étaient déjà si proches qu'ils pouvaient les atteindre.
 Le premier, à droite de l'archer, n'eut pas le temps d'agir qu'un trait se ficha profondément dans son œil, le tuant sur le coup. Mais le second avait attrapé Eveanna par le bras et tentait de l'attraper par la taille de son autre main. Elle cria et se débattit, sa magie s'attaquant d'elle -même à la main de son agresseur. Il la lâcha en jurant, sa main brulée toujours entourée de flammes dévorantes.
 Entendant les cris, l'archer s'était retourné.Il asséna au Gulas un violent coup de pied qui l'envoya s'écraser contre le tronc le plus proche. Il concentra sa mana et banda son arc. Si sa première flèche rata sa cible, les deux suivantes clouèrent profondément l'humanoïde violet sur l'arbre.
Ne perdant pas un instant,Ale avait créé et encoché plusieurs dizaines d'autres flèches et maintenait les sous-fifres sous ses rafales meurtrières.Les traits partaient à vive allure dans la direction des Gulas, les forçant à reculer et à s'abriter derrière les arbres.
 La sorcière essayait tant bien que mal de canaliser sa mana afin de déclencher un sortilège qui ne les carboniserait pas tous les deux. Mais c'était peine perdue. Sa magie se nourrissait de sa peur et ne réclamait que la destruction par le feu. Les flammes lui recouvraient maintenant les bras et les cheveux. Toute son attention était occupée à maintenir enchainées les forces qui la harcelaient. Elle était tombée à genoux et avait à peine conscience de ce qui se passait autour d'elle.
 La horde de Gulas se tenait à couvert et essayait de les approcher pour les attraper. Ale les maintenait à distance mais le fait d'être encerclés rendait la tâche très difficile, même pour un archer aussi rapide que lui. Ils se rapprochaient de plus en plus. Il matérialisa six flèches d'une énergie bleue aveuglante et visa. Les six traits partir en même temps, droit sur leurs assaillants.Mais d'autres Gulas sortaient déjà de leur cachette, dans leur dos. Ils étaient beaucoup trop nombreux.
L'Humain pouvait sentir la sorcière s'embraser à côté de lui, telle une bombe à retardement.La situation était critique. Soit les Gulas les capturaient,soit l'Elfe les détruisait tous, lui avec. Aucune des deux versions ne l'attirait. Il cherchait un plan de secours tout en décochant ses flèches de plus en plus vite afin de gagner du temps. La fuite était  hors de question pour le moment mais en attendant une ouverture, ils auraient peut-être une chance.
Soudain, un grondement sourd fit trembler la mana environnante, figeant l'air étouffant de la jungle. Les Gulas cédèrent à une crise de panique fulgurante et cherchèrent à s'échapper en poussant des cris affolés. La chaleur augmenta d'un coup. Certains esclavagistes tombèrent et prirent feu spontanément.Une tempête de feu se déchaina, saisissant et dévorant de ses mâchoires rouge et or les immondes créatures. La lumière devint aveuglante alors que leur peau se détachait de leurs os et tombait en poussière.La morsure des flammes se durcit jusqu'à ce que leurs squelettes noircis s'éparpillent à leur tour dans le vent, allant rejoindre leurs cris d'agonie.
(2) Lorsque la tempête se calma, la pluie de cendre se dissipa mais une odeur de chaire brulée persistante planait encore dans la forêt. Une petite Elin se tenait au milieu du carnage, seule au milieu des flammes. Sa robe rouge et noire ornée de dentelles blanches flottait autour d'elle de manière surnaturelle.Elle rappela le feu entre ses mains gantées de rouge et claqua des doigts pour l'éteindre.La mana obéît docilement à ses ordres. L'air devint à nouveau presque respirable.
- "On dirait bien que je suis arrivée à temps."
-" Comme toujours", lui répondit l'archer en remettant son arc en place. "Merci Yrlyg."
- De rien! Je n'aime pas les Gulas. Ils salissent ma foret."
 Elle regarda autour d'elle d'un air satisfait en lissant une mèche de ses longs cheveux rouges. Ses yeux vairons se posèrent sur Eveanna, toujours prostrée au sol et entourée de flammes. Elle avait manifestement du mal à calmer son cataclysme intérieur.
Yrlyg s'avança en sautillant, sa petite queue blanche faisant balancier derrière elle. L' Elin se baissa vers l'Elfe et posa une main sur son épaule. Eveanna releva la tête et se mit à protester de peur que le feu ne se remette à attaquer. Mais, à son grand étonnement, son pouvoir se calma et elle pu reprendre son souffle.  
- Merci."
Son soulagement était perceptible dans sa voix.
- "Je crois qu' Ale t'amènes à moi. Ai-je raison?", demanda la petite sorcière.
- "Si vous êtes la Dame au Dragon, oui!
- Certains m'appellent ainsi mais je préfère Yrlyg, c'est plus joli".
Elle coula un regard en biais à Aledaran. Un de ces regards qui voulait dire "tu me le paieras plus tard". Celui-ci croisa les bras devant lui et fit mine de ne rien avoir remarqué. Elle poursuivit:
- "Ne restons pas ici, d'autres Gulas pourraient venir. Je ne tiens pas à ce qu' Ale re-décore ma foret avec ses flèches".
Elle désigna les arbres autour d'eux: des dizaines de flèches d'énergie bleutée étaient fichées dans les troncs et se désagrégeaient lentement, ne laissant plus que des trous.
- "J'vois pas d'quoi tu parles", fit-il innocemment.
- "T'as juste raté quatre-vingt pourcent de tes tirs. A part ça moi, non plus je ne vois pas", répondit- elle avec un petit sourire provocateur. "Je t'ai connu meilleur que ça."
Eveanna soupira:
- "Il est meilleur dans une taverne!"
Yrlyg le regarda un instant et se mit à rire.
- "C'est sur, les bouteilles bougent moins! C'est plus facile de les descendre."
Eveanna se releva et sourit à l'Elin:
-"Je viens à peine de vous rencontrer, mais je vous aime déjà!"
- Effectivement, je sens que nous allons bien nous entendre. Allons-y!"
 Elle se retourna et se mit à trottiner, ses petites bottes blanches bruissant doucement sur le tapis de feuilles, Eveanna sur ses talons. L'archer les suivait en secouant sa flasque:vide.
- "On peut pas repasser par une taverne avant?
- Non, il va faire nuit. Je vais directement vous emmener à la maison. Là bas on pourra parler et vous pourrez vous reposer.
-Y'a à boire chez toi au moins?
-Bien sur que non !
- Ha! Je sens que j'vais pas rester alors.
- Nous verrons."
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Chapitre 8: Gulas
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : Violence
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Chapitre 8 : Gulas
Aledaran fit lentement un tour sur lui même pour se repérer. La plage était toute petite et on pouvait apercevoir des bateaux plus loin sur la côte. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres:
- "Très bien, on a atterri au bon endroit.
- On n'est pas perdu alors?
- J' suis jamais perdu moi."
L'elfe leva un sourcil un peu moqueur.
-" Tu trouves toujours ton chemin jusqu' au bar c'est ça?"
- T'as tout compris!" ironisa-t-il "ou c'est le bar qui vient à moi", dit-il en avalant une gorgée à la flasque qu'il venait de récupérer dans son sac. C'était la première chose qu'il en avait sorti. Eveanna soupira mais ne fit pas d'autres commentaires, la situation était déjà assez délicate.
Elle se dirigea vers ses affaires alors que l'archer continuait à fouiller dans les siennes.Il en sorti un magnifique arc aux pointes noires soulignées d'argent. L'elfe écarquilla les yeux, interdite. L'arc était splendide et émettait une douce lueur rouge. Il devait valoir une petite fortune à lui tout seul. Elle en avait même retenu sa respiration un instant.
- "Il est à toi?
- Évidemment qu'il est à moi" répondit-il avec fierté." Et avant que tu poses une autre question idiote: oui, j' sais m'en servir."
Il passa doucement sa main sur la poignée de cuir rouge puis sur la branche supérieure ornée de trois fleurs blanches de cerisier avant de placer l'arme dans son dos.
- Et tu nous as fait fuir une taverne pour ne pas payer?
- C'était plus marrant comme ça non?" lui répondit-il en souriant.
Eveanna roula des yeux au ciel, complètement désespérée. Son oreille la démangeait encore.
- Bon. Maintenant tu viens là que j' t 'attache." Il s'était redressé, une fine corde dans les mains.
-Que..quoi?!" s'étrangla l'elfe. "Je ne sais pas ce que tu as bu mais c'est hors de question!"
Aledaran tendit vigoureusement la corde deux fois en la faisant claquer.
- Aller dépêche- toi, j' te promet d' pas trop serrer.
- Même pas dans tes rêves sale pervers!"
La sorcière avait croisé les bras en signe de protestation et le fusillait du regard. Malgré tout il la regarda de haut en bas, s'attardant sur ses seins et ses hanches.
- "C'est tentant mais là on a plus urgent. La route qu'on doit prendre est pleine de Gulas. Des marchands d'esclaves" précisa-t-il. "Le plus simple est de leur faire croire que j' vais te vendre plus loin sur la côte".
Il secoua la corde encore une fois avec un petit sourire narquois. Eveanna s'indigna:
-" Et une fois que je serais attachée, je suis sûre tu essaieras d'en profiter !
- Possible."
Il riait maintenant ouvertement mais l'elfe secouait énergiquement la tête:
- "C'est non. Pas moyen. Aucune chance.
- Tu m ' fais pas confiance hein?
- Non!"
Il redevint soudain sérieux.
- J' peux pas t'en vouloir." Il parut réfléchir un instant et rajouta: "tu sais t' défendre?"
- Ben… "elle regarda ses pieds et enfouit ses orteils dans le sable en repensant au Dracoloth."Apparemment pas". Souffla-t-elle.
- J'aurais du m'en douter. Novice en magie c'est ça?" Elle acquiesça et il reprit tout en rangeant la corde. " Vu tes pouvoirs t'as d' la chance de pas encore avoir eu d'accidents."
Eveanna avait ramassé son sac et sortait son disque. Elle le regarda presque tristement. C'était un simple anneau de métal froid, sans lumière ni ornements.
- "Non, range-le", lui demanda  l'archer plus gentiment que d'habitude. " On va essayer de passer discrètement. Ta magie est incontrôlable, on risquerait de se faire repérer.
- Et si on se fait attaquer?"
Il pointa son arc du pouce.
- "Il est pas là pour faire joli", rétorqua-t-il en se mettant en route."La foret des brumes n'est pas sûre mais si tu m'écoutes on s'en sortira sans problèmes. Suis-moi et fais pas de bruit. "
 Ils remontèrent la plage de sable fin en direction des palmiers. Au-delà s'étendait une forêt dense et profonde. Les arbres étaient immenses et on n'aurait pas pu faire le tour de leurs troncs même avec les deux bras.Leurs branchages formaient un toit vert de plus en plus épais à mesure qu'ils suivaient le sentier.
De nombreuses lianes passaient d'un arbre à l'autre, laissant passer de rares rayons de soleil dans cette atmosphère étouffante. Quelques oiseaux chantaient au dessus de leur tête mais dans l'ensemble régnait un silence pesant. Heureusement un tapis de feuille et de mousse atténuait le bruit de leurs déplacements. Eveanna suivait Ale comme elle pouvait, ses pieds nus rendant sa progression plus difficile. Dans sa tête elle maudissait les Dracoloths, les tavernes et les anneaux de transport du monde entier pour la perte de ses chaussures.
Soudain l'humain se figea et fit signe de ne plus bouger. Au loin deux silhouettes avançaient vers eux.Très grands, très gros, très moches et surtout armés de très gros gourdins plein de piques. D'imposants turbans entouraient leurs têtes et cachaient partiellement leurs petits yeux sournois. Leur peau, violette et grasse, luisait dans la pénombre. Ils se dirigeaient droit vers leur position.
L'archer jura à voix basse. A cet endroit le chemin était plus large et même s'ils s'étaient arrêtés à l'abri d'une grosse souche moussue, les Gulas risquaient de les voir en passant. Il se retourna vers Eveanna et lui fit signe de se faire discrète.
Ces créatures n'étaient pas très futées et avaient une mauvaise vue.Avec cette pénombre, si rien ne les attiraient dans leur direction, l'affrontement pouvait encore être évité. Ils pouvaient encore se cacher derrière l'arbre mort. Mais c'est ce moment précis que choisit une fée des brumes pour voleter autour des cheveux de l'elfe, attirant une nuée d'autres petites créatures ailées.
Elle les chassa de la main mais le mouvement de leurs ailes scintillantes avait déjà attiré les Gulas. Ils étaient énormes et dégoutants. L'esprit de la sorcière ne cessait de lui rappeler qu'elle n'avait aucun moyen de défense et que la seule personne qui se tenait entre elle et ces monstres était un archer pervers alcoolique. Elle cligna des yeux et essaya de rattraper son cœur qui s'emballait à cause de la panique.  
 Le plus gros des Gulas poussa deux cris rauques et un plus aigüe puis se dirigea droit vers eux.  Ale se remit à jurer:
- "Et merde, il appelle ses copains."
Il attrapa son arme si vite qu' Eveanna n'eut pas le temps de voir ses mains bouger. En une fraction de seconde il se tenait entre elle et les créatures violettes, sa main gauche tenant son arc devant lui.Sa main droite était dissimulée derrière son dos, tenant déjà deux flèches d'énergie pure.
Soudain la foret sembla prendre vie et s'agita. Des bruissements de feuilles et de branches cassées se faisaient entendre. De petits animaux fuyaient autour d'eux alors que d'autres Gulas armés de gourdins arrivaient de toutes parts.
Ils étaient encerclés.
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La Balance des Dragons //Chapitre 7: Naufragés
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde : Alcoolisme
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Chapitre 7 : Naufragés
Eveanna se réveilla allongée dans le sable,de petites vagues léchant ses pieds nus.Tout son corps lui faisait mal mais elle était encore en état de bouger, ce qui la rassura un peu. Elle dégagea ses cheveux en bataille de devant ses yeux et  se redressa doucement sur un coude pour regarder l'océan. La tempête avait cessé et le bleu de l'horizon se fondait contre le turquoise de l'eau calme. Derrière elle des palmiers se balançaient doucement dans la brise.
Le soleil était haut dans le ciel et  il faisait chaud.Sa robe légère avait déjà séché sur elle, collant à sa peau pâle. Elle essaya d'estimer combien de temps elle était restée là, sans y parvenir. Elle ne savait même pas où elle était."Vers la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin", se souvint-elle. Très précis donc. Une petite boule d'angoisse commença à se former dans le creux de son estomac.
 L'elfe se leva doucement et grogna. A priori aucun de ses os ne s'était brisé mais elle serait bientôt couverte de bleus et de bosses en plus d'une myriade d'égratignures.Et c'était déjà un miracle d'être en vie. Elle soupira et regarda autour d'elle. Son compagnon d'infortune avait atterri plus loin sur la petite plage déserte mais il ne bougeait pas. Leurs affaires avaient aussi échouées un peu plus loin grâce au sortilège de rappel.
Elle se dirigea vers l'humain et s'arrêta à côté de lui. Il était allongé face contre terre mais ne semblait pas être blessé non plus. Elle espéra que c'était vraiment le cas. L' idée de rester toute seule dans cet endroit inconnu l'inquiétait plus que le comportement de l'archer.
Elle le poussa pour le retourner sur le dos. Elle du y mettre toute sa force tant il était lourd et se retrouva quasiment allongée sur lui une fois fini. Il n'avait même pas sourcillé. Elle s'agenouilla près de lui, le secoua et n'obtint qu'un faible grognement. Elle recommença, un peu plus fort cette fois.
-"Hé machin", appela-t-elle, réalisant qu'elle ne connaissait même pas son nom.
-"Vous êtes ma conscience?" fit-il en ouvrant un œil.
-"Heureusement que non! j'aurais trop de travail!' répliqua-t-elle.
L'humain porta une main à son visage et grogna.
- Ça va?' s'inquiéta l'elfe
- Ouais.Juste mal au crâne" la rassura-t-il, "On est où?"
- Quoi? ! C'est à moi que tu demandes ça?!
Il s'assit dans le sable et regarda la plage déserte.
- Tu vois quelqu'un d'autre ici?
Eveanna le fixa, mi-outrée mi-paniquée. L'angoisse qu'elle ressentait monta encore d'un cran. Elle se releva d'un bon:
- Tu plaisantes? Tu m'enlèves, tu voles un pégase, tu nous emmènes au beau milieu d'une tempête et c'est à moi de savoir ou on est?!
- Oh ça va!" Il se tenait toujours la tête entre les mains. "Les anneaux de transport sont toujours près d'une ville. On va la trouver et tu pourras rentrer chez toi.
- Chez moi? Grâce à toi, je n'ai plus de chez moi!"
L'humain se leva à son tour et entreprit de se débarrasser du sable dans ses vêtements.
-"Écoutes, l'elfe, tu vas retourner à Allemantheia, leur faire ton plus beau sourire et recommencer c' que tu faisais avant. Moi j' vais m' trouver une taverne bien confortable et finir c' que j'ai commencé hier".
Eveanna se sentit envahie par la panique. La peur, la fatigue, la douleur et la faim grignotaient ce qui restait de son contrôle et de petites flammes commençaient à lécher le dos de ses mains. Elle se mit à crier:
- T'as rien compris!Je n'ai plus rien! J'ai été virée du laboratoire d'alchimie, de ma maison, de ma ville! Et je ne pourrais plus jamais y retourner à cause de toi!! "
L'énergie magique crépitait autour de ses poignets et les flammes remontaient petit à petit le long de ses avant-bras. Ses yeux brillaient d'un éclat farouche et le rouge commençait à envahir le bleu de son iris.
- "Sûrement pas mam’zelle sainte nitouche! Et je..."
Il n'eut pas le temps de finir qu'elle hurla, les poings serrés auréolés de feu:
- Ne m'appelle pas comme ça! Mon nom c'est Eveanna! "
Les flammes couraient maintenant librement le long de ses bras et menaçaient sa robe mais elle ne semblait pas s'en rendre compte.L'archer commença à reculer et essaya de lui parler le plus doucement possible:
- "D'accord, Eveanna. Du calme. Moi c'est Aledaran." Il recula encore un peu alors que les flammes illuminaient de leur magie les cheveux de l'elfe, à priori immunisée contre ses effets.
Elle le regarda d'un air suspicieux
- Il est bizarre ton nom. " lui dit-elle plus doucement.
- Merci, on fait c' qu'on peut", ironisa-t-il."T'as qu'à m'appeler Ale, ça t' va?"
Elle se tenait droite, les deux pieds plantés dans le sable, prête à lâcher le feu sur lui mais la progression des flammes avait cessé. Elle hocha la tête, essayant de garder le contrôle sur sa magie.
- "T'es au courant que tu n'es pas censé pouvoir faire ça sans disque  ?
- Faire quoi?"
- Les flammes et tout ça... " lui dit-t-il en désignant ses bras.
- "ha...heu...je ne sais pas trop.Ça a toujours fait ça.
- Comment ça tu sais pas trop? T'es sorcière non!?
- Non! Moi je suis Alchimiste" le reprit-elle. "Enfin je l'aurais été si j'avais pu passer mon dernier examen. Mais ça c'était avant que j'aille dans cette fichue taverne!"
Cette pensée raviva sa colère. Son regard vira à nouveau au rouge et les flammes reprirent vie. L'humain recula encore un petit peu. Velik seule savait quel genre de sortilège cette magie pouvait déclencher et l'elfe n'avait pas l'air de maitriser grand chose. Il leva les deux mains en signe d'apaisement.
- "C'est bon, on se calme ! j'ai pas envie de finir en grillade!
- J'ai déjà tué un Dracoloth ce matin, je suis plus à ça prêt!"
Elle bluffait bien sûr mais Aledaran ne pouvait pas en être certain. Les flammes qui brulaient le long de son corps pourraient très bien faire un carnage. Il tenta autre chose:
- Et si je te présente quelqu'un qui peut te faire passer ton examen, tu éteins le barbecue?
- Tu ferais ça?" demanda-t-elle, soupçonneuse
- Seulement si tu promets de ne pas me faire bruler vif" proposa-t-il
Voyant l'intensité du brasier diminuer, il enchaina:
- C'est une alchimiste renommée et une puissante sorcière. J' suis sûre que tu pourras passer ton examen final et repartir de zéro. En plus elle est pas très loin d 'ici!"
Eveanna laissa le feu s'éteindre tout en réfléchissant. Ça paraissait correct. Et puis elle ne savait pas vraiment se servir de sa magie sans disque, elle n'avait donc pas vraiment d'autre choix.
- Mouais. Et elle s'appelle comment cette personne?
- T'as surement déjà entendu parler d'elle." Il prit son courage à deux mains pour lui dire. "c'est la Dame au Dragon."
- Qui ça?"
C'était presque trop beau pour être vrai. L'elfe n'avait jamais entendu parler de cette sorcière, au grand soulagement d' Aledaran. Il sourit intérieurement: finalement il aurait peut-être une chance de négocier.
- Tu n'as jamais entendu parler d'elle? C'est incroyable tout le monde la connait vu son... expérience."
Il avait failli dire "âge" mais il devait absolument qu'Eveanna accepte son offre s'il voulait repartir rapidement vers ses tavernes chéries.
- "Alors?" reprit- il avec un petit sourire encourageant. "On a un accord?"
La jeune sorcière soupira et acquiesça, reprenant définitivement le contrôle de sa magie maintenant qu'elle avait quelque chose à quoi se raccrocher.
-" Ça me va. Mais tu me donnes ta parole: pas d'entourloupes et pas de tripotage,".
Ale se mit à rire:
- "Moi j' croise toujours les doigts, tu devrais déjà l' savoir!"
Eveanna leva les yeux au ciel et soupira. Il était irrattrapable et elle allait devoir lui faire confiance. Et son oreille recommençait à la démanger.
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fanfictera · 8 years
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La Balance des Dragons Chapitre 6: Aiguilles
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :
Torture, sang, blessures, violence
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 6: Aiguilles
La pièce était immense. Sombre et froide. Seuls quelques traits de lumière bleue transperçaient la noirceur et laissaient apparaitre les cadavres gisant une vingtaine de mètres plus loin.
 Elle allait revenir et recommencer. Mais la fuite n'était pas une option: les câbles étaient bien trop solidement ancrés autour de ses bras et de ses jambes. Jusqu'au sang. Elle y avait veillé. Elle l'avait presque écartelé lorsqu'elle l'avait suspendu. Cela lui semblait être depuis une éternité.
-"Toujours là trésor?" sa voix métallique raisonnait comme une sombre promesse dans la quasi-obscurité. "Bien évidemment... suis-je bête ! Je m'assure toujours que mes invités soit à leur aise".
Malgré tout, l'hôte se débattit et tira sur ses liens. La douleur perça la nuit et lui fit presque perdre connaissance. Un petit gémissement s'échappa de ses lèvres alors que son épaule démise se tordait un peu plus dans le mauvais sens.
-"Allons, allons... je n'ai même pas encore commencé!" reprit la voix.
D'autres câbles veinés de bleu se dressèrent comme des serpents, ondulant lentement vers leur victime.
-Tu vas me raconter tout ce que je veux savoir. J'en suis certaine", affirma la voix.
Elle souleva un de ses tentacules pointu. La fine aiguille de quarante centimètres s'appuya à la jonction de l'épaule abimée et poussa,lentement. Jusqu'à ce qu'elle ait transpercé l'épaule dans sa longueur. La douleur se propagea comme une trainée de feu et stagna, lancinante, alors qu'il serrait les dents.
-"Non."
Cela avait été murmuré dans un souffle.Chaque respiration lui coutait, remuant l'aiguille et transformant la douleur en une ligne de feu incandescente. De la sueur perlait à son front tant la souffrance était insoutenable.
Le câble fit pivoter l'aiguille brusquement d'une trentaine de degrés sur le coté, repoussant la chair et bousculant l'os. La douleur explosa dans son épaule.Cette fois il se cambra et son hurlement déchirant raisonna dans la pièce:
-"Non!", cria-t-il.
Deux autres tentacules se dressaient et se dirigeaient vers le coude et la main du même bras. Toutes deux armées d'une aiguille.
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fanfictera · 8 years
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La Balance des Dragons // Chapitre 5: De Charybde en Scylla
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :  mains baladeuses
>>MASTERLIST<<
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Chapitre 5 : De Charybde en Scylla
L'inconnu tirait sur le bras de la sorcière blonde pour la faire avancer.Pour un rocher le videur de la taverne se déplaçait plutôt vite.L'elfe n'était pas sûre d'avoir envie de fuir.Cependant la prise était trop solide et l' Aman un peu trop menaçant. Il proférait des insultes en les poursuivant, le poing levé. Finalement elle décida d'aller plus vite.
 Ils couraient à perdre haleine dans les rues d' Allemantheia, le bruit de leurs pas raisonnant sur les pavés. Le videur était toujours derrière eux mais semblait ralentir. L'homme inconnu tournait sans cesse dans les ruelles pour le semer. Eveanna commençait à avoir du mal à tenir son rythme. Sa tête tournait à cause de l'alcool et la fatigue de la bataille avec le Dracoloth se faisait ressentir. Mais il la tenait toujours par le bras et l'entrainait à sa suite.
- "Courage! On y est presque!" lui lança-t-il.
La petite montagne sur pattes avait fini par ralentir, à bout de souffle. Le grand barbu tourna brusquement dans la plus petite ruelle sur leur droite et plaqua l'elfe contre le mur. Il la maintint fermement contre lui, une main sur sa bouche pour la faire taire.
-"Shhh", lui fit-il
 Eveanna avait du mal à reprendre son souffle et il empestait le vin. Elle le regarda fixement sans arriver à deviner ses intentions et commença à s'inquiéter. La nausée l'envahit à la pensée de ce qu'il pourrait lui faire. Au même moment, le videur passa devant la ruelle sans les voir. Il desserra un peu son étreinte.
-"Mmffff"
Elle le repoussa sur le côté, fit trois pas et eut un haut-le cœur. Mais l'homme n'avait pas l'air de se préoccuper d'elle et s'affairait déjà à desceller les pierres en bas du mur.
- "Faut pas trainer là" lui dit il à voix basse. "Les gardes vont bientôt se mettre à notre recherche".
Eveanna écarquilla les yeux.
- "Quoi ?! Les gardes ?!
- Ouais les gardes! T’ sais les gens avec les armures et les casques pointus qui s' baladent en ville !" fit-il avec un petit sourire moqueur.
- Pour une dette de taverne ? Ils ne vont pas déranger la garde pour ça!
- Ben.... j' suppose que cinq milles pièces d'or ça va leur faire un trou dans la caisse. Mais le comité des étudiants à d' quoi payer,j' m'en fais pas! C'est juste une bande de radin.
- Cinq milles ! En pièces d'or? " Eveanna paniqua. La garde elfique n'était pas connue pour sa clémence.
-"Dis donc faut que j't'explique aussi c' que c'est une pièce d'or? J'ai bu plus que toi et mon cerveau marche plus vite!" se moqua-t-il . "Dépêche- toi si tu veux profiter du voyage."
Il avait finit de desceller les pierres et sortait un sac en cuir rectangulaire de derrière le mur. La frêle blonde réalisa qu'il avait tout prévu et qu'ils les avaient menés droit vers la cachette.
-"Si tu veux partir, c'est maintenant", dit-il en lui tendant la main.
D'un côté une ville où elle n'avait plus ni maison, ni travail et où elle était recherchée par les gardes et de l'autre, peut-être un nouveau départ. Elle espéra que son cerveau embué par l'alcool ne lui faisait pas prendre une mauvaise décision.
-"D'accord mais je te suis de loin. Pas de tripotage.
-Oh ça va mamzelle sainte nitouche", dit-il en riant, "j'te l'promets, parole d'archer.
- Ça vaut quelque chose ça?" demanda-t-elle, pas très convaincue.
-" Probablement pas, et en plus j'ai croisé les doigts!" répliqua-t-il en souriant.
Il mit le sac sur son dos et se retourna pour partir alors qu' Eveanna roulait des yeux au ciel en signe de désespoir.
Elle le suivit à travers les petites ruelles et les passages peu fréquentés. L'humain avait l'air de bien connaitre la ville et suivait un itinéraire précis. Au bout d'une dizaine de minutes il s'arrêta brusquement et s'accroupit en lui faisant signe de faire de même. Il chuchota:
- "Les montures déjà préparées sont par là. On va passer par derrière discrètement."
Il montra l'air de décollage puis les écuries adjacentes.
- "T'es pas sérieux là! Tu veux voler un pégase?", dit-elle en s'étranglant à moitié.
Eveanna était abasourdie. Elle s'attendait à s'enfuir, mais pas de cette façon.
- "Si tu veux tu peux partir à pieds" lui dit-il en la regardant par dessus son épaule avec un sourire en coin. On aurait dit qu'il prenait un malin plaisir à se moquer d'elle.
- D'accord, va pour le pégase. De toute façon cette journée ne pourra pas être pire.
- Suis- moi en silence et fais comme moi."
 Joignant le geste à la parole, il se leva souplement et se dirigea vers le grand bâtiment abritant les bêtes. Ils firent le tour en le longeant par derrière, faisant bien attention à ne pas se faire repérer. Par chance, peu de voyageurs se présentaient en cette fin d'après-midi.
 Devant le bâtiment blanchi à la chaux, un des pégases était attaché par son harnais. Il était déjà sellé et attendait sagement que la maîtresse de vol vienne le chercher pour son prochain client. Sa robe blanche était splendide et ses ailes de plumes soyeuses brillaient dans la douce lumière du soleil déclinant.Les palefreniers étaient tous occupés à l'intérieur. L'occasion était parfaite.
 L'archer fit signe à l'elfe de monter alors qu'il commençait à détacher le pégase. Voyant qu'elle hésitait sur la façon de contourner les ailes, il l'attrapa par les fesses et la décolla du sol pour la mettre en selle. Elle lui lança un regard noir en finissant de s'installer à califourchon alors qu'il prenait place derrière elle. L'humain l'enserra par la taille d'un bras et prit les reines de l'autre main.
- "T'es pas obligé de me coller autant!" s'agaça la sorcière.
- Pas d'ma faute, y'a pas la place" répondit-il, souriant innocemment."Fais moins de bruit, on va s' faire repérer".
 Il l'attira un peu plus contre lui, par défi, et se prit un coup de coude.
- "Pas touche!"
-Chut!'
Trop tard. La maîtresse de vol les avait entendus et commença à courir vers eux en les invectivant. L'archer talonna le pégase qui partit directement au galop tout en déployant ses ailes. Eveanna s'agrippa à la crinière blanche et sentit le vent les emporter. Ils furent dans le ciel bien avant d'avoir pu être rattrapés.
 Le pégase avait adopté un battement d'ailes régulier et confortable pour ses passagers. Une fine barrière magique s'était automatiquement érigée autour d'eux et les protégeait du vent et du froid. Tout en bas, de petites silhouettes s'agitaient et levaient les bras dans leur direction. Il était facile de deviner qu'on leur criait de redescendre avec moult noms d'oiseaux.
- "Tu sais où tu vas?" demanda l'elfe, les yeux rivés sur l'horizon.
- "Vers la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin!" répondit-il de sa voix grave.
Il avait chuchoté sa réponse dans le creux de l'oreille d' Eveanna et se reprit un coup de coude. Ses oreilles étaient très sensibles, comme chez toutes les elfes, et il le savait. Il souriait dans sa barbe.
 L'archer n'avait pas répondu à la question mais il connaissait sa destination. Il dirigea le pégase vers l'anneau de transport concerné et laissa s'activer la magie. Un disque de lumière blanche apparu au centre de l'immense cercle et le pégase accéléra sa course. Il traversa l'anneau et le monde se figea en noir et blanc puis accéléra brusquement autour d'eux, les désorientant temporairement. Heureusement, les pégases étaient bien entrainés et celui-ci ne semblait avoir aucun problème à gérer le voyage.
 Eveanna commença à se détendre un peu. Finalement, elle avait peut-être pris la bonne décision. Elle ne pourrait cependant pas retourner à Allemantheia de si tôt.
 Mais le répit fût de courte durée. A peine sortis du portail, ils furent accueillis par une tempête de pluie et de vent. Les bourrasques faisaient dangereusement tanguer le pégase qui avait du mal à maintenir son cap. Le tonnerre faisait gronder le ciel et la charge magnétique malmenait le bouclier d'énergie.
 Un éclair tomba près de leur monture qui fit un écart. Le bouclier céda, les exposants aux éléments. Une violente rafale déséquilibra le pégase qui exécuta un tonneau pour retrouver son équilibre, éjectant ses passagers.
 Ils tombèrent vers l'océan, leurs cris happés par l'orage.
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fanfictera · 8 years
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La Balance des Dragons //Chapitre 4: Tournée générale
Auteur: Douce Plume
Univers:
Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
Mises en garde :
Aucune
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Chapitre 4: Tournée générale
Les yeux fixés sur sa bière de lotus, l'ex-alchimiste tentait de réfléchir à son avenir. Après son renvoi brutal, elle avait voulu négocier avec Hustod. Elle était retournée au laboratoire mais celui-ci avait déjà quitté les lieux. Seule une brève note se trouvait sur son bureau. On lui intimait de débarrasser l'ensemble de ses affaires, appartement de fonction y compris. Avec effet immédiat.
Elle se tortilla sur la vieille chaise en bois, mal à l'aise. De taille modeste, la taverne du Pégase qui tousse était habituellement calme l'après-midi. Elle pensait pouvoir réfléchir tranquillement à son problème et mettre un peu d'ordre dans sa tête. Seulement, une horde d'étudiants forgerons venait d'envahir les lieux pour fêter leur diplôme de virtuose tout neuf.Ils en étaient déjà à la huitième édition de "la pomponette" et n'avaient aucune intention de s'arrêter en si bon chemin.
Les deux serveuses castanics allaient et venaient entre les tables comme dans un ballet parfaitement rodé.L'elfe blonde prit une gorgée de son breuvage et soupira. Dire qu'elle aurait pu fêter son diplôme elle aussi....au lieu de ça elle avait débarrassé sa table de travail pour ne jamais revenir. Mais le pire avait été de vider son appartement. Elle avait trouvé un garde d' Allemantheia devant sa porte. Il lui avait expliqué qu'elle devait rassembler rapidement le nécessaire et que le reste de ses affaires lui serait livré à sa nouvelle adresse. Par chance,et sans doute un peu par pitié, il lui avait laissé le temps de se laver et de se changer. Une fois ses maigres possessions empaquetées, elle avait erré dans la ville pour atterrir ici.
 Sa chope était vide et elle n'avait toujours pas trouvé quoi faire de sa vie. Rester ici et trouver un autre emploi? Elle n'avait même pas encore eu le courage d'aller dire au revoir à ses anciens collègues. Partir restait la meilleure solution. Elle pourrait peut-être continuer son apprentissage chez un autre artisan. Elle était douée. Plus qu' Hustod le faisait croire. A la pensée de cette vieille fouine, ses doigts tapotèrent plus durement la table au bois usé. Derrière elle, les étudiants massacraient pour la vingtième fois cette fichue pomponette. L'alcool coulait à flot et la mélodie faisait ce qu'elle pouvait pour ne pas se noyer. Il lui fallait plus de bière. Voilà. Enfin une décision facile à prendre.
 Elle balaya la salle du regard à la recherche d'une serveuse et croisa le regard insistant d'un client au bar. Cela faisait un moment qu'il la regardait bizarrement. Si elle avait pu y réfléchir, elle aurait trouvé ça louche. Mais une autre tournée générale avait été décrétée et la fête battait maintenant son plein. La nouvelle chanson n'était pas mieux que la précédente: "le mystique de Habere a les boules qui pendent! et quand il s'assoie dessus, ça lui rentre dans le..."
-"Tenez pour vous mademoiselle!", fit la serveuse en déposant un petit verre sur la table. "Tournée générale offerte par le comité des étudiants en forge appliquée!"
- "Merci" répondit Eveanna avec un sourire.
La brune castanic lui sourit à son tour et retourna vers le comptoir avec un incomparable déhanché.  Ses longues cornes noires striées de rouge se dressaient au sommet de sa tête et la faisait paraitre plus grande. Elle portait très peu de vêtements, respectant ainsi ses coutumes. Tous la suivaient des yeux à son passage. Même l'homme au bar.
Soudain la jeune elfe réalisa: elle ne portait plus sa toge d'alchimiste qui la couvrait jusqu'aux pieds. Sa robe bleue ciel laissait apparaitre un décolleté généreux et ne cachait rien de ses longues jambes galbées.Un peu gênée, elle gratta le bout de son oreille pointue et porta le verre à ses lèvres. Le liquide ambré lui piqua la gorge et le feu lui monta aux joues. Cette boisson était bien plus forte que ce qu'elle prenait d'habitude. Afin de garder une contenance, elle commença à fouiller dans son sac posé sur la chaise près d'elle. Sa tête commençait à tourner un peu.
[2]La taverne était en effervescence quand une voix de baryton se mit à entonner "tripote moi les cornes avec les doigts". Il était temps de partir. Mais, alors qu'elle fermait son sac, elle fût bousculée par un des étudiants derrière elle.
- "Oh pardon!" s'excusa le jeune Castanic en se retournant. "désolé mademoiselle!" essaya-t-il d'articuler.
- "Ce n'est rien!" répondit-elle  en se levant, son sac déjà sur l'épaule."Je partais et je n'ai pas fais attention moi non plus".
-"Je vous en prie, restez! Je vous offre un verre pour me faire pardonner".
Eveanna évalua un instant la situation. Blond, les yeux verts,des cornes imposantes bien entretenues, plutôt mignon. Lui aussi respectait ses traditions et laissait entrevoir une musculature assez impressionnante. Mais elle avait tellement de choses à régler...et il avait l'air passablement éméché. Ce  n'était pas le bon moment pour ce genre de rencontre.
Voyant son hésitation, il enchaina:
-"Allez, juste un!",fit il en agitant son propre verre. Plusieurs de ses amis l'avaient rejoint et une petite troupe encerclait Eveanna, l'encourageant à accepter.
-"Allez mam'zel! il est cool et z' êtes jolie! " fit l'un des étudiants, titubant contre l'un de ses voisins, hilare.
-Heu, non, en fait...heu" bredouilla l'elfe.
-"Vos yeux brillent comme des saphirs!" renchérit-il. Sa tête arrivait à hauteur de la poitrine de l'elfe.
Décidément, tout allait de travers! A quoi avait-elle pensé en mettant les pieds ici ? Elle serra instinctivement son sac et se prépara à répliquer quand un humain entra dans le cercle.
-"Allons les gars, on n'embête pas la d'moiselle!" les réprimanda-t-il en les attrapant par les épaules.
Il était plus âgé que les autres et portait une barbe épaisse. Ses longs cheveux étaient attachés en chignon et seules deux mèches brunes encadraient son visage. Il était habillé différemment des étudiants: un griffon doré était cousu sur son pourpoint sombre. Ses yeux marrons pétillaient d'intelligence malgré un état d'ébriété avancé. Eveanna supposa qu'il s'agissait de leur professeur.
-Si on reprenait plutôt un verre ?J'ai encore soif!" Sa voix était grave et mélodieuse avec un soupçon d'alcool fort.
- "Toi, t'as toujours soif! Un vrai puits sans fonds! "lui répondit l'étudiant blond en riant.
- Oui mon p'tit! Et l' puits va s' assécher si on n' le remplit pas vite! Si on s'refaisait une tournée générale?
- Haha!tu vas vider le bar et ta bourse avec!
- Trop tard pour ma bourse l'ami! Heureus'ment que l' comité est là sinon on s'rait déjà mort de soif!" dit-ilen riant.
 Il fit signe au barman de resservir l'assemblé.Eveanna regardait l'échange, effarée. Ce professeur se comportait vraiment curieusement.
- Allons bon, depuis quand le comité paye les tournés des étrangers? " demanda un des étudiants.
Eveanna se gratta l'oreille et essaya de se dégager:
-  "Je vais vous laisser!" tenta-t-elle.
Mais personne ne lui prêtait plus attention. Elle était coincée.
- C'est votre fête non? " rétorqua le professeur qui n'en était pas un.
- Justement. T'es pas étudiant! Le comité n'a pas les fonds pour autant de tournées!
- Ma bourse non plus!" s'exclama l'humain, écartant les mains en signe d'impuissance.
 Le barman avait entendu la conversation et le videur s'approchait du groupe. C'était un Aman. Les Amans ressemblaient à de gros rochers avec des jambes et celui là était vraiment imposant. On ne négociait pas avec une montagne.
- "Il va falloir trouver une solution. Cette taverne ne nous fera pas crédit et le comité des étudiants n'a plus un sous!" rétorqua le Castanic, fixant le groupe de ses yeux verts .
- "La d'moiselle va m'avancer les fonds!" fit le grand barbu avec un sourire.
-"Quoi? moi?" s'étrangla la sorcière. "mais je ne vous connais même pas!"
- C'est juste un prêt!' lui assura-t-il
- Mais je n'ai pas les moyens!" lança-t-elle désespérée.
Le videur se rapprochait encore. La situation dégénérait et elle en avait assez de cette journée.Elle voulait partir d'ici au plus vite.En plus, son oreille la démangeait furieusement ce qui n'arrangeait en rien son humeur.
- "Mademoiselle?"
C'était l'Aman. Elle était dans de beaux draps !
- "Non ! Laissez-moi vous expli...!"
 Eveanna n'eut pas le temps de finir que le faux professeur l'avait attrapé par le bras et la forçait à détaler vers la sortie. Il avait une force incroyable pour un humain, saoul de surcroit. Avant qu'elle s'en rende compte, elle fuyait la taverne avec lui, le videur à leurs trousses.
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La Balance des Dragons // Chapitre 3: Allemantheia
Auteur: Douce Plume
Univers:
 Dark Fantasy (inspiré du MMORPG TERA RISING -accessible même si on ne connait pas Tera)
Résumé :
Jeune alchimiste Elfe pleine d’avenir, Eveanna se voit confier une mission importante par son maitre, Hustod. Malheureusement l’aventure ne va pas se dérouler comme prévu. Elle devra fuir tout ce qu’elle connait, entrainée malgré elle par un archer pervers alcoolique et une ex- Lancière devenue marchande de chaussures. Pourra-t-elle retrouver sa vie ou devra-t- révéler son potentiel de sorcière pour sauver les dragons de la folie ?
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Chapitre 3: Allemantheia
Eveanna se releva péniblement puis claudiqua jusqu'à sa chaussure. Fichue.
"Tout de même, il était sacrément résistant ce Dracoloth" fit-elle pour elle-même.
Elle n'aurait jamais cru qu'une bête de cette taille puisse se déplacer si vite. En même temps, elle ne connaissait pratiquement rien du monde extérieur. Allemantheia, la grande ville des haut-elfes, était l'endroit ou elle avait grandi et où elle travaillait maintenant. Son expérience de la vie se limitait à son laboratoire et à la bibliothèque.
"Pourquoi il t'a attaquée au fait?"
L'Elfe sursauta. Perdue dans la contemplation de sa chaussure, elle n'avait pas entendu Alvenâ venir près d'elle.
-"C'est moi qui l'ai attaqué", soupira la sorcière.
-"Toute seule ? Tu ne manques pas de courage !" répliqua l'Elin."Combien tu avais prévu de potions de soin ?"
-"Ben, en fait, heu... je les ai oubliées dans mon sac" bredouilla l'elfe, gênée par son manque d'expérience. "Mais j'avais prévu un piège de foudre! J'ai sûrement bousculé les runes en tombant dans le cercle et il n'a pas fonctionné.Mais ça aurait dû l'immobiliser assez longtemps pour que je puisse lancer mon sortilège le plus puissant."
Elle rougit.Mais sa petite sauveuse fit mine de ne rien avoir remarqué et continua:
-Et maintenant? Tu vas en faire quoi de ta bestiole?"
-J'ai besoin de prélever quelques écailles et un peu d'os. Je suppose que je vais devoir laisser le reste ici...
- Les habitants de Scytera Fae seront sûrement ravis d'un dragon rôti! " fit la prêtresse avec un sourire. "Mais avec quoi va-t-on le découper?
-Pour ça, j'ai ce qu'il faut!", s'exclama Eveanna.
Elle enleva son autre chaussure et se dirigea, pied-nus, vers le buisson bleu. Son sac l'attendait bien sagement sous les petites branches entremêlées. Elle le ramena et le déballa près du Dracoloth. Il contenait des bandages, plusieurs potions et un long poignard en argent bordé d'azur. Un petit tournevis flanqué d'ailes bleues était gravé sur le manche. Alvenâ regarda la marque avec intérêt:
-C'est marrant, cette épée avec les ailes:ça me rappelle quelque chose mais je n'arrive plus à me souvenir..." dit-elle.
-En fait c'est un tournevis. Mais c'est vrai que de loin on dirait une épée", précisa Eveanna. "Ma grand-mère avait l'habitude de dire que son poignard réparait plus qu'il ne coupait. Bien sur, c'est totalement faux! C'est la lame la plus coupante que j'ai jamais vu!" fit-elle fièrement.
-"Je te crois sur parole!" répondit Alvenâ. "Mais je ne suis pas fan des abattoirs alors je vais plutôt retourner au village pour les prévenir. Tu pourras rentrer par tes propres moyens?"
-"Aucun problème" sourit la sorcière "ma magie Elfique me ramène toujours chez moi."
-J'y vais alors. Prends soin de toi !
-C'est promis. Et je n'oublierai jamais ton nom." fit Eveanna en s'inclinant.
L' Elin sourit et fit un petit signe de la main en se retournant.Le village n'était pas loin et elle serait vite arrivée, même à pied.
La blonde magicienne s'approcha du monstre au regard vitreux, le poignard à la main. Après avoir pris une grande inspiration, elle découpa les écailles, la chair et les os. Malgré le tranchant redoutable de sa lame, la tâche s'avéra difficile. Sa robe prit une teinte sanguine sur le devant et de la sueur dégoulina devant ses yeux. Cette mission en extérieur avait apparemment décidé de ruiner sa garde-robe.
Une fois terminé, elle plaça le tout dans de petites pochettes imprégnées de magie de conservation et s'essuya les mains sur sa robe.Enfin, elle rangea le tout dans son sac et s'apprêta à partir.
Plantant fermement ses deux pieds dans la terre de la clairière, elle plaça ses mains en coupe devant elle. Elle se concentra et connecta son essence à la magie d' Allemantheia. Le noyau lui répondit comme un écho et son être se mit à vibrer. Son corps fut entouré de cercles de lumière vibrants à l'unisson et disparu soudain dans une lumière blanche éclatante.
                                                 ***
Elle se matérialisa devant le symposium des artisans. Le dallage gris était froid sous ses pieds nus, mais elle était heureuse de rentrer chez elle. Les hautes flèches des bâtiments blancs et or chatouillaient le ciel. La cité était grande et elle était soulagée d'être revenue directement devant son lieu de travail. Si elle confiait le fruit de sa chasse maintenant à son supérieur, cela lui éviterait bien des détours.  Elle n'aurait pas le temps de se changer pour faire bonne figure mais sa victoire contre le dragon devrait effacer ce détail.
Le sourire aux lèvres, la jeune sorcière franchit la porte surmontée d'un bol et d'un marteau.Une odeur de cire et de musc flottait dans le silence. Le laboratoire était désert à cette heure de la journée. Ses collègues apprentis avaient dû partir déjeuner en pensant qu'elle ne reviendrait qu'à la tombée du jour. La pièce semblait immense sans leur présence.
Les tables étaient recouvertes de fioles et de liquides alchimiques. Et alors qu'elle allait rejoindre la sienne, elle jeta un œil à l'alambic géant.Il touchait presque le plafond: un liquide verdâtre sinuait dans de longs tubes et stagnait dans d'énormes ballons. Une silhouette se tenait à sa base, ses cheveux gris et raides tombant sur ses épaules. Grand,sec et d'un maintient impeccable,Hustod, son supérieur,s'affairait sur les réglages complexes de l'appareil. Pressant le pas, elle s'avança vers lui.
-"Hum".
Elle toussa et attendit poliment. Ce n'était pas un Elfe qu'on pouvait brusquer. C'était tout de même le responsable en chef des alchimistes. Et il était si sévère qu'on chuchotait pour parler de lui. On disait qu'il connaissait par cœur tous les grimoires de la bibliothèque. On racontait même qu'il ne dormait jamais. Apparemment il ne mangeait pas non plus.
 La sorcière commença à se dandiner d'un pied sur l'autre devant son manque de réponse. Mais elle n'allait sûrement pas l'interpeler à nouveau. Il l'avait déjà réprimandée plusieurs fois pour son impatience.Elle n'allait pas tout gâcher.
-" Cessez donc ce vacarme! On dirait un troup... !"
Le Haut-Elfe s'était retourné et fixait Eveanna avec une expression de surprise totale. Il reprit sa contenance en une fraction de seconde et plissa ses yeux déjà étroits. Il dévisagea son apprentie, serrant les lèvres dans une moue de dégout.Sa longue robe blanche était déchirée par endroit et constellée de tâches brunâtres.  Ses cheveux étaient en parti détachés et certaines mèches pendaient négligemment d'un côté de son visage. Pour couronner le tout, ses pieds nus, plein d'herbe et de boue, avaient laissés des empruntes tout le long de la pièce.  
- "Je vous ramène les écailles" s'exclama Eveanna, tendant ses trophées devant elle.
-"Je vois" répliqua sèchement l'alchimiste en chef.
Il avait presque craché sa réponse. L'apprentie se fit petite et baissa la tête, retenant son souffle. Le sol vitré donnant sur les bassins de mana lui rendit son reflet. Sale, décoiffée, souillée de sang. Elle était lamentable! Comment avait-elle pu se présenter ainsi? C était sûre, elle n'aurait pas les nouveaux ingrédients qu'elle avait demandé pour tester sa nouvelle formule.
Déterminée à ne pas se laisser intimider, elle déposa les paquets sur la table voisine le plus doucement possible et chuchota:
-"Le Dracoloth était coriace et... "
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que le haut elfe cria:
-Il suffit de votre insolence mademoiselle! Vous êtes répugnante et vous puez le dragon! Vous présenter devant moi ainsi est inexcusable !
-Mais..."
-Vous osez ?! Dans votre position? Je n'approuve pas vos méthodes et vos derniers échecs s'ajoutent à ..." il fit une pause et pointa dédaigneusement l'état général de l'aventurière.
-Mais!" Elle avait instinctivement serré les poings et son visage était blême.
Il lui coupa à nouveau la parole et hurla:
-"Assez! Vous êtes une honte pour les Hauts-elfes! Vous êtes renvoyée !"
Le cœur d' Eveanna manqua plusieurs battements et se fissura. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle avait serré les poings si fort que ses jointures avaient blanchies. L'alchimie était tout ce qui lui restait.Il y a quinze ans, presque toute sa famille était morte aux mains des argons. Sa grand-mère l'avait élevée,seule, et avait succombé à une longue maladie. C'était si soudain! Si inattendu....Elle suffoquait. Que faire maintenant? Que faire?
Hustod avait déjà repris ses réglages et l'ignorait ostensiblement.
 Elle recula d'abord lentement,  puis se retourna et se rua vers la sortie, cherchant l'air frais du dehors. A bout de souffle et de mots, elle leva les yeux vers le ciel et laissa couler ses larmes.
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